La Bonne Nouvelle du Royaume

Est-ce que vous connaissez le mot « Evangile » ? que signifie-t-il, à votre avis ? littéralement, « bonne nouvelle » ; un des quatre évangiles, un des quatre livres qui racontent la vie de Jésus, qui est une bonne nouvelle pour nous ; le message qui concerne Jésus et qui résume la foi chrétienne…

Parmi ceux qui ont écrit un évangile (biographie de Jésus), il n’y a que Marc qui utilise ce mot, et il lui donne une place particulière.

Lecture biblique: Marc 1.1, 14-15

1 Commencement de la bonne nouvelle [évangile] de Jésus, Christ, Fils de Dieu. 

[arrive le prophète Jean, le baptiste, qui prêche la venue du Messie et invite à se préparer en mettant de l’ordre dans sa vie pour l’accueillir. Jésus arrive à son tour, il reçoit le baptême de Jean]

14 Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se rendit en Galilée ; il y proclamait la bonne nouvelle [évangile] de Dieu. 

15 « Le moment favorable est venu, disait-il, et le règne de Dieu est tout proche ! Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle [évangile] ! »

Marc donne le ton de l’usage du mot évangile : au v.1, c’est un peu le titre de son livre, qui résume ce qu’il va nous dire au sujet de Jésus : c’est le Fils de Dieu, celui qui va montrer par sa sagesse, sa puissance et sa compassion, qu’il est bien plus qu’un homme.  Plus loin, le mot vient résumer le message de Jésus lui-même, sa prédication. Nous en aurons plein d’exemples par la suite, mais la Bonne Nouvelle, c’est ce que Jésus vient annoncer dans sa région. Nous sommes ici au tout début du ministère de Jésus.

Le règne de Dieu au cœur du message

Or, qu’est-ce qui est au cœur du message de Jésus ? La venue du règne de Dieu. C’est vraiment ainsi que vous définiriez l’Evangile ? En mettant l’accent sur le Royaume de Dieu ? Spontanément, on parlerait plutôt de salut, d’incarnation, de pardon, d’amour… Mais Jésus, celui qui accède au trône divin le jour de l’Ascension, le Roi, Jésus annonce dès le début le Royaume de Dieu.

Et pour lui, c’est une excellente nouvelle !! mais… qu’est-ce que ça veut dire ? Nulle part, nous n’avons la définition. Comme quelqu’un qui viendrait vous voir avec un immense sourire : « ça y est, on l’a ! » Super !! mais quoi ? On sent qu’il faut se réjouir, mais… de quoi, exactement ? ils ont quoi ? les clefs de leur nouvel appartement mieux placé, la réponse à une demande de formation, le cadeau pour la fête des mères, le DJ pour le mariage ?… En fonction du contenu, vous ajustez votre réponse ! Et ça peut être gênant quand on ne sait pas de quoi l’autre se réjouit.

Alors, le règne, c’est quoi ? c’est l’activité du roi : il règne. En général, en histoire-géo, on parlera du règne de Louis IX p. ex. (1226-1270) : les dates correspondent à la période où il est en charge, où c’est lui le roi, lui qui a autorité. Du coup, le règne implique aussi un royaume, un lieu, des personnes, sur qui ce roi a autorité, et dans la bouche de Jésus, on peut comprendre à la fois règne et royaume.

Il y a quelque chose de temporel dans l’annonce de Jésus : le règne de Dieu va bientôt commencer. Sauf que… Dieu est déjà roi ! à la création, à l’époque d’Abraham, à l’époque de Jésus et à notre époque ! ce n’est pas comme s’il y avait d’autres dieux, d’autres créateurs en rivalité avec lui pour monter sur le trône : personne ne vient avant ou après Dieu !

Alors au temporel, il faut ajouter du géographique : son règne existe, quelque part, mais les frontières bougent, et l’étendue du royaume de Dieu est en train de changer. Dans la géopolitique spirituelle, à l’époque de Jésus, on a une espèce de statu quo : les humains ont opté depuis des millénaires pour le séparatisme, et ils se sont exclus du royaume de Dieu. Ils s’auto-gouvernent, avec des conséquences merveilleuses comme l’harmonie entre les peuples, la paix entre les personnes, la justice et l’équité, la vérité et l’honnêteté, l’amour et la compassion, la générosité… Ah non pardon, je me suis trompée ! Ca, c’est quand Dieu règne !

Depuis le coup d’état humain, la gouvernance a changé, et on est plutôt confronté à l’insécurité, à la violence, aux inégalités, à la cupidité – peu importe l’endroit du monde. Qui est roi dans notre monde séparatiste ? L’être humain, avec ses grandeurs et ses décadences… mais pas seulement ! A notre insu, nous avons donné le pouvoir à des êtres mal intentionnés, à l’adversaire de Dieu, au rebelle qui ne supportait pas l’autorité de Dieu et qui préfère le chaos à l’harmonie – celui qui qu’on appelle Satan, l’accusateur, l’adversaire. Il nous flatte en persiflant : « oui, oui, vous êtes maître de votre vie », alors qu’en douce, il fait ses petites affaires et il compte les pertes.

Jésus se met à parcourir le pays avec ce message : les lignes bougent… le roi légitime arrive pour rétablir un règne pacifique et juste. Et le déclic, le moment clef, c’est la venue de Jésus lui-même : même s’il n’en parle pas encore, c’est lui, Jésus, Fils de Dieu devenu homme, Roi divin, c’est lui qui fait bouger les lignes. Il vient là en ambassadeur, en diplomate, pour annoncer le changement de régime, et conduire les négociations. Avec qui ?

Du côté des négociations, Jésus ne prendra pas la peine de parler avec les dirigeants humains, avec l’Empereur ou même avec le gouverneur romain. Non, Jésus sait très bien que puissants ou faibles, nous sommes tous manipulés d’une manière ou d’une autre en coulisse. Non, il négocie directement avec Satan ! Je ne sais pas trop comment ça s’est passé, la géopolitique spirituelle dépasse notre niveau de connaissance, mais ce que je sais, c’est que l’ambassadeur Jésus a été prêt à payer le prix fort pour que le changement de régime se fasse avec le moins de dommages collatéraux possibles. Il a négocié notre réintégration dans le royaume de Dieu, comme un transfert de population, en mettant sur la table sa vie, sa justice, sa perfection et sa puissance, et il est mort. Sauf que sa vie et sa justice étaient plus que suffisantes pour couvrir le coût de notre rançon, et il est ressuscité : Satan, et son système basé sur la destruction, la perversion, et la mort, est en train de s’écrouler.

Et en parallèle, il y a l’annonce politique du changement de règne, et elle, Jésus la destine à tous, aux hommes, aux femmes, aux enfants : c’est un fait, les lignes bougent. Qu’est-ce qu’on choisit ? On reste du côté séparatiste ou on se rallie au Roi qui arrive ?

          Une annonce solennelle

Le mot évangile, « bonne nouvelle », a un sens particulier à l’époque de Jésus, c’est un mot assez solennel. Un peu comme un faire-part. Et un faire-part peut avoir un double sens : un faire-part de naissance vous annonce que la famille a changé, qu’il y a un avant et un après. Un faire-part de mariage vous prévient d’un événement heureux à venir… Dans la bouche de Jésus, l’Evangile est un double faire-part : Dieu a pris les choses en main, le déclic est passé… et le royaume arrive, de façon inexorable.

