Une place pour elles

 

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Savez-vous qu’il existe au moins 500 journées mondiales dans l’année, pour des causes plus ou moins sérieuses ou importantes ? Certaines sont plutôt légères, voire farfelues. Par exemple :

  • 21 janvier : journée internationale des câlins (Hug Day)
  • 1er vendredi d’octobre : journée mondiale du sourire (à l’origine du fameux smiley !)
  • 1er samedi de septembre : Journée mondiale de la barbe
  • 4 mai : Journée mondiale Star Wars (May the Fourth… be with you)

D’autres journées sont soutenues par l’ONU, pour de grandes causes : en mémoire des victimes de l’Holocauste (27 janvier) ou de l’esclavage (25 mars), contre le travail des enfants (12 juin), journée internationale des femmes (8 mars), journée mondiale des réfugiés (20 juin), journée internationale de la paix (21 septembre)…

Mais savez-vous quelle est la journée qui est commémorée aujourd’hui, le 25 novembre ? La journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

J’ai une amie qui est à l’origine d’une initiative, en France, qui s’appelle “Une place pour elles”. Il s’agit de choisir une chaise dans un lieu public, éventuellement de la recouvrir d’un tissu de couleur, et d’y adosser une pancarte “Une place pour elles”. Une chaise vide pour signifier l’absence des femmes victimes de violences conjugales. Savez-vous que tous les trois jours, en France, une femme meurt sous les coups de son partenaire ? Chaque année, plus de 200 000 femmes se déclarent victimes de violences conjugales en France. Plus de 80 000 femmes adultes se déclarent victimes de viols ou tentatives de viols. Les chiffres explosent si on parle de toutes les violences dont sont victimes les femmes : physiques, psychologiques, verbales, sexuelles, économiques, spirituelles… que ce soit dans le couple, dans la famille, au travail ou ailleurs.

On en entend peut-être un peu plus parler aujourd’hui, après une certaine libération de la parole via les hashtags #MeToo ou #balancetonporc sur les réseaux sociaux, et suite à tous les scandales qui ont éclaté. Mais faut-il en parler dans l’Eglise ?

Il y a quelques jours, j’ai été contacté par une journaliste de l’hebdomadaire Réforme, pour un article qui est paru cette semaine à propos des violences faites aux femmes. Elle me demandait ce qu’on faisait et ce qu’on disait de ce sujet dans les Eglises évangéliques. Et j’ai bien dû répondre… qu’on n’en disait pas grand chose ! Vous en avez souvent entendu parler, vous, de ce sujet, dans une Eglise ?

Et pourquoi n’en parle-t-on pas, m’a-t-elle demandé ? Eh oui, au fait, pourquoi ? Penses-t-on que les cas ne se rencontrent pas dans les églises évangéliques ? Vraiment ? Se voile-t-on la face, pour préserver l’image de couples et de familles unis parce qu’on est chrétiens ? N’impose-t-on pas un silence qui fait peser un poids supplémentaire sur les femmes qui subissent ces violences, et qui n’osent pas briser le tabou ?

Aux USA, la parole s’est plus libérée qu’en France. Un hashtag #ChurchToo est apparu, dénonçant les violences subies, dans l’Eglise. Et des Eglises évangéliques, et même des responsables évangéliques, étaient aussi concernés !

La journaliste m’a aussi posé la question : pensez-vous qu’il soit légitime d’aborder ces questions dans les églises ? Oui, bien-sûr, ai-je répondu ! Pourquoi ? Parce qu’il y a un impératif biblique constant, qui traverse autant l’Ancein Testament que le Nouveau Testament : nous devons protéger et prendre soin des plus faibles, des rejetés, des victimes de toutes les violences.

Alors je me suis dit que j’allais en parler ce matin… D’autant que la Bible a bel et bien des choses à nous dire à ce propos. Je propose de l’évoquer dans un premier temps par une évocation globale de ce que la Bible nous dit des rapports entre les hommes et les femmes, puis dans un deuxième temps à partir d’un texte du Nouveau Testament qui évoque à quel type de relation nous sommes tous appelés en Christ.

Les hommes et les femmes dans la Bible

Au début, tout se passait bien, dans l’harmonie. Dans le récit de Genèse 1, l’homme et la femme sont créés en même temps, en parfaite égalité : “Dieu créa les humains à son image : il les créa à l’image de Dieu ; homme et femme il les créa.” (Gn 1.27) La Bible laisse même entendre que c’est en tant qu’hommes et femmes que les humains sont à l’image de Dieu !

Dans Genèse 2, tout est aussi paisible et harmonieux. Certes, dans ce récit, la femme est créée après l’homme… mais le texte souligne que tant que la femme n’avait pas été créée, l’homme n’était pas heureux. Dieu le constate : “il n’est pas bon que l’homme soit seul…” (Gn 2.18) Et l’explosion de joie (et d’amour !) de l’homme lorsqu’il voit la femme pour la première fois le confirme : “Cette fois, voici quelqu’un comme moi ! Elle tient vraiment de moi par tout son corps !” (Gn 2.23 – PdV)

Mais c’est en Genèse 3 que ça se complique ! Le Serpent met en doute la parole de Dieu, fait naître la suspicion dans le coeur de la femme et l’homme qui désobéissent à Dieu… et l’harmonie est brisée, avec Dieu, entre l’homme et la femme. “Ton désir se portera vers ton mari, et lui, il te dominera.” (Gn 3.16) D’un point de vue biblique, la domination de l’homme sur la femme est bien un conséquence du péché, pas l’expression d’un ordre créationnel ! On ne peut donc pas la justifier !

Mais le mal est fait. Et même si dans l’AT, quelques fois, Dieu parvient à faire émerger une femme, une prophétesse comme Miriam, la soeur de Moïse, ou même une Déborah pour délivrer son peuple, la domination masculine est écrasante…

Dans les évangiles, les choses semblent changer, un peu. Certes, les 12 apôtres sont des hommes… Mais bon nombre de femmes font partie des proches de Jésus, elles jouent un rôle important, plusieurs sont données en exemple de foi, les premiers témoins de la résurrection sont des femmes ! L’élan se poursuit dans le reste du Nouveau Testament. Dans les Actes des apôtres, Priscille a instruit Apollos, Lydie a été la première chrétienne en Europe. Dans les salutations de ses épîtres, l’apôtre Paul nomme plusieurs femmes et les appelle ses collaboratrices, Phoebé est désignée comme ministre de l’Église de Cenchrées, Junia même comme apôtre…

Pourtant tout n’est pas si simple et l’apôtre doit plusieurs fois répondre à des questions ou des problèmes quant à la place des femmes dans l’Eglise. Il faut faire avec les traditions et les cultures de l’époque, il faut alors fixer quand même certaines règles, veiller à ce que ce ne soit pas un contre-témoignage envers l’extérieur. C’est, à mon avis, les raisons des quelques restrictions qu’on voit figurer dans certaines épîtres.

Mais Paul ne parle pas des femmes dans l’Eglise seulement en terme de restrictions et de limites. Ainsi, quand il évoque le changement radical que l’Evangile apporte aux chrétiens, jusque dans leurs relations, il affirme avec force : “Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni hommes libres, ni hommes ni femmes ; car tous vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ.” (Galates 3.28)

Il évoque trois fractures qui existaient dans l’Eglise et qui étaient appelées à disparaître sous l’influence de l’Evangile : entre Juifs et non-Juifs, entre esclaves et hommes libres, entre hommes et femmes. Et il faut reconnaître, avec tristesse, que la troisième perdure aujourd’hui… peut-être parce qu’elle est aussi la plus ancienne. On l’a vu, elle remonte à la Genèse !

