Archives mensuelles : novembre 2015

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Ecolo, à l’image de Dieu ?

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/ecolo-limage-de-dieu

Lecture biblique : Genèse 1.24-31

La création de l’homme et de la femme apparaît comme le couronnement de l’oeuvre de Dieu. Les humains y ont un statut unique parmi les êtres vivants : ils sont créés à l’image de Dieu, appelés à dominer la création.

Pourtant, l’homme est bien la créature la plus meurtrière de ses semblables et la plus destructrice pour son environnement. Mais où est donc passée l’image de Dieu ?

Certes, notre monde n’est plus un monde idéal et parfait comme il apparaît à la fin du sixième jour de création lorsque Dieu voit son œuvre et dit que c’est une très bonne chose !. Le jardin d’Eden, c’est fini ! C’est vrai… Mais même pollué par le péché, le monde reste la création de Dieu. Même déformée, défigurée par le mal, l’image de Dieu demeure en tout être humain.

Ce texte a bien encore quelque chose à nous dire. Et si, finalement, il nous invitait à être écolo, à l’image de Dieu ?
1. L’image de Dieu

Il y a une insistance forte sur la création spécifique des humains, homme et femme, à l’image de Dieu :

Dieu dit : « Faisons les êtres humains à notre image, et qu’ils nous ressemblent vraiment ! » (v.26)

« Alors Dieu crée les humains à son image,
et ils sont vraiment à l’image de Dieu.
Il les crée homme et femme. » (v.27)

Même si l’expression garde sans doute une part de mystère, ses implications sont multiples, au niveau philosophique, théologique, anthropologique… Ce qui est certain, c’est qu’elle fait des humains des êtres à part parmi toutes les créatures. Aucune autre créature, pas même les anges, n’est décrite comme étant à l’image de Dieu !

Et ce statut unique demeure après l’apparition du péché. Après le déluge, lorsque Dieu fixe l’interdit absolu de tuer un humain, il le justifie par le fait qu’ils sont créés à l’image de Dieu :

« Celui qui fait couler le sang d’un être humain,
un autre humain fera couler son sang.
En effet, Dieu a créé les humains à son image. » (Genèse 9.6)

Tout être humain, quel qu’il soit, quoi qu’il ait fait… demeure à l’image de Dieu. Puissant ou faible, en bonne santé ou infirme, bon ou mauvais, tout être humain est à l’image de Dieu. Même si, dans certains cas, cette image est durement altérée, voire même défigurée au point d’en devenir monstrueuse…

Dans notre texte, l’image de Dieu s’exprime en particulier dans la mission spécifique que Dieu assigne à l’humanité et qui se résume en deux expressions : remplir la terre et dominer sur la création.
2. Remplir la terre

Cette mission, nous la partageons avec les autres animaux, qui habitent avec nous cette terre. Il est important de souligner que les humains sont d’abord liés aux autres créatures. Il n’y a pas de jour spécifique pour leur création. Dieu les fait le 6e jour, qui est aussi le jour de la création des animaux terrestres.

La formule de bénédiction que les humains reçoivent et l’ordre de se multiplier et de remplir la terre, les oiseaux et les poissons la reçoivent aussi, au 5e jour, pour remplir les mers et la terre.

La terre est notre maison commune avec toutes les autres créatures. Nous sommes solidaires de toute la création. Prendre soin de la terre et de toutes les créatures qui l’habitent, c’est aussi prendre soin de nous-mêmes. Nous faisons partie du même écosystème.

Il s’agit donc de remplir la terre pour l’habiter. Dans ce monde originel, il n’y a pas de frontières, pas de nations ou de peuples. Ils apparaissent plus tard dans l’histoire biblique, avec, souvent, les guerres qui vont avec… Et la perspective ultime, dans l’Apocalypse, est uà ln peuple innombrable, issu de tous les peuples rassemblés en un seul.

Il s’agit de remplir la terre pour la partager.. Car Dieu donne avec abondance : les arbres avec leurs fruits, les plantes avec leurs graines, l’herbe avec sa semence… Il y a abondance de ressources. Elles sont suffisantes pour tous… si on les partage. Et c’est vrai aujourd’hui encore !