C’est en cours, ça a déjà commencé – et c’est une excellente nouvelle ! Le changement commence avec la venue de Jésus, la victoire est scellée à sa mort et à sa résurrection, et le signe de sa victoire, c’est qu’il prend place à la droite de Dieu, Jésus ressuscité, Jésus roi. Ce n’est pas encore complètement visible, l’Adversaire déchu fait encore des siennes, espérant utiliser la technique de la terre brûlée, mais le roi a remporté la victoire, et son règne approche.

L’Ascension est cruciale pour nous, pas parce que c’est un long week-end ! mais parce que ce moment nous rappelle que le règne de Dieu est en marche, de façon inexorable. le message de Jésus dépasse la dimension individuelle de notre salut et de notre relation personnelle avec Dieu : il y a une dimension globale, mondiale, cosmique  car Dieu veut rétablir l’harmonie dans ce monde, voir la justice triompher, la vie s’épanouir, la joie éclater.

           Une décision à prendre

Vous êtes dans la salle d’attente de la gare Matabiau, il est 10h du matin, et vous attendez le train pour Bordeaux. Une annonce passe dans les enceintes (« le train en direction de Bordeaux Saint-Jean est arrivé en voie 4. Il partira voie 4, à 10h23 »). Dans cette annonce, il y a une question : votre train est là, vous faites quoi ?

Jésus fait la même annonce : le royaume est en route… Alors, vous faites quoi ? Vous rejoignez l’aventure ? Ah vous n’avez pas de billet, et pas assez sur vous pour en acheter ? C’est pas grave, Jésus vous l’offre ! Il paye votre place.

Changez de vie et croyez ! Montez dans le train ! rejoignez le royaume… En annonçant que les lignes bougent, Jésus nous interpelle : il faut prendre une décision. Il faut se positionner. Un changement de régime est en cours, on ne peut pas rester neutre, il faut choisir. A la différence de la géopolitique humaine, Jésus ne demande pas de prendre les armes… Il demande plutôt de baisser les armes ! de laisser de côté le séparatisme et ses illusions, ses mensonges, ses décadences, pour faire allégeance au vrai Roi, le roi de justice et de paix. La foi, ce n’est pas seulement une ouverture au monde spirituel… une connexion à un Être supérieur… C’est un positionnement, un acte politique, une appartenance : le Roi légitime arrive, et je le rejoins. Je fais un choix.

En faisant cet acte d’allégeance aujourd’hui, alors que la victoire est proclamée sans que la passation de pouvoir ait été officielle, nous vivons déjà un peu de ce règne de Dieu : connectés à lui, nous recevons sa paix et son pardon, son amour et ses paroles de vérité. Nous goûtons à son royaume, à sa liberté, à sa bonté. Nous sommes citoyens du Royaume de Dieu, même si nous habitons encore ici ou là.

Et cela, nous l’expérimentons personnellement, dans la proximité avec Dieu, et ensemble, en église, en communautés rassemblées comme des avant-postes avant-gardistes du Règne de Dieu qui vient, où nous apprenons ensemble à quoi ressemble la vie avec Dieu, où nous nous soutenons ensemble pour expérimenter les projets innovants de Dieu – des projets d’amour et de vérité qui se concrétisent entre nous, et sur le terrain de notre vie quotidienne…

Alors l’apprentissage est long, pour apprendre la langue, la culture, les us et coutumes du Royaume de Dieu, d’autant que comme toute différence géopolitique, nos choix peuvent vite créer des incompréhensions, des écarts, des tensions… Mais ça en vaut la peine ! Vous préférez quoi, les ruines d’un royaume de mensonge et de violence, ou les frémissements de la justice et de la paix ?

 

Jésus est Roi, à la droite du Père. Son règne arrive, inexorablement – le message résonne avec autant d’urgence qu’à son époque : à qui rendrons-nous allégeance ? Au roi puissant, aimant, juste et libérateur, ou à l’imposteur qui agite la bannière de l’autonomie pour mieux nous manipuler ?

Jésus nous invite à rejoindre l’aventure… à monter dans le train… Où vous situez-vous ? dans la salle d’attente de la gare, ou sur le quai, ou dans un mauvais train, ou sur le marche-pied, hésitant, ou installés dans le bon train, endormis ou réveillés… L’annonce résonne : que choisissez-vous ?




Une brebis perdue et un berger éperdu

Cela vous est déjà arrivé, non ? De ne plus trouver vos clefs, vos lunettes, votre portefeuille, un papier important (ou, pire que tout, votre téléphone… !), et de chercher partout pendant loooongtemps, quitte à devoir appeler vos proches en panique (« dis, j’ai pas oublié mes lunettes chez toi ? »). Les scénarios tournent dans la tête alors qu’on essaie de retracer ses gestes ou ses pas. En même temps, un circuit parallèle s’enclenche pour trouver un plan B : et si je ne le retrouve pas… Untel a un double de mes clefs, je déplace mon rdv à demain, il faut que je retourne chez l’opticien, etc. Evidemment, si c’est votre téléphone que vous avez perdu, il n’y a pas de plan B : c’est la fin !

Quel soulagement quand on finit par retrouver ce qui était perdu : ce qui nous oppressait disparaît. On est reparti ! La vie tourne rond à nouveau. C’est vrai dans les petits moments du quotidien, pour nos clefs, nos lunettes, et a fortiori, bien sûr, avec des personnes : un ami perdu de vue qu’on recherche sur internet, une sœur avec qui on se réconcilie, un enfant qui a fugué et qu’on retrouve après des heures de recherche et d’angoisse…

Cette expérience, Jésus y fait référence dans une série de paraboles pour parler de Dieu.

Lecture biblique : Luc 15.1-7

1 Les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient tous de Jésus pour l’écouter. 

2 Et les Pharisiens et les scribes murmuraient ; ils disaient : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »

3 Alors il leur dit cette parabole : 

4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? 

5 Et quand il l’a retrouvée, il la charge tout joyeux sur ses épaules, 6 et, de retour à la maison, il réunit ses amis et ses voisins, et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !” 

7 Je vous le déclare, c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.

Jésus enchaîne en fait trois paraboles : celle-ci, une autre sur une femme qui perd l’équivalent de sa carte bleue, et l’histoire d’un homme dont l’un des deux fils part en claquant la porte (communément appelée la parabole du fils prodigue). Elles vont toutes dans la même direction, avec des nuances bien sûr, mais je vous propose de nous concentrer sur cette première parabole, la parabole de la brebis perdue.

          Un berger éperdu

Dans cette histoire, comme dans les Ecritures juives, le berger représente Dieu, et les brebis, son peuple, l’humanité. Ce berger possède une centaine de moutons. En comptant ses bêtes, il se rend compte qu’il en manque une : elle a dû se perdre en route.

Vu le contexte, Jésus associe clairement la brebis perdue aux collecteurs d’impôts, aux pécheurs qui sont venus l’écouter, ces gens qui se retrouvent en marge de la société juive, du peuple de Dieu, à cause d’un mode de vie contraire aux règles religieuses. Certains collecteurs d’impôts fricotaient avec le pouvoir romain, quitte à accepter la corruption financière, d’autres étaient mêlés à des pratiques licencieuses et immorales, d’autres encore n’en faisaient qu’à leur tête et ne respectaient rien.

