Souvenez-vous…

 

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(Cette prédication a été donnée dans le cadre d’un culte spécial pour l’Eglise persécutée, proposé par l’ONG Portes Ouvertes)

Hébreux 10.32-34 (Parole de Vie)
32 Rappelez-vous ce qui s’est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. 33 Ou bien on vous a insultés et on vous a fait souffrir devant tout le monde, ou encore, vous avez soutenu ceux qu’on traitait de cette façon. 34 En effet, vous avez souffert avec ceux qui étaient en prison. Vous avez accepté avec joie qu’on vous arrache vos biens, parce que vous le saviez : vous possédiez une richesse plus grande et qui dure toujours.

Hébreux 13.3 (Colombe)
Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps.
Dans ce dernier verset, la construction de la phrase est étonnante. Le parallélisme qu’on aurait pu attendre n’est pas respecté, sinon on aurait dû avoir : « Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités, comme si vous étiez maltraités avec eux. » Mais la deuxième partie de la phrase dit autre chose : « (Souvenez-vous) de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps. »

Du coup, il y a deux façons au moins de comprendre l’expression « comme étant dans un corps ». Et peut-être, d’ailleurs, ne faut-il pas trancher et accepter la double interprétation possible…

La première façon serait de le comprendre au premier degré. La phrase ferait référence au corps physique, fragile et susceptible de souffrir, de multiples façons. En se le rappelant, les destinataires de l’épître seraient aptes à comprendre ce que peuvent être les souffrances que les croyants maltraités peuvent ressentir dans leur corps.

Il pourrait même y avoir ici une référence au fait que certains des lecteurs de l’épître pouvaient se souvenir de maltraitance qu’ils avaient subies dans leur corps : « Rappelez-vous ce qui s’est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. » (Hb 10.32). La phrase deviendrait alors : « Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités comme vous, un jour, vous avez été maltraité dans votre corps. »

La deuxième façon de comprendre l’expression de ce verset serait de comprendre le mot « corps » dans un sens spirituel. Il s’agirait non plus du corps physique mais du corps spirituel qu’est l’Eglise, corps du Christ. C’est une des images courantes de l’Eglise dans le Nouveau Testament. La phrase dirait alors : « Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités puisque vous faites partie du même corps. » Ce qui conviendrait assez bien avec la première partie du verset.

Et on peut penser ici au long développement de cette métaphore dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, notamment lorsqu’il dit : « Si une partie du corps souffre, toutes les autres parties souffrent avec elle. Si une partie est à l’honneur, toutes les autres partagent sa joie. » (1 Co 12.26).

On peut penser aussi aux paroles de Jésus dans l’évangile selon Matthieu lorsqu’il dit, en évoquant le moment du jugement, à ceux qui ont visité des malades ou des prisonniers : « Je vous le dis, c’est la vérité : chaque fois que vous avez fait cela à l’un de mes frères, à l’un des plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25.40). C’est aussi cela la réalité du corps du Christ ! Ce que l’on fait pour un membre du corps, on le fait pour le Christ, qui est la tête du corps.

Ainsi, peut-être faut-il ne pas choisir entre ces deux options et se dire que l’auteur de l’épître aux Hébreux a voulu jouer avec le double sens de l’expression « vous êtes dans un corps. »

Cette double compréhension pourrait même alors proposer une double optique dans la solidarité avec nos frères et sœurs persécutés.

Nous sommes appelés à nous souvenir d’eux parce que nous sommes comme eux, dans une même condition de fragilité où notre corps peut souffrir, de multiples façons, y compris à cause d’une opposition qui peut même, un jour, se transformer en persécution. Et souvenons-nous qu’il suffit de remonter de quelques siècles seulement pour voir des protestants persécutés en France, contraints au culte clandestin, à l’exil, mis en prison ou envoyés aux galères, à cause de leur foi…

Nous sommes aussi appelés à nous souvenir d’eux parce que nous faisons corps avec eux, parce que nous sommes membres du même corps du Christ. Et si un membre souffre, tout le corps souffre. Si un membre est persécuté, tout le corps est persécuté. Ce qui se passe pour les chrétiens en Syrie, en Irak, en Erythrée, en Iran, en Centrafrique… tout cela nous concerne en tant que famille spirituelle. Ce sont nos frères et nos sœurs qui sont persécutés à cause de leur foi.

Portes Ouvertes nous propose différentes façons d’exprimer notre solidarité avec nos frères et sœurs de l’Eglise persécutée aujourd’hui : informations, pétitions, courriers… Mais la première, et sans doute la plus importante façon d’exprimer notre solidarité, c’est la prière. Car la prière nous lie. Non seulement elle nous connecte à Dieu mais elle nous connecte aussi les uns aux autres, par delà les frontières et les cultures.

« Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps. »




L’Eglise et la mission… de Dieu

 

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Quelle est la mission de l’Eglise ? Quand on pose cette question, les réponses sont multiples. Il y a ceux qui disent que c’est d’abord l’évangélisation, d’autres qui disent que c’est l’engagement social, voire d’autres choses encore…

En réalité, définir la mission de l’Eglise se révèle souvent une mission… impossible !

Et si, finalement, la question était mal posée ?

« Ce n’est pas tant que Dieu a une mission pour son Eglise dans le monde, mais plutôt que Dieu a une Eglise pour sa mission dans le monde. La mission n’a pas été faite pour l’Eglise ; c’est l’Eglise qui a été faite pour la mission. Pour la mission de Dieu. »  (Cité par Christopher J.H. Wright : La mission de Dieu, Excelsis, p.60)

Avant de parler de mission de l’Eglise, il faut comprendre la mission de Dieu. Une Eglise en mission, ce n’est pas une Eglise qui accomplit « sa » mission, c’est une Eglise qui entre dans la mission de Dieu.

