Se faire tout à tous

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Lecture biblique : 1 Corinthiens 9.16-23

Si l’apôtre Paul parle de lui-même dans ce texte, ce n’est pas pour se mettre en avant. Le contexte permet de le comprendre. En effet, il est attaqué, contesté par certains qui refusent de reconnaître son autorité d’apôtre. Il doit donc se défendre. Il parle au début du chapitre de sa vocation et du travail qu’il a accompli jusque-là. Et dans notre texte, il nous donne à entendre ses motivations profondes, la perception qu’il avait de sa mission, avec cette fameuse formule : « Je me fais tout à tous ».

« Je me fais tout à tous ». C’est une formule choc. Paul utilise le verbe grec ginomai qui signifie « naître ». Il s’agit donc pour lui presque de devenir quelqu’un d’autre pour rejoindre son interlocuteur. Dans la perspective de l’apôtre, la priorité, c’est les autres. Pour qu’il puisse remplir sa mission, il faut qu’il devienne quelqu’un d’autre, quelqu’un d’audible, de compréhensible, d’accessible, que son interlocuteur soit Juif ou Grec.

Ce n’est pas directement un texte d’exhortation. Paul ne dit pas : « Faites-vous tout à tous ! » Il parle de sa façon d’envisager les choses, celle d’un apôtre entièrement dévoué à sa vocation. Mais on devine aisément qu’il y a à la fois un fondement théologique fort et un souci pragmatique évident derrière cette formule. L’un et l’autre faisant bon ménage ! L’un et l’autre pouvant, du coup, interpeller notre façon d’être témoins du Christ nous-mêmes.

Un fondement théologique : l’incarnation

Quel est le fondement théologique de cette affirmation : « Je me fais tout à tous » ? Finalement, que dit-il dans ce passage ? Il affirme que, sans contrainte, il choisit de se faire serviteur de tous. Avec les Juifs, il vit comme un Juif. Avec ceux qui n’ont pas la loi de Moïse, il vit comme s’il n’avait pas lui-même cette loi. En somme, il cherche à devenir exactement comme ceux avec qui il vit. Et ce, dans un seul but : leur faire connaître le salut.

A quoi cela fait-il penser ? Quel est le modèle de Paul pour agir ainsi sinon le Christ ? Celui de l’hymne christologique de Philippiens 2 :
6Lui, il est l’égal de Dieu, parce qu’il est Dieu depuis toujours. Pourtant, cette égalité, il n’a pas cherché à la garder à tout prix pour lui. 7Mais tout ce qu’il avait, il l’a laissé. Il s’est fait serviteur, il est devenu comme les hommes, et tous voyaient que c’était bien un homme.

S’il y a bien quelqu’un qui s’est fait tout à tous, c’est Jésus-Christ ! Lui, le Fils de Dieu devenu homme. Lui qui a renoncé à la gloire céleste pour devenir serviteur. Lui qui est devenu comme nous pour nous rejoindre… et pour nous sauver.

On pourrait dire que Paul applique à son ministère la théologie de l’incarnation. Il est disciple de Jésus-Christ ; il veut vivre à l’exemple de son maître. Et du coup, il accepte de renoncer à certains droits pour se mettre au service des autres. Juif parmi les Juifs. Païen parmi les païens. Comme le Fils de Dieu est devenu homme parmi les hommes.

Un souci pragmatique : l’efficacité du témoignage

L’apôtre Paul est un grand théologien mais il est aussi un grand pragmatique. Cette lettre aux Corinthiens en est un témoignage. Et derrière cette fameuse formule, il y a aussi un souci pragmatique qui ressort particulièrement quand on considère la phrase en entier : « Je me fais tout à tous, pour en sauver sûrement quelques-uns. »

Dans cette épître en particulier, Paul a un souci constant de l’image que renvoie notre façon de vivre l’Église et de l’implication que cela a pour le témoignage de l’Évangile. Il y fait référence par rapport à la façon de vivre le culte, l’exercice des pratiques spirituelles, la façon de célébrer la Cène, la gestion des conflits dans l’Église, mais aussi la façon de s’habiller, la place des hommes et des femmes dans la communauté, etc… La préoccupation de l’apôtre est toujours de se demander quel impact, positif ou négatif, notre façon de vivre notre foi peut avoir sur ceux qui en sont témoin.

C’est aussi dans cette épître qu’on trouve cette autre formule choc : « Tout est permis mais tout n’est pas utile ». Où être utile doit s’entendre comme être utile à la communauté, être constructif, édifiant. La question à se poser n’est pas « ai-je le droit de faire ceci ou cela » mais « est-ce que ce que je fais est utile pour la communauté » ?