De nouvelles relations en Christ

Ailleurs dans le NT, plusieurs textes soulignent la nécessité de relations transformées par le Christ. D’ailleurs, à la suite de l’exemple laissé par Jésus-Christ, l’idéal évangélique quant aux relations, pour tous, hommes ou femmes, c’est la soumission mutuelle. “Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du Christ.” (Ephésiens 5.21) Ou comme le disait Jésus : “Si l’un de vous veut être le premier, il doit être l’esclave de tous.” (Marc 10.44)

Lisons ce que Paul écrit dans sa lettre aux chrétiens de Philippe. Ce sont les versets qui précèdent immédiatement ce grand hymne à la gloire du Christ qui a quitté la gloire du ciel pour se faire serviteur, jusqu’à la mort sur la croix :

Philippiens 2.1-4 (Bible en Français Courant)
1 Votre union avec le Christ vous donne-t-elle du courage ? Son amour vous apporte-t-il du réconfort ? Êtes-vous en communion avec le Saint-Esprit ? Avez-vous de l’affection et de la bonté les uns pour les autres ? 2 Alors, rendez-moi parfaitement heureux en vous mettant d’accord, en ayant un même amour, en étant unis de cœur et d’intention. 3 Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. 4 Que personne ne recherche son propre intérêt, mais que chacun de vous pense à celui des autres.

Pensez-vous que ce que dit l’apôtre Paul ici ne concerne pas les relations entre les hommes et les femmes ? Evidemment non ! L’exhortation est générale, fondamentale et vraie pour tout chrétien, homme ou femme. Elle est motivée par l’union avec le Christ, son amour pour nous, notre communion avec le Saint-Esprit, le lien qui nous unit entre croyants… Bref, tout ce qui fait le coeur de l’Evangile. Et l’enjeu n’est rien d’autre que l’unité de l’Eglise.

L’exhortation de l’apôtre se résume par cette formule choc, absolue : “Considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes.”

Il ne suffit pas de considérer les autres comme nos égaux, il faut les considérer comme supérieurs à nous-mêmes. L’idée n’est pas de se rabaisser soi-même mais d’élever l’autre. Il s’agit de refuser toute relation basée sur la domination en faveur d’une relation basée sur le service.

Encore une fois, l’exemple de Jésus s’impose. Lui qui a, littéralement, pris la posture du serviteur, de l’esclave, en lavant les pieds de ses disciples. N’a-t-il pas dit ensuite : “Je vous ai donné un exemple : ce que je vous ai fait, faites-le vous aussi.” (Jean 13.15)

En réalité, quand nous adoptons la posture du serviteur, toute tentation de domination tombe. Et il ne peut plus être question de violence puisqu’on recherche les intérêts de celui ou celle au service duquel ou de laquelle on se met !

L’exhortation est pertinente pour toute relation où la tentation de la domination existe. Elle est encore bien présente aujourd’hui entre les hommes et les femmes. Mais on la trouve aussi en lien avec la fonction (le ministère), avec l’expérience ou la connaissance, la culture, l’âge, etc.

Toute autorité dans l’Eglise est une autorité de service. C’est pourquoi il est anti-biblique, contraire à l’Evangile, qu’une autorité s’exerce par la domination, peu importe ici qu’on parle d’un homme ou d’une femme !

Conclusion

Dans l’article de Réforme, une psychologue témoigne du cas d’une femme qui lui avait confié qu’elle subissait des violences conjugales et qu’elle craignait pour sa vie. Elle lui avait conseillé de trouver de toute urgence un lieu pour être en sécurité mais elle apprend 4 mois plus tard que cette femme a été tuée par son mari. Et plusieurs années plus tard, elle apprend que cette femme était pourtant bien partie se mettre à l’abri chez sa mère… mais que c’est son Église qui avait fait pression pour qu’elle rentre chez elle !

Si aujourd’hui vous êtes dans un telle situation, pensez à vous, pensez à vos enfants si vous en avez. Mettez-vous à l’abri. Brisez le silence ! Et en tant qu’Eglise soyons prêts à l’entendre, à ne pas nous voiler la face.

Autour de vous, en dehors de l’Eglise, vous avez peut-être des femmes qui sont dans cette situation et qui vous tendent des perches, vous lancent des appels au secours dissimulés. N’y soyez pas sourds !

Et puis examinons toujours nos paroles, nos attitudes, nos relations, dans l’Eglise et en dehors. Demandons à Dieu de nos purifier de toute forme de violence, physique, verbale, psychologique, de toute tentation de domination. Et choisissons d’emprunter humblement la voie ouverte par Jésus-Christ, celle du service !




Combien j’aime ta loi !

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C’est l’histoire d’un homme… Un homme en grande difficulté. Peu à peu, il a tout perdu : son travail, sa position sociale, même ses amis les plus proches l’ont trahi. Sa vie a basculé et il se retrouve sans rien. La tentation est grande de tout envoyer balader, de tout lâcher, de faire comme les autres. Mais cet homme est un croyant juif d’il y a presque 3000 ans, et au milieu de l’épreuve, il se tourne vers Dieu. On dit que la difficulté révèle le vrai caractère des gens – qui nous sommes quand nous n’avons plus rien à perdre. Mais dans la difficulté, notre foi aussi se retrouve à nu. Dans la détresse, n’allons-nous pas à l’essentiel ?

Dans le livre des psaumes nous trouvons la prière de cet homme en détresse. Une prière qui se recentre sur l’essentiel au milieu des tensions et des tentations. Cette prière c’est le Ps 119, et j’en lirai un extrait.

Psaume 119.97-104

97 Ah, combien j’aime ta loi ! Elle occupe mes pensées tous les jours.

98 Ton commandement est mon bien pour toujours, il me rend plus sage que mes ennemis.

99 Plus que mes maîtres, j’ai de l’instruction, car je réfléchis longuement à tes ordres

100 Plus que les vieillards, j’ai du discernement car je prends au sérieux tes exigences.

101 J’ai refusé de suivre le chemin du mal, afin d’appliquer ce que tu as dit.

102 J’ai suivi fidèlement tes décisions, puisque c’est toi qui me les as enseignées.

103 Quand je savoure tes instructions, je leur trouve un goût plus doux que le miel.

104 Mon discernement vient de tes exigences, c’est pourquoi je déteste toutes les pratiques mensongères.

S’il y a une prière que je ne m’attendrais pas à entendre dans la bouche de quelqu’un qui souffre, c’est bien celle-là ! Combien j’aime ta loi ! Ta fidélité, ta puissance, ta patience, ta bonté, ta justice – oui ! Mais ta loi ? Tes commandements ? Quand vous cherchez le réconfort de Dieu, vous vous tournez vers sa loi ? Sans parler de détresse, dans les tensions du quotidien, à quoi regardez-vous ? Et même dans les temps de bonheur et de louange, je doute que votre adoration soit centrée sur les règles édictées par Dieu !

La loi de Dieu, avouons-le, ce n’est pas ce que nous préférons chez lui… Ce serait plutôt ce que nous tolérons dans notre lecture de la Bible : nous aimons l’Evangile, habité par un Jésus généreux et compatissant, accueillant, révolutionnaire, droit, puissant, humble et triomphant. Oui, lui nous l’aimons ! Le Dieu des Ecritures juives déjà nous paraît moins accessible. Et sa loi, quand nous arrivons à la lire, peu d’entre nous la goûtent ! La loi nous fait penser à un Dieu juge et sévère, voire accusateur. La loi… Nous préférons la grâce ! La loi évoque l’obéissance et la peur, la grâce évoque la liberté et l’amour !

