Lecture biblique : Colossiens 3.1-11
La résurrection du Christ est au cœur de notre foi. C’est un article de foi essentiel : « le troisième jour, il est ressuscité des morts » proclame le Symbole des Apôtres. Dans sa première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul souligne combien, sans elle, tout s’écroule. « Si le Christ ne s’est pas réveillé de la mort, votre foi est vide, et vous êtes encore dans vos péchés. » (1 Co 15.17). Nous proclamons donc en ce jour de Pâques que Jésus-Christ est vraiment ressuscité !
Mais il ne suffit pas de le proclamer comme un événement du passé. Proclamer le message de Pâques, c’est dire que le Christ est vivant aujourd’hui… et qu’il l’est dans notre vie. C’est le sens de ce texte de l’épître aux Colossiens. L’apôtre Paul ne se contente pas de dire que le Christ s’est réveillé de la mort, il affirme à ses lecteurs qu’ils se sont eux aussi réveillés de la mort avec le Christ.
Le message de Pâques n’est pas la simple commémoration d’un événement appartenant à l’histoire, c’est le témoignage d’une vie nouvelle en Christ, aujourd’hui. L’apôtre Paul pose la question de l’actualité de la résurrection. Mais pas tellement dans un débat sur son historicité ou non (elle ne fait pas de doute pour lui !). Plutôt quant à sa réalité dans notre vie de chrétien. Comment le Christ ressuscité est-il vivant, en vous et moi, aujourd’hui ?
Mourir et ressusciter avec le Christ
« C’est avec le Christ que vous avez été réveillés de la mort. » (v.1) Il n’y a pas de résurrection sans mort. C’était vrai pour Jésus il y a 2000 ans, c’est vrai pour nous aujourd’hui. D’ailleurs, l’apôtre le dit au verset 3 : « vous êtes passés par la mort ». Et c’est une bonne nouvelle ! Parce que c’est ce qui rend possible notre résurrection.
Le temps du verbe en grec désigne un événement passé et pourrait bien faire référence à la mort du Christ lui-même à laquelle nous sommes associés par la foi. Il en est de même d’ailleurs pour l’affirmation de notre résurrection avec le Christ… Mais en même temps, Paul laisse entendre que, bien que morts et ressuscités, il y a bien encore des choses à « faire mourir » en nous (v.5).
La réalité spirituelle est là : par la foi, nous sommes unis au Christ mort et ressuscité. Nous sommes passés par la mort avec lui et nous sommes sortis du tombeau avec lui : par lui, nous avons la vie éternelle. Là où il reste du boulot, c’est dans l’appropriation de cette réalité spirituelle, son application dans notre vie aujourd’hui…
Être chrétien, c’est mourir et ressusciter ! Et pas seulement une fois, au début de la vie chrétienne. C’est un processus qui doit marquer toute notre vie. La perspective ultime est glorieuse, à l’horizon du retour du Christ : « Quand il paraîtra, vous aussi, vous paraîtrez avec lui et vous participerez à sa gloire. » (v.4) En attendant, le chemin est encore long à parcourir…
Nous devons mourir à ce qui nous éloigne encore de Dieu et ressusciter à ce qui nous rapproche de lui. C’est le processus de renouvellement évoqué au verset 10, par lequel le croyant peut ressembler de plus en plus à son Créateur.
On ne peut pas renaître sans mourir. On ne peut pas faire l’économie de la repentance sur notre chemin de la foi. On ne peut pas avancer avec Dieu sans renoncer à ce qui nous éloigne de lui. Il s’agit de faire mourir dans notre vie ce qui est mortifère, ce qui nous éloigne de Dieu et abîme en nous l’image de notre Créateur. Concrètement, il s’agit de renoncer à certaines pratiques, de briser certaines habitudes, de lutter contre certaines envies…
Qu’est-ce que je dois faire mourir dans ma vie aujourd’hui ? Qu’est-ce qui m’éloigne encore de Dieu ? Qu’est-ce qui porte atteinte à l’image de mon Créateur ?
