La paix avec Dieu

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Dans les deux premières prédications de notre mini-série, nous avons évoqué la paix de Dieu. Celle que le Christ donne à ses disciples juste avant de les quitter, une paix que nul autre ne peut donner. Celle qui découle de notre communion avec Dieu, une paix qui dépasse toute intelligence.

Ce matin, je propose que nous nous arrêtions sur un autre aspect de la paix de Dieu, à partir d’une formule utilisée par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains où il parle non pas de la paix de Dieu mais de la paix avec Dieu.

Qu’est-ce que la paix avec Dieu ? Est-ce que ça signifie que nous sommes en conflit avec lui ? Est-ce que nous devons faire la paix avec Dieu ? Qu’est-ce que ça change pour nous, aujourd’hui, d’être en paix avec Dieu ?

Le texte que nous allons lire se situe après une présentation détaillée du plan de salut de Dieu pour l’humanité, partant de la réalité universelle du péché, le mal présent en chacun de nous, jusqu’à la mort du Christ sur la croix à notre place, dont nous recevons les bienfaits par la foi.

Romains 5.1-11
1 Ainsi, nous avons été reconnus justes par la foi et nous sommes maintenant en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. 2 Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu. 3 Bien plus, nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, 4 que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance. 5 Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par l’Esprit saint qu’il nous a donné.
6 En effet, quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable. 7 Déjà qu’on accepterait difficilement de mourir pour quelqu’un de droit ! Quelqu’un aurait peut-être le courage de mourir pour une personne de bien. 8 Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. 9 Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes ; à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. 10 Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils. À plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par la vie de son Fils. 11 Il y a plus encore : nous mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, grâce auquel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu.

Paul se place à deux niveaux dans son argumentation. Il y a le niveau théologique global et le niveau plus personnel, de l’ordre de l’appropriation.

 

L’humanité ennemie de Dieu

Le niveau théologique global évoque les relations entre l’humanité en général et Dieu. Il parle d’une rupture fondamentale, celle que relatent les premiers chapitres de la Genèse, où l’humanité s’est coupée de son Créateur, voulant devenir son propre dieu. C’est l’épisode du jardin d’Eden, avec la tentation du serpent qui incite Adam et Eve à manger du fruit de la connaissance du bien et du mal. C’est une prétention à l’autonomie sans Dieu. Dans la suite de son argumentation, à partir du verset 12, Paul va développer ce lien fondamental au péché d’Adam. Mais cette rupture fondamentale, c’est aussi l’épisode du Déluge, qui survient alors que l’humanité s’enfonce de plus en plus dans le mal, n’en faisant qu’à sa tête. C’est enfin l’épisode de la tour de Babel, lorsque les humains ont voulu construire une tour “qui touche les cieux”, s’élevant jusqu’à la place de Dieu. Il y a bien-sûr une dimension symbolique à ces récits qui répètent d’une certaine façon le même schéma, témoignant du fait que la rupture de l’humanité avec son Créateur est bel et bien profondément ancrée en elle.

C’est en cela que l’humanité est “ennemie de Dieu” (cf. v.10). Elle s’est coupée elle-même de son Créateur. Cette rupture fondamentale continue à se manifester, de multiples manières, dans l’histoire de l’humanité, jusqu’à aujourd’hui : on la voit dans les régimes totalitaires, dans les violences et les oppressions systémiques de tous ordres et leurs conséquences sociales, économiques, environnementales… L’humanité “ennemie de Dieu” change de visage au cours de l’histoire mais elle demeure bien réelle.

La réponse de Dieu a été d’envoyer son Fils, Jésus-Christ, pour prendre l’initiative de la réconciliation : “quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable.” (v.6) Et Paul souligne la pure miséricorde de Dieu dans cet acte, sa grâce : ”Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.” (v.8)

C’est le mystère de la croix, par lequel Jésus-Christ meurt, à notre place, victime de l’humanité “ennemie de Dieu”. Il meurt, lui le juste, pour nous injustes : “Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes… Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils.” (v.9-10).

Voilà l’argumentation théologique globale de l’apôtre Paul dans notre passage.

 

Faire la paix avec Dieu

Mais il y a aussi un niveau plus personnel dans l’argumentation de l’apôtre, qui est de l’ordre de l’appropriation. C’est l’usage du “nous” dans tout ce texte. Paul aurait pu dire la même chose de manière impersonnelle, en parlant de l’humanité ou même des croyants. En disant “Nous sommes maintenant en paix avec Dieu”, ou “Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui”, il rend sa démonstration éminemment personnelle, appelant ses lecteurs à s’inclure dans ce “nous”. Il nous invite à vivre personnellement ce chemin de réconciliation avec Dieu.

La question de la paix avec Dieu n’est pas seulement entre l’humanité et Dieu, c’est entre chacun de nous et notre Créateur. Il s’agit de prendre conscience que nous avons tous besoin de faire la paix avec Dieu.

