Le Saint-Esprit : Dieu en nous (Ac 2.1-41)

Qui est l’Esprit Saint ? À quoi sert-il ?

Afin de répondre à ces deux questions, je vous propose de lire le fameux récit du livre des Actes, le chapitre 2. Actes 2, versets 1 à 41.

1Quand le jour de la Pentecôte arriva, les croyants étaient réunis tous ensemble au même endroit. 2Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme un violent coup de vent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d’eux. 4Ils furent tous remplis de l’Esprit saint et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait d’exprimer. 5À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. 6Quand ce bruit se fit entendre, ils s’assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d’eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. 7Ils étaient remplis de stupeur et d’admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? 9Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d’Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d’Asie ; 10certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d’autres sont venus de Rome, 11de Crète et d’Arabie ; certains sont nés Juifs, et d’autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! » 12Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela signifie ? » 13Mais d’autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »
14Pierre se leva avec les onze autres apôtres ; d’une voix forte, il s’adressa à la foule : « Vous, Juifs, et vous tous qui vivez à Jérusalem, écoutez attentivement mes paroles et comprenez bien ce qui se passe. 15Ces gens ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il est neuf heures du matin. 16Mais c’est maintenant que se réalise ce que le prophète Joël a annoncé : 17“Voici ce qui arrivera dans les derniers jours, dit Dieu : Je répandrai de mon Esprit sur tout être humain ; vos fils et vos filles deviendront prophètes,je parlerai par des visions à vos jeunes gens et par des rêves aux plus âgés parmi vous. 18Oui, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes en ces jours-là, et ils parleront en prophètes. 19Je susciterai des prodiges en haut dans les cieux et des signes miraculeux en bas sur la terre : Il y aura du sang, du feu et des nuages de fumée, 20le soleil deviendra obscur et la lune sera rouge comme du sang, avant que vienne le jour du Seigneur, ce jour grand et éclatant. 21Alors toute personne qui fera appel au Seigneur sera sauvée.”
22Gens d’Israël, écoutez ce que je vais vous dire : Jésus de Nazareth était un homme dont Dieu vous a démontré l’autorité, en accomplissant par lui toutes sortes de miracles, de prodiges et de signes extraordinaires au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. 23Cet homme, livré conformément à la décision que Dieu avait prise et au projet qu’il avait formé d’avance, vous l’avez fait attacher sur une croix et tuer par des gens sans foi. 24Mais Dieu l’a ressuscité, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. 25En effet, David a dit à son sujet : “Je voyais continuellement le Seigneur devant moi, il est à mes côtés pour que je ne tremble pas. 26C’est pourquoi mon cœur est rempli de bonheur et mes paroles débordent de joie ; mon corps lui-même reposera dans l’espérance, 27car, Seigneur, tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton ami fidèle, je pourrisse dans la tombe. 28Tu m’as montré les chemins qui mènent à la vie, tu me rempliras de joie par ta présence.” 29Frères et sœurs, il m’est permis de vous dire très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui chez nous. 30Mais il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis sous serment que l’un de ses descendants lui succéderait comme roi. 31David a vu d’avance ce qui allait arriver ; il a donc parlé de la résurrection du Christ quand il a dit : “Il n’a pas été abandonné dans le monde des morts, et son corps n’a pas pourri dans la tombe.”
32Ce Jésus dont je parle, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes tous témoins. 33Il a été élevé par la main droite de Dieu et il a reçu du Père l’Esprit saint qui avait été promis ; il l’a répandu sur nous, et c’est ce que vous voyez et entendez maintenant. 34Car David n’est pas monté lui-même aux cieux, mais il a déclaré : “Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, 35jusqu’à ce que je mette tes ennemis sous tes pieds.” 36Tout le peuple d’Israël doit donc le savoir avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié ! »
37Les auditeurs furent profondément bouleversés par ces paroles. Ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » 38Pierre leur répondit : « Changez de vie et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés. Vous recevrez alors le don de l’Esprit saint. 39Car la promesse de Dieu a été faite pour vous et pour vos enfants, ainsi que pour tous ceux qui vivent au loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. » 40Pierre leur adressait encore beaucoup d’autres paroles pour les convaincre et les encourager, et il disait : « Acceptez le salut pour n’avoir pas le sort de ces gens perdus ! » 41Un grand nombre d’entre eux acceptèrent les paroles de Pierre et furent baptisés. Ce jour-là, environ 3 000 personnes s’ajoutèrent au groupe des croyants. 
 

1. Qui est le Saint-Esprit ?

Comment cet épisode de la vie des disciples du Christ, épisode historique pour toute l’Humanité, peut répondre à notre question : Qui est le Saint Esprit ?

Les disciples de Jésus en avait entendu parler. Avant tout, ils l’attendaient, comme tous les autres juifs, comme un don promis de Dieu. C’est ce que Pierre enseigne en citant la promesse de Dieu transmise par le prophète Joël (Jl 3.1-5, version LXX/grecque). Dieu dit : « Dans la fin des temps, je répandrai de mon Esprit sur tout être humain ! Jeunes, vieux, hommes, femmes ! Et tous parleront de ma part ! ». C’est cela le sens général de « prophétiser » : parler de la part de Dieu.

L’Esprit de Dieu est envoyé par Dieu le Père et par Jésus son Fils (Ac 2.33). Jésus lui-même a rappelé ceci aux disciples avant son ascension : « Vous recevrez une puissance quand l’Esprit Saint descendra sur vous. ALORS, vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. » (Ac 1.8).

Le Saint-Esprit se manifeste comme Dieu. Comme un violent coup de vent, un grand bruit venant du ciel, comme des flammèches de feu… Ces comparaisons ressemblent à plusieurs autres scènes dans lesquelles Dieu se manifestait à son peuple. Par exemple au mont Sinaï où Dieu « descend » pour parler à Moïse : feu, nuage de fumée, tonnerre, tremblements sont au rendez-vous (cf. Ex 19.18 ; 1 R 19.11-12 ; Es 29.6 ; 30.27-28). Cet épisode dans l’histoire du peuple d’Israël est fondamental pour comprendre la venue du Saint-Esprit sur les disciples. Au mont Sinaï, Dieu descend pour conclure une alliance avec le peuple. Dans ce spectacle de feu, de tonnerre, de montagnes tremblantes, Dieu donne à Moïse les 10 commandements qui illustrent sa volonté pour le peuple.

C’est ce que la Pentecôte juive célèbre. Celle-ci attira des milliers de juifs des quatre coins du monde à Jérusalem d’après le livre des Actes (2 Ch 15.10ss ; Ac 2.5). De même, quand l’Esprit Saint descend sur les disciples, c’est Dieu lui-même qui descend, mais EN eux. Dieu en nous. Quoi de mieux, pour accomplir la volonté de Dieu, que d’avoir son Esprit en nous…

Attention, le Saint-Esprit n’est pas une sorte d’énergie, un fluide divin, une sorte d’électricité. Il est aussi bien plus qu’une force vitale présente dans la nature. L’Esprit Saint est la troisième personne de la Trinité. Le Saint Esprit est Dieu, au même titre que le Père est Dieu, que Jésus-Christ son Fils est Dieu. Nous, chrétiens, croyons en un seul Dieu manifesté en trois personnes.

Le Saint Esprit remplit les disciples. Il vient habiter, demeurer complètement dans chacun des disciples présents. Pas seulement les onze, mais tous ! Hommes et femmes de tout âge, de toute nation, de toute culture. Qu’importe leur passé, qu’importe leur étape de compréhension des œuvres de Dieu, de sa Parole : tous sont remplis de l’Esprit, dans tout leur être.

