Archives de catégorie : Prédication dimanche matin

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La joie de Pâques

Cette méditation fait partie d’un mini-culte filmé dans les conditions du confinement suite à la crise sanitaire du CoVid 19. 

Pour enrichir la vidéo, voici des liens pour des vidéos de quelques cantiques proposés en lien avec le mini-culte :
– Les cieux proclament – https://www.youtube.com/watch?v=mfxs5zInz5M
– En Jésus seul – https://www.youtube.com/watch?v=MSornBbZg5M
– A toi la gloire – héritage https://www.youtube.com/watch?v=Me2lCRjVSo8
– Je chanterai – https://www.youtube.com/watch?v=w04jWlz_tsQ
– Mon secours est en toi – https://www.youtube.com/watch?v=0aTLfEWuKUc

 

 

Le matin de la résurrection, le moral est à zéro. Jésus, cet homme charismatique, passionnant, qui semblait tout-puissant, a été arrêté et mis à mort. Les disciples, pour la plupart, ont fui devant le danger. Ils sont dispersés, perdus, profondément découragés… Ca faisait 3 ans qu’ils suivaient Jésus, et maintenant quoi ?

Quelques femmes, proches de Jésus, se décident à aller embaumer le cadavre de leur maître bien-aimé. Elles partent avant l’aube, sûrement pour éviter d’être elles aussi arrêtées par les autorités.

J’aimerais lire avec vous ce moment qui va changer leur vie, et la nôtre.

Texte biblique: Matthieu 28.1 à 10.

1 Après le sabbat, dimanche au lever du jour, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent voir le tombeau. 

2 Soudain, il y eut un fort tremblement de terre ; un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. 3 Il avait l’aspect d’un éclair et ses vêtements étaient blancs comme la neige. 4 Les gardes en eurent une telle peur qu’ils se mirent à trembler et devinrent comme morts. 

5 L’ange prit la parole et dit aux femmes : « N’ayez pas peur. Je sais que vous cherchez Jésus, celui qu’on a crucifié ; 6 il n’est pas ici, il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez, voyez l’endroit où il était couché. 7 Allez vite dire à ses disciples : “Il est ressuscité et il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez.” Voilà ce que j’avais à vous dire. » 

8 Elles quittèrent rapidement le tombeau, remplies tout à la fois de crainte et d’une grande joie, et coururent porter la nouvelle aux disciples. 

9 Tout à coup, Jésus vint à leur rencontre et dit : « Je vous salue ! » Elles s’approchèrent de lui, saisirent ses pieds et se prosternèrent devant lui. 

10 Jésus leur dit : « N’ayez pas peur. Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Comme dans les autres Evangiles, Matthieu nous parle à peine de la résurrection : quand, comment cela s’est-il passé ? Nous n’en savons rien ! Les détails ne nous sont pas révélés… quelle frustration pour nous, à l’époque où nous avons accès à tant d’informations ! Mais pour ce miracle à la fois inédit et central dans la foi chrétienne, le mystère reste entier – ce qui nous est raconté, c’est l’onde de choc de la résurrection.

Au moment où les amies de Jésus arrivent pour embaumer le corps, un être différent, lumineux, un ange, messager de Dieu, vient ouvrir le tombeau – et révéler ainsi qu’il est vide. Jésus est déjà ressuscité, il n’est plus ici. Plus que la résurrection, c’est l’ouverture du tombeau qui s’accompagne d’effets spéciaux : séisme, lumière – les gardes s’évanouissent. Bizarrement, les femmes, elles, tiennent le choc ! L’ange a deux rôles : leur annoncer la résurrection de Jésus et leur donner un message pour les disciples, et puis leur montrer le tombeau vide comme une preuve de ce qu’il avance. Il est peu probable que les femmes, à ce moment-là, aient complètement saisi l’ampleur de ce qui s’était passé – cela dit, avec ces quelques éléments, elles croient suffisamment pour obéir. Et elles partent en courant annoncer aux disciples ce qui est arrivé.