Et pas seulement si nous sommes des athées convaincus, en guerre ouverte contre Dieu. Là, c’est évident… Faire la paix avec Dieu, pour le non-croyant, c’est choisir le chemin de la foi. C’est renouer le contact perdu avec son Créateur en répondant à l’initiative prise par Dieu en Jésus-Christ. Ce n’est que le début du chemin mais c’est l’étape décisive de la réconciliation avec Dieu.

Mais parce que ce n’est que le début du chemin, le croyant devra aussi parfois refaire la paix avec Dieu. Pas forcément parce qu’il sera en conflit ouvert avec lui… Mais par exemple, lorsque, consciemment ou non, nous tenons Dieu pour responsable de malheurs qui nous arrivent, lorsque, d’une manière ou d’une autre, nous lui en voulons. Ou lorsque, sans forcément toujours nous en rendre compte, nous menons notre barque sans lui, quand finalement nous décidons tout seul de ce qui est bien ou mal…

C’est alors que nous nous sommes laissés à nouveau embarqués par l’humanité ennemie de Dieu, dont il reste toujours quelque chose au fond de nous-mêmes. C’est ce que Paul appelle ailleurs le “vieil homme” dont il faut sans cesse se débarrasser. C’est Luther qui disait : “J’ai voulu noyer le vieil homme, mais le bougre sait nager !”

Refaire la paix avec Dieu, pour le croyant, c’est retrouver le chemin de la confiance et de l’abandon à Dieu.

 

L’impact de la paix avec Dieu

L’apôtre Paul évoque enfin l’impact personnel de cette paix retrouvée avec Dieu. C’est là que la paix avec Dieu rejoint la paix de Dieu… car elle procure une force incroyable au quotidien. D’abord parce qu’elle nous donne une espérance, celle de la gloire : “Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu.” (v.2)

Et c’est une perspective qui change tout ! Quelles que soient les circonstances de notre vie, quoi qu’il nous arrive, nous savons que notre horizon ne s’arrête pas à cette vie ici et maintenant. Il s’étend jusque dans l’éternité. Rien ni personne ne peut nous ôter cela !

Concrètement, cette espérance change notre regard sur les épreuves de la vie. C’est ce que l‘apôtre exprime dans l’enchaînement étonnant des versets 3-4, qui commence par une affirmation paradoxale : “nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance.”

On n’est pas du tout ici dans une forme de masochisme spirituel où le croyant se réjouirait de ses épreuves et de ses détresses. On est plutôt dans l’affirmation d’une paix qui permet d’aborder les épreuves d’une façon différente, de voir au-delà des détresses. Parce que nous savons que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! Plus encore, dans nos détresses elles-mêmes, Dieu peut changer le mal en bien, parce qu’au bout de la chaîne, il y a l’espérance !

 

Conclusion

En somme, être en paix avec Dieu, c’est être aussi en paix avec soi-même, et trouver la paix même dans l’épreuve. Parce que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! La paix avec Dieu nous procure la paix de Dieu, cette paix que nul autre ne peut nous donner, une paix qui dépasse toute intelligence.




Une paix qui dépasse toute intelligence

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La semaine dernière, nous avons évoqué la paix que le Christ laisse à ses disciples peu de temps avant de les quitter, une paix qui découle de sa présence auprès d’eux, auprès de nous et en nous par son Esprit. C’est une paix que nul autre ne peut nous donner ! Ce matin, je vous propose de nous arrêter sur un autre aspect de la paix de Dieu, que l’apôtre Paul évoque dans son exhortation aux chrétiens de Philippe.

Les deux versets que nous allons lire font partie des différentes recommandations que l’apôtre adresse à ses lecteurs, à l’issue de sa lettre. Le contexte n’est pas facile, tant pour Paul que pour ses lecteurs. L’apôtre est en prison lorsqu’il écrit sa lettre. Et les chrétiens de Philippe font face eux-mêmes à des difficultés. Paul les considère comme ses partenaires dans la lutte pour la propagation de la Bonne Nouvelle du Christ. Car elle progresse, malgré les oppositions.

Dans un tel contexte, qui peut être source de craintes et d’inquiétudes, au coeur de ses exhortations, l’apôtre Paul adresse un appel à ses lecteurs, avec une promesse, celle de la paix de Dieu :

Philippiens 4.6-7
6 Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7 Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.

 

Une paix qui dépasse toute intelligence

Intéressons-nous d’abord à la formule originale utilisée par Paul au verset 7 : “la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence”. Qu’est-ce que ça signifie exactement ? De quelle intelligence parle-t-on ?

C’est le terme grec noûs qui est utilisé ici. Un terme qu’on peut traduire avec plusieurs termes en français : l’esprit, la pensée, la raison, l’intellect… En fait, on peut dire que le terme désigne notre faculté de penser.

