Vivre le changement (7) S’adapter à ce que Dieu fait aujourd’hui

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Lecture biblique: Matthieu 9.14-17

14 Les disciples de Jean-Baptiste s’approchèrent alors de Jésus et lui demandèrent : « Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous souvent, tandis que tes disciples ne le font pas ? » 

15 Et Jésus leur répondit :

« Pensez-vous que les invités d’un mariage peuvent être tristes pendant que le marié est avec eux ? Bien sûr que non ! Mais le temps viendra où le marié leur sera enlevé ; alors ils jeûneront.

16 « Personne ne répare un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; car cette pièce arracherait une partie du vêtement et la déchirure s’agrandirait encore.

17 On ne verse pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. On verse au contraire le vin nouveau dans des outres neuves et ainsi le tout se conserve bien. »

Autour de Jésus, beaucoup se posent cette question : pourquoi Jésus, qui passe son temps à parler de Dieu en public et en privé, n’a-t-il pas une spiritualité exemplaire ? Je m’explique : le jeûne dans la religion juive, c’est obligatoire une fois par an pour accompagner le sacrifice du grand Pardon. On jeûne aussi en cas de coup dur : deuil, période de besoin criant, repentance aussi après une faute commise. Et puis vient l’habitude de jeûner chaque semaine, pour rechercher une proximité avec Dieu. Les Pharisiens, les scribes, les disciples de Jean, tous les bons Juifs le font ! Pourquoi pas Jésus?

Alors Jésus répond : le jeûne, c’est très bien, mais ce n’est pas adapté à ce qui se vit à l’instant T. Le jeûne est associé à une recherche, à une tristesse, à un manque : mais Jésus est là ! Que manque-t-il ?? Jésus est là, l’Envoyé de Dieu, le Messie, celui qui sauve et qui guérit. Pourquoi se lamenter ? Il y aura un temps pour les lamentations – Jésus pense à sa mort sur la croix – mais aujourd’hui, il faut célébrer la présence de Dieu parmi les hommes. Il faut s’adapter à ce que Dieu fait aujourd’hui. Si c’est le temps de chanter, chantons ! Si c’est le temps de pleurer, pleurons…

Et Jésus saisit cette occasion d’aller plus loin en donnant deux exemples, comme deux paraboles, que je vais expliciter un peu si comme moi vous n’êtes pas des as de la couture ou de la vinification antique !

  • on ne peut pas rapiécer un vieux vêtement avec du tissu neuf : au lavage, le tissu neuf va rétrécir, et déchirer à nouveau, voire davantage, le vieux vêtement.
  • on ne peut pas mettre à vieillir, à fermenter, le vin nouveau dans des outres qui ont déjà servi. En effet, le cuir neuf des outres neuves va pouvoir se détendre au gré de la fermentation du vin. Mais une outre au cuir déjà détendu ne pourra pas se détendre davantage : en fermentant, le vin nouveau la déchirerait, et on perdrait tout, les outres & surtout, le vin !

Dans notre perspective « Vivre le changement », ce texte vient nous rappeler qu’il nous faut suivre ce que Dieu est en train de faire, s’adapter à son action d’aujourd’hui (et non d’hier).

1) Le changement radical amorcé par Jésus

A l’époque de notre texte, dans leur « aujourd’hui », Dieu a envoyé son Fils, et c’est un changement radical. Jésus vient apporter la Bonne Nouvelle de l’amour hors cadres de Dieu – les malades sont guéris, les impurs invités, les étrangers accueillis… Sans commettre le mal, Jésus montre souvent que l’amour extraordinaire de Dieu bouscule les anciennes règles : en venant incarner Dieu parmi les hommes, il ouvre un autre temps dans notre histoire.

Jésus va montrer par exemple que nos actions, nos bonnes intentions, nos valeurs, ne suffisent pas pour nous rendre dignes de l’amour de Dieu – il y a toute notre face sombre… Mais Jésus, par amour, va porter notre culpabilité, la compenser, l’expier, et il nous offre le pardon de Dieu : il n’y a qu’à recevoir ! Pas besoin de paraître bien, pas besoin d’en faire plus que les autres, pas besoin de s’appuyer sur des pratiques rituelles : par la foi, pardon et salut nous sont offerts.

L’Eglise des premiers temps va en tirer des conséquences très concrètes : puisque Jésus, dans sa mort, compense parfaitement notre injustice, il n’y a plus besoin de faire de sacrifices d’animaux – il est le sacrifice unique. L’apôtre Pierre va comprendre ainsi qu’on n’entre pas dans le peuple de Dieu par des règles extérieures, par des rituels ou une lignée particulière, mais qu’on est enfant de Dieu seulement sur la base de notre foi en Jésus. Plus besoin de circoncision, de règles alimentaires, ou de rituels : par sa mort et sa résurrection, Jésus nous rend pleinement dignes de vivre avec Dieu. La preuve, il envoie son Esprit à tous ceux qui croient, même aux non-Juifs, comme Corneille.

Ainsi, tout ce qui perd son sens avec la venue de Jésus est mis de côté, mais les premiers chrétiens gardent les pratiques juives comme le chant, la méditation de la Parole de Dieu, la prière ou l’entraide, car elles restent pertinentes pour connaître Dieu, lui parler, et mettre en pratique sa volonté.

2) S’adapter : « qu’est-ce qui est approprié ? »

Qu’est-ce qui est approprié à ce que Dieu fait aujourd’hui ?

L’action tonitruante de Dieu il y a 2000 ans, c’est l’envoi bouleversant de son Fils pour nous sauver, c’est le pardon de Dieu à tous ceux qui croient, peu importe qui ils sont.

Mais Dieu continue d’agir aujourd’hui : pas en envoyant un nouveau Jésus ou en changeant la façon dont il nous pardonne, mais en appelant jour après jour de nouvelles personnes, en leur offrant sa vie et sa liberté, sa joie et ses dons… C’est moins radical à observer qu’au temps de Jésus, de Pierre et Corneille, mais Dieu continue de transformer des vies, et de faire grandir son peuple. Alors forcément, puisque l’action de Dieu change la donne, cette question revient siècle après siècle : est-ce que notre façon de faire, héritée d’hier, est adaptée au peuple que Dieu se compose aujourd’hui ? (est-ce que ma voiture est adaptée à l’arrivée d’un deuxième enfant ?)