Dans la suite du texte, les gardes, revenus à eux, vont être payés pour prétendre que le corps de Jésus a été volé. Quant aux disciples, après quelques jours, ils vont rejoindre Jésus en Galilée, la région de son enfance. Là, Jésus leur transmettra sa grande mission (partager la bonne nouvelle avec tous) et les assurera de sa présence constante.

Mais revenons aux femmes, qui courent sur le chemin, pour retrouver les disciples et leur annoncer l’incroyable. Elles ont peur, et elles sont en même temps joyeuses – ça ne va pas ensemble, la peur, et la joie !?! Elles ont peur : les ennemis de Jésus rôdent toujours, elles font face à un événement aux limites du pensable, et puis les disciples ne vont peut-être pas les croire ! Et pourtant, avec cette peur, au milieu de cette peur, il y a la joie de croire que Jésus est vivant, et que Jésus a accompli ses promesses (l’ange insiste : il est vivant – comme il vous l’avait dit ! Il attend les disciples en Galilée – ça aussi il l’avait prédit !).

Les femmes courent sur le chemin, pleines de peur & de joie, quand Jésus leur apparaît. Il les salue, et redit en substance l’ordre de mission que leur avait confié l’ange. Il n’ajoute rien de nouveau – et on peut se demander pourquoi il leur apparaît. Elles avaient déjà suffisamment de foi pour être en route, et puis elles ont l’air d’avoir bien compris ce qu’il faut faire…

Cette rencontre est peut-être simplement un cadeau : le cadeau de la présence de Jésus. En le voyant, les femmes se prosternent pour l’adorer – et l’adoration, qu’est-ce que c’est, sinon l’émerveillement d’être en présence de celui qu’on aime ? Jésus n’est pas juste ressuscité pour nous donner un espoir de vie après la mort – il est vivant, il nous rend vivants, pour que nous vivions avec lui dès aujourd’hui ! Dans cette relation d’amour qui se manifeste aussi dans l’adoration !

Dans ces jours où nous sommes préoccupés, où nous prions pour la paix, pour la force de ceux qui se battent contre la maladie, pour nos autorités, pour nos proches… est-ce que nous prenons le temps d’adorer Jésus ? de nous émerveiller de ce qu’il est, de ce que Dieu est ? Ce n’est pas mépriser la gravité des problèmes que de prendre le temps de nous émerveiller devant Dieu, devant le Dieu créateur, le Dieu sauveur, dont le Fils se donne pour nous, devant le Dieu vivant qui nous rejoint sur nos chemins…

Et c’est parce qu’il y a cette relation, dès aujourd’hui, avec le Christ ressuscité, que nous pouvons recevoir pour nous cette douce parole : n’ayez pas peur… L’ange et Jésus ont dit cela aux femmes parce qu’elles étaient impressionnées devant les événements surnaturels de la résurrection, et ils voulaient montrer que l’intervention de Dieu, si puissante soit-elle, est motivée par l’amour, pour le bien des humains.

En ce moment, c’est peut-être autre chose qui nous impressionne : l’ampleur de la crise, la fragilité de l’humanité, les folies de nos fonctionnements, l’inconnu ou peut-être la profondeur de notre inquiétude… Mais le Christ, vivant, nous redit aujourd’hui : n’ayez pas peur. Il a triomphé de la mort – ne triomphera-t-il pas du reste ? Il a abattu tout ce qui pouvait nous séparer de lui et, par la foi, nous sommes liés à lui dans une relation que rien ne peut atteindre. Nous sommes dans sa main – quoi qu’il arrive. Quelles que soient les tempêtes, il peut faire face, et lui, le Vainqueur, il nous porte – aujourd’hui, demain, et pour l’éternité.