Paul affirme donc que la paix de Dieu dépasse notre faculté de penser. Est-ce à dire que c’est une paix qui n’a rien à voir avec l’intelligence ? Une paix irrationnelle, qui ne s’explique pas ? Il me semble que c’est plutôt une paix qui surpasse les limites de notre intelligence.

Car, il faut le dire, notre intelligence peut nous procurer une certaine paix. Face à une situation de stress ou d’inquiétude, on peut se raisonner, analyser le problème. On peut mettre à profit notre expérience, nos connaissances, faire preuve de sagesse. Et cela peut suffire à nous procurer la paix, lorsqu’on comprend, ou qu’on maîtrise la situation.

Dieu nous a donné une intelligence et nous appelle à faire preuve de bon sens. Cela suffit à nous procurer la paix dans un certain nombre de cas. Ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on est obligé de vivre toujours dans l’irrationnel !

Mais il y a des circonstances qui échappent à notre compréhension et notre sagesse, des situations qu’on ne maîtrise pas du tout, qui nous dépasse, où on se sent complètement démuni… C’est alors que la paix de Dieu est si importante, elle qui surpasse toutes nos facultés intellectuelles.

La paix de Dieu va au-delà de notre sagesse et notre bon sens. Elle nous est accordée même lorsque notre intelligence ne peut nous procurer aucune paix. Même quand, humainement, il ne semble y avoir aucune issue favorable possible, le croyant peut être rempli de la paix de Dieu. De nombreux exemples peuvent être cités, hier et aujourd’hui, pour des croyants face à la persécution, dans le creuset de l’épreuve ou au cœur de la maladie. Alors que tout semble perdu humainement, ils font preuve d’un calme, d’une confiance et d’une paix incroyables. Cette paix-là est d’ailleurs parfois un témoignage plus fort et parlant qu’un miracle. En fait, elle est un miracle… parce qu’elle est l’effet direct de l’oeuvre de Dieu.

 

La paix dans l’union avec Jésus-Christ

Arrêtons-nous maintenant sur la suite de l’exhortation de l’apôtre Paul, qui permet de préciser ce qu’est cette paix de Dieu qu’il promet. Relisons l’ensemble du verset 7 : “la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.”

Le fruit de la paix de Dieu chez le croyant, c’est de garder son coeur et ses pensées unis avec Jésus-Christ. Le coeur et les pensées, ce sont différentes dimensions de notre être intérieur. Le coeur, c’est plutôt le siège de la volonté, de nos intentions et de nos motivations. Les pensées (le terme grec est apparenté à noûs) sont le fruit de notre intellect, nos réflexions, nos préoccupations…

Les soucis, les inquiétudes, les préoccupations peuvent altérer notre paix intérieure. Mais pour le croyant que nous sommes, ils peuvent aussi facilement nous éloigner du Christ, nous faire oublier sa présence, nous donner l’impression de ne plus la ressentir. Absorbés que nous sommes par les soucis et l’inquiétude, on peut en venir à oublier la présence du Christ à nos côtés…

Or la paix de Dieu garde nos coeurs et nos pensées unis avec Jésus-Christ. On pourrait même dire qu’on a ici une sorte de définition de la paix pour le chrétien : c’est avoir son coeur et ses pensées unis avec Jésus-Christ. Être en harmonie avec le Christ. Se reposer en lui.

On pourrait appeler cela le cercle vertueux de la paix de Dieu. Elle garde notre coeur et nos pensées unis au Christ, et le fait de garder notre coeur et nos pensées unis au Christ nous procure la paix en toutes circonstances !

 

Le rôle de la prière

Si on revient un peu en arrière dans l’exhortation de Paul, on constate qu’il y a un rôle spécifique de la prière pour recevoir la paix de Dieu. C’est le verset 6 : “Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant.”

Il s’agit donc, en toutes circonstances, de demander à Dieu ce dont nous avons besoin, et de le faire avec un coeur reconnaissant.

Ca ne veut pas dire que Dieu nous donnera automatiquement tout ce que nous lui demanderons. L’apôtre Paul n’est pas en train de nous donner un truc infaillible pour obtenir de Dieu tout ce qu’on veut ! L’idée de cette exhortation est qu’en demandant à Dieu tout ce dont nous avons besoin, nous lui exprimons notre attente, notre confiance, nous reconnaissons que nous dépendons de lui.

Le faire avec un coeur reconnaissant, c’est justement le faire dans la confiance que Dieu répondra selon nos besoins, qu’il prendra soin de nous. Ici encore, ce n’est pas une formule magique. Comme s’il suffisait de dire merci par avance pour avoir ce qu’on demande. Vous savez que certains l’ont compris comme ça ! Ce n’est plus de la reconnaissance, c’est une tentative de manipulation… et une sacrée preuve d’immaturité chrétienne !