Le Dieu qui nous est présenté dans la Bible, dès la première page, est un Dieu en mouvement, en action. Un Dieu en mission. La mission de Dieu en Genèse 1, c’était de créer un monde parfait et il ne s’est reposé que lorsque sa mission a été accomplie, lorsqu’il constata à la fin du 6e jour que ce qu’il avait fait n’était pas seulement bon comme les jours précédents mais très bon.

Mais le mal est apparu, le péché est venu abîmer la création très bonne de Dieu, il est venu défigurer l’humanité créée en image de Dieu. Dès lors, la mission de Dieu est de restaurer ce monde sous la domination du mal. C’est ce dont parle tout le reste de la Bible : la façon dont Dieu s’est impliqué dans l’histoire du monde pour le racheter. Avec comme point névralgique de cette mission de Dieu, la venue et l’oeuvre de Jésus-Christ. Et Dieu ne se reposera que lorsqu’il aura pleinement accompli la mission qu’il s’est choisie. Ce repos de Dieu est évoqué dans les dernières pages de la Bible, avec l’humanité réconciliée et un monde racheté, dans la nouvelle création.

Je vous propose donc de lire un des grands textes bibliques sur l’incarnation, centre névralgique de la mission de Dieu, et de le lire dans cette optique de comprendre la mission de Dieu dans laquelle nous sommes appelés à entrer…

Lecture biblique : Jean 1.1-18

1 Au commencement était la Parole. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. 2 Au commencement, la Parole était avec Dieu. 3 Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n’a rien fait sans elle. 4 En elle, il y a la vie, et la vie est la lumière des êtres humains. 5 La lumière brille dans la nuit, mais la nuit ne l’a pas reçue.
6 Dieu a envoyé un homme qui s’appelait Jean. 7 Il est venu comme témoin pour être le témoin de la lumière, afin que tous croient par lui. 8 Il n’était pas la lumière, mais il était le témoin de la lumière.
9 La Parole est la vraie lumière. En venant dans le monde, elle éclaire tous les êtres humains.
10 La Parole était dans le monde, et Dieu a fait le monde par elle, mais le monde ne l’a pas reconnue. 11 La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l’ont pas reçue. 12 Pourtant certains l’ont reçue et ils croient en elle. À ceux-là, la Parole a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. 13 Et ils sont devenus enfants de Dieu en naissant non par la volonté d’un homme et d’une femme, mais de Dieu.
14La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique, plein d’amour et de vérité.
15  Jean est son témoin. Il affirme d’une voix forte : C’est de lui que j’ai parlé quand j’ai dit : « L’homme qui vient après moi est plus important que moi, parce qu’il existait déjà avant moi. »
16 Oui, nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. 17 Dieu nous a donné la loi par Moïse, mais l’amour et la vérité sont venus par Jésus-Christ. 18 Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit auprès du Père, nous l’a fait connaître.

1. Une mission qui n’est pas la nôtre mais celle de Dieu

La mission de Dieu n’est pas la nôtre mais celle de Dieu. Elle remonte à la nuit des temps, à l’origine de l’univers !
Elle nous précède : « Au commencement était la Parole. »… « Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n’a rien fait sans elle. »…
Et elle nous rejoint : « La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. » « nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. »

C’est le même Dieu qui a tout créé et qui est venu en Jésus-Christ. C’est, d’une certaine manière la même mission, ou disons plutôt les deux faces de la même mission : Dieu a tout créé et Dieu restaure tout ce qu’il a créé.

Alors élargissons notre regard ! Prenons conscience que l’Eglise, depuis 2000 ans et malgré ses imperfections et même ses fautes, est une part de la mission de Dieu. Et l’Eglise locale à laquelle j’appartiens est une toute petite part de cette Eglise universelle, elle-même une part de la mission de Dieu. Et moi je suis une part de l’Eglise locale à laquelle j’appartiens, qui est une petite part seulement de cette Eglise universelle, elle-même une part de la mission de Dieu.

Elargissons notre regard pour comprendre le privilège extraordinaire de faire humblement partie d’une mission si grande, celle de Dieu. Et cela doit nous déculpabiliser : cette mission, ce n’est pas la mienne, ni celle de mon Eglise. Elle ne repose pas sur nos épaules… C’est la mission de Dieu, celle qu’il accomplit pour une petite partie avec moi, avec nous.

La vision de l’Evangile est universelle, infinie et éternelle. Et notre vision de l’Evangile est souvent locale, limitée et ponctuelle. La mission de Dieu vient du fond des âges, elle a une dimension universelle et même cosmique (elle concerne l’univers entier). Ma vision de la mission de Dieu se limite souvent à ma vie, voire à mon Eglise, et se restreint à telle action d’évangélisation ou tel témoignage concret.

Alors oui, élargissons notre regard et ouvrons-nous à la mission de Dieu. Ca déculpabilise, ça libère, ça motive !

2. Une mission qui nous fait briller de la lumière de Dieu

Quelle rôle sommes-nous alors amenés à jouer dans cette mission de Dieu ? Car nous en avons bien un, celui que le Christ lui-même a confié à ses disciples, à la fin de l’évangile : « Comme le Père m’a envoyé, moi je vous envoie » (Jean 20.21)

Il y a dans ces paroles un passage de relais. La mission de Dieu s’accomplit pleinement en Christ. Désormais, c’est à travers ses disciples qu’il continuera de le faire. Ce qui est vrai de la mission de Dieu à travers le Christ doit être aussi vrai, d’une certaine façon, de la mission de Dieu à travers ses disciples, son Eglise… nous ! Mais ce doit être un peu à la manière de Jean-Baptiste dans notre texte. « Il n’était pas la lumière, mais il était le témoin de la lumière. »… « L’homme qui vient après moi, dit-il, est plus important que moi, parce qu’il existait déjà avant moi. »

La mission de Jean-Baptiste, c’était de s’effacer devant la lumière du Christ. Il doit en être de même pour nous. Nous sommes bien appelés à briller… mais on ne brille que de la lumière du Christ, pas de la nôtre !