 

 

Les apparences sont trompeuses

Cette prédication fait partie d’un mini-culte filmé pendant la période de confinement due au CoVid 19. La vidéo peut être visionnée ci-dessous.

L’épisode biblique des Rameaux, dont nous avons lu le récit, est trompeur. Pris de façon isolée, on pourrait avoir l’impression que tout va pour le mieux pour Jésus : il est accueilli triomphalement par la population de Jérusalem. Mais quand on considère ce qui précède, et en particulier ce que Jésus annonçait le concernant, et quand on sait ce qui va suivre, et qui conduira à la condamnation et la crucifixion de Jésus, on se rend compte qu’il ne faut pas se fier aux apparences…

C’est toujours vrai, d’ailleurs ! Les apparences sont souvent trompeuses. Nous en avons tous fait l’expérience… Faites-vous un opinion sur quelqu’un sur la seule base de son apparence, et vous êtes à peu près sûr de vous tromper ! Les gros durs sont parfois les plus douillets et les silhouettes fragiles cachent parfois une force insoupçonnée.

Avec Jésus aussi, il faut aller au-delà des apparences. Dans la lettre de Paul aux Philippiens, un fameux hymne centré sur le Christ lève le voile sur la personne de Jésus. Il va au-delà des apparences de l’homme Jésus pour dépeindre le Fils de Dieu devenu homme. Lisons cet hymne dans le deuxième chapitre de la lettre Paul aux Philippiens, aux versets 6-11.

Philippiens 2.6-11
6 (Jésus-Christ) possédait depuis toujours la condition divine,
mais il n’a pas voulu demeurer à l’égal de Dieu.
7 Au contraire, il a de lui-même renoncé à tout ce qu’il avait
et il a pris la condition de serviteur.
Il est devenu un être humain parmi les êtres humains,
il a été reconnu comme un homme ;
8 il a accepté d’être humilié et il s’est montré obéissant
jusqu’à la mort, la mort sur une croix.
9 C’est pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place
et lui a donné le nom supérieur à tout autre nom.
10 Il a voulu qu’au nom de Jésus, tous les êtres,
dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
se mettent à genoux,
11 et que tous reconnaissent publiquement :
« Le Seigneur, c’est Jésus Christ,
pour la gloire de Dieu le Père. »

Il ne faut pas se fier aux apparences… Cet hymne le souligne à propos de Jésus-Christ.

Souvenons-nous de l’humble arrivée de Jésus sur terre, le soir de Noël. Avec la naissance d’un petit enfant, dans une famille modeste, à l’écart de tous… mais c’est pourtant le Fils de Dieu qui vient sur terre !

Et cet enseignant entouré de quelques disciples, ce Galiléen, regardé avec méfiance voire avec mépris par bien des habitants de Judée… c’est pourtant le Messie annoncé par les prophètes, venu apporter le salut de Dieu à l’humanité.

A l’inverse, cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, avec les foules dans la joie et l’agitation… c’est pourtant le prélude à son arrestation, à un procès et une condamnation injuste, une mort infamante sur une croix.

Les apparences sont trompeuses…

Mais la foi permet d’aller au-delà des apparences. Elle permet de proclamer que cet homme qui a vécu il y a deux mille ans, qui a marché sur cette terre, qui a enseigné et qui est mort crucifié, cet homme était le Fils de Dieu devenu homme. Il a accepté de tout quitter pour devenir l’un des nôtres. Plus encore, son tombeau vide, le témoignage de ses disciples qui l’ont vu après sa mort, annoncent qu’il est ressuscité. Il est vivant aujourd’hui, et chemine avec nous qui croyons.

Voilà la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, source de paix et d’espérance.

Croyant ou non, nous traversons les mêmes jours troublés. Nous sommes soumis aux mêmes restrictions, nous sommes susceptibles d’être atteints par le même virus, avec les mêmes risques et les mêmes conséquences… La foi ne nous immunise pas, contrairement à ce que disent certains leaders spirituels irresponsables ! Elle ne nous extrait pas du monde et de ses épreuves. Le chemin emprunté par le Christ, celui de la solidarité en notre humanité, jusqu’à la mort, en est un signe fort.