Cette image du vin et des outres nous rappelle avec force qu’il faut se poser la question : le vin nouveau est là – est-ce que nous avons les bonnes outres ? Est-ce que notre façon de vivre est adaptée à ce que Dieu fait aujourd’hui en nous et autour de nous ? Nos activités, nos groupes, nos habitudes, sont appropriés pour notre église aujourd’hui ?

Cette question fait peur… Et c’est normal ! Elle fait craindre qu’on jette tout, qu’on renie le passé et qu’on s’embarque dans je ne sais quelle mode. Et c’est douloureux, car telle activité correspond à la façon dont untel s’est tourné vers Jésus, tel chant évoque pour l’autre l’enfance et la découverte de Dieu avec la famille, etc. La crainte du changement n’est pas forcément rétrograde, mais vient parfois de l’attachement aux bonnes choses héritées du passé, ou de la peur de traverser de trop grands dangers.

Mais Jésus ne dit pas de tout jeter, d’abandonner les outres à tout prix pour avoir le dernier contenant à la mode ! Non, simplement il nous invite à nous demander régulièrement pourquoi nous agissons de telle ou telle manière. Pourquoi jeûnez-vous, dit-il aux disciples de Jean ? Et nous, pourquoi utilisons-nous telle forme, dans notre vie personnelle ou communautaire ? Si c’est par habitude ou conformisme, est-ce que c’est encore conforme, approprié, à ce que Dieu est en train de réaliser aujourd’hui ? Attention, ça peut rester pertinent ! Lire la Bible aujourd’hui reste le meilleur moyen de connaître Dieu et sa volonté, par exemple : c’est irremplaçable ! Mais… on peut changer de traduction, on peut lire un passage sur son téléphone dans le métro pour inspirer notre journée… Qu’est-ce qui est approprié ? Face à ce que Dieu fait aujourd’hui, est-ce que notre façon d’y répondre a du sens ?

3) Un appel au discernement : quelles sont nos priorités ?

En fait, derrière cette image du vin et des outres, il y a un appel à discerner les priorités. On peut parfois se laisser happer par la comparaison des outres : il y a celles au cuir patiné par le temps, peut-être cousues par une grand-mère qui nous aimait tendrement… Et les autres : rêches, rigides, comme ces chaussures toutes neuves dans laquelle on a vite des ampoules.

Mais au-delà des outres, qu’est-ce qui compte vraiment ? (…) le vin ! Le vin nouveau, fraîchement récolté et mis à fermenter pour faire une cuvée délicieuse, dans quelque temps. La priorité, l’objectif, c’est le vin, et non les outres ! Le vin nouveau, c’est le fruit de ce que Dieu fait aujourd’hui, de ses récoltes précieuses… Ce sont les chrétiens présents depuis quelques décennies, depuis quelques années, depuis quelques jours… Le vin nouveau, ce ne sont pas que les jeunes, c’est la réalité (inédite) que nous formons aujourd’hui, avec notre diversité. Pouvons-nous vraiment nous permettre de prendre le risque de laisser perdre ce vin parce que nous préférerions les vieilles outres distendues, adaptées au vin d’hier, à la réalité des générations passées ? Dieu fait bouillonner (fermenter ?) son Esprit en nous et autour de nous parce qu’il a en vue une récolte qu’il juge précieuse… N’avons-nous pas, nous qui formons l’église (et je ne parle pas que des pasteurs et du conseil : tous nous sommes l’Eglise, tous nous participons à la façonner) la responsabilité de chercher ce qui va aider chacun ici à fermenter librement, qu’il soit dans l’église depuis 2 mois ou depuis 35 ans ? A grandir dans la foi, à mieux suivre Dieu, à découvrir ses dons, à les mettre en pratique… Même si ça sort de nos habitudes ?

Conclusion

Pour conclure, je voudrais vous demander d’imaginer quelques instants la cave de Dieu… fermez les yeux si vous en avez besoin. A droite, il y a les vieilles bouteilles : millésimes 214, 812, 1517 (quand même, la réforme c’est une bonne cuvée !), 1849 (la naissance de notre union aussi 😉 ). A gauche, des bouteilles plus récentes : 1964, 1981, 1991, 2001 (allez regarder sur la frise du panneau Vitalité pour comprendre). Et la cuvée 2018 ? Elle est en cours de mise en bouteille… Quelle forme va-t-choisir ? Quelle méthode ? Qu’est-ce qui est approprié à cette récolte de Dieu ? De quoi avons-nous besoin pour que l’église fermente de façon optimale ?

Osons nous demander régulièrement : qu’est-ce que Dieu fait aujourd’hui ? Dans ma vie ? Dans notre église ? et du coup : comment puis-je y répondre de façon appropriée ? Comment pouvons-nous participer à l’œuvre de Dieu aujourd’hui, suivre sa piste, parcourir son chemin ? ne nous reposons pas sur les acquis, mais toujours, demandons l’inspiration de l’Esprit de Dieu pour nous aider à vivre avec Dieu.




Allez !

 

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NB : Au cours du culte nous avons accueilli un couple de missionnaires en Argentine qui nous ont parlé de leur travail.

On a raison de rappeler qu’il n’y a pas besoin d’aller à des milliers de kilomètres pour être missionnaire. Aujourd’hui plus qu’hier sans doute, la mission commence à notre porte, et elle commence même parfois à l’intérieur de nos maisons !

Selon une enquête récente, en France, 29 % des personnes interrogées se disent athées convaincus et 34 % affirment n’appartenir à aucune religion. Et parmi ceux qui se reconnaissent dans une religion, combien sont pratiquants ? Une minorité ! Et cela dans toutes les religions. Un quart des catholiques se dit pratiquant mais seulement 5 % assistent à la messe chaque dimanche. Parmi les protestants, il n’y a que 24 % de pratiquants réguliers…

Bref, l’évangélisation et la mission sont plus que jamais d’actualité en France !

Mais alors, de façon un peu provocatrice, on pourrait poser la question : pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? L’Argentine, c’est loin… Et il y a déjà bien assez de boulot et de besoins ici !

Pour répondre à cette question, je vous propose de lire les dernières paroles que Jésus a dites à ses disciples, dans l’Evangile selon Matthieu.