Alors quoi, je déchire le psaume ? Je déclare que Jésus a annulé le psaume 119 ? Non, si cette prière est parvenue jusqu’à nous, nous chrétiens ancrés dans l’amour de Dieu, c’est qu’elle enrichit encore aujourd’hui notre relation avec Dieu.

1/ Quelle loi pour le chrétien ?

Combien j’aime ta loi ! dit cette prière. Mais est-ce que ça ne concerne pas seulement les croyants avant Jésus ? Nous, nous vivons par la grâce ! Sauf que Jésus a dit : je ne suis pas venu pour abolir la loi mais pour l’accomplir (Mt 5.17). Qu’est-ce que ça veut dire ? Déjà, quand on parle de loi, de quoi parle-t-on ? Dans la loi juive, dans l’AT, il y avait toutes sortes de règles, par exemple des règles pour s’approcher de Dieu, des protocoles sur le culte qui montraient qu’un homme coupable ne peut pas se présenter devant Dieu avec légèreté. Des règles sur les sacrifices, les aliments, les vêtements… Mais lorsque Jésus se donne, victime innocente et parfaite, pour porter le jugement de Dieu en réponse au mal que nous commettons, il remplit parfaitement ces protocoles, et les anciennes règles cultuelles ne sont plus d’actualité.

Il y a aussi les lois sociales de l’Ancien Testament. Israël était un peuple politique autant que spirituel, avec son organisation judiciaire, économique, sociale… Comment traiter l’étranger, le pauvre, le criminel, comment subvenir aux besoins communs, quels sont les devoirs d’un patron ou d’un époux ? Cette organisation est un exemple de ce qu’on peut vivre politiquement, dans un contexte donné, quand on veut appliquer les valeurs de Dieu. Lorsque Jésus envoie ses disciples dans le monde entier, lorsque l’Eglise se répand dans de nombreuses nations, les règles politiques d’Israël ne sont plus applicables telles quelles, mais les valeurs restent !

Jésus a lui-même toujours vécu selon les valeurs de Dieu, et il nous demande de rechercher la justice de Dieu, c’est-à-dire ce que Dieu trouve juste, ce qui est conforme à ses valeurs – tu aimeras Dieu, tu aimeras ton prochain, tu refuseras le mensonge et la violence, tu seras fidèle, tu ne te vengeras pas, tu choisiras la bienveillance, tu résisteras à la tentation quitte à renoncer à quelque chose qui t’est cher. Jésus reprend à son compte les principes de vie que l’on trouve déjà dans l’Ancien Testament.

Il n’y a pas de loi dans le sens où le chrétien ne compte pas sur ses bonnes actions pour obtenir l’amour de Dieu – de toute façon, nous sommes trop défaillants pour mériter  son approbation. Il n’y a pas de loi, car si nous sommes aimés de Dieu, c’est à travers le Christ, qui a mis sa vie juste et sa mort injuste à notre compte, afin que son innocence soit comptée comme la nôtre, et que nos défaillances soient comptées comme les siennes. Si Dieu nous offre son amour et la chance de vivre avec lui, c’est parce que le Christ permet cette relation libre avec lui. En cela, nous sommes sauvés par grâce, par la foi dans le don généreux de Jésus, et non par une loi que nous aurions respectée.

Mais la loi ne disparaît pas pour autant ! Être justes devant Dieu n’est plus le critère pour être aimé de lui, mais ça reste notre vocation ! Nous sommes sauvés pour vivre avec Dieu et comme Dieu, pour vivre selon ses valeurs. C’est la loi de Dieu qui s’inscrit dans notre cœur, qui devient notre vocation : être justes et bons comme Dieu.

2/ J’aime Dieu qui donne sa loi. (v.98-100)

Combien j’aime ta loi ! dit le psalmiste. Elle est plus douce que le miel, plus réconfortante que le meilleur gâteau au chocolat, plus savoureuse qu’un vieux comté, plus goûteuse qu’un steak bien grillé… Combien j’aime ta loi !

Est-ce que nous partageons cet enthousiasme pour la justice que Dieu nous appelle à vivre ? Cette justice, on peut la nommer loi, sainteté, droiture, vérité… Quel regard portons-nous sur cette justice que Dieu nous appelle à vivre ? Est-ce un regard de crainte (si je n’obéis pas, je perds mon salut) ? Est-ce un regard résigné (il faut bien le faire, il n’y a pas le choix, c’est notre devoir, notre croix) ? Est-ce un regard circonspect (on verra, on verra si ce que Dieu me demande est bien raisonnable) ?

Combien j’aime ta loi ! dit le psalmiste. J’aime ! Je ne crois pas que ce croyant était un juriste passionné de codes civils et de jurisprudence – non, je crois qu’il avait compris le sens de la loi. La loi que donne Dieu n’est pas faite pour trancher, pour casser, pour exclure, mais c’est une série de repères qui balise le chemin pour ressembler à Dieu. J’aime ta loi, dit le psalmiste, car elle me rend sage, elle m’instruit, elle me donne une orientation. J’aime ta loi, car ta loi, Seigneur, me montre comment être meilleur ! C’est un défi pour grandir selon tes valeurs !

Nous pouvons dire « J’aime ta loi » car elle nous montre les projets que Dieu a pour nous, elle nous fait entrevoir les personnes que nous pouvons devenir.

Dans la confusion, ô Dieu, j’aime ta loi qui montre tes priorités.

Quand je suis tenté par le mensonge, j’aime ta loi qui m’invite à des relations vraies.

Dans les difficultés du mariage, j’aime ta loi qui m’invite à être fidèle et persévérant.

Dans les conflits, j’aime ta loi qui m’invite à être de ceux qui répondent au mal par le bien.

Quand on m’insulte, j’aime ta loi qui m’invite au respect et au pardon.

Dans la tentation des relations faciles, j’aime ta loi qui m’invite à m’engager entièrement, pour la vie, et pas seulement pour une nuit.

Dans ma gestion de l’argent, j’aime ta loi qui m’invite à la générosité.

Au cœur de mon égoïsme, j’aime ta loi qui me pousse à servir l’autre.

Au-delà de la loi, nous aimons le Dieu qui nous presse de remplir notre vocation ! Et nous la remplirons – en comptant sur son Esprit qui nous façonne de l’intérieur à l’image de Dieu. En comptant sur sa patience lorsque nous nous trompons ou que nous échouons.

Combien je t’aime, Seigneur, car tu m’appelles au meilleur, à devenir cet être de vérité, de justice, de générosité, d’intégrité, d’amour, d’humilité, de patience… Sans cesse, à tout âge et en toutes circonstances, Dieu nous tire vers le meilleur.

3/ Et quand je n’aime pas, je choisis de croire ! (v.101-102)

J’aime Dieu qui me donne sa loi. J’aime la personne qu’il veut que je sois. Donc, j’aime le chemin qui y conduit… ou pas ! Car dans le détail, nous n’aimons pas toujours ce que Dieu nous demande de faire ou d’être. Ca varie d’ailleurs selon les gens : le jeune homme riche n’a pas aimé l’appel radical à la générosité (va et vends tout ce que tu as), l’apôtre Pierre n’a pas aimé l’appel à la paix quand les soldats ont arrêté Jésus (et il a tranché l’oreille d’un soldat), les disciples n’ont pas aimé le douloureux chemin que Jésus a emprunté (et ils ont fui devant sa mort).

Le chemin sur lequel Dieu nous appelle est un chemin qui nous élève et qui nous heurte. Un chemin de vérité qui à un moment confrontera ce qui est trouble ou faux en nous – et que nous aimerions bien garder, en le justifiant à notre façon. Pour certains, c’est le rapport à l’argent qui va coincer. Pour d’autres, la sexualité. Pour d’autres, le pouvoir. Pour d’autres, l’orgueil. Pour d’autres, la superficialité. Tous, confrontés à la personne que Dieu veut que nous devenions, tous nous nous heurtons à ce qui coince, à ces demandes divines qui appuient là où ça fait mal, ces demandes que nous ne comprenons pas ou que nous ne voulons pas.

