Pâques : une Bonne Nouvelle pour aujourd’hui !

 

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En général, les mauvaises nouvelles se propagent plus rapidement que les bonnes… surtout aujourd’hui avec les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. On en a encore eu un exemple étonnant cette semaine avec l’incendie de Notre Dame de Paris. C’était impressionnant de voir la vitesse avec laquelle l’information a circulé, et puis les réactions ont rapidement afflué du monde entier… et presque aussitôt sont arrivées les fake news et autres théories complotistes !

Si vous voulez propager une nouvelle, il vaut mieux qu’elle soit mauvaise, si possible anxiogène, et si elle peut avoir un petit parfum de complot, c’est encore mieux. Ça marchera à coup sûr !

Les bonnes nouvelles, par contre, ce n’est pas très vendeur ! Elles ne font presque jamais la une des journaux. Sauf quand la France est championne du monde de foot… mais ça arrive une fois tous les vingt ans ! Les bonnes nouvelles ne tournent pas en boucle sur les chaînes d’info continue, elles sont très peu partagées sur les réseaux sociaux…

Pourtant, aujourd’hui, c’est Pâques. Et nous avons une bonne nouvelle à annoncer : Jésus-Christ est ressuscité ! Et ce n’est pas une fake news !!!

Cette bonne nouvelle, elle est répétée par les chrétiens depuis près de 2000 ans. Jésus-Christ était mort et il est ressuscité. Quelle bonne nouvelle !

Ne l’oublions jamais, lorsque nous parlons de l’Evangile, nous parlons d’une bonne nouvelle. Le mot « évangile » n’est que la transcription en français d’un terme grec qui signifie « bonne nouvelle ». Plusieurs versions récentes de la Bible n’utilisent plus le mot « évangile » et préfèrent parler simplement de « bonne nouvelle ». Et je trouve qu’elles ont raison !

Je vous invite donc ce matin à nous demander : Pourquoi le message de Pâques est-il une bonne nouvelle ? Et pourquoi est-ce que ça l’est aujourd’hui encore ?

Un des textes du jour, dans la liste de lectures bibliques pour ce dimanche, se trouve dans le livre des Actes des apôtres. On y trouve l’annonce de cette bonne nouvelle. Et en plus, c’est un extrait de « notre » texte, celui que nous avons choisi pour notre Eglise dans le cadre du parcours Vitalité. Je ne pouvais donc pas passer à côté…

Actes 10.34-43
34 Pierre prend la parole et dit : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. 35 Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. C’est vrai dans tous les pays.
36 Dieu a envoyé sa parole au peuple d’Israël : il lui a annoncé la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. 37 Tout a commencé après que Jean a lancé cet appel : “Faites-vous baptiser ! ” Vous savez ce qui est arrivé, d’abord en Galilée, puis dans toute la Judée. 38 Vous savez comment Dieu a répandu la puissance de l’Esprit Saint sur Jésus de Nazareth. Jésus est passé partout en faisant le bien. Il guérissait tous ceux qui étaient prisonniers de l’esprit du mal, parce que Dieu était avec lui. 39 Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l’a supprimé en le clouant sur une croix. 40 Mais, le troisième jour, Dieu l’a réveillé de la mort et il lui a donné de se montrer 41 non pas à tout le peuple, mais à nous. En effet, Dieu nous a choisis d’avance comme témoins. Quand Jésus s’est relevé de la mort, nous avons mangé et bu avec lui.
42 Il nous a commandé d’annoncer la Bonne Nouvelle au peuple et de rendre ce témoignage : Jésus est celui que Dieu a choisi pour juger les vivants et les morts. 43 Tous les prophètes ont parlé de lui en disant : “Toute personne qui croit en Jésus reçoit par son nom le pardon des péchés.” »

On oublierait presque que le terme « évangile » signifie simplement « bonne nouvelle », et il en est de même du verbe « évangéliser » qui signifie simplement « annoncer ou apporter une bonne nouvelle ». C’est ce verbe qui est utilisé ici par Pierre, au verset 36 : « il a annoncé la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ ».

La Bonne Nouvelle, c’est qu’elle est pour tout le monde

Le message de la mort et de la résurrection de Jésus est d’abord une bonne nouvelle parce qu’elle est pour tout le monde. Pierre le comprend enfin dans notre texte. Et il s’en émerveille !

« Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. C’est vrai dans tous les pays. »

Cette Bonne Nouvelle n’est pas liée à une culture ou à un peuple, elle n’est pas réservée à une catégorie de la population. Elle est pour tout le monde. Pour tous ceux qui veulent bien la recevoir.

C’est pour cela qu’elle doit être proclamée, partagée. Un bonne nouvelle qui serait réservée à quelques-uns serait-elle encore une bonne nouvelle ? Ce serait un bonne nouvelle pour les uns et une mauvaise pour les autres !

Or, cela n’a pas été évident aux premiers temps de l’Eglise. Les chrétiens, qui étaient tous Juifs, pensaient que les païens n’étaient pas concernés par cette Bonne Nouvelle. Ça ne leur était même pas venu à l’esprit d’aller leur annoncer le salut en Jésus-Christ. Ce n’est que dans notre épisode du livre des Actes des apôtres que Pierre le découvre : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. »

Et nous, y a-t-il des gens que nous excluons de la Bonne Nouvelle ? La question peut nous déranger voire nous choquer… mais il est légitime de nous la poser. Est-ce que vraiment nous considérons que la Bonne Nouvelle est pour tout le monde ? En théorie, j’imagine que tout le monde dira oui… mais est-ce vrai aussi en pratique, dans notre attitude, dans nos relations ?

Est-ce que tout le monde est vraiment le bienvenu parmi nous ?

Une église doit être le lieu de la Bonne Nouvelle. Pas du jugement sur les apparences, la façon de parler ou de prier, sur les choix de vie… Même par souci de pureté ou de fidélité à Dieu. C’est avec ce souci-là que les premiers chrétiens ont reproché à Pierre d’être allé manger chez Corneille… et que les Pharisiens reprochaient à Jésus de fréquenter des « gens de mauvaise vie ».

La Bonne Nouvelle, c’est l’histoire de Jésus

Mais quelle est donc cette Bonne Nouvelle ? Dans notre texte, lorsque Pierre l’évoque, il raconte l’histoire de Jésus, de son baptême à sa résurrection. D’ailleurs, les quatre Evangiles ne font pas autre chose : ils racontent l’histoire de Jésus !