Le souci pragmatique de l’apôtre Paul, c’est que rien ne vienne faire obstacle à l’accueil de l’Évangile chez son prochain, qu’il soit Juif ou Grec. Et pour cela, il faut qu’il adapte sa façon d’être à la sienne. Il ne s’agit pas bien-sûr de faire n’importe quoi, juste pour suivre le mouvement… Le même apôtre Paul dit bien dans son épître aux Romains de ne pas se conformer au monde présent (Rm 12.1). Il s’agit donc de faire preuve de discernement. Mais il s’agit aussi de se demander comment dire l’Évangile pour être entendu, comment vivre en témoin du Christ avec notre prochain, quel qu’il soit ?

Nous faire tout à tous, aujourd’hui ?

Si, comme l’apôtre Paul, nous sommes disciples du Christ, alors nous devons suivre son exemple et nous faire aussi tout à tous… Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour nous, aujourd’hui ? Je vous propose trois pistes de réflexion :

D’abord, il s’agit de se décentrer de soi pour s’ouvrir à l’autre. Se faire tout à tous implique de connaître et de comprendre les autres. Et pour cela, il faut faire l’effort de sortir de sa bulle de chrétien, s’extraire de sa sous-culture évangélique. Impossible d’être français parmi les français, ou toulousain parmi les toulousains, si nous ne vivons pas avec eux !

Ensuite, il faut accepter une démarche de renoncement. A l’image du Christ qui a renoncé à la gloire céleste pour se faire serviteur. A l’exemple de l’apôtre Paul qui était prêt à se soumettre à la loi de Moïse alors qu’il n’était pas obligé de le faire. Et là, nous sommes assez en contradiction avec notre société où les droits sont élevés au-dessus des devoirs, où le plus important semble être la préservation des acquis et jamais leurs remises en question.

Enfin, il faut oser interroger nos pratiques, qu’elles soient individuelles ou communautaires. Qu’est-ce qui peut être de l’ordre du contre-témoignage dans notre vie quotidienne, dans nos pratiques d’Église ? Qu’est-ce qui parasite le message que nous voulons transmettre ?

Conclusion

Dans notre façon d’envisager l’évangélisation, nous ferions bien de nous inspirer de l’exemple de Paul. Comme lui, associons fondement théologique et souci pragmatique.

Le fondement théologique, et l’exemple suprême, c’est l’incarnation du Fils de Dieu, devenu homme parmi les hommes pour se faire serviteur de tous. Juif avec les Juifs. Grec avec les Grecs. Soyons toulousain avec les toulousains !

Le souci pragmatique pour Paul prend racine dans son souhait de rejoindre ses contemporains, quels qu’ils soient, « pour en sauver sûrement quelques-uns ». Et là notre réflexion doit être concrète et interroger les moyens mis en œuvres, identifier ce qui parasite notre message.

Se faire tout à tous… C’est à la fois agir à la suite du Christ, Dieu devenu homme, et mettre tous ses efforts à rejoindre, comprendre, aimer, nos contemporains. C’est notre mission de disciple de Jésus-Christ.




Jaloux de la grâce !

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Lecture biblique : Jonas 3.1-4.3

Le livre de Jonas est plein d’ironie. On pense surtout à la fin du récit, avec l’épisode du ricin que Dieu fait pousser puis sécher, pour donner une leçon au prophète qui est en train de bouder ! Mais il y a aussi le début du livre, avec la fuite de Jonas suite à l’appel de Dieu. Non, il n’ira pas où le Seigneur veut l’envoyer ! Il s’enfuit même dans la direction opposée… avant d’être rattrapé par le Seigneur qui déclenche une tempête et s’arrange pour que Jonas, jeté à la mer, soit gobé tout rond par un gros poisson et recraché sur la terre ferme. Retour au point de départ pour le prophète, non sans avoir passé trois jours dans le ventre d’un poisson ! Drôle d’histoire… Mais notre chapitre aussi a son lot d’ironie !

En effet, que demande le Seigneur à Jonas ? « Debout ! Va à Ninive, la grande ville. Annonce-lui le message que je te donne. » (v.2). Mais souvenons-nous de qui est Ninive ! C’est la capitale de l’Assyrie, le peuple qui fait peur à toute la région. Un monstre dévastateur qui conquiert, pille et détruit, partout où il passe. De plus, notre texte décrit la ville comme étant extraordinairement grande : il faut trois jours pour la traverser. Et Jonas, prophète de ce petit peuple d’Israël, doit aller dans cette ville, la traverser tout en annonçant haut et fort sa destruction prochaine. Honnêtement, je comprends pourquoi Jonas n’avait pas envie d’y aller !!!