90% du temps, nous comprenons. Nous admirons même les demandes de Dieu, les défis qu’il nous pose. Mais les 10% restants, on en fait quoi ? On déchire les pages ? On raye les demi-versets qui ne nous conviennent pas ? qui n’entrent pas dans notre éducation, notre culture, nos valeurs ?

La prière du psaume 119 dit : J’ai refusé de suivre le chemin du mal pour mettre en pratique ce que tu as dit. Je suis fidèlement tes décisions – pourquoi ? parce que c’est toi, ô Dieu qui me les a enseignées. Sur ce chemin que Dieu trace pour nous, à un moment, nous ne saurons plus où nous sommes, ou nous trouverons que son indication est peu réaliste, ou que la route est un peu cabossée – et c’est là que notre amour s’éprouve réellement, non pas pour la loi, mais pour le Dieu qui nous sauve et qui nous conduit. C’est en suivant Dieu aussi sur les chemins que nous n’aurions pas choisis, en obéissant à des demandes que nous n’aurions pas voulues, c’est là que nous marchons par la foi. C’est-à-dire, par la confiance envers celui qui nous sauve et qui nous guide, celui qui élabore des projets parfaits, celui qui dépasse nos idées nos concepts nos règles car il est Dieu.

Conclusion

Dieu trace un chemin pour chacun d’entre nous. Jésus nous le rend accessible et il nous y accompagne. Un chemin sur lequel nous ne pouvons marcher sans être transformés – transformés pour devenir meilleurs, aimants, justes et bons, des personnes bienfaisantes, des personnes qui ressemblent à Jésus et qui portent sa lumière au quotidien. Le processus peut être agréable – ou douloureux – mais osons suivre Jésus sur ce chemin – car c’est lorsque nous nous tenons auprès de Dieu, attentifs à ce qu’il nous dit, zélés pour agir comme lui, c’est là que nous vivons vraiment notre vocation, là que nous recevons vraiment sa vie abondante – et vivre avec Dieu est plus doux que tout ce que nous connaissons.




La vraie grandeur, c’est de servir

lavement des pieds 2

Quand je serai grande, je veux être…

Qu’est-ce que ça veut dire d’être grand ? Il y a l’âge, l’expérience, la maturité… Mais au quotidien, être grand implique parfois aussi d’être parmi les grands, parmi les premiers, au-dessus des autres. Certaines écoles supérieures diront à leurs étudiants : vous êtes l’élite de ce pays ! Certaines entreprises diront : si vous voulez être parmi les grands, faites plus et mieux que les autres – et nous vous récompenserons avec toutes sortes de privilèges. Dès la cour d’école, on est tenté de se hisser vers le haut pour être apprécié : en soignant son apparence, en cultivant le bon réseau, voire en critiquant les moins populaires. Pour accéder au statut désiré, rabaisser les autres peut être une étape. On le voit aussi dans nos familles : les disputes entre frères et sœurs pour avoir la plus grosse part du gâteau, la place devant dans la voiture, ou plus tard la meilleure part de l’héritage. Que nous osions l’avouer ou pas, l’ambition d’être grand pousse bien souvent à vouloir être plus grand que les autres, à se comparer, à saisir des privilèges, pour nous sentir  à la hauteur – en tout cas en hauteur.

Cette ambition peut avoir plusieurs sources : le désir d’excellence, ou d’être honoré, ou d’être privilégié, ou d’être dans les petits papiers du chef, ou d’avoir du pouvoir/ de peser dans la balance. Plusieurs sources, plusieurs formes, mais l’ambition d’être plus grand ne vient pas que de notre société compétitive – déjà au temps de Jésus, le problème est bien présent.

Quelle grandeur?

Alors que Jésus chemine vers Jérusalem avec ses plus proches disciples, le sujet est abordé.

Lecture biblique Marc 10.35-45  

35 Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, vinrent auprès de Jésus. Ils lui dirent : « Maître, nous désirons que tu fasses pour nous ce que nous te demanderons. » — 
36 « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » leur dit Jésus. 
37 Ils lui répondirent : « Quand tu seras dans ton règne glorieux, accorde-nous de siéger à côté de toi, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche. » 
38 Mais Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire, ou recevoir le baptême de souffrance que je vais recevoir ? » 
39 Et ils lui répondirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « Vous boirez en effet la coupe que je vais boire et vous recevrez le baptême que je vais recevoir. 40 Mais ce n’est pas à moi de décider qui siègera à ma droite ou à ma gauche ; ces places sont à ceux pour qui Dieu les a préparées. »
41 Quand les dix autres disciples entendirent cela, ils s’indignèrent contre Jacques et Jean.
42 Alors Jésus les appela tous et leur dit : « Vous le savez, ceux qu’on regarde comme les chefs des peuples les commandent en maîtres, et les grands personnages leur font sentir leur pouvoir. 43 Mais cela ne se passe pas ainsi parmi vous. Au contraire, si l’un de vous veut être grand, il doit être votre serviteur, 44 et si l’un de vous veut être le premier, il doit être l’esclave de tous. 45 Car le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour se faire servir, mais il est venu pour servir et donner sa vie comme rançon pour libérer une multitude de gens. »

Jésus en parlera plusieurs fois avec ses disciples : pour lui, l’ambition est un enjeu essentiel. Revenons sur ce dialogue pour voir ce que Jésus nous invite à vivre.

35-37 Jésus marche devant. Jacques et Jean se détachent du peloton des disciples et se rapprochent de Jésus. « Promets que tu diras oui à notre demande ! » C’est toujours louche de commencer par ça !

Ils veulent partager le triomphe de Jésus.  Vous allez me dire, c’est déjà une confession de foi : ils ont compris que Jésus est le Roi éternel. Mais du coup ils calculent comment ça peut tourner à leur avantage. Ils veulent être les ministres, les proches, du Roi éternel.

Mais pourquoi cette demande ? Jésus vient de leur parler de ce qui l’attend à Jérusalem : Marc 10. 33 Il leur dit : « Écoutez, nous montons à Jérusalem, où le Fils de l’homme sera livré aux chefs des prêtres et aux maîtres de la loi. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens. 34 Ceux-ci se moqueront de lui, cracheront sur lui, le frapperont à coups de fouet et le mettront à mort. Et, après trois jours, il se relèvera de la mort. »

C’est la 3e fois que Jésus évoque sa mort et sa résurrection. Et sur quoi met-il l’accent ? sur la souffrance ! Le fils de l’homme (il parle de lui-même) sera : arrêté par les autorités juives, condamné à mort, emprisonné par les autorités romaines, insulté, humilité, torturé et mis à mort. Et après il reviendra à la vie.

Mais les disciples ont surtout retenu la fin – la partie souffrance, elle est vite oubliée.

38 Jésus, peiné par la question, les renvoie à ce qu’il vient de dire – « Vous voulez l’honneur et la victoire ? Et le chemin de douleur qui y mène ? Vous le voulez ? »

Jacques et Jean me font penser à des supporters sportifs qui iraient voir Usain Bolt (médaille d’or JO 2016 au sprint 100m) : « dis, dis, on peut monter sur le podium avec toi ? » Et Usain Bolt de répondre : « et vous, vous pouvez faire ce que je fais pour atteindre ce niveau d’excellence ? Est-ce que vous avez passé des heures, des mois, des années à vous entraîner pour y arriver ? Est-ce vous avez supporté le stress qui précédait cette course historique au point d’en être malade ? »

Jésus fait référence à sa souffrance avec deux images : la coupe de douleur et le baptême de souffrance. La coupe de douleur vient des prophètes juifs et évoque non seulement une épreuve à traverser, mais aussi le jugement de Dieu sur le mal et ceux qui le commettent. Jésus ne va pas seulement avoir mal, il va payer de sa vie le mal que nous commettons.