Matthieu 28.16-20
16 Les onze disciples partent pour la Galilée. Ils arrivent sur la montagne où Jésus leur a dit d’aller. 17 En voyant Jésus, ils l’adorent mais certains hésitent à croire. 18 Jésus s’approche et leur dit : « J’ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre. 19 Allez, faites des gens de toutes les nations mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. 20 Apprenez-leur à obéir à tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
Les dernières paroles de Jésus à ses disciples ont forcément une importance particulière. Ce sont les ultimes instructions qu’il leur donne, juste avant de les quitter. Et de fait, on y trouve par exemple les paroles d’institution du baptême chrétien, prononcées rituellement depuis 2000 ans par les chrétiens du monde entier !

Mais les paroles de Jésus ici sont avant tout un appel :
1° Il y a un envoi en mission : « allez ».
2° Cette mission est universelle : « faites des gens de toutes les nations mes disciples ».
3° L’appel est assorti d’une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Une mission : « Allez ! »

Rien qu’avec ce premier verbe, on a une réponse à ma question du début. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que justement ils ont, un jour, répondu à cet « allez » du Christ. Ils ont perçu un appel de Dieu et y ont répondu.

Et cela, d’une façon ou d’une autre, nous interpelle. Parce que l’appel à « aller » n’est pas adressé seulement aux premiers disciples de Jésus. Il est adressée à l’Eglise, à tous les disciples de tous les temps. Il est donc pour nous aujourd’hui encore.

Nous ne sommes pas tous appelés à aller en Argentine. Nous ne sommes pas tous appelés à quitter notre job, notre maison, notre pays… Mais nous sommes tous appelés à vivre en disciples du Christ, et le disciple est appelé à son tour à faire des disciples.

C’est notre mission première, ici comme ailleurs, dans quelque pays qu’on se trouve : faire des disciples du Christ. Attention : pas des disciples de son Eglise ou de sa mission. Des disciples du Christ. Notre mission, en Argentine comme en France, n’est pas de convertir à une religion, de recruter pour une Eglise ou une mission, ou de susciter l’adhésion à une doctrine. Notre mission, c’est d’être témoin de Jésus-Christ, en paroles et en actes, et d’inviter à une rencontre par la foi avec lui.

Notez enfin que l’appel du Christ est aussi intéressant à entendre pour une Eglise. Il nous dit aussi : « Allez ! » Pas seulement « rassemblez-vous », pas seulement « accueillez » mais « allez ! » Où devons-nous aller en tant qu’Eglise ? Où le Seigneur nous appelle-t-il ?

Une mission universelle : « Faites des gens de toutes les nations mes disciples… »

Jésus ne se contente pas de dire « allez ! » à ses disciples, il poursuit. Et la suite de la phrase donne un autre élément de réponse à notre question. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que la mission confiée par Jésus-Christ à son Eglise est universelle. Et la mission est universelle parce que l’Evangile est universel.

Je pense à une vision de l’Apocalypse qui, je trouve, entre en résonance directe avec ces paroles de Jésus. Au chapitre 7, Jean décrit la vision d’une foule innombrable, vêtue de blanc et chantant les louanges de Dieu. Et il dit que cette foule, « ce sont des gens de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. » (Ap 7.9)

L’Evangile n’est pas lié à une culture mais trouve à s’incarner dans toutes les cultures. Aujourd’hui plus que jamais on a besoin de l’entendre parce que notre société est plus que jamais multiculturelle. Et les Eglises devraient être, de part leur vocation, à la pointe du multiculturel et du transculturel !

L’appel universel de Jésus devrait aussi nous encourager à développer une conscience globale, une ouverture sur le monde, une préoccupation universelle. L’Eglise de Jésus-Christ est universelle. Ce qui concerne les chrétiens à l’autre bout du monde me concerne parce que je fais partie du même corps. D’ailleurs, comment pourrait-on dire que l’Evangile est universel et ne s’intéresser qu’à sa propre Eglise et son propre pays ?

Une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Cette promesse de Jésus, qui termine ses dernières paroles à ses disciples, est essentielle à l’accomplissement de la mission qu’il leur confie. C’est la présence de Jésus avec nous, tous les jours, qui peut nous permettre de répondre à son appel. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que leur témoignage nous aide à prendre conscience que c’est le même Seigneur qui est à l’oeuvre ici comme là-bas. Notre unité et notre force, elles sont en Christ.

Et ce rappel est essentiel. Parce que si le Christ n’est pas avec nous, nous n’accomplirons pas sa mission !

Car Jésus nous dit : « allez ! ». Mais il dit aussi « je suis avec vous tous les jours. » Il nous accompagne par son Esprit là où il nous envoie. Et heureusement, parce que c’est lui qui agit ! C’est lui qui change les cœurs, c’est lui qui convainc.

Par ailleurs, Jésus nous demande de faire des disciples… Mais il dit aussi « je suis avec vous tous les jours. » En réalité, on ne peut pas faire des disciples de Jésus-Christ sans qu’il soit là, avec nous. Sans la présence du Christ avec nous, on risque de faire des disciples de notre Eglise, de notre religion voire de nous-mêmes… mais pas des disciples de Jésus-Christ.

Conclusion

Finalement donc, on fait bien d’accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine !

C’est l’occasion pour chacun de nous interroger sur notre appel, de prendre mieux en compte la dimension universelle de l’Evangile et de se réapproprier la promesse du Seigneur d’être, tous les jours, avec ceux qu’il envoie.

Car c’est vrai : Jésus-Christ est avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Et il nous envoie, au loin comme au près, annoncer cette bonne nouvelle !




Vivre le changement (6) Bousculer nos repères

 

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Pour moi, cette image illustre la croissance spirituelle à laquelle nous sommes appelés. Ce poisson saute dans un autre bocal. C’est juste un bocal un peu plus grand mais pour élargir son espace vital, il doit accepter de quitter son petit bocal, confortable et sécurisant. Et plus tard il devra à nouveau en sortir pour un bocal un peu plus grand. Le bocal symbolise notre zone de confort. Si nous voulons grandir, progresser, il faut parfois élargir notre zone de confort et accepter de « changer de bocal ».

Nous avons tous une zone de confort. Des repères, des habitudes, des pratiques dans lesquelles nous nous sentons bien, en sécurité, et qui nous permettent de vivre avec un minimum de stress. C’est vrai dans tous les aspects de notre vie : personnel, professionnel, familial et bien-sûr aussi spirituel. Et quant à l’aspect spirituel, c’est vrai pour les chrétiens comme pour les Eglises ! Les Eglises aussi ont leur zone de confort spirituel.