Imaginez le pauvre Jonas, traversant la ville toute la journée et proclamant « Dans quarante jours, Ninive sera détruite ! » Logiquement, il aurait du se faire massacrer quelques minutes à peine après son arrivée ! Et c’est là que le récit du livre de Jonas nous prend encore à contre-pied. Contre toute attente, toute la ville entre dans une démarche de repentance, comme un seul homme. Le roi de Ninive lui-même descend de son trône et s’assoit sur la cendre en signe de deuil. Il ordonne à tout le monde de suivre son exemple. Il fait annoncer dans toute la ville que plus personne ne doit boire ni manger, et tout le monde doit revêtir l’habit de deuil. Et pour être sûr que personne n’est oublié, non seulement les habitants doivent le faire, mais les animaux aussi ! J’avoue que je ne sais pas trop à quoi pouvait bien correspondre des habits de deuil pour les animaux…

La réaction est si soudaine et si excessive qu’elle en devient presque comique. Et on n’en a pas fini avec les surprises puisque la conclusion du chapitre est étonnante : « Dieu voit leurs efforts pour abandonner leur mauvaise conduite. Il change d’avis. Il regrette le mal qu’il voulait leur faire, et il ne le fait pas. » (v.10)

Dieu change d’avis ! Ou comme le traduisent d’autres versions, « il revient sur sa décision » ou « il renonce au mal » qu’il avait annoncé. Ce changement d’avis de Dieu déclenchera la colère de Jonas car lui, il l’avait vu venir : « Je le savais bien, tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d’amour, et tu regrettes tes menaces. » (4.2)

C’est quand même étonnant : être en colère parce que Dieu est plein d’amour ! Mais du coup, on comprend que la vraie raison pour laquelle Jonas ne voulait pas aller à Ninive, ce n’était pas la peur d’être tué par les assyriens mais la peur que Dieu pardonne à ses ennemis ! Ici encore, incroyable ironie..

Cette ironie qui parcourt tout le récit de Jonas donne à ce livre un caractère unique au sein de la Bible. Son humour veut nous faire réfléchir, nous interpeller, voire nous bousculer. A sa façon, le livre de Jonas est un ouvrage satirique !

Jonas : jaloux de la grâce !

Dans ce livre qui porte son nom, Jonas n’est pas vraiment à son avantage. C’est un peu un anti-héros. Ses réactions colériques, boudeuses, excessives, le font apparaître comme un prophète jaloux de la grâce de Dieu. Il ne veut pas que les habitants de Ninive puissent en profiter !

C’est d’autant plus étonnant que lui-même est au bénéfice de la grâce de Dieu, miraculeusement sauvé de la noyade par Dieu à travers le poissons envoyé par Dieu. Mais pour Jonas, la grâce, la bonté de Dieu, elle est pour lui, elle est pour son peuple. Mais pas pour ces païens. Ils ne la méritent pas ! Comme si la grâce se méritait…

Dans quelle mesure ne risquons-nous pas, nous aussi, d’être jaloux de la grâce de Dieu ? La bonté de Dieu, elle est pour tous ou elle n’est pas. Comme le dira Jésus : « (Dieu) fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons. Il fait tomber la pluie sur ceux qui se conduisent bien et sur ceux qui se conduisent mal. » (Mt 5.45)

En réalité, être jaloux de la grâce c’est démontrer qu’on n’a pas compris ce qu’est la grâce. L’exclure pour les autres, c’est s’en exclure soi-même. C’est oublier que j’ai, moi, autant besoin de la grâce de Dieu que celui qui ne pense pas comme moi, qui ne croit pas comme moi, qui ne vit pas comme moi.

Voilà pourquoi Jésus nous invite même à aimer nos ennemis et à prier pour ceux qui nous persécutent !

Dieu : du jugement à la grâce

Dieu lui-même est un acteur étonnant du récit de Jonas. Étonnant par les moyens qu’il met en œuvre (la tempête, le poisson, le ricin) pour accomplir son plan par le prophète. Étonnant, voire déroutant, dans sa façon d’agir, donnant l’impression de changer d’avis de façon tout à fait imprévisible.

Derrière cette expression, il y a sans doute une part d’anthropomorphisme, en attribuant à Dieu des comportements humains. Mais le « changement d’avis » de Dieu décrit surtout la réponse qu’il offre à la repentance des habitants de Ninive. Comme ils ont changé d’attitude envers lui, Dieu lui aussi change d’attitude envers eux. Et il fait grâce…

Évidemment, ce qui nous étonne, c’est que le message adressé par Jonas aux habitants de Ninive ne laissait pas vraiment d’espoir. Il n’y avait aucun appel à la repentance. Et pourtant… Jonas lui-même n’était pas dupe. Il avait compris avant tout le monde les intentions de Dieu. Même si ce n’est pas dit, la repentance suspend toujours le jugement de Dieu. Comme le dit si bien Jonas, Dieu est bon, plein de tendresse et de compassion. Jamais il ne restera sourd à un cri de repentance, jamais il ne sera insensible à un cœur brisé.