Le baptême, c’est un bain, une immersion, souvent en signe de repentance et de désir d’être purifié par Dieu. Mais la souffrance fatale de Jésus, elle va au-delà : elle compense nos fautes pour que nous puissions nous repentir devant Dieu, pour que nous puissions avoir un nouveau départ.

39a Ô douce naïveté : nous le pouvons ! En fait, ils n’avaient rien compris !

39b-40 Et Jésus se reprend : oui c’est vrai, ils vont avoir le même destin. Pas dans le sens du sacrifice : un seul pouvait donner sa vie pour tous, un seul – le seul juste et innocent – pouvait se charger de toute injustice pour nous en libérer. Mais les disciples, parce qu’ils ont décidé de suivre Jésus, vont eux aussi traverser beaucoup de difficultés : ils seront rejetés, persécutés, voire mis à mort.

Jacques & Jean demandaient l’honneur, Jésus leur parle de sacrifice et d’un engagement coûteux. Pour clore le débat, il leur dit même que ce n’est pas son problème : un autre que lui (Dieu le Père) s’occupera d’attribuer les honneurs éternels.

41 – 42a Devant l’indignation des autres disciples, sûrement jaloux, Jésus en profite pour donner une leçon générale – et il commence par parler de ceux qui ont les honneurs, le pouvoir, dans la société : les grands de ce monde, prompts à écraser leurs subordonnés pour se servir eux-mêmes – dans le commerce, l’entreprise ou la politique : là non plus, pas de changement ! C’est la loi du plus fort qui règne.

43a : Mais entre vous, que cela ne se passe pas ainsi… ah non pardon : cela ne se passe pas ainsi. Pas de ça chez vous !! Jésus n’exprime pas un souhait ou un ordre, mais une constatation : quand on vit avec Jésus, une autre règle s’applique. Quand on vit avec Jésus, notre rapport au pouvoir et aux honneurs change. Comment on se différencie de ceux qui ne connaissent pas Jésus ? Pour quoi les chrétiens, ou l’Eglise, sont-ils connus ? Est-ce que c’est parce qu’ils ont un autre rapport au pouvoir ?

La grandeur, le pouvoir, le statut, c’est vraiment un enjeu de poids – sur nos lieux de travail (quels gadgets/ quels voyages/ quelle voiture j’exhibe pour montrer mon statut social ?) ; dans les familles entre frères et sœurs (moi je suis le préféré – non c’est moi !) ; dans l’église aussi, avouons-le (moi j’ai des responsabilités… je suis pasteur ! missionnaire ! président ! ou tout simplement… dans l’église depuis tant d’années, j’ai tant fait pour l’église, je donne tant… donc : j’ai un certain rang).

43b-44 Chez vous, dit Jésus, la vraie grandeur c’est de servir. D’oeuvrer pour les intérêts de l’autre – quitte à vous abaisser, quitte à renoncer aux honneurs et aux privilèges, quitte à passer derrière ou à passer votre tour. Chez vous, la vraie grandeur c’est de servir.

C’est la troisième fois que Jésus en parle : la grandeur n’est pas un rang qu’on atteint en poussant les autres, mais elle passe par le service.

La vraie grandeur, c’est de servir. Et Jésus explique pourquoi. 45 Dieu, le très-haut, devient un fils d’homme, un homme faible et limité, il renonce à ses privilèges pour accomplir ce qu’aucun homme ne peut faire : le salut pour l’humanité. A Jérusalem, Jésus va tout donner, et tout perdre : sa réputation, ses amis, sa vie, sa justice – pas pour servir ses intérêts, mais pour servir ceux des autres.

Et cette attitude qui le mène à la croix, on la voit partout : quand il touche les lépreux pour les guérir, quand il accueille des gens de mauvaise réputation, quand lui, le Roi céleste, lave les pieds de ses disciples à la manière d’un simple serviteur, en leur disant : ce que je fais, faites-le vous aussi.

Servir, c’est la vraie grandeur parce que le plus grand que nous connaissions, Dieu lui-même, nous a servis en Jésus-Christ. Qu’est-ce qui peut être plus grand que de vivre comme Dieu lui-même ? En le suivant sur le chemin du service, nous laissons la mesquinerie des luttes de pouvoir ou d’honneur pour expérimenter la vraie noblesse, la grandeur de Dieu.

Dans notre vie

La vraie grandeur, c’est de servir. A quoi ça peut ressembler dans notre vie ?

Dans notre église, par exemple, ça peut être de participer aux tâches jugées parfois ingrates : venir faire le ménage en semaine de temps en temps, débarrasser et faire la vaisselle après un repas d’église, raccompagner quelqu’un après le culte. Mais il n’y a pas qu’à l’église qu’être disciple de Jésus nous pousse à servir : à la maison, quand on participe aux tâches quotidiennes ; au travail, quand on prend sur soi pour aider un collègue ; dans les transports ou les magasins, quand on cède sa place à quelqu’un. Au lycée, quand on va parler à celui que tous rejettent. C’est une attitude globale.

Mais certains diront : chacun sa tâche, moi je suis plutôt doué pour enseigner, parler, diriger la louange, animer un groupe d’étude… D’autres pourront le faire, j’ai des tâches plus importantes. Mais Jésus ne répartit pas les rôles : il enseigne, et il lave, et il nourrit, et il supporte. Si rien n’était trop indigne pour le fils de Dieu lui-même, qui sommes-nous pour nous penser exempts de servir ? Ou vous dites peut-être : je n’aime pas ça, je ne suis pas doué. Mais est-ce que Jésus aimait laver des pieds sales et puants ? Est-ce qu’il a aimé mourir sur la croix ?

La vraie grandeur c’est de servir. Jésus ne dit pas que la vraie grandeur c’est de s’abaisser, pour le plaisir de s’humilier ! Non, c’est de servir, servir quelqu’un. C’est ce qu’il a fait : il n’est pas mort pour montrer la puissance de sa vitalité lors de sa résurrection, mais il est mort pour nous ! Quand nous servons, au-delà de la tâche elle-même, c’est l’autre que nous servons.

Ceux qui font le ménage à l’église n’ont pas pour passion de nettoyer les WC, mais ils le font pour nous, pour qu’on vive le culte dans un cadre agréable. Comme un cadeau. D’autres s’engagent parce qu’ils voient un besoin – que ce soit dans un service d’église (comme avec les enfants) ou en dehors (renoncer à une sortie mensuelle pour pouvoir parrainer un enfant par le SEL, c’est aussi servir). C’est ça aussi, s’aimer les uns les autres !

J’ai rencontré il y a quelques années des gens très serviables mais qui utilisaient leur service pour se faire leur place dans l’église ou asseoir leur rang dans leur famille. Chez les chrétiens, le service devient parfois un lieu de compétition. Mais pour Jésus, servir c’est laisser de côté la compétition, arrêter de réfléchir à ce que nous allons y gagner ou comment les autres vont nous voir, pour nous concentrer sur ce qui fait du bien à l’autre.

Oui mais Jésus, c’est Jésus ! Il est parfait ! Certes, mais il nous remplit de son Esprit, il nous transforme de l’intérieur – pour bousculer nos priorités et nous apprendre à lui ressembler. Imaginez que tous les chrétiens soient connus pour leur humilité, pour leur attention envers les plus petits, pour leur simplicité. Imaginez l’impact dans nos réseaux professionnel ou scolaire, amical et familial, si nous exerçons nos responsabilités en donnant la même valeur à tous ceux que nous côtoyons, et en veillant à leurs intérêts ; si nous laissons de côté la question des privilèges ou de notre image de marque ; si nous sommes déterminés à ressembler au Christ de plus en plus.




