Vivre le changement (5) L’oeuvre transformatrice du Saint-Esprit

 

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Pentecôte, ce n’est pas seulement un événement du passé, une étape dans l’histoire du salut. C’est une promesse qui nous concerne encore : Dieu vient habiter en nous par son Esprit.

Pour les premiers chrétiens, quel changement ! On le voit au début du livre des Actes des apôtres : c’est spectaculaire. Les apôtres et les disciples, jusqu’ici discrets voire craintifs, annoncent l’Evangile aux foules avec assurance. Les gens sont touchés et changent de vie. L’Eglise grandit, pleine d’enthousiasme. Mais rapidement, les ennuis commencent, les tensions naissent, les choses ne sont pas aussi simples dans l’Eglise… et ça se confirmera dans les épîtres du Nouveau Testament.

N’est-ce pas un peu la même chose pour nous ? Au début de la vie chrétienne, les changements sont souvent évidents. Tout est nouveau, il y a l’enthousiasme de la découverte… Et puis, avec le temps, le rythme du changement a tendance à ralentir. L’évolution devient plus lente, moins évidente. Il y a encore parfois des progrès, par à coup… Mais aussi parfois l’impression qu’on n’avance plus vraiment, qu’on est bloqué à un palier. L’oeuvre transformatrice du Saint-Esprit devient moins évidente en nous.

Bref, la transformation de notre vie par le Saint-Esprit, ça fonctionne bien au début… mais ça se complique ensuite. Et c’est frustrant parce qu’on sent bien que ce n’est pas vraiment normal que ça se passe comme ça. Alors comment faire pour que le Saint-Esprit nous transforme, et qu’il continue à le faire tout au long de notre vie de foi ?

1. Laisser Jésus-Christ grandir en nous

Le premier texte biblique qui peut nous aider à répondre à cette question se trouve dans l’évangile selon Jean, au chapitre 16. C’est un extrait du discours de Jésus à ses disciples, peu de temps avant d’être arrêté.

Jean 16.5-7,13-15
5 Maintenant, je m’en vais auprès de celui qui m’a envoyé. Et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu ? ” 6 Mais votre cœur est plein de tristesse parce que je vous ai dit cela. 7 Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je parte. En effet, si je ne pars pas, celui qui doit vous aider ne viendra pas à vous, mais si je pars, je vous l’enverrai.
(…) 13 Quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, il ne dira pas des choses qui viennent de lui. Mais il dira tout ce qu’il entendra et il vous annoncera ce qui doit arriver. 14 L’Esprit de vérité montrera ma gloire, parce qu’il recevra ce qui est à moi et il vous l’annoncera. 15 Tout ce qui est à mon Père est aussi à moi. C’est pourquoi je vous ai dit : “L’Esprit de vérité recevra ce qui est à moi et il vous l’annoncera.”

Ici, Jésus répond à l’inquiétude des disciples. Ils sentent que Jésus va les quitter. Pourtant Jésus leur dit : « il vaut mieux pour vous que je parte. » Comment est-ce possible ? Pour les disciples, perdre leur maître est la pire chose qui puisse leur arriver ! Or Jésus leur dit qu’il est avantageux pour eux qu’il s’en aille.

Oui mais si Jésus part, alors il pourra leur envoyer « celui qui doit les aider ». Cette périphrase traduit le terme grec paraclêtos qui signifie littéralement « celui qui se tient à côté », donc l’intercesseur, le défenseur, le consolateur… Et Jésus précise : « L’Esprit de vérité montrera ma gloire, parce qu’il recevra ce qui est à moi et il vous l’annoncera. » (v.14)

Autrement dit, le Saint-Esprit « remplace » Jésus-Christ auprès des disciples, et il le remplace avantageusement. C’est parce qu’il y a là un pas de plus franchi par Dieu pour s’approcher de nous. Déjà en Jésus, le Fils de Dieu est devenu l’un des nôtres, humain comme nous. Désormais, Dieu se fait encore plus proche puisqu’il vient par son Esprit faire sa demeure en nous. L’apôtre Paul l’exprime de façon très concrète lorsqu’il dit aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu ? » (1 Corinthiens 6.19). Et comme il est Esprit, il n’est pas limité dans l’espace et peut être présent, pleinement, en chaque croyant, où qu’il soit. Voilà pourquoi c’est avantageux pour les disciples que Jésus parte et qu’il envoie son Esprit !

La mission du Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ. Il nous est donné pour nous montrer la gloire du Christ. Par le Saint-Esprit, c’est Jésus-Christ qui est avec nous et nous pouvons le rencontrer.

Autrement dit, c’est Jésus-Christ que nous recevons quand l’Esprit vient faire sa demeure en nous, c’est lui que nous entendons lorsque l’Esprit nous parle. L’oeuvre du Saint-Esprit, c’est de faire grandir le Christ en nous. Et c’est cela qui nous transforme. Quand le Christ grandit en nous, c’est alors que le Saint-Esprit nous transforme !

Quelle leçon en tirer, concrètement ? Notre première priorité, toujours, c’est d’approfondir notre relation avec le Christ. Il nous faut voir tous les aspects de notre piété, et de notre vie chrétienne, comme une occasion d’approfondir cette relation avec le Christ.

  • On ne lit pas la Bible pour accroître sa connaissance mais pour y trouver le Christ et l’accueillir tout à nouveau.
  • On ne prie pas pour faire sa « liste de courses » spirituelles ou pour se faire du bien et s’épanouir spirituellement. On prie pour dialoguer avec le Christ.
  • On n’aime pas son prochain juste parce que c’est un commandement, et encore moins pour faire une bonne œuvre et accumuler des « miles spirituels » et obtenir un place premium au paradis ! On aime son prochain parce qu’on y trouve le visage du Christ : « tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites. » (Matthieu 25.40)

Cherchez Jésus-Christ, toujours, partout. Il grandira en vous, et son Esprit vous transformera !

2. Identifier nos blocages

Mais cet élan positif, toujours tourné vers le Christ, ne suffit pas toujours. On garde parfois l’impression que ça bloque, qu’il y a quelque chose qui coince et empêche la transformation.