Il y a là un enseignement essentiel quant aux jugements de Dieu annoncé dans sa Parole. Ils sont toujours là pour nous inviter à la repentance. Les prophéties divines ne sont pas des prévisions inéluctables, le reflet d’un destin inflexible et aveugle. Elles sont l’expression du projet de Dieu, qui inclut des mises en garde et des interpellations, ou des encouragements et des promesses. Les prophéties ne sont pas là pour nous informer, elles sont là pour nous interpeller.

Nous ne devons pas étudier les prophéties bibliques pour en tirer une hypothétique chronologies des événements à venir, quand ce n’est pas chercher une date pour la fin du monde ! Nous devons les étudier, et les écouter, pour comprendre le projet de Dieu pour nous, et pour ajuster notre vie, nos pensées, notre comportement en fonction de ce projet. Quitte à devoir entreprendre des changements radicaux.

Conclusion

J’ai appelé tout à l’heure le livre de Jonas un ouvrage satirique. En effet, il manie l’humour, l’ironie, voire une certaine caricature, pour interpeller les consciences. Derrière le personnage de Jonas, c’est le peuple d’Israël, jaloux de la grâce de Dieu, qui est visé. Comme le seront les Pharisiens au temps de Jésus, fiers d’êtres, eux, descendants d’Abraham et auxquels Jésus répondra, non sans humour, que de quelques pierres le long du chemin il peut faire des descendants d’Abraham ! Comme peuvent l’être aujourd’hui, peut-être, ceux qui se contentent d’appartenir à une famille protestante, ou d’avoir reçu une éducation chrétienne, ou d’avoir été baptisé, ou d’être membre d’une Église évangélique !

Clairement, dans le livre de Jonas, ce n’est pas le prophète qui donne l’exemple mais les habitants de Ninive. Ce n’est pas le bon croyant, serviteur de Dieu, mais ce sont les païens. Ce sont leurs cris que Dieu entend. Car ce qui compte devant Dieu, ce ne sont ni nos origines, ni notre éducation, ni notre appartenance religieuse mais notre cœur, aujourd’hui. Est-il tourné vers Dieu ou fermé sur lui-même ? C’est la vraie question que nous devons nous poser…




Solidaires !

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goutte d'eauLe deuxième dimanche de janvier est traditionnellement consacré à l’épisode du baptême de Jésus. Un récit qui, dans la version de Marc, nous est relaté de façon très sobre, et qui peut même entrer en écho de façon surprenante avec l’actualité sombre de cette semaine.

Lecture biblique : Marc 1.6-11

Il est remarquable de souligner que le ministère public de Jésus débute avec son baptême. Pas avec un miracle spectaculaire, pas avec un enseignement éloquent à une grande foule. Il commence dans un acte plein d’humilité, d’identification à l’humanité qu’il est venu sauver.

Le baptême de Jésus-Christ, c’est le signe de son incarnation. C’est le choix de la solidarité. Il n’est pas venu sauver l’humanité « de l’extérieur » mais de l’intérieur : en devenant l’un des nôtres. Il n’est pas venu seulement « prendre chair », ou prendre un corps comme on revêt un costume. Il est véritablement devenu homme. Il a accepté d’avoir faim et soif, d’être fatigué, de devoir se reposer et dormir. Il est venu épouser notre condition de pécheur, sans toutefois pécher. Il a accepté nos limites, nos faiblesses, nos blessures. Il a accepté de souffrir. Il a accepté de mourir.

D’une certaine façon, le baptême de Jésus était le premier pas sur le chemin qui allait le mener jusque sur la croix. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle l’Esprit saint est descendu sur lui sous la forme d’une colombe ? Peut-être est-ce aussi pourquoi la voix de son Père a retenti du ciel, pour lui : « Tu es mon fils très aimé. C’est toi que j’ai choisi avec joie. » Peut-être avait-il besoin d’un soutien, d’une promesse pour le chemin difficile à venir…

La décision de Dieu, en Jésus-Christ, de choisir la solidarité est bouleversante. Parce que Dieu nous aime, il a choisi de lier son sort au nôtre. Il aurait pu laisser tomber. Tout recommencer ailleurs. Il a décidé, au contraire, de nous sauver, en devenant l’un des nôtres.