Prêcher l’Evangile, c’est d’abord raconter l’histoire de Jésus. Surtout pas défendre une religion. Même pas présenter un énoncé doctrinal. Pour annoncer la Bonne Nouvelle, il ne s’agit pas tellement de présenter « les 4 points de l’Evangile » ou « les 4 lois spirituelles »… Je ne dis pas que ce n’est pas bien, je dis juste que ce n’est pas cela la Bonne Nouvelle. Annoncer la Bonne Nouvelle, prêcher l’Evangile, c’est d’abord raconter l’histoire de Jésus.

Et raconter cette histoire, c’est aussi affirmer que la mort et la résurrection de Jésus s’inscrivent dans l’histoire de l’humanité. Elles ont bel et bien eu lieu. Ce ne sont pas des métaphores.

S’il y a un point sur lequel le Nouveau Testament insiste, c’est bien celui-là. Les quatre évangiles l’affirment : il y a non seulement le tombeau vide mais aussi les apparitions répétées du Christ ressuscité, avec force détails. Jésus parle avec ses disciples, il mange devant eux, il invite même Thomas à le toucher. Dans notre texte, Pierre le dit : « Quand Jésus s’est relevé de la mort, nous avons mangé et bu avec lui. »

Il est essentiel, quand on raconte la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, de dire que ce n’est pas juste une histoire mais que c’est l’histoire ! La venue de Jésus, sa vie, sa mort et sa résurrection, tout cela s’est réellement passé. Sans la résurrection du Christ, tout s’écroule.

En fait, si Jésus-Christ n’est pas vraiment ressuscité, il n’y a plus de Bonne Nouvelle !

 

La Bonne Nouvelle, c’est notre histoire avec Jésus

Mais si on en reste là, et qu’on se limite à souligner l’historicité de la résurrection de Jésus, on passe à côté de toute une partie de la Bonne Nouvelle. L’histoire de Jésus appartient à l’histoire de l’humanité, mais elle rejoint aussi notre histoire personelle. Si la Bonne Nouvelle est bien l’histoire de Jésus, elle est aussi notre histoire avec Jésus. C’est aussi l’histoire de Jésus dans notre vie.

Jésus est ressuscité. Mais comme le dit l’apôtre Paul, nous sommes ressuscités avec le Christ. Ou encore : « Si quelqu’un est uni au Christ, il est créé à nouveau. Ce qui est ancien est fini, ce qui est nouveau est là. » (2 Corinthiens 5.17)

C’est la même idée que souligne Pierre en disant : “Toute personne qui croit en Jésus reçoit par son nom le pardon des péchés.” Ici, le pardon des péchés, c’est le signe d’une vie nouvelle, d’un nouveau départ. Être ressuscité avec le Christ, c’est recommencer sa vie, effacer notre ardoise, repartir à zéro… recevoir le pardon des péchés.

C’est la puissance de la résurrection du Christ qui agit en nous lorsqu’elle nous fait naître à une vie nouvelle. Mais pas seulement. Elle agit tout au long de notre vie chrétienne.

Quand avez-vous vu pour la dernière fois la puissance de résurrection du Christ agir dans votre vie ? Ne cherchez pas seulement des événements spectaculaires ou miraculeux. Elle n’agit pas seulement dans l’immédiat, elle agit aussi dans la durée, en profondeur.

  • La puissance de résurrection du Christ agit en nous toutes les fois où elle nous relève ou elle nous réveille.
  • Elle agit toutes les fois où nous remportons une victoire sur les puissances de mort ou de destruction qu’on peut trouver en nous.
  • Elle agit lorsqu’elle nous libère d’une addiction ou d’une habitude néfaste.
  • Elle agit lorsqu’elle nous relève après une chute ou lorsqu’elle nous tient debout au milieu de l’épreuve.
  • Elle agit lorsqu’elle nous réveille d’une torpeur, qu’elle nous révèle une vérité oubliée ou cachée.
  • Elle agit lorsqu’elle nous restaure, nous transforme, nous fait grandir spirituellement.

Cherchez bien… et vous trouverez où la puissance de résurrection du Christ a agit dans votre vie. Et vous trouverez peut-être aussi où vous devez encore la laisser agir en vous. Ça aussi, c’est une Bonne Nouvelle !

 

Conclusion

Jésus-Christ est ressuscité ! C’est la Bonne Nouvelle que nous apporte Pâques !

C’est une bonne nouvelle parce qu’elle proclame la victoire du Christ sur la mort, et elle nous ouvre sur une espérance éternelle. C’est une bonne nouvelle parce qu’elle est pour tous, et qu’elle nous concerne chacun personnellement. Car annoncer la résurrection du Christ, c’est dire aussi qu’il est vivant aujourd’hui encore. La même puissance qui l’a ressuscité d’entre les morts est à l’oeuvre en nous. Elle nous fait naître à une vie nouvelle, elle nous façonne, elle nous transforme… même si ça prend du temps. C’est une bonne nouvelle parce qu’elle est le gage qu’un jour, à notre tour, nous serons ressuscités, comme Jésus-Christ l’a été.

C’est quand même un sacrée bonne nouvelle, non ?




Enthousiastes !

 

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Récemment, nous avons vécu l’atelier « Rêvons ensemble » dans le cadre du parcours Vitalité et lors de cette journée, notamment dans les travaux en petits groupes, un mot est revenu à plusieurs reprises : enthousiasme. Il apparaissait comme un des éléments clés du rêve pour notre Eglise, un enthousiasme à renouveler, à entretenir.

Aujourd’hui le terme a parfois une connotation négative : l’enthousiasme serait une forme de radicalisme, une dévotion excessive. On se méfie des enthousiastes, surtout en matière religieuse… Mais le mot est particulièrement intéressant. Il vient du grec enthousiasmos et désignait à l’origine le fait d’être possédé par une divinité. Ca vient de en theos : en Dieu. Revisité par l’Evangile, ce mot pourrait être formidable pour le chrétien, qui trouve « en Dieu » son énergie, son espérance, sa force, sa ferveur.

Le hic, c’est que le mot n’apparaît jamais dans le Nouveau Testament ! C’est dommage : on aurait bien voulu…

Il y a par contre un autre terme qui apparaît plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et qui est sans doute assez proche quant au sens, c’est le mot zelos, qui a donné le mot zèle en français. Mais ce mot non plus n’est pas toujours perçu positivement. Faire du zèle… c’est en faire trop !