Puiser à la source

Si vous voulez entrer dans la mission de Dieu, il faut que vous appreniez sans cesse à connaître Dieu. Il faut s’exposer à sa lumière pour pouvoir la refléter. Il faut avoir reçu de Dieu pour pouvoir donner autour de nous :

« Oui, nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. » (v.16)

Recevoir une part des richesses de Dieu, être rempli de son amour, vivre dans sa lumière. Voilà notre premier impératif. Vous avez beau avoir le miroir le plus beau et le plus efficace, si vous ne l’orientez pas dans la bonne direction, il ne reflétera rien… Pour briller de la lumière du Christ dans le monde, on a beau étudier des méthodes, élaborer des stratégies, confectionner des outils pertinents, apprendre la culture dans laquelle on vit… si on ne va pas se ressourcer sans cesse auprès du Seigneur, tout cela ne servira à rien !

Une lumière qui s’expose et ne se cache pas…

Dans le prologue de l’Evangile selon Jean, la Parole est venue pour être entendue, la lumière est venue pour éclairer et révéler :

« La Parole est devenu un homme. Et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. » (v.14)
« Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit auprès du Père, nous l’a fait connaître. » (v.18)

C’est à nous maintenant de briller de la lumière du Christ. On pense forcément à cette fameuse parole de Jésus dans le Sermon sur la Montagne : « Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous un seau ! Au contraire, on la met bien en haut, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » (Matthieu 5.15).

Or, briller, c’est s’exposer. Et s’exposer c’est parfois se mettre en difficulté voire en danger. On ne sait jamais comment les gens vont réagir à la lumière… Cacher la lumière sous un seau, la garder pour nous, bien au chaud, c’est beaucoup plus confortable… Mais c’est contraire à la mission de Dieu qui, elle, brille, rayonne, illumine. Alors, avons-nous vraiment le désir de rayonner ?

Une lumière qui s’offre à tous mais qui ne s’impose pas

Dernier aspect de la lumière du Christ dans le prologue de Jean, c’est qu’elle a brillé pour tous, même si beaucoup refusaient de la recevoir. Elle s’offre à tous mais elle ne s’impose pas.

« La Parole est la vraie lumière. En venant dans le monde, elle éclaire tous les êtres humains. » (v.9)
« La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l’ont pas reçue. » (v.11)

La lumière de l’Evangile est une lumière généreuse, qui ne choisit pas sa cible. Un peu comme la semence que jette le Semeur, dans la parabole, et qui tombe dans tous les terrains, même le moins hospitalier.

La lumière de l’Evangile n’est pas un rayon laser, un faisceau lumineux intense et concentré qui vise, stigmatise, agresse. C’est une lumière rayonnante et large, une lumière ouverte et accueillante. Voyez Jésus qui allait à la rencontre de tous ceux que les autres rejetaient ou jugeaient.

C’est très bien de briller. Mais de quelle lumière brillons-nous ?

Conclusion

Parler de la mission de Dieu, c’est parler de l’oeuvre de Dieu dans l’histoire, dans le monde, dans notre vie. C’est reconnaître que tout ce que nous sommes et ce que nous avons, c’est à lui que nous le devons.

Et c’est libérateur parce que le poids de la mission ne repose pas sur nos épaules. C’est l’oeuvre de Dieu ! Mais, par grâce, la mission de Dieu passe par nous, elle traverse nos vies, elle emporte nos Eglises.

Elle déborde nos schémas et nos a priori. Elle nous surprend. Laissons-nous éclairer par la lumière du Christ et découvrons quels reflets elle est appelée à prendre dans notre Eglise et dans chacune de nos vies ! C’est là notre mission.

 




Soli Deo Gloria

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Lecture biblique : Matthieu 23.1-12

Le grand compositeur allemand Jean-Sébastien Bach signait ses partitions avec les trois lettres SDG, et parfois avec l’expression latine en entier : Soli Deo Gloria. A Dieu seul la gloire. A travers ses exhortations, c’est un peu cette même signature que Jésus aimerait que nous fassions figurer sur la partition de nos vies : A Dieu seul la gloire ! Contrairement aux chefs religieux que Jésus critique ici…

Dans les versets qui nous intéressent, Jésus parle bien des chefs religieux mais ce n’est pas tellement à eux qu’il s’adresse. Il le fera à la suite de ces versets, dans une longue diatribe contre les maîtres de la loi et les pharisiens en leur disant à plusieurs reprises : « malheur à vous ! ».

Ici, c’est à la foule et à ses disciples qu’il parle. Ce qu’il dit concerne donc tout le monde… Et il prend les chefs religieux comme des contre-exemples à ne pas suivre. En un mot : « Faites ce qu’ils disent mais ne faites pas ce qu’ils font ! »

Au verset 8 : « Ne vous faites pas appeler « Rabbi ». En effet, vous avez un seul enseignant et vous êtes tous frères. » « Rabbi » est un mot araméen et c’est le titre qu’on donnait à ceux qui enseignaient, à un maître avec ses disciples. C’est un titre qu’on donne souvent à Jésus dans les évangiles.

Au verset 10 : « Ne vous faites pas non plus appeler « Maître ». En effet, vous avez un seul maître, le Christ. » Ici c’est bien un terme grec qui est utilisé et désigne un conducteur, un guide.

On pourrait donc, dans les deux cas, parler d’un maître, à la fois dans le sens d’enseignant et de conducteur spirituel. Et Jésus dit : attention, seul Dieu doit être votre maître.