Mais quand notre zone de confort est complètement hermétique, qu’elle se transforme en bunker infranchissable, elle devient notre prison. Elle nous empêche d’évoluer, de progresser, de grandir spirituellement. Elle nous enferme dans un statu quo.

Quand donc notre zone de confort devient-elle un danger pour nous ? A quel moment nos habitudes et nos repères mettent-ils en péril notre croissance spirituelle ?

Je vous propose de lire un texte de l’épître de Paul aux Ephésiens pour nous aider dans notre réflexion :

Ephésiens 4.11-16
11 Voici les « dons » que le Christ a faits : les uns ont reçu le don d’être apôtres, ou bien d’être prophètes, ou bien d’annoncer la Bonne Nouvelle. D’autres ont reçu le don de conduire le peuple de Dieu, ou encore d’enseigner. 12 Par ces dons, le Christ a voulu former ceux qui appartiennent à Dieu. Ainsi, ils peuvent accomplir leur service de chrétiens pour construire le corps du Christ. 13 Alors tous ensemble, nous aurons peu à peu une même foi et une même connaissance du Fils de Dieu. Finalement, nous serons des chrétiens adultes et nous atteindrons la taille parfaite du Christ. 14 Nous ne serons plus des bébés. Nous ne ressemblerons plus à un petit bateau poussé dans tous les sens par les vagues de la mer. Nous ne serons plus emportés de tous les côtés par le vent des idées fausses. Les gens ne nous tromperont plus avec leurs mensonges habiles. 15 Mais en disant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ. 16 C’est par lui que toutes les parties du corps tiennent ensemble et sont unies. Beaucoup d’articulations servent à unir le corps, et quand chaque partie du corps fait son travail, le corps grandit et se construit lui-même dans l’amour.

1. Nous avons besoin de repères pour une foi stable

On a besoin de repères. Certains rituels, certaines habitudes, sont positifs ! Lire votre Bible le matin, prier le soir avant de vous coucher ou aller au culte le dimanche, ce sont de bonnes habitudes. Elles nous aident à avoir une certaine discipline dans notre vie spirituelle et c’est très bien !

On a besoin de repères stables dans notre vie chrétienne, pour avoir une foi et une piété stables, équilibrées. On s’en rend compte dans ce que dit l’apôtre Paul. L’objectif, c’est d’être des chrétiens adultes et non des enfants spirituels, ballottés à tout vent de doctrine, poussés dans un sens puis tiré dans un autre en fonction des prédicateurs en vogue sur youtube ou des Eglises à la mode.

Il y a une référence unique, le Christ, et un cadre approprié pour nous accompagner dans cette croissance, l’Eglise (le corps, avec tous ses membres et ses articulations). Il ne s’agit donc pas de toujours tout remettre en cause dans notre foi et notre vie chrétienne, de changer d’Eglise chaque année, de changer de convictions théologiques comme on change de chemise !

C’est important d’avoir réfléchi sa foi et forgé ses convictions. C’est important d’avoir une certaine discipline dans notre vie de piété. C’est important de s’attacher à une Eglise locale et d’y trouver sa place, un engagement qui nous corresponde. Et quand tous ces éléments se mettent en place, une certaine zone de confort s’installe dans notre vie chrétienne. Et c’est très bien.

C’est très bien… si on ne s’endort pas ! Si cette zone de confort ne se transforme pas en un petit nid douillet ou en bastion imprenable. Le danger d’une zone de confort, c’est quand elle devient hermétique, qu’on refuse d’envisager qu’elle puisse évoluer. Avoir une foi stable, c’est bien. C’est même essentiel. Mais il faut veiller à ce que cette stabilité ne soit pas une immobilité, une routine qui a perdu sa sève, son élan, son enthousiasme. Car alors on risque le dessèchement spirituel, celui d’une vie chrétienne « en pilote automatique ».

Et on l’a dit, tout cela est vrai aussi pour une Eglise ! D’autant qu’on perçoit souvent l’Eglise, avec raison d’ailleurs, comme un lieu de ressourcement. On y recherche donc un certain confort, et c’est légitime jusqu’à un certain point. Mais y a-t-il vraiment un ressourcement bienfaisant dans la routine ? Il y a des Eglises qui fonctionnent aussi « en pilote automatique » : ça roule, ça tourne, on a des activités, un bâtiment, un pasteur… mais on ne se remet pas en question, on garde telle ou telle réunion ou telle ou telle façon de faire parce que ça s’est toujours fait comme ça…

Et puis on craint le changement. On veut bien accueillir tout le monde… mais en espérant qu’ils ne soient pas trop différents de nous quand même. On veut bien rencontrer ses frères et sœurs… mais sans faire trop d’effort pour aller à la rencontre de celui ou celle qu’on ne connaît pas vraiment, on préfère rester dans le cercle de ses habitués. On veut bien innover dans la forme, dans les réunions proposées… mais pas trop quand même, pour respecter ce qui s’est toujours fait

2. Nous avons besoin de bousculer nos repères pour grandir

Revenons à ce que dit l’apôtre Paul : pour lui, la perspective, c’est la croissance. Il s’agit de ne pas rester des bébés mais de devenir adultes, de croître vers le Christ. Et cet impératif concerne à la fois l’Eglise dans son ensemble et chaque croyant qui en fait partie.

Or, on le sait, quand on grandit, on change ses repères. Notre vie, nos habitudes, nos convictions évoluent. Et la croissance n’est pas confortable. Le passage de l’enfance à l’adolescence, puis de l’adolescence à l’âge adulte, ne sont pas des périodes confortables. Les différentes étapes de la vie sont autant de périodes inconfortables, avec leur lot de remises en question, parfois déstabilisantes.

Nécessairement, si nous voulons grandir spirituellement, il nous faut accepter de sortir de notre zone de confort, d’être parfois déstabilisé dans nos repères. Regardez les béatitudes : c’est tout sauf confortable ! « Heureux les pauvres en esprit, heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui ont soif et faim de justice, heureux les persécutés pour la justice… »

Du coup, c’est parfois le Seigneur qui utilise la manière forte pour nous faire sortir de notre zone de confort. C’est ce qui est arrivé à Pierre, dans « notre » récit de sa rencontre avec Corneille (Actes 10-11).