Il ne faut pas oublier que ce que Dieu promet en réponse à nos prières, dans cette exhortation de l’apôtre, ce n’est pas forcément ce qu’on lui demande mais c’est toujours sa paix. Notre texte dit : “Demandez à Dieu tout ce dont vous avez besoin… et il vous donnera sa paix.” Que l’on obtienne ou non ce que nous avions demandé, Dieu promet de nous donner sa paix.

 

Conclusion

Je nous invite ce matin à entrer dans le cercle vertueux de la paix de Dieu ! Gardons notre coeur et nos pensées unis au Christ pour recevoir la paix de Dieu, cette paix qui elle-même gardera notre coeur et nos pensées unis au Christ !

Ce cercle vertueux nous gardera en paix, quelles que soient les circonstances de notre vie, quelles que soient les menaces ou le tumulte qui nous entoure.




Je vous donne ma paix

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Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais moi je suis fatigué… Fatigué de la cacophonie ambiante, des discours excessifs et irrationnels des uns, du ton de donneur de leçons des autres. Fatigué des disputes, des revendications et contestations de tout poil, de l’agressivité globale. Fatigué des dialogues de sourds où l’écoute et la bienveillance n’ont plus leur place.

J’ai besoin de paix et d’apaisement. Et je me suis dit que je ne suis sans doute pas le seul à en avoir besoin. C’est pourquoi je vous propose, pour ce mois d’août, une mini-série de quatre prédications que j’espère apaisante… autour de quatre textes bibliques qui parlent de paix, et d’abord de la paix que Dieu nous donne.

Je propose de commencer avec une parole de Jésus lui-même, qu’il a adressée à ses disciples peu de temps avant d’être arrêté et condamné pour être crucifié.

Jean 14.26-29
26 Celui qui doit vous venir en aide, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
27 C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés. 28 Vous m’avez entendu dire : “Je m’en vais, mais je reviendrai auprès de vous.” Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de savoir que je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi. 29 Je vous l’ai annoncé maintenant, avant que ces choses arrivent, afin que lorsqu’elles arriveront vous croyiez.

C’est en particulier le verset 27 sur lequel j’aimerais m’arrêter ce matin : “C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.”

 

N’ayez pas peur

On l’a dit, ces paroles de Jésus font partie des dernières qu’il a dites à ses disciples, avant son arrestation. Il sait que sa fin est proche. On se rend compte aussi que ses disciples perçoivent bien que c’est un moment spécial. On les sent inquiets, préoccupés. Ils sentent que quelque chose va se passer, et Jésus veut les rassurer : ”Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.”

Ce n’est pas la première fois que Jésus dit à ses disciples : n’ayez pas peur. Il l’a dit lors de la Transfiguration, ou lorsqu’il a marché sur l’eau par exemple… Ce n’est pas non plus la dernière fois. Il le redira lorsqu’il leur apparaîtra après sa résurrection par exemple. Plus largement, dans la Bible, c’est une phrase, au singulier ou au pluriel, qui est très courante. Certains en ont même dénombré 365 occurrences. Une pour chaque jour !

C’est bien que nous avons besoin de l’entendre et de le réentendre. N’ayez pas peur ! Ces paroles nous font du bien aussi aujourd’hui. Peut-être même particulièrement aujourd’hui, alors que tant de discours maniant la peur résonnent partout autour de nous. Que ce soit la peur de la mort avec les chiffres quotidiens du Covid qui tournent en boucle depuis 18 mois, la peur d’une pandémie dont on ne se sortirait jamais, ou la peur du complot ou de la dictature qu’on brandit comme des épouvantails.

La peur et la paix ne peuvent pas coexister… Alors Jésus nous dit : N’ayez pas peur !

 

La manière du monde

Ce que Jésus veut laisser à ses disciples, c’est sa paix. Il leur donne sa paix… et il précise qu’il ne la donne pas “à la manière du monde”. Que veut-il dire par là ?

Chez Jean, le monde peut avoir plusieurs sens. Ca peut-être l’humanité dans sa globalité, celle que Dieu a tant aimé qu’il a envoyé son Fils pour la sauver. Mais le mot peut avoir un sens plus péjoratif, et c’est le cas ici. C’est ce monde dont il parle quelques versets plus haut, incapable de voir et de connaître Dieu parce qu’il ne le reçoit pas. C’est ce monde dont Jésus parlera un peu plus tard à ses disciples disant qu’il les détestera comme il l’a détesté, lui.