Face à eux, comment Dieu peut-il réagir ? Instinctivement, on situerait Dieu sur un trône, raide, les bras croisés, attendant que le rebelle revienne en baissant les yeux. Or Jésus donne un portrait radicalement opposé : le berger laisse tout en plan et part chercher la brebis égarée. Pour Jésus, c’est une évidence : qui d’entre vous ne ferait pas ça ?

Est-ce si évident ? Clairement, il n’a pas entendu parler des 15% de pertes auxquelles on a droit ! Si vous avez oublié un article payé à la caisse, est-ce que vous laisseriez sur le parking votre caddie rempli de marchandises payées pour aller le chercher ! C’est trop risqué ! Alors, pour les 99 brebis, il n’y a peut-être personne qui va venir les voler, mais une bête sauvage pourrait attaquer, d’autres brebis pourraient se perdre… Ca ne paraît pas sage ! Ce serait plus rassurant si le berger laissait son troupeau sous surveillance, comme un père qui doit aller chercher son dernier à l’école et qui laisse les grands chez la voisine.

Evidemment, c’est une courte parabole, et il ne faut pas trop pousser les détails ! Cela dit, ce qui ressort, c’est l’impact sur le berger, le choc quand il comprend qu’une brebis s’est égarée : il laisse tout en plan et va la chercher.

Si le berger est Dieu, est-ce qu’on l’imagine s’interrompre, tout laisser en plan, pour partir à la recherche de celui qui s’est perdu ? faire tous les efforts, grimper, descendre, se faufiler, parfois courir, appeler à tous vents celui ou celle qui s’est éloignée ? face à la brebis perdue, Jésus nous montre un Dieu éperdu, un Dieu qui ne recule devant rien pour retrouver ceux qu’il aime.

Et quand il retrouve la brebis égarée, désorientée, sûrement paniquée, il la prend dans ses bras avec force et tendresse pour la ramener au bercail.

          Des brebis perdues mais précieuses

Peut-être que parmi vous, certains se sentent comme cette brebis : égarés, désorientés, en décalage avec Dieu, peut-être que vous vous êtes éloignés et que vous avez du mal à revenir, peut-être que vous avez l’impression de dériver, emportés par un courant contre lequel vous ne pouvez pas lutter, peut-être que vous vous demandez comment ce serait possible de revenir jusqu’à Dieu, et surtout, comment il pourrait bien vous accepter après cette séparation.

Le message de Jésus, c’est que Dieu ne vous attend pas : il vous cherche. Il vous appelle. Il vous court après, tellement vous êtes importants pour lui !

Finalement, je crois que c’est ça, le sens du troupeau de 99 brebis laissées de côté pour chercher 1 brebis : vous n’êtes pas un parmi d’autres, une perte que Dieu accepte dans son bilan comptable. Pour Dieu, vous avez une valeur inestimable. C’est pour cela qu’il vient dans l’humanité, à travers Jésus, pour chercher ceux qui se sont égarés (tout le monde, en fait, plus ou moins). C’est lui qui vient à notre rencontre, à votre rencontre, et s’il y a quelque chose qui vous pèse et vous empêche lui répondre, il le prend sur lui, berger devenu brebis, Dieu devenu homme en Jésus, prêt à porter tout le poids de ce qui nous accable, nos souffrances comme nos injustices, à endurer la pire condamnation, pour que nous n’ayons ‘’qu’à’’ répondre « oui ».

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : une fois la brebis retrouvée, la joie déborde. Trois fois Jésus cite la joie du berger. Il y a la joie de retrouver la brebis perdue, et aussi le contentement de retrouver son troupeau, sa famille, au complet.

En rentrant, il est dans une telle effervescence qu’il fait une fête, une grosse fête, avec tout le quartier ! Ceux qui sont perdus, Dieu part à leurs trousses pour les inviter à la fête, avec lui, dans la joie de son amour.

Petit décalage : la parabole parle des efforts du berger pour retrouver sa brebis, alors que dans sa conclusion, Jésus évoque le mouvement de conversion des pécheurs. Se convertir, c’est se tourner vers… Alors, qui fait le mouvement ? le berger ou la brebis ? Dieu ou nous ? Les deux ! Dieu fait quasiment tous les efforts : il envoie une invitation, il appelle, il se déplace en personne… mais il faut répondre ! RSVP ! Cette réponse, c’est un lâcher-prise (oui !), une prière, voire une question « t’es sûr que tu m’aimes vraiment ? »…

Et cette réponse est un choix, un mouvement : répondre oui à l’invitation de Dieu, c’est comme s’inscrire à un événement – on renonce à être ailleurs, à faire autre chose, on renonce à ce qui nous empêche d’être avec Dieu.

          Changer de regard sur l’autre  

Pour qui Jésus raconte-t-il cette histoire ? Si on se sent brebis perdue, on est touché par ce message d’un Dieu qui nous aime de façon éperdue.

Pourtant Jésus ne vise pas ici les « brebis perdues »: il parle d’abord aux pharisiens, aux religieux bien-pensants et convenables qui viennent de le critiquer, de s’insurger qu’un prophète accepte de se mélanger avec ceux qui viennent des bas-fonds. Comme de bons élèves qui seraient choqués que le prof inclue les cancres pour une sortie découverte.

Le message de Jésus, c’est que Dieu ne voit pas ces « cancres », ces « rebelles », comme des intrus, mais comme des invités d’honneur ! Et on comprend pourquoi, puisque Jésus nous a révélé ce qui se passe dans le cœur de Dieu : son plus profond désir, c’est que tous reviennent à lui. Il est prêt à tout pour les retrouver. Alors quand Jésus voit s’approcher pour l’écouter ces « pécheurs » marginalisés, même sur la pointe des pieds, même sans avoir tout compris, il est tellement heureux, car il porte en lui ce désir de Dieu de retrouver ceux qui l’ont perdu de vue.

Quel contraste avec l’attitude des pharisiens ! Préoccupés à juste titre par la sainteté de Dieu, ils sont scandalisés par certaines choses. Le problème, c’est que ça a dérivé, ça a pris des proportions énormes et ils ont fini par juger les gens, par distinguer entre les bons et les mauvais, ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors – hors de question de les mélanger !

Aujourd’hui, dans notre société, il y a bien des principes et des comportements qui paraissent incompatibles avec la foi. Est-ce que nous en arrivons à éviter, à fuir, à repousser ( ?) ceux qui vivent ainsi ? S’ils venaient ici, sans s’être rangés, comme ils sont, seraient-ils les bienvenus ?

Dans le jugement des pharisiens, il y a de l’orgueil, oui, un aveuglement sur leurs propres failles (personne n’est de lui-même parfaitement en phase avec le Dieu saint, intègre, juste et bon !), et un oubli de l’essentiel : Dieu désire ceux qu’il a créés, il désire vivre avec eux, les combler de son amour, les inviter dans sa joie.