Il est personnel, mais non personnalisable. L’Esprit Saint remplit chacun des disciples, mais tous annoncent le même Dieu. Un ami à moi, comme beaucoup aujourd’hui, croit en Dieu. Seulement, contrairement au Dieu de la Bible, son Dieu n’existe comme tel que dans sa réalité, son cœur. Ce Dieu là est une sorte de force agissante, intimement liée à son intuition. Et pour lui, chacun peut avoir son Dieu, modelable selon les ressentis et les besoins. Quant à l’Esprit Saint, il ne se modèle pas à notre image, mais imprime l’image de Dieu en nous.

Il pousse les disciples à raconter les œuvres merveilleuses de Dieu. Il éclaire leur compréhension des Écritures, les fait témoigner, et ce même dans d’autres langues ! Des hommes, des femmes se mettent à parler dans des langues qu’ils ne connaissent même pas ! Ces Juifs d’Israël, disciples de Jésus, ne venaient pas des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient donc pas connaître ces langues. C’est un miracle ! Un miracle qui aboutit à ce que des milliers de personnes en recherche spirituelle trouvent leur Sauveur en Jésus-Christ… Je trouve que c’est un encouragement direct pour nous, supplémentaire à tout ce que ce passage peut nous donner : l’Esprit Saint peut aussi nous faire témoigner à une personne de manière complètement appropriée, parfaitement compréhensible pour elle.

L’Esprit Saint ne fait pas l’unanimité. Il reçoit admiration et mépris…(Ac 2.7, 12-13). De surcroît, il opère un tri entre les personnes à la foi authentique, qui découvrent Jésus-Christ comme leur Sauveur, et ceux qui endurcissent leur cœur. Ceux qui résistent à voir Dieu à l’œuvre devant leurs yeux, dans leur quotidien, ceux qui résistent à la grâce de Dieu.

En même temps, l’Esprit Saint unie. C’est un réconciliateur ! Vous vous souvenez l’épisode de la tour de Babel (Gn 11.1-19) ? Les humains voulaient atteindre le ciel en construisant tous ensemble une tour et faire de cet édifice grandiose un sujet de gloriole. Quand Dieu vit leurs intentions, il brouilla simplement leur langage, qui était unique à l’époque. C’est suite à Babel que fut créée la diversité des langues, diversité des nations. C’est par la Pentecôte d’Actes 2, la venue du ciel sur terre, que fut initiée la réconciliation des nations, la réconciliation des humains.

Dans le reste de la Bible, le Saint Esprit est aussi un acteur fondamental de la Création de l’univers (Gn 1.2). Il est celui qui nous maintient tous en vie (Gn 7.22, Ps 4.30), sans qui tout l’univers s’évanouirait dans le néant. C’est une personne qui a inspiré les prophètes d’autrefois, qui a habité et guidé des rois, des juges d’Israël. La différence avec aujourd’hui, c’est que l’Esprit de Dieu demeure éternellement dans les croyants. Une personne qui a réellement reçu l’Esprit de Dieu, même si pendant un temps elle délaisse sa relation avec Dieu, sa foi, l’Esprit Saint demeure toujours en elle ! Rien ne pourra lui arracher. Quel sujet d’espérance !

L’Esprit Saint a une volonté, une intelligence, des sentiments. Il distribue des dons, inspire, guide (Ps 143). Il nous soutient, il prie à notre place lorsque nous n’y arrivons plus (Rm 8.26). Il est un avocat, un défendeur pour les croyants après l’ascension du Christ (1 Jn 2.1). Il travaille en nous pour produire l’amour, la paix, la fidélité, et tant d’autres fruits. Il produit aussi des miracles ! D’ailleurs, le livre des Actes des Apôtres devraient plutôt s’appeler « les Actes de l’Esprit Saint » selon un de mes professeurs. C’est par l’Esprit que les malades ont guéris, que les paralysés se sont mis à marcher, que tous les miracles racontés dans les Actes se sont produits. Jésus lui-même accomplissait toutes ces choses par l’Esprit de Dieu. Lui est rempli de l’Esprit sans mesure, éternellement, tout simplement parce qu’il est Dieu ! C’est l’Esprit qui a ressuscité Jésus et qui ressuscitera l’humanité entière pour voir Dieu face à face. En revanche, on peut l’attrister (Es 63.10 ; Ep 4.30), lui résister, lui mentir (Ac 5.3).

Cet Esprit nous enseigne la volonté de Dieu (Ph 2.13) et témoigne de Christ. Il témoigne du Christ EN nous et PAR nous. Par sa présence en nous, il nous rend fils et filles adoptifs de Dieu, une fois pour toutes (Eph 4.30 ; Rm 8.14) ! Il est aussi appelé Esprit du Christ et Esprit du Père (Rm 8.9 ; Ga 4.6 ; Ph 1.19 ; 1 P 1.11 ; Ac 16.7 ; Mt 10.20). L’Esprit Saint est Dieu dans chaque chrétien authentique. L’Esprit Saint est Dieu en nous.

2. Vivre avec le Saint-Esprit ?

Sans le Saint-Esprit, suivre Christ serait impossible. Sans lui, l’Église n’existerait pas, parce que sans lui, personne ne peut recevoir la grâce de Dieu. Sans lui, nous ne nous connaitrions pas. Nous ne serions pas ensemble ce matin. Sans lui, nous ne pouvons pas connaître l’amour de Dieu, ni le recevoir, ni l’aimer en retour. Sans lui, il n’y aurait aucune limite au mal dans le monde et moins encore de limite à notre propre corruption. Sans lui, la vie n’existerait pas, alors moins encore la nouvelle vie en Jésus-Christ.

L’Esprit Saint est indispensable. Aujourd’hui, c’est un peu la fête de la création de l’Église. On pourrait inconsciemment cantonner l’Esprit Saint à la spiritualité de nos frères et sœurs pentecôtistes. Nous faisons erreur : tout chrétien authentique est habité par l’Esprit de Dieu. Cet Esprit qui est le même hier, aujourd’hui et demain.

Ce que les disciples ont vécu avec l’Esprit, nous pouvons le vivre aujourd’hui ! Alors bien sûr, les Actes sont un temps tout particulier : l’ouverture du Royaume, la création de l’Église, l’accomplissement des promesses qui s’entament. Seulement, l’Esprit en nous, même si nous ne le ressentons pas, est la même personne avec la même volonté.

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai tendance à l’oublier. C’est d’ailleurs le titre d’un livre « Le Dieu oublié », de Francis Chan.

Ma pasteur donnait cette image : le Saint-Esprit est souvent dans nos vies comme l’invité cantonné au fauteuil du salon. Vous savez, un invité que l’on laisse sagement assis pendant que l’on fait nos affaires. Cet invité-là n’a qu’un désir : que nous lui disions « Tu es ici chez toi. ».

Tu es ici chez toi. Tu peux ouvrir toutes les pièces de mon être, fouiller les vieux placards, ouvrir les vieux dossiers jamais classés et faire le ménage en moi. Tu peux ouvrir les rideaux de cette vieille pièce fermée depuis des années où je stocke tout ce que je ne veux plus voir… J’accepte que tu sois là à chaque instant. J’accepte que tu me guides, que tu me conseilles, que tu m’aides à suivre Christ de mieux en mieux. J’accepte que tu me donnes le courage de témoigner de Christ avec audace, coûte que coûte. Saint Esprit, tu es en moi chez toi.

