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Florence VANCOILLIE

A propos Florence VANCOILLIE

Pasteur de l'Eglise évangélique libre de Toulouse depuis 2013, membre de la Commission synodale de l'UEEL.

“Aime, et fais ce que tu veux!” (St Augustin)

https://soundcloud.com/eel-toulouse/aime-et-fais-ce-que-tu-veux

Ce matin, je vous propose de lire un des textes du jour, dans la lettre de Paul aux chrétiens de Rome, ch. 13. Paul a fait de la théologie dans la 1e partie de sa lettre, et maintenant il en tire les conséquences pour la vie du chrétien. Comment la foi en Dieu transforme-t-elle notre façon de vivre ? Paul parle essentiellement de nos relations, de notre rapport avec les autres, et juste avant notre texte, il évoque notre comportement en société, et rappelle notre devoir d’être des citoyens modèles, justes.

Lecture biblique: lettre aux Romains, 13.8-10

(7 Donnez à chacun ce que vous lui devez. Si c’est l’impôt, payez l’impôt, si c’est une taxe, payez-la. Si c’est l’obéissance, obéissez, si c’est le respect, soyez respectueux.)

8 N’ayez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour que vous devez avoir entre vous. Celui qui aime les autres obéit parfaitement à la loi. 9 En effet, vous connaissez les commandements : « Ne commets pas d’adultère. Ne tue personne. Ne vole pas. Ne désire pas ce qui ne t’appartient pas. » Ces commandements et tous les autres sont contenus dans cette parole : « Aime ton prochain comme toi-même ! » 10 Quand on aime, on ne fait aucun mal à son prochain. Par conséquent, aimer, c’est obéir parfaitement à la loi.

1)   Ne rien devoir à personne… sauf l’amour

Avant de parler d’amour, j’aimerais rester sur cette invitation à ne rien devoir à personne. La Bible nous appelle à une vie responsable, notamment dans le domaine des finances. On peut entendre dans cette phrase de Paul un principe applicable pour notre vie d’aujourd’hui : ne pas contracter de dette inutile, ne pas vivre au-dessus de ses moyens, mais gérer nos biens avec prudence et sagesse. Et si parfois il faut bien faire un crédit (pour une maison, une voiture…), Paul invite à être « réglo », à rembourser en temps et en heure. Plus généralement, nous sommes appelés à rendre aux autres ce qui est dû : remboursement, taxe, respect, etc. Que ce soit avec l’Etat ou notre voisin, il nous faut veiller à des relations justes, où personne n’est lésé et où personne ne profite de l’autre.

Rendre à chacun ce que nous devons pour être en règle,  ne rien devoir à personne…   Mais Paul ajoute aussitôt une correction : la seule dette impossible à rembourser, c’est l’amour. Le seul devoir dont on ne sera jamais complètement libéré, déchargé, c’est l’amour de l’autre. En clair : on n’aura jamais assez aimé ! Jamais on ne pourra dire : « OK, c’est bon, maintenant j’ai aimé tant de personnes, plus besoin d’aimer ! » Ou : « Elle, je l’aime depuis 25 ans, maintenant, ça suffit, j’ai rempli mon quota ! » Non, l’amour c’est pour toujours, et avec tous ! Paul mentionne un cercle qui s’élargit : les frères et sœurs dans la foi, le prochain (l’entourage), et finalement l’autre (le différent, voire l’ennemi) : l’amour n’a pas de limites !

Sans culpabiliser, Paul rappelle seulement l’essentiel. Au cœur de notre relation aux autres, il y a l’amour, et l’amour ne connaît ni les quotas ni les dates de péremption.

Remarquez que Paul parle de notre dette, ce que nous devons aux autres et pas ce qu’ils nous doivent : on ne va pas aller reprocher au voisin de ne pas assez aimer, ou de ne pas être assez “chrétien” ! C’est à mon devoir, à ma responsabilité d’amour, que Paul fait référence, et pas à mes droits dont je pourrais exiger la prise en compte.

2)   « Aime, et fais ce que tu veux » Augustin

L’amour, c’est la caractéristique des relations que le chrétien est appelé à vivre – là, Paul reprend, purement et simplement, l’enseignement de Jésus et son insistance envers les disciples : « je vous laisse un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Ce n’est pas vraiment nouveau, puisque Moïse avait déjà transmis ce commandement : « aime ton prochain comme toi-même » (Lév. 19.18) (que Paul cite ici). Ce qui est nouveau, c’est de dire que l’amour résume, récapitule, tous les autres principes, tous les autres commandements. Paul en cite quelques-uns, bien connus, des Dix Commandements : Tu ne tromperas, voleras pas, tueras pas, convoiteras pas… Égale : tu aimeras ! S. Augustin, au 5e s., l’a bien formulé : « Aime, et fais ce que tu veux ».

L’idée sous-jacente, c’est qu’il n’y a pas de contradiction fondamentale entre la Loi (les règles données par Moïse à Israël 1500 ans plus tôt) et l’amour. Au contraire, aimer c’est vouloir le bien de l’autre – pas seulement le bien-être ! – le bien, ce qui est juste et bénéfique pour l’autre. Quand on agit avec amour, c’est, pour Paul, forcément en accord avec les règles éthiques : on ne trichera pas, on ne manipulera pas un ami, on n’ira pas le voler, et encore moins le tuer ! La loi, qui avait pour objet de réglementer les relations sociales pour éviter la vendetta, protège l’autre – et l’amour fait de même.

3)   L’amour, juste et généreux

L’amour véritable accomplit la loi, il la réalise dans son intention, dans ses principes, mais il la dépasse aussi. Il va au-delà. En effet, là où la loi se définit négativement, avec une liste de choses à ne pas faire, l’amour, lui est positif. Là où la loi empêchera de blesser, de léser, de tuer, etc., l’amour, lui, cherchera activement comment soigner, combler, soutenir !

L’amour cherche à bénir, quand la loi cherche seulement à éviter le mal (et on est d’accord que c’est déjà beaucoup !). Là où, par la loi, je peux me laver les mains et dire « moi je ne fais de mal à personne », l’amour demande : « à qui puis-je faire du bien aujourd’hui ? ». Là où, dans la loi, on coche des cases, dans l’amour on écrit des pages entières, des histoires, des rencontres !

La différence est simple : imaginez un époux qui dirait « moi je suis un bon mari : je ne bats pas ma femme, je ne l’insulte pas et je ne la trompe pas. » Et ?… Ne manque-t-il pas quelque chose ? L’essentiel, peut-être ? La chaleur des échanges, des petites attentions, de la complicité, des projets communs ?

Aimer, c’est plus que ne pas faire de mal : c’est faire du bien à l’autre. Certes, pas toujours de la même façon ni avec la même intensité – il faut tenir compte de nos limites naturelles, et de la hiérarchie de nos relations : mon époux a plus d’importance que mon voisin ! – mais toujours avec la même posture : en quoi puis-je bénir l’autre ? En quoi notre relation, ma présence, apporte-t-elle du bon à l’autre ? Parfois c’est simplement un sourire dans le métro, quelques minutes pour aider un inconnu, ou une question à un collègue : « comment tu vas aujourd’hui ? Tu es fatigué, comment pourrais-je t’aider ? » Là où la loi peut produire l’indifférence, le « chacun chez soi et les cochons seront bien gardés », l’amour crée du lien, rend visite, partage, donne un coup de main…

La loi trace le dessin, le cadre, mais l’amour colorie l’intérieur de toutes les couleurs. Celui qui aime ne fait pas seulement « ce qu’il faut » (la loi), mais il donne chair, il déborde, il invente, il rayonne. L’amour est généreux : non seulement il paie ses dettes, mais il donne au-delà de ce qui est dû, il partage, il élève l’autre. Il donne de la grâce, de la joie, de la beauté aux relations.