Et solidaire, il l’est aujourd’hui encore. Jésus-Christ, mort et ressuscité, est toujours notre frère en humanité. Ne pensez-vous pas qu’il souffre de voir ce que ses frères humains sont capables de faire, qui plus est au nom de Dieu ? Cette semaine, la terreur a frappé à nos portes. Et cela rend plus tangible peut-être la terreur que des milliers d’hommes et de femmes affrontent depuis si longtemps dans certaines parties du globe. Victimes de la haine et du fanatisme. D’ailleurs cette semaine aussi, Portes Ouvertes a fait paraître son index mondial de la persécution des chrétiens, rappelant que cette triste réalité ne faiblit pas. Bien au contraire.

Solidaire, voilà un mot que nous avons besoin d’entendre aujourd’hui ! Nous devons être solidaires des familles endeuillées, à Paris comme ailleurs dans le monde, là où règne la terreur par la folie des hommes. Solidaires de nos frères et sœurs persécutés pour leur foi. Mais solidaires aussi de toutes les victimes collatérales, exposés aux discours racistes et réducteurs qui mettent dans le même sac terrorisme, musulmans, arabes, immigrés… Solidaires aussi avec ceux qui défendent la liberté de la presse, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, partout dans le monde. Une liberté qui doit pouvoir s’exprimer aussi à travers l’humour, la satire. Y compris pour dénoncer les travers de toutes les religions. Y compris quand ça nous concerne…

Qu’est-ce qui blesse le plus Dieu ? Un dessin satirique, même jugé blasphématoire ? Ou une folie meurtrière en son nom ? Ce qui touche le Seigneur, ce qui le fait souffrir, ce sont les horreurs qu’on commet en son nom. Ce sont nos discours empreints de haine, notre racisme latent, parfois caché derrière un vernis religieux. C’est notre indifférence à ceux qui souffrent, à la manière du Pharisiens et du prêtre de la parabole du bon Samaritain. C’est notre silence face à l’injustice…

Solidaire. Jésus-Christ a choisi de l’être avec nous, son baptême en est un signe d’une grande force. Comment ne pourrions-nous pas aussi être solidaires de nos frères en humanité ?

 

De l’espoir, quand même ?

Revenons au récit du baptême de Jésus. La lecture que j’en ai proposée, à la lumière des événements récents, est certes sombre. Mais ne peut-on pas y puiser aussi de l’espoir ? La colombe, symbole de l’Esprit saint, est bien un signe d’espoir. C’est une colombe qui est venu annoncer à Noé la fin du déluge et la possibilité d’un nouveau départ. Dans ses paroles adressées à son Fils, le Père ne parle-t-il pas d’amour et de joie ? Toute la Trinité est mobilisée pour cet épisode, jalon essentiel dans l’accomplissement du projet de salut de Dieu.

Si, pour Jésus, le baptême est le premier pas de son chemin vers la croix, pour nous, c’est le premier pas de notre chemin de salut. Dieu lui-même a jugé bon d’élaborer un plan pour nous sauver, et de lier son sort au nôtre. Il y a bien de l’espoir. Toujours.

S’il y a un espoir à garder dans l’humanité, c’est parce qu’elle est créée à l’image de Dieu. L’image de ce Dieu qui a choisi de nous sauver en Jésus-Christ, de ce Dieu qui a fait preuve de la plus belle des solidarités. Capable du pire, à cause de son péché et de son arrogance, l’humanité est aussi capable du meilleur quand elle laisse l’image de Dieu en elle se manifester.

S’il y a un espoir, donc, c’est moins à cause de l’homme que grâce à Dieu. C’est moins par humanisme que par espérance et foi. C’est moins à cause de la solidarité entre les hommes que grâce à la solidarité de Dieu avec nous. Mais l’espoir est réel. A cause de l’amour de Dieu. Jésus lui-même a été victime de la haine et de la barbarie des hommes. Il a été condamné, lui l’innocent. Et il est mort, crucifié. Mais la haine a été vaincue, sur la croix, quand Jésus a dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » La mort elle-même a été vaincue : Jésus-Christ est ressuscité.

Dieu est toujours capable de faire surgir la vie de la mort, de faire éclater la lumière des ténèbres. C’est notre espérance, celle qui naît de l’Évangile !

Conclusion

En guise de conclusion, je vous propose un dessin… de Cabu.

CabuOn n’impose pas la foi par la force ou la terreur. Jamais. Toutes les formes de violence justifiées au nom de Dieu sont autant d’atteintes directes à Dieu. Voilà les vrais blasphèmes !

L’exemple que Jésus nous a laissé, le jour de son baptême, est celui de l’humilité et de la solidarité. Si nous voulons être vraiment ses disciples et ses témoins, c’est le même chemin que nous devons emprunter !




Quelle maison pour le Seigneur ?