Entre ces deux exhortations, il y a celle du verset 9, qui propose la perspective inverse, non pas celle de ceux qui veulent se faire appeler « maître » mais de ceux qui veulent se trouver des maîtres ou des « Pères » : « N’appelez personne sur la terre « Père » . En effet, vous avez un seul Père, celui qui est dans les cieux. »

Et puisque nous sommes tous frères, Jésus propose alors une autre voie, celle du service mutuel : « Le plus important parmi vous doit se mettre à votre service. Celui qui veut être au-dessus des autres recevra la dernière place. Et celui qui prend la dernière place sera mis au-dessus des autres. » (v.11-12)

De ces exhortations on peut faire ressortir trois principes complémentaires :
– N’avoir d’autre maître que Dieu
– Se reconnaître comme frères
– Se faire serviteur

Trois principes pour donner à Dieu seul la gloire…

N’avoir d’autre maître que Dieu

C’est le sens premier de cette triple exhortation. Ni se faire appeler maître ni appeler quelqu’un maître ici-bas. Ce n’est pas « Ni Dieu ni maître », c’est « Dieu seul maître ».

En réalité, cela rappelle une des grandes affirmations des Réformateurs du XVIe siècle : le sacerdoce universel des croyant. Autrement dit : nous sommes tous prêtres ! Il ne peut y avoir d’intermédiaire entre le croyant et Dieu, si ce n’est Jésus-Christ seul. Pas des clercs d’un côté et des laïcs de l’autre mais tous des prêtres… tous des frères.

Le problème c’est qu’il y a, dans l’Eglise comme dans toute institution ou toute communauté humaine, des fonctions et des responsabilités différentes qui peuvent mettre certains plus que d’autres en position d’autorité. Une position dangereuse ou la tentation de « se faire appeler » maître, guide, père… est là.

Lorsque Jésus fait cette mise en garde, il ne dit pas que personne ne doit être responsable ou enseignant. Il met en lumière le danger de se faire appeler « maître ». Le danger de la recherche du prestige d’être chef, directeur, président, responsable, pasteur… au risque d’éclipser l’autorité de Dieu. Nul homme ne doit, d’une façon ou d’une autre, prendre la place de Dieu. Dans l’Eglise en particulier, les responsables, quels qu’ils soient, doivent s’effacer derrière Celui qui les a appelé.

Mais Jésus dit aussi qu’il y a un autre danger. Il est pour ceux qui se cherchent des pères, des maîtres ici-bas. Il souligne alors le danger de mettre sa foi dans un homme ou une femme, même au service de Dieu, plutôt qu’en Dieu. Le danger existe, de s’attacher plus à un pasteur, un prédicateur, un enseignant qu’à Dieu. Et lorsque ce pasteur ou ce prédicateur s’en va, la foi vacille…

N’avoir d’autre maître que Dieu est un principe garant d’un service humble qui s’efface devant Dieu et d’une foi solide, ancrée en Dieu et non en l’homme.

Se reconnaître comme frères

L’affirmation de Jésus, « Vous êtes tous frères », est liée à la fois l’exhortation qui précède (vous avez tous un seul maître) et celle qui suit (vous avez un seul Père, qui est dans les cieux). Deux exhortations qui colorent différemment l’expression.

Si nous sommes frères parce qu’il y a un seul maître, alors nous sommes tous à égalité devant Dieu. Il n’y a pas des pères ou des mères et des frères ou des sœurs. Il n’y a que des frères et des sœurs. Nul ne peut se placer au-dessus de son frère, que ce soit à cause de son expérience, de sa connaissance ou même de son appel ! Nous sommes frères et sœurs parce que nous sommes tous disciples !

Si nous sommes frères et sœurs parce que nous avons un seul et même Père, qui est dans les cieux, alors nous sommes liés les uns aux autres, indépendamment de nos amitiés, nos « atomes crochus » ou non. Nous avons le même Père céleste : c’est Lui qui me dit qui est mon frère ou ma sœur, ce n’est pas moi qui décide…

Il est fondamental dans l’Eglise de se reconnaître comme frères et sœurs. Et il est fondamental de comprendre que ce qui fait de mon frère mon frère, c’est sa relation avec son Père céleste qui est aussi mon Père céleste. Ce n’est pas sa forme de piété, ou son appartenance à telle ou telle Eglise, ni même sa théologie . Et cela, je ne peux m’en rendre compte que si je vais à la rencontre des autres différents de moi, si je suis ouvert au dialogue et si je ne m’enferme pas dans mes a priori ou mes dogmatismes.

Se reconnaître comme frères, au-delà de nos différences, c’est glorifier notre Père commun, par le Christ qui nous unit !

Se faire serviteur

Vous êtes tous frères, vous avez un seul et même Père, un seul et même maître. Dès lors, en tant que frères et sœurs, c’est au service mutuel que vous êtes appelés. Dans le Nouveau Testament, le service est l’expression concrète de l’amour fraternel.

Le modèle du croyant, ce n’est pas le maître, c’est le serviteur. Tous les responsables, quels qu’ils soient, doivent s’en souvenir. Le « ministère » c’est le service, le « ministre » c’est le serviteur.

Notre Maître lui-même, Jésus-Christ, n’a-t-il pas montré le chemin en se faisant serviteur ? C’est toute la dynamique de l’incarnation : le Fils de Dieu qui quitte le ciel pour humblement venir sur terre, prenant la forme d’un serviteur. C’est tout le chemin du Calvaire, où le Christ a choisi de se mettre au service de nous, pécheurs, en acceptant l’humiliation jusqu’à la mort sur la croix, pour nous. Sa mort est son service ultime…

C’est pourquoi, Jésus dans ses paroles va au-delà de l’exhortation à ne pas appeler ni se faire appeler maître ici-bas, au-delà du fait d’être frères, égaux les uns envers les autres. Il s’agit d’aller plus loin et de se faire serviteur. Devant Dieu, nous sommes tous frères et sœurs. Devant notre frère ou notre sœur, nous sommes appelés à être des serviteurs.

Jésus le fait avec une formule qui exprime le renversement typique de l’Evangile : « Celui qui veut être au-dessus des autres recevra la dernière place. Et celui qui prend la dernière place sera mis au-dessus des autres. » (v.12).