Si le commandement d’amour paraît plus libre que la loi, il est en réalité plus exigeant, car il vaut pour toutes les relations, tout le temps, partout. C’est ce qui fait que bien souvent, même les chrétiens, on se retranche derrière la loi, celle de la Bible ou les nôtres : c’est plus facile ! Il peut être dur de renoncer à certaines choses, d’adopter des contraintes parfois fermes, mais, c’est faisable ! Alors que l’exigence d’amour concerne mes actes, mais aussi mon regard, mon cœur, mes pensées… Je ne peux jamais en faire le tour, tandis que les règles ont ce côté rassurant de la tâche accomplie : « ça c’est fait ». L’amour n’est jamais terminé.

Soyons clairs : cet amour qui peut transfigurer nos relations, magnifique mais exigeant, il ne vient pas de nous. Il vient de Dieu. De l’amour que Jésus a montré en se faisant serviteur de ses propres élèves, en touchant les lépreux avec tendresse, les aveugles avec respect, les démoniaques avec confiance. L’amour qu’il a montré en mourant pour nous. L’amour qui a triomphé quand il est ressuscité, l’amour qu’il déverse en nous aujourd’hui par son Esprit. Paul ne l’évoque pas – c’est une évidence : l’amour de l’autre, nous le trouvons en Dieu, nous l’apprenons auprès de Dieu.

Alors, est-ce qu’on a encore besoin de la loi, de lire l’Ancien Testament (AT) ? Est-ce qu’on a encore besoin de règles de conduite ? D’un genre de charte pour nos relations ? Oui, quand même. Les lois de l’AT ne sont pas incompatibles avec le commandement d’amour ! Elles en sont des applications, dans un contexte donné. Des applications qui ne sont pas forcément pertinentes dans notre société (p. ex. rapport aux esclaves), mais qui nous aident à voir, concrètement, ce qu’aimer veut dire, dans les relations familiales, professionnelles, de voisinage… Et c’est essentiel pour nous ! Parce que parfois nous manquons d’amour, et nous laissons de côté des domaines entiers de nos relations. Parfois aussi nous nous trompons sur ce qu’aimer veut dire : aimer, ce n’est pas apaiser l’autre coûte que coûte, sauvegarder la relation à tout prix, tout accepter sans rien dire… Parfois, aimer, c’est dire la vérité, ouvrir un chemin de réconciliation en exprimant nos fautes ou ce qui nous a blessés, c’est militer pour la justice. Les exemples bibliques d’applications d’amour corrigent nos excès et guident nos efforts pour progresser là où nous avons des manques. Donc oui, continuons à lire l’AT, ces exemples concrets de justice et d’amour, pour avoir une meilleure idée de comment aimer, aujourd’hui.

Conclusion

Paul, comme Jésus, nous invite à respecter les règles, et à les dépasser. Dans le bon sens : pour aimer ! A faire un pas vers l’autre, sans calcul ni lassitude. A puiser dans l’amour de Dieu, débordant et généreux, le modèle de toutes nos relations. Bien sûr que c’est, aujourd’hui, au-delà de nos forces, au-delà des capacités de notre cœur ! Mais gardons cet objectif, osons viser plus grand que nos capacités, plus haut que notre taille. Osons rêver, inventer, innover dans nos relations, au-delà de ce qui « normal », habituel, correct : laissons la générosité de Dieu élargir notre cœur, en témoignage de l’amour que Dieu a lui-même pour nous.

Une foi qui coûte (Mt 16.21-28)

https://soundcloud.com/eel-toulouse/sons-de-dimanche-matin-4

« Que disent les gens à mon sujet ? Et vous qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16.13, 15) A cette question de Jésus, Pierre répond, enthousiaste : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16.16) Plus qu’un prophète, plus qu’un rabbin de génie : l’envoyé de Dieu, Dieu lui-même ! Jésus le félicite, se réjouit de la foi de Pierre, qui lui a permis de comprendre. A partir de là, il entreprend de développer cette affirmation : oui, il est le messie, l’envoyé – mais envoyé pour quoi ?

Lecture biblique : Matthieu 16.21-28

21 À partir de ce moment, Jésus-Christ commence à annoncer clairement à ses disciples : « Il faut que j’aille à Jérusalem. Je vais beaucoup souffrir à cause des anciens, des chefs des prêtres et des maîtres de la loi. Ils vont me faire mourir. Et le troisième jour, je me réveillerai de la mort. »  22 Alors Pierre prend Jésus à part et il se met à lui faire des reproches. Il lui dit : « Seigneur, que Dieu te protège ! Non, cela ne t’arrivera pas ! »  23 Mais Jésus se retourne et il dit à Pierre : « Va-t’en ! Passe derrière moi, Satan ! Tu es en train de me tendre un piège. En effet, tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les hommes ! »
 24 Ensuite Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir avec moi, il ne doit plus penser à lui-même. Il doit porter sa croix et me suivre. 25 En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra. Mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la retrouvera. 26 Si une personne gagne toutes les richesses du monde, mais si elle perd sa vie, à quoi cela lui sert-il ? Qu’est-ce qu’on peut payer en échange de la vie ? 27 Oui, le Fils de l’homme va venir avec ses anges, dans la gloire de son Père. Alors il récompensera chacun selon ses actions. 28 Je vous le dis, c’est la vérité : quelques-uns ici ne mourront pas avant de voir le Fils de l’homme venir comme roi. »

A partir de ce moment, Jésus opère un virage dans son enseignement : c’est la première fois qu’il dit explicitement qu’il va souffrir, et il l’annonce d’ailleurs avec une grande précision : l’ensemble des responsables juifs va se retourner contre lui et provoquer sa mort. Il commence ainsi à préparer les disciples à sa mort prochaine, tout en montrant qu’il subit son sort de son plein gré.

Pour nous, cette première mention de la souffrance de Jésus n’est pas choquante : nous connaissons déjà la fin ! Mais pour les disciples, c’est insupportable à entendre : Jésus, le Fils de Dieu, celui qui leur ouvre le royaume de Dieu (cf. la semaine dernière), va être rejeté et traité comme un criminel ? Sa mission, c’est de mourir ? Pierre n’entend même pas l’annonce de la résurrection au 3e jour, il bloque : « non, cela ne t’arrivera pas ! » un destin aussi misérable ne peut pas attendre celui pour qui il donne sa vie…

Jésus le renvoie dans les cordes, car il reconnaît en lui le vieux discours du tentateur qui le suit depuis son passage au désert, après le baptême : et s’il montrait sa puissance, mais sans souffrir ? s’il remportait la victoire, mais sans la croix ? Jésus rejette fermement ce mirage d’une victoire facile, sans sacrifice, et surtout sans amour ! quel qu’en soit le coût, il est déterminé à aimer jusqu’au bout, même en donnant sa vie.