Jésus rappelle la posture de Dieu pour nous appeler à nous réjouir de ce qui réjouit Dieu, à accueillir ceux que lui invite – accueillir malgré les différences, les écarts, les incompréhensions, les « valises ». A changer de regard pour voir l’autre comme un précieux, invité d’honneur à la table de Dieu.

Et si on comprend ce désir éperdu de Dieu, sa ferveur, notre regard ne change pas seulement dans l’église, au culte ou dans les groupes. Il change aussi dehors, au quotidien : on dit qu’on se fait une idée des gens dans les 10 premières secondes. Et si notre première impression c’était que l’autre est précieux aux yeux de Dieu, que Dieu le désire et l’invite ? Notre collègue agaçant, notre voisine qui ronchonne, un copain survolté, une cliente impolie, tous ceux qui nous semblent à côté de la plaque : si l’amour fervent de Dieu venait transformer notre regard, qu’est-ce que ça donnerait ? au lieu de la suspicion, du jugement ou du rejet, d’une attitude défensive ou dégoûtée, peut-être de l’intérêt, de la curiosité, une écoute, une disponibilité pour aller boire un café, pour aller plus loin dans la relation. Expérimenter à notre tour le désir profond que l’autre reçoive, là où il est, l’amour de Dieu qui le cherche, voilà qui peut changer notre perspective, nos actes, et nos paroles – et peut-être, permettre à l’autre de se savoir aimé de Dieu, de façon éperdue.




Déconstruire pour reconstruire (Zacharie 5)

Déconstruire est un phénomène très répandu parmi les jeunes français actuellement. Des mouvements sociaux se sont appropriés ce terme, au départ philosophique, dans le but de pointer du doigt des injustices, des discriminations, des stéréotypes sociétaux (genre, religion, minorités, …) jugés néfastes.

Il y a la déconstruction d’aspects d’une société, comme l’idée de remplacer une statue de Napoléon par la grande avocate Gisèle Halimi à Rouen, et, il y a la déconstruction de soi.

Se déconstruire est devenu un processus long durant lequel on s’analyse soi-même, on décortique nos habitudes naturelles de penser et d’agir. Se déconstruire pour trier consciemment les bonnes et les mauvaises influences qui nous ont construites.

Un prophète, Zacharie, a justement été inspiré par Dieu pour inciter à une déconstruction communautaire. En 538 av. J.-C., les exilés de Babylone revenaient en Judée. Dans leur pays en friche, un temple en ruines, Dieu les incitait par Zacharie et Aggée à déconstruire de leurs habitudes pour reconstruire du neuf… En 520 av. J.-C., Zacharie disait alors ceci aux Israélites de Judée :

1J’eus encore une vision et je vis un livre en forme de rouleau voler à travers les airs. 2« Que vois-tu ? » me demanda l’ange. Je répondis : « Je vois un rouleau qui vole à travers les airs : il a dix mètres de long et cinq mètres de large. » 3Alors il me dit : « C’est le texte de la malédiction qui atteindra le pays tout entier : sur un côté du rouleau, il est écrit que tous les voleurs seront expulsés du pays et, sur l’autre, que toutes les personnes qui prononcent de faux serments le seront également. 4Le Seigneur de l’univers affirme qu’il envoie lui-même cette malédiction : elle pénétrera dans la maison de chaque voleur et de chaque personne qui prononce de faux serments en se servant de mon nom ; elle y restera et détruira tout, même les poutres et les pierres. »

5 L’ange chargé de me parler vint me dire : « Lève les yeux et regarde ce qui apparaît là-bas. » – 6« Qu’est-ce que c’est ? » lui demandai-je. Il répondit : « C’est une corbeille qui contient les fautes de tout le pays. » 7À ce moment-là, le couvercle de plomb qui était sur la corbeille se souleva et je vis une femme assise à l’intérieur. 8L’ange me dit : « Elle représente la Méchanceté. » Puis il la repoussa à l’intérieur de la corbeille et remit le couvercle. 9Levant les yeux, je vis apparaître deux femmes qui volaient, poussées par le vent : elles avaient en effet des ailes semblables à celles d’une cigogne. Elles prirent la corbeille et l’emportèrent dans les airs. 10Je demandai à l’ange où elles l’emmenaient. 11Il me répondit : « À Babylone, où elles lui construiront un temple ; elles dresseront un socle sur lequel elles l’installeront. »

  1. Déconstruire le mal

Ces deux visions relèvent un peu d’un film de science fiction… Dieu a souvent communiqué des messages par des rêves plus ou moins symboliques dont il ne reste qu’à percer le sens.

La première vision (v1-4) est celle d’un rouleau/manuscrit qui vole dans les airs. Un manuscrit aux dimensions complètement surréalistes. Ce manuscrit est une malédiction contre les voleurs et les menteurs… DIX MÈTRES de long sur CINQ MÈTRES de large d’accusations objectives, RECTO-VERSO !

Une masse d’accusations contre les voleurs et ceux qui prononcent des faux serments, autrement dits qui jurent un mensonge sur le nom de Dieu.

Pourquoi ceux-là en particulier ? Le vol représente un abus contre autrui, tandis que le faux serment est un abus envers Dieu. Ces deux abus représentent en réalité l’étendu du péché. Le péché cause du mal à mon frère et ma sœur en Humanité, et contre Dieu lui-même  !

Ce manuscrit écrit recto-verso fait référence aux deux tablettes des 10 commandements, écrites par la main même de Dieu (cf. Ex 32.15-16). L’une contenait 5 commandements qui se récapitulent en un : Tu aimeras l’Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force (cf. Ex 20.3-12 ; Dt 6. 5 ; Mc 12.30). L’autre contenait 5 commandements qui se récapitulent en un second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (cf. Ex 20.13-17 ; Lv 19.18 ; Mc 12.31).

L’amour de Dieu comme l’amour du prochain sont complètement ignorés dans le pays, alors qu’ils reviennent d’exil !… Les relations verticales comme la relation horizontale sont ravagées par le péché.

Raison pour laquelle Dieu, le Seigneur de l’univers, envoie lui-même la destruction complète de ces habitudes ravageuses. Dieu veut déconstruire la culture d’abus. Dieu veut aussi déconstruire les aspects de notre culture personnelle et sociétale qui ne correspondent pas à sa culture ! Déconstruire, pour reconstruire avec Lui.

La deuxième vision (v5-11) est celle d’une corbeille à mesure commerciale gigantesque, fermée d’un couvercle de plomb, contenant une femme « Méchanceté ». Ce n’est pas Maléfique de Disney mais presque. Maléfique est un peu le mal incarné, tandis que la femme de la corbeille « Méchanceté » symbolise TOUT le mal COMMIS dans le pays PAR ses habitants. Son prénom « Méchanceté », est un nom générique pour le mal dans ces différentes manifestations : injustice, violence, malhonnêteté dans le commerce. En gros, « Méchanceté » illustre le péché quotidien d’une société.

Une fois que Zacharie l’a vu, l’ange repousse violemment la Méchanceté. Puis il referme la corbeille d’une grosse masse de plomb, comme on enferme un bandit en prison.
C’est là qu’apparaissent deux mi-femmes mi-cigognes !

Pourquoi deux mi-femmes mi-cigognes ?