3. Dominer sur la création

Contrairement à la précédente, cette mission est spécifique à l’humanité. Le verbe dominer n’est associé qu’aux humains dans le récit de la création. D’autres créatures sont bénies, d’autres reçoivent l’ordre de peupler la terre… mais seuls les humains doivent la dominer.

Il faut bien comprendre le sens de ce verbe ici. Il est utilisé dans la Bible pour désigner une relation de subordination, entre un roi et ses sujets ou un administrateur et ses employés par exemple. Il n’a pas de connotation négative et il peut être perçu positivement ou négativement selon les contextes.

Dans notre texte, la tâche de dominer sur la création est directement liée à l’idée d’image de Dieu. Dieu, le Créateur, a confié aux humains la tâche de le représenter sur terre, de gérer la Terre de manière responsable.

Le modèle de domination, c’est Dieu. Ce Dieu souverain et bon, patient, bienveillant, respectueux de la liberté de ses créatures.

On trouve une formule équivalente à cette mission dans le deuxième récit de création, où la terre est un jardin :

« Le SEIGNEUR Dieu prend l’homme et il le place dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. » (Genèse 2.15)

Cultiver ET garder. Les deux verbes sont nécessaires pour l’équilibre. Cultiver sans garder, c’est s’exposer au risque de surexploiter, de maltraiter et, à terme, de détruire le jardin. Garder sans cultiver, c’est sacraliser la terre, confondre le retour à la nature avec le retour à Dieu.

La création n’est pas sacrée. Comme si on ne pouvait pas y toucher. On est appelé à la cultiver. Mais parce qu’elle est l’oeuvre de Dieu, et parce que nous en faisons aussi nous-mêmes partie, nous devons aussi la garder, la préserver, en prendre soin.

Et c’est ici, dans cette mission spécifique, que les humains ont failli à leur responsabilité, notamment dans les dernières décennies. Avec la surexploitation des ressources naturelles, le gaspillage, le pillage des pays du Sud, la pollution, la maltraitance des animaux… Autant de façons de dominer la création sans respect, de façon égoïste et injuste.
Conclusion

Alors, devons-nous être écolo ? En tout cas, les préoccupations écologiques modernes peuvent entrer en écho avec la pensée biblique de la création. Le combat pour la préservation de la planète doit être un combat que nous soutenons en tant que chrétiens.

Il y a certes des enjeux internationaux sur lesquels nous n’avons pas d’emprise. Il convient alors de prier pour que les bonnes décisions soient prises par les autorités de nos pays. Mais on peut aussi s’interroger sur notre mode de vie, notamment en Occident : notre consommation, notre gaspillage, notre capacité ou non au partage…

Pour chacun de nous, c’est dans notre quotidien que nous sommes appelés à agir en tant que créatures à l’image de Dieu !

Vivre la Bible

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PO 2015

Culte organisé dans le cadre du Dimanche pour l’Eglise Persécutée, proposé par l’association Portes Ouvertes.

Vivez le Livre ! C’est le défi que Frère André, que vous avez vu dans la vidéo, le fondateur de Portes Ouvertes, a souvent lancé à son équipe, l’appelant à avoir une foi radicale en Jésus-Christ, manifestée dans une obéissance totale.

L’histoire de Portes Ouvertes a commencé par le passage de bibles en contrebande. C’était ce qui manquait aux chrétiens à l’époque : des bibles, dans des sociétés où la Bible était interdite. Par exemple, à la frontière roumaine dans les années 80, les douaniers posaient cette question : « avez-vous des fusils, de la drogue ou des bibles ? » Les équipiers de Portes Ouvertes ont appris que la Bible n’est pas un livre anodin, mais un livre dangereux, parce qu’il a un impact dans la vie des chrétiens persécutés. C’est un livre qui fait la différence, voilà pourquoi la Bible est dangereuse, et suscite tant de censure et d’opposition. Cela étant, posséder la Bible ne suffit pas : il faut la vivre ! Cela concerne les chrétiens persécutés, pour qui les feuilles de papier n’ont pas d’importance à moins de résonner dans leur cœur et de conduire à une relation avec Dieu plus profonde et plus forte. Cela vaut aussi pour nous, qui pouvons facilement nous procurer le Livre, la Bible ! Une de nos responsabilités consiste à venir en aide aux chrétiens persécutés, dans la prière & la solidarité. C’est très bien, mais la tentation serait de croire que nous sommes les seuls à pouvoir donner : en réalité, les chrétiens persécutés, vivant leur foi dans des conditions extrêmes, nous interpellent et nous encouragent par leur témoignage.