Ici, c’est un autre texte du Nouveau Testament qui peut nous aider. L’apôtre Paul y parle d’un blocage, en faisant référence à Moïse qui, lorsqu’il redescendait de la montagne où il rencontrait Dieu devait couvrir son visage d’un voile. Il se base sur cet épisode de l’Ancien Testament, d’une part pour expliquer l’aveuglement de beaucoup de ses frères Israélites, et d’autre part pour parler de l’oeuvre de l’Esprit chez le chrétien. Et là ça nous intéresse !

2 Corinthiens 3.12-17
12 Avec cette espérance, nous sommes pleins de confiance. 13 Nous ne faisons pas comme Moïse qui mettait un voile sur son visage. De cette façon, les Israélites ne pouvaient pas voir la fin d’une gloire qui ne durait pas. 14 Mais leur intelligence s’est fermée, et jusqu’à aujourd’hui, quand ils lisent les livres de l’ancienne alliance, le même voile est encore là. Non, il n’est pas enlevé, sauf pour celui qui est uni au Christ. 15 En effet, jusqu’à aujourd’hui, chaque fois que les Israélites lisent les livres de Moïse, un voile couvre leur cœur. 16 Mais chaque fois que les gens se tournent vers le Seigneur, le voile tombe. 17 Le Seigneur ici, c’est l’Esprit Saint. Et quand l’Esprit du Seigneur est présent, la liberté est là. 18 Notre visage à nous tous est sans voile, et la gloire du Seigneur se reflète sur nous, comme dans un miroir. Alors le Seigneur, qui est l’Esprit, nous transforme. Il nous rend semblables à lui, avec une gloire toujours plus grande.

Ce que je retiens de ce texte, en lien avec notre question, c’est cette image du voile qui tombe et qui permet à l’Esprit de Dieu de faire en nous son œuvre de transformation. Je retiens aussi l’affirmation de la liberté associée à la présence de l’Esprit.

Pour grandir spirituellement, pour voir agir en nous l’oeuvre transformatrice du Saint-Esprit, il faut que nous arrivions à nous libérer des obstacles qui bloquent notre développement spirituel.

Pour utiliser une autre image, on pourrait dire que le Saint-Esprit est le moteur de notre transformation. C’est lui qui nous fait avancer. Si on n’avance plus, on pourrait se dire que c’est la faute du moteur… Mais si dans votre voiture vous laissez le frein à main serré, vous aurez beau appuyer sur l’accélérateur, vous n’avancerez pas. Et ce n’est pas la faute du moteur mais du frein à main que vous n’avez pas desserré !

J’ai l’impression que dans notre vie spirituelle, nous gardons parfois notre frein à main serré… Il s’agit donc pour nous d’identifier nos blocages, nos freins… ce qui obstrue l’action du Saint-Esprit dans notre vie.

  • Ca peut être l’orgueil. Celui de se croire déjà arrivé, de se penser suffisamment expérimenté, suffisamment spirituel, suffisamment sage, pour ne plus avoir vraiment à progresser.
  • Ca peut être la peur. La peur de devoir bouleverser ses repères, remettre en cause ses convictions, renoncer à un statu quo finalement assez confortable…
  • Ca peut aussi être une culpabilité qu’on entretient et qui nous rabaisse, un sentiment d’indignité, d’incapacité, de honte. A cause de notre passé, ou de l’image qu’on a de soi.

D’autres freins sont évidemment possibles. Ils peuvent être liés à notre personnalité mais aussi à notre histoire, parfois à des expériences douloureuses, ou à une parole dite contre nous, ou à des convictions erronées dans lesquelles nous nous enfermons…

Si nous avons l’impression de stagner spirituellement, peut-être que notre prière prioritaire devrait être de demander à Dieu de nous aider à identifier ces blocages et ces freins dans notre vie spirituelle. Et une fois les blocages identifiés, alors relâchons le frein à main ! Lâchons prise, faisons-lui confiance ! Laissons le Saint-Esprit nous transformer.

Conclusion

Un des grands défis de la vie chrétienne, c’est la persévérance : arriver à renouveler sa marche avec le Christ, une fois l’enthousiasme du début atténué voire effacé. Poursuivre tout au long de notre vie un processus de croissance spirituelle, de transformation en profondeur. Seule l’action du Saint-Esprit peut rendre cela possible. Mais cela passera par deux impératifs :
Chercher le Christ, toujours : le Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ.
Porter un regard lucide sur soi-même, pour pouvoir identifier les freins et les blocages qui demeurent en nous.

Nous continuerons d’avancer si nous appuyons sur l’accélérateur de notre relation à Jésus-Christ et si nous desserrons le frein à main de nos blocages. Si vous faites l’un sans l’autre, vous n’avancerez pas. Mais si faites les deux, alors la route vous est ouverte !




Vivre le changement (3) Dieu ne change pas…

Nous sommes tous conscients que nous avons besoin de changer, de progresser, de grandir spirituellement. Or Dieu, lui, ne change pas… c’est même une des raisons pour lesquelles il est Dieu ! Mais comment un Dieu qui ne change pas peut-il nous aider à changer ?

Dieu ne change pas… mais il est vivant !

En fait, on pourrait dire que, fondamentalement, Dieu ne peut pas changer ! Sinon, il n’est plus vraiment Dieu. Si Dieu changeait, ça signifierait qu’il a progressé, qu’il s’est amélioré ou qu’il aurait régressé. Ou tout simplement qu’il lui manquait quelque chose… Il ne serait donc plus, ou pas encore, infini, éternel, parfait. En un mot : il ne serait plus Dieu.

Dieu, par définition, ne peut pas changer en lui-même. Et on trouve plusieurs affirmations bibliques pour évoquer ce qu’on appelle l’immutabilité de Dieu. Je vous en propose deux :

« Autrefois, tu as fait la terre,
et tes mains ont formé le ciel.
Tout cela disparaîtra, mais toi, tu restes toujours là.
La terre et le ciel s’useront comme un habit,
tu les changeras comme un vêtement, et ils laisseront la place.
Mais toi, tu restes le même,
et ta vie ne finit pas. » (Psaume 102.26-28)

« Mes frères et mes sœurs très aimés, ne vous trompez pas. Tout ce qui nous arrive de bon, tous les plus beaux cadeaux viennent d’en haut. Ils viennent de Dieu, le créateur du soleil et des étoiles. Chez lui, il n’y a pas de changement, pas de mouvement, pas d’ombre. Dieu a voulu nous donner la vie par la parole de vérité. Alors nous sommes d’une certaine façon au premier rang de tout ce qu’il a créé. » (Jacques 1.16-18)

Le verset 17 de Jacques 1 n’est pas facile à traduire :
PdV : « Chez lui, il n’y a pas de changement, pas de mouvement, pas d’ombre. »
TOB : « chez lequel il n’y a ni balancement ni ombre due au mouvement. »
NBS : « chez qui il n’y a ni changement ni éclipse. »
BFC : « Et Dieu ne change pas, il ne produit pas d’ombre par des variations de position. »
Semeur : « en qui il n’y a ni changement, ni ombre due à des variations »

D’autres textes bibliques évoquent une immutabilité de Dieu quant à ses promesses : il est fidèle à son alliance, il ne change pas. Mais ces deux textes vont plus loin et évoquent une immutabilité de l’être même de Dieu. C’est Dieu lui-même qui ne change pas.