Mais mourir sans renaître n’offre aucun espoir. Or, Jésus-Christ s’est réveillé de la mort, et nous sommes ressuscités avec lui. Il faut donc, en parallèle, laisser se développer en nous la vie du Christ, ce qui nous rapproche de Dieu et restaure en nous l’image de notre Créateur. Notre modèle ici, c’est bien-sûr Jésus-Christ… et notre relation à lui par la foi, à travers la prière et la lecture de la Bible sera ici la clé.
Chercher les choses d’en haut
Pour entrer dans cette dynamique, il faut un changement de paradigme, une nouvelle vision du monde : passer des « choses de la terre » aux « choses d’en haut ». « Le but de votre vie est en haut et non sur la terre. » (v.2). Ce que la version Parole de Vie traduit, avec raison, par la périphrase « le but de votre vie » est en fait un verbe en grec, phroneo, qui désigne la façon de penser, de comprendre, de voir les choses. Il s’agit bien de ce qui nous pousse à agir, de ce qui est à la base de nos motivations, de nos convictions, le but de notre vie…
Or, nous nous trouvons ici dans une tension… Cette opposition entre les choses d’en haut et les choses sur la terre est une des nombreuses façons pour l’apôtre Paul de parler de la tension que vit tout chrétien. Entre la chair et l’Esprit, entre le déjà et le pas encore accompli, entre notre vieille nature et notre nature nouvelle, etc…
En haut, c’est « là où le Christ se trouve ». Certes, le Christ est au ciel, à la droite de Dieu. C’est le rappel de sa résurrection et de son ascension, l’affirmation de sa victoire et de sa souveraineté. Chercher les choses d’en haut, c’est donc rechercher le Christ souverain. C’est laisser Celui qui est assis à la droite de Dieu s’asseoir sur le trône de ma vie.
Et lorsque Paul évoque des exemples de ces « choses de la terre » qu’il faut faire mourir, il évoque principalement des comportements qui touchent à notre relation aux autres (v.5-9) : l’immoralité, l’envie, l’égoïsme, la colère, le mensonge… Et plus tard, quand il évoquera ce que pourraient être les choses d’en haut, il sera toujours dans le registre relationnel (v.12ss) : l’humilité, la patience, le pardon, et surtout, au cœur de ses exhortations, l’appel à l’amour « qui est le lien qui unit parfaitement » (v.14).
Pourquoi les relations ? Parce que c’est ce qui se voit ! Ce qui se passe dans notre cœur, dans notre relation personnelle avec Dieu, on ne le voit pas… Par contre, cela transparaîtra dans nos relations. C’est forcément le cas, en vertu du double commandement, indissociable selon Jésus, d’aimer Dieu de tout notre cœur et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes.
Si notre façon d’être avec les autres est à l’image de celle du Christ, alors on aura bien là un signe de la présence dans notre vie du Christ vivant. A l’inverse, on est en droit de s’interroger sur la qualité de notre relation au Christ si notre relation à notre prochain est incapable de manifester l’amour, la patience, l’humilité, le pardon, l’absence de jugement…
En réalité, la qualité de notre vie spirituelle se mesure moins aux paroles prononcées le dimanche au culte qu’à la qualité de nos relations au quotidien. Le Christ vivant se manifeste au moins autant sur nos lieux de vie dans la semaine que dans la louange du dimanche matin.
Jésus n’a pas dit à ses disciples « je serai avec vous tous les dimanches jusqu’à la fin du monde »… mais bel et bien « je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » ! Le Christ ressuscité est vivant dans le quotidien de nos vies.
Conclusion
Jésus-Christ est ressuscité ! C’est un fait… mais est-ce vrai dans notre vie ? A quel point le Christ vivant agit-il dans notre vie ? Celui qui est assis auprès du Père, est-il aussi assis sur le trône de notre vie ? C’est la place qu’il mérite… et c’est ainsi qu’il pourra, par un processus de petites morts et de petites résurrections, renouveler sans cesse notre cœur, et nous amener à ressembler de plus en plus à l’image de notre Créateur.
Voilà l’oeuvre du Christ vivant en nous. Car Jésus-Christ est ressuscité, et nous avons été ressuscités avec lui. En lui nous sommes morts… mais bien vivants !
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