Est-ce que notre Bible, ou nos Bibles, résonne dans notre cœur ? Est-ce que nous rencontrons en elle ce Dieu qui transforme et ressuscite ? Pour le dire autrement, est-ce que notre Bible est un livre dangereux, à cause de son impact dans notre vie ?

1)   La Bible, source de sagesse 

Dans la Bible, nous découvrons la sagesse de Dieu. Elle est lampe devant nos pas, lumière sur nos sentiers, balise sur nos chemins.

En effet, nous y trouvons des conseils, des préceptes, des règles, qui vont nous permettre de vivre notre liberté au mieux, dans le respect d’autrui et de nous-mêmes, dans le respect de Dieu. La vraie liberté n’est pas chaotique, désordonnée, égoïste, mais elle a besoin d’un cadre pour s’exprimer de la bonne manière. Vous avez tous certainement vu ces dessins d’enfants qui apprennent à colorier et qui dépassent du cadre, ce qui donne parfois des bonhommes avec des jambes supplémentaires, une peau verdâtre, des yeux qui sortent de la tête : heureusement qu’ils finissent par maîtriser l’espace, quittant la caricature pour donner parfois de très beaux coloriages. Nous avons besoin d’un cadre et de conseils pour vivre une belle vie, une vie qui honore Dieu : ces conseils se trouvent dans la Bible, parfois directement et parfois indirectement. La Bible est très claire sur la condamnation du vol ou de l’adultère, ou encore sur l’importance d’une justice équitable, de l’honnêteté, de la solidarité… Ces conseils sont comme les balises sur le chemin de randonnée.

Sur les sujets que la Bible n’aborde pas de manière explicite : le clonage, la place des technologies (et pour cause !), quelle attitude vis-à-vis de l’Etat ou des autres religions, sur ces sujets-là, plus nous nous nourrissons de la Bible, plus nous découvrons des principes généraux d’où nous pourrons tirer une application pour aujourd’hui. Un grand croyant de l’Eglise ancienne, St Augustin, a dit ainsi : « aime, et fais ce que tu veux », prolongeant l’attitude de Jésus  qui disait : le commandement premier, c’est d’aimer Dieu de tout son cœur, mais le second, aussi important, c’est d’aimer son prochain comme soi-même. Un principe de vie, mais qui va s’appliquer de mille manières selon les contextes et qui va nous orienter dans notre marche, à la manière d’une boussole.

La Bible nous donne des balises et une orientation pour mener notre vie avec sagesse.

2)   La Bible, source de vérité

La Bible est aussi source de vérité. Au-delà des conseils, des principes de vie, des orientations, nous y trouvons la révélation de la vérité. En lisant la Bible, nous apprenons à connaître toujours mieux notre cœur, notre situation, notre pâte humaine : nous y voyons notre grande dignité d’hommes et de femmes, créés en image de Dieu, nous y découvrons notre vocation, le sens de notre vie, nous y lisons aussi la gravité du mal et son déploiement dans toute notre personne, corps et âme, paroles et pensées, intelligence et actions. La Bible est ce miroir qui nous montre l’extraordinaire dignité de chacun, que Dieu a désiré, tissé, aimé, ainsi que le scandale du péché, du rejet de Dieu, du mal, qui déforme absolument tout.

La Bible, source de vérité sur l’humanité, mais aussi sur Dieu. En elle, Dieu se révèle de manière explicite. Bien sûr, Dieu est visible en toutes choses pour qui le cherche – dans la beauté d’un lever de soleil, dans la fureur d’une tempête, dans la précision d’un cœur qui bat. Mais Dieu se présente officiellement dans la Bible : il montre qui il est, de quoi il est capable (pensez donc, guérir des lépreux ! multiplier les pains ! ressusciter des morts…), quels sont ses projets, et, ce qui nous intéresse au premier plan, quelle est son attitude envers nous. Dieu se montre dans sa justice, dans son exigence de sainteté, mais aussi dans son amour et sa fidélité, sa patience, sa générosité.