Mais Jésus va plus loin, et c’est ce sur quoi je voudrais m’arrêter ce matin : d’une certaine façon, ce qui est vrai pour lui est vrai pour les disciples, est vrai pour nous ! Sa mission lui coûte ? Notre foi va nous coûter aussi ! Celui qui veut s’attacher au Christ doit se renier lui-même/ne plus penser à soi, prendre sa croix et suivre Jésus.

1)   Renoncer à soi-même 

« Ah, tu as la foi ? C’est bien, si ça t’apporte quelque chose… » Jésus n’aborde pas la question sous cet angle : c’est vrai que la foi « apporte », mais pour le croyant, avant de recevoir, il va falloir faire le vide.

Se renier soi-même : cette dynamique triste et austère, autodestructrice, on l’a souvent reprochée au christianisme ! Et dans notre société fondée sur le bien-être et la plénitude de soi, parfois au détriment du bien, ces paroles résonnent comme une hérésie… Comment ça, se renier, se frustrer, se refouler ? S’oublier, alors que l’ego est plus que jamais au centre de notre vie ?

Mais Jésus n’appelle pas au renoncement pour le renoncement, par haine de nous-mêmes, ou par honte. Ce n’est pas la théologie du vide : s’il faut s’oublier, c’est pour penser à Dieu ! Faire descendre notre ego de notre piédestal intérieur, ne plus être notre dieu, notre idole, notre propre but, pour laisser Dieu retrouver sa place dans notre vie !

En tant que croyant, on voudrait mettre Dieu au centre, bien sûr. Et pourtant, lorsqu’il s’agit, très concrètement, d’abandonner les petits privilèges qu’on s’était octroyés (être au centre de tout, avoir l’illusion de pouvoir tout faire, tout décider, faire valoir nos droits et notre liberté en toutes circonstances…), le principe est difficile à appliquer… Mille objections se lèvent, pour justifier notre place VIP : oui, mais si je ne pense pas à moi, qui va le faire ? oui, mais Dieu m’aime et ne se réjouit sûrement pas de me voir souffrir ? Et puis, quand on a une responsabilité, de famille par exemple, on ne peut pas l’oublier !

Il ne s’agit pas de nier notre valeur, ni d’évacuer complètement notre personne de notre vie (ça serait d’ailleurs très compliqué) mais plutôt, dit en termes forts, d’apprendre à mettre les intérêts de Dieu avant les nôtres, les projets de Dieu avant les nôtres, la vocation que Dieu nous adresse avant nos rêveries… Et parfois, quand il y a conflits d’intérêts, choisir les intérêts de Dieu nous oblige à abandonner des choses qui paraissaient si importantes qu’en faire le deuil, c’est comme faire le deuil de soi-même… Changer de vision sur l’argent, par exemple, ou sur notre besoin de sécurité, au nom de la justice et de la solidarité… Ou abandonner sa fierté et demander pardon !

2)   Prendre sa croix 

Jésus continue les réjouissances : non content de renoncer à lui-même, le croyant doit porter sa croix. Pas porter une croix, hein ! (bijou) Pour Jésus, porter sa croix, ce sera accepter son chemin vers la mort, rester fidèle à sa mission jusqu’au bout, malgré les moqueries, les insultes, les accusations et les coups… Porter sa croix, comme un criminel, un nul, un paria. Subir le mépris des hommes, endurer la colère de Dieu pour des crimes qu’il n’avait pas commis, pour gagner le pardon et le salut, et l’offrir largement…

Pour ses disciples, porter leur croix, c’est accepter l’éventualité d’un même rejet, du mépris, de l’accusation, voire de la mort ! Ce fut le cas pour les premiers chrétiens, persécutés, ça l’est encore dans de nombreux pays, où devenir chrétien c’est risquer d’être désavoué par sa famille, de perdre son travail, voire d’être arrêté, torturé, et condamné, parfois, à mort. Assumer sa foi, coûte que coûte.

Là encore, pas d’invitation à la passivité : on prend sa croix, on assume ! Mais pas, à l’inverse, de dolorisme ou de masochisme : le chrétien ne recherche pas plus la douleur que Jésus ne l’a fait ! Mais il accepte que ce puisse être un prix à payer pour suivre Jésus – perdre sa vie, à cause de lui ! à cause de Jésus ! Et quand la croix se présente, il ne change pas de chemin, mais il la prend persévère, à cause de Jésus.

Nous chantons la croix, nous adorons le Christ crucifié, nous le remercions pour le sacrifice de sa vie… Mais porter notre croix, ce n’est pas juste chanter ou prier avec émotion : c’est assumer,  nous identifier de manière claire comme disciples du Christ. Et dans notre société occidentale, les risques ne sont probablement pas mortels, mais il y en a. Les conséquences nous paraîtront peut-être même (oserai-je le dire ?) insupportables : le ridicule, le mépris, l’impression d’être un extra-terrestre. La tentation est forte d’édulcorer notre foi, pour qu’elle soit socialement acceptable : cet été, j’ai discuté dans un mariage avec un ami du marié, qui s’étonnait de la foi « jusqu’au-boutiste » du marié. Rien qui ne m’avait choqué jusque là, mais pour ce jeune homme, la foi ça passe, tant que ça reste privé, policé, bien à sa place. Sauf que suivre Jésus bouleverse toute notre vie ! Et peut paraître radical, fondamentaliste, tout ce qu’il ne fait pas bon être aujourd’hui.

Pour rester acceptables en société, on est vite tenté de rogner nos convictions, notre croix. Jésus n’invite certes pas à choquer volontairement ni à provoquer, mais assumer notre foi dans tous les domaines, en particulier éthique (justice, solidarité, économie, domaine familial…) risque de soulever des remous.

3)   Suivre

Se renier soi-même, prendre des risques pour sa foi, voire souffrir… Ce n’est guère motivant ! Mais, encore une fois, ce n’est pas la croix pour la croix, mais pour suivre Jésus. Le suivre de près, pour recevoir de lui la vie véritable, le sens, l’espérance. Quel est le verbe le plus important des trois ? En tout cas, le but, c’est de suivre ! Nos efforts, non négligeables, se comprennent dans cette dynamique du chemin où nous suivons le Christ. L’important c’est d’avancer, de vivre ce défi renouvelé chaque jour qui consiste à ressembler un peu plus au Christ, à être un peu mieux image de Dieu, reflet de sa justice et de sa paix.

Et pour encourager ses disciples, Jésus donne trois raisons, trois promesses :

  • La valeur de la vie qu’offre Jésus dépasse tout ce que peuvent nous obtenir les faveurs de ce monde : le prestige, les accomplissements, l’argent, etc. (répéter v.26b)
  • Nos sacrifices ne sont pas perdus, mais notre confiance en Dieu malgré les difficultés, Jésus la reconnaît et la reçoit comme un gage d’amour et de fidélité
  • Enfin, ce chemin sombre et étroit débouche sur la vie – et peut-être plus rapidement qu’on ne le croit. Jésus dans peu de temps entrera dans sa royauté – est-ce une allusion à la transfiguration qui a lieu juste après ? à la résurrection, dans quelques semaines ? à l’ascension de Jésus au ciel, à l’envoi de l’Esprit ? En tout cas, la vie éternelle pour laquelle jésus nous invite à faire ces sacrifices est à portée de main, elle ne se cantonne pas à « après la mort », mais elle s’expérimente aujourd’hui, dans la joie de mettre Dieu au centre de notre vie, à sa place, dans le sens qu’il donne à notre vie, dans l’assurance que Jésus nous sauve et nous protège.