Pierre a été bousculé dans son « confort », celui des traditions auxquelles il était attaché. On pourrait même se dire que ces traditions étaient légitimes puisqu’elles remontaient à la loi de Moïse ! Elles étaient rassurantes, elles le mettaient à l’écart des païens pour préserver la pureté. Or, la vision que Dieu lui a envoyée l’a déstabilisé : une grande toile descendue du ciel dans laquelle se trouve mélangés tous les animaux, purs et impurs selon la loi de Moïse, avec cet appel qui retentit : « Pierre, lève-toi ! Tue et mange ! ». Mais non, répondait Pierre, Seigneur, je ne peux pas. Jamais je n’ai mangé de viande impure. Jamais je n’en mangerai ! Et Dieu insiste : “Ce que Dieu a rendu pur, ne dis pas que c’est interdit !”

Ce n’était pas confortable pour Pierre. Et il a dû se faire violence pour répondre à l’appel de Dieu et aller chez Corneille, manger avec lui, un païen. Et c’est en sortant de sa zone de confort qu’il a vu l’action de Dieu, il a vu l’Esprit saint descendre sur Corneille et sa famille. Ce n’était pas confortable ensuite non plus pour Pierre parce qu’il a dû justifier son attitude devant les autres chrétiens, d’origine juive, qui l’accusaient : « Tu es entré chez des gens qui ne sont pas circoncis et tu as mangé avec eux ! » C’était tellement peu confortable que plus tard, Pierre fera marche arrière dans une certaine circonstance. C’est Paul qui en parle dans son épître aux Galates et il s’est fermement opposé à lui :
« En effet, avant l’arrivée de certaines personnes proches de Jacques, Céphas mangeait avec les frères qui ne sont pas d’origine juive. Mais quand les autres sont arrivés, il s’est éloigné, il n’est plus allé avec les non-Juifs, il avait peur des chrétiens qui défendaient les coutumes juives. » (Galates 2.12)

Mais on n’est pas obligé d’attendre que le Seigneur nous secoue pour bousculer nos repères. On peut aussi cultiver un esprit d’ouverture et de curiosité. Se laisser surprendre par l’autre, et par le Seigneur. Demander à Dieu de nous donner l’humilité, la lucidité et le courage d’avoir un regard en vérité sur nous-mêmes.

Conclusion

Il est légitime d’avoir, dans notre vie et dans notre Eglise, une zone de confort. Nous avons besoin de repères stables pour avoir une foi stable. Mais nous devons veiller à ne pas nous y laisser enfermer.

Parce que le confort, le bien-être, aussi agréables soient-ils, ne sont pas les objectifs à poursuivre en tant que croyant. Notre objectif, Paul le souligne, c’est la croissance ! Pour que nous devenions des chrétiens adultes, et pour que l’Eglise grandisse harmonieusement en tant que corps du Christ.

Et toute croissance implique nécessairement des changements, des évolutions, et c’est parfois déstabilisant, en tout cas pas toujours confortable… Mais c’est bien ce à quoi nous sommes appelés ! Alors sommes-nous prêt à « changer de bocal » pour élargir notre zone de confort ?




Vivre le changement (5) L’oeuvre transformatrice du Saint-Esprit

 

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Pentecôte, ce n’est pas seulement un événement du passé, une étape dans l’histoire du salut. C’est une promesse qui nous concerne encore : Dieu vient habiter en nous par son Esprit.

Pour les premiers chrétiens, quel changement ! On le voit au début du livre des Actes des apôtres : c’est spectaculaire. Les apôtres et les disciples, jusqu’ici discrets voire craintifs, annoncent l’Evangile aux foules avec assurance. Les gens sont touchés et changent de vie. L’Eglise grandit, pleine d’enthousiasme. Mais rapidement, les ennuis commencent, les tensions naissent, les choses ne sont pas aussi simples dans l’Eglise… et ça se confirmera dans les épîtres du Nouveau Testament.

N’est-ce pas un peu la même chose pour nous ? Au début de la vie chrétienne, les changements sont souvent évidents. Tout est nouveau, il y a l’enthousiasme de la découverte… Et puis, avec le temps, le rythme du changement a tendance à ralentir. L’évolution devient plus lente, moins évidente. Il y a encore parfois des progrès, par à coup… Mais aussi parfois l’impression qu’on n’avance plus vraiment, qu’on est bloqué à un palier. L’oeuvre transformatrice du Saint-Esprit devient moins évidente en nous.

Bref, la transformation de notre vie par le Saint-Esprit, ça fonctionne bien au début… mais ça se complique ensuite. Et c’est frustrant parce qu’on sent bien que ce n’est pas vraiment normal que ça se passe comme ça. Alors comment faire pour que le Saint-Esprit nous transforme, et qu’il continue à le faire tout au long de notre vie de foi ?

1. Laisser Jésus-Christ grandir en nous

Le premier texte biblique qui peut nous aider à répondre à cette question se trouve dans l’évangile selon Jean, au chapitre 16. C’est un extrait du discours de Jésus à ses disciples, peu de temps avant d’être arrêté.

Jean 16.5-7,13-15
5 Maintenant, je m’en vais auprès de celui qui m’a envoyé. Et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu ? ” 6 Mais votre cœur est plein de tristesse parce que je vous ai dit cela. 7 Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je parte. En effet, si je ne pars pas, celui qui doit vous aider ne viendra pas à vous, mais si je pars, je vous l’enverrai.
(…) 13 Quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, il ne dira pas des choses qui viennent de lui. Mais il dira tout ce qu’il entendra et il vous annoncera ce qui doit arriver. 14 L’Esprit de vérité montrera ma gloire, parce qu’il recevra ce qui est à moi et il vous l’annoncera. 15 Tout ce qui est à mon Père est aussi à moi. C’est pourquoi je vous ai dit : “L’Esprit de vérité recevra ce qui est à moi et il vous l’annoncera.”

Ici, Jésus répond à l’inquiétude des disciples. Ils sentent que Jésus va les quitter. Pourtant Jésus leur dit : « il vaut mieux pour vous que je parte. » Comment est-ce possible ? Pour les disciples, perdre leur maître est la pire chose qui puisse leur arriver ! Or Jésus leur dit qu’il est avantageux pour eux qu’il s’en aille.