Et c’est le cas aussi dans le Nouveau Testament puisque le mot zelos peut être traduit par zèle, dans un sens plutôt positif, mais aussi par jaloux… et là ça l’est beaucoup moins ! C’est le contexte qui permet de faire la différence. Or, dans le Nouveau Testament, le terme est utilisé plus souvent de façon négative que de façon positive. D’ailleurs le mot a aussi donné “zélote”, le nom d’un parti politico-religieux Juif extrémiste au Ier siècle…

Je trouve intéressant de constater que l’enthousiasme et le zèle, que l’on peut légitimement souhaiter pour une Eglise ou pour le croyant, sont des mots qui peuvent avoir à la fois un sens positif et un sens négatif…

Où est donc la frontière ? Quand notre enthousiasme ou notre zèle sont-ils positifs, et quand sont-ils dangereux ? Et comment faire pour entretenir, ou retrouver, notre enthousiasme et notre zèle ?

Pour répondre à ces questions, je vous propose de lire un texte qui, sans utiliser les mots “enthousiasme” et “zèle”, aborde bel et bien ce sujet. Il se trouve au début de l’Apocalypse. Parmi les lettres aux 7 Eglises d’Asie Mineure, c’est la dernière, celle qui est adressée à Laodicée.

Vous le verrez, ce texte contient l’une des paroles les plus dures du Nouveau Testament mais aussi l’une des promesses les plus douces de la Bible !
Apocalypse 3.14-20
14 « Écris à l’ange de l’Église qui est à Laodicée : « Voici le message de celui qui est vraiment le Oui de Dieu. Il est le témoin fidèle qui dit la vérité, il est à l’origine de tout ce que Dieu a créé.  15Je connais tout ce que tu fais : tu n’es ni froid ni brûlant. Si seulement tu pouvais être froid ou brûlant ! 16 Mais comme tu es tiède, ni froid ni brûlant, je vais te vomir de ma bouche. 17 Tu dis : je suis riche, j’ai gagné beaucoup d’argent, je n’ai besoin de rien. Mais en fait, tu es malheureux, tu mérites la pitié, tu es pauvre, aveugle et nu, et tu ne sais même pas cela. 18 C’est pourquoi, voici ce que je te conseille : achète chez moi de l’or que le feu a rendu pur, et tu deviendras riche. Achète des vêtements blancs pour te couvrir, ainsi tu ne seras pas nu et tu n’auras plus honte. Achète un médicament pour le mettre dans tes yeux, et tu verras clair. 19 Tous ceux que j’aime, je les corrige et je les punis. Montre donc plus d’ardeur et change ta vie ! 20 Voilà : je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi. 21 Moi, je suis vainqueur et je suis allé m’asseoir avec mon Père sur son trône. Alors, les vainqueurs, je les ferai asseoir aussi sur mon trône.

Les versets 15-16 sont terribles : “Je connais tout ce que tu fais : tu n’es ni froid ni brûlant. Si seulement tu pouvais être froid ou brûlant ! Mais comme tu es tiède, ni froid ni brûlant, je vais te vomir de ma bouche.”

Pourquoi une parole si terrible à propos des tièdes ? Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je trouve qu’il n’y a rien de pire qu’un café tiède ou une bière tiède ! Un café doit être chaud, et une bière bien fraîche ! Eh bien, la tiédeur n’est pas souhaitable non plus pour le croyant. Et l’enjeu est bien plus grand que pour un café ou une bière !

On pourrait dire qu’un chrétien tiède est un chrétien imbuvable… parce qu’en plus, en général, il n’a pas conscience qu’il est tiède ! On le voit avec l’Eglise de Laodicée : elle se satisfait de sa tiédeur, elle se croit riche mais, aux yeux du Seigneur, elle est pauvre, aveugle et nue. C’est la raison sans doute de la violence des propos, destinés à faire sortir cette Eglise de sa torpeur, lui ouvrir les yeux. Elle a besoin d’acheter de l’or pur, des vêtements blancs et un collyre pour ses yeux. Et c’est auprès du Seigneur qu’elle les trouvera, pas ailleurs.

Il se passait sans doute des choses dans l’Eglise de Laodicée. Le Seigneur dit bien dans sa lettre qu’il voit ce qu’elle fait, littéralement : “je connais tes oeuvres”. Mais le coeur n’y est pas. On pourrait dire qu’il y a un culte, une étude biblique et une réunion de prière, qu’il y a un pasteur, des locaux aux normes et un organigramme des responsables. Mais où est l’enthousiasme et le zèle ?

Le verset 20, par contraste, est une formidable promesse : “Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi.”

L’image est douce. C’est comme lorsqu’on attend chez soi un ami de longue date qu’on a invité, on se réjouit de le revoir. On frappe à la porte (ou on sonne à l’interphone). Quelle joie : le voilà ! On ouvre la porte, on s’embrasse et on le fait entrer chez nous. On a préparé un bon repas et on passe la soirée avec lui. “j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi.” Ici, plus question de vomir… mais de manger ensemble, dans la joie.
L’image parle de l’intimité avec Jésus-Christ. Il est l’ami intime qui vient habiter chez nous et dont la présence procure la joie. La source de notre vie spirituelle, là où naît et s’entretien notre enthousiasme, elle est dans l’intimité avec Jésus-Christ. Et cette intimité est prémisse de la gloire, celle qu’il promet de façon extraordinaire à la fin de cette lettre à l’Eglise de Laodicée : être assis, avec lui, sur son trône ! N’y a-t-il pas là de quoi nourrir notre enthousiasme ?

Etre enthousiaste

Revenons donc à nos questions du début. Quand notre enthousiasme ou notre zèle sont-ils positifs, et quand sont-ils dangereux ? Et comment faire pour entretenir, ou retrouver, notre enthousiasme et notre zèle ?

La clé pour répondre à ces questions, nous la tirons de notre texte : c’est l’intimité avec Jésus-Christ.