Dieu ne change pas dans sa perfection, mais il est vivant ! Il est en constant mouvement, toujours en relation. Il est amour.

C’est dans la nature même de Dieu d’être en relation. Ici, la doctrine de la Trinité, même si elle garde son mystère, peut nous aider. En effet, en affirmant que Dieu est unique mais en trois personnes, on dit que Dieu est par nature un être en relation : de toute éternité le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont en parfaite relation en Dieu.

Dire que Dieu ne change pas, qu’il est immuable, ne veut pas dire qu’il soit statique, qu’il ne bouge pas. L’immutabilité de Dieu est dynamique ! Ce n’est pas une statue ! C’est d’ailleurs un leitmotiv des prophètes de l’Ancien Testament : Dieu n’est pas comme les faux dieux des nations qui ne sont rien d’autre que des statues, des idoles, immobiles et mortes.

Dieu est un être en relation et d’ailleurs, il a créé l’homme à son image : pour être en relation avec lui. Et il s’implique activement dans l’Histoire. La Bible parle même de Dieu qui se repent ! Ainsi, par exemple, au moment du Déluge : « Dieu se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. » (Genèse 6.6) et on retrouve la même expression plus tard, en lien avec le peuple d’Israël. Certes, il y a une part d’anthropomorphisme dans une telle formule… mais n’est-ce pas une façon de souligner le changement de Dieu dans la relation avec les humains ?

Et puis, il y a l’incarnation ! Le mystère suprême : Dieu devient homme. Si ça, ce n’est pas un changement, qu’est-ce que c’est ? Evidemment, Dieu n’est ni plus ni moins Dieu qu’avant. Mais il a bel et bien changé ! Il y a bien, pour Dieu aussi, un avant et un après l’incarnation. Désormais, et pour l’éternité, cette humanité que Dieu a créée à son image est venue s’ajouter à Dieu.

Il y a là un mystère, certes, mais un mystère qui nous révèle que l’immutabilité de Dieu n’est pas l’immobilité. Dans la Bible, la perfection n’est pas un état mais une dynamique, en mouvement. Et l’appel de Jésus dans le Sermon sur la Montagne : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5.48) n’est pas un appel à atteindre un stade de perfection comme un s’assoit sur un trône, mais à être dans la dynamique de perfection de Dieu, vivants et en relation.

Dieu ne change pas… mais nous changeons à son contact.

S’il y a une chose qui ne change jamais pour nous, c’est que nous devons changer ! Et notre changement dépend de notre relation avec Dieu.

Quand on est engagé dans une relation authentique (en couple, en amitié…), on change, forcément ! Il en est de même avec Dieu. Mais Dieu, lui, ne change pas à notre contact… ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas pleinement impliqué dans la relation.

Dieu n’a pas créé l’homme parce qu’il lui manquait quelque chose ! Il l’a créé par grâce, librement, par amour. Dans notre relation à Dieu, nous ne pouvons rien lui apporter qu’il n’ait déjà pleinement et parfaitement ! C’est essentiel dans la compréhension de notre relation à Dieu : nous ne sommes pas d’égal à égal avec lui mais dans la dépendance absolue. Sa relation à nous est purement gratuite. C’est nous qui changeons dans notre relation avec Dieu. Pas lui ! C’est pourquoi, on ne peut jamais être dans le donnant – donnant avec Dieu : on ne peut rien lui donner qu’il n’ait déjà !

Pour être authentique, notre relation avec Dieu doit donc être basée sur la grâce, une relation libre et gratuite. Notre objectif, ce n’est pas d’atteindre la perfection, comme si c’était un état à atteindre au-delà duquel il n’y a rien de plus. Notre objectif, c’est d’approfondir notre relation avec celui qui est parfait et qui vient à nous.

Pour savoir comment changer, on a besoin d’un point de référence solide, qui ne change pas. Sinon, quelle cohérence dans le changement ? Ou alors nous sommes comme ces chrétiens décrits par l’apôtre Paul comme des petits bateaux poussés dans tous les sens par les vagues de la mer (Ephésiens 4.14).

Car si Dieu n’est pas immuable, on ne peut être sûr de rien. C’est le raisonnement de Jacques à propos de Dieu, chez qui « il n’y a pas de changement, pas de mouvement, pas d’ombre. » Dieu est lumière et ne peut en aucun cas être source de ténèbres. Et parce qu’il est immuable, ça ne changera jamais ! Sinon, on ne peut être sûr de rien…

Et si Dieu, en lui-même, est immuable, alors ses promesses sont fiables. Il demeure fidèle à ses promesses et sa parole ne changera pas non plus. Dieu est fiable, il n’est pas changeant…

Celui en qui la fiabilité de Dieu s’incarne parfaitement, c’est Jésus-Christ. C’est lui qui est notre point de référence immuable, le modèle parfait vers lequel tendre : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité. » (Hébreux 13.8). Il est l’image du Dieu invisible (Colossiens 1.15). Nous sommes transformés de gloire en gloire à son image (2 Corinthiens 3.18). Le disciple apprend de son maître et c’est ce que nous sommes. Nous avons besoin de Jésus-Christ comme unique point de référence.

Qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ? Que Jésus-Christ est notre point de référence pour connaître Dieu et pour nous connaître nous-mêmes. Il est à la fois parfaitement Dieu et parfaitement homme. Si on veut comprendre Dieu, mieux le connaître, savoir qui il est, c’est à partir de Jésus-Christ que nous le pourrons. Si on veut mieux comprendre qui nous sommes, ce à quoi nous sommes appelés en tant qu’être humain, ce que Dieu attend de nous, c’est à partir de Jésus-Christ que nous le pourrons.