Je vous invite à parler avec Dieu. tout à nouveau s’adresser à l’Esprit de Dieu et lui dire ceci : « Tu es en moi chez toi ».

Comment l’Esprit de Dieu se manifeste-t-il à vous en ce moment ? Ou bien, lequel de ses attributs voudriez-vous vivre prochainement ?

Le Saint-Esprit est Dieu en nous. Il est la marque que Dieu nous a aimés en premier en Christ. Il est notre fidèle ami quotidien, celui qui nous aide à aimer Christ et témoigner de Christ de tout notre être.

(Eglantine CAUDWELL)




La Bonne Nouvelle du Royaume

Est-ce que vous connaissez le mot « Evangile » ? que signifie-t-il, à votre avis ? littéralement, « bonne nouvelle » ; un des quatre évangiles, un des quatre livres qui racontent la vie de Jésus, qui est une bonne nouvelle pour nous ; le message qui concerne Jésus et qui résume la foi chrétienne…

Parmi ceux qui ont écrit un évangile (biographie de Jésus), il n’y a que Marc qui utilise ce mot, et il lui donne une place particulière.

Lecture biblique: Marc 1.1, 14-15

1 Commencement de la bonne nouvelle [évangile] de Jésus, Christ, Fils de Dieu. 

[arrive le prophète Jean, le baptiste, qui prêche la venue du Messie et invite à se préparer en mettant de l’ordre dans sa vie pour l’accueillir. Jésus arrive à son tour, il reçoit le baptême de Jean]

14 Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se rendit en Galilée ; il y proclamait la bonne nouvelle [évangile] de Dieu. 

15 « Le moment favorable est venu, disait-il, et le règne de Dieu est tout proche ! Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle [évangile] ! »

Marc donne le ton de l’usage du mot évangile : au v.1, c’est un peu le titre de son livre, qui résume ce qu’il va nous dire au sujet de Jésus : c’est le Fils de Dieu, celui qui va montrer par sa sagesse, sa puissance et sa compassion, qu’il est bien plus qu’un homme.  Plus loin, le mot vient résumer le message de Jésus lui-même, sa prédication. Nous en aurons plein d’exemples par la suite, mais la Bonne Nouvelle, c’est ce que Jésus vient annoncer dans sa région. Nous sommes ici au tout début du ministère de Jésus.

Le règne de Dieu au cœur du message

Or, qu’est-ce qui est au cœur du message de Jésus ? La venue du règne de Dieu. C’est vraiment ainsi que vous définiriez l’Evangile ? En mettant l’accent sur le Royaume de Dieu ? Spontanément, on parlerait plutôt de salut, d’incarnation, de pardon, d’amour… Mais Jésus, celui qui accède au trône divin le jour de l’Ascension, le Roi, Jésus annonce dès le début le Royaume de Dieu.

Et pour lui, c’est une excellente nouvelle !! mais… qu’est-ce que ça veut dire ? Nulle part, nous n’avons la définition. Comme quelqu’un qui viendrait vous voir avec un immense sourire : « ça y est, on l’a ! » Super !! mais quoi ? On sent qu’il faut se réjouir, mais… de quoi, exactement ? ils ont quoi ? les clefs de leur nouvel appartement mieux placé, la réponse à une demande de formation, le cadeau pour la fête des mères, le DJ pour le mariage ?… En fonction du contenu, vous ajustez votre réponse ! Et ça peut être gênant quand on ne sait pas de quoi l’autre se réjouit.

Alors, le règne, c’est quoi ? c’est l’activité du roi : il règne. En général, en histoire-géo, on parlera du règne de Louis IX p. ex. (1226-1270) : les dates correspondent à la période où il est en charge, où c’est lui le roi, lui qui a autorité. Du coup, le règne implique aussi un royaume, un lieu, des personnes, sur qui ce roi a autorité, et dans la bouche de Jésus, on peut comprendre à la fois règne et royaume.

Il y a quelque chose de temporel dans l’annonce de Jésus : le règne de Dieu va bientôt commencer. Sauf que… Dieu est déjà roi ! à la création, à l’époque d’Abraham, à l’époque de Jésus et à notre époque ! ce n’est pas comme s’il y avait d’autres dieux, d’autres créateurs en rivalité avec lui pour monter sur le trône : personne ne vient avant ou après Dieu !

Alors au temporel, il faut ajouter du géographique : son règne existe, quelque part, mais les frontières bougent, et l’étendue du royaume de Dieu est en train de changer. Dans la géopolitique spirituelle, à l’époque de Jésus, on a une espèce de statu quo : les humains ont opté depuis des millénaires pour le séparatisme, et ils se sont exclus du royaume de Dieu. Ils s’auto-gouvernent, avec des conséquences merveilleuses comme l’harmonie entre les peuples, la paix entre les personnes, la justice et l’équité, la vérité et l’honnêteté, l’amour et la compassion, la générosité… Ah non pardon, je me suis trompée ! Ca, c’est quand Dieu règne !

Depuis le coup d’état humain, la gouvernance a changé, et on est plutôt confronté à l’insécurité, à la violence, aux inégalités, à la cupidité – peu importe l’endroit du monde. Qui est roi dans notre monde séparatiste ? L’être humain, avec ses grandeurs et ses décadences… mais pas seulement ! A notre insu, nous avons donné le pouvoir à des êtres mal intentionnés, à l’adversaire de Dieu, au rebelle qui ne supportait pas l’autorité de Dieu et qui préfère le chaos à l’harmonie – celui qui qu’on appelle Satan, l’accusateur, l’adversaire. Il nous flatte en persiflant : « oui, oui, vous êtes maître de votre vie », alors qu’en douce, il fait ses petites affaires et il compte les pertes.

Jésus se met à parcourir le pays avec ce message : les lignes bougent… le roi légitime arrive pour rétablir un règne pacifique et juste. Et le déclic, le moment clef, c’est la venue de Jésus lui-même : même s’il n’en parle pas encore, c’est lui, Jésus, Fils de Dieu devenu homme, Roi divin, c’est lui qui fait bouger les lignes. Il vient là en ambassadeur, en diplomate, pour annoncer le changement de régime, et conduire les négociations. Avec qui ?

Du côté des négociations, Jésus ne prendra pas la peine de parler avec les dirigeants humains, avec l’Empereur ou même avec le gouverneur romain. Non, Jésus sait très bien que puissants ou faibles, nous sommes tous manipulés d’une manière ou d’une autre en coulisse. Non, il négocie directement avec Satan ! Je ne sais pas trop comment ça s’est passé, la géopolitique spirituelle dépasse notre niveau de connaissance, mais ce que je sais, c’est que l’ambassadeur Jésus a été prêt à payer le prix fort pour que le changement de régime se fasse avec le moins de dommages collatéraux possibles. Il a négocié notre réintégration dans le royaume de Dieu, comme un transfert de population, en mettant sur la table sa vie, sa justice, sa perfection et sa puissance, et il est mort. Sauf que sa vie et sa justice étaient plus que suffisantes pour couvrir le coût de notre rançon, et il est ressuscité : Satan, et son système basé sur la destruction, la perversion, et la mort, est en train de s’écrouler.

Et en parallèle, il y a l’annonce politique du changement de règne, et elle, Jésus la destine à tous, aux hommes, aux femmes, aux enfants : c’est un fait, les lignes bougent. Qu’est-ce qu’on choisit ? On reste du côté séparatiste ou on se rallie au Roi qui arrive ?