Se laisser déranger

Je vous propose ce matin de cheminer, pas à pas, avec le récit d’une rencontre de Jésus dans l’évangile selon Marc. Etape par étape, nous nous laisserons interpeller par le récit et nous en tirerons finalement quelques leçons, pour nous aujourd’hui. Le récit se trouve en Marc 10.46-52.

46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho, puis ils sortent de la ville avec une grande foule. Un aveugle appelé Bartimée, fils de Timée, est assis au bord du chemin, c’est un mendiant.

Vous avez remarqué ? Le mendiant de cette histoire a un nom… il s’appelle Bartimée. Pourtant, il n’y a rien de plus anonyme qu’un mendiant. Surtout au milieu d’une grande foule. Vous connaissez, vous, le nom des SDF que vous croisez sur les trottoirs près de chez vous ?

Un mendiant, en général on l’ignore, ou on lui donne une petite pièce en passant. Mais souvent, il nous dérange, il ne nous donne pas vraiment bonne conscience… Quand il n’y a pas de notre part un jugement : “ce n’est certainement pas un hasard s’il en est arrivé là !”

Mais le mendiant de notre histoire a un nom. Rien ne nous dit qu’il était particulièrement connu. Peut-être même que son nom n’est devenu connu qu’après cet épisode, à cause de ce qu’il a vécu… Mais pour tous les lecteurs de la Bible depuis près de 2000 ans, cet homme à la sortie de Jéricho s’appelle Bartimée, fils de Timée.

47 Quand il apprend que Jésus de Nazareth arrive, il se met à crier : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »
48 Beaucoup de gens lui font des reproches et lui disent : « Tais-toi ! » Mais l’aveugle crie encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! »

Bartimée a beau être aveugle, il n’est pas muet ! Il a même visiblement une voix qui porte, jusqu’à couvrir le bruit de la foule. Et ça dérange…

La réaction de la foule aux cris de Bartimée est symptomatique : “Tais-toi !” Ce n’est peut-être pas toute la foule qui s’exprime… mais c’est quand même “beaucoup de gens”. Et les autres n’en pensent sans doute pas moins !

Déjà quand il mendie au bord de la route, il dérange, mais il pourrait au moins faire profil bas et rester discret… Non, il crie et appelle Jésus. Quel culot ! On essaye de le faire taire et il crie encore plus fort ! Non, il ne se taira pas !

Il interpelle Jésus, il réclame sa compassion.

49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » Les gens appellent l’aveugle en lui disant : « Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! »

La foule essaye de faire taire Bartimée, Jésus, lui, est prêt à se laisser déranger par lui. Au milieu de la foule, sans doute bruyante, il entend Bartimée qui l’appelle. Alors il demande qu’on le fasse venir à lui. Il veut l’extraire de la foule, le sortir de son anonymat.

Ici, je m’amuse du changement d’attitude des gens. Avant, ils disaient tous à Bartimée de se taire. Maintenant, ils l’encouragent : « Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! » On ne peut pas faire confiance à une foule… c’est tellement versatile ! Mais au moins maintenant, leur attitude envers Bartimée est bien meilleure…

C’est l’accueil de Jésus qui fait passer les voix de la foule de “Tais-toi !” à “Courage ! Lève-toi !” Le regard qu’il porte sur Bartimée change l’attitude de la foule à son égard. C’est le regard que porte le Christ sur mon prochain qui devrait orienter mon attitude envers lui… alors que je peux facilement en rester à un regard de méfiance, de peur ou de jugement.

50 L’aveugle jette son manteau, il se lève d’un bond et il va vers Jésus.

Je vous rappelle qu’il est aveugle quand même ! Il jette son manteau, se lève d’un bond et va vers Jésus… et il n’y voit rien du tout !

Comment sait-il où est Jésus ? Est-ce que la foule le guide ? Ou se base-t-il sur la voix de Jésus qui l’appelle ? Je n’en sais rien…

En tout cas, il n’y a pas d’hésitation de sa part, et son enthousiasme impressionne. Il est aussi prompt à bondir vers Jésus qu’à crier jusqu’à ce qu’il soit entendu ! Quand on lui dit “Lève-toi”, il ne répond pas : “Mais je suis aveugle, je ne peux pas aller jusqu’à Jésus !” Il ne demande pas qu’on le conduise, ou qu’on demande à Jésus de venir lui-même…

Sans hésiter, il se lève ! Je ne suis pas sûr que nous ayons toujours le même enthousiasme à répondre à l’appel de Jésus… On dirait peut-être plutôt : une fois que je serai guéri, je me lèverai. Quand j’aurai retrouvé la vue, je répondrai. Quand j’aurai reçu une réponse à ma prière, quand j’y verrai parfaitement clair dans ma vie, pour mon avenir, alors je me lèverai…

51 Jésus lui demande : « Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Maître, fais que je voie comme avant ! »
52 Jésus lui dit : « Va ! Ta foi t’a sauvé ! » Aussitôt l’aveugle voit comme avant et il se met à suivre Jésus sur le chemin.

Non mais c’est quoi cette question de Jésus ? Franchement, ce n’est pas évident ce que veut Bartimée ? Jésus est en train de demander à un aveugle ce qu’il veut qu’il fasse pour lui…

Notez que la réponse de Bartimée (“Maître, fais que je voie comme avant !”) nous apprend qu’il a perdu la vue : il n’est donc pas aveugle de naissance. Jusqu’ici c’était un mendiant perdu dans la foule, maintenant on apprend un peu de son histoire. Le mendiant anonyme est en train de devenir Bartimée. Jésus ne veut pas seulement le guérir, accomplir un miracle. Il veut que Bartimée retrouve sa dignité, que la foule cesse de le voir seulement comme un mendiant…

Mais Jésus va bien le guérir. Et sur la base de sa foi : “ta foi t’a sauvé !” Mais est-ce qu’il ne va pas un peu vite ? De quelle foi parle-t-il ? Bartimée n’a pas fait une déclaration de foi en bonne et due forme, il n’a pas dit, comme Pierre, le bon élève : “Je crois que tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !” Bref, Bartimée n’a pas montré patte blanche évangélique !

Jésus voit au coeur, OK. Mais peut-être aussi la foi de Bartimée transparaît-elle dans son attitude : sa soif de rencontrer Jésus, son enthousiasme à répondre à son appel… D’ailleurs, une fois guéri, il suit Jésus. C’est bien l’attitude du disciple… Jésus n’en demandait pas plus. Nous, on en aurait peut-être demandé plus !
Relisons le récit :

Marc 10.46-52
46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho, puis ils sortent de la ville avec une grande foule. Un aveugle appelé Bartimée, fils de Timée, est assis au bord du chemin, c’est un mendiant.
47 Quand il apprend que Jésus de Nazareth arrive, il se met à crier : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »
48 Beaucoup de gens lui font des reproches et lui disent : « Tais-toi ! » Mais l’aveugle crie encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » Les gens appellent l’aveugle en lui disant :
« Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! »
50 L’aveugle jette son manteau, il se lève d’un bond et il va vers Jésus.
51 Jésus lui demande : « Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Maître, fais que je voie comme avant ! »
52 Jésus lui dit : « Va ! Ta foi t’a sauvé ! » Aussitôt l’aveugle voit comme avant et il se met à suivre Jésus sur le chemin.

Se laisser déranger

L’attitude de Jésus, celle de la foule, l’enthousiasme de Bartimée… cet épisode nous interpelle.