Cet exemple de Jésus, qui s’est fait serviteur, nous incite d’ailleurs à la solidarité avec les plus faibles, à la compassion envers ceux qui souffrent, à l’esprit de service pour le bien de tous. Aujourd’hui, même dans le confinement. Et demain, lorsque la crise sera passée. Le Fils de Dieu devenu homme nous invite à nous montrer concrètement frère et soeur de notre prochain.

Comment pourrais-je l’être un peu plus aujourd’hui ?

Mais le Christ a vaincu la mort. Et sa présence, vivant à nos côtés, fait toute la différence. Elle nous donne l’assurance de n’être jamais seul, même isolé en confinement. Elle nous donne un espérance, celle qu’aucune épreuve, aucune maladie, aucune épidémie, pas même la mort, ne pourront jamais nous séparer de son amour.

Comment puis-je l’accueillir, tout à nouveau, aujourd’hui ?

Faire confiance au Dieu de la vie

Cette prédication fait partie d’un mini-culte filmé pendant la période de confinement due au CoVid 19. La vidéo peut être visionnée ci-dessous. Sentez-vous libres d’ajouter des temps de chant ou de prière pour avoir un culte plus complet.

A la fin de cette deuxième semaine de confinement, un grand nombre d’entre nous est enfermé à la maison, peut-être dans un confinement vide et ennuyeux, ou au contraire submergé par le télétravail, l’aide aux enfants… Et puis il y a cette minorité qui se démène sur le front, épuisée, inquiète face aux pressions du présent, et de l’avenir. En fait, j’ai l’impression que l’inquiétude est notre lot commun, à différents degrés. Même si certains essaient de saisir le bon côté (relatif) de la situation, en rattrapant le bricolage, des lectures, en prenant du temps en famille… malgré le soleil printanier, au fond nous sommes en tension. Il y a les drames du quotidien bien sûr, relayés par les médias, mais aussi l’isolement, les incertitudes, l’inquiétude pour le travail, pour la santé de nos proches…

Dans les textes bibliques proposés aujourd’hui par le plan de lecture La Bible en 6 ans, j’ai choisi la vision du prophète Ezechiel, qui nous rejoint dans notre actualité. Au moment de cette vision, plusieurs siècles avant Jésus-Christ, le peuple d’Israël est dispersé, déporté à des milliers de kilomètres, la capitale a été détruite, et le Temple de Jérusalem, ravagé. La situation est tellement grave que les Israélites se disent : “Nous sommes des ossements desséchés, notre espoir est mort, nous sommes perdus !” (v.11) Alors bien sûr, nous ne sommes sûrement pas dans un tel désespoir, mais ce que le prophète va dire aux Israélites, de la part de Dieu, peut a fortiori nous encourager, nous aussi.

Alors, je vous préviens, comme bien des visions d’Ezechiel, c’est un texte étrange ! Je vous invite donc à ouvrir votre Bible, dans le livre d’Ezechiel au chapitre 37, versets 1 à 5. Pour mieux comprendre, vous pouvez lire jusqu’au verset 14.

Lecture biblique: Ezechiel 37.1-5

1 La puissance du Seigneur s’empara de moi ; son Esprit m’emmena et me déposa dans une large vallée couverte d’ossements. 

2 Le Seigneur me fit circuler partout parmi eux, dans cette vallée : ils étaient très nombreux et complètement desséchés. 