Membre du peuple de Dieu

Qui appartient au peuple de Dieu ? sur quels critères devenons-nous membres, pleinement fils et filles de Dieu ? sur quels critères Dieu nous accueille-t-il ? Par la foi me direz-vous ; mais cela a-t-il toujours été ainsi ? Et qu’est-ce que ça implique ?

Je vais lire chez le prophète Esaie, écrit aux environs de 700 av. JC. Le prophète s’est longuement adressé au peuple d’Israël, dont Dieu condamne l’hypocrisie et l’injustice. Le peuple sera puni, par l’exil (quelques décennies plus tard), mais Esaie annonce d’avance que Dieu fera grâce et ramènera son peuple chez lui. Il rassemblera les exilés, et créera de nouvelles conditions de vie, en harmonie avec Dieu, en paix avec les hommes. Ces promesses pleines d’espérance débordent le cadre historique effectif du retour des Israélites sur leur terre, et désignent à la fois le salut qu’offre Jésus, et ses conséquences le monde à venir que nous attendons encore, donc un texte qui nous concerne aussi, indirectement.

Lecture biblique: Es 56.1-8

1 Voici ce que le SEIGNEUR dit :

« Respectez le droit, faites ce qui est juste.

La libération que j’apporte est sur le point d’arriver,vous allez découvrir que je veux vous sauver. 2Il est heureux,celui qui fait ce que je dis, qui s’y tient solidement. Il est heureux, celui qui respecte fidèlement le sabbat, qui évite toute action mauvaise. »

 

3L’étranger qui s’est attaché au SEIGNEUR  ne doit pas penser :« Le SEIGNEUR va sûrement m’exclure de son peuple. »

L’eunuque ne doit pas se dire : « Je ne suis qu’un arbre sec. »

 

4En effet, voici ce que le SEIGNEUR affirme : 

« Certains eunuques respectent mes sabbats.Ils choisissent de faire ce qui me plaît et s’attachent à mon alliance. 5Eh bien, à l’intérieur des murs de mon temple, je leur dresserai une pierre pour y graver leur nom. Cela aura plus de valeur pour eux que des fils et des filles. Le nom que je leur donnerai restera pour toujours, il ne sera jamais effacé. »

 

6 Certains étrangers sont attachés au SEIGNEUR. Ils l’honorent, ils l’aiment et ils sont ses serviteurs. De ceux-là, le SEIGNEUR dit : « Tous ceux qui respectent fidèlement le sabbat,

qui s’attachent à mon alliance, 7je les ferai venir sur ma montagne sainte, je les remplirai de joie dans ma maison de prière. J’accepterai les sacrifices et les dons qu’ils m’offrent sur l’autel. Oui, on appellera ma maison “Maison de prière pour tous les peuples” . »

 

8Le Seigneur DIEU, lui qui a rassemblé les exilés d’Israël, déclare :

« J’ai déjà rassemblé des gens autour d’eux, et j’en rassemblerai encore d’autres avec eux. »

 

  1. Le critère d’une foi profonde et concrète

Dieu le Rassembleur, l’Accueillant. A ceux qu’il accueille, il ajoute encore d’autres : « venez, venez ! » Mais sur quelle base accueille-t-il ? le respect du droit, l’application de la justice (v.1). Dès le début, c’est ce que Dieu a demandé aux hommes : faire le bien, respecter sa volonté. Mais le peuple d’Israël s’est laissé croire que l’appartenance à la lignée d’Abraham, et le culte, les sacrifices, les rituels, suffisaient pour être membre de son peuple, autrement dit, pour vivre avec Dieu. Dieu remet les points sur les i : ces critères extérieurs, impersonnels, ne valent pas la piété personnelle et la mise en pratique concrète de la foi.

L’accent est mis sur deux points : le respect du  sabbat et l’absence d’action mauvaise. Peut-être que ces deux points résument une vie pieuse, une vie de croyants : le sabbat, c’est le jour de repos dans la foi juive, un jour de congé prévu pour la famille et pour Dieu. C’est un moment de recueillement, une pause hebdomadaire où l’on se recentre sur Dieu, sur ce qu’il a accompli pour nous, sur sa présence et ses projets. C’est un temps vertical, vécu seul ou en communauté, mais centré sur Dieu pour se ressourcer auprès de lui. Et à ce temps vertical répond, horizontalement avec les autres, le refus de faire le mal, de blesser ou léser autrui. Celui qui ne se met pas à l’écoute de Dieu aura bien du mal à appliquer la justice de Dieu, mais à l’inverse, celui qui apprend et écoute, sans mettre en pratique, montre que la relation avec Dieu ne l’a pas transformé… Donc une vie de foi, enracinée dans la relation intérieure avec Dieu, et manifestée par la droiture et la justice. Tous ceux qui remplissent ce critère ont leur place parmi les gens que Dieu aime.

Petit problème : même en étant très proche de Dieu, qui peut dire qu’il ne fait rien de mal ? Si on applique ce critère, le peuple de Dieu sera bien clairsemé… En plus, Esaïe a prêché la grâce de Dieu, l’invitation de Dieu à tous ceux qui lui font confiance : comment réconcilier cela avec l’injonction à vivre une vie juste ? Ce texte ne remet pas en question les bases de notre salut : c’est par la grâce que nous sommes sauvés, c’est par la seule bonté de Dieu que nous recevons son pardon, et non par nos efforts. Esaie a d’ailleurs annoncé plus que tout autre prophète l’Envoyé de Dieu qui porterait les péchés de son peuple et lui obtiendrait salut et pardon auprès de Dieu, une figure qui annonçait Jésus-Christ. Mais, que se passe-t-il après la grâce ? Qu’y a-t-il après la nouvelle chance, le nouveau départ que Jésus nous offre ? Celui qui a vraiment reçu le salut de Dieu, qui a expérimenté profondément son pardon, ne peut pas repartir comme si de rien n’était dans sa vie d’autrefois. Même si la transformation est longue, et peut-être chaotique, la transformation vers la sainteté est incontournable. C’est sûrement ainsi qu’il faut entendre le texte : dans la mesure de notre possible, choisir le bien, choisir de vivre les choses en accord avec Dieu, et refuser (de plus en plus) ce qui nous éloigne de lui ou lèse les autres. La promesse que le salut et la justice de Dieu sont imminents résonne comme une motivation à faire de notre mieux, à progresser sans cesse vers ce qui est bon.

