Sur le seuil (Une espérance qui nous transforme 4/4)

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Regarder le culte ici.

Nous arrivons aujourd’hui au terme de la campagne de rentrée proposée par notre Union d’églises : « Une espérance qui transforme ». Cette quatrième semaine de méditations nous place sur le seuil, c’est-à-dire à l’entrée ou au début de quelque chose de nouveau.

Si nous recevons une espérance en Christ, et que Dieu nous transforme de l’intérieur par son Esprit, que se passe-t-il après ? dans quelle direction aller ?

Les disciples de Jésus se sont eux-mêmes trouvés sur le seuil, en particulier lorsque Jésus est revenu à la vie et est apparu par-ci par-là à différents groupes. C’était une situation temporaire, instable, et clairement, la résurrection du Christ annonçait quelque chose de plus grand : la venue du Royaume de Dieu, comme si Dieu était passé à la vitesse supérieure pour mettre en œuvre ses projets.

Ce sentiment, nous pouvons le ressentir à un niveau personnel, quand on démarre de nouvelles études ou un nouveau travail, quand on se marie, quand un enfant arrive, quand on déménage, quand on entre en retraite, etc. : on sent que c’est le début de quelque chose, et on est sur le seuil. J’ai pris des exemples plutôt positifs, mais le seuil peut aussi être anxiogène : lorsqu’on apprend une maladie, un accident, qu’on perd son travail ou un proche, ou lorsque les crises successives de notre société (faut-il les détailler ?…) nous déstabilisent. Régulièrement, dans notre vie, que ce soit encourageant ou inquiétant, nous nous retrouvons avec cette question : et maintenant ? que va-t-il se passer ?

La façon dont Jésus répond aux disciples nous apporte un éclairage.

Lecture biblique : Actes des Apôtres 1.6-8 

6 Ceux qui étaient réunis auprès de Jésus lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le règne pour Israël ? » 

7 Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. 

8 Mais vous recevrez une force quand l’Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. »

  • Le questionnement des disciples

En soi, la question des disciples semble légitime : depuis des siècles, dans la spiritualité juive nourrie par les prophéties bibliques, on attend la venue du Règne de Dieu, on attend un renouvellement profond du peuple – renouvellement lancé par la venue du Messie, l’Envoyé de Dieu, qui rétablira les bonnes bases pour vivre avec Dieu. Par leur question, les disciples montrent qu’ils ont compris que Jésus est le Messie, et que c’est par lui que Dieu va intervenir pour son peuple : c’est bon signe !

Or Jésus refuse de répondre à la question des disciples. Et il met l’accent sur l’autorité de Dieu, qui gère le déroulement de son projet comme il l’entend – après tout, il est Dieu ! Les disciples auraient tellement aimé avoir les détails, le planning, le budget ( ?), l’organigramme…

Et on est pareils ! A chaque crise, politique/ sanitaire/ écologique/ éthique, j’entends le même questionnement : « c’est bientôt la fin, non ? » Bientôt, je ne sais pas, en tout cas, on n’a jamais si près – c’est mathématique !

Cela nous rassure, d’imaginer savoir ! C’est plus facile d’envisager l’avenir quand on sait comment les choses vont se dérouler, quelles étapes nous devrons franchir. Derrière ce désir de savoir, il y a un peu le désir de contrôler la situation, ou en tout cas, de se rassurer en projetant des éléments connus sur une situation inconnue.

Mais c’est une impasse : cela ne nous regarde pas. Nous ne sommes pas chefs de projet, nous n’avons pas à nous octroyer cette place que seul peut occuper Dieu, le créateur, le roi, le sage. Et même si nous ouvrions le dossier pour consulter les plans, qu’est-ce que cela nous apporterait vraiment ? A part ce sentiment de pouvoir contrôler la situation, anticiper, ou au contraire procrastiner ?! Pour Jésus, il le dit dans les Evangiles quand il est confronté aux mêmes questions, il s’agit de vivre chaque jour comme le dernier (#Corneille), en vivant sincèrement notre foi.

Et c’est bien de foi qu’il est question : face à l’inconnu, Jésus nous demande de faire confiance à Dieu, à sa sagesse, à sa puissance. Dieu est souverain, et nous pouvons compter sur lui pour mettre en œuvre son projet en temps voulu, sans retard, sans accroc, sans erreur. Lorsque nous sommes sur le seuil, au départ d’une situation inconnue que nous ne pouvons pas maîtriser, Jésus nous invite à faire confiance à Dieu.

Je précise : ce n’est pas une confiance qui nous fait marcher les yeux fermés (quoiqu’on aurait beaucoup à apprendre des aveugles et malvoyants en termes de confiance !!), mais les yeux ouverts, fixés sur Dieu. Comme dans un brouillard : au lieu de chercher à distinguer le bord de la route, faire confiance c’est nous concentrer sur la lumière qui est devant nous, la lumière de Dieu.

 

  • Une responsabilité : être témoins du Christ là où nous allons 

Cela étant, même si Jésus répond un peu sèchement à la question des disciples, il leur donne quelques repères.