          Une annonce solennelle

Le mot évangile, « bonne nouvelle », a un sens particulier à l’époque de Jésus, c’est un mot assez solennel. Un peu comme un faire-part. Et un faire-part peut avoir un double sens : un faire-part de naissance vous annonce que la famille a changé, qu’il y a un avant et un après. Un faire-part de mariage vous prévient d’un événement heureux à venir… Dans la bouche de Jésus, l’Evangile est un double faire-part : Dieu a pris les choses en main, le déclic est passé… et le royaume arrive, de façon inexorable.

C’est en cours, ça a déjà commencé – et c’est une excellente nouvelle ! Le changement commence avec la venue de Jésus, la victoire est scellée à sa mort et à sa résurrection, et le signe de sa victoire, c’est qu’il prend place à la droite de Dieu, Jésus ressuscité, Jésus roi. Ce n’est pas encore complètement visible, l’Adversaire déchu fait encore des siennes, espérant utiliser la technique de la terre brûlée, mais le roi a remporté la victoire, et son règne approche.

L’Ascension est cruciale pour nous, pas parce que c’est un long week-end ! mais parce que ce moment nous rappelle que le règne de Dieu est en marche, de façon inexorable. le message de Jésus dépasse la dimension individuelle de notre salut et de notre relation personnelle avec Dieu : il y a une dimension globale, mondiale, cosmique  car Dieu veut rétablir l’harmonie dans ce monde, voir la justice triompher, la vie s’épanouir, la joie éclater.

           Une décision à prendre

Vous êtes dans la salle d’attente de la gare Matabiau, il est 10h du matin, et vous attendez le train pour Bordeaux. Une annonce passe dans les enceintes (« le train en direction de Bordeaux Saint-Jean est arrivé en voie 4. Il partira voie 4, à 10h23 »). Dans cette annonce, il y a une question : votre train est là, vous faites quoi ?

Jésus fait la même annonce : le royaume est en route… Alors, vous faites quoi ? Vous rejoignez l’aventure ? Ah vous n’avez pas de billet, et pas assez sur vous pour en acheter ? C’est pas grave, Jésus vous l’offre ! Il paye votre place.

Changez de vie et croyez ! Montez dans le train ! rejoignez le royaume… En annonçant que les lignes bougent, Jésus nous interpelle : il faut prendre une décision. Il faut se positionner. Un changement de régime est en cours, on ne peut pas rester neutre, il faut choisir. A la différence de la géopolitique humaine, Jésus ne demande pas de prendre les armes… Il demande plutôt de baisser les armes ! de laisser de côté le séparatisme et ses illusions, ses mensonges, ses décadences, pour faire allégeance au vrai Roi, le roi de justice et de paix. La foi, ce n’est pas seulement une ouverture au monde spirituel… une connexion à un Être supérieur… C’est un positionnement, un acte politique, une appartenance : le Roi légitime arrive, et je le rejoins. Je fais un choix.

En faisant cet acte d’allégeance aujourd’hui, alors que la victoire est proclamée sans que la passation de pouvoir ait été officielle, nous vivons déjà un peu de ce règne de Dieu : connectés à lui, nous recevons sa paix et son pardon, son amour et ses paroles de vérité. Nous goûtons à son royaume, à sa liberté, à sa bonté. Nous sommes citoyens du Royaume de Dieu, même si nous habitons encore ici ou là.

Et cela, nous l’expérimentons personnellement, dans la proximité avec Dieu, et ensemble, en église, en communautés rassemblées comme des avant-postes avant-gardistes du Règne de Dieu qui vient, où nous apprenons ensemble à quoi ressemble la vie avec Dieu, où nous nous soutenons ensemble pour expérimenter les projets innovants de Dieu – des projets d’amour et de vérité qui se concrétisent entre nous, et sur le terrain de notre vie quotidienne…

Alors l’apprentissage est long, pour apprendre la langue, la culture, les us et coutumes du Royaume de Dieu, d’autant que comme toute différence géopolitique, nos choix peuvent vite créer des incompréhensions, des écarts, des tensions… Mais ça en vaut la peine ! Vous préférez quoi, les ruines d’un royaume de mensonge et de violence, ou les frémissements de la justice et de la paix ?

 

Jésus est Roi, à la droite du Père. Son règne arrive, inexorablement – le message résonne avec autant d’urgence qu’à son époque : à qui rendrons-nous allégeance ? Au roi puissant, aimant, juste et libérateur, ou à l’imposteur qui agite la bannière de l’autonomie pour mieux nous manipuler ?

Jésus nous invite à rejoindre l’aventure… à monter dans le train… Où vous situez-vous ? dans la salle d’attente de la gare, ou sur le quai, ou dans un mauvais train, ou sur le marche-pied, hésitant, ou installés dans le bon train, endormis ou réveillés… L’annonce résonne : que choisissez-vous ?




Une brebis perdue et un berger éperdu

Cela vous est déjà arrivé, non ? De ne plus trouver vos clefs, vos lunettes, votre portefeuille, un papier important (ou, pire que tout, votre téléphone… !), et de chercher partout pendant loooongtemps, quitte à devoir appeler vos proches en panique (« dis, j’ai pas oublié mes lunettes chez toi ? »). Les scénarios tournent dans la tête alors qu’on essaie de retracer ses gestes ou ses pas. En même temps, un circuit parallèle s’enclenche pour trouver un plan B : et si je ne le retrouve pas… Untel a un double de mes clefs, je déplace mon rdv à demain, il faut que je retourne chez l’opticien, etc. Evidemment, si c’est votre téléphone que vous avez perdu, il n’y a pas de plan B : c’est la fin !

Quel soulagement quand on finit par retrouver ce qui était perdu : ce qui nous oppressait disparaît. On est reparti ! La vie tourne rond à nouveau. C’est vrai dans les petits moments du quotidien, pour nos clefs, nos lunettes, et a fortiori, bien sûr, avec des personnes : un ami perdu de vue qu’on recherche sur internet, une sœur avec qui on se réconcilie, un enfant qui a fugué et qu’on retrouve après des heures de recherche et d’angoisse…

Cette expérience, Jésus y fait référence dans une série de paraboles pour parler de Dieu.

Lecture biblique : Luc 15.1-7

1 Les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient tous de Jésus pour l’écouter. 

2 Et les Pharisiens et les scribes murmuraient ; ils disaient : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »

3 Alors il leur dit cette parabole : 

4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? 

5 Et quand il l’a retrouvée, il la charge tout joyeux sur ses épaules, 6 et, de retour à la maison, il réunit ses amis et ses voisins, et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !” 

7 Je vous le déclare, c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.

Jésus enchaîne en fait trois paraboles : celle-ci, une autre sur une femme qui perd l’équivalent de sa carte bleue, et l’histoire d’un homme dont l’un des deux fils part en claquant la porte (communément appelée la parabole du fils prodigue). Elles vont toutes dans la même direction, avec des nuances bien sûr, mais je vous propose de nous concentrer sur cette première parabole, la parabole de la brebis perdue.

          Un berger éperdu

Dans cette histoire, comme dans les Ecritures juives, le berger représente Dieu, et les brebis, son peuple, l’humanité. Ce berger possède une centaine de moutons. En comptant ses bêtes, il se rend compte qu’il en manque une : elle a dû se perdre en route.

Vu le contexte, Jésus associe clairement la brebis perdue aux collecteurs d’impôts, aux pécheurs qui sont venus l’écouter, ces gens qui se retrouvent en marge de la société juive, du peuple de Dieu, à cause d’un mode de vie contraire aux règles religieuses. Certains collecteurs d’impôts fricotaient avec le pouvoir romain, quitte à accepter la corruption financière, d’autres étaient mêlés à des pratiques licencieuses et immorales, d’autres encore n’en faisaient qu’à leur tête et ne respectaient rien.