Ici encore, nous avons à l’esprit l’exemple donné par le Christ. Car lui qui s’est humilié en tant que serviteur, jusqu’à la mort sur la croix, il est aussi ressuscité, élevé à la droite du Père. Comme l’apôtre Paul le dit dans son hymne de Philippiens 2.9-11 :

C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé
et lui a accordé le nom qui est au-dessus de tout nom,
pour qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse
dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur
à la gloire de Dieu, le Père.

Conclusion

N’avoir d’autre maître que Dieu, se reconnaître comme frères et sœurs, et se faire serviteur. Quel est le but ultime de ces trois principes sinon de glorifier Dieu seul ?

  • N’avoir d’autre maître que Dieu, c’est lui réserver l’obéissance, lui reconnaître son autorité absolue et bienveillante.
  • Se reconnaître comme frères et sœurs, c’est glorifier dans nos relations le Père céleste qui nous unit.
  • Se faire serviteur, c’est agir à l’image de Jésus-Christ, qui s’est fait serviteur jusqu’à donner sa vie pour nous.

Alors vivons-le ! Et la partition de nos vies portera bien cette mention : Soli Deo gloria… A Dieu seul soit la gloire !




Un monde parfait… ou pas ! (Gn 3)

 

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Au chapitre 2, la Genèse évoquait la création de l’homme et la femme, leur vie paisible et harmonieuse dans un jardin luxuriant. Et ça peut paraître bien éloigné de la réalité de notre condition humaine aujourd’hui, et du monde dans lequel nous vivons. Or, justement, le chapitre 3 va nous révéler pourquoi notre monde aujourd’hui n’est plus celui décrit au chapitre 2.

On en était resté, à la fin du chapitre précédent, à cette phrase qui laissait déjà planer le suspense, laissant entendre que quelque chose allait se passer : « L’homme et sa femme sont nus tous les deux. Mais ils n’ont pas honte l’un devant l’autre. » (Gn 2.25)

Dès le début du chapitre 3 apparaîtra un nouveau personnage avec la figure du serpent. Avec lui, le mal, qui nous est extérieur, nous devient intérieur. Il devient le péché, le mal en nous. Et en cela, ce récit qui nous rejoint, dans notre lutte quotidienne face au mal.

Comme le texte est un peu long, je propose d’en diviser la lecture en cinq parties, que je commenterai l’une après l’autre.
1 Parmi les bêtes sauvages que le SEIGNEUR Dieu a faites, le serpent est le plus rusé. Il demande à la femme : « Est-ce que Dieu vous a vraiment dit : “Ne mangez aucun fruit du jardin” ? » 2 La femme répond au serpent : « Nous pouvons manger les fruits du jardin.
3 Mais pour l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Ne mangez pas ses fruits et n’y touchez pas ! Sinon, vous mourrez.” » 4 Le serpent répond à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! 5 Mais Dieu le sait bien : le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront. Vous serez comme des dieux, vous pourrez savoir ce qui est bien ou mal. »

La suspicion

Lorsque le serpent apparaît, c’est pour mettre en doute la parole de Dieu. Ou plutôt pour instiller la suspicion dans le cœur de la femme. Quant à ce que Dieu a dit. Ou plus précisément, quant aux prétendues intentions cachées de Dieu… « Dieu ne vous a pas tout dit… »

Vous savez, comme dans les théories du complot : on nous cache la vérité ! Ce n’est pas nouveau… C’est ce que prétend le serpent. Si Dieu empêche l’homme et la femme de manger du fruit de la connaissance du bien et du mal, c’est parce qu’il ne veut pas qu’ils deviennent comme lui, des dieux. Il veut garder égoïstement ses privilèges. « Dieu vous ment ! »

Bien-sûr, il ne le dit pas comme ça… Il le fait avec plus de finesse. Il pose une question, innocemment… et il déforme légèrement le commandement de Dieu. Mais la graine est semée. La graine de la suspicion… Une graine terriblement efficace.

Dès le début, nous voyons que la source du péché, dans la Bible, n’est pas morale mais spirituelle. Elle n’est pas d’abord dans le fait de faire des choses mauvaises… elle trouve son origine dans la suspicion, dans la perte de confiance en Dieu.

Parler du péché, ce n’est pas avoir un discours moraliste, ou faire la liste de ce qu’il ne faut pas faire. C’est d’abord parler du refus de Dieu.

Du coup, pour lutter contre le mal dans notre vie, il ne s’agit pas de faire la liste des péchés qu’on commet et de battre sa coulpe. Il nous faut avant tout développer notre foi, notre confiance en Dieu. Autrement dit, pour quitter les ténèbres, n’essayez pas de les faire disparaître mais approchez-vous de la lumière !

6La femme se dit : les fruits de cet arbre sont beaux, ils doivent être bons. Ils donnent envie d’en manger pour savoir plus de choses. Elle prend un fruit de cet arbre et le mange. Elle en donne à son mari qui est avec elle, et il en mange aussi. 7Alors leurs yeux s’ouvrent. Maintenant, ils voient qu’ils sont nus. Ils attachent ensemble des feuilles d’arbre, et cela leur sert de pagne.

La tentation

Lorsque la suspicion a pris racine dans le cœur, c’est le regard qui change. La femme voit le fruit de l’arbre différemment. On a même l’impression qu’elle ne voit plus que ça ! Le fruit n’a pas changé… C’est le regard de l’homme et la femme qui a changé. La tentation devient source de convoitise. La frontière entre les deux est mince !

Lorsque l’homme et la femme avaient une pleine confiance en Dieu, le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’avait pas d’attrait particulier. Dieu leur avait dit de ne pas en manger. Soit. Il y a tous les autres fruits ! Ce n’est pas grave. Mais quand le serpent a réussi à instiller le doute et la suspicion, alors le regard change. Et le fruit jusqu’ici sans intérêt devient beau, attirant, appétissant… tentant !