Conclusion

Non seulement, dire que Dieu ne change pas ne signifie pas qu’il soit immobile (il est vivant, toujours en mouvement, constamment en relation !) mais c’est justement parce qu’il ne change pas que nous avons besoin de lui pour changer. Car nous avons besoin d’un point de référence solide et immuable, que nous trouvons en Dieu, révélé en Jésus-Christ. C’est dans une relation authentique avec le Dieu immuable, par la foi en Jésus-Christ, que nous serons petit à petit changés, transformés, pour laisser son image en nous être réparée, reformée.

 




Vivre le changement (1) La repentance

 

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Nous débutons ce matin une série de prédications liées à la thématique du changement. Depuis que nous sommes engagés dans le parcours Vitalité, nous disons souvent que nous avons besoin de changer. Mais le but n’est pas de changer pour changer… Le changement n’est pas bon en lui-même : ça dépend pourquoi et en vue de quoi on change ! Et il y a même des choses qui ne doivent pas changer…

Il n’empêche que de nombreux textes bibliques nous appellent bien à un changement et nous vous proposons d’aborder plusieurs de ces textes lors des prochains dimanches. Et nous commencerons par un des changements qui est à la base de toute vie chrétienne : la repentance.

Actes 2.37-39
37Quand les gens entendent cela, ils sont très émus, ils demandent à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, qu’est-ce que nous devons faire ? » 38Pierre leur répond : « Changez votre vie ! Chacun de vous doit se faire baptiser au nom de Jésus-Christ. Ainsi, Dieu pardonnera vos péchés et il vous donnera l’Esprit Saint. 39En effet, la promesse de Dieu est pour vous et pour vos enfants. Elle est pour tous ceux qui sont loin, pour tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. »

1 Thessaloniciens 1.7-10
7Ainsi, vous êtes devenus un modèle pour tous ceux qui croient, en Macédoine et en Akaïe. 8En effet, c’est de chez vous que la parole du Seigneur est partie pour se faire entendre en Macédoine et en Akaïe. De plus, on sait partout que vous croyez en Dieu, nous n’avons donc pas besoin d’en parler. 9Les gens racontent en parlant de nous comment vous nous avez reçus chez vous et comment vous vous êtes tournés vers Dieu. Vous avez laissé les faux dieux, pour servir le Dieu vivant et vrai 10et pour attendre que son Fils vienne des cieux. Ce Fils, c’est Jésus que Dieu a réveillé de la mort et qui nous délivre du jugement de Dieu, qui est proche.

Un changement radical

Dans le discours de Pierre, il est question de repentance au verset 38. Le même terme grec est traduit différemment selon les versions :

  • Segond : « Repentez-vous »
  • TOB : « Convertissez-vous »
  • PdV : « Changez votre vie »
  • BFC : « Changez de comportement »
  • Semeur : « Changez »

Toutes ces expressions traduisent le verbe grec metanoeô, qui signifie littéralement « changer de pensée ». Il y a le verbe noeô, penser et le préfixe meta. En grec il indique ce qui est après ou à côté, mais aussi ce qui dépasse, qui englobe, qui est au-dessus. En français, on le retrouve par exemple dans « métamorphose » (changement de forme). La metanoia biblique implique donc une sorte de métamorphose de la pensée, une différence aussi radicale que celle qu’il y a entre une chenille et un papillon

L’idée est vraiment celle d’un bouleversement dans la façon de penser, de réfléchir, de voir les choses… et donc de vivre. Aujourd’hui en français, le mot repentance est essentiellement associé à une demande de pardon, un regret, un repentir… mais il n’a pas toutes les connotations de changement qu’il y a dans le terme grec de metanoia. C’est pourquoi les versions modernes font bien de traduire par changement plutôt que par repentance.

C’est bien ce qu’il faut entendre : la repentance, c’est un changement radical.

Le texte de l’épître aux Thessaloniciens permet d’aller un peu plus loin. Le mot metanoia n’y est pas utilisé mais la même idée y est présente, à travers une série de verbes qui veulent dire la même chose : « vous vous êtes tournés vers Dieu, vous avez laissé les faux dieux, pour servir le Dieu vivant et vrai. » (v.9). En réalité, en grec, il n’y a qu’un seul verbe pour exprimer un double mouvement. Littéralement : « vous vous êtes tournés vers Dieu loin des idoles. »

On est proche de l’idée de conversion mais avec ce double mouvement vers Dieu d’une part et loin des idoles d’autre part. Les idoles, c’est tout ce qui prend la place de Dieu. Dans la repentance, il ne s’agit pas seulement de se détourner des idoles (on pourrait dire se repentir de ses péchés), il faut les remplacer par le Dieu vivant et vrai.

Voilà pourquoi il s’agit d’un véritable changement radical. Pas seulement une demande de pardon pour nos péchés mais l’entrée dans une vie nouvelle, avec le Dieu vivant plutôt que nos idoles. C’est un changement de vie !

Au début de la vie chrétienne

Qui donc est concerné par ce changement radical ? Dans le discours de Pierre, l’appel s’adresse à ceux qui entendent le message de l’Evangile et sont touchés. Il appelle les foules à la repentance lorsque celles-cil lui demandent : « Que devons-nous faire ? »

Dans la réponse de Pierre, la metanoia est associée au baptême et au pardon des péchés. On parle bien du début de la vie chrétienne. L’enjeu c’est le salut : Paul parle d’une foi en Jésus-Christ « qui nous délivre du jugement de Dieu » (1 Th 1.10). La repentance est donc la réponse que le croyant apporte à l’appel de l’Evangile. C’est le prolongement du « Viens et suis-moi » que Jésus adresse à ses disciples dans les Evangiles, ou des appels au « retour à Dieu » que ne cessent de répéter les prophètes de l’Ancien Testament. Il est donc aussi légitime de traduire l’appel de Pierre dans ce discours par « convertissez-vous » (TOB).

De plus, il s’agit bien d’une expérience universelle, qui n’est pas liée au contexte de l’époque de la Pentecôte puisque « la promesse de Dieu est pour vous et pour vos enfants. Elle est pour tous ceux qui sont loin, pour tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera ». La metanoia est donc la réponse du croyant à l’appel de Dieu.