Face à eux, comment Dieu peut-il réagir ? Instinctivement, on situerait Dieu sur un trône, raide, les bras croisés, attendant que le rebelle revienne en baissant les yeux. Or Jésus donne un portrait radicalement opposé : le berger laisse tout en plan et part chercher la brebis égarée. Pour Jésus, c’est une évidence : qui d’entre vous ne ferait pas ça ?

Est-ce si évident ? Clairement, il n’a pas entendu parler des 15% de pertes auxquelles on a droit ! Si vous avez oublié un article payé à la caisse, est-ce que vous laisseriez sur le parking votre caddie rempli de marchandises payées pour aller le chercher ! C’est trop risqué ! Alors, pour les 99 brebis, il n’y a peut-être personne qui va venir les voler, mais une bête sauvage pourrait attaquer, d’autres brebis pourraient se perdre… Ca ne paraît pas sage ! Ce serait plus rassurant si le berger laissait son troupeau sous surveillance, comme un père qui doit aller chercher son dernier à l’école et qui laisse les grands chez la voisine.

Evidemment, c’est une courte parabole, et il ne faut pas trop pousser les détails ! Cela dit, ce qui ressort, c’est l’impact sur le berger, le choc quand il comprend qu’une brebis s’est égarée : il laisse tout en plan et va la chercher.

Si le berger est Dieu, est-ce qu’on l’imagine s’interrompre, tout laisser en plan, pour partir à la recherche de celui qui s’est perdu ? faire tous les efforts, grimper, descendre, se faufiler, parfois courir, appeler à tous vents celui ou celle qui s’est éloignée ? face à la brebis perdue, Jésus nous montre un Dieu éperdu, un Dieu qui ne recule devant rien pour retrouver ceux qu’il aime.

Et quand il retrouve la brebis égarée, désorientée, sûrement paniquée, il la prend dans ses bras avec force et tendresse pour la ramener au bercail.

          Des brebis perdues mais précieuses

Peut-être que parmi vous, certains se sentent comme cette brebis : égarés, désorientés, en décalage avec Dieu, peut-être que vous vous êtes éloignés et que vous avez du mal à revenir, peut-être que vous avez l’impression de dériver, emportés par un courant contre lequel vous ne pouvez pas lutter, peut-être que vous vous demandez comment ce serait possible de revenir jusqu’à Dieu, et surtout, comment il pourrait bien vous accepter après cette séparation.

Le message de Jésus, c’est que Dieu ne vous attend pas : il vous cherche. Il vous appelle. Il vous court après, tellement vous êtes importants pour lui !

Finalement, je crois que c’est ça, le sens du troupeau de 99 brebis laissées de côté pour chercher 1 brebis : vous n’êtes pas un parmi d’autres, une perte que Dieu accepte dans son bilan comptable. Pour Dieu, vous avez une valeur inestimable. C’est pour cela qu’il vient dans l’humanité, à travers Jésus, pour chercher ceux qui se sont égarés (tout le monde, en fait, plus ou moins). C’est lui qui vient à notre rencontre, à votre rencontre, et s’il y a quelque chose qui vous pèse et vous empêche lui répondre, il le prend sur lui, berger devenu brebis, Dieu devenu homme en Jésus, prêt à porter tout le poids de ce qui nous accable, nos souffrances comme nos injustices, à endurer la pire condamnation, pour que nous n’ayons ‘’qu’à’’ répondre « oui ».

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : une fois la brebis retrouvée, la joie déborde. Trois fois Jésus cite la joie du berger. Il y a la joie de retrouver la brebis perdue, et aussi le contentement de retrouver son troupeau, sa famille, au complet.

En rentrant, il est dans une telle effervescence qu’il fait une fête, une grosse fête, avec tout le quartier ! Ceux qui sont perdus, Dieu part à leurs trousses pour les inviter à la fête, avec lui, dans la joie de son amour.

Petit décalage : la parabole parle des efforts du berger pour retrouver sa brebis, alors que dans sa conclusion, Jésus évoque le mouvement de conversion des pécheurs. Se convertir, c’est se tourner vers… Alors, qui fait le mouvement ? le berger ou la brebis ? Dieu ou nous ? Les deux ! Dieu fait quasiment tous les efforts : il envoie une invitation, il appelle, il se déplace en personne… mais il faut répondre ! RSVP ! Cette réponse, c’est un lâcher-prise (oui !), une prière, voire une question « t’es sûr que tu m’aimes vraiment ? »…

Et cette réponse est un choix, un mouvement : répondre oui à l’invitation de Dieu, c’est comme s’inscrire à un événement – on renonce à être ailleurs, à faire autre chose, on renonce à ce qui nous empêche d’être avec Dieu.

          Changer de regard sur l’autre  

Pour qui Jésus raconte-t-il cette histoire ? Si on se sent brebis perdue, on est touché par ce message d’un Dieu qui nous aime de façon éperdue.

Pourtant Jésus ne vise pas ici les « brebis perdues »: il parle d’abord aux pharisiens, aux religieux bien-pensants et convenables qui viennent de le critiquer, de s’insurger qu’un prophète accepte de se mélanger avec ceux qui viennent des bas-fonds. Comme de bons élèves qui seraient choqués que le prof inclue les cancres pour une sortie découverte.

Le message de Jésus, c’est que Dieu ne voit pas ces « cancres », ces « rebelles », comme des intrus, mais comme des invités d’honneur ! Et on comprend pourquoi, puisque Jésus nous a révélé ce qui se passe dans le cœur de Dieu : son plus profond désir, c’est que tous reviennent à lui. Il est prêt à tout pour les retrouver. Alors quand Jésus voit s’approcher pour l’écouter ces « pécheurs » marginalisés, même sur la pointe des pieds, même sans avoir tout compris, il est tellement heureux, car il porte en lui ce désir de Dieu de retrouver ceux qui l’ont perdu de vue.

Quel contraste avec l’attitude des pharisiens ! Préoccupés à juste titre par la sainteté de Dieu, ils sont scandalisés par certaines choses. Le problème, c’est que ça a dérivé, ça a pris des proportions énormes et ils ont fini par juger les gens, par distinguer entre les bons et les mauvais, ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors – hors de question de les mélanger !

Aujourd’hui, dans notre société, il y a bien des principes et des comportements qui paraissent incompatibles avec la foi. Est-ce que nous en arrivons à éviter, à fuir, à repousser ( ?) ceux qui vivent ainsi ? S’ils venaient ici, sans s’être rangés, comme ils sont, seraient-ils les bienvenus ?

Dans le jugement des pharisiens, il y a de l’orgueil, oui, un aveuglement sur leurs propres failles (personne n’est de lui-même parfaitement en phase avec le Dieu saint, intègre, juste et bon !), et un oubli de l’essentiel : Dieu désire ceux qu’il a créés, il désire vivre avec eux, les combler de son amour, les inviter dans sa joie.

Jésus rappelle la posture de Dieu pour nous appeler à nous réjouir de ce qui réjouit Dieu, à accueillir ceux que lui invite – accueillir malgré les différences, les écarts, les incompréhensions, les « valises ». A changer de regard pour voir l’autre comme un précieux, invité d’honneur à la table de Dieu.