3 Alors le Seigneur me demanda : « Fils d’Adam, dis-moi, ces ossements peuvent-ils reprendre vie ? » 

 Je répondis : « Seigneur Dieu, c’est toi seul qui le sais. » 

4 Il reprit : « Parle en prophète à ces ossements, dis-leur : Ossements desséchés, écoutez ! 

5 Voici ce que le Seigneur Dieu vous déclare : Je ferai venir en vous un souffle, et vous reprendrez vie. 

A la suite de cet ordre divin, Ezechiel va effectivement, dans le cadre de la vision, prophétiser sur ces os desséchés et les voir se rassembler, se couvrir de chair. Dieu les remplit ensuite de son souffle vital, en suivant un peu la façon dont la création de l’être humain est racontée au début du livre de la Genèse. La situation est tellement désespérante que, si Dieu intervient, ce n’est rien de moins qu’une re-création.

Pour Israël, cette parole est une promesse d’abord politique : eux qui sont exilés retourneront dans leur pays, les divisions entre les clans seront abolies, parce que Dieu a encore un projet pour eux. Alors que rien dans leur situation ne permet de spéculer sur un avenir national, Dieu affirme qu’il va intervenir. Non, l’espoir n’est pas mort! Même si on peut pas trouver notre espoir dans les circonstances, on peut le trouver dans la fidélité et la puissance de Dieu.

Je pense qu’à l’époque, ceux qui ont entendu Ezechiel ont dû se dire qu’il était fou. D’ailleurs, quand Dieu lui demande si de la mort peut surgir la vie, tout ce que le prophète peut répondre à Dieu, c’est « Seigneur, toi tu sais »… un « oui » serait trop fou ! Mais seulement quelques dizaines d’années plus tard, par le décret inattendu d’un roi perse, ils sont rentrés. La promesse de Dieu, aussi folle qu’elle ait pu paraître, s’est réalisée.

Ce texte est proposé aujourd’hui pour nous préparer à Pâques – une autre folle promesse qui s’est réalisée, une autre promesse de vie au milieu de la mort : la résurrection du Christ crucifié. Par sa résurrection, le Christ triomphe de nos fatalités – la pire, bien sûr, qui est la mort : il nous ouvre le chemin de la vie éternelle auprès de Dieu. En lui, d’une manière que nous ne pouvons pas imaginer, nous avons la certitude de pouvoir vivre pour toujours, avec Dieu.

Mais le Christ ressuscité triomphe d’autres fatalités : les fardeaux qui nous pèsent, les addictions qui nous enchaînent, les blessures qui nous paralysent, notre propre péché (cette gangrène intérieure qui nous tire vers le bas) – puisque le Christ a triomphé de la mort, il peut triompher de tout.

Et cette situation présente, qui ressemble à une autre fatalité, pour laquelle nous sommes, individuellement, impuissants ? Croyons-nous que le Dieu révélé en Christ puisse y faire surgir la vie ?

Être chrétien ne nous empêche de nous inquiéter. Mais cette vision d’Ezechiel, cette assurance de la résurrection du Christ, pointent vers la présence et la puissance de Dieu, ce Dieu qui ne cesse de créer, de re-créer (le printemps n’en est-il pas un petit signe ?).

Devant des situations anxiogènes ou décourageantes, la tendance naturelle est de sombrer dans le désespoir ou de se changer les idées en se divertissant. Dieu ajoute une autre piste : tourner nos regards vers lui. A chaque fois que l’inquiétude pointe, nous pouvons, avec réalisme mais confiance, nous tourner vers le Dieu qui a su prendre soin de son peuple dispersé, vers le Dieu qui a su ramener le Christ d’entre les morts : il est à l’œuvre encore aujourd’hui, dans nos vies, dans notre monde.

Est-ce que nous croyons que ces os pourront revivre ? Est-ce que nous croyons que la vie pourra surgir de ce que nous vivons ? Je n’ai pas de prophétie révélée à vous transmettre, seulement la certitude biblique que Dieu est à l’œuvre.