Il y a, d’abord, cette figure du mendiant, qui dérange… et qui fait tout pour déranger la foule par ses cris qu’on cherche à étouffer. Et, en contraste, l’accueil de Jésus qui se laisse déranger, et qui arrive à faire changer d’attitude à la foule.

Quel est l’accueil que nous réservons à ceux qui nous dérangent, dans notre vie, dans notre Eglise ?

Dans notre quotidien, il y a tant de personnes qu’il est tellement facile d’ignorer… parmi nos voisins, nos collègues de travail ou d’étude, ceux que nous croisons parfois tous les jours. On ne s’en rend même plus compte. On les ignore même, parfois, quand ils font appel à nous. Leurs appels ne sont pas toujours aussi explicites que les cris de Bartimée… Mais on peut facilement ne plus être capable d’entendre leur appel, parce qu’on est trop préoccupé par nos soucis, notre zone de confort, notre bien-être, notre vie privée, notre équilibre… Parce qu’on n’est pas prêt à se laisser déranger.

La même question, nous pouvons nous la poser en tant qu’Eglise… En théorie, bien-sûr, notre Eglise est ouverte, nous accueillons tout le monde. En théorie… Mais en pratique ?Allez-vous à la rencontre de ceux qui sont là pour la première fois ? Vous n’êtes peut-être pas très à l’aise pour parler, mais vous pouvez au moins dire bonjour, accorder un regard bienveillant et accueillant. Et cela, y compris s’ils n’ont pas le code vestimentaire évangélique : une jupe trop courte à notre goût, un tatouage ou un piercing trop voyant. Ils ne sont peut-être pas très à l’aise, pas souriants, ils ne connaissent peut-être rien aux codes évangéliques, à ce qu’il faut dire, ce qu’il faut faire quand on vient dans une église, ils n’ont rien à voir avec le « chrétien moyen » qui, lui, ne nous dérange pas du tout… On est tellement prompt à juger, à enfermer dans des cases, à se laisser piéger par des a prioris !

Jésus, lui, s’est laissé déranger par Bartimée. On est frappé, dans les évangiles, par sa disponibilité, l’accueil qu’il réservait à tous, les invitations auxquelles il répondait, au risque de se faire critiquer par les chefs religieux bien pensant. On est frappé par son accueil bienveillant, sans jugement, et sa capacité à discerner la foi là où elle n’est pas toujours évidente pour nous.

Jésus est l’expression de la grâce de Dieu, qui accueille tous ceux qui viennent à lui. Il est venu pour cela ! C’est pour cela que le Fils de Dieu est devenu homme : pour venir à notre rencontre, jusque dans sa mort. Et sa résurrection nous ouvre les portes d’une espérance éternelle, dans une rencontre toujours renouvelée avec le Dieu de grâce.

Et heureusement qu’il en est ainsi, car comment pourrions-nous espérer être accueilli par lui aujourd’hui s’il ne nous accueillait pas avec grâce ? Et si nous sommes ses disciples, alors laissons-nous inspirer par son exemple d’accueil et de grâce. Comme lui, laissons-nous déranger. Et ouvrons-nous à des rencontres surprenantes, au-delà de nos a prioris et nos jugements.




Motivés par l’essentiel (3) Créés pour ressembler au Christ

Au cours des années, il m’est arrivé de rencontrer quelques personnes vraiment lumineuses. Des gens tout simples, d’apparence ordinaire (dans la rue je ne les aurais pas remarqués) mais quand ils commençaient à parler, c’était incroyable – ils irradiaient littéralement. Il y avait même quelque chose de l’ordre de la beauté, un peu comme un tableau d’art.

On a tous des gens qui nous ont marqués : souvent des personnes qui vous ont fait plaisir, ou qui vous ont donné de la joie, ou vous ont soutenus dans les difficultés… et puis il y a ces personnes qui vous ont montré qu’un autre chemin était possible : ils vous ont inspirés par leur sens de la justice, nourris par leur soif de vérité, fait du bien par leur attitude aimante et pacifique. Les rencontrer a marqué un tournant dans votre vie. Pour certains, c’est même des personnes qui ont marqué l’histoire et qui donnent le cap – comme un grand scientifique ou une personne qui s’est battue pour les autres. Ce sont des gens dans la meilleure version d’eux-mêmes, qui nous donnent envie de nous aussi devenir meilleurs.

Pourtant, si rencontrer ces gens nous inspire et nous remplit d’enthousiasme, il nous est bien difficile nous-mêmes de devenir comme eux, aussi lumineux. Et puis, nos « modèles » ont toujours leurs limites, leurs faiblesses – on le sait, ils sont humains comme nous, mais ça ne nous empêche pas d’être parfois profondément déçus quand la personne qui nous a fait si forte impression révèle son côté sombre.

Rechercher le meilleur modèle   

Un des disciples de Jésus, l’apôtre Paul, écrit aux chrétiens de Corinthe, en Grèce, justement sur ce sujet : qu’est-ce qui m’influence ? Qu’est-ce qui me tire vers le haut ? On peut s’inspirer de la vie de nombreuses personnes, mais pour lui, la plus grande source d’inspiration, celle qui ne nous décevra jamais et dont on ne peut pas atteindre les limites, c’est celui qui n’a pas de côté sombre : Dieu, celui qu’il appelle le Maître, le Seigneur. Selon la Bible, nous avons été créés pour ressembler à Dieu qui se révèle parfaitement à travers le Christ.

2 Corinthiens 3.18

18 Nous tous, le visage découvert, nous reflétons la gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur et nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore. Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l’Esprit.  

Je n’ai pas lu ce qu’il y avait avant, donc ça peut paraître bizarre. Paul parle de la spécificité de notre relation avec Dieu à travers Jésus, et il fait la comparaison avec la relation entre Dieu & Moïse (le grand prophète, le chef qui a conduit le peuple juif hors de l’Egypte, en passant par la mer rouge etc.). Moïse était très proche de Dieu – il y a notamment une période où il a passé de longues semaines seul en haut d’une montagne à noter par écrit le projet que Dieu avait pour son peuple. Ils étaient proches mais bien sûr Moïse ne le voyait pas directement. Quand il faisait des pauses et redescendait, il était si lumineux que le peuple avait presque peur ; alors Moïse mettait un voile pour atténuer son éclat. Imaginez que vous soyez si lumineux que vous en éblouissez les autres – et qu’ils doivent mettre des lunettes de soleil 😉 Nous avons chanté : ébloui, éblouis par Dieu – Moïse était ébloui par dieu, il était exposé à sa présence lumineuse au point d’en devenir éblouissant lui-même.

L’idée de Paul, c’est que Moïse n’a vécu cette expérience lumineuse que pendant une courte période – et voyez le résultat ! Mais le Christ révèle parfaitement qui est Dieu – c’est comme si Dieu était derrière nous et qu’il se laissait voir dans le reflet d’un miroir devant nous. L’image que nous voyons sur le reflet, c’est Jésus-Christ. Nous ne voyons pas encore Dieu complètement, mais nous avons déjà une image de lui très précise et très concrète, en Christ. Donc lorsque nous regardons Jésus par nos yeux ou à travers les récits de l’Evangile qui nous le décrivent, nous avons une représentation nette de la gloire, de l’être-même de Dieu (la gloire c’est le poids, la valeur, l’ampleur d’une personne). Lorsque nous regardons le Christ, il nous renvoie l’éclat de la lumière qui est en Dieu – et il n’est pas possible d’en sortir indemnes ! Quand vous allez au soleil, vous revenez avec de belles couleurs, imaginez le bien que nous fait la lumière de Dieu.