Et si on comprend ce désir éperdu de Dieu, sa ferveur, notre regard ne change pas seulement dans l’église, au culte ou dans les groupes. Il change aussi dehors, au quotidien : on dit qu’on se fait une idée des gens dans les 10 premières secondes. Et si notre première impression c’était que l’autre est précieux aux yeux de Dieu, que Dieu le désire et l’invite ? Notre collègue agaçant, notre voisine qui ronchonne, un copain survolté, une cliente impolie, tous ceux qui nous semblent à côté de la plaque : si l’amour fervent de Dieu venait transformer notre regard, qu’est-ce que ça donnerait ? au lieu de la suspicion, du jugement ou du rejet, d’une attitude défensive ou dégoûtée, peut-être de l’intérêt, de la curiosité, une écoute, une disponibilité pour aller boire un café, pour aller plus loin dans la relation. Expérimenter à notre tour le désir profond que l’autre reçoive, là où il est, l’amour de Dieu qui le cherche, voilà qui peut changer notre perspective, nos actes, et nos paroles – et peut-être, permettre à l’autre de se savoir aimé de Dieu, de façon éperdue.




Déconstruire pour reconstruire (Zacharie 5)

Déconstruire est un phénomène très répandu parmi les jeunes français actuellement. Des mouvements sociaux se sont appropriés ce terme, au départ philosophique, dans le but de pointer du doigt des injustices, des discriminations, des stéréotypes sociétaux (genre, religion, minorités, …) jugés néfastes.

Il y a la déconstruction d’aspects d’une société, comme l’idée de remplacer une statue de Napoléon par la grande avocate Gisèle Halimi à Rouen, et, il y a la déconstruction de soi.

Se déconstruire est devenu un processus long durant lequel on s’analyse soi-même, on décortique nos habitudes naturelles de penser et d’agir. Se déconstruire pour trier consciemment les bonnes et les mauvaises influences qui nous ont construites.

Un prophète, Zacharie, a justement été inspiré par Dieu pour inciter à une déconstruction communautaire. En 538 av. J.-C., les exilés de Babylone revenaient en Judée. Dans leur pays en friche, un temple en ruines, Dieu les incitait par Zacharie et Aggée à déconstruire de leurs habitudes pour reconstruire du neuf… En 520 av. J.-C., Zacharie disait alors ceci aux Israélites de Judée :

1J’eus encore une vision et je vis un livre en forme de rouleau voler à travers les airs. 2« Que vois-tu ? » me demanda l’ange. Je répondis : « Je vois un rouleau qui vole à travers les airs : il a dix mètres de long et cinq mètres de large. » 3Alors il me dit : « C’est le texte de la malédiction qui atteindra le pays tout entier : sur un côté du rouleau, il est écrit que tous les voleurs seront expulsés du pays et, sur l’autre, que toutes les personnes qui prononcent de faux serments le seront également. 4Le Seigneur de l’univers affirme qu’il envoie lui-même cette malédiction : elle pénétrera dans la maison de chaque voleur et de chaque personne qui prononce de faux serments en se servant de mon nom ; elle y restera et détruira tout, même les poutres et les pierres. »

5 L’ange chargé de me parler vint me dire : « Lève les yeux et regarde ce qui apparaît là-bas. » – 6« Qu’est-ce que c’est ? » lui demandai-je. Il répondit : « C’est une corbeille qui contient les fautes de tout le pays. » 7À ce moment-là, le couvercle de plomb qui était sur la corbeille se souleva et je vis une femme assise à l’intérieur. 8L’ange me dit : « Elle représente la Méchanceté. » Puis il la repoussa à l’intérieur de la corbeille et remit le couvercle. 9Levant les yeux, je vis apparaître deux femmes qui volaient, poussées par le vent : elles avaient en effet des ailes semblables à celles d’une cigogne. Elles prirent la corbeille et l’emportèrent dans les airs. 10Je demandai à l’ange où elles l’emmenaient. 11Il me répondit : « À Babylone, où elles lui construiront un temple ; elles dresseront un socle sur lequel elles l’installeront. »

  1. Déconstruire le mal

Ces deux visions relèvent un peu d’un film de science fiction… Dieu a souvent communiqué des messages par des rêves plus ou moins symboliques dont il ne reste qu’à percer le sens.

La première vision (v1-4) est celle d’un rouleau/manuscrit qui vole dans les airs. Un manuscrit aux dimensions complètement surréalistes. Ce manuscrit est une malédiction contre les voleurs et les menteurs… DIX MÈTRES de long sur CINQ MÈTRES de large d’accusations objectives, RECTO-VERSO !

Une masse d’accusations contre les voleurs et ceux qui prononcent des faux serments, autrement dits qui jurent un mensonge sur le nom de Dieu.

Pourquoi ceux-là en particulier ? Le vol représente un abus contre autrui, tandis que le faux serment est un abus envers Dieu. Ces deux abus représentent en réalité l’étendu du péché. Le péché cause du mal à mon frère et ma sœur en Humanité, et contre Dieu lui-même  !

Ce manuscrit écrit recto-verso fait référence aux deux tablettes des 10 commandements, écrites par la main même de Dieu (cf. Ex 32.15-16). L’une contenait 5 commandements qui se récapitulent en un : Tu aimeras l’Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force (cf. Ex 20.3-12 ; Dt 6. 5 ; Mc 12.30). L’autre contenait 5 commandements qui se récapitulent en un second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (cf. Ex 20.13-17 ; Lv 19.18 ; Mc 12.31).

L’amour de Dieu comme l’amour du prochain sont complètement ignorés dans le pays, alors qu’ils reviennent d’exil !… Les relations verticales comme la relation horizontale sont ravagées par le péché.

Raison pour laquelle Dieu, le Seigneur de l’univers, envoie lui-même la destruction complète de ces habitudes ravageuses. Dieu veut déconstruire la culture d’abus. Dieu veut aussi déconstruire les aspects de notre culture personnelle et sociétale qui ne correspondent pas à sa culture ! Déconstruire, pour reconstruire avec Lui.

La deuxième vision (v5-11) est celle d’une corbeille à mesure commerciale gigantesque, fermée d’un couvercle de plomb, contenant une femme « Méchanceté ». Ce n’est pas Maléfique de Disney mais presque. Maléfique est un peu le mal incarné, tandis que la femme de la corbeille « Méchanceté » symbolise TOUT le mal COMMIS dans le pays PAR ses habitants. Son prénom « Méchanceté », est un nom générique pour le mal dans ces différentes manifestations : injustice, violence, malhonnêteté dans le commerce. En gros, « Méchanceté » illustre le péché quotidien d’une société.

Une fois que Zacharie l’a vu, l’ange repousse violemment la Méchanceté. Puis il referme la corbeille d’une grosse masse de plomb, comme on enferme un bandit en prison.
C’est là qu’apparaissent deux mi-femmes mi-cigognes !

Pourquoi deux mi-femmes mi-cigognes ?

Les cigognes sont des oiseaux migrateurs, habitués aux très longs voyages, dont le nom hébreu signifie « la fidèle » pour cet animal considéré à l’époque « impur ». Ces deux femmes cigognes, consœurs de la Méchanceté, éloignent la coupable à l’abri du jugement… Simultanément expulsées et poussées par l’Esprit de Dieu à Babylone, le pays en révolte contre Dieu par excellence. Babylone, c’est l’antitype du pays où Dieu veut reconstruire une culture sans mal, sans mensonges, sans corruptions, sans discriminations, etc.

Mais comment veut-il s’y prendre ?

  1. Comment ? Reconstruire sur Christ.

Les visions de Zacharie de la part de Dieu encouragent les Judéens à reconstruire le pays en ruines. Mais la reconstruction d’une société, d’une culture familiale, d’habitudes personnelles passent forcément par la déconstruction de nos propres maux. Le cœur humain est l’origine de tous les maux. Notre mal profond, notre culpabilité héréditaire a besoin elle aussi d’être expulsée de nous. On mérite tous de finir comme le voleur et le calomniateur : expulsés loin de Dieu.