On peut y associer d’autres expressions bibliques comme la « nouvelle naissance », cette entrée dans la vie nouvelle offerte par Dieu en Jésus-Christ, qu’il est plus ou moins facile à situer chronologiquement selon les cheminements personnels mais qui est l’expérience nécessaire pour être sauvé, selon les paroles de Jésus à Nicodème : « Je te le dis, c’est la vérité, personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu, s’il ne naît pas d’eau et d’Esprit. » (Jean 3.5)

On le sait, certains arrivent à dater précisément le jour de leur conversion, parce qu’elle est liée à une expérience facilement identifiable. D’autres peuvent parler d’une période de leur vie où ils ont pris conscience d’être déjà engagé sur le chemin et d’avoir vécu cette metanoia biblique même s’ils n’arrivent pas à l’associer à une date précise. Peu importe, l’important est d’être sur le chemin aujourd’hui !

Parce que d’autres ont clairement rejeté l’appel à la repentance et ont choisi de ne pas suivre le Christ. D’autres encore s’interrogent, hésitent… sachant bien qu’ils n’ont pas encore franchi le pas. Et on peut comprendre cette hésitation : la repentance est un changement radical, un vrai acte de foi !

Et pourquoi pas après aussi ?

La repentance n’est-elle alors que pour les non-croyants ? Est-ce que c’est un appel que nous n’avons plus à entendre dès lors que nous lui avons répondu un jour ? Je ne pense pas.

Il y a par exemple plusieurs appels à la repentance adressés aux 7 Eglises de l’Apocalypse. Et ce sont bien à des chrétiens qu’ils s’adressent ! Il y a parfois chez les chrétiens des comportements, des convictions dans lesquelles nous nous enfermons et qui nous éloignent de Dieu. Et pour sortir de ces ornières, on a parfois besoin d’un changement radical !

Pensez à « notre » récit biblique (celui que nous avons retenu dans le cadre du parcours Vitalité) : la rencontre entre Pierre et Corneille (Actes 10-11). Il y a bien dans ce texte deux repentances. Celle de Corneille et sa famille, évidemment, qui se convertissent en réponse à l’appel de l’Evangile. Mais aussi celle de Pierre, qui change radicalement de pensée au moment où il comprend que l’Evangile est pour toutes les nations et que Dieu accorde son Esprit saint aux païens comme aux Juifs, sans distinction. Et c’est vraiment une metanoia, un changement radical, qui ne va pas changer seulement la vie de Pierre mais celle de toute l’Eglise !

Dans le cheminement spirituelle du chrétien, il y a donc de la place pour des moments de metanoia. Je ne parle pas ici d’une repentance pour être sauvé ; cette repentance-là est lié à la nouvelle naissance, au début de notre vie spirituelle. Elle n’est pas appelée à se répéter. Je ne parle pas non plus du fait de demander pardon à Dieu pour des péchés commis, ce qui a tout à fait sa place dans la vie chrétienne… Mais je parle d’un véritable changement radical de pensée, de comportement, de vie, où il y a un avant et un après. Ca peut être lié à un comportement ou une conviction fausse dans laquelle nous nous sommes enfermés, ça peut être lié à une délivrance, mais aussi à un appel spécifique reçu du Seigneur…

Ce changement radical n’appartient pas à l’ordinaire de la vie chrétienne. Habituellement , il s’agit plutôt d’une évolution progressive, plus ou moins rapide, qu’on appelle la sanctification. Florence en parlera la semaine prochaine. Mais des changements radicaux, en réponse à un appel spécifique ou à une intervention particulière de Dieu, peuvent aussi faire partie de notre vie chrétienne. Il s’agit pour tout chrétien de rester toujours attentif à l’appel de Dieu qui peut retentir…

Conclusion

La repentance, ce changement radical en réponse à l’appel de Dieu, nous concerne tous.

D’abord parce qu’elle est la porte d’entrée dans le Royaume de Dieu, par laquelle nous recevons le salut de Dieu. Elle est la réponse à l’appel de l’Evangile qui retentit pour tous, à travers les générations. Elle manifeste le changement radical que constitue la vie avec Dieu, qui nous est proposée à tous. Elle est donc d’abord un acte de foi que chacun est appelé à faire un jour dans sa vie.

Mais la metanoia peut encore nous atteindre après notre conversion, non pas que nous ayons besoin d’être sauvé une fois de plus, mais parce que l’appel de Dieu peut à tout moment retentir, un appel qui peut nous mener à un nouveau changement radical dans notre vie.




Découvrir l’amour

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/decouvrir-lamour

Ephésiens 2.1-10
1 Autrefois, vous étiez morts à cause de vos fautes, à cause de vos péchés. 2 Vous viviez dans le péché en suivant les forces de ce monde. Vous obéissiez au chef des puissances mauvaises qui règnent entre ciel et terre. Ce chef, c’est l’esprit du mal qui agit maintenant chez ceux qui désobéissent à Dieu. 3 Autrefois, nous aussi, nous faisions tous partie de ces gens-là quand nous vivions selon nos désirs mauvais. Nous obéissions à ces désirs et à nos pensées mauvaises. À cause de notre nature, nous méritions la colère de Dieu comme les autres.
4 Mais Dieu est riche en pitié : à cause du grand amour dont il nous a aimés, 5 à nous qui étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ. Oui, vous êtes sauvés par grâce. 6 Avec le Christ Jésus, il nous a réveillés de la mort et avec lui encore, il nous a fait asseoir dans les cieux. 7 Ainsi, en montrant sa bonté pour nous dans le Christ Jésus, Dieu a voulu prouver pour toujours la richesse extraordinaire de sa grâce. 8 En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, au moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. 9 Ce salut ne vient pas de vos actions à vous, donc personne ne peut se vanter ! 10 Oui, c’est Dieu qui nous a faits. Il nous a créés dans le Christ Jésus pour que nous menions une vie riche en actions bonnes. Et ces actions, Dieu les a préparées pour que nous les fassions.

 

Découvrir l’amour change une vie. Radicalement. Dans ma vie, il y a clairement un avant et un après ma rencontre avec celle qui est devenue ma femme ! Ma vie n’était pas la même avant et après !