  • En effet, l’enthousiasme et le zèle peuvent devenir dangereux quand ils ne s’enracinent pas dans la personne du Christ, quand ils ne se nourrissent pas d’une relation personnelle avec Dieu.
  • Le zèle devient jalousie quand il est motivé par la compétition et la comparaison, avec les autres croyants, avec les autres Eglises, quand on cherche à être meilleurs, plus nombreux, plus spirituels que les autres…
    L’enthousiasme devient fanatisme quand il cherche à défendre une doctrine, une religion, une vérité absolue…

Ce zèle et cet enthousiaste n’ont pas grand chose à voir avec l’intimité avec Jésus-Christ !

Mais si le zèle et l’enthousiasme peuvent devenir dangereux, quand ils sont mal placés, ce n’est pas une raison pour renoncer à toute ferveur. Certes, aujourd’hui, on se méfie des excès, on préfère la modération… surtout en matière religieuse. On préfère que tout reste dans la sphère privée, que ça ne dérange personne ! Que tout, dans le domaine de la foi, reste modéré, au risque d’être insipide, tiède…

Non ! Il est légitime d’être enthousiaste pour Dieu quand on considère son amour et le salut qu’il nous offre ! Il est légitime d’être zélé pour lui, de vivre et d’annoncer cette Bonne Nouvelle pour tous les hommes. Si on évite bien-sûr les pièges du fanatisme et de la jalousie…

Pour renouveler et entretenir cet enthousiasme, la clé est la même : l’intimité avec Jésus-Christ !

Il nous faut cultiver cette intimité. C’est le défi de toute vie chrétienne. Alors veillons à réserver des moments de qualité avec Dieu. C’est un peu comme dans un couple, ou en amitié : on a besoin de prendre du temps ensemble, en tête à tête. C’est différent pour chaque couple ou chaque relation d’amitié. Pour les uns ce sera un week-end à la montagne, pour d’autres une sortie culturelle, ou une ballade en forêt, ou une activité sportive…

Ne nous enfermons pas non plus dans des stéréotypes avec Dieu, comme s’il n’y avait qu’une seule façon valable de cultiver notre intimité avec lui. A vous d’inventer, de trouver le lieu, le moment, la façon, la fréquence… Tenez compte de ce que vous êtes, de ce que vous vivez, de ce qui vous fait vibrer.

Prenez le temps d’y réfléchir : quand avez-vous eu pour la dernière fois la sensation de vivre un temps de qualité avec Dieu ? Demandez-vous alors comment vous pouvez faire en sorte que ça se reproduise… Créez, dans votre vie, les conditions pour vivre des moments de qualité avec Dieu, d’approfondir votre intimité avec lui.

Conclusion

L’intimité avec Jésus-Christ, voilà ce que nous devons sans cesse développer. Et vous verrez, de cette intimité naîtra l’enthousiasme et un zèle renouvelé. Comment pourrait-il en être autrement, quand le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois entre chez nous, qu’il mange avec nous, et nous avec lui ?




Prier ou agir, faut-il choisir ?

 

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Tout à l’heure, nous avons prié pour les actions du SEL. Nous offrons aussi la possibilité de donner pour soutenir financièrement ces actions.

Plus proche de nous, nous sommes tous confrontés à des besoins, des attentes autour de nous, et on ne sait pas toujours comment y répondre, ni même si nous devons y répondre… Peut-être qu’alors nous prions pour ces besoins.

Est-ce suffisant ? Ici se pose en fait la question du lien entre nos prières et nos actions. Finalement, en tant que croyant, ne sommes-nous pas convaincus que c’est Dieu qui agit ? La Bible ne dit-elle pas que la prière du juste a une grande efficacité ? Alors pourquoi la prière ne suffirait-elle pas ? Plutôt que de faire des bêtises, ne faudrait-il pas seulement prier et laisser Dieu agir ?

Je vous propose de chercher des éléments de réponse à ces questions dans un extrait du chapitre 15 de l’Evangile selon Jean :

Jean 15.5-10

5 (Jésus dit 🙂 « Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Si quelqu’un reste attaché à moi comme je suis attaché à lui, il donne beaucoup de fruit. En effet, sans moi, vous ne pouvez rien faire. 6 Celui qui ne reste pas attaché à moi, on le jette dehors, comme les branches. Alors les branches deviennent sèches, on les ramasse, on les jette dans le feu, et elles brûlent. 7 Si vous restez attachés à moi, et si mes paroles restent en vous, demandez ce que vous voulez, et vous l’aurez. 8 Donnez beaucoup de fruits et soyez ainsi mes disciples, alors vous montrerez la gloire de mon Père. 9 Je vous ai aimés comme le Père m’a aimé. Restez dans mon amour. 10 J’ai obéi aux commandements de mon Père et je reste dans son amour. De la même façon, si vous obéissez à mes commandements, vous resterez dans mon amour.

“Demandez ce que vous voulez, et vous l’aurez !” Au coeur de ce texte, cette affirmation ressemble un peu à un slogan publicitaire…” On pourrait presque ajouter : appelez le 08 777 et dites “Jésus !”

Sauf que ce n’est pas un slogan publicitaire mais une promesse de la Bible. Une promesse que Jésus répète à plusieurs reprises dans les évangiles, pas toujours avec les mêmes mots mais toujours avec la même idée. Demandez et vous recevrez !

On perçoit bien qu’il n’y a pas derrière ces formules l’évocation d’un Dieu qui serait prêt à répondre à tous nos caprices ! La formule n’est ni magique ni automatique : il ne suffit pas de demander et ça arrive !!! Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne…

Le sens de la promesse est précisé par les contextes dans lesquels elle apparaît. Selon les cas, Jésus y insiste sur la façon de demander (en son nom), ou sur les bonnes choses qu’on demande (sous-entendu : si on demande de mauvaises choses, Dieu ne va pas forcément nous les donner !).

Dans notre texte (Jean 15), le promesse est bien là, formulée de façon assez absolue : “demandez ce que vous voulez, et vous l’aurez.” Mais elle apparaît dans le développement d’une image, celle de la vigne. Jésus est la vigne, nous ne sommes que les sarments, les branches de la vigne. D’où la nécessité de rester attaché à lui. Et cela apparaît comme une condition à la promesse : “Si vous restez attachés à moi, et si mes paroles restent en vous, demandez ce que vous voulez, et vous l’aurez.”

Or, rester attaché au Christ, c’est demeurer dans son amour. Et comment demeurer dans son amour ? En obéissant à ses commandement (cf. v.10). Le lien entre la prière et l’action est au coeur de ce texte. Jésus le dit clairement : “sans moi, vous ne pouvez rien faire.”