Et cela peut produire trois effets en nous : d’abord une forme de paix, qui ne dépend pas des circonstances actuelles, mais de la confiance en notre Dieu, fidèle et puissant. Ensuite, la prière – persévérante : à chaque fois que nous sommes confrontés à une situation désespérante pour nous et pour d’autres, nous pouvons la confier à Dieu. Enfin, la certitude que le Dieu vivant est à l’œuvre nous invite à ne pas baisser les bras mais à poser nous-mêmes des actes, aussi simples ou virtuels soient-ils, qui encouragent et bénissent les autres.

Devant l’inquiétude, nous avons le choix : nous pouvons sombrer, nous divertir, ou nous tourner vers Dieu. Malgré les circonstances, sa fidélité et sa puissance sont une réalité sur laquelle nous pouvons nous appuyer.

Réveille-toi… et le Christ t’illuminera !

Cette courte prédication fait partie d’un “mini-culte” filmé spécialement pour le temps de confinement dû à l’épidémie de covid-19. La vidéo peut être visionnée ici :

Parmi les lectures bibliques proposées pour ce dimanche 22 mars, celle tirée des épîtres du Nouveau Testament me semble particulièrement appropriée. Elle se trouve dans la lettre de Paul aux Ephésiens, au chapitre 5, les versets 8-14.

Ephésiens 5.8-14
8 Vous étiez autrefois dans l’obscurité ; mais maintenant, par votre union avec le Seigneur, vous êtes dans la lumière. Par conséquent, comportez-vous comme des personnes qui vivent dans la lumière, 9 car la lumière a pour fruit toute sorte de bonté, de droiture et de vérité. 10 Discernez ce qui plaît au Seigneur. 11 N’ayez aucune part aux actions stériles que l’on pratique dans l’obscurité ; dénoncez-les plutôt. 12 On a honte même de parler de ce que certains font en cachette. 13 Or, tout ce qui est dévoilé est mis en pleine lumière ; 14 en effet, tout ce qui est mis en pleine lumière devient à son tour lumière. C’est pourquoi il est dit :
« Réveille-toi, toi qui dors,
relève-toi d’entre les morts,
et le Christ t’illuminera. »

Dans ce dernier verset, l’apôtre Paul cite sans doute un hymne ancien, qui était utilisé dans l’Eglise primitive, peut-être en lien avec le baptême. Ce qui est intéressant, c’est qu’il le cite en appui d’un certain nombre d’encouragements à ses lecteurs pour qu’ils aient une vie conséquente avec leur foi, jouant en particulier sur le contraste entre la lumière et l’obscurité. “Autrefois vous étiez dans l’obscurité, maintenant vous êtes dans la lumière.” Il y a un avant et un après la rencontre avec le Seigneur. Il ne s’agit pas de noircir le tableau et de dire qu’avant on était les pires des êtres humains et maintenant des anges parfaits ! Il s’agit surtout de souligner que notre rencontre avec le Christ change radicalement notre vie et que nous sommes appelés à avoir une vie cohérente avec notre foi, qui se concrétise dans un comportement conforme à l’appel et aux enseignements du Christ.

Pour l’exprimer, trois métaphores sont associées dans cet hymne : le réveil, le relèvement et l’illumination. Les deux premiers verbes sont utilisés en grec pour désigner la résurrection : se réveiller, et se relever d’entre les morts. Ils sont tous les deux utilisés dans le Nouveau Testament par parler de la résurrection du Christ. Mais ici, c’est à nous, croyants, qu’ils sont appliqués. Et même – surprise ! – ils le sont sous la forme d’un appel à nous réveiller et à nous relever. Ca peut surprendre… car, évidemment, on ne peut pas décider de se réveiller quand on dort ! On se réveille quand on a assez dormi, ou quand on fait un cauchemar, ou quand notre réveil sonne. Mais on ne peut pas se dire, tout d’un coup, au milieu de la nuit : “ah, tiens, je vais me réveiller !”. Evidemment, c’est encore plus vrai quant au fait de se relever d’entre les morts ! On peut encore moins le décider… Pourtant l’hymne s’adresse à nous et dit : “Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts.”