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Lecture biblique : 2 Samuel 7.1-16

David est roi d’Israël. Son autorité est désormais reconnue… mais ça n’a pas été simple pour en arriver là. D’une manière générale, l’établissement de la royauté en Israël a été assez chaotique.

Après la période des juges, où « chacun faisait ce qui lui semblait bon », le peuple a voulu un roi. Le Seigneur, lui, n’était pas très chaud. C’est lui qui devait être leur roi. Mais la théocratie, c’est une utopie ici-bas. Le cœur de l’homme étant ce qu’il est, ça ne peut pas fonctionner. Alors Israël aura un roi… Mais la première expérience n’est pas vraiment concluante : Saül sera finalement destitué par Dieu. David lui succédera, d’abord en secret, puis sa royauté s’affermira.

Au moment de notre texte, David est à l’apogée de son règne… et il est pris de scrupules ! En effet, il s’est bâti un palais, une belle maison, et Dieu, lui, n’a rien d’autre qu’une tente.

Il s’en ouvre au prophète Nathan, son conseiller. « Tu vois, moi, j’habite une maison en bois de cèdre. Mais le coffre sacré a seulement une tente de toile comme maison. ». Le prophète comprend le sous-entendu. Et il estime que les intentions du roi sont louables. Il l’encourage. Dieu ne peut qu’être d’accord : « Tu as sûrement une idée à ce sujet. Fais ce que tu penses, le SEIGNEUR est avec toi. »

Mais le Seigneur ne l’entend pas de cette oreille. Il se révèle alors à Nathan : il ne veut pas que David lui construise une maison. Il faut le lui dire et le stopper dans ses intentions… Mais pourquoi ?

Dieu n’a pas besoin de maison

Dieu n’a jamais demandé à ce qu’on lui construise un temple ! Il se contente bien d’une tente. Ça lui va bien d’être un Dieu nomade, accompagnant son peuple dans son voyage. Comme lors de la sortie d’Egypte, dans la traversée du désert, ou dans la conquête du pays promis.

D’ailleurs, dans l’épisode du désert, la tente est moins une maison qu’un lieu de rencontre. Dieu guidait son peuple par une nuée le jour et une colonne de feu la nuit. C’est lui qui décidait quand s’arrêter et quand repartir. Et quand le peuple s’arrêtait, on installait la tente en dehors du camp. Il manifestait alors sa présence en mettant la nuée à l’entrée de la tente. C’était le lieu privilégier pour Dieu pour rencontrer Moïse mais aussi pour le peuple d’aller consulter le Seigneur :

« Quand les Israélites installent leur camp, Moïse prend la tente sacrée et il la dresse en dehors du camp, assez loin. On l’appelle « la tente de la rencontre ». Tous ceux qui veulent consulter le SEIGNEUR sortent du camp et ils vont vers cette tente. » (Exode 33.7)

Le Seigneur est plus du genre à planter sa tente où il veut et quand il veut pour rencontrer son peuple qu’à se laisser enfermer entre les quatre murs d’une maison ! Dieu est, fondamentalement, nomade : toujours en mouvement. Il ne se laisse jamais enfermer ou limiter par quoi que ce soit : un temple, une église, un dogme ou une religion…

Et ce Dieu nomade finira par s’incarner en devenant homme. Toujours en mouvement… D’ailleurs, dans le prologue de son évangile, Jean le dit bien :

« La Parole s’est faite chair, et elle a fait sa demeure (littéralement : elle a planté sa tente) parmi nous » (Jean 1.14)

L’incarnation, le Fils de Dieu devenu homme que nous célébrons à Noël, c’est le Dieu nomade qui a planté sa tente parmi nous, pour venir à notre rencontre. Et parce que Dieu est toujours en mouvement, après sa résurrection, le Fils est remonté auprès du Père. Et le Saint-Esprit a été envoyé, pour planter sa tente chez le croyant, pour faire de notre corps le temple de Dieu. Aujourd’hui, nous sommes les temples du Dieu nomade qui chemine avec nous.

C’est Dieu qui va construire une maison à David

La deuxième raison pour laquelle le Seigneur ne veut pas que David lui construise un temple, c’est que c’est lui, le Seigneur, qui va construire une maison à David. Dieu renverse la perspective : « ce n’est pas toi qui va me construire une maison, c’est moi qui vais t’en construire une ». Évidemment ici, on joue sur les mots. La maison dont parle le Seigneur pour David n’a rien à voir avec le palais qu’il s’est fait bâtir, c’est une dynastie. Et Dieu promet qu’elle sera établie pour toujours.