Bref, la promesse toute seule semble absolue : “demandez ce que vous voulez, et vous l’aurez.” mais ajoutez les conditions explicites qui lui sont associées : “si vous restez attachés à moi, et si mes paroles restent en vous” et le contexte de la métaphore qui souligne que sans lui nous ne pouvons rien faire, et on se rend compte qu’on est très loin d’une formule magique !

En fait, si on est vraiment attaché à Jésus-Christ, on ne lui demandera pas n’importe quoi, on sera conduit à lui demander ce qui correspond à sa volonté… et il l’accordera. Et si on est attaché à Jésus-Christ, alors on accomplira sa volonté dans notre vie, on agira en conséquence… et certaines de nos demandes pourraient bien se concrétiser dans notre engagement. C’est aussi à travers nous que le Seigneur les exaucera.

Pour le chrétien, il est aussi problématique de prier sans agir que d’agir sans prier

Prier sans agir, c’est réduire la prière à des paroles en l’air, qui n’engagent pas. Même si elle est bien formulée, pleine de citations bibliques et d’expressions spirituelles, une telle prière n’est guère plus qu’un voeu pieu. Pire, c’est l’occasion de se décharger sur Dieu de notre responsabilité… “Vas-y, Seigneur, agis ! Et moi je m’en lave les mains…”

Alors bien sûr, dans certaines circonstances plutôt extrêmes, la prière sera la seule action que nous pourrons mener. Il peut arriver que nous n’ayons aucune emprise sur les événements, que nous soyons totalement démunis… et là, le seul refuge, la seule action possible, c’est de prier.

Mais parfois, à l’inverse, la réponse à notre prière dépendra entièrement de nous, de notre engagement, de notre décision. Par exemple, on peut parfois demander à Dieu d’appeler ou d’envoyer quelqu’un pour un service… et que la personne qu’il veut envoyer, c’est nous qui sommes en train de prier !

Et puis il y a toutes les nuances possibles entre ces deux extrêmes… On peut par exemple prier pour la guérison de quelqu’un mais être appelé en même temps à visiter le malade pour lequel on prie et cette visite pourrait contribuer à sa guérison. Ou on peut prier pour un projet humanitaire à des milliers de kilomètres de chez nous et en même temps envoyer de l’argent pour le soutenir.

En réalité, un des rôles de la prière sera de discerner quelle part je suis appelé à prendre pour qu’elle soit exaucée ! C’est une question que nous pouvons intégrer dans toute démarche de prière : “quelle part Dieu veut-il que je prenne dans l’exaucement de ma prière ?”

Prier sans agir est problématique. Mais agir sans prier l’est aussi ! Parce que toute action ou toute initiative n’est pas forcément bonne. Parce qu’on peut toujours faire des mauvais choix. Parce que nous sommes appelés à “demeurer en Jésus-Christ” comme le disait notre texte, c’est-à-dire à accomplir sa volonté. Agir sans prier, c’est prendre le risque d’agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, d’accomplir notre volonté plutôt que celle de Dieu, de se réfugier dans l’activisme ou d’aller droit dans le mur.

“Priez sans cesse !” disait l’apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique. On peut entendre cette fameuse parole comme un encouragement à accompagner notre vie, toute notre vie, de la prière. Une invitation à prier avant, pendant et après l’action.

Il nous faut prier avant d’agir pour discerner ce qu’il convient de faire. Ça ne nous garantira pas le succès, nous ferons encore des mauvais choix parfois… mais si nous ne prions pas avant d’agir, nous augmentons considérablement les risques d’erreur ! Car il s’agit toujours de discerner ce que Dieu attend de nous aujourd’hui.

Prier pendant l’action, ce n’est pas forcément s’arrêter à se mettre à genoux. C’est être conscient, au coeur de l’action, d’avoir besoin du soutien et de l’aide de Dieu, et que nos efforts, notre intelligence et notre expérience ne suffisent pas. L’oeuvre bienveillante de Dieu demeure essentielle en toutes circonstances. Prier pendant l’action, c’est aussi être prêt à ajuster nos projets, modifier la trajectoire si les circonstances l’exigent.

Et puis il convient aussi de prier après l’action. Lorsque nous avons fait notre part, continuer de prier c’est confier à Dieu la suite, et accompagner ceux qui ont pris le relais dans l’action, d’une manière ou d’une autre.

On peut dire que l’apôtre Paul était un homme d’action, vu tous ses voyages missionnaires et toutes les Eglises qu’il a fondées. Mais je suis frappé, dans ses lettres, combien la prière occupe une place importante. Voyez toutes les fois où il dit prier constamment pour les Eglises auxquels il écrit. Et voyez combien souvent il demande aux chrétiens de prier pour lui, pour l’exercice de son ministère. Il priait sans cesse. Avant, pendant et après l’action !

Conclusion

Prier ou agir, il ne faut pas choisir ! L’un ne peut pas aller sans l’autre. Pour le chrétien, il est aussi problématique de prier sans agir que d’agir sans prier !

Si nous pouvons être convaincus que c’est Dieu qui agit, nous pouvons être également convaincu qu’il choisit d’agir à travers nous. La prière n’est pas un moyen de nous décharger sur Dieu de notre responsabilité mais une façon de mettre notre vie au diapason de Dieu, d’harmoniser nos actions au projet de Dieu.

Dans notre vie de prière, une question ne doit pas être laissée de côté et je vous la laisse pour conclure : “quelle part Dieu veut-il que je prenne dans l’exaucement de ma prière ?”




Vivre la fraternité (6) Avec toute la création !

 

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Dans nos prédications, on vous parle de fraternité depuis plus d’un mois… Et si on a commencé par parler de fraternité entre nous, dans l’Eglise – et ce n’est pas toujours facile!- on s’est permis d’élargir le cercle, d’abord aux autres Eglises, ensuite à l’ensemble de l’humanité. Et vous vous disiez peut-être qu’on ne pouvait pas aller plus loin…

Sauf que les êtres humains ne sont pas les seuls êtres vivants sur cette terre. Peut-on parler de nos frères et soeurs les animaux ? Ou même de nos soeurs les fleurs et nos frères les arbres ? Forcément, si on parle de fraternité créationnelle, elle ne sera pas de même nature que la fraternité humaine. Mais ne peut-on pas affirmer une solidarité fondamentale avec le vivant, sous toutes ses formes ?