Oui mais si Jésus part, alors il pourra leur envoyer « celui qui doit les aider ». Cette périphrase traduit le terme grec paraclêtos qui signifie littéralement « celui qui se tient à côté », donc l’intercesseur, le défenseur, le consolateur… Et Jésus précise : « L’Esprit de vérité montrera ma gloire, parce qu’il recevra ce qui est à moi et il vous l’annoncera. » (v.14)

Autrement dit, le Saint-Esprit « remplace » Jésus-Christ auprès des disciples, et il le remplace avantageusement. C’est parce qu’il y a là un pas de plus franchi par Dieu pour s’approcher de nous. Déjà en Jésus, le Fils de Dieu est devenu l’un des nôtres, humain comme nous. Désormais, Dieu se fait encore plus proche puisqu’il vient par son Esprit faire sa demeure en nous. L’apôtre Paul l’exprime de façon très concrète lorsqu’il dit aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu ? » (1 Corinthiens 6.19). Et comme il est Esprit, il n’est pas limité dans l’espace et peut être présent, pleinement, en chaque croyant, où qu’il soit. Voilà pourquoi c’est avantageux pour les disciples que Jésus parte et qu’il envoie son Esprit !

La mission du Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ. Il nous est donné pour nous montrer la gloire du Christ. Par le Saint-Esprit, c’est Jésus-Christ qui est avec nous et nous pouvons le rencontrer.

Autrement dit, c’est Jésus-Christ que nous recevons quand l’Esprit vient faire sa demeure en nous, c’est lui que nous entendons lorsque l’Esprit nous parle. L’oeuvre du Saint-Esprit, c’est de faire grandir le Christ en nous. Et c’est cela qui nous transforme. Quand le Christ grandit en nous, c’est alors que le Saint-Esprit nous transforme !

Quelle leçon en tirer, concrètement ? Notre première priorité, toujours, c’est d’approfondir notre relation avec le Christ. Il nous faut voir tous les aspects de notre piété, et de notre vie chrétienne, comme une occasion d’approfondir cette relation avec le Christ.

  • On ne lit pas la Bible pour accroître sa connaissance mais pour y trouver le Christ et l’accueillir tout à nouveau.
  • On ne prie pas pour faire sa « liste de courses » spirituelles ou pour se faire du bien et s’épanouir spirituellement. On prie pour dialoguer avec le Christ.
  • On n’aime pas son prochain juste parce que c’est un commandement, et encore moins pour faire une bonne œuvre et accumuler des « miles spirituels » et obtenir un place premium au paradis ! On aime son prochain parce qu’on y trouve le visage du Christ : « tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites. » (Matthieu 25.40)

Cherchez Jésus-Christ, toujours, partout. Il grandira en vous, et son Esprit vous transformera !

2. Identifier nos blocages

Mais cet élan positif, toujours tourné vers le Christ, ne suffit pas toujours. On garde parfois l’impression que ça bloque, qu’il y a quelque chose qui coince et empêche la transformation.

Ici, c’est un autre texte du Nouveau Testament qui peut nous aider. L’apôtre Paul y parle d’un blocage, en faisant référence à Moïse qui, lorsqu’il redescendait de la montagne où il rencontrait Dieu devait couvrir son visage d’un voile. Il se base sur cet épisode de l’Ancien Testament, d’une part pour expliquer l’aveuglement de beaucoup de ses frères Israélites, et d’autre part pour parler de l’oeuvre de l’Esprit chez le chrétien. Et là ça nous intéresse !

2 Corinthiens 3.12-17
12 Avec cette espérance, nous sommes pleins de confiance. 13 Nous ne faisons pas comme Moïse qui mettait un voile sur son visage. De cette façon, les Israélites ne pouvaient pas voir la fin d’une gloire qui ne durait pas. 14 Mais leur intelligence s’est fermée, et jusqu’à aujourd’hui, quand ils lisent les livres de l’ancienne alliance, le même voile est encore là. Non, il n’est pas enlevé, sauf pour celui qui est uni au Christ. 15 En effet, jusqu’à aujourd’hui, chaque fois que les Israélites lisent les livres de Moïse, un voile couvre leur cœur. 16 Mais chaque fois que les gens se tournent vers le Seigneur, le voile tombe. 17 Le Seigneur ici, c’est l’Esprit Saint. Et quand l’Esprit du Seigneur est présent, la liberté est là. 18 Notre visage à nous tous est sans voile, et la gloire du Seigneur se reflète sur nous, comme dans un miroir. Alors le Seigneur, qui est l’Esprit, nous transforme. Il nous rend semblables à lui, avec une gloire toujours plus grande.

Ce que je retiens de ce texte, en lien avec notre question, c’est cette image du voile qui tombe et qui permet à l’Esprit de Dieu de faire en nous son œuvre de transformation. Je retiens aussi l’affirmation de la liberté associée à la présence de l’Esprit.

Pour grandir spirituellement, pour voir agir en nous l’oeuvre transformatrice du Saint-Esprit, il faut que nous arrivions à nous libérer des obstacles qui bloquent notre développement spirituel.

Pour utiliser une autre image, on pourrait dire que le Saint-Esprit est le moteur de notre transformation. C’est lui qui nous fait avancer. Si on n’avance plus, on pourrait se dire que c’est la faute du moteur… Mais si dans votre voiture vous laissez le frein à main serré, vous aurez beau appuyer sur l’accélérateur, vous n’avancerez pas. Et ce n’est pas la faute du moteur mais du frein à main que vous n’avez pas desserré !

J’ai l’impression que dans notre vie spirituelle, nous gardons parfois notre frein à main serré… Il s’agit donc pour nous d’identifier nos blocages, nos freins… ce qui obstrue l’action du Saint-Esprit dans notre vie.

  • Ca peut être l’orgueil. Celui de se croire déjà arrivé, de se penser suffisamment expérimenté, suffisamment spirituel, suffisamment sage, pour ne plus avoir vraiment à progresser.
  • Ca peut être la peur. La peur de devoir bouleverser ses repères, remettre en cause ses convictions, renoncer à un statu quo finalement assez confortable…
  • Ca peut aussi être une culpabilité qu’on entretient et qui nous rabaisse, un sentiment d’indignité, d’incapacité, de honte. A cause de notre passé, ou de l’image qu’on a de soi.