Les cigognes sont des oiseaux migrateurs, habitués aux très longs voyages, dont le nom hébreu signifie « la fidèle » pour cet animal considéré à l’époque « impur ». Ces deux femmes cigognes, consœurs de la Méchanceté, éloignent la coupable à l’abri du jugement… Simultanément expulsées et poussées par l’Esprit de Dieu à Babylone, le pays en révolte contre Dieu par excellence. Babylone, c’est l’antitype du pays où Dieu veut reconstruire une culture sans mal, sans mensonges, sans corruptions, sans discriminations, etc.

Mais comment veut-il s’y prendre ?

  1. Comment ? Reconstruire sur Christ.

Les visions de Zacharie de la part de Dieu encouragent les Judéens à reconstruire le pays en ruines. Mais la reconstruction d’une société, d’une culture familiale, d’habitudes personnelles passent forcément par la déconstruction de nos propres maux. Le cœur humain est l’origine de tous les maux. Notre mal profond, notre culpabilité héréditaire a besoin elle aussi d’être expulsée de nous. On mérite tous de finir comme le voleur et le calomniateur : expulsés loin de Dieu.

Mais Dieu a toujours voulu nous sauver de nous-mêmes. Il a toujours voulu détruire complètement le mal dans le monde. Par sa Parole, non plus un manuscrit volant mais Dieu fait homme, il nous propose un plan de reconstruction. Nos péchés n’ont pas été transportés ailleurs que sur Jésus-Christ sur la croix afin de les détruire complètement. Du « ciel », Jésus-Christ est venu prendre nos innombrables maux, les emmener sur la croix, et la croix est ainsi devenue le piédestal de nos péchés. Notre péché, nos maux et ceux du monde, il les a cloué avec Lui sur la croix.

Pourquoi le mal existe-t-il encore dans ce cas ?

La victoire de Jésus-Christ sur le mal est déjà entamée. Le mal du monde a déjà sa date de destruction. Lorsque Jésus-Christ reviendra établir son pays où règne sa culture, alors, le mal sera détruit à jamais.

En attendant ce jour certain, le Christ nous a envoyé son Esprit. Ce même Esprit qui expulse loin le péché du peuple… Cet Esprit demeure en nous, comme la malédiction demeure chez celui qui ne veut pas de Dieu. Et cet Esprit détruit tout le péché en nous, petit à petit, jusqu’au retour de Jésus-Christ. L’Esprit du Christ demeure jusqu’aux parties les plus intimes de nous-mêmes, les poutres et la charpente de notre être, et détruit nos maux les plus robustes.

Alors déconstruisons ce mal en nous. Déconstruisons ces habitudes néfastes, ces petits et grands abus envers Dieu et envers autrui. Mais non pas par nous-mêmes. C’est par Christ seul et son Esprit. Déconstruisons pour reconstruire la culture du Royaume de Dieu. Et même si l’on s’arrête en cours de chantier, comme les Judéens, Dieu est le Dieu des recommencements.

La jeunesse française n’a qu’une attente, c’est celle d’un pays sans mal, sans discriminations, sans mensonges, sans inégalités, sans malhonnêtetés. Nous connaissons ce pays-là ! Nous connaissons comment y entrer et même comment le vivre partiellement ici et maintenant ! Alors annonçons Christ. Annonçons la Parole de bénédiction. Et reprenons le chantier de la transformation pour nous-mêmes, par l’Esprit du Christ, avec le Dieu des recommencements.




Honorer la sainteté de Dieu

Comment honorer la sainteté de Dieu au quotidien ? C’est abstrait, comme concept, et il y a plusieurs réponses ! Je vous propose de suivre une histoire vécue par le roi David, qui nous fait réfléchir sur la façon dont nous honorons Dieu dans notre vie.

Nous sommes au tout début du règne du roi David, après que son rival Saül a enfin quitté le trône, après des décennies de conflits.

Lecture biblique : 1 Chroniques 13.1-14

1 David tient conseil avec les chefs de 1 000 soldats et de 100 soldats, et avec tous les notables. 2 Ensuite, il dit à tous les Israélites rassemblés :

« Si cela vous semble bon et si c’est la volonté du SEIGNEUR notre Dieu, envoyons un message à nos frères restés dans tout le territoire d’Israël. Allons trouver en particulier les prêtres et les lévites dans les villes et les endroits où ils habitent. Demandons-leur de venir avec nous. 3 Alors nous rapporterons chez nous le coffre de notre Dieu. En effet, nous ne nous sommes pas occupés de lui au temps de Saül. »

 4 Toute l’assemblée est d’accord pour réaliser ce projet, car tout le monde trouve que c’est une bonne idée. 5 David rassemble alors tous les Israélites, depuis la frontière d’Égypte au sud, jusqu’à Lebo-Hamath au nord. Ils veulent aller chercher le coffre de Dieu à Quiriath-Yéarim. 

En ce contexte post-électoral, nous saisissons l’impact de la décision de David : il vient juste de monter officiellement sur le trône, il est enfin roi… Les premières décisions donnent le ton de ce que sera le règne (ou le mandat) de celui qui gouverne. Elles représentent les valeurs profondes du gouvernement, et à ce titre elles sont hautement symboliques. Nous sommes en plein dedans, avec les commentaires sur chaque mesure que prend, ou devrait prendre, notre président fraîchement réélu.

Quelle est la première décision de David ? Faire venir le coffre de l’alliance à Jérusalem. Rembobinons une seconde : le coffre de l’alliance, c’est le coffre sacré, construit du temps de Moïse (environ 400-500 ans plus tôt). Il contient les deux tablettes de la Loi donnée à Moïse : c’est le symbole de l’alliance entre Dieu et son peuple, le rappel de la délivrance du peuple, de la fidélité de Dieu et de son autorité.

 

Ce coffre mesure plus d’un mètre de long sur 70 cm de large et de haut. Il est fait en acacia, un bois précieux, et entièrement plaqué or à l’intérieur et à l’extérieur. On voit des chérubins au-dessus : ils représentent la présence solennelle de Dieu.

arche

Ce coffre n’est pas la présence de Dieu, mais il en est le symbole matériel. A ce titre, il est interdit de le toucher. Plus tard, le roi Salomon, qui construira le Temple, fera placer le coffre dans le saint des saints, cet espace où personne ne va, sauf le grand-prêtre 1 fois par an.

Or, dans les différents conflits avec leurs voisins philistins, les Israélites s’étaient fait piquer le coffre de Dieu, qui leur a été rendu environ 40 ans plus tôt ( 1 Samuel 4). Depuis, il est stocké chez Abinadab, mais personne ne s’en occupe.

Donc, lorsque David insiste pour aller chercher le coffre et le placer à Jérusalem, il envoie un signal très fort : il fait venir Dieu dans la capitale, au cœur du royaume, au cœur de son règne. Très clairement, sa priorité c’est d’honorer Dieu en lui donnant la place centrale.

 

6 David part avec eux à Baala, c’est-à-dire Quiriath-Yéarim, en Juda, pour reprendre le coffre de Dieu. Ce coffre porte le nom du SEIGNEUR qui est assis au-dessus des chérubins. 

7 Il se trouve dans la maison d’Abinadab. On le place sur un char neuf. Ouza et Ahio conduisent le char. 

8 David et tous les Israélites dansent devant Dieu de toute leur force. Ils chantent, accompagnés d’instruments de musique : cithares, harpes, tambourins, cymbales et trompettes. 