Même si la Bible ne se présente pas comme un manuel d’histoire ou un documentaire scientifique, elle contient une vérité profonde sur Dieu, sur nous, sur la relation que Dieu veut tisser avec nous. Cette vérité nous ouvre les yeux sur ce que nous vivons, sur les autres, sur Dieu. Nos yeux s’ouvrent de plus en plus, comment les refermer ? Comment détourner le regard ? Comment accepter les injustices, les mensonges, les compromissions ? Certes, nous n’avons pas toujours raison, loin de là ! Nous ne sommes pas détenteurs de la flamme de vérité, arbitres du vrai ou du faux : pourtant, ces étincelles de vérité que la Bible fait briller dans nos vies, fortes, réelles, bouleversantes, nous ne pouvons ni les relativiser, ni y renoncer.

3)   La Bible, source de courage

Si la sagesse et la vérité que nous trouvons dans la Bible deviennent lettres vivantes pour nous, orientation nouvelle pour une vie différente, alors il nous faudra beaucoup de courage pour assumer cette existence que certains trouveront étrange et que d’autres combattront avec force. Cette vie différente peut devenir dangereuse, et pour cela, il nous faut du courage, et ce courage, nous le trouvons dans notre relation avec Dieu, nourrie par la Bible.

Les chrétiens persécutés, confrontés à l’opposition, la haine, la persécution, puisent leurs forces non pas en eux-mêmes, mais auprès du Dieu qu’ils ont appris à connaître dans la Bible. Dans les victoires du peuple d’Israël, ils voient un Dieu puissant ; dans la libération des esclaves conduits hors d’Egypte, un Dieu qui sauve ; dans l’histoire d’Abraham, un Dieu fidèle. Chez les prophètes, ils entendent ces paroles de Dieu, déclarations d’amour, promesses de salut et d’éternité. Dans les évangiles, ils fréquentent le Christ, sauveur puissant qui guérit, relève, multiplie, libère, pardonne et renouvelle ; dans les Actes des apôtres, ils s’émerveillent des œuvres du Saint Esprit, Esprit de Dieu habitant les croyants, puissance et présence de Dieu en nous. Dans l’Apocalypse, ils reçoivent une espérance : la promesse d’un monde délivré de la haine et de la persécution, de la cruauté et des mensonges, un monde juste et pacifique, rempli de l’amour de Dieu, rayonnant de sa lumière. Les lettres des apôtres les encouragent à tenir ferme aujourd’hui, en s’appuyant sur le Dieu puissant, fort et fidèle, victorieux et présent dès aujourd’hui.

J’aimerais revenir sur le cœur de la Bible : Jésus-Christ. Annoncé par les écrits juifs, l’AT, décrit par les évangiles, médité par les premiers chrétiens, le Christ est la clef de voûte de cette immense bibliothèque. En lui, nous voyons le Dieu créateur et tout-puissant habiter parmi les créatures, Dieu devenu chair, homme parmi les hommes, pour assumer notre condition, pour marcher dans nos ténèbres, porter nos fautes, souffrir de nos blessures. Mort, Jésus-Christ revient à la vie 3 jours plus tard, signe que la lumière, le pardon et l’amour ont triomphé de tout mal. Vivant pour toujours, vivant autrement, il promet la vie à tous ceux qui le suivent. Quelle espérance ! Quelles que soient nos ténèbres, le Christ y a frayé un chemin de lumière et de vie, chemin ouvert par sa mort et sa résurrection, chemin que nul ne peut barrer.

La Bible n’est pas un livre magique, elle ne confère pas une force ou une vie différente rien qu’en la touchant ou même en la lisant. C’est le Dieu qui s’y révèle qui nous pousse à une vie différente, c’est lui qui nous nourrit, nous fortifie, nous guérit. Alors faisons de notre lecture de la Bible un lieu de rencontre avec Dieu, avec le Dieu fort et vivant de Jésus-Christ, un Dieu qui nous parle aujourd’hui pour nous transformer, pour nous conduire à faire une différence dans le monde, à cause de son amour immense et pour sa gloire.