D’autres freins sont évidemment possibles. Ils peuvent être liés à notre personnalité mais aussi à notre histoire, parfois à des expériences douloureuses, ou à une parole dite contre nous, ou à des convictions erronées dans lesquelles nous nous enfermons…

Si nous avons l’impression de stagner spirituellement, peut-être que notre prière prioritaire devrait être de demander à Dieu de nous aider à identifier ces blocages et ces freins dans notre vie spirituelle. Et une fois les blocages identifiés, alors relâchons le frein à main ! Lâchons prise, faisons-lui confiance ! Laissons le Saint-Esprit nous transformer.

Conclusion

Un des grands défis de la vie chrétienne, c’est la persévérance : arriver à renouveler sa marche avec le Christ, une fois l’enthousiasme du début atténué voire effacé. Poursuivre tout au long de notre vie un processus de croissance spirituelle, de transformation en profondeur. Seule l’action du Saint-Esprit peut rendre cela possible. Mais cela passera par deux impératifs :
Chercher le Christ, toujours : le Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ.
Porter un regard lucide sur soi-même, pour pouvoir identifier les freins et les blocages qui demeurent en nous.

Nous continuerons d’avancer si nous appuyons sur l’accélérateur de notre relation à Jésus-Christ et si nous desserrons le frein à main de nos blocages. Si vous faites l’un sans l’autre, vous n’avancerez pas. Mais si faites les deux, alors la route vous est ouverte !




Vivre le changement (4) la dynamique de l’Esprit

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Par le baptême, le croyant signifie son entrée officielle dans le peuple de Dieu, dans le royaume de Dieu. Ces mots évoquent pour nous des réalités diverses, voire nous plongent dans la confusion. C’est normal ! Même les proches de Jésus avaient du mal à comprendre, alors qu’ils avaient passé près de 3 ans avec lui. Mais les clarifications de Jésus ne vont pas aller dans le sens qu’ils imaginaient.

Lecture biblique: Actes 1.3-9

3 Après sa mort, Jésus se présente à ses apôtres, et il leur prouve de plusieurs façons qu’il est bien vivant. Pendant 40 jours, il se montre à eux et il leur parle du Royaume de Dieu. 
4 Un jour, pendant qu’il mange avec eux, il leur donne cet ordre : « Ne quittez pas Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis. Moi-même, je vous l’ai déjà annoncé : 5 Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, dans quelques jours, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint. »
6 Les apôtres sont donc réunis avec Jésus et ils lui demandent : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir le royaume d’Israël ? » 
7 Jésus leur répond : « Vous n’avez pas besoin de connaître le temps et le moment où ces choses doivent arriver. C’est mon Père qui décide cela, lui seul a le pouvoir de le faire.  8 Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. » 
9 Après que Jésus a dit cela, il monte au ciel sous les yeux de ses apôtres. Ensuite, un nuage le cache, et ils ne le voient plus.

Dans ses derniers moments sur terre, Jésus se focalise sur le Royaume de Dieu – c’est-à-dire, là où Dieu est roi, là où il règne en souverain maître. Manifestement c’est un peu nébuleux, et les disciples ne savent pas trop quoi faire de ce que Jésus leur annonce. Il parle de la venue de l’Esprit de Dieu sur les croyants, ce qui est arrivé peu après cette discussion, un jour de fête juive, la Pentecôte, ce que nous fêterons dimanche prochain. Ce don accomplit une promesse ancienne : dans les jours où Dieu se manifesterait, il enverrait son Esprit sur les croyants, comme une connexion intime et personnelle avec lui. Il habiterait non plus dans un temple de pierre, mais dans le cœur de ceux qui lui feraient confiance. Cette promesse s’accompagnait d’une autre : Dieu restaurerait son royaume. Pour le peuple d’Israël, qui a perdu son pays, son temple, son roi, la restauration du royaume c’est le rêve ultime. Imaginez un homme accidenté qui a perdu l’usage de ses jambes, la possibilité de se déplacer seul et de travailler : qu’imaginer de mieux que la guérison de ses jambes ?

Mais Jésus montre que Dieu a autre chose en tête, des projets plus grands que ce rêve-là.

1)     Un règne d’abondance

Jésus parle d’un royaume dans lequel on n’entre pas par un rite extérieur, comme un baptême d’eau, mais par une connexion intérieure avec Dieu – ce qu’il appelle le baptême de l’Esprit. Ca ne disqualifie pas le baptême d’eau ! Mais ce n’est plus le critère principal pour dire qui appartient à la famille de Dieu. Le baptême d’eau va servir de signe visible pour dire aux autres que nous avons déjà plongé dans une relation vivante avec Dieu, une relation spirituelle, profonde, intérieure – invisible mais rendue visible par la plongée dans l’eau. Derrière le signe extérieur, il y a une adhésion intérieure.

Le don de l’Esprit, c’est l’inauguration d’un règne d’abondance. Oui, jusque là, on cherchait Dieu, on l’appelait à l’aide, on l’attendait. Mais maintenant, Dieu se rend présent en nous. Non seulement il nous donne le pardon et une nouvelle chance en Jésus, mais en plus il vient habiter notre vie. Ce que Jésus promet aux croyants, c’est que nous n’aurons plus à chercher Dieu dans l’incertitude de le trouver – parce que Dieu qui est venu à nous en Jésus, vient en nous par l’Esprit. Ca ne veut pas dire qu’il réponde à toutes nos questions comme on le voudrait, mais sa présence nous imbibe jusqu’au plus profond de notre être. On passe du partiel/ de l’extérieur/ de la quête, à l’abondance et à la paix.

Je prends une image : imaginez que vous sortiez avec une jeune femme qui habite dans un autre pays. Vous vous aimez, mais s’appeler n’est pas toujours facile avec les horaires décalés, et pour vous voir c’est pire. Mais un jour, vous vous mariez et vous commencez à habiter ensemble : quelle différence ! Elle est là ! Tous les matins ! Vous prenez votre café ensemble, vous échangez sur les détails de la vie, vous partagez le quotidien. Tout n’est pas simple : il faut quand même s’apprivoiser, faire des efforts, veiller à la communication… Mais c’est le jour et la nuit par rapport à avant.