Je n’ai certainement pas à vous faire un long discours sur la tentation… Nous en faisons tous l’expérience. Parfois douloureusement. Nous connaissons tous cette sensation désagréable de savoir pertinemment que penser, dire ou faire cela n’est pas bon… mais nous laisser quand même entraîner à le faire ! Nous connaissons tous ce passage de la tentation à la convoitise… et nous savons pertinemment qu’il est alors trop tard !

Vous avez beau lutter, quand le regard a changé, le doigt a été mis dans l’engrenage… Alors, comme l’homme et la femme, nos yeux s’ouvrent. Et nous avons honte de notre nudité. Nous connaissons la culpabilité.

Ah ! Si seulement nous n’avions pas écouté la voix de la suspicion, si seulement nous avions gardé toute confiance en Dieu !

8Le soir, un vent léger se met à souffler. Le SEIGNEUR Dieu se promène dans le jardin. L’homme et la femme l’entendent et ils se cachent devant lui, parmi les arbres du jardin. 9Le SEIGNEUR Dieu appelle l’homme. Il lui demande : « Où es-tu ? » 10L’homme répond : « Je t’ai entendu dans le jardin. J’ai eu peur parce que je suis nu. Alors, je me suis caché. » 11Le SEIGNEUR Dieu lui demande : « Qui t’a appris que tu étais nu ? Est-ce que tu as mangé le fruit que je t’avais interdit de manger ? » 12L’homme répond : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné ce fruit, et j’en ai mangé. » 13Le SEIGNEUR Dieu dit à la femme : « Qu’est-ce que tu as fait là ? » La femme répond : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé du fruit. »

La division

Plus rien n’est comme avant. Quelque chose s’est brisé. Instantanément. L’homme et la femme se cachent l’un de l’autre. Et pire, ils ont désormais peur de Dieu. Pourtant, Dieu ne vient pas menaçant : il se promène dans le jardin, précédé d’une brise légère.

Mais l’homme et la femme ont peur. Ils n’ont pas peur de Dieu parce qu’ils lui ont désobéi. Ils ont peur « parce qu’ils sont nus ». La nudité devient un problème parce que l’innocence est perdue. Ils ne supportent plus d’être nus devant Dieu, à cause de leur conscience souillée.

Alors chacun essaye de sauver sa peau : « ce n’est pas de ma faute, c’est la femme… ou c’est le serpent… » Vous remarquerez d’ailleurs qu’il y a, indirectement, une accusation portée contre Dieu : « c’est la femme que tu m’as donnée… », « c’est le serpent… » dont il est dit dès le début du chapitre qu’il a été créé par Dieu !

Ici, on n’est plus dans le processus par lequel nous commettons le mal… Nous sommes face aux conséquences, immédiates, du péché. La division, la relation brisée, la honte, la peur, la fuite… Les conséquences du péché dans notre vie sont multiples et multiformes. Sources de souffrance, de malaise, de mal-être.

14Alors le SEIGNEUR Dieu dit au serpent :
« Puisque tu as fait cela, je te maudis :
parmi tous les animaux,
tu avanceras sur ton ventre
et tu mangeras de la poussière
tous les jours de ta vie.
15Voici ce que je décide :
la femme et toi,
vous deviendrez des ennemis.
Ceux qui naîtront d’elle et ceux qui naîtront de toi
deviendront des ennemis.
Ceux qui naîtront d’elle t’écraseront à la tête,
et toi, tu les blesseras au talon. »
16Ensuite, le SEIGNEUR dit à la femme :
« Je rendrai tes grossesses pénibles,
et c’est dans la souffrance
que tu mettras des enfants au monde.
Tu seras attirée par ton mari,
mais il sera ton maître. »
17Puis le SEIGNEUR dit à l’homme : « Tu as écouté ta femme et tu as mangé le fruit que je t’avais interdit de manger.
À cause de toi je maudis le sol.
Tu devras te fatiguer
tous les jours de ta vie
pour tirer ta nourriture de la terre.
18Le sol produira pour toi
des plantes épineuses de toutes sortes.
Tu devras manger
ce qui pousse dans les champs.
19Tu gagneras ta nourriture
en transpirant beaucoup,
jusqu’à ta mort.
À ce moment-là,
tu retourneras dans la terre
d’où tu viens.
Oui, tu es fait de poussière
et tu retourneras à la poussière. »

La malédiction

Après les conséquences immédiates du péché, nous trouvons dans ces paroles l’évocation d’autres conséquences, qui s’étendent bien au-delà de nous-mêmes. La malédiction du péché, c’est qu’il a des conséquences.

Le serpent est maudit : il mordra la poussière. Et il sera en guerre contre la descendance de la femme : il sera source d’hostilité. La femme connaîtra la souffrance jusque dans l’acte même de donner la vie ! L’homme verra la souffrance envahir son travail quotidien.

C’est en réalité les souffrances et les frustrations du quotidien qui sont décrits dans ces versets. C’est la réalité d’une vie, d’un monde, d’une humanité où règne le péché. Et ce sont bien des malédictions. Même s’il faut bien faire avec, il ne faut pas pour autant se résigner. Au nom de ces versets, on va refuser la péridurale parce qu’il faut souffrir en accouchant, on va justifier la soumission de la femme à son mari alors que la domination du mari sur sa femme est présentée comme une conséquence du péché ! On va justifier la pénibilité du travail… parce qu’il faut souffrir ! Non !

Mais retenons cette leçon de ces paroles : les conséquences du mal que je commets ne me concerne pas moi seulement… elles impactent mon entourage, mon prochain, mon environnement. La malédiction du péché, c’est qu’il a des conséquences, au-delà de moi-même.