C’est vrai aussi (c’est même encore plus vrai !) pour notre rencontre avec l’amour de Dieu. Il y a un avant et un après…

Un avant et un après

L’amour de Dieu, au cœur de ce texte, est à la base d’un changement radical, le plus grand changement possible dans la vie d’un être humain. Paul évoque bien ici un avant et un après :
Un avant : « Autrefois vous étiez mort à cause de vos fautes… » (v.1). Et la description continue jusqu’au verset 3 qui se termine par cette conclusion : « nous méritions la colère de Dieu comme les autres. »
Un après : « Mais Dieu est riche en pitié » (v.4), et un peu plus loin : « A nous qui étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ. » (v.5)

Autrement dit : autrefois, nous étions morts, maintenant nous sommes vivants !

On parle souvent de la vie chrétienne, et c’est bien une image biblique, comme d’une vie nouvelle, qui débute avec une nouvelle naissance. C’est ce que Jésus disait à Nicodème : « Je te le dis, c’est la vérité, personne ne peut voir le Royaume de Dieu, s’il ne naît pas de nouveau. » (Jean 3.3)

Mais le langage utilisé par Paul ici est encore plus fort. Cette nouvelle naissance, c’est une résurrection ! Il ne s’agit pas seulement de changer de vie, de choisir une vie meilleure… il s’agit de passer de la mort à la vie ! Une résurrection !

La vie chrétienne est alors perçue comme une expérience de résurrection, grâce à l’amour de Dieu. La notion même de résurrection implique un changement radical, une vie nouvelle. La résurrection du Christ n’est pas une simple réanimation de son corps. C’est l’entrée dans une vie nouvelle qui ne connaîtra plus la mort. Il est vivant, pour toujours ! C’est la même chose pour notre expérience chrétienne.

L’amour de Dieu, ce n’est pas seulement d’avoir donné son Fils Jésus-Christ, mort et ressuscité, il y a 2000 ans. C’est aussi de nous rendre aujourd’hui participants de cette mort et de cette résurrection.

La vie chrétienne à laquelle l’Evangile nous appelle, c’est une vie de résurrection, de changements, d’évolution permanente, au contact de l’amour de Dieu. Notre sève, notre force vitale, le sang qui coule dans nos veines spirituelles, c’est l’amour de Dieu ! Le même qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts !

Les mots de l’amour

Un seul terme ne suffit pas à décrire l’amour de Dieu ! En plus de l’expression « le grand amour dont il nous a aimés », au verset 5, on trouve aussi utilisé, au verset 4, le terme « pitié » (PdV), que la NBS traduit par « compassion » et la TOB par « miséricorde ». Et puis au verset 7, la bonté. On pourrait encore ajouter la mention, à trois reprises (v.5,7,8) de la grâce comme une expression de l’amour de Dieu.

Le terme le plus englobant, c’est l’amour, qui traduit le grec agapê. C’est le terme que les auteurs du Nouveau Testament ont choisi pour décrire l’amour de Dieu, l’expression même de sa personne puisque, selon Jean dans sa première épître, « Dieu est amour » (1 Jn 4.8). Dans notre texte, Paul le dit avec une certaine emphase : « A cause du grand amour dont il nous a aimés » (v.4)

Cet amour de Dieu se décline ici sous trois formes : la pitié, la bonté et la grâce.

  • La pitié (eleos), ou la compassion, c’est l’amour qui pousse à venir en aide à ceux qui sont dans la détresse. Dieu ne veut pas nous laisser dans le péché : « Autrefois vous étiez morts… » et Dieu ne peut pas se satisfaire de cela. Alors dans son amour, il prend pitié de nous et met en œuvre son projet de salut.
  • La bonté (chrestotês), c’est l’amour qui se montre généreux. Ici, la bonté est associée à « la richesse extraordinaire de sa grâce ». Ce sont les bienfaits de Dieu qui sont répandus sur tous, comme quand Jésus dit « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5.45)
  • Quant à la grâce, c’est le don gratuit de Dieu. Elle est associée par deux fois au salut dans notre texte, et une fois à l’abondance de la bonté de Dieu manifestée en Jésus-Christ. La grâce est la réponse de Dieu à notre culpabilité, la solution au péché : c’est son pardon.

La pitié, la bonté et la grâce. Trois termes qui qualifient l’amour agapê de Dieu, manifestés à leur paroxysme dans la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ. Il a eu pitié de nous : il est venu à notre secours en se faisant serviteur. Dans sa bonté il a tout donné, jusqu’à sa propre vie. Sa grâce s’est manifestée dans son sacrifice à la croix, allant jusqu’à dire en agonisant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Parler de l’amour de Dieu, ce n’est donc pas simplement parler du « bon Dieu ». C’est parler de la façon concrète dont Dieu a témoigné son amour envers nous. C’est parler d’un amour à multiples facettes, dont la pitié, la bonté et la grâce font partie… mais il y en a bien d’autres encore que nous sommes appelés à découvrir tout au long de notre vie chrétienne.

Les fruits de l’amour

Si, précédemment, Paul a décrit la vie nouvelle reçue en Christ comme une résurrection, au verset 10 il la compare à une véritable nouvelle création : « Oui, c’est Dieu qui nous a faits. Il nous a créés dans le Christ Jésus pour que nous menions une vie riche en actions bonnes. Et ces actions, Dieu les a préparées pour que nous les fassions. » (v.10)

L’image est aussi forte et traduit bien la nouveauté radicale que cela représente. En Christ, nous sommes de nouvelles créatures… et nous devons agir comme telles. Il s’agit alors de mener une vie « riche en actions bonnes », des actions que Dieu a préparées pour nous.

Il faut bien comprendre cette expression. Paul n’est pas en train de dire qu’il aurait établi une liste de choses à faire et puis qu’il nous dirait ensuite : « allez-y, j’ai préparé la liste, maintenant débrouillez-vous ! »

Dieu ne prépare pas une liste, il prépare notre cœur ! Il nous façonne, nous transforme, nous sommes son ouvrage ! Oui, c’est nous qui pratiquons ces œuvres, mais grâce à l’amour de Dieu. Ces œuvres bonnes, ce sont les fruits de l’amour de Dieu dans notre vie.

C’est pourquoi, il y a un lien entre l’amour de Dieu et les œuvres bonnes que nous sommes appelés à faire. L’amour de Dieu envers nous inspire notre amour envers notre prochain. On peut alors reprendre les trois facettes de l’amour de Dieu : la pitié, la bonté et la grâce.

