Lecture biblique : Genèse 1.24-31
La crĂ©ation de l’homme et de la femme apparaĂ®t comme le couronnement de l’oeuvre de Dieu. Les humains y ont un statut unique parmi les ĂŞtres vivants : ils sont créés Ă l’image de Dieu, appelĂ©s Ă dominer la crĂ©ation.
Pourtant, l’homme est bien la crĂ©ature la plus meurtrière de ses semblables et la plus destructrice pour son environnement. Mais oĂą est donc passĂ©e l’image de Dieu ?
Certes, notre monde n’est plus un monde idĂ©al et parfait comme il apparaĂ®t Ă la fin du sixième jour de crĂ©ation lorsque Dieu voit son Ĺ“uvre et dit que c’est une très bonne chose !. Le jardin d’Eden, c’est fini ! C’est vrai… Mais mĂŞme polluĂ© par le pĂ©chĂ©, le monde reste la crĂ©ation de Dieu. MĂŞme dĂ©formĂ©e, dĂ©figurĂ©e par le mal, l’image de Dieu demeure en tout ĂŞtre humain.
Ce texte a bien encore quelque chose Ă nous dire. Et si, finalement, il nous invitait Ă ĂŞtre Ă©colo, Ă l’image de Dieu ?
1. L’image de Dieu
Il y a une insistance forte sur la crĂ©ation spĂ©cifique des humains, homme et femme, Ă l’image de Dieu :
Dieu dit : « Faisons les ĂŞtres humains Ă notre image, et qu’ils nous ressemblent vraiment ! » (v.26)
« Alors Dieu crée les humains à son image,
et ils sont vraiment Ă l’image de Dieu.
Il les crée homme et femme. » (v.27)
MĂŞme si l’expression garde sans doute une part de mystère, ses implications sont multiples, au niveau philosophique, thĂ©ologique, anthropologique… Ce qui est certain, c’est qu’elle fait des humains des ĂŞtres Ă part parmi toutes les crĂ©atures. Aucune autre crĂ©ature, pas mĂŞme les anges, n’est dĂ©crite comme Ă©tant Ă l’image de Dieu !
Et ce statut unique demeure après l’apparition du pĂ©chĂ©. Après le dĂ©luge, lorsque Dieu fixe l’interdit absolu de tuer un humain, il le justifie par le fait qu’ils sont créés Ă l’image de Dieu :
« Celui qui fait couler le sang d’un ĂŞtre humain,
un autre humain fera couler son sang.
En effet, Dieu a créé les humains à son image. » (Genèse 9.6)
Tout ĂŞtre humain, quel qu’il soit, quoi qu’il ait fait… demeure Ă l’image de Dieu. Puissant ou faible, en bonne santĂ© ou infirme, bon ou mauvais, tout ĂŞtre humain est Ă l’image de Dieu. MĂŞme si, dans certains cas, cette image est durement altĂ©rĂ©e, voire mĂŞme dĂ©figurĂ©e au point d’en devenir monstrueuse…
Dans notre texte, l’image de Dieu s’exprime en particulier dans la mission spĂ©cifique que Dieu assigne Ă l’humanitĂ© et qui se rĂ©sume en deux expressions : remplir la terre et dominer sur la crĂ©ation.
2. Remplir la terre
Cette mission, nous la partageons avec les autres animaux, qui habitent avec nous cette terre. Il est important de souligner que les humains sont d’abord liĂ©s aux autres crĂ©atures. Il n’y a pas de jour spĂ©cifique pour leur crĂ©ation. Dieu les fait le 6e jour, qui est aussi le jour de la crĂ©ation des animaux terrestres.
La formule de bĂ©nĂ©diction que les humains reçoivent et l’ordre de se multiplier et de remplir la terre, les oiseaux et les poissons la reçoivent aussi, au 5e jour, pour remplir les mers et la terre.
La terre est notre maison commune avec toutes les autres crĂ©atures. Nous sommes solidaires de toute la crĂ©ation. Prendre soin de la terre et de toutes les crĂ©atures qui l’habitent, c’est aussi prendre soin de nous-mĂŞmes. Nous faisons partie du mĂŞme Ă©cosystème.