Quelle fête ! quel cortège ! On ne regarde pas à la dépense : un char neuf (pour nous, peut-être un jet privé), des danseurs, des chanteurs, des musiciens – si on avait pu mettre des feux d’artifice, David l’aurait fait. C’est un jour de joie pour Israël, un jour d’allégresse en l’honneur de Dieu.

Mais la fête tourne au drame.

 

9 Quand ils arrivent près de chez Kidon, là où on bat les céréales, les bœufs glissent. Ouza étend la main pour retenir le coffre sacré. 

10 Alors le SEIGNEUR se met en colère contre lui. Il le frappe à mort, parce qu’il a touché le coffre. Ouza meurt là, à côté du coffre.

11 David est fâché, parce que le SEIGNEUR a brisé la vie de Ouza. Il appelle l’endroit Pérès-Ouza (« brèche d’Ouza »), et ce nom existe encore aujourd’hui. 

Après la joie, la tragédie. On est parti d’un simple accident : les bœufs glissent. Ouza, plein de bonnes intentions, rattrape le coffre sacré, le touche de ses mains profanes, et s’attire les foudres de Dieu qui l’élimine. La fête est finie. La colère de Dieu s’est abattue, et on comprend : personne ne doit toucher le coffre. On comprend, mais un peu seulement. C’est violent, brutal, injuste : que fallait-il faire ? laisser le coffre s’écraser ? Sûrement qu’il valait mieux le protéger, même avec des mains profanes, plutôt que de courir le risque qu’il ne se brise, non ?

David à son tour se met en colère en voyant ce qui se passe – et on ne peut pas le blâmer : nous aussi, lecteurs modernes, nous sommes choqués, voire déçus. Pourquoi cette réaction disproportionnée, cette violence, cette injustice ? Le Dieu d’amour et de compassion que David lui-même a tellement chanté dans les psaumes, il paraît loin.

Où est le problème ? Regardez bien le coffre de l’alliance : vous voyez les barres, sur les côtés du coffre ? Lorsque Dieu donne à Moïse les instructions au sujet du coffre sacré, il précise que ce coffre devra toujours être porté au moyen des barres (Exode 25.12-15). Et oui, cela évite le genre d’accident rencontré par les bœufs… Normalement, le coffre n’aurait jamais dû être transporté sur un char : ça, c’est la façon philistine de faire. Ouza et Ahio ont simplement imité les étrangers qui avaient rapporté le coffre il y a des décennies. Ils y ont mis leur bonne volonté, mais ils n’ont pas respecté les instructions. Et personne ne trouve à y redire.

Deux explications possibles : soit ils ignoraient ce que Dieu avait prescrit – et c’est de la négligence –, soit ils ont considéré que la façon philistine de faire était plus pertinente – et c’est du mépris. En tout cas, leur désobéissance, volontaire ou pas, conduit au drame.

Dieu ne réagit pas à la première désobéissance. Mais, comme souvent, cette transgression conduit à des complications, qui conduisent à une nouvelle désobéissance qui transgresse là tout le système que Dieu a mis en place par les sacrifices, les prêtres, etc. C’est que Dieu réagit : on ne prend pas sa sainteté à la légère. Ce système des sacrifices et du temple veut enseigner physiquement au peuple que Dieu est saint, et qu’on ne l’approche pas n’importe comment. Il est intouchable. On ne touche pas l’intouchable, point.

C’est d’autant plus vrai en ce jour solennel censé mettre Dieu au centre : si Dieu est Dieu, les hommes doivent le respecter et respecter sa volonté, non ? Sinon, ce cortège, c’est de la publicité mensongère.

Conclusion :

12 Ce jour-là, David a peur de Dieu et il dit : « Je ne peux pas recevoir chez moi le coffre de Dieu ! » 

13 Il ne veut pas prendre le coffre chez lui, dans la « Ville de David ». Il le fait conduire dans la maison d’Obed-Édom, un homme de la ville de Gath. 

14 Le coffre reste trois mois chez lui, et le SEIGNEUR bénit la famille d’Obed-Édom et tous ses biens.

David a compris qu’il n’est pas prêt et il prend peur. Il comprend que Dieu n’est pas son égal. Même si David veut honorer Dieu, ça ne lui donne pas le droit de négliger sa Parole et son autorité. Même si David a expérimenté la présence, la force, l’affection de Dieu pendant toutes ces années, ça ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il veut comme il veut. Le privilège d’être proche de Dieu ne donne pas le droit de le prendre à la légère. La joie et la louange n’empêchent pas l’obéissance !

David annule le cortège, même si c’est la honte ; le coffre repart, et 3 mois plus tard, il revient dans un nouveau cortège, avec des lévites qui portent le coffre : David est prêt, cette fois-ci.

Et pour nous, chrétiens? 

 

Aujourd’hui, nous sommes loin du système du Temple etc. mais cet épisode nous rappelle la sainteté de Dieu, l’écart impressionnant entre lui et nous. Un écart rendu infranchissable par notre propension antédiluvienne à prendre Dieu à la légère : dès le jardin d’Eden, Eve et Adam méprisent la demande de Dieu (Genèse 3). Lorsqu’ils mangent du fruit interdit, ils déclarent de fait qu’ils savent mieux que Dieu ce qui est bon. Comment peut-on prétendre savoir mieux que le Dieu créateur et roi ? Comme avec Ouza, c’est la mort qui les guette, et qui les aspire, qui nous aspire, puisque depuis, nous continuons de vivre comme si nous étions nous-mêmes les maîtres du monde – et d’aller vers la mort.

Cet écart abyssal entre un Dieu saint et nous, Dieu le franchit en venant à notre rencontre en Jésus. Dans sa première lettre, Jean, le disciple de Jésus écrit avec excitation : celui qui était Dieu (Dieu !) est venu parmi nous, et nous l’avons touché (1 Jean 1.1-4). Quelle proximité ! Dieu a franchi l’abîme infranchissable ; le Dieu saint a rencontré les pécheurs, mais à son contact, ce n’est pas nous qui mourons pour prix de notre orgueil, c’est lui qui meurt sur la croix pour expier notre folie. Quelle grâce ! Couverts par le Christ, nous pouvons maintenant vivre dans la présence sainte de Dieu, proches de lui, notre sauveur, notre Père.

Mais qu’en est-il de notre attitude vis-à-vis de Dieu ? Même si Dieu ne nous foudroie pas sur-place lorsque nous le déshonorons, Dieu reste Dieu. Il reste le Dieu saint : Notre père qui es au cieux, que ton nom soit sanctifié – c’est-à-dire : que tous te reconnaissent comme saint. Que ta volonté soit faite – et non la nôtre !

Aimer Dieu, honorer Dieu, c’est aussi le respecter. Chantons-le avec force, passons du temps avec lui, réjouissons-nous de sa présence, mais n’oublions pas de le respecter : Dieu n’est pas notre égal. Sa volonté n’est pas une matière brute dans laquelle nous sélectionnons ce qui nous semble pertinent. Sa parole créatrice n’est pas une parole en l’air.