La pitié, ou la compassion, nous conduit à prendre soin de ceux qui souffrent, de ceux qui sont dans la détresse… Et franchement, ce ne sont pas les occasions qui manquent. Il y a toujours, autour de nous, quelqu’un qui a besoin de nous, de notre aide, de notre écoute, de notre prière. Il suffit d’ouvrir les yeux !

La bonté de Dieu nous invite à la générosité. Dans la perspective du Royaume de Dieu, on n’est pas riche de ce que l’on possède, on est riche de ce que l’on partage. Et je ne parle pas ici seulement de notre porte-monnaie (même s’il est aussi concerné !), je parle aussi du temps qu’on consacre aux autres, de l’ouverture dont on fait preuve, de l’accueil que l’on réserve.

La grâce, enfin, nous pousse à la gratuité. L’amour véritable est gratuit, il ne calcule pas, il n’attend rien en retour. Nous avons tellement besoin de gratuité dans nos relations… et une des expressions ultimes de la gratuité, c’est le pardon !

Conclusion

L’amour de Dieu rend tous les changements possibles, il offre une vie nouvelle, une véritable résurrection, une création nouvelle. Il s’est exprimée de façon parfaite en Jésus-Christ, et il continue de nous le manifester aujourd’hui par son Esprit.

Nous sommes au bénéfice de l’amour parfait de Dieu, de sa compassion, de sa bonté et de sa grâce… et nous sommes appelés à notre tour à faire preuve d’amour envers notre prochain, dans la compassion, la bonté et la grâce. Laissons donc mûrir dans notre vie les fruits de l’amour de Dieu !




La vie de disciple n’est pas un long fleuve tranquille…

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/la-vie-de-disciple-nest-pas-un

Matthieu 7.13-29
13« Entrez par la porte étroite. En effet, la porte qui ouvre sur la mort est large, et le chemin pour y aller est facile. Beaucoup de gens passent par là. 14Mais la porte qui ouvre sur la vie est étroite, et le chemin pour y aller est difficile. Ceux qui le trouvent ne sont pas nombreux. »
15« Faites attention aux faux prophètes ! Ils viennent à vous, habillés avec des peaux de moutons. Mais au-dedans, ce sont des loups féroces. 16Vous les reconnaîtrez en voyant ce qu’ils font. On ne cueille pas du raisin sur des cactus ! On ne cueille pas des figues sur des plantes piquantes ! 17Oui, un bon arbre produit de bons fruits, un arbre malade produit de mauvais fruits. 18Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits, et un arbre malade ne peut pas produire de bons fruits. 19Quand un arbre ne produit pas de bons fruits, on le coupe et on le jette dans le feu. 20Donc, vous reconnaîtrez les faux prophètes en voyant ce qu’ils font. »
21« Pour entrer dans le Royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur ! ” Il faut aussi faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux. 22Quand je viendrai pour juger les gens, beaucoup me diront : “Seigneur, Seigneur, c’est en ton nom que nous avons parlé, c’est en ton nom que nous avons chassé les esprits mauvais ! C’est en ton nom que nous avons fait de nombreux miracles ! ” 23Alors je leur dirai : “Je ne vous ai jamais connus. Allez-vous-en loin de moi, vous qui faites le mal ! ” »
24« Celui qui écoute toutes ces paroles et m’obéit, celui-là ressemble à un sage. Le sage construit sa maison sur de la pierre. 25La pluie tombe, les rivières débordent, les vents soufflent et se jettent contre la maison. La maison ne tombe pas, parce qu’on a posé ses fondations sur de la pierre. 26Mais celui qui écoute mes paroles et ne fait pas ce que je dis, celui-là ressemble à quelqu’un de stupide. Celui qui est stupide construit sa maison sur le sable. 27La pluie tombe, les rivières débordent, les vents soufflent et frappent la maison. La maison tombe et elle est complètement détruite. »
28Quand Jésus a fini de dire toutes ces paroles, les foules sont très étonnées par sa façon d’enseigner. 29En effet, il ne fait pas comme les maîtres de la loi, mais il enseigne avec l’autorité que Dieu lui donne.
Jusqu’ici, on s’est bien rendu compte que les enseignements de Jésus rassemblés dans le Sermon sur la Montagne sont percutants, voire dérangeants, pour le moins exigeants. Mais là, ça se termine en feux d’artifice !

Au cas où on le croirait encore, la vie de disciples du Christ n’est pas une sinécure ! D’ailleurs, dans son enseignement, Jésus n’a jamais dit que la vie du chrétien serait facile, toujours agréable, sans embûche, sans épreuve, comme sur des roulettes ! Non, la vie de disciple de Jésus-Christ n’est pas un long fleuve tranquille… mais elle vaut vraiment la peine d’être vécue !

Emprunter le chemin étroit

Avec la double métaphore de la porte étroite et du chemin étroit, Jésus avertit que choisir de le suivre, ce n’est pas choisir le chemin de la facilité. Il ne suffit pas de suivre le mouvement, il faut emprunter le bon chemin. Or le chemin que Jésus nous propose est étroit et peu de gens l’empruntent. Autrement dit, si nous choisissons de suivre le Christ, ça va être difficile et nous serons minoritaires ! On ne pourra pas dire que Jésus ne nous a pas prévenu…

L’attrait du chemin large, c’est celui de la facilité. Non seulement parce qu’il est large mais aussi parce que c’est celui que la majorité emprunte. Et c’est toujours bien plus facile de suivre la foule que de se démarquer des autres. D’autant que la porte étroite dont parle Jésus, il faut la chercher pour l’emprunter. En effet, si Jésus exhorte à entrer par la porte étroite, il précise que « ceux qui la trouvent ne sont pas nombreux. »

Autrement dit, le chemin naturel, que tout le monde emprunte, c’est celui qui mène à la mort… Et il faut une vraie décision, ferme et assurée, pour chercher un autre chemin et trouver la porte qui y conduit. C’est ce que l’Evangile appelle la repentance, le changement radical de la foi, la décision de changer de chemin et de suivre le Christ.

Est-ce que vous voulez simplement faire comme tout le monde ? Ou êtes-vous prêts à vous démarquer et choisir le chemin qu’ouvre le Christ ? Même si c’est un chemin étroit, inconfortable, qui peut vous mettre en décalage par rapport aux autres… Je pense que c’est une question que nous avons toujours à nous poser, parce que l’attrait du chemin large demeure tout au long de notre vie.