Ce monde n’a pas vraiment changé… C’est aujourd’hui un monde impitoyable et froid, un monde où le pouvoir, les jeux d’influence, l’argent écrasent l’humain. Un monde dans lequel on ne donne pas… où ce qui est gratuit cache toujours une contrepartie plus ou moins cachée. Un monde dans lequel la grâce n’existe pas. La paix que peut “donner” ce monde-là se paie et se monnaie. Et ce n’est pas de cette manière que Jésus donne sa paix…

Il faut ici préciser que ce monde-là, n’est pas forcément extérieur aux chrétiens. Il n’y a pas d’un côté les croyants qui sont toujours proches de Dieu et dont le comportement est irréprochable, et de l’autre le monde, dont il faut se méfier, et même se couper, parce qu’il nous éloignerait de Dieu. Les frontières sont poreuses. Le monde dont parle Jésus ici, on le trouve aussi dans l’Eglise, malheureusement, où les relations ne sont pas toujours animées par la grâce…

Mais Jésus, lui, n’est pas de ce monde. Il ne donne comme le monde donne. Sa paix, il nous l’offre. Il donne ce qu’il promet. Sans contrepartie cachée. Sa paix, elle découle de la grâce.

 

La paix que Jésus donne

“C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne.”

Quelle est donc cette paix que Jésus donne ? Et comment la donne-t-il ?

La paix dont Jésus parle ici, c’est sans doute d’abord celle qui découle de sa présence. Jésus est bel et bien en train de dire à ses disciples : oui, je m’en vais… mais je serai toujours là, avec vous. Je m’en vais en chair et en os, mais je serai avec vous, par mon Esprit, cet autre Consolateur que le Père enverra. Il le dit explicitement au verset 18 : “Je ne vous laisserai pas seuls comme des orphelins ; je viendrai auprès de vous.”

La paix que Jésus donne, c’est celle de sa présence auprès de nous, en toutes circonstances. “N’ayez pas peur : je suis avec vous, je vous offre ma présence, sans contrepartie cachée.”

C’est une paix dans l’épreuve et face à l’adversité, que l’on n’affronte jamais seul. C’est une paix devant l’inconnu et face à l’incertitude, car celui qui est auprès de nous connaît toutes choses, rien ne lui échappe. C’est une paix face à la mort. Parce que le Christ vivant est ressuscité, il a vaincu la mort.

Voilà la paix que le Christ donne. C’est une paix que nul autre ne peut donner.

 

Conclusion

Face à la cacophonie ambiante, face aux messages de peur et aux attitudes agressives qui nous atteignent, d’une manière ou d’une autre, devant l’incertitude du moment, entendons la promesse du Christ : “je vous donne ma paix.”

Quand il dit cela à ses disciples, c’est pour leur promettre qu’il ne les abandonnera jamais. S’il s’en va, c’est pour mieux être présent auprès d’eux, par son Esprit. Du coup, la promesse demeure pour nous !

Cette présence du Christ à nos côtés, en toutes circonstances, c’est la garantie de sa paix. Une paix que le monde ne peut pas donner. Une paix que nul autre ne peut donner. Une paix qui se reçoit par la foi, qui s’affermit dans la confiance. Une paix que nous pouvons vivre, dans une relation avec le Christ vivant, quel que soit le tumulte du monde qui nous entoure.

“C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.”




Dépasser nos a priori

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Quelle est la personne que vous connaissez le mieux au monde ? Votre conjoint ? Votre meilleur ami ? Vos enfants ou vos parents ?

Pour ma part, la personne que je connais le mieux au monde, c’est ma femme. Ça fait 30 ans qu’on se connait, 28 ans de vie commune… on peut dire qu’on se connaît bien ! Mais quel chemin parcouru, dans notre connaissance mutuelle, par rapport au jour où on s’est rencontré pour la première fois ! Forcément, on se faisait une idée l’un sur l’autre, on avait certains a priori. Aujourd’hui, les masques sont tombés ! Mais ça n’a en rien entamé notre amour…

Et vous, quelle est la personne que vous connaissez le mieux au monde ? Et pourquoi est-ce que c’est la personne que vous connaissez le mieux au monde ? Parce que vous la connaissez depuis longtemps, de façon intime, que vous l’avez vue changer, que vous avez évolué avec elle… Ce n’est pas un CV ou un test de personnalité qui nous permet de connaître quelqu’un, c’est la relation qu’on va entretenir avec elle.

Il me semble que l’analogie est valable pour la foi. Avoir la foi, c’est connaître Dieu et sans cesse apprendre à le connaître, dans une forme de relation personnelle et intime avec lui. Et si on en reste à nos a priori, on ne le connaîtra jamais vraiment.

Il y a un épisode des évangiles qui peut l’illustrer. Il se trouve au chapitre 6 de l’Evangile selon Marc.