En tout cas, la préoccupation écologique est incontournable aujourd’hui. Les enjeux écologiques font partie des débats internationaux majeurs. On parle de transition écologique, d’énergie verte. Le marché du bio est en pleine expansion, on se soucie plus qu’avant de la cause animale, on nous incite à manger moins de viande, le véganisme est à la mode…

Que penser de tout cela d’un point de vue biblique ?

Forcément, pour répondre à ces questions, nous devons nous tourner en priorité vers ce que la Bible dit de la Création. Or, il y a deux récits de la création au début de la Genèse. Les deux affirment globalement la même chose : il y a un Créateur à l’origine de toutes choses et il a placé les êtres humains dans cette création avec un rôle particulier. Mais les deux récits le disent différemment, en mettant l’accent sur des points différents. Chacun des deux récits nous dit quelque chose de spécifique, et complémentaire, quant à la place des êtres humains dans la création.

Il faudrait lire tout le premier chapitre de la Genèse pour admirer la beauté de ce poème, cet hymne magnifique évoquant la Création du ciel et de la terre en six jours, parfaitement équilibrés. Mais centrons-nous sur ce qui est dit de la création des êtres humains, nous sommes au sixième jour :

Genèse 1.24-27
24 Dieu dit : « Que la terre produise toutes sortes d’animaux : animaux domestiques, petites bêtes et animaux sauvages de chaque espèce ! » Et cela arrive. 25 Ainsi, Dieu fait les différentes espèces d’animaux : les animaux sauvages, les animaux domestiques et les petites bêtes. Dieu voit que c’est une bonne chose.
26 Dieu dit : « Faisons les êtres humains à notre image, et qu’ils nous ressemblent vraiment ! Qu’ils commandent aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel, aux animaux domestiques et à toutes les petites bêtes qui se déplacent sur le sol ! »
27 Alors Dieu crée les humains à son image,
et ils sont vraiment à l’image de Dieu.
Il les crée homme et femme.

Un animal comme les autres

Que nous dit ce texte de la place de l’être humain dans la création ? Qu’il est un animal comme les autres ! En effet, il n’y a pas un jour spécifique de création de l’être humain : il est créé le 6e jour, le même jour que tous les animaux terrestres.

Alors vous me direz que quand même, l’être humain a une place particulière parmi les autres créatures. C’est la seule dont on dise qu’elle est faite “à l’image de Dieu” et elle reçoit une mission particulière pour “commander” sur les autres animaux. C’est vrai. Et c’est ce qui fait que l’antispécisme n’est pas biblique… Un antispéciste dira que l’humain ne prime pas sur les autres espèces animales, il prône l’égalité entre toutes les espèces vivantes. Et le spécisme serait une sorte de racisme à l’égard des animaux… La Bible n’est pas antispéciste.

Il n’empêche… on ne peut pas nier que le récit biblique ne réserve pas un jour particulier de création pour l’homme. Les humains ne sont pas créés le 7e jour, comme couronnement de la Création. Ils sont créés le 6e jour, comme tous les autres animaux terrestres. Le même jour que les lions, les vaches et les vers de terre !

Même si on peut lui accorder un statut particulier, l’être humain n’est pas en dehors de la nature, il en fait partie. Il est solidaire de toute la Création qui, toute entière, est appelée à rendre gloire à Dieu ! Dans les Psaumes par exemple, on voit les animaux, les arbres et tous les éléments de la nature louer le Seigneur !

Un jardinier

Le deuxième récit de la Création nous transporte dans un jardin. La Création de l’homme et de la femme, leur relation à Dieu, sont plus développés que dans l’hymne du premier chapitre. D’une certaine façon, on y voit comment l’être humain agit en image de Dieu. Lisons deux paragraphes qui évoquent le lien des humains avec leur environnement.

Genèse 2.7-9,15-17
7 Le SEIGNEUR Dieu prend de la poussière du sol et il forme un être humain. Puis il souffle dans son nez le souffle de vie, et cet homme devient un être vivant. 8 Ensuite, le SEIGNEUR Dieu plante un jardin dans le pays d’Éden, vers l’est. Là, il met l’homme qu’il a formé. 9 Le SEIGNEUR Dieu fait pousser du sol toutes sortes de beaux arbres, avec des fruits délicieux. Au milieu du jardin, il place l’arbre de vie et l’arbre qui fait connaître ce qui est bien ou mal.
(…)
15 Le SEIGNEUR Dieu prend l’homme et il le place dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. 16 Le SEIGNEUR Dieu donne cet ordre à l’homme : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin. 17 Mais tu ne dois pas manger les fruits de l’arbre qui fait connaître ce qui est bien ou mal. Oui, le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est sûr. »

L’homme est créé à partir de la poussière du sol. Son nom, Adam, signifie “le terreux”, “le glaiseux”. Il est indissociablement lié à la terre dont il est tiré. Il fait partie intégrante de la nature créée, il en est solidaire.

Mais il reçoit une mission de la part de Dieu : cultiver et garder le jardin. Il est un jardinier. Les deux verbes utilisés sont complémentaires : vécus dans l’équilibre, nous évitent deux excès. Celui de l’idolâtrie de la nature : on est appelé à la cultiver, on peut agir sur elle, elle n’est pas sacrée ou divine. Mais aussi celui du non-respect de la nature : on est appelé à la garder, la protéger, la respecter.

J’aimerais m’arrêter un peu plus sur le deuxième verbe : garder. Parce qu’on peut se demander contre quel danger le jardin devait être gardé… Il n’y avait pas de danger au temps de Genèse 2 ! Tout était harmonieux et paisible dans le jardin. Pour constater le premier dérèglement de la nature, il faut aller au chapitre 3. L’homme et la femme se sont révolté contre Dieu, ils ont mis en doute la parole du Seigneur et on mangé du fruit interdit. Les malédictions prononcées par Dieu à leur égard expriment alors les conséquences du péché. Et parmi elles nous lisons :

Genèse 3.17-18
À cause de toi je maudis le sol.
Tu devras te fatiguer
tous les jours de ta vie
pour tirer ta nourriture de la terre.
Le sol produira pour toi
des plantes épineuses de toutes sortes.