Quand Dieu vient habiter notre vie par l’Esprit, c’est un peu comme ça : il y a des temps de dialogue, et de silence, mais il est là, à portée de main, vous en avez l’assurance. Dieu est là pour vous, il partage votre quotidien, il vous montre son amour dans des petites et des grandes attentions, à chaque instant.

2)     Une vocation de témoins

Jésus promet aux disciples la présence de l’Esprit de Dieu, la présence de Dieu lui-même au cœur de leur vie. Mais Dieu ne vient pas seulement nous rejoindre, il donne un sens, un but, une orientation à notre existence : être témoins de Jésus là où nous allons.

Témoins. Les disciples ont demandé quand le royaume d’Israël sera restauré. Mais Jésus, lui, écarte la question : connaître les détails de l’avenir n’est pas notre responsabilité. Mais, même si nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait, nous avons un présent à vivre, dans lequel résonne une vocation : soyez mes témoins.

Les disciples vont être des témoins uniques, puisqu’ils sont témoins oculaires de Jésus ressuscité. Mais nous, qui n’avons pas connu Jésus physiquement, nous sommes aussi témoins de ce que Dieu nous montre par son Esprit, à travers Jésus.

Etre témoin, qu’est-ce que c’est ? Il y a de l’authenticité : je montre ce que je vis, je laisse ma relation intérieure avec Dieu renouveler mon quotidien, mes actes, mes paroles, mes pensées, mes désirs, mes valeurs. C’est exprimer la vérité de notre expérience avec Dieu. Mais Jésus va plus loin : il nous invite à proclamer, à partager, à inviter ceux qui nous entourent à découvrir le Dieu qui nous fait vivre.

Jésus parle d’un peuple qui grandit sans cesse : quelques dizaines à son époque, 1 bon milliard aujourd’hui. Pourquoi ? Par peur du prosélytisme, on pourrait tiquer… Peut-être même qu’il y a ici des personnes qui viennent pour la première fois, et qui se disent : « non, on va me faire signer quelque chose à la fin ?… »

Pas du tout ! Jésus ne nous demande pas d’imposer aux autres ce que nous croyons ! Qu’aurions-nous à y gagner ? Nous sommes heureux de partager ce culte avec vous, mais nous n’avons rien à vendre, il n’y a pas de piège, pas de condition cachée. Si nous partageons notre foi, ce n’est pas par intérêt, mais par joie, parce que Jésus nous fait vivre une expérience incroyable avec Dieu.

Quasiment tous, nous avons une passion : la pêche, la cuisine, les voitures, l’astronomie, le foot, la musique, la lecture, le scrapbooking, les animaux… Et vous le savez, quand on branche quelqu’un sur sa passion, on ne peut plus l’arrêter. Même le moins bavard… Tout simplement parce que sa passion le rend heureux.

Etre témoins, c’est être passionnés par Jésus : comme l’a dit Anna tout à l’heure, Jésus s’est donné pour nous par amour. Pour nous donner une vie vraiment libre, libre du regard des autres, libre de la culpabilité, libre de la peur, libre de nos défauts mêmes – une vie où tout est possible parce que Dieu y habite. Alors si on parle de Jésus, c’est tout simplement pour partager ce qui nous fait vibrer avec d’autres, la paix, la joie, l’espérance. Du cercle fondamental de notre intérieur, la vie avec Dieu va rayonner.

3)     Ouvrir les frontières

Vous l’avez compris, le Royaume dont parle Jésus n’est pas un royaume politique, avec des frontières, et un chef humain ! C’est d’abord un royaume intérieur, dans le sens où Dieu vient régner, habiter, en nous. Ce n’est pas un cadre tout fait dans lequel je dois entrer, mais une relation vivante avec Dieu, qui m’implique de la tête aux pieds. Et toutes les personnes qui reconnaissent Dieu comme leur Dieu, qui reconnaissent Jésus comme leur Sauveur, ces personnes forment ensemble le royaume visible de Dieu. Nous sommes ce matin un petit morceau de ce royaume !

Ce royaume n’a pas de frontière : Jésus dit bien aux disciples (qui n’ont pas compris tout de suite) que le royaume de Dieu va déborder les frontières d’Israël. La lumière que Dieu donne, on ne peut pas l’empêcher de rayonner.

Pour un Juif qui se définit comme membre du peuple élu, par la distance avec les autres, c’est presque impensable. Mais dans l’Eglise, Jésus nous demande de changer de mode de fonctionnement. Nous avons cette histoire où l’apôtre Pierre témoigne de Jésus à un étranger, Corneille, et découvre que dans la famille de Dieu il n’y a pas de frontières. NI extérieures, ni intérieures. L’apôtre Paul aura la même prise de conscience : tous, Juifs et non-Juifs, maîtres et esclaves, hommes et femmes, tous ont le même statut aux yeux de Dieu en Christ. Tous sont habités par l’Esprit. Donc ! tous ont la même valeur dans l’Eglise. Que ce soit des membres historiques de la communauté ou des petits nouveaux, des personnes bien vues socialement ou atypiques : le seul critère, c’est Jésus.

Alors c’est très beau, mais ce n’est pas très confortable… avec la différence arrivent les malentendus, les cultures qui s’entrechoquent, la nécessité de s’adapter, de tester de nouvelles choses, de trouver de nouvelles manières de vivre, mais c’est là, dans l’échange et l’exploration de nouveaux horizons, c’est là que Dieu se manifeste.  Imaginez si les disciples étaient restés à Jérusalem : nous n’aurions pas connu Jésus. Nous aurions raté ce qui nous fait vivre. Heureusement que les disciples ont pris des risques, heureusement qu’ils se sont pris la tête avec les petits nouveaux, les étrangers, les païens…

Conclusion

Juste avant de partir au ciel, Jésus laisse à ses disciples des paroles qu’ils ne décoderont que plus tard : la promesse d’une vie abondante avec Dieu, et la responsabilité de partager cette abondance avec ceux que nous rencontrons. Jésus ne dit pas que ça se fera dans le confort et la tranquillité – si vous lisez la suite, vous comprendrez mieux : il y a des persécutions, des procès… Mais c’est là notre identité de chrétiens, une identité donnée par Dieu lui-même : l’Esprit qui nous relie à Dieu, qui nous connecte à Jésus, cet Esprit nous donne une vie nouvelle, à expérimenter et à partager sans restrictions.