Dans les premiers chapitres de son Evangile, Marc a évoqué le début du ministère de Jésus en Judée. Il a appelé une poignée de disciples à le suivre, il allait de village en village, annonçant une bonne nouvelle, celle du Règne de Dieu désormais tout proche. Il guérissait aussi des malades. Et sa renommée a vite grandi, des foules venaient l’écouter et le voir. Et puis, Jésus décide de quitter la Judée et de se rendre dans son pays, là où il a grandi, à Nazareth, en Galilée.

Marc 6.1-6
1 Jésus quitta cet endroit et se rendit dans son pays ; ses disciples le suivaient. 2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Impressionnés, de nombreux auditeurs disaient : « D’où lui vient cela ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée et comment ces miracles se réalisent-ils par ses mains ? 3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne vivent-elles pas ici parmi nous ? » Cela les empêchait de croire en lui. 4 Et Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, dans sa parenté et dans sa maison. » 5 Et il ne pouvait faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il posa les mains sur quelques malades et les guérit. 6 Et il s’étonnait de leur manque de foi.

Ca ne se passe pas aussi bien pour Jésus à Nazareth qu’en Judée… Nul n’est prophète en son pays. C’est une expression qui est entrée dans le langage courant. On ne sait pas forcément que ça vient de la Bible et que Jésus est le premier à l’avoir dit !

 

La barrière des a priori

Qu’est-ce qui pose problème pour les habitants de Nazareth ? C’est qu’ils croyaient déjà connaître Jésus :

« N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne vivent-elles pas ici parmi nous ? » Cela les empêchait de croire en lui. (v.3)

Ils sont incapables de croire en Jésus parce qu’ils le connaissent trop bien. Ou plutôt ils croient le connaître. “Il est de chez nous, on connaît sa famille, on l’a vu grandir.” Ils sont incapables de voir en Jésus autre chose que ce qu’ils connaissent déjà : le charpentier, le fils de Marie. Ils sont bloqués par leurs a priori.

Est-ce que ça ne nous arrive pas à nous aussi d’être piégés par une telle attitude ? Pourtant, comment peut-on prétendre connaître quelqu’un si on en reste à notre première impression, ou pire, à nos a priori ?

Il me semble que c’est valable aussi dans le domaine de la foi… Je crois qu’un des principaux obstacles à la foi, c’est justement nos a priori. Si vous n’êtes pas croyants, je suis sûr que vous avez des a priori sur la foi, la Bible, la religion, Jésus. Et je ne vous jette pas la pierre, c’est normal. D’ailleurs, si vous êtes croyants, je suis sûr que vous avez aussi des a priori, y compris sur ce que doit être votre vie de croyant, sur l’Église voire même sur Dieu. Qui peut prétendre que sa foi est exempte de tout a priori ?

Le vrai problème, ce n’est pas tellement d’avoir des a priori… On en a tous. Le problème c’est de faire des ces a priori des certitudes. Car des a priori, on peut les remettre en cause, on peut les surmonter. Mais des certitudes, ça ne bouge pas beaucoup… Je ne dis pas que nous ne devons pas avoir des convictions, même fortes, que nous ne devons croire en rien. Bien au contraire, nous avons besoin de convictions et de valeurs qui nous animent. C’est essentiel si on veut que notre vie ait un sens. Mais nous devons nous méfier des certitudes absolues qui risquent de nous enfermer.

Si vous avez des a priori négatifs sur la Bible, la foi ou Jésus, et si vous en faites des certitudes, alors je comprends que vous n’ayez pas la foi et même que vous n’en ayez pas envie. Et si, tout en étant croyant, vous avez laissé vos a priori concernant la vie chrétienne ou la personne de Dieu devenir des certitudes absolues, alors je crains que votre cheminement spirituel ne progresse plus vraiment parce que pour progresser, il faut savoir se remettre en question.

 

Dépasser nos a priori

Comment dépasser nos a priori ? En osant la rencontre ! C’est vrai dans nos relations humaines. Si vous voulez vraiment connaître quelqu’un et dépasser vos a priori sur lui, il vous faudra prendre le temps de le rencontrer. Ca ne veut pas dire que vous deviendrez forcément des amis intimes, vous n’allez peut-être pas trouver d’atome crochu avec lui, peut-être même que vous n’allez pas l’apprécier mais au moins, vous le connaîtrez.

Dans le domaine de la foi, c’est pareil ! Laissez vos a priori et vos certitudes pour oser la rencontre !

Car il faut comprendre que la foi est avant tout une affaire de rencontre. Dans le domaine de la foi, si vous en restez à une simple croyance, en fait, vous n’êtes guère allé plus loin que les a priori. Et vous passez à côté… Choisir la foi, c’est oser la rencontre avec Dieu, c’est apprendre à lui faire confiance, apprendre à le voir agir en nous et autour de nous, apprendre à entendre sa voix, dans la prière, dans la lecture de la Bible. Au début, certes, c’est un peu un saut dans l’inconnu… mais n’est-ce pas toujours le cas quand on découvre quelqu’un qu’on ne connaît pas ? Avec Dieu aussi, osez la rencontre !