C’est avec le péché de l’humanité qu’intervient le dérèglement de la nature. Autrement dit, le plus grand danger pour le jardin, c’était le jardinier ! Lorsqu’il le saccage, le surexploite, le défigure. Et ça n’a pas changé aujourd’hui… N’est-ce pas le péché de l’humanité qui s’exprime aujourd’hui encore dans la surexploitation et la surconsommation des ressources naturelles, dans la recherche du profit immédiat, de la rentabilité maximum, du bien-être égoïste ? Tous des comportements qui finissent par défigurer, détruire, polluer la création de Dieu…

Des chrétiens éco-responsables

Aimer Dieu, c’est aussi aimer sa Création. Soyons donc des chrétiens éco-responsables !

Gardons notre capacité d’émerveillement devant la création, admirons l’oeuvre de Dieu. Et sentons nous concernés quand elle est mise en péril. Ne doit-on pas s’inquiéter de voir la liste des espèces animales en voie de disparition s’allonger à cause de l’activité humaine ? Des chefs d’oeuvre de Dieu disparaissent devant nos yeux ! Et que dire de la forêt amazonienne pillée, de la fonte de la calotte glacière, de la profusion de déchets plastiques dans la Mer Méditérannée…

On parle beaucoup, aujourd’hui, de transition écologique. Et je trouve que cette démarche n’est pas sans résonance avec certaines notions bibliques. Cette idée d’une transformation intérieure, d’un changement de regard, qui se traduit dans le comportement n’est pas sans rappeler les notions de conversion et de sanctification où Dieu nous transforme intérieurement pour nous rendre capable de changer de comportement.

Notre mission prioritaire est, certes, d’annoncer l’Evangile à tout homme et à toute femme. Mais les exhortations du Nouveau Testament à une vie simple et respectueuse, au contentement, peuvent faire de nous des chrétiens éco-responsables, qui refusent la fuite en avant de la consommation à outrance. Nous pouvons intégrer des petits gestes éco-responsables dans notre quotidien. Et les intégrer aussi dans notre vie d’Eglise !

Nous pouvons soutenir ceux qui portent un plaidoyer pour la planète et questionnent nos gouvernants. Prier pour eux, et pour les dirigeants de notre monde, notamment ceux qui préfèrent les impératifs économiques aux impératifs environnementaux.

Conclusion

Sommes-nous donc frères et soeurs des animaux et des arbres ? Peut-être… en tout cas nous sommes interdépendants, et nous sommes appelés à être solidaires de toute la Création. Ne pas se soucier de la nature que Dieu a créée, c’est ne pas respecter le Créateur. Tout simplement.

D’autant que Dieu a un projet pour cette Création qui “souffre les douleurs de l’enfantement” selon les paroles de l’apôtre Paul aux Romains. Elle aussi aura part à la gloire promise aux enfants de Dieu. C’est une raison de plus de respecter et préserver cette terre, destinée elle aussi au salut !

Soyons donc des chrétiens éco-responsables, pour honorer le Créateur et le Sauveur de ce monde !




Vivre la fraternité (4) Vivre l’unité

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/vivre-la-fraternite-4-vivre

Il y a aujourd’hui entre 2 milliards et 2,5 milliards de chrétiens dans le monde. Tous ne sont pas pratiquants mais ça représente quand même environ un tiers de la population mondiale. Plus d’un milliard sont catholiques, 900 millions protestants, et puis il y a les orthodoxes, les orientaux, les anglicans ou d’autres…

En France, il y aurait plus de 40 millions de chrétiens (plus ou moins pratiquants), avec une très forte majorité de catholiques. Les Protestants seraient autour de 2 millions. Et pour combien d’Eglises et d’Unions d’Eglises ? Bien plus de 50 Unions d’Eglises différentes ! Certaines sont membres de la Fédération Protestante de France, d’autres du Conseil National des Evangéliques de France, certaines des deux… et d’autres encore d’aucun des deux !

En janvier, nous sortons de deux semaines de prière pour l’unité des chrétiens. Deux semaines différentes, à une semaine d’écart ! Là encore, certaines Eglises participent aux deux, d’autres à une seule, voire à aucune des deux…

Franchement, est-ce que vous trouvez ça normal ? Tout le monde se dit chrétien, disciple de Jésus-Christ, et chacun marche de son côté… quand on ne se tire pas dans les pattes les uns des autres !

Bien-sûr, vous me direz que c’est compliqué, qu’il y a des histoires différentes, des traditions et des pratiques différentes, des divergences théologiques… Il ne suffit pas de claquer des doigts pour balayer ces difficultés, et dire que finalement on est tous pareils et qu’on devrait tous se retrouver dans une seule Eglise. Ce serait irréaliste, naïf.

Mais peut-on vraiment se satisfaire de cette dispersion ? Peut-on vraiment se contenter de dire que l’unité de l’Eglise est en Jésus-Christ, qu’elle est spirituelle, qu’elle ne dépend pas de nous ? Peut-on parler de fraternité chrétienne en excluant tous ceux qui n’appartiennent pas à notre Eglise ou qui ne partagent pas nos convictions théologiques ? Ou dire que c’est mon Eglise qui est fidèle, et que l’unité passe par l’intégration à mon Eglise !

Vivre la fraternité, c’était aussi vivre l’unité ! Mais qu’est-ce qu’on entend par là ? Et comment le vivre ? Pour répondre à cette question, je vous propose de lire un extrait de la dernière prière de Jésus pour ses disciples, en Jean 17.

Cette prière clôt les discours d’adieu de Jésus à ses disciples. On y trouve ses dernières instructions : la promesse du Saint-Esprit, l’annonce de son retour, l’avertissement que ça ne sera pas toujours facile pour eux, l’importance de l’amour les uns pour les autres… Dans sa prière, il s’en remet d’abord à son Père : « Maintenant, Père, donne-moi cette gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. » (v.5). Ensuite il prie pour ses disciples, pour leur mission dans le monde : « Je ne te demande pas de les retirer du monde mais je te demande de les protéger du Mauvais. » (v.15). Et puis, à la fin, il élargit sa prière, au-delà de ses disciples :
Jean 17.20-23
20 « Je ne prie pas seulement pour mes disciples. Je prie aussi pour ceux qui croiront en moi à cause de leur parole. 21 Que tous soient un ! Père, tu vis en moi et je vis en toi. De la même façon, que tous soient un en nous, ainsi le monde croira que tu m’as envoyé.
22 « Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée. Alors ils seront un, comme nous sommes un, 23 moi en eux et toi en moi, ainsi ils seront parfaitement un. Alors le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les aimes comme tu m’aimes.