  1. La place des marginaux

Tous ceux qui se tournent sincèrement vers Dieu et cherchent à le servir de leur mieux sont membres de plein droit de son peuple. Pour enfoncer le clou, Esaïe évoque deux cas limites, deux populations qui pourraient légitimement se croire membres de seconde zone. D’abord les étrangers : dans le peuple d’Israël, il y a le critère religieux et le critère national ! Comment donc l’étranger peut-il avoir sa place auprès du peuple d’Israël ? Certains se sont greffés, dans l’histoire, mais en restant un peu en marge. D’ailleurs, dans le Temple, pour offrir des sacrifices, des cours concentriques se succèdent : d’abord, près du Saint des Saints, les prêtres, puis les hommes juifs, puis les femmes, puis on sort, et c’est la cour des étrangers qui croient. Seconde zone !

Les eunuques sont un cas différent, mais eux aussi restent en marge : très en vogue autour du bassin méditerranéen, ces hommes privés de leur virilité s’occupaient d’abord des femmes dans les harems, puis leurs fonctions se sont généralisées dans l’administration, l’armée etc. Dès le départ, Dieu refuse ces pratiques en Israël, ne souhaitant pas qu’on dévalorise la sexualité ou qu’on la voie comme une menace. Parmi les étrangers rattachés à la foi d’Israël, il y avait donc peut-être des eunuques, mais en complet décalage avec la culture israélite, qui faisait facilement le lien entre bénédiction et descendance nombreuse.

Donc Dieu s’adresse à ces deux populations en périphérie, avec une parole spécifique. La foi suffit pour faire pleinement partie du peuple de Dieu, même quand on n’est pas juif, même quand on est eunuque.

Aux étrangers, Dieu promet un jour les mêmes conditions spirituelles qu’aux Juifs : l’accès à la montagne sainte symbole de la présence divine, le droit d’offrir des sacrifices pleinement valides, une jubilation pleine et entière. Les étrangers attachés à Dieu seront pleinement citoyens de son peuple, autant que les croyants descendant directement d’Abraham. Cette promesse, nous la voyons se réaliser dans l’Eglise, qui s’est ouverte à tous sur le critère de la foi ! Tous, d’origine juive ou pas, ont reçu le même pardon, le même salut, le même Esprit – la foi suffit.

Aux eunuques, Dieu promet une postérité meilleure que le nom perpétué par une descendance : il prend l’image d’une stèle qui porte le nom du croyant, pour toujours ! Non, le croyant sans enfant ne sombrera pas dans l’oubli, mais Dieu lui réserve une place de choix, un relief éternel.

Alors en Israël, il y avait des croyants situés très clairement à la périphérie du peuple. Loin de nous cette pratique ! Tous ont leur place dans l’église, tous sont égaux !

Et pourtant… Nombre d’entre nous se demandent ou se sont demandé s’ils sont assez, s’ils ne sont pas inférieurs à d’autres, avec plus d’ancienneté ou un statut social plus haut… Peut-être aussi que des croyants d’ailleurs peinent à se sentir vraiment intégrés, membres à part entière, dans notre communauté.

Je pense aussi aux discussions anodines qui s’avèrent parfois gênantes : alors, tu es marié ? Tu as des enfants ? Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? Le célibataire et/ou sans enfants, et/ou sans travail, se sentira bien vite exclu ! Sans parler des questions récurrentes, bien intentionnées mais peut-être blessantes, à la longue : « alors, c’est pour quand ?… » Comme si l’autre n’était pas complet tant qu’il n’y a pas de conjoint/d’enfant/…

Et dans notre pratique : plus facile d’inviter un couple qu’un célibataire le dimanche midi ! Plus facile d’inviter quelqu’un qui me ressemble ! En pratique, malgré nous, nous établissons bien souvent des frontières, voire un modèle de chrétien idéal (p. ex. marié, avec enfants, travail, santé…) qui peut vite repousser les « autres », comme s’il leur manquait quelque chose de fondamental.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas poser de question pour se présenter ! Mais ce texte nous invite à redéfinir notre regard sur l’autre, à voir la valeur que Dieu donne maintenant à chacun… Car Dieu offre aux stériles le fruit d’une vie avec lui, et aux célibataires la chaleur de sa présence fidèle, il accorde aux chômeurs une valeur mémorable, il promet aux malades la vigueur de son Esprit…

Et de même que Dieu a rappelé aux Israélites que l’essentiel, c’est une relation profonde avec lui qui porte des fruits visibles, peut-être que Dieu veut nous interpeler nous aussi, et pas seulement sur notre façon d’accueillir. Car l’essentiel pour un père de famille, pour une épouse, pour une médecin ou un chef d’entreprise, n’est-il pas aussi en Dieu ? le critère du sens de notre vie, la source de notre joie profonde, qui que nous soyons et quoi que nous fassions, c’est Dieu ! Dieu qui sauve, Dieu qui rassemble, Dieu qui redonne espoir ! Et bien sûr que nous pouvons trouver joie et accomplissement, sentiment d’appartenance, dans notre famille et/ou notre travail, mais en premier, notre joie vient du Dieu sauveur !

Conclusion

Dieu accueille tous ceux qui l’aiment, quels qu’ils soient. Il les accueille de la même façon, sur la base de la foi, et leur accorde la même valeur. Cet accueil nous interpelle sur notre propre relation avec Dieu et nous invite à nous recentrer sur l’essentiel, à chercher toujours davantage une relation nourrie avec Dieu, transformatrice, porteuse de fruits concrets dans notre quotidien. Mais Dieu nous interpelle aussi sur le regard que nous portons sur l’autre, différent, et nous invite à voir en lui un homme, une femme, que Dieu aime pleinement, à qui il donne sens et valeur, bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Alors que Dieu, le Rassembleur, l’Accueillant, nous conduise pour devenir une communauté soudée, fraternelle et bienveillante, où chacun trouve sa place.

Suivre le Dieu vivant (Elisée IV)

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Pour la prédication de ce matin, je terminerai ma série de juillet autour du prophète Élisée, avec l’épisode de sa mort qui fait une bonne conclusion, au chapitre 13.

Le temps a passé, peut-être une quarantaine d’années depuis les derniers miracles d’Élisée que la Bible raconte, mais la situation d’Israël n’a pas changé : sur fond de lutte avec le pays voisin de la Syrie, les rois continuent de se tourner vers des idoles étrangères et de traiter Dieu sans respect. Même le roi Joas, présent dans ce texte, apparemment « proche » d’Élisée, même lui est un mauvais roi (c’est la seule chose qui est dite pour résumer sa vie aux versets précédents). Devant une telle infidélité, Dieu a baissé son aide envers son peuple, ce qui explique l’oppression syrienne particulière au moment de notre récit.