Mais j’aimerais nous adresser, à nous croyant, la même exhortation. Laissons nos certitudes pour oser la rencontre. Car tout au long de notre vie de croyant, nous pouvons nous forger des certitudes absolues et croire que nous avons tout compris. On tombe alors dans le même travers que les habitants de Nazareth avec Jésus : on croit déjà tout connaître de lui.

Or, on ne peut jamais réduire Dieu à l’image qu’on se fait de lui, ni même le réduire à notre théologie, aussi élaborée soit-elle. Pour approfondir notre foi, approfondissons notre relation avec Dieu. Osons, toujours, la rencontre, dans la prière, dans la méditation de sa Parole. Même si ça peut parfois nous remettre en question. Surtout si ça nous remet en question ! C’est comme ça qu’on grandit dans la foi.

 

Conclusion

Les a priori sont un piège. C’est vrai dans nos relations les uns aux autres. C’est vrai aussi par rapport à la foi.

Ne considérez donc pas la foi comme une simple croyance. Elle ne serait guère plus qu’une opinion voire un simple a priori.

Ne faites pas non plus de la foi une certitude inébranlable, qui vous enferme dans une posture rigide et sclérosante.

Chercher une foi vivante, fondée sur une relation vivante et structurante avec Dieu. Osez la rencontre, pour dépasser vos a priori !




Face à l’ennemi

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1 Pierre 5.8-14
8 Soyez lucides, veillez ! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer. 9 Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi. Rappelez-vous que vos frères et vos sœurs, dans le monde entier, endurent les mêmes souffrances. 10 Vous aurez à souffrir encore un peu de temps. Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l’union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. 11 À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.
12 Je vous ai écrit cette courte lettre avec l’aide de Sylvain que je considère comme un frère fidèle. Je l’ai fait pour vous encourager et pour attester que c’est à la véritable grâce de Dieu que vous êtes attachés.
13 La communauté qui est ici, à Babylone, et que Dieu a choisie comme vous, vous adresse ses salutations, ainsi que Marc, mon enfant. 14 Saluez-vous les uns les autres avec affection, comme des frères et des sœurs.
Que la paix vous soit donnée à vous tous qui appartenez au Christ !

Avant les formules traditionnelles de salutation, à la toute fin de l’épître, Pierre veut adresser à ses lecteurs une dernière exhortation. Rappelons-nous que le contexte global de cette épître, c’est l’hostilité à laquelle les chrétiens devaient faire face, qui pouvait aller jusqu’à la persécution à cause de leur foi. Pierre dit à ses lecteurs qu’ils ne doivent pas s’étonner de cela, c’est le lot de tous les croyants, hier comme aujourd’hui. Même si les sociétés changent et les formes d’opposition aussi.

L’exhortation ultime de son épître reste donc vraie pour nous aujourd’hui. Même si, pour en souligner l’importance, il l’affirme avec force, en usant d’une métaphore… qui peut faire peur !

1 Pierre 5.8-9
8 Soyez lucides, veillez ! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer. 9 Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi.

 

Un double impératif

Mais avant la métaphore, Pierre adresse un double impératif à ses lecteurs, qui ont d’ailleurs aussi une certaine dimension imagée : “Soyez lucides, veillez !”

“Soyez lucides”.
On pourrait traduire, comme le font certaines versions, “Soyez sobres”. Le verbe désigne en effet celui qui reste lucide parce qu’il n’a pas bu d’alcool, parce qu’il est resté sobre. On sait que l’alcoolisation altère la vigilance… ce n’est pas pour rien qu’on ne doit pas conduire quand on a bu !

“Veillez”.
Il ne s’agit pas seulement de ne pas dormir et de rester réveillé, il s’agit d’une veille active, celle des gardes qui restent éveillés la nuit pour s’assurer qu’aucun ennemi n’attaque. Il s’agit donc de monter la garde, de rester en alerte.

La juxtaposition de ces deux impératifs opère un effet d’accentuation et doit éveiller notre esprit. Oui, il y a des dangers et il faut rester vigilant. Mais chacun des deux impératifs a une connotation propre.

Le premier nous met en garde contre l’insouciance ou la suffisance. “Moi oui, bien-sûr que je peux prendre le volant, je résiste à l’alcool !” Il s’agit de faire un travail sur soi pour rester sur ses gardes. Je pense à cette parole de l’apôtre Paul : “Que celui qui pense être debout prenne garde de ne pas tomber.” (1 Corinthiens 10.12)

Le second nous met en garde contre la naïveté. Celle qui nous empêche de voir les dangers autour de nous, et chez les autres. Je pense ici à la fameuse parole de Jésus, quand il envoie ses disciples : “Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups…” (Matthieu 10.16)

Evidemment, il ne faut pas tomber dans la paranoïa et le complexe de persécution. Mais il faut aussi être conscient qu’il y a bien certains dangers propres à la vie chrétienne. Et par ces deux impératifs brefs et cinglants, Pierre nous met en garde, d’une part contre l’insouciance et la suffisance, et d’autre part contre la naïveté. L’un et l’autre de ces écueils nous guettent, si nous n’y prenons pas garde.