Mais la lumière nous transforme aussi à l’intérieur : comme le soleil vous fait secréter de la vitamine D qui est bonne pour vos os, votre humeur ou votre immunité, s’exposer à la lumière de Dieu fait naître en nous de bonnes choses. Dieu, quand nous nous tournons vers lui à travers Jésus, Dieu nous inspire, nous motive, nous guérit, nous corrige, nous allège – il nous transforme. Il répare ce qui est tordu, assainit ce qui moisit, fortifie ce qui est faible.

Alors, est-ce qu’on a vraiment besoin d’être réparés ? Est-ce que nos défauts ne font pas partie de notre charme ? Faut-il absolument de devenir meilleurs ? On l’entend souvent : si tout le monde était parfait, on s’ennuierait…

Est-ce que c’est si vrai, que sans nos défauts, la vie perdrait de son charme ?

Evidemment, si vous pensez à un artiste tellement dans les nuages qu’il en est un peu tête en l’air, ou à quelqu’un de si spontané qu’il met parfois les pieds dans le plat…

Mais nos défauts, en vrai, c’est pas ça ! c’est ce qui  nous attriste quand on se regarde dans la glace : nos mensonges, trahisons, échecs, colères, peurs, agressivité, tout ce qui est tordu voire pervers que nous ne voulons pas toujours avouer… ce qui peut vite nous faire basculer dans celui qu’on ne veut pas être, ce qui nous fait fuir chez l’autre. Je crois qu’on s’en passerait bien, de ça, non ? de ces poids, de ces fardeaux, de ces lourdeurs, de ces pilotages automatiques qui nous emmènent parfois droit au désastre…

Une chose que Paul et les ouvrages de développement personnel ont en commun : le processus est progressif ! Ca c’est sûr ! Mais la différence, c’est qu’est-ce qui me transforme. Combien de fois j’ai essayé d’être gentille, paisible, altruiste, courageuse – par moi-même c’est des sauts de puce et quand je m’améliore d’un côté, je relâche d’un autre. Mais la bonne nouvelle de l’Evangile (Evangile ça veut dire bonne nouvelle), c’est qu’en Jésus, Dieu lui-même porte nos défaillances – quand dieu me regarde à travers le miroir de la foi, il voit la justice la bonté et la paix de Jésus. Et quand je regarde Jésus, je reçois la vie de Dieu lui-même, qui par son saint esprit répare nos défaillances. Quand je me tourne vers Jésus, sa lumière agit en moi – et il met toute sa force pour me faire progresser.

De là où nous sommes, quel que soit notre parcours de vie, nous aspirons à un mieux, nous aspirons à devenir meilleurs, une meilleure version de nous, plus belle, plus généreuse, plus humble, plus courageuse ! A qui regarder ? Nous pouvons nous inspirer de milliers d’exemples, mais seul le Christ nous met en contact avec la source de toute justice, de toute joie, de toute vérité et de toute paix, d’un amour inégalé – et cette source nous transforme de l’intérieur.

S’exposer activement à la lumière du Christ  

Alors si c’est Dieu qui me transforme, je n’ai plus rien à faire ?! Si, bien sûr. Dieu ne me transforme pas malgré moi : c’est un processus où je suis impliqué ! Pour grandir, pour ressembler de plus en plus au Christ, je dois m’exposer activement à sa lumière. Et ça veut dire deux choses : 1/ renoncer à ce qui est sombre, 2/ rechercher tout ce qui est lumineux, tout ce qui vient de Dieu.

1/ Renoncer à ce qui est sombre. On ne peut pas suivre des influences contradictoires dans notre vie. Si nous voulons nous rapprocher de Dieu, nous devons renoncer à ce qui nous éloigne de lui. Si nous voulons plus de lumière, nous devons renoncer à ce qui tue la lumière en nous. Ca peut être renoncer à des penchants dégradants ou des habitudes destructrices, mais aussi à des fonctionnements stériles ou à des valeurs égoïstes. Peut-être aussi réfléchir à ce qui m’influence dans ma vie : ce que je regarde, ce que j’écoute, qui je fréquente (il n’y a pas que les ados qui ont de mauvaises fréquentations !). Qu’est-ce qui me fait grandir, et qu’est-ce qui me tire vers le bas ?

Pour vivre avec Dieu, il faut nous détourner de ce qui nous détourne de lui.

2/ Pour lui ressembler davantage, nous devons choisir ce qui nous rapproche de lui.

Ca demande d’abord de connaître Jésus, de toujours mieux le connaître, car on n’a jamais fait le tour de tout ce qu’il a à nous apprendre. Pour le connaître, le mieux c’est encore les évangiles : quatre biographies de Jésus qui présentent sa vie, ses actes, ses paroles, ses attitudes. Le reste de la Bible, avant et après, permet de comprendre les enjeux et la portée de la vie de Jésus. Donc lire les Evangiles, les méditer, s’en imprégner, c’est s’exposer à la lumière du Christ.

Il ne suffit pas de connaître Jésus. Si vous voulez vous mettre à la course, et que vous avez lu un manuel sur la meilleure méthode pour la course à pied et acheté de bonnes chaussures, mais c’est tout, vous n’irez pas loin ! Il faut vous y mettre, vous entraîner ! C’est pareil pour ressembler à Jésus : il faut s’entraîner concrètement à vivre comme lui. Il ne s’agit pas de fréquenter seulement des gens ou des lieux chrétiens ! D’ailleurs, Jésus n’était pas comme ça : il allait partout et fréquentait des gens de tous bords.

Vivre comme Jésus demande de changer de filtre par rapport à notre vie : au lieu d’agir par automatisme, demandons-nous comment Jésus réagirait, comment lui il aborderait la situation. Dans tout ce que nous vivons, facile ou difficile, nous pouvons grandir en choisissant de laisser Jésus nous inspirer.

Parfois/ souvent, nous nous tromperons – comme à la course, vous vous ferez des claquages ou vous tomberez – mais ce n’est pas grave : nous nous entraînons ! Peu à peu, les muscles se forment, le chemin se fait, la ressemblance au Christ grandit.

Tout cela, nous ne pouvons le vivre que dans la prière, car si nous avons notre part à faire, c’est surtout Dieu qui agit et nous le savons.

« Dieu, que veux-tu transformer en moi en ce moment ? »

ou « Conduis-moi dans ces circonstances confuses, car je ne sais pas où aller : montre-moi le chemin, donne-moi un signe ! » et le Dieu qui a créé la terre trouvera bien le moyen de vous guider !

ou, quand nous savons où aller mais que nous nous sentons faibles : « Donne-moi la force et la volonté de choisir le meilleur ! »

Conclusion

Est-ce que si nous ressemblons tous à Jésus nous serons tous pareils ? Non, car nous lui ressemblerons à notre manière. Imaginez que nous soyons tous des lampes avec des abat-jours de formes et de couleurs différentes. De très belles lampes ! mais éteintes. En nous approchant de Dieu par Jésus, le courant se branche à nouveau, et la lumière arrive dans l’ampoule (à faible consommation d’énergie) qui gagne progressivement en luminosité.

En marchant avec Jésus, la vie ne sera pas forcément plus simple ou plus facile, mais elle sera plus légère : avec le temps, certaines questions ne se posent plus, certaines tentations disparaissent, des évidences se forment – Dieu porte notre vie avec nous. Avec lui, nous vivrons plus de joie, car il agit en nous et autour de nous pour le meilleur. Et la paix ! La paix de se savoir toujours avec lui, dans sa lumière, une lumière que rien ni personne ne peut éteindre. Oui, laissant derrière nous la confusion et les tiraillements, nous recevrons la paix – car nous marchons dans la lumière de Dieu, vers le meilleur.