20L’homme, Adam, donne à sa femme le nom d’Ève, c’est-à-dire « la Vivante ». En effet, elle est la mère de tous les vivants. 21Le SEIGNEUR Dieu fait des vêtements en peau d’animal pour l’homme et la femme, et il les habille de cette façon. 22Le SEIGNEUR Dieu se dit : « Eh bien, l’homme est devenu comme un dieu : il connaît ce qui est bien ou mal. Maintenant, il ne faut pas qu’il prenne aussi les fruits de l’arbre de la vie. S’il en mangeait, il vivrait pour toujours. » 23Alors le SEIGNEUR Dieu chasse l’homme du jardin d’Éden et il l’envoie cultiver la terre qui a servi à le faire. 24Après que le SEIGNEUR a chassé l’homme, il place des chérubins à l’est du jardin d’Éden. Avec une épée de feu qui tourne dans tous les sens, les chérubins gardent l’entrée du chemin qui conduit à l’arbre de la vie.

Vers la rédemption !

Alors que tout semble s’être effondré, que tout semble perdu, un espoir surgit à la fin de ce chapitre. D’abord par un acte de foi étonnant de la part de l’homme qui décide de donner un nom à sa femme et il l’appelle Eve. La vivante ! C’est vraiment étonnant, d’autant qu’il le fait immédiatement après que Dieu lui a dit : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ! »

Et puis il y a l’attitude de Dieu à l’égard de l’homme et la femme. Il façonne pour eux des habits de peau en lieu et place de leur pagne improvisé. Il prend soin d’eux, en tenant compte de leur nouvelle condition et de leur honte d’être nus.

Certes, il les chasse du jardin d’Eden. Mais il semble que cela aussi est pour leur bien. Dieu reconnaît que l’homme est devenu comme un dieu… mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’homme ! Car il n’est pas un dieu ! L’homme pourra avoir à nouveau accès à l’arbre de vie. Non pas comme un dieu mais comme une créature rachetée. Car on retrouve cet arbre dans l’Apocalypse, dans la vision de la nouvelle Jérusalem. Il est au milieu de la ville.

La réalité du péché est universelle, douloureusement universelle. Mais la bonté et la grâce de Dieu est toujours là pour nous rejoindre là où nous en sommes. Dieu prend soin de nous, même pécheurs. Il tient compte de notre condition et nous conduit sur un chemin d’espérance. Ce chapitre 3 aurait pu être la fin de l’histoire… il n’en est que le début. Parce que Dieu a un projet de salut pour l’humanité, qui s’accomplira en Jésus-Christ !

Et il nous rejoint aujourd’hui encore, dans notre lutte contre le mal en nous. Nous pouvons nous appuyer sur ses promesses et garder l’espérance. Il est fidèle, même lorsque nous sommes infidèle !




Gloire au Créateur !

 

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Lecture biblique : Genèse 1.1-31

On ne peut pas tout dire de ce texte. Il est trop riche. On peut s’émerveiller de sa beauté, de sa force, de sa poésie. On peut y chercher une vision du monde, une réflexion sur notre place dans l’univers. Certains essayent de le confronter aux théories scientifiques sur l’origine de l’univers et de la vie… mais je ne suis pas convaincu que ce soit pertinent : ce chapitre n’a rien d’un traité scientifique.

Il me semble qu’il s’agit avant tout d’un hymne à la gloire du Dieu Créateur. Et c’est ainsi que je vous invite à le considérer… et l’on se rendra compte que ce texte a beaucoup à nous dire sur Dieu !

Dieu est libre et généreux

Commençons par le premier verset. On pourrait faire toute une prédication, voire une série de prédications, sur cette seule phrase, la première de la Bible : « Au commencement Dieu crée le ciel et la terre. »

Le choix de la version Parole de Vie de traduire le verbe au présent me paraît excellente. Bien sûr, on parle d’un événement passé : les origines de l’univers. Mais ce monde créé dans lequel nous vivons est bien l’expression d’un Dieu qui, part nature, est Créateur. Au commencement Dieu crée…

Dire qu’il y a un Dieu créateur de l’univers n’est pas qu’une affirmation philosophique abstraite. Cela nous dit déjà quelque chose de qui est ce Dieu, surtout quand on considère comment la Genèse nous présente ce Dieu Créateur.

C’est un Dieu libre et généreux. Il est libre parce qu’il ne crée pas par nécessité ou contrainte. Il y a des cosmogonies qui parlent des dieux qui s’ennuient et qui décident du coup de créer le monde et les humains pour se divertir, ou s’occuper. La Genèse nous parle d’un Dieu qui, par nature, est Créateur. Non par nécessité mais par amour, il crée, il suscite la vie. Et il est généreux parce qu’il ne crée pas chichement : il fait un monde riche et abondant, un monde foisonnant et beau.

Dieu est libre et généreux, il le manifeste dès la première page de la Bible, et il le démontrera de multiple manières tout au long de l’histoire biblique. En réalité, nous avons déjà ici, au moins de façon embryonnaire, l’expression de la grâce de Dieu. C’est bien dans la grâce de Dieu que se manifeste dans toute sa splendeur, à la fois la liberté et la générosité de Dieu.

Dieu est grand

Toujours dans le premier verset de ce texte, la Genèse dit que Dieu crée le ciel et la terre. La terre, c’est notre maison. C’est le monde que nous connaissons, le sol sur lequel nous marchons. Le ciel c’est toute cette partie de la création qui nous échappe, qui est au-dessus de nos têtes. Et ce n’est pas le fait qu’aujourd’hui nous sachions voler (avec des avions ou même des fusées) qui change grand chose. Même les sondes spatiales que nous avons envoyées aux confins de notre système solaire n’ont fait qu’un saut de puce dans l’immensité de l’univers.

Dieu crée le ciel et la terre, le monde visible et invisible. Dieu est grand ! Il est plus grand que l’univers entier qu’il a créé. Et plus nous connaissons ce monde, grâce aux découvertes scientifiques, plus le Dieu qui l’a créé nous apparaît grand ! Car il y a non seulement l’infiniment grand de l’univers mais aussi l’infiniment petit, que nous continuons l’un et l’autre d’explorer sans encore le comprendre.