 

Une métaphore

L’ennemi

Mais alors quel est le danger ? Qui est cet ennemi dont il faut se méfier ? Pierre l’évoque par le biais d’une métaphore saisissante : “Votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer.”

L’image est parlante… et effrayante. Peu d’entre nous aimerait croiser un lion affamé sur son chemin ! Pierre nous dit : “N’oubliez pas qu’il y a autour de vous des gens mal intentionnés qui vous veulent du mal.” Et même plus que des gens : le diable.

Le diabolos, en grec, c’est celui qui accuse, qui sépare et désunit. Il y a bien une réalité spirituelle qui cherche à s’opposer à Dieu et ceux qui lui appartiennent. Même si c’est une réalité qui nous reste bien mystérieuse, et pour laquelle il faut être prudent en évitant la fascination ou des conclusions hâtives, ce serait une grave erreur de nier son existence… Pierre le rappelle : “Votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant’.

Mais convoquer la figure du diable, ce n’est pas se dédouaner de ses responsabilités et spiritualiser à l’excès les problèmes que nous pouvons rencontrer. Il ne faudrait pas oublier que le diable, ça peut être vous ou moi lorsque nous accusons ou que nous divisons. Celui qui accuse et qui divise fait l’oeuvre du diable, le diabolos, l’accusateur. Jésus n’a-t-il pas dit à Pierre, qui voulait écarter Jésus de sa mission qui le mènerait jusqu’à la croix : “Arrière de moi, Satan !” ?

Face à l’ennemi

Une fois l’ennemi identifié, la métaphore se poursuit en évoquant l’attitude à tenir face à lui : “Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi.” Le verbe grec signifie littéralement “Se tenir devant ou contre”. Et stereos, utilisé ensuite, signifie solide, ferme. C’est l’image de quelqu’un qui reste debout, planté devant le lion et ne bouge pas .

C’est Gandalf devant le Balrog, dans le Seigneur des Anneaux : “Tu ne passeras pas !”

Face à l’ennemi qui cherche à nous faire du mal, nous pouvons dire, par la foi : “Tu ne passeras pas !” C’est l’exhortation de Pierre : Tenez-vous devant lui, ferme dans la foi ! Il ne s’agit pas de l’attaquer de front ou de chercher à le maîtriser. En utilisant le même verbe grec, Jacques dit dans son épître : “Résistez au diable et il fuira loin de vous” (Jacques 4.7)

Il s’agit donc de tenir debout, ferme et solidement ancré dans notre foi. Ce n’est pas notre foi en elle-même qui compte, c’est celui en qui nous avons placé notre foi. C’est lui qui nous rend ferme et solide, qui nous permet de tenir debout devant les attaques du diable. Et même si le lion cherche à nous dévorer, il s’y cassera les dents !

On entend dire, parfois, que la foi c’est pour les faibles, que c’est une béquille pour ceux qui n’arrivent pas à affronter les difficultés. Je crois que c’est le contraire. La foi n’est pas une béquille artificielle pour les faibles, elle nous rend fort. Elle nous permet de rester debout et ferme.

La foi est une force incroyable face à l’adversité, dans les épreuves et les difficultés. Parce qu’elle permet de voir que nous ne sommes jamais seuls. Le Christ vivant, ressuscité d’entre les morts, est là avec nous, tous les jours, selon sa promesse. Et puis il y a les frères et les sœurs dans la foi qui sont à nos côtés, dans la même foi, qui prient avec nous et pour nous.

Oui, la foi nous rend fort. Parce qu’elle sait que notre force ne repose pas sur nos propres capacités, notre sagesse ou notre expérience. Mais elle repose sur Celui qui nous appelle et nous accompagne. Et lui, il a déjà vaincu la bête, il a dompté le lion, il a terrassé le dragon, par sa mort et sa résurrection.

 

Conclusion

La vie est un combat, une lutte parfois âpre et douloureuse. C’est vrai aussi de la vie chrétienne, le croyant devant faire face à des adversaires spécifiques. Il doit rester lucide et vigilant, et tenir ferme dans la foi.

Mais l’issue du combat n’est pas incertaine. Car le Christ a déjà remporté la victoire, par sa mort et sa résurrection. C’est d’ailleurs avec une promesse que Pierre termine son propos, avant les salutations finales. Et je terminerai simplement en citant ces versets 10-11 :

“Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l’union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.”