L’Ascension

image_pdfimage_print

Malgré la présence du Saint-Esprit, l’absence du Christ pose de vrais défis. Déjà, il faut croire sans voir – et l’on sait combien c’est difficile, de faire confiance à l’aveugle (même si c’est bien le principe de la foi…). Mais l’absence désigne aussi une impression : même croyants, nous pouvons nous sentir seuls, au moins partiellement – comme si Dieu, ou le Christ, était actif dans certains domaines ou certaines périodes de notre vie, mais qu’il se désintéressait du reste. Cette absence revient d’ailleurs dans les conversations avec nos amis, par exemple, qui ne croient pas : « mais où est-il, ton Dieu ? que fait-il ? » Cette impression d’absence dessine un portrait de Dieu soit indifférent soit incapable, comme si certains événements étaient plus forts que lui.

Dans sa lettre aux chrétiens d’Ephèse, l’apôtre Paul commence par rappeler les multiples facettes du salut en Christ. Dans la foulée, il retranscrit une prière, qui nous aide à comprendre autrement l’absence du Christ, notamment en soulignant le sens de l’ascension du Christ, dont nous avons parfois plus de mal à saisir l’importance.

Lettre aux Ephésiens 1.15-23.

15 Voilà pourquoi, maintenant que j’ai entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les croyants, 16 je ne cesse pas de remercier Dieu à votre sujet. Je pense à vous dans mes prières 17 et je demande au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, au Père à qui appartient la gloire, de vous donner l’Esprit de sagesse qui vous le révélera et qui vous le fera vraiment connaître. 

18 Qu’il ouvre vos yeux à sa lumière, afin que vous compreniez à quelle espérance il vous a appelés. Vous comprendrez quelle est la richesse et la splendeur de l’héritage destiné à ceux qui lui appartiennent, 19 et quelle est la puissance extraordinaire dont il dispose pour nous les croyants.

Cette puissance est celle-là même que Dieu a manifestée avec tant de force 20 quand il a ressuscité le Christ d’entre les morts et qu’il l’a fait siéger à sa droite dans les cieux. 21 Le Christ y est placé au-dessus de toute autorité, de tout pouvoir, de toute puissance, de toute domination et de tout autre nom qui puisse être invoqué, non seulement dans ce monde-ci, mais aussi dans le monde à venir. 22 Dieu a mis toutes choses sous les pieds du Christ et il l’a donné à l’Église comme la tête de tout ce qui existe.

23 L’Église est le corps du Christ ; en elle, le Christ est pleinement présent, lui qui remplit tout l’univers.

L’éclairage nécessaire du Saint Esprit

Paul a beau se réjouir de la foi des Ephésiens, il prie pour leur croissance – quelque soit la richesse de notre vie avec Dieu, ici-bas, nous avons toujours à grandir dans la foi, l’espérance, l’amour, et la façon dont nous les mettons en œuvre au quotidien. Et comme tout part de notre compréhension des choses, de notre vision du monde, Paul prie pour que le Saint Esprit les fasse grandir en compréhension – une connaissance vouée bien sûr à avoir un impact concret dans notre vie.

Nous avons besoin de l’éclairage de l’Esprit de Dieu, parce que la réalité de Dieu dépasse notre intelligence et notre perception, comme la 3D dépasse la vision en deux dimensions, par exemple. Pour mieux comprendre Dieu, et le monde qu’il a créé, nous avons besoin que Dieu nous aide, par son Esprit.

Ici, Paul met l’accent sur 3 domaines d’intervention de l’Esprit. Premièrement, l’espérance – c’est-à-dire notre horizon. Au-delà de l’horizon connu de la mort, Dieu nous promet un monde renouvelé dans lequel nous vivrons éternellement. Deuxièmement, ce monde sera supérieur à ce que nous connaissons, riche en justice et en paix, en amour et en vérité. Nous en sommes héritiers, dès aujourd’hui, nous y avons notre place par la foi – ce qui en dit long sur la place que nous avons dans le cœur de Dieu.

Troisièmement, et c’est le point d’orgue de la prière de Paul, qu’en attendant, nous comprenions la puissance de Dieu en Christ. C’est tellement important qu’il accumule les pléonasmes. Cette puissance s’exprime particulièrement dans la résurrection de Jésus, qui triomphe de la mort, et son ascension : il vient s’asseoir aux côtés de Dieu, sur son trône. Il partage ainsi le statut, l’autorité et la gloire de Dieu : plus qu’un prophète, ou un miraculé, il est homme et Dieu, roi de ce monde.

La puissance du Christ

Jésus est roi, son autorité dépasse ce que nous pouvons imaginer, et le reste de l’univers ne lui arrive pas à la cheville… Ce n’est pas parce qu’il est invisible qu’il est impuissant !

Autre vérité contre-intuitive qui va avec : Jésus est présent. Il est impliqué dans le monde, il e remplit. Notre monde blessé témoigne trop souvent de sa déconnexion d’avec Dieu… Pourtant, Dieu y est présent – et le Christ aussi : il limite le mal commis, il œuvre dans les miracles du quotidien, les joies et les espoirs, les moments de justice et les réconciliations. Et si, au lieu de nous laisser impressionner par les « absences », nous nous exercions à traquer plutôt les indices de la présence du Christ ?

Ces indices anticipent le monde que Dieu promet, la justice et la paix : y regarder affermit notre espérance et notre foi. Ils nous rappellent aussi que, dans nos épreuves ou nos projets, nous ne sommes pas seuls… Dieu est à nos côtés, présent, puissant.

Une puissance qui nous remplit 

Si le Christ remplit le monde de sa majesté, il remplit l’Eglise (l’ensemble des croyants) d’une façon particulière. L’église, comme un corps, est attaché à la tête : pour lui obéir, mais aussi pour compléter sa silhouette de façon harmonieuse. C’est énigmatique, que Dieu ait choisi, par l’Eglise, de s’ajouter un corps qui rende visible sa « silhouette » dans le monde – et nous sommes trop souvent encore difformes… Pour lui ressembler davantage, la clef, c’est de le laisser nous remplir (comme la sève parcourt l’arbre)… Et cela commence sur le plan individuel.

Qaund quelque chose nous remplit, il occupe nos pensées, nos jours et nos nuits, il dirige nos pensées et vient colorer chaque dimension de notre vie. Alors, qu’est-ce qui nous remplit ? Même chez un chrétien, parfois ce sont des choses contradictoires, comme des liquides aux couleurs qui jurent. Dans ce cas, il y a décision à prendre pour couper avec ce qui contredit sa présence. Mais il est aussi essentiel de cultiver sa présence : dans notre intelligence (avec ce que nous apprenons), notre sensibilité (nos priorités, nos valeurs, notre façon de communiquer), nos décisions, nos choix, nos actions…

Ah, que nous puissions chacun, et ensemble, être remplis de Dieu au point que cela transparaisse avec davantage de clarté, que l’énergique amour de Dieu surabonde au point de se répandre autour de nous – et que le monde, qui souffre tant de l’absence supposée de Dieu, puisse ressentir sa présence !

Laisser un commentaire