A quoi ressemble le fait d’honorer et respecter le Dieu saint ? Comme à l’époque de David, il est nécessaire de connaître sa Parole pour comprendre qui il est et ce qu’il veut. Lire la Bible n’est pas une option si nous voulons honorer Dieu : comment voulez-vous être en accord avec quelqu’un dont vous ne connaissez pas les idées ?

Connaître la Parole, et l’appliquer ! Dans le respect, il y a une part d’obéissance, même si nous ne comprenons pas toujours à l’avance pourquoi Dieu élimine telle option ou encourage telle autre. Mais faut-il en arriver aux complications pour se dire : ah oui, il n’avait pas tort ?

Il y a aussi des situations inédites où nous ne savons pas trop ce que Dieu attend de nous : prions ! prions ! Dieu nous promet sa sagesse – si nous la demandons – alors prions ! Mais prions avant… Dieu dans sa grâce répondra aussi si nous prions après, mais… la situation risque d’être plus compliquée, et les dommages plus graves et plus tristes. Prions avant… Cherchons la sagesse de Dieu – sans nous laisser berner par nos bonnes intentions ou nos progrès modernes : seule la sagesse de Dieu mérite d’être suivie.

Notre Dieu est extraordinaire : il est majestueux, saint, d’un amour incroyable – alors aimons-le, oui, et honorons-le, dans ce tout ce que nous sommes et dans tout ce que nous faisons. Non seulement il le mérite, mais c’est aussi auprès de lui, par sa sagesse, que nous trouverons un chemin sûr sur lequel avancer.




Marcher dans la lumière

Une des valeurs qui revient le plus dans les discours d’aujourd’hui, c’est l’authenticité : être authentique, être soi-même, être vrai – c’est incontournable. Ecouter nos rêves, exprimer nos valeurs, assumer notre ressenti. Et cette insistance sur l’authenticité a du sens : chacun de nous a été créé par Dieu, comme un exemplaire original, une pièce unique, et il se réjouit que nous puissions exprimer ce que nous sommes, sans se cacher derrière les autres ou se forcer dans un moule.

Cette soif d’authenticité est une soif légitime, juste aux yeux de Dieu – la soif de pouvoir exister pour ce que nous sommes, comme nous sommes, en liberté.

Toutefois, mettre en avant l’authenticité part du principe que ce qui est en nous vaut toujours la peine d’être exprimé et assumé. Désolée, je vais peut-être vous choquer, mais l’authenticité en elle-même ne peut pas une valeur suffisante : que diriez-vous si j’étais authentiquement raciste ou n’importe quelle sorte de “…phobe”, authentiquement vénale, authentiquement narcissique ? si c’était ça, « ma vérité », faudrait-il vraiment que je sois authentique ?

Dieu nous encourage à vivre dans l’authenticité, mais pas n’importe laquelle ! et je vous invite à lire un extrait de la lettre de Paul aux Ephésiens.

Lecture biblique : Ephésiens 5.1-9

1 Puisque vous êtes les enfants que Dieu aime, efforcez-vous d’être comme lui. 2 Que votre façon de vivre soit inspirée par l’amour, comme le Christ aussi nous a aimés et a donné sa vie pour nous, comme une offrande et un sacrifice dont l’agréable odeur plaît à Dieu.

3 Vous appartenez à Dieu, par conséquent il ne convient pas qu’une forme quelconque de débauche, d’impureté ou de cupidité soit même mentionnée parmi vous. 4 Il n’est pas convenable non plus que vous prononciez des paroles grossières, stupides ou sales. Adressez plutôt des prières de reconnaissance à Dieu. 5 En effet sachez-le bien : aucune personne qui vit dans la débauche, qui est impure ou avare (puisque l’avarice, c’est de l’idolâtrie) n’aura jamais part au règne du Christ et de Dieu. 6 Que personne ne vous égare par des raisonnements trompeurs : ce sont de telles fautes qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui s’opposent à lui. 7 N’ayez donc rien de commun avec ces gens-là. 

8 Vous étiez autrefois dans l’obscurité ; mais maintenant, par votre union avec le Seigneur, vous êtes dans la lumière. Par conséquent, comportez-vous comme des personnes qui vivent dans la lumière, 9 car la lumière a pour fruit toute sorte de bonté, de justice et de vérité. 

  1. L’authenticité dans l’imitation

Paul commence ce passage en parlant de notre identité : puisque vous êtes enfants de Dieu, puisque vous êtes passés des ténèbres à la lumière (et Paul l’a rappelé pendant les 3 premiers chapitres de sa lettre), vivez-le à fond ! La foi en Christ n’est pas une simple espérance, un réconfort dans la difficulté : elle change notre identité, elle change notre appartenance, elle change notre ADN – car Jésus, par sa mort et sa résurrection, rétablit notre connexion avec Dieu, qui vient demeurer en nous par son Esprit. Et cet ADN spirituel vaut pour toujours : pour toujours, nous sommes enfants de Dieu, fils et filles de l’Être le plus resplendissant qui soit. Être authentiques, c’est vivre cette nouvelle identité à 100%.

Et Paul nous invite à être authentiques par imitation : normalement, on oppose authenticité et imitation, mais en réalité, pour vivre notre identité à plein, nous sommes appelés à nous rapprocher de la source, de l’original : Dieu lui-même. Notre identité authentique se construit en ressemblant à Dieu, en nous laissant inspirer par le Christ, le Fils, le grand frère qui nous ouvre la voie et qui imprime en nous un air de famille.

A quoi ressemble cet air de famille ? C’est l’amour, dit Paul. Ce qui fait qu’on reconnaît Dieu entre mille (même s’il n’y en a qu’un !), c’est l’amour. C’est sa marque de fabrique ! Plus précisément : le fruit de la lumière, le fruit de la présence de Dieu en nous par l’Esprit, c’est la bonté, la justice, la vérité. Autrement dit, notre caractère, nos actions, nos paroles, pour le bien des autres et de nous-mêmes ; une vie qui, dans sa globalité, reflète la lumière de Dieu et lui fait honneur.

  1. Une authenticité qui recherche la pureté

Et pour être un enfant de Dieu authentique, il faut faire des efforts. Là aussi, Paul nous prend à revers : être authentique n’est pas être passif ! Viser l’authenticité exige une certaine pureté.

Par exemple, un sac en cuir authentique est 100% cuir, un saucisson authentique (100% viande), un bijou 100% or, en or massif, dont on vérifie l’authenticité pour en définir la valeur. S’il y a mélange, par exemple avec du miel coupé au sirop de glucose ou du lait coupé à l’eau, la substance est dénaturée, corrompue, impure.

Viser l’authenticité, c’est refuser les mélanges. Et Paul de dénoncer des pratiques incompatibles avec notre ADN spirituel.

Il utilise des mots très généraux, la laideur, l’impureté, la corruption : ce qui s’oppose à la bonté, la justice, la vérité – donc ce qui est mauvais, injuste, et faux.

Dans cette laideur, Paul cite 3 fléaux en particulier, 3 fléaux qui caractérisaient la société de son époque, mais… rien de nouveau sous le soleil, nous sommes encore en plein dedans !