* Une responsabilité : être les partenaires de Dieu

Là où les disciples étaient dans une attente un peu passive de ce que Dieu allait faire, Jésus renverse la perspective : Dieu agit, mais avec vous, par vous ! Il ne s’agit pas d’attendre au coin du feu l’annonce qu’enfin Dieu a démarré la prochaine étape… Dieu nous envoie sur le terrain avec des tâches particulières, pour construire son Royaume. Vous connaissez ces entreprises ou ces associations qui sont basées à un endroit mais qui œuvrent ensuite sur différents territoires, en s’appuyant sur des partenaires locaux ? L’ONG du SEL, par exemple, fonctionne ainsi, avec des partenaires dans différents pays pour proposer et mettre en œuvre des projets humanitaires.

Dieu fait de nous ses partenaires locaux. Et comme le siège peut envoyer à ses partenaires des ressources financières, matérielles, humaines etc., Dieu, depuis son siège social invisible, nous envoie la meilleure ressource qui existe : son propre Esprit, infini, flexible, efficace.

Quand il parle ici à ses disciples, Jésus fait référence à un événement très précis : la Pentecôte, quelques jours plus tard, où les disciples recevront de manière spectaculaire l’Esprit de Dieu qui les inspire et les équipe pour annoncer l’espoir que le Christ apporte. Par la suite, tout croyant reçoit automatiquement l’Esprit de Dieu, qui lui permet d’être connecté à Dieu et de recevoir personnellement l’amour que Dieu nous porte à travers le Christ – ce n’est pas forcément spectaculaire, mais c’est bien réel.

Dieu nous donne ses précieuses ressources, il se donne lui-même via son Esprit, pour nous équiper dans notre mission de partenaires locaux.

* L’ouverture

L’autre point remarquable, c’est que les disciples attendaient l’action de Dieu pour leur peuple, pour Israël. Or Jésus leur révèle que le projet de Dieu, projet de justice et de paix, n’est pas limité à Israël – même si pour un temps, Dieu avait fait d’Israël son échantillon témoin. Nous sommes désormais dans la phase 2.0 du projet, et tous sont concernés par le salut universel que le Christ offre.

Alors, effectivement, les disciples vont répandre le message du Christ, et le groupe va grossir, se répandre, d’abord en Méditerranée, puis de plus en plus loin. Cette mission universelle, qui n’est pas encore terminée, nourrit l’appel des missionnaires, jusqu’à aujourd’hui, pour rejoindre les peuples qui n’ont pas encore reçu cette bonne nouvelle du salut en Christ.

Mais on aurait tort de ne voir cette mission qu’en termes géographiques : nos frontières ne sont pas forcément des frontières politiques. Sur quels territoires, sur quels terrains, les gens ont-ils besoin de découvrir cet espoir que le Christ nous offre ? La France est une belle terre de mission… Entre une tribu amazonienne et une salle des profs à Tournefeuille, je ne sais pas où l’annonce de l’Evangile est la plus percutante… ! C’est  aussi sur nos lieux de travail, en classe, dans nos engagements associatifs, avec ceux que nous côtoyons au quotidien (voisins, aides à domicile, amis…), sur internet aussi, que Dieu nous envoie comme partenaires locaux, pour être témoins du Christ.

* Témoins du Christ

Justement, être témoins. C’est un mot chargé de représentations, de pression voire de culpabilité, dans le monde chrétien. Comment être témoin ?

A l’origine, comme en français, le témoin c’est celui qui a vu quelque chose et qui en parle. Bien sûr, on n’est pas seulement témoins en mots, mais aussi par notre attitude, nos actions, nos choix de vie. Cela étant, dire notre foi apporte un éclairage incontournable à ce que nous pouvons communiquer globalement.

Ainsi, le témoignage s’enracine dans l’expérience personnelle : il ne s’agit pas forcément de faire des grands discours ou d’avoir tout compris, mais de raconter ce qu’on a vu, entendu, expérimenté. Tous, si nous vivons quelque chose avec Dieu, nous pouvons être témoins de ce vécu spirituel, sans nous poser en grands évangélistes qui vont convertir les foules…

Pour ma part, j’ai remarqué que c’était difficile de simplement parler de ce que je vis avec des personnes qui ne partagent pas ma foi, comme si j’étais gênée d’évoquer ce sujet hautement tabou qu’est la spiritualité. Bien sûr, prier en amont aide, parce que nous nous rendons disponibles à ce que Dieu peut communiquer à travers nous. Mais il faut aussi apprendre à surmonter notre pudeur presque honteuse, bien française, pour oser dire les choses comme elles sont. Je me suis rendu compte que, quand je parle d’un événement personnel à ma famille ou mes amis, si pour ne pas les mettre mal à l’aise, je ne dis pas ce que Dieu a fait (p. ex. en me donnant paix, discernement, courage, compassion, etc.), en fait je laisse de côté le plus important, et je ne dis pas la vérité.

Être témoins, c’est partager et dire simplement ce que nous vivons avec le Christ, sans écraser l’autre, sans se cacher non plus – en priant que Dieu utilise notre intervention, et celle de ses autres partenaires locaux, pour que sa lumière touche toujours plus de personnes.

 

Lorsque nous sommes sur le seuil, nous voudrions des réponses, être rassurés en connaissant le plan d’action et l’itinéraire choisi. Mais Jésus nous demande de faire confiance à Dieu en fixant nos yeux sur lui, et de vivre aujourd’hui, là où nous sommes, à notre échelle, notre partenariat avec lui, avec confiance et sincérité – Dieu s’occupe du reste !

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