Le Dieu Créateur est grand, infini et sa création en témoigne, par l’infiniment grand et comme l’infiniment petit. Et l’on pense ici à ce que l’apôtre Paul disait aux chrétiens de Rome, à propos de Dieu :

Romains 1.20
Ce qui chez lui est invisible — sa puissance éternelle et sa divinité — se voit fort bien depuis la création du monde, quand l’intelligence le discerne par ses ouvrages…

Dieu recherche l’harmonie

Une autre leçon que ce texte nous apprend sur Dieu découle de la façon dont il crée. Dès son deuxième verset, le texte s’ouvre sur une évocation du chaos et du vide, au-dessus duquel l’esprit de Dieu se tient, prêt à entrer en action :

Genèse 1.2
« La terre est comme un grand vide. Elle est dans la nuit. Une eau profonde la recouvre. Le souffle de Dieu se tient au-dessus de l’eau. »

Et lorsque Dieu se met au travail, il met de l’ordre dans le chaos, il suscite la vie et l’abondance dans cet océan primitif sombre et vide.

D’abord, dans les trois premiers jours, il crée le cadre de vie : le jour et la nuit, le haut et le bas, la mer et la terre ferme, recouverte d’arbres et de fruits. Et une fois que le cadre est créée, il suscite la vie et remplit le cadre de ses habitants : le soleil et la lune pour le jour et la nuit, les oiseaux et les animaux marins, pour le haut et le bas, tous les mammifères, l’homme y compris, pour habiter la terre.

Et quel contraste entre le chaos du verset 2, et le foisonnement de vie à l’issue du sixième jour ! Quel contraste entre cet océan primitif froid et vide et la création belle et harmonieuse à la fin du processus ! Quelle impression d’harmonie et de paix !

Dieu est un Dieu de paix. Vous savez peut-être que le mot hébreu shalom, que l’on traduit habituellement par la paix, est très riche de sens. Il évoque certes la paix, mais aussi la plénitude, l’accomplissement, l’harmonie.

Dieu est un Dieu de paix, qui cherche toujours à mettre l’harmonie là où règne le chaos. On le voit ici, dès son œuvre de création. On le verra dans toute l’histoire biblique où il n’a de cesse de vouloir rétablir la relation brisée avec ses créatures, réparer le chaos que les hommes provoque, dans leur révolte.

Dieu achève ce qu’il commence

Lorsqu’on considère ensuite la façon dont cet hymne évoque les actes créateurs de Dieu, on voit un Dieu qui achève ce qu’il commence, et qui le fait consciencieusement. Il s’assure à chaque étape que ce qu’il a fait est réussi.

A la fin de chaque jour, Dieu regarde son oeuvre et vois que c’est bon. Et c’est seulement quand il est satisfait de ce qu’il a fait qu’il passe à l’étape suivante. Il regarde. Il voit que c’est bon. Il y a un soir et un matin. C’est la fin d’un jour, passons à l’étape suivante ! Et quand il arrive à la dernière étape, à la fin du sixième jour, il peut dire que c’est très bien. Il a vraiment achevé ce qu’il a commencé à faire.

Ici encore nous pouvons dire que cette caractéristique de Dieu, nous la retrouverons tout au long de l’histoire biblique. Où on voit le Seigneur accomplir, étape après étape, patiemment, son projet de salut pour le monde. De Noé à Abraham, de David à Jean-Baptiste, jusqu’à son accomplissement, dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Et cela est tellement lié à la personne même de Dieu que Paul peut dire, avec assurance, aux chrétiens de Philippe :

Philippiens 1.6
Je suis sûr d’une chose : Dieu qui a commencé en vous un si bon travail va le continuer jusqu’au bout, jusqu’au jour où le Christ Jésus viendra.

Dieu a un projet particulier pour les humains

Et justement, puisqu’on parle des humains, il faut mentionner le fait qu’il y a, au cœur de cet hymne au Créateur, une place particulière réservée aux humains. Ils y apparaissent à la fois comme des êtres à part (ils sont les seuls dont on dise qu’ils sont créés en image de Dieu) et des êtres comme les autres (ils sont créés le 6e jour, comme tous les autres mammifères, ils n’ont pas de jour spécifique qui leur est dédié). Solidaires de toute la création, être vivant parmi les autres êtres vivants, nous sommes aussi liés de manière particulière à notre Créateur.

Dès la première page, la Bible affirme que Dieu a un projet particulier pour les humains. Ils ont leur place dans ce récit en tant qu’image de Dieu, comme empreinte de Dieu dans sa création. Sa signature en quelque sorte. La vocation ultime de l’être humain, c’est de glorifier son Créateur. C’est ce pourquoi nous avons avant tout été créés.

Et pour que les humains puissent accomplir cette vocation, il a tout prévu. Même la possibilité de l’incarnation. Je crois en effet que nous pouvons dire que Dieu rend possible l’incarnation en créant l’homme à son image. Avant même l’apparition du péché et du mal dans l’humanité, Dieu a prévu le moyen d’en délivrer l’humanité.

Dieu a un projet particulier pour les humains et c’est un projet de salut, au-delà même de tout ce que nous pouvons imaginer.

Conclusion

N’est-ce pas merveilleux ce que cet hymne au Dieu Créateur nous révèle de la personne de Dieu ?

  • Il est un Dieu libre et généreux : c’est un Dieu de grâce !
  • Il est un Dieu grand : en réalité, il est infini et éternel, il sera toujours plus grand que ce que nous pouvons comprendre ou même imaginer.
  • Il est un Dieu qui toujours recherche l’harmonie, qui poursuit toujours la paix, la réconciliation.
  • Il est un Dieu qui achève ce qu’il commence, fidèle à ses promesses, digne de confiance.
  • Il est un Dieu qui a un projet particulier pour l’humanité, et qui met tout en œuvre pour l’accomplissement de son projet.

Ce Dieu-là nous est déjà révélé dans cet hymne au Créateur, il le sera encore dans toute l’histoire biblique, il le sera parfaitement dans la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ, et il l’est aujourd’hui encore quand il vient à notre rencontre par son Esprit. Gloire à son nom !