On a vu, à juste titre, une dimension messianique à cette promesse. Elle est, certes, encore voilée. Mais elle se précisera petit à petit, notamment dans le discours des prophètes où le titre « fils de David » finira par devenir un titre messianique, appliqué à Jésus dans le Nouveau Testament. Car en effet, cette dynastie établie pour toujours, ce règne sans fin ne peut que pointer vers Celui qui est venu pour établir le Royaume de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus, le Christ.

Il faut tout de même dire qu’un temple sera bien construit finalement pour le Seigneur. Mais selon les conditions fixées par Dieu lui-même : non par David mais par Salomon, son fils, premier représentant de cette dynastie promise.

Et le jour de l’inauguration du temple, il sera bien dit clairement que cette « maison » de Dieu ne peut en aucun cas le contenir. Salomon lui-même le dira dans sa prière :

« Est-ce que Dieu peut vraiment habiter sur la terre ? Le ciel est immense, mais il ne peut pas te contenir, toi, mon Dieu. Et ce temple que j’ai construit est beaucoup trop petit pour toi. » (1 Rois 8.27)

J’aime cette idée de construire un temple, une maison pour Dieu, tout en sachant qu’il sera beaucoup trop petit. Il faut nous en souvenir ! Tous les temples que nous construisons pour Dieu sont trop petits. Nos églises sont trop petites, nos vies sont trop petites, nos théologies sont trop petites. Penser le contraire, c’est succomber à la dérive sectaire, ou l’orgueil spirituel.

Quelle conclusion en tirer ? Dieu accueille ce que nous construisons pour lui. Et comme il a rempli le temple de Salomon de sa gloire, il habite les temples que nous lui offrons. Il habite nos églises et nos vies. Mais ce qui compte avant tout, c’est ce qu’il construit pour nous. C’est son projet pour nos vies et nos églises. C’est son Royaume appelé à croître dans notre cœur, dans nos églises, dans le monde.

Conclusion

Finalement, le projet de David de construire un temple pour le Seigneur a abouti, mais pas comme il le pensait. Les projets de Dieu étaient différents. La construction du temple a juste été différée, et réalisée par Salomon. Mais le grand projet de Dieu a été révélé à David. Celui d’une autre maison, une dynastie, ferment d’un autre royaume, le Royaume de Dieu inauguré par le Messie.

Nous pouvons faire des projets, mais c’est le projet de Dieu qui s’accomplit. Un projet qui n’est pas toujours conforme à ce que nous imaginons. Mais un projet dont la portée dépasse ce que nous pouvons penser. Il ne peut en être autrement de notre Dieu nomade, toujours en mouvement et toujours prêt à planter sa tente pour que nous puissions le rencontrer.




La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, commence ici

arrière-planLecture biblique : Marc 1.1-8

Marc commence son évangile avec une phrase qui pourrait passer inaperçue, une simple formule banale : « La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, commence ici. »

Mais y a-t-il vraiment des formules banales dans les évangiles ? Chaque phrase a son importance. Même celle-ci, qui nous en dit finalement bien plus qu’on pourrait le croire à la première lecture.

La Bonne Nouvelle, c’est Jésus !

Le mot évangile est entré dans le langage courant. Et pour nous, ça désigne un livre. Ou plutôt quatre livres du Nouveau Testament. Et on oublierait presque parfois que ce n’est qu’une transcription d’un terme grec qui a une signification très simple : évangile signifie bonne nouvelle.

Or, quel étrange prophète de bonne nouvelle ce Jean-Baptiste, qui apparaît dès le début de l’évangile selon Marc ! Derrière son apparence hirsute d’ermite retiré dans le désert, vêtu d’habits sommaires, avec un régime alimentaire des plus rudimentaires, il proclame un message radical et exigeant : « changez votre vie ! »

Mais en réalité, la Bonne Nouvelle, ce n’est pas Jean-Baptiste, ni même son message. La Bonne Nouvelle, c’est un personne. C’est celui qui vient après lui. Celui dont Jean dit qu’il n’est pas digne d’ôter ses sandales… Ce n’est pas nous, les chrétiens, ou l’Église, et encore moins une religion… La Bonne Nouvelle, c’est Jésus.

Et ce n’est pas fini ! C’est aussi le fait que cette personne soit le Christ, le Messie, celui que Dieu a choisi pour accomplir son plan de salut. Et ce n’est pas fini ! C’est aussi le fait que ce Messie est le Fils de Dieu, Dieu lui-même. Voilà la Bonne Nouvelle : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu.

Est-ce que nous vivons l’Évangile comme une bonne nouvelle ? Est-ce que nous l’annonçons comme une bonne nouvelle ? Est-ce que les gens voient dans notre vie, dans notre Église, que c’est une bonne nouvelle ?

La Bonne Nouvelle commence (presque) ici…

En réalité, on devrait dire que la Bonne Nouvelle commence presque ici… Parce que si la Bonne Nouvelle, c’est Jésus-Christ, Marc ne nous en parle pas tout de suite.