Lecture biblique: 2 Rois 13.14-25

14 Quand Élisée tombe malade de la maladie qui le fera mourir, Yoas, roi d’Israël, va le voir. Il se penche sur lui en pleurant et lui dit : « Mon père, mon père ! Tu vaux tous les chars et tous les cavaliers d’Israël ! » 15 Élisée lui dit : « Prends un arc et des flèches. » Le roi obéit. 
 16-17 Élisée lui dit : « Ouvre la fenêtre vers l’est. » Le roi l’ouvre. Élisée lui dit encore : « Prends ton arc et tends-le. » Le roi prend l’arc. Élisée pose ses mains sur les mains du roi et lui commande de tirer. Après que Yoas a tiré, Élisée dit : « Cette flèche annonce une victoire donnée par le SEIGNEUR, une victoire contre les Syriens. Tu les battras complètement à Afec. » 18 Ensuite Élisée dit encore au roi d’Israël : « Prends les autres flèches. » Yoas les prend. Élisée ajoute : « Frappe le sol ! » Le roi frappe trois fois et s’arrête.
19 L’homme de Dieu est en colère contre le roi. Il dit : « Tu devais frapper cinq ou six fois. Alors tu aurais pu battre complètement les Syriens. Maintenant, tu les battras seulement trois fois. »
2Élisée meurt, et on l’enterre. Au début de chaque année, des bandes de voleurs moabites entrent en Israël. 21 Un jour, des gens qui vont enterrer un mort voient tout à coup une de ces bandes. Ils jettent le corps dans la tombe d’Élisée et s’enfuient. Dès que le mort a touché les os d’Élisée, il redevient vivant et se met debout.
 
22 Hazaël, roi de Syrie, écrase de son pouvoir les Israélites pendant tout le temps où Yoakaz est roi. 23 Mais le SEIGNEUR a pitié d’eux. Il leur pardonne à cause de l’alliance qu’il a établie avec Abraham, Isaac et Jacob. Il ne veut pas les détruire, et ce n’est pas encore le moment où il les chasse loin de lui. 24 Hazaël, roi de Syrie, meurt, et son fils Ben-Hadad devient roi à sa place. 25 Alors Yoas reprend à Ben-Hadad les villes d’Israël qu’Hazaël a arrachées aux mains de son père Yoakaz. Par trois fois, Yoas bat Ben-Hadad, et il reprend les villes d’Israël.
1)   Élisée, témoin du Dieu vivant et compatissant

Élisée a été le prophète du Dieu vivant, du Dieu qui fait vivre. Il a sauvé une veuve de la détresse, guéri Naaman ; il a annoncé la venue d’un enfant à une femme stérile, et quand cet enfant est mort, il l’a ressuscité. Il a protégé son pays des attaques de l’armée syrienne. Élisée est un prophète du Dieu vivant.

A sa mort, il témoigne encore du Dieu qui fait vivre en annonçant la victoire d’Israël sur ses ennemis, par le symbolisme des flèches tirées, la première par la fenêtre (symbolisant une victoire ponctuelle, précise, dans la ville d’Afek), les autres flèches tirées vers le sol, symbolisant le nombre de victoires totales qu’Israël remportera.

Intercalé entre les oracles et leur accomplissement, nous avons aussi ce récit fugace d’un cadavre anonyme jeté dans le tombeau d’Élisée qui reprend vie au contact des ossements du prophète. Ce récit compact témoigne de la puissance de Dieu qui agit à travers son prophète, pour le bien collectif, mais aussi pour les individus. Le rayon d’action de Dieu n’a pas de limite, il touche aussi bien les pays et la géopolitique que la vie d’un simple anonyme, connu de Dieu.

Élisée témoigne de Dieu, alors même que le peuple est spirituellement aveugle et sourd. Tout au long des récits, nous voyons des serviteurs faibles, facilement découragés ou tentés, nous voyons des rois qui ignorent Dieu – et pourtant Dieu agit sans relâche à travers Élisée, même au moment de sa mort.

Joas n’est franchement pas un roi modèle, il y a peu de signes qu’il ait eu foi en Dieu, et son attitude envers Élisée est peut-être simplement pragmatique : il reconnaît qu’Élisée a souvent protégé son pays, sans forcément faire le lien entre fidélité à Dieu et protection… Mais Élisée accueille Joas, il bénit encore son peuple au moment de mourir. Et ce n’est pas par générosité personnelle qu’il le fait, mais en témoin de la compassion de Dieu. Lorsqu’il met ses mains sur celles de Joas, c’est comme un signe de solidarité, un signe que Dieu sera présent. Dans l’accomplissement de l’oracle qui raconte comment Joas a finalement réussi à battre les Syriens à trois reprises, la raison que donne le texte, c’est que Dieu a pitié d’Israël, et qu’il refuse de les abandonner complètement.

Élisée est donc un témoin, jusqu’au bout, jusqu’après sa mort, du Dieu puissant et compatissant qui fait vivre et qui sauve. En cela, comme d’autres, il annonce Jésus, le témoin parfait de Dieu, celui qui a multiplié les pains pour la foule affamée, qui a guéri et délivré, qui est ressuscité et qui promet la vie à ceux qui croient en lui ! A travers Élisée, nous discernons la puissance et la bonté de Dieu qui se manifesteront parfaitement en Jésus.

2)   Joas ou la foi qui s’auto-stoppe

Comme dans les autres récits, au-delà d’Élisée, un autre personnage attire notre attention. Ici, c’est le roi Joas. Joas est un « mauvais » roi, un roi impie qui ne fait pas les bons choix par rapport à Dieu ou par rapport au peuple. Bizarrement, quand il apprend qu’Élisée est malade, il accourt à son chevet. Et ensuite, tout ce qu’Élisée lui demande de faire, il le fait méticuleusement. Le texte met l’accent sur sa docilité, presque comique. Élisée lui donne les consignes une par une, à très court terme : prends l’arc (il prend l’arc), ouvre la fenêtre (il ouvre la fenêtre), tire une flèche (il tire une flèche) etc. Peut-être qu’Élisée le conduit pas à pas justement parce que Joas manque de sagesse, comme un enfant. En tout cas, après le premier signe sur la victoire à Aphek (la flèche tirée par la fenêtre), vient le deuxième avec les flèches à tirer dans le sol. C’est vrai que c’est une demande étrange… Mais pas plus que de tirer par la fenêtre ! Lorsque Joas s’arrête, Élisée pique une crise et affirme que puisque Joas s’est arrêté en cours de route, sa victoire sur les Syriens ne sera que partielle.

La colère d’Élisée surprend, puisqu’il n’y avait pas d’autre instruction explicite, du style « tu tireras 5 fois, 10 fois… ». On ne comprend pas sa colère, car apparemment Joas a obéi à la consigne, en tout cas de notre point de vue. Peut-être (vous voyez qu’on est dans l’interprétation ici !) que Joas aurait dû attendre la prochaine consigne avant de s’arrêter.

C’est comme quand on passe le permis. J’ai appris que tant que l’examinateur ne dit rien, on va tout droit – vous êtes d’accord ! Imaginez maintenant que l’examinateur vous a dit de tourner à droite, vous avez tourné à droite, puis il se tait… conclusion logique : vous allez tout droit ! Si vous vous garez sur le côté, devant une maison, est-ce que vous avez répondu à la consigne ? Non, bien sûr ! Il fallait continuer tout droit, en attendant la prochaine consigne !

Le problème de Joas, c’est que son initiative l’a écarté du chemin qu’il devait prendre. D’où la colère d’Élisée, qui ne pourra pas transmettre la bénédiction qu’il voulait. Et ça m’alerte sur notre façon de « conduire », d’avancer sur notre chemin avec Dieu. Est-ce que parfois nous ne sommes pas dans le cas de Joas, à nous arrêter trop tôt ? A nous garer alors qu’il faut continuer ? Sans parler de la désobéissance massive, on se laisse parfois piéger par notre propre désarroi : A quoi ça sert de tirer des flèches dans le sol ? Où va cette route ? Je ne vois pas où Dieu veut m’emmener, on a dû se tromper quelque part, je vais m’arrêter et faire demi-tour… Ou alors : allez, c’est bon, on a assez roulé, on est allé assez loin… Non ? Pour Élisée, c’est un manque de foi, peut-être là où c’est le plus dur : quand on ne voit pas devant soi.