Discerner les loups déguisés en agneaux

Le deuxième enseignement porte sur les faux prophètes, avec une mise en garde : faites attention car les apparences sont trompeuses : des loups féroces sont déguisés en agneaux innocents !

Il y a toujours eu, et il y a encore, des enseignants plus ou moins gourous et malveillants qui ont l’apparence de la sagesse et de l’humilité et cachent une soif de pouvoir. Ils utilisent les faiblesses, la crédulité des gens pour les manipuler, en usant d’un langage spirituel, parfois teinté de couleur chrétienne, saupoudré de paroles bibliques.

Comment les démasquer ? Ici, c’est la métaphore de l’arbre et de ses fruits que Jésus utilise : on reconnaît l’arbre à ses fruits ! Autrement dit, il ne faut pas en rester aux apparences, aux premières impressions mais examiner les choses avec sérieux, avec recul (il faut du temps pour que les fruits mûrissent)…

En fait, il s’agit de ne pas gober tout cru ce qu’on nous donne à entendre. Quand je vois tout ce qui circule sur les réseaux sociaux, ce que les gens partagent sans prendre de recul, sans aucun esprit critique… je suis atterré. Et c’est tout aussi valable pour les chrétiens que pour les autres. La mise en garde de Jésus résonne vraiment d’une manière particulière à l’heure d’Internet. Facebook, Youtube, ils sont souvent là les faux prophètes aujourd’hui !

Mais la vigilance doit être de mise en toutes circonstances. Y compris le dimanche matin à l’église ! Il ne s’agit pas de faire la chasse aux sorcière ! Mais de faire preuve de discernement…

Faire la volonté de Dieu

Le troisième enseignement de Jésus ici est peut-être le plus perturbant ! Il s’agit de faire la volonté de Dieu. Au début, on comprend bien : « Pour entrer dans le Royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur ! ” Il faut aussi faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » OK, c’est normal : les belles paroles ne suffisent pas, il faut qu’elles se traduisent en actes.

Sauf que lorsqu’on lit la suite, ça se complique. Il y est quand même question de parler au nom de Jésus, de chasser des esprits mauvais en son nom et de faire des miracles en son nom. Ce ne sont pas que des paroles… Et Jésus leur dira : « Je ne vous ai jamais connus. Allez-vous-en loin de moi, vous qui faites le mal ! »

Cela signifie qu’on peut parler au nom de Jésus, chasser des esprits mauvais et accomplir des miracles en son nom… et ne pas faire la volonté de Dieu. On parlait d’apparences trompeuses avec les loups déguisés en agneaux, ici c’est encore plus flagrant ! Parce qu’ici, les fruits eux-mêmes sont trompeurs !

Les paroles spirituelles, les actes de puissance et les miracles ne sont pas suffisants, en eux-mêmes, pour attester de la fidélité à la volonté de Dieu. Parfois, la volonté de Dieu est dans le silence, parfois elle est dans l’épreuve et la faiblesse…

Bâtir sa maison sur le roc

Le Sermon sur la Montagne se termine avec une parabole. Elle évoque deux maisons, l’une construite par un fou, sur du sable. L’autre construite par un homme sage, sur le roc. Lorsque vient la tempête, la première maison s’écroule alors que l’autre reste debout. Or, qui est le sage de la parabole ? C’est celui qui écoute les paroles du Christ et les met en pratique. Et qui est le fou ? C’est celui qui écoute aussi les mêmes paroles mais ne les met pas en pratique.

Autrement dit, il ne suffit pas d’écouter (et donc, de connaître la parole de Dieu), il faut la mettre en pratique. Sinon, l’écoute et la connaissance ne servent à rien. Et la maison s’écroule…

Ce n’est pas un hasard si le Sermon sur la Montagne se termine avec cette parabole. Elle souligne finalement que ce qui est vraiment important, ce n’est pas seulement l’écoute ou la connaissance mais la mise en pratique. On peut trouver les discours de Jésus magnifiques ou interpellant, on peut connaître le message de l’Evangile, savoir par cœur des dizaines de versets bibliques… si on ne met pas en pratique ces paroles, si on ne laisse pas le Seigneur nous changer en profondeur à travers elle, ça ne sert à rien !

Cette dernière parabole nous le demande : ce que vous avez lu ou entendu des paroles de Jésus, comment changent-elles votre vie ? Car sinon, vous êtes en train de construire votre maison sur du sable…

Mais aussi saisir les promesses

On pourrait être un peu KO après ces quatre enseignements musclés, surtout quand on les enchaîne ! Mais si ces paroles nous secouent et nous interpellent, elles peuvent aussi nous encourager. Parce qu’elles contiennent aussi de belles promesses !

Tout d’abord, même si la porte et le chemin sont étroits, ils conduisent bien à la vie. Et au-delà du chemin, c’est bien la destination du chemin qui compte ! On ne choisit pas la difficulté parce qu’on aime la difficulté mais parce qu’on suit le Christ qui nous conduit jusqu’à Dieu. Et ce chemin existe, il nous est accessible !

Ensuite, même s’il le dit juste en passant, Jésus dit bien qu’il y a des bons arbres et qu’ils portent de bons fruits. Être un bon arbre, dans cette métaphore, c’est être attaché au Christ et recevoir notre vie de lui. Et dans ce cas, nous porterons du bon fruit.

Pour la troisième parole, c’est peut-être moins évident d’y trouver un côté positif. Mais elle sous-entend quand même qu’il est bien possible de faire la volonté de Dieu ! Mieux : il n’est pas forcément besoin d’accomplir des choses extraordinaires (comme les miracles évoqués par ceux que Jésus rejette) pour accomplir cette volonté ! Elle nous est finalement accessible, si nous restons attachés au Christ.

Enfin, n’oublions pas que la parabole des deux maisons promet également à ceux qui construisent leur maison sur le roc, en mettant en pratique les paroles du Seigneur, qu’ils tiendront debout face aux tempêtes !

Conclusion

La vie de disciples du Christ n’est pas un long fleuve tranquille… c’est un fleuve impétueux, qui emprunte parfois d’étroits canyons et connaît même des chutes. Mais c’est bien le fleuve qui conduit à l’océan du Royaume de Dieu. Alors ça vaut vraiment la peine !