Il y a d’abord les prophètes, et notamment Esaïe qui annonce l’émergence d’une voix qui crie dans le désert. Et donc il y a aussi d’abord Jean-Baptiste, et sa prédication publique invitant les foules à se préparer à l’accueil du Messie qui doit venir. Il y a d’abord ce baptême d’eau proposé par Jean qui annonce un autre baptême, celui de l’Esprit saint, que le Christ apportera.

Bref, la Bonne Nouvelle ne tombe pas comme ça du ciel, du jour au lendemain. Son émergence est préparée. Vous connaissez le cantique traditionnel :

« Depuis plus de 4000 ans, nous le promettaient les prophètes,

Depuis plus de 4000 ans, nous attendions cet heureux temps… »

Dans le calendrier liturgique, le temps de l’Avent, tout un mois durant, nous rappelle cette attente. Noël, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ venu sur terre, arrive au terme d’un temps de préparation. Et il y a là une vérité importante : pour recevoir la Bonne Nouvelle, il faut y être préparé, comme la bonne terre de la parabole, prête à accueillir la semence.

Comment avons-nous été préparés à recevoir la Bonne Nouvelle ? Par notre éducation ? Par des rencontres ? Par des circonstances, des événements heureux ou non, qui ont émaillé notre existence ? Nous avons tous un chemin, propre à chacun, dans lequel pourtant nous pouvons sans aucun doute discerner des jalons que Dieu a posé dans notre vie pour nous préparer à l’accueil de la Bonne Nouvelle.

Et puis cette Bonne Nouvelle, on ne la reçoit pas une fois dans sa vie et c’est terminé. L’Evangile nous rencontre et nous interpelle sans cesse. Nous nous réunissons pour entendre tout à nouveau cette Bonne Nouvelle… Mais comment nous y préparons-nous ?

La Bonne Nouvelle commence… mais ne se termine pas

Avec un tel début pour son ouvrage, on pourrait s’attendre à une fin similaire. Du style : « La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, se termine ici… ». Mais si on va à la fin de l’Évangile selon Marc, on se rend compte que ce n’est pas le cas. Pas du tout.

En réalité, l’Évangile selon Marc a la particularité d’avoir une fin abrupte, une fin ouverte. Il est communément admis aujourd’hui que les versets 9-20 sont un ajout postérieur à la rédaction de l’Évangile. Rien d’hérétique dans ces versets, qui empruntent leur contenu aux autres évangiles et au livre des Actes des apôtres. Mais à l’origine, l’évangile selon Marc s’arrêtait au verset 8, de façon surprenante :

« Les femmes sortent de la tombe et partent en courant. Elles tremblent, elles sont bouleversées, et elles ne disent rien à personne, parce qu’elles ont peur. »

Je ne sais pas si vous aimez les fins ouvertes dans un roman ou dans un film. Elles peuvent nous frustrer parce qu’elles ne proposent pas une fin claire et précise. C’est ce qui explique l’ajout à la fin de l’évangile selon Marc… Mais elles peuvent aussi nous stimuler parce qu’elles nous laissent imaginer la suite. Les fins ouvertes nous interpellent, elles nous invitent à continuer l’histoire.

Dans la Bible, le livre de Jonas aussi a une fin ouverte. Avec une question que Dieu pose au prophète sans qu’il y ait de réponse explicite :

« Alors, est-ce que je ne peux pas, moi, avoir pitié de cette grande ville de Ninive ? » (Jonas 4.11)

La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ a un commencement… mais pas de fin. Elle commence avec sa naissance, elle se poursuivra avec sa mort sur la croix. Mais ce ne sera pas la fin : elle se poursuivra avec sa résurrection. Voilà pourquoi elle n’a pas de fin, parce que Jésus-Christ est ressuscité et il est vivant pour toujours !

De plus, le fait qu’il n’y ait pas de fin à l’Évangile selon Marc nous invite aussi à continuer l’histoire. L’Evangile ne doit pas rester un livre, il doit devenir pour nous une Bonne Nouvelle, il veut poursuivre son histoire dans chacune de nos vies.

Conclusion

Dès le début de son ouvrage, Marc nous rappelle que l’Évangile est une Bonne Nouvelle parce qu’il ne s’agit ni d’un simple message ni d’une religion, mais d’une personne. Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Et cette Bonne Nouvelle est vivante parce que Jésus-Christ est vivant. Recevoir l’Évangile, c’est laisser le Christ entrer dans notre vie, et nous tenir prêt à l’accueillir tout à nouveau chaque jour.

Pour chacun de nous, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, peut commencer ici et maintenant.