Mais Dieu a toujours voulu nous sauver de nous-mêmes. Il a toujours voulu détruire complètement le mal dans le monde. Par sa Parole, non plus un manuscrit volant mais Dieu fait homme, il nous propose un plan de reconstruction. Nos péchés n’ont pas été transportés ailleurs que sur Jésus-Christ sur la croix afin de les détruire complètement. Du « ciel », Jésus-Christ est venu prendre nos innombrables maux, les emmener sur la croix, et la croix est ainsi devenue le piédestal de nos péchés. Notre péché, nos maux et ceux du monde, il les a cloué avec Lui sur la croix.

Pourquoi le mal existe-t-il encore dans ce cas ?

La victoire de Jésus-Christ sur le mal est déjà entamée. Le mal du monde a déjà sa date de destruction. Lorsque Jésus-Christ reviendra établir son pays où règne sa culture, alors, le mal sera détruit à jamais.

En attendant ce jour certain, le Christ nous a envoyé son Esprit. Ce même Esprit qui expulse loin le péché du peuple… Cet Esprit demeure en nous, comme la malédiction demeure chez celui qui ne veut pas de Dieu. Et cet Esprit détruit tout le péché en nous, petit à petit, jusqu’au retour de Jésus-Christ. L’Esprit du Christ demeure jusqu’aux parties les plus intimes de nous-mêmes, les poutres et la charpente de notre être, et détruit nos maux les plus robustes.

Alors déconstruisons ce mal en nous. Déconstruisons ces habitudes néfastes, ces petits et grands abus envers Dieu et envers autrui. Mais non pas par nous-mêmes. C’est par Christ seul et son Esprit. Déconstruisons pour reconstruire la culture du Royaume de Dieu. Et même si l’on s’arrête en cours de chantier, comme les Judéens, Dieu est le Dieu des recommencements.

La jeunesse française n’a qu’une attente, c’est celle d’un pays sans mal, sans discriminations, sans mensonges, sans inégalités, sans malhonnêtetés. Nous connaissons ce pays-là ! Nous connaissons comment y entrer et même comment le vivre partiellement ici et maintenant ! Alors annonçons Christ. Annonçons la Parole de bénédiction. Et reprenons le chantier de la transformation pour nous-mêmes, par l’Esprit du Christ, avec le Dieu des recommencements.




Honorer la sainteté de Dieu

Comment honorer la sainteté de Dieu au quotidien ? C’est abstrait, comme concept, et il y a plusieurs réponses ! Je vous propose de suivre une histoire vécue par le roi David, qui nous fait réfléchir sur la façon dont nous honorons Dieu dans notre vie.

Nous sommes au tout début du règne du roi David, après que son rival Saül a enfin quitté le trône, après des décennies de conflits.

Lecture biblique : 1 Chroniques 13.1-14

1 David tient conseil avec les chefs de 1 000 soldats et de 100 soldats, et avec tous les notables. 2 Ensuite, il dit à tous les Israélites rassemblés :

« Si cela vous semble bon et si c’est la volonté du SEIGNEUR notre Dieu, envoyons un message à nos frères restés dans tout le territoire d’Israël. Allons trouver en particulier les prêtres et les lévites dans les villes et les endroits où ils habitent. Demandons-leur de venir avec nous. 3 Alors nous rapporterons chez nous le coffre de notre Dieu. En effet, nous ne nous sommes pas occupés de lui au temps de Saül. »

 4 Toute l’assemblée est d’accord pour réaliser ce projet, car tout le monde trouve que c’est une bonne idée. 5 David rassemble alors tous les Israélites, depuis la frontière d’Égypte au sud, jusqu’à Lebo-Hamath au nord. Ils veulent aller chercher le coffre de Dieu à Quiriath-Yéarim. 

En ce contexte post-électoral, nous saisissons l’impact de la décision de David : il vient juste de monter officiellement sur le trône, il est enfin roi… Les premières décisions donnent le ton de ce que sera le règne (ou le mandat) de celui qui gouverne. Elles représentent les valeurs profondes du gouvernement, et à ce titre elles sont hautement symboliques. Nous sommes en plein dedans, avec les commentaires sur chaque mesure que prend, ou devrait prendre, notre président fraîchement réélu.

Quelle est la première décision de David ? Faire venir le coffre de l’alliance à Jérusalem. Rembobinons une seconde : le coffre de l’alliance, c’est le coffre sacré, construit du temps de Moïse (environ 400-500 ans plus tôt). Il contient les deux tablettes de la Loi donnée à Moïse : c’est le symbole de l’alliance entre Dieu et son peuple, le rappel de la délivrance du peuple, de la fidélité de Dieu et de son autorité.

 

Ce coffre mesure plus d’un mètre de long sur 70 cm de large et de haut. Il est fait en acacia, un bois précieux, et entièrement plaqué or à l’intérieur et à l’extérieur. On voit des chérubins au-dessus : ils représentent la présence solennelle de Dieu.

arche

Ce coffre n’est pas la présence de Dieu, mais il en est le symbole matériel. A ce titre, il est interdit de le toucher. Plus tard, le roi Salomon, qui construira le Temple, fera placer le coffre dans le saint des saints, cet espace où personne ne va, sauf le grand-prêtre 1 fois par an.

Or, dans les différents conflits avec leurs voisins philistins, les Israélites s’étaient fait piquer le coffre de Dieu, qui leur a été rendu environ 40 ans plus tôt ( 1 Samuel 4). Depuis, il est stocké chez Abinadab, mais personne ne s’en occupe.

Donc, lorsque David insiste pour aller chercher le coffre et le placer à Jérusalem, il envoie un signal très fort : il fait venir Dieu dans la capitale, au cœur du royaume, au cœur de son règne. Très clairement, sa priorité c’est d’honorer Dieu en lui donnant la place centrale.

 

6 David part avec eux à Baala, c’est-à-dire Quiriath-Yéarim, en Juda, pour reprendre le coffre de Dieu. Ce coffre porte le nom du SEIGNEUR qui est assis au-dessus des chérubins. 

7 Il se trouve dans la maison d’Abinadab. On le place sur un char neuf. Ouza et Ahio conduisent le char. 

8 David et tous les Israélites dansent devant Dieu de toute leur force. Ils chantent, accompagnés d’instruments de musique : cithares, harpes, tambourins, cymbales et trompettes. 

Quelle fête ! quel cortège ! On ne regarde pas à la dépense : un char neuf (pour nous, peut-être un jet privé), des danseurs, des chanteurs, des musiciens – si on avait pu mettre des feux d’artifice, David l’aurait fait. C’est un jour de joie pour Israël, un jour d’allégresse en l’honneur de Dieu.

Mais la fête tourne au drame.

 

9 Quand ils arrivent près de chez Kidon, là où on bat les céréales, les bœufs glissent. Ouza étend la main pour retenir le coffre sacré. 

10 Alors le SEIGNEUR se met en colère contre lui. Il le frappe à mort, parce qu’il a touché le coffre. Ouza meurt là, à côté du coffre.

11 David est fâché, parce que le SEIGNEUR a brisé la vie de Ouza. Il appelle l’endroit Pérès-Ouza (« brèche d’Ouza »), et ce nom existe encore aujourd’hui. 