On comprends bien qui est concerné par cette prière : « ceux qui croiront en moi à cause de leur parole. » (v.20) On peut difficilement faire plus large… Il s’agit de tous les croyants, dans toutes les générations, depuis les premiers disciples. Bref, nous sommes concernés !

Or, dans ces quatre versets, l’objet de la prière de Jésus est claire. Il le répète quatre fois : « Que tous soient un ! » (v.21), « Que tous soient un en nous » (v.21), « alors ils seront un » (v.22), « ainsi ils seront parfaitement un » (v.23) !

Si on n’a pas compris, je ne sais pas ce qu’il faut faire… Jésus prie pour l’unité de ses disciples. Et s’il insiste autant, c’est qu’il devait se douter que cette unité n’irait pas de soi. Et il ne la présente pas comme une option facultative mais comme un absolu : « que tous soient un » et l’objectif est d’être « parfaitement un ».

Jésus précise toutefois une condition qui rend possible cette unité. Au verset 21 : « Père, tu vis en moi et je vis en toi. De la même façon, que tous soient un en nous. » De même ensuite, il précise : « ils seront un, comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi » (v.22-23).

L’unité est donc en Christ, elle est reçue de Dieu. Les hommes n’ont pas à la construire artificiellement… C’est vrai ! Mais ne peut-on pas dire aussi que ne pas la vivre, c’est refuser ce que Dieu veut donner ?

D’autant que l’enjeu est de taille, souligné deux fois par Jésus. Au verst 21 : « ainsi le monde croira que tu m’as envoyé. » et au verset 23 : « Alors le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les aimes comme tu m’aimes. » L’enjeu, c’est le témoignage, la gloire de Dieu. L’unité de l’Eglise est un témoignage en faveur de l’unique Christ, qui nous unit dans notre diversité. Et la division est donc forcément un contre-témoignage.

Vivre l’unité n’est pas une option facultative pour le chrétien. On ne peut pas être personnellement en communion avec le Christ sans rechercher la communion avec les autres chrétiens, parce qu’eux aussi sont en communion avec le Christ : « ils seront un, comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi ».

Bref, ma relation aux autres chrétiens dit quelque chose de ma relation à Dieu !

Ma relation aux autres chrétiens dit quelque chose de ma relation à Dieu

Elargir/approfondir mes relations

Qu’est-ce que la vie chrétienne, sinon le fait d’approfondir sa relation avec Dieu ? Avec toutes les conséquences que ça implique pour ma vie, mon comportement, mes relations, etc… Et justement, il me semble qu’une de ces conséquences devrait être le fait d’élargir et d’approfondir mes relations avec les autres chrétiens, ceux qui appartiennent à d’autres confessions que la mienne et qui sont aussi, à leur façon, dans une relation avec le Christ.

Mais pour cela, deux qualités sont à développer : l’ouverture et la curiosité. L’ouverture pour être capable d’accueillir ce que je ne connais pas encore. Et la curiosité pour aller chercher chez l’autre des richesses nouvelles. L’ouverture et la curiosité permettent la véritable rencontre, en surmontant les a prioris et les peurs.

Il me semble d’ailleurs que l’ouverture et la curiosité sont aussi importantes dans ma relation à Dieu. C’est terrible quand on pense tout comprendre et tout connnaître de Dieu ! En réalité, on est sûr de se tromper, parce que c’est impossible ! Être ouvert à Dieu, c’est le laisser nous surprendre et ne pas l’enfermer dans un système théologique clos. Être curieux de Dieu, c’est le chercher, encore et encore, tout au long de notre vie. Avoir envie de toujours mieux le connaître.

Et si nous avions le même élan dans notre relation aux autres chrétiens ? Car c’est aussi terrible quand on pense tout comprendre et tout connaître des autres ! “Je n’ai pas besoin de les rencontrer, je les connais !”

Un chrétien qui ne cultive pas l’ouverture et la curiosité est un chrétien qui s’enferme, dans sa vision des autres et, pire, dans sa vision de Dieu !

Exercer mon discernement

Il ne s’agit pas pour autant de gommer toute différence, ni même de nier les divergences qui existent ! Ce n’est pas parce qu’on cherche à élargir ses relations qu’on perd tout esprit critique ! Être ouvert et curieux ne signifie pas être naïf. Au contraire, l’esprit critique est essentiel, dans toute relation authentique… mais pas l’esprit de jugement. Celui qui est animé d’un esprit critique écoute et interroge, il approfondit, il réfléchit, il se positionne. Celui qui est animé d’un esprit de jugement enferme, il critique sans réfléchir, et finalement il n’écoute pas.

Dans le regard que nous portons sur les autres, et en particulier les autres chrétiens, quel esprit nous anime ?

On entend dire parfois : “Si on va à la rencontre des chrétiens d’autres confessions, on risque de perdre notre identité ou de mettre en péril nos convictions !” Au contraire, je crois que le dialogue et la rencontre forgent notre identité et renforcent nos convictions, soit en les enrichissant d’autres traditions, soit en discernant chez l’autres des convictions ou des pratiques que nous ne partageons pas… mais alors on sait pourquoi.

La rencontre nous fait grandir. Elle affine notre discernement, éclairé par le Saint-Esprit. Ce même discernement qui est essentiel dans notre vie chrétienne, pour nos choix de vie, pour nos orientations… et pour notre cheminement avec Dieu.

Conclusion

Finalement, pourquoi est-ce si important de chercher à vivre l’unité ? Parce que cela me donne l’occasion de rencontrer, chez l’autre, le même Christ qui vit en moi. Je ne parle pas ici d’institution et d’Eglises d’un point de vue structurel. Je parle de chrétiens, d’hommes et de femmes, de disciples du Christ. Certes, ils peuvent avoir des traditions, des façons d’exprimer leur foi différents de moi, et qui parfois m’étonnent ou me dérangent… Bien-sûr qu’on n’est parfois en désaccord ! Mais dites-vous bien que pour eux, ma façon de dire et de vivre ma foi peut leur paraître aussi tout à fait étrange !

L’enjeu est dans la rencontre du Christ, chez l’autre. Il s’agit de se rapprocher du Christ pour se rapprocher de nos frères et sœurs… et de se rapprocher de nos frères et soeurs pour se rapprocher du Christ !