  • Immoralité sexuelle

A l’époque de Paul, dans le monde gréco-romain, on trouve de nombreux cas de prostitution sacrée, des parties fines qui accompagnent les stratégies commerciales ou politiques, et l’idée paradoxale que le corps n’a pas beaucoup d’importance dans la quête spirituelle et morale, donc on fait ce qu’on veut. En sommes-nous loin ? Les scandales, dans la société et dans notre monde chrétien, nous alertent. Mais il n’y a pas que les scandales officiels. J’entendais quelqu’un dire récemment : les appétits du corps sont équivalents et neutres. Tant qu’on ne fait de mal à personne, la sexualité c’est comme boire ou manger. Sauf que dans cette optique, l’autre est là pour satisfaire nos besoins, en présentiel ou sur écran, comme un verre d’eau que l’on vide après avoir bu. On utilise l’autre, ou on s’utilise l’un l’autre, puis on se débarrasse.

Or pour Dieu, l’union des corps exprime concrètement l’amour, la communion, le partage le plus intime qui soit. Vivre cette communion sans la vivre, c’est de la contrefaçon. La vraie intimité s’enracine dans la relation de deux personnes qui se connaissent, se respectent, s’aiment, et se donnent l’une à l’autre, avec vulnérabilité et confiance, dans la fidélité.

En tant qu’évangéliques, on est à l’aise pour dénoncer cette forme d’immoralité. Un humoriste écrivait dans les années 90 : problèmes sociaux dont les évangéliques se soucient : la famille, l’avortement – point. [Crises de foi, le retour, PBU, p.86]. Mais Paul dénonce deux autres fléaux, qui devraient nous choquer autant : la cupidité, et les paroles vaines.

  • La cupidité

La cupidité, l’avarice, revient deux fois, et Paul la dénonce comme une idolâtrie. Ce besoin d’avoir toujours plus, plus, plus – plus d’argent, plus de pouvoir, plus de plaisir, plus de possessions… La dégradation causée par l’immoralité sexuelle est terrible, mais pas plus que celle causée par la cupidité, qui pénètre tous nos niveaux de fonctionnement. Nous le voyons au quotidien, certes, dans la rivalité, la performance, le jugement… Et au niveau mondial, nous découvrons les sordides histoires d’esclavage économique qui sous-tendent notre train de vie à l’Occidentale (mais sur c’est sur d’autres continents, donc, ça ne compte pas ?!).

Il n’y a pas que les travailleurs qui en souffrent, la terre elle-même : la surexploitation des ressources, la pollution, la déforestation anarchique, viennent perturber les écosystèmes, accélérer au centuple les extinctions d’espèces, et dégrader des régions entières (mais là aussi, c’est essentiellement d’autres continents qui trinquent, donc…). Et la cause ? nos cupidités, nos « plus, plus, plus ».

Pourquoi est-ce une idolâtrie ? Parce que notre quête effrénée de satisfaction, et parfois derrière, une quête identitaire, de statut, se tourne vers des choses ou des expériences, alors que le seul qui puisse répondre à cette soif, c’est Dieu. Le seul qui puisse combler nos vides, c’est le Dieu qui a créé le monde et qui nous aime de façon infinie.

  • Les paroles vaines

Dans l’Antiquité, on était prêt à tout pour un bon mot, pour un trait d’esprit. Et aujourd’hui, pour faire le buzz, pour un tweet bien relayé ? Pour une vidéo avec plus de vues ? Pour plus d’audimat ? A quoi est-on prêt ? Paul dénonce les paroles laides, sottes ou grotesques. Ce qui avilit l’autre, ce qui humilie, ce qui abaisse au lieu d’élever. Alors, on n’est pas tous concernés par ces pratiques de média, quoique, sur les réseaux sociaux, presque tous ont une parole publique.

Nos paroles ont du poids – pas le même que la corruption financière ou l’exploitation sexuelle, mais nos paroles donnent le ton de notre relation aux autres. Et on le voit bien dans nos relations, puisque la plupart de ce qui nous blesse, c’est la parole d’un autre.

Ces pratiques, il s’agit de leur résister fermement : qu’on n’en entende même pas parler parmi vous ! Ceux qui les pratiquent (attention) n’ont pas leur place auprès de Dieu, ils ne sont pas dignes de cet héritage. Et toute personne qui vous dit le contraire, qui vous invite à la complaisance, à une identité frelatée, est un menteur, qui réveille l’indignation de Dieu. Être enfant du Dieu de lumière est incompatible avec de sombres pratiques de bas-fonds : pour vivre la vie de Dieu de façon authentique, il faut refuser toute complicité avec la laideur.

Ce serait étonnant que Paul demande de ne plus fréquenter du tout ceux qui ne partagent pas notre foi et notre identité en Christ : Jésus mangeait avec les pécheurs et les mécréants ! Mais il s’agit de refuser toute emprise qui nous éloigne de la vie lumineuse que Dieu aime.

3. L’authenticité se vit progressivement

Cette dénonciation, légitime et juste, nous plonge dans l’incohérence de nos propres vies. Honnêtement, le problème ce n’est pas seulement « les autres », ou « la société », ce sont nos compromissions, nos accommodations, notre attirance maladive pour le sordide ou le frelaté. Et c’est là que c’est tellement important de revenir à notre identité en Christ : lui, lumière du monde, est venu plonger dans nos ténèbres pour nous en délivrer. Il a pataugé dans le moribond pour faire émerger en nous la vie et la fécondité (le fruit). Nous sommes sauvés par grâce, adoptés par Dieu par grâce, héritiers par grâce. Comment revenir en arrière ? comment tolérer encore l’intolérable aux yeux de Dieu ?

Paul est conscient que la vie chrétienne est un chemin : marchez dans l’amour, devenez les imitateurs (pas « imitez » : devenez !). Le réalisme sur la lenteur de notre progression n’empêche pas la détermination. La détermination à vivre avec toujours plus d’authenticité notre identité en Christ, à exposer toujours plus à sa lumière, à son Esprit, à sa Parole, notre vie entière : notre cœur, nos actes, nos paroles.

Et je termine avec une piste donnée par Paul, v.4. La reconnaissance, la gratitude comme antidote aux paroles indignes. C’est une bonne stratégie de remplacement : au lieu de dire n’importe quoi, je respire et je prie, merci Seigneur.  Mais je me demande si la reconnaissance n’est pas une bonne stratégie en général pour grandir en sainteté, pour devenir de plus en plus authentiques dans notre identité chrétienne.

Dire merci à Dieu, c’est reprendre conscience de sa présence, nous remettre, avec nos décisions ou nos pulsions, dans sa lumière. Dire merci, c’est nous rappeler tout ce qu’il a fait pour nous délivrer des fléaux qui accablent et dégradent notre humanité. Dire merci, c’est nous enraciner dans tout ce qui est bon, agréable, parfait – comment dire merci au Christ avec sincérité, pour plonger ensuite dans ce qui le dégoûte ?

Le processus prend du temps, Dieu a une part incontournable dans cette transition vers une identité plus lumineuse, plus authentique, mais chercher Dieu, chercher ce qui lui plaît, prendre parti aujourd’hui (et chaque jour), c’est déjà vivre dans sa lumière, c’est passer des ténèbres à l’aube. Nous ne sommes peut-être pas encore en plein soleil, à 100% rayonnants, mais la lumière est là et elle grandit, car Dieu est fidèle !