L’idée, je pense, est d’affirmer que notre démarche de foi personnelle nous associe à l’oeuvre de résurrection du Christ en nous. C’est évidemment lui qui nous réveille, c’est lui qui nous relève. Mais il ne le fait pas à notre insu. Nous y sommes associés par notre foi.

A l’inverse, pour la troisième métaphore on aurait pu s’attendre à une exhortation qui nous soit adressée, du genre : “expose-toi à la lumière du Christ”. Or, c’est plutôt une affirmation : “Le Christ t’illuminera.” Si tu te réveilles, si tu te relèves d’entre les morts, alors la lumière du Christ brillera sur toi. Peut-être pourrions-nous comprendre ainsi l’image : quand on se réveille, quand on se relève d’entre les morts, on ouvre les yeux… et on se rends alors compte qu’on est en présence de la lumière du Christ. On se rend compte que c’est lui qui nous a précédé dans cette vie nouvelle, que c’est lui qui nous ressuscite.

« Réveille-toi, toi qui dors,
relève-toi d’entre les morts,
et le Christ t’illuminera. »

Les versets qui suivent immédiatement cet hymne prolongent l’exhortation de façon concrète. Et je trouve qu’ils résonnent de manière particulière dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui. Ecoutons-en la lecture :

Ephésiens 5.15-17
15 Ainsi prenez bien garde à votre manière de vivre. Ne vous conduisez pas comme des personnes insensées mais comme des sages. 16 Saisissez toutes les occasions qui se présentent à vous, car les jours que nous vivons sont mauvais. 17 Ne soyez donc pas déraisonnables, mais efforcez-vous de comprendre ce que le Seigneur attend de vous.

“Prenez garde à votre manière de vivre… Ne vous conduisez pas comme des insensés… Les jours que nous vivons sont mauvais…” Vous ne trouvez pas que ces expressions résonnent de manière particulière aujourd’hui ?

Il y a par exemple une formule qu’on utilise beaucoup ces jours-ci, pour conclure les messages qu’on s’envoie les uns aux autres, c’est “prenez soin de vous !” Et j’ai moi-même adopté cette formule qui me paraît tout à fait appropriée. D’autant que prendre soin de soi, en respectant les consignes sanitaires, c’est aussi prendre soin des autres.

Quant aux comportements insensés, déraisonnables, on en a vu et on en voit encore, avec ceux qui pensent pouvoir braver les interdits, s’extraire des consignes sanitaires, parce qu’ils se croient hors d’atteinte du virus, ou qu’ils croient tout simplement qu’on nous ment, avec je ne sais quelle théorie complotiste. Ce comportement égoïste oublie qu’on met ainsi en danger, non seulement sa vie, mais aussi et surtout celle des autres. Si on est en bonne santé, on peut être porteur du virus, et on risque de le propager à d’autres qui risquent de contracter la maladie.

Au nom de l’Evangile, les croyants se doivent d’être exemplaires dans la crise que nous traversons.

Je trouve qu’on a là une leçon qu’on peut appliquer bien au-delà de l’épidémie de covid-19. L’exhortation demeure, en toutes circonstances : Prenez garde à votre manière de vivre, non seulement pour vous mais aussi pour les autres. Votre comportement a des conséquences chez votre prochain.

Notre égoïsme, notre orgueil, nos comportement irresponsables impactent négativement ceux que nous côtoyons. Mais notre bienveillance, notre amour, notre accueil et notre ouverture les impacte favorablement. C’est vrai partout et tout le temps.