C’est vrai qu’il y a des périodes ou des situations où on est complètement dans le vague, et on est tenté d’abandonner, parce qu’on a l’impression que notre action est inutile, absurde, ou qu’on se trompe de direction. Et pourtant, faire confiance à Dieu c’est aussi continuer à marcher sur cette route étrange, c’est persévérer même au cœur de ce qui nous paraît absurde, parce que même si nous ne savons pas où notre route va, nous croyons que Dieu le sait, et nous choisissons de lui faire confiance. Comme Abraham qui quitte tout et qui va… « vers le pays que Dieu lui montrera ». La persévérance, c’est un signe de confiance. Et bien souvent, la persévérance paraît stérile : dire bonjour tous les matins au même collègue désagréable, prier toutes les semaines pour le même sujet, pardonner soixante-dix fois sept fois à notre conjoint… Et pourtant, Dieu nous invite à ne pas nous arrêter à mi-chemin, à ne pas cueillir les fruits à moitié mûrs, à ne pas mettre de limites à ce qu’il nous appelle à vivre.

Laissons Dieu nous guider, et laissons-le nous guider au-delà du raisonnable, au-delà de notre petit cadre de probabilités acceptables, osons le suivre sur des chemins qui nous paraissent bizarres, mais où il nous bénira.

Conclusion

Que nous a appris Élisée ce mois-ci ? Il nous a rappelé la puissance de Dieu, la puissance de sa parole, sa puissance qui fait vivre. Mais Élisée, témoin inlassable de Dieu dans un contexte franchement défavorable, rencontre des gens comme vous et moi, qui devront se positionner par rapport à Dieu, et choisir ou pas de lui faire confiance. La veuve au bord de la faillite a obéi sans discuter, Naaman a résisté mais il s’est laissé convaincre, Joas met de lui-même une limite à ce que Dieu peut faire… Diverses réponses, comme des questions qui nous sont adressées : nous, habitants du XXIe siècle, quelle est notre position face au Dieu qui fait vivre ? Osons-nous le suivre ? Sommes-nous prêts à remettre en question nos réticences ? Mettrons-nous des limites à ce que Dieu va faire, par « réalisme » ou ignorance ? Dieu est puissant, il est vivant, il est compatissant, hier comme aujourd’hui et comme demain. Quelle sera notre réponse à la main qu’il nous tend ?

Apprendre à voir vraiment

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Nous continuons notre série autour des miracles du prophète Elisée, à l’œuvre en Israël dans les années 850-800 av. J.-C.

Lecture biblique: 2 Rois 6.8-23

8 C’est l’époque où le roi de Syrie est en guerre contre Israël. Il consulte ses officiers, puis il décide d’installer son armée à un certain endroit. 9 Mais Élisée fait dire au roi d’Israël : « Attention ! Évite de passer à tel endroit. C’est là que les Syriens ont installé leur camp. » 10 Le roi d’Israël envoie donc des soldats surveiller l’endroit que l’homme de Dieu a indiqué. Cela se passe plusieurs fois. Élisée prévient le roi d’Israël, qui fait très attention. 11 Le roi de Syrie est inquiet à cause de ce qui arrive. Il réunit ses officiers et leur dit : « Il y a parmi vous un traître, qui est pour le roi d’Israël. Est-ce que vous ne voulez pas me dire son nom ? » 12 L’un des officiers répond : « Notre roi, il n’y a pas de traître parmi nous ! Mais Élisée, le prophète qui est en Israël, est capable de rapporter à son roi les paroles que tu dis dans ta chambre à coucher. » 13 Alors le roi de Syrie donne cet ordre : « Allez voir où il est, et je le ferai arrêter. » Quand le roi de Syrie apprend qu’Élisée se trouve à Dotan, 14 il envoie une troupe nombreuse de soldats, avec des chars et des chevaux. Ils arrivent de nuit et entourent la ville. 
15 Le jour suivant, le serviteur d’Élisée se lève tôt le matin et il sort de la ville. Il voit les soldats, les chevaux et les chars qui entourent la ville. Il crie : « Quel malheur, maître ! Qu’est-ce que nous allons faire ? » 16 Élisée répond : « N’aie pas peur ! Ceux qui sont avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont avec eux. » 17 Ensuite Élisée prie en disant : « SEIGNEUR, ouvre les yeux de mon serviteur pour qu’il voie clair. » Le SEIGNEUR ouvre ses yeux, et le serviteur peut voir que tout autour d’Élisée, la montagne est couverte de chevaux et de chars brillants comme du feu.

18 Les Syriens descendent vers Élisée. Le prophète prie de nouveau : « SEIGNEUR, ferme les yeux de tous ces soldats. » Et le SEIGNEUR leur ferme les yeux, comme Élisée l’a demandé.  19 Alors Élisée dit aux soldats : « Vous n’avez pas pris le bon chemin, et ce n’est pas la bonne ville. Suivez-moi, et je vous conduirai auprès de l’homme que vous cherchez. » En fait, Élisée les conduit à Samarie. 20 Quand ils entrent dans la ville, Élisée prie encore : « SEIGNEUR, ouvre leurs yeux pour qu’ils voient clair. » Le SEIGNEUR leur ouvre les yeux, et ils voient qu’ils sont en pleine ville de Samarie. 21 Dès que le roi d’Israël voit tous ces soldats, il demande à Élisée : « Mon maître, est-ce qu’il faut les tuer ? » 22 Élisée répond : « Non, ne les tue pas ! D’habitude, tu ne mets pas à mort ceux que tu fais prisonniers au combat. Alors, donne plutôt à manger et à boire à ces soldats, puis laisse-les retourner chez leur roi. » 23 Le roi d’Israël leur fait donc servir un grand repas. Après qu’ils ont mangé et bu, ils les laisse retourner chez leur roi. À partir de ce moment-là, les bandes de voleurs syriens ne viennent plus dans le pays d’Israël.

Décidément, avec Elisée, on ne s’ennuie pas ! Voilà une histoire pleine de suspense, et de rebondissements…

On a d’un côté ce roi syrien dont les plans sont comme des coups d’épée dans l’eau : rien ne fonctionne, tout est déjoué, au point qu’il se demande s’il n’y a pas un espion d’Israël dans son état-major. Mais non, c’est l’œuvre d’un prophète, qui, de loin, devine et défait tous les projets de ce roi contre Israël. Même lorsqu’il met toutes les chances de son côté pour attraper ce prophète – et là, on se demande qui va gagner : la grande armée ou le petit prophète ? – retournement de situation, l’opération tourne au fiasco quand les soldats syriens se retrouvent malgré eux en plein territoire ennemi, et le roi renonce. De l’autre côté, on a Dieu, fort, puissant, fidèle, qui domine la situation et change les cartes selon son bon vouloir. A travers l’exaucement des prières d’Elisée, le texte nous montre surtout Dieu à l’œuvre, Dieu vainqueur, un Dieu protecteur qui prend soin de son prophète fidèle (il n’y en a plus beaucoup à cette époque-là en Israël) et même de son peuple, pourtant peu attentif à Dieu en cette période.