Après la joie, la tragédie. On est parti d’un simple accident : les bœufs glissent. Ouza, plein de bonnes intentions, rattrape le coffre sacré, le touche de ses mains profanes, et s’attire les foudres de Dieu qui l’élimine. La fête est finie. La colère de Dieu s’est abattue, et on comprend : personne ne doit toucher le coffre. On comprend, mais un peu seulement. C’est violent, brutal, injuste : que fallait-il faire ? laisser le coffre s’écraser ? Sûrement qu’il valait mieux le protéger, même avec des mains profanes, plutôt que de courir le risque qu’il ne se brise, non ?

David à son tour se met en colère en voyant ce qui se passe – et on ne peut pas le blâmer : nous aussi, lecteurs modernes, nous sommes choqués, voire déçus. Pourquoi cette réaction disproportionnée, cette violence, cette injustice ? Le Dieu d’amour et de compassion que David lui-même a tellement chanté dans les psaumes, il paraît loin.

Où est le problème ? Regardez bien le coffre de l’alliance : vous voyez les barres, sur les côtés du coffre ? Lorsque Dieu donne à Moïse les instructions au sujet du coffre sacré, il précise que ce coffre devra toujours être porté au moyen des barres (Exode 25.12-15). Et oui, cela évite le genre d’accident rencontré par les bœufs… Normalement, le coffre n’aurait jamais dû être transporté sur un char : ça, c’est la façon philistine de faire. Ouza et Ahio ont simplement imité les étrangers qui avaient rapporté le coffre il y a des décennies. Ils y ont mis leur bonne volonté, mais ils n’ont pas respecté les instructions. Et personne ne trouve à y redire.

Deux explications possibles : soit ils ignoraient ce que Dieu avait prescrit – et c’est de la négligence –, soit ils ont considéré que la façon philistine de faire était plus pertinente – et c’est du mépris. En tout cas, leur désobéissance, volontaire ou pas, conduit au drame.

Dieu ne réagit pas à la première désobéissance. Mais, comme souvent, cette transgression conduit à des complications, qui conduisent à une nouvelle désobéissance qui transgresse là tout le système que Dieu a mis en place par les sacrifices, les prêtres, etc. C’est que Dieu réagit : on ne prend pas sa sainteté à la légère. Ce système des sacrifices et du temple veut enseigner physiquement au peuple que Dieu est saint, et qu’on ne l’approche pas n’importe comment. Il est intouchable. On ne touche pas l’intouchable, point.

C’est d’autant plus vrai en ce jour solennel censé mettre Dieu au centre : si Dieu est Dieu, les hommes doivent le respecter et respecter sa volonté, non ? Sinon, ce cortège, c’est de la publicité mensongère.

Conclusion :

12 Ce jour-là, David a peur de Dieu et il dit : « Je ne peux pas recevoir chez moi le coffre de Dieu ! » 

13 Il ne veut pas prendre le coffre chez lui, dans la « Ville de David ». Il le fait conduire dans la maison d’Obed-Édom, un homme de la ville de Gath. 

14 Le coffre reste trois mois chez lui, et le SEIGNEUR bénit la famille d’Obed-Édom et tous ses biens.

David a compris qu’il n’est pas prêt et il prend peur. Il comprend que Dieu n’est pas son égal. Même si David veut honorer Dieu, ça ne lui donne pas le droit de négliger sa Parole et son autorité. Même si David a expérimenté la présence, la force, l’affection de Dieu pendant toutes ces années, ça ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il veut comme il veut. Le privilège d’être proche de Dieu ne donne pas le droit de le prendre à la légère. La joie et la louange n’empêchent pas l’obéissance !

David annule le cortège, même si c’est la honte ; le coffre repart, et 3 mois plus tard, il revient dans un nouveau cortège, avec des lévites qui portent le coffre : David est prêt, cette fois-ci.

Et pour nous, chrétiens? 

 

Aujourd’hui, nous sommes loin du système du Temple etc. mais cet épisode nous rappelle la sainteté de Dieu, l’écart impressionnant entre lui et nous. Un écart rendu infranchissable par notre propension antédiluvienne à prendre Dieu à la légère : dès le jardin d’Eden, Eve et Adam méprisent la demande de Dieu (Genèse 3). Lorsqu’ils mangent du fruit interdit, ils déclarent de fait qu’ils savent mieux que Dieu ce qui est bon. Comment peut-on prétendre savoir mieux que le Dieu créateur et roi ? Comme avec Ouza, c’est la mort qui les guette, et qui les aspire, qui nous aspire, puisque depuis, nous continuons de vivre comme si nous étions nous-mêmes les maîtres du monde – et d’aller vers la mort.

Cet écart abyssal entre un Dieu saint et nous, Dieu le franchit en venant à notre rencontre en Jésus. Dans sa première lettre, Jean, le disciple de Jésus écrit avec excitation : celui qui était Dieu (Dieu !) est venu parmi nous, et nous l’avons touché (1 Jean 1.1-4). Quelle proximité ! Dieu a franchi l’abîme infranchissable ; le Dieu saint a rencontré les pécheurs, mais à son contact, ce n’est pas nous qui mourons pour prix de notre orgueil, c’est lui qui meurt sur la croix pour expier notre folie. Quelle grâce ! Couverts par le Christ, nous pouvons maintenant vivre dans la présence sainte de Dieu, proches de lui, notre sauveur, notre Père.

Mais qu’en est-il de notre attitude vis-à-vis de Dieu ? Même si Dieu ne nous foudroie pas sur-place lorsque nous le déshonorons, Dieu reste Dieu. Il reste le Dieu saint : Notre père qui es au cieux, que ton nom soit sanctifié – c’est-à-dire : que tous te reconnaissent comme saint. Que ta volonté soit faite – et non la nôtre !

Aimer Dieu, honorer Dieu, c’est aussi le respecter. Chantons-le avec force, passons du temps avec lui, réjouissons-nous de sa présence, mais n’oublions pas de le respecter : Dieu n’est pas notre égal. Sa volonté n’est pas une matière brute dans laquelle nous sélectionnons ce qui nous semble pertinent. Sa parole créatrice n’est pas une parole en l’air.

A quoi ressemble le fait d’honorer et respecter le Dieu saint ? Comme à l’époque de David, il est nécessaire de connaître sa Parole pour comprendre qui il est et ce qu’il veut. Lire la Bible n’est pas une option si nous voulons honorer Dieu : comment voulez-vous être en accord avec quelqu’un dont vous ne connaissez pas les idées ?

Connaître la Parole, et l’appliquer ! Dans le respect, il y a une part d’obéissance, même si nous ne comprenons pas toujours à l’avance pourquoi Dieu élimine telle option ou encourage telle autre. Mais faut-il en arriver aux complications pour se dire : ah oui, il n’avait pas tort ?

Il y a aussi des situations inédites où nous ne savons pas trop ce que Dieu attend de nous : prions ! prions ! Dieu nous promet sa sagesse – si nous la demandons – alors prions ! Mais prions avant… Dieu dans sa grâce répondra aussi si nous prions après, mais… la situation risque d’être plus compliquée, et les dommages plus graves et plus tristes. Prions avant… Cherchons la sagesse de Dieu – sans nous laisser berner par nos bonnes intentions ou nos progrès modernes : seule la sagesse de Dieu mérite d’être suivie.

Notre Dieu est extraordinaire : il est majestueux, saint, d’un amour incroyable – alors aimons-le, oui, et honorons-le, dans ce tout ce que nous sommes et dans tout ce que nous faisons. Non seulement il le mérite, mais c’est aussi auprès de lui, par sa sagesse, que nous trouverons un chemin sûr sur lequel avancer.