L’exemple que nous a donné le Christ est bien celui de la solidarité et du souci de l’autre. Fils de Dieu, il est devenu humain, partageant notre condition, nos limites, nos souffrances, jusqu’à la mort. C’est pour nous qu’il est venu. Sa lumière est venu briller dans notre obscurité. Et si nous y prêtons attention, elle nous atteint aujourd’hui encore. Nous pouvons l’ignorer, ne pas y prêter attention. Nous pouvons l’oublier, parce que nous nous assoupissons spirituellement. Pourtant elle est là, il nous suffit d’ouvrir les yeux, par la foi, pour la voir !

Alors entendons cet appel et vivons-le, chacun pour notre part :

« Réveille-toi, toi qui dors,
relève-toi d’entre les morts,
et le Christ t’illuminera. »

Apprendre de la foi d’Abraham

Et si nous revenions au début, là où tout a commencé, quand Abram a entendu l’appel de Dieu…

Genèse 12.1-3
1 Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. 2 Je ferai naître de toi un grand peuple ; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. À travers toi, toutes les familles de la terre seront bénies. »

Je ne sais pas si ça s’est passé comme dans la vidéo. Dieu ne parle pas de la même façon à tout le monde. Mais il est sûr qu’Abram a compris que Dieu l’appelait à partir, à quitter son pays, sa maison… pour aller où ? Dans le pays que Dieu lui montrera.

Bref, Abram savait qu’il devait partir… mais il ne savait pas où il devait aller. Le Seigneur lui dit simplement qu’il lui montrerait, mais une fois qu’il sera parti.

Croire, ce n’est pas tout savoir et tout comprendre, c’est faire confiance à Dieu. C’est se mettre en marche à la suite du Seigneur pour aller là où il nous conduira.

Dans notre monde aujourd’hui, on a une peur terrible de l’inconnu, de ce qu’on ne maîtrise pas. On le voit avec l’épidémie de coronavirus ! Je ne parle pas des précautions sanitaires légitimes à respecter. Je parle de la psychose et de la paranoïa qui l’entoure. Les fake news et théories du complot se développent sur les réseaux sociaux. SOS racisme a lancé une campagne contre le racisme anti-asiatique qui se développe depuis l’épidémie. On a même constaté une baisse des ventes de la Corona, une bière mexicaine !

Face à la peur de l’inconnu, dans notre vie, dans notre monde, nous avons un refuge : la foi, la confiance que nous plaçons en Dieu qui, lui, maîtrise toutes choses.

Abram n’a pas eu peur de répondre à l’appel de Dieu et de partir vers l’inconnu. Pourquoi ? Parce qu’il a cru dans les promesses de Dieu. Le Seigneur ne se contente pas de dire à Abram : “vas-y, pars et tu verras bien où je te dirai d’aller !” Il lui donne des promesses pour le mettre en marche : “je ferai de toi un grand peuple “(ce qui veut dire qu’il aura des enfants), “tu seras une bénédiction pour les autres” (et quand Dieu dit les autres, c’est “toutes les familles de la terre” !).

Ce n’est pas rien ! Et les promesses que Dieu a faites à Abraham se sont toutes accomplies. Lui qui pourtant était très âgé, comme son épouse Sarah, a eu un fils, premier d’une descendance nombreuse : le peuple d’Israël. Par ce peuple est venu celui qui est source de bénédiction pour toutes les familles de la terre : Jésus-Christ. Les promesses de Dieu se sont accomplies au-delà de ce que Abraham pouvait imaginer.

Ce sont les promesses de Dieu qui nous mettent en marche en nous donnant une espérance, ce sont elles qui nourrissent notre foi, ce sont sur elles que nous nous appuyons.

Or Dieu promet de nous aimer et que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de son amour. Il nous promet sa présence à nos côtés, tous les jours, dans la joie comme dans l’adversité. Et il nous promet, même au-delà de la mort, la vie éternelle, avec lui.

Alors faisons-lui confiance, levons-nous, n’ayons pas peur de l’avenir, ni de l’inconnu. Le Dieu d’Abraham nous appelle à le suivre jusque dans le pays qu’il nous montrera.