Il s’agit donc de remplir la terre pour l’habiter. Dans ce monde originel, il n’y a pas de frontières, pas de nations ou de peuples. Ils apparaissent plus tard dans l’histoire biblique, avec, souvent, les guerres qui vont avec… Et la perspective ultime, dans l’Apocalypse, est uĂ ln peuple innombrable, issu de tous les peuples rassemblĂ©s en un seul.
Il s’agit de remplir la terre pour la partager.. Car Dieu donne avec abondance : les arbres avec leurs fruits, les plantes avec leurs graines, l’herbe avec sa semence… Il y a abondance de ressources. Elles sont suffisantes pour tous… si on les partage. Et c’est vrai aujourd’hui encore !
3. Dominer sur la création
Contrairement Ă la prĂ©cĂ©dente, cette mission est spĂ©cifique Ă l’humanitĂ©. Le verbe dominer n’est associĂ© qu’aux humains dans le rĂ©cit de la crĂ©ation. D’autres crĂ©atures sont bĂ©nies, d’autres reçoivent l’ordre de peupler la terre… mais seuls les humains doivent la dominer.
Il faut bien comprendre le sens de ce verbe ici. Il est utilisĂ© dans la Bible pour dĂ©signer une relation de subordination, entre un roi et ses sujets ou un administrateur et ses employĂ©s par exemple. Il n’a pas de connotation nĂ©gative et il peut ĂŞtre perçu positivement ou nĂ©gativement selon les contextes.
Dans notre texte, la tâche de dominer sur la crĂ©ation est directement liĂ©e Ă l’idĂ©e d’image de Dieu. Dieu, le CrĂ©ateur, a confiĂ© aux humains la tâche de le reprĂ©senter sur terre, de gĂ©rer la Terre de manière responsable.
Le modèle de domination, c’est Dieu. Ce Dieu souverain et bon, patient, bienveillant, respectueux de la libertĂ© de ses crĂ©atures.
On trouve une formule équivalente à cette mission dans le deuxième récit de création, où la terre est un jardin :
« Le SEIGNEUR Dieu prend l’homme et il le place dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. » (Genèse 2.15)
Cultiver ET garder. Les deux verbes sont nĂ©cessaires pour l’Ă©quilibre. Cultiver sans garder, c’est s’exposer au risque de surexploiter, de maltraiter et, Ă terme, de dĂ©truire le jardin. Garder sans cultiver, c’est sacraliser la terre, confondre le retour Ă la nature avec le retour Ă Dieu.
La crĂ©ation n’est pas sacrĂ©e. Comme si on ne pouvait pas y toucher. On est appelĂ© Ă la cultiver. Mais parce qu’elle est l’oeuvre de Dieu, et parce que nous en faisons aussi nous-mĂŞmes partie, nous devons aussi la garder, la prĂ©server, en prendre soin.
Et c’est ici, dans cette mission spĂ©cifique, que les humains ont failli Ă leur responsabilitĂ©, notamment dans les dernières dĂ©cennies. Avec la surexploitation des ressources naturelles, le gaspillage, le pillage des pays du Sud, la pollution, la maltraitance des animaux… Autant de façons de dominer la crĂ©ation sans respect, de façon Ă©goĂŻste et injuste.
Conclusion
Alors, devons-nous être écolo ? En tout cas, les préoccupations écologiques modernes peuvent entrer en écho avec la pensée biblique de la création. Le combat pour la préservation de la planète doit être un combat que nous soutenons en tant que chrétiens.
Il y a certes des enjeux internationaux sur lesquels nous n’avons pas d’emprise. Il convient alors de prier pour que les bonnes dĂ©cisions soient prises par les autoritĂ©s de nos pays. Mais on peut aussi s’interroger sur notre mode de vie, notamment en Occident : notre consommation, notre gaspillage, notre capacitĂ© ou non au partage…
Pour chacun de nous, c’est dans notre quotidien que nous sommes appelĂ©s Ă agir en tant que crĂ©atures Ă l’image de Dieu !