1)   Un Dieu indéfectiblement présent

La puissance de Dieu est une évidence, une conviction de base du croyant. Si Dieu n’est pas puissant, il n’est pas Dieu ! Et pourtant, on a beau croire que Dieu a créé le monde, croire que Dieu soutient le monde, croire qu’il renouvellera le monde, au cœur de la difficulté, on ressemble bien souvent à ce serviteur d’Elisée paniqué par la vision de l’armée ennemie – d’ailleurs, dans cette histoire, nous devons attendre, comme lui, la prière d’Elisée pour prendre conscience de la présence active de Dieu dans cette situation.

Ce qui nous impressionne n’impressionne pas Dieu. Les armées, les tactiques, même les soldats à nos portes : ce qui nous impressionne n’impressionne pas Dieu. Autrement dit, Dieu est bien plus puissant que ce qui est plus fort que nous : la persécution, la maladie, la haine, et même la mort. Je me souviens du témoignage d’une personne, qui a cru en Jésus-Christ suite à la maladie et à la guérison de sa fille : à 5 ans, celle-ci avait une tumeur au cerveau. Le traitement en cours ne fonctionnait pas très bien. Des gens étaient venus prier pour cette enfant, et du jour au lendemain, l’examen a montré la disparition de la tumeur, au point que les médecins n’ont pas compris. Ils sont restés perplexes devant la disparition complète de la tache, au point de se demander s’ils ne s’étaient pas emmêlé les pinceaux avec cette patiente. Mais non, elle était guérie, et elle a 35 ans aujourd’hui.

Alors c’est vrai que nous ne sommes pas toujours libérés de façon aussi spectaculaire, c’est même rare. Dans la Bible, on voit que beaucoup de miracles ont lieu, tout au long de l’histoire, mais qu’il y a certaines périodes où les miracles se concentrent, en général des périodes critiques – la sortie d’Egypte et l’alliance de Dieu avec le peuple d’Israël , la dégénérescence du peuple à l’époque d’Elie et Elisée et le rappel que Dieu est à l’œuvre, et enfin, dans la Bible, la venue de Jésus et les premiers pas de l’Eglise, comme si Dieu voulait appuyer la véracité de l’Evangile.

Néanmoins, au-delà du côté spectaculaire de tel ou tel miracle, ce texte rappelle une vérité permanente : où que nous allions, quelle que soit la situation, nous ne sommes pas seuls. Et si nous nous sentons démunis, parfois à juste titre, Dieu ne l’est pas. Autour de nous, comme invisible, se dresse cette forteresse de la présence de Dieu. La Bible est pleine d’images pour nous aider à nous représenter la présence de Dieu à nos côtés : l’armée de feu ici,  le roc où nous pouvons tenir ferme, la main qui nous porte, l’aile qui nous cache, le rempart solide… Parfois Dieu crée une déviation pour contourner l’obstacle, parfois il détourne l’attention de ceux qui attaquent, parfois il donne la force de traverser l’obstacle. D’ailleurs, avec Elisée, ce n’est finalement pas l’armée de feu qui résout la situation, mais une sorte de diversion par laquelle Dieu désoriente les soldats ennemis. Quelle que soit la situation, même impressionnante, urgente, submergeante, Dieu est présent avec nous.

2)  Prière et paix

Dieu est présent avec nous, et nous devons apprendre à le voir. Apprendre à ouvrir les yeux sur sa présence, c’est prendre conscience de la situation réelle – tant que nous ne mettons pas dans la balance la présence et la puissance de Dieu, notre vision de la situation est irréaliste. C’est paradoxal hein ?! Nous sommes irréalistes à chaque fois que nous laissons de côté l’engagement de Dieu pour nous. Quand nous ne voyons pas Dieu avec nous, nous sommes aveugles sur la situation.

Alors comment ouvrir les yeux, comment retrouver la vue ? L’exemple d’Elisée est frappant : il prie ! Il prie. Certes, il prie pour son serviteur, pour les soldats, dans ce texte, mais la relation de fond entre Elisée et Dieu suppose une vie de prière riche. On a l’impression de voir un tandem en action : Elisée ne prend pas autorité sur Dieu en lui disant « fais-ci, fais-ça », mais c’est comme si chacun faisait sa part. Et la part d’Elisée, c’est la prière. Notre part, c’est la prière. Bien souvent, nous prions pour des choses précises, factuelles, presque matérielles – pour nous ou pour les autres. Mais l’exemple d’Elisée nous invite à prier aussi pour voir, pour que Dieu ouvre nos yeux, pour qu’il montre ce qu’il est en train de faire – et comment nous pouvons agir dans son plan. « Montre-moi Seigneur, change mon point de vue, ma perspective ». C’est valable dans la difficulté, mais aussi dans les bons moments ! Dans la clairière comme dans la sombre vallée, discerner la présence de Dieu est crucial pour comprendre notre chemin.

Une parenthèse sur le fonctionnement du texte : une fois qu’Elisée a prié, nous voyons l’armée de feu, mais ensuite nous sommes au courant de la situation, nous savons ce qu’Elisée fait, nous ne sommes plus du côté des aveugles (les soldats) mais de ceux qui savent, au point que nous avons presque du plaisir à suivre la situation – ici, c’est un peu l’arroseur arrosé pour les soldats ennemis.

« Change mon point de vue, Seigneur. Je me sens coincée, désarçonnée, effrayée : change mon point de vue Seigneur. Ouvre mes yeux pour que je voie la réalité en face, la réalité de ta présence. »

Le changement de point de vue a deux conséquences dans cette histoire : 1) la paix intérieure – ne crains pas, dit Elisée au serviteur. Avec les mots de l’apôtre Paul : si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?? (Rm 8.31) Ne crains pas !

2) la paix envers les autres, avec là le contraste entre le roi d’Israël excité par la prise inattendue de soldats ennemis, et la compassion dont fait preuve Elisée. Puisque nous sommes désormais sans crainte, nous pouvons laisser l’agressivité, la manipulation, la vengeance – nous sommes avec Dieu ! Nous n’avons plus besoin de prouver quoi que ce soit, d’enfoncer le clou, une fois que nous savons que Dieu agit. Le changement de notre comportement dépend de notre changement de point de vue, et notre changement de point de vue dépend de notre vie de prière, nourrie et orientée par la lecture de ce que Dieu a fait.

 

Quelques siècles plus tard, Dieu a donné un signe. Un signe clair, de sa présence, de sa puissance, de son amour pour nous. Il a envoyé son Fils manifester concrètement, physiquement, la présence de Dieu dans le monde. Il a envoyé son Fils vaincre radicalement ce qui nous blesse : le poids écrasant de nos fautes, l’aveuglement et le mensonge d’une vie sans Dieu, et, finalement, la mort. Jésus, mort et ressuscité, scelle pour nous l’engagement de Dieu à nos côtés, un amour que nous ne méritons pas mais qui nous sauve.