Vivre le changement (8) Croire au Dieu de l’incroyable

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Certains d’entre nous ont peur du futur – au niveau mondial, mais aussi pour notre propre vie : préoccupations pour le travail, pour nos enfants, la santé, nos parents qui vieillissent, peur de solitude/ souffrance/ inconnu… ou peut-être est-ce le sentiment d’être dans l’impasse, coincé dans une difficulté… questionnement sombre ! mais nous tous, nous nous posons cette question : qu’est-ce que l’avenir nous réserve ?

Nous ne sommes pas les premiers à nous demander cela. Ecoutons une parole du prophète Esaie pour le peuple d’Israël, aux alentours de 700 et quelques avant J.C. – une période relativement agréable, mais avec de profonds dysfonctionnements que Dieu dénonce : Dieu avertit que peuple court à sa perte. Le puissant (et cruel) empereur de Babylonie décimera pays, détruira le temple, déportera les puissants. (c’est arrivé, quelques décennies plus tard). futur sombre. Et voilà quelle parole Esaïe écrit, bien avant que la situation difficile de l’exil soit vécue : c’est comme si une énorme tempête arrivait, et qu’Esaïe pointait du doigt, au loin, derrière nuages noirs, un coin de ciel bleu.

Lecture biblique: Esaïe 43.14-21

14 Voici ce que dit le SEIGNEUR, votre libérateur, le Dieu saint d’Israël :

« Pour vous, j’envoie quelqu’un à Babylone.Je vais faire tomber les portes qui protègent la ville. Alors, chez les Babyloniens, les cris de joie deviendront des chants de deuil. 15 Je suis le SEIGNEUR, votre Dieu saint, le Créateur d’Israël, votre Roi. »

16 Autrefois, le SEIGNEUR a ouvert un chemin dans la mer, une route à travers l’eau puissante. 17 Il a fait sortir des chars et des chevaux, l’armée avec sa puissance militaire.

Ils sont tombés pour ne plus se relever. Ils se sont éteints, ils ont brûlé comme la mèche d’une lampe.

18 Maintenant, le SEIGNEUR dit : « Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé, oubliez le passé. 19 En effet, je vais faire quelque chose de nouveau, qui grandit déjà. Est-ce que vous ne le voyez pas ? Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert, je vais faire couler des fleuves dans ce lieu sec. 20 Les animaux sauvages, les chacals et les autruches me rendront honneur car j’ai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans ce lieu sec. Oui, je veux donner à boire au peuple que j’ai choisi. 21 Ce peuple que j’ai formé pour moi chantera ma louange. »

 

D’avance, Esaïe l’annonce : l’exil que le peuple va souffrir ne sera pas la fin. Après les avoir laissé porter leur responsabilité et les conséquences de leur comportement, Dieu va libérer son peuple :

  • 1e parole : Dieu va mettre un terme à la puissance de l’empire babylonien (quelques décennies après leur départ en exil – c’est le moment où l’empire des Mèdes & des Perses prend le pas sur les Babyloniens), [mettre vv.14-15 en bleu]
  • 2e parole : Dieu va intervenir. (v.16 en rouge) Il fait référence au passé d’Israël, quelques siècles plus tôt : quand le peuple d’Israël alors esclave est sorti d’Egypte, guidé par Moise, traversant la mer à pied, laissant derrière une armée égyptienne submergée par les eaux, l’Exode. [diapo v.18ss] Dieu annonce qu’il va faire encore mieux : ne pensez plus au passé, je vais faire du nouveau. Comme il a ouvert des chemins improbables pour libérer Israël de l’esclavage en Egypte, Dieu ouvrira des chemins improbables pour libérer son peuple de l’exil en Babylonie. Et comme Dieu, à l’époque, a donné à boire à son peuple, alors qu’il errait dans le désert pendant 40 ans (entre l’Egypte et la terre promise), Dieu promet de prendre soin de son peuple.

Voilà les promesses que Dieu fait à son peuple par l’intermédiaire d’Esaïe – promesses dont on sait qu’elles se sont réalisées, puisque 70 ans après le départ en exil, Israël revient sur sa terre, grâce au décret du roi Cyrus qui a vaincu Babylone. Des promesses qui nous rejoignent aujourd’hui, parce qu’elles nous rappellent ce que Dieu est capable de faire, même dans les pires déserts ou les pires impasses.

  • Croire à l’incroyable

« Oubliez le passé, je vais faire du nouveau. » Oubliez le passé – petit paradoxe : Dieu vient juste de faire référence à un événement fondateur du passé, l’exode / la sortie d’Egypte ! Donc oublier le passé, ce n’est pas devenir amnésique ! Mais c’est laisser Dieu déborder le cadre de nos expériences passées et de nos souvenirs.

Souvent quand on se projette dans le futur, on s’appuie sur ce qu’on connaît, ce qu’on a vu et expérimenté, et on essaie de transposer le même principe ou la même dynamique dans l’avenir. Mais Dieu ne se laisse pas limiter par nos expériences ou nos souvenirs… Il fait du nouveau. Il fait du complètement nouveau! Même si nous avons vu des oasis dans le désert, lui, il fait jaillir des fleuves.

Alors c’est incroyable, impensable, parce c’est nouveau, inédit, inconnu. Les actes de Dieu débordent les statistiques, les calculs, les probabilités. A quoi ça ressemble ? Je peux donner quelques exemples (du passé…) : des portes qui s’ouvrent pour un projet alors que tout était bouché, quelqu’un qui sort de l’addiction alors que toute sa vie était centrée dessus, deux personnes qui étaient fâchées à mort et qui se réconcilient, ou encore une guérison physique improbable… A chaque fois, il y a ce sentiment de surprise, d’émerveillement, de voir l’impossible se réaliser. Croire à l’incroyable, c’est s’ouvrir à cette possibilité que Dieu intervienne dans notre vie, sans être limité par notre contexte.

Les projets, les rêves, de Dieu sont plus grands que ce que nous pouvons imaginer – autant dans notre vie personnelle que dans notre expérience d’église. Le passé nous enseigne, nous encourage, nous rappelle ce que Dieu a pu faire – mais pour l’avenir, Dieu ne nous fait pas tourner en rond, il ouvre des perspectives nouvelles, plus larges. Les rêves de Dieu sont plus grands que nos souvenirs.

  • Croire au Dieu de l’incroyable

Croire à l’incroyable, à l’impensable, ça fait peur. Ca paraît naïf, illusoire, comme quelqu’un qui vit dans les nuages. Peut-être parce que ce n’est pas à l’incroyable qu’il faut croire, comme on croirait aux licornes ou aux petits hommes verts, mais au Dieu de l’incroyable. C’est lui la clef de notre foi ! Dans le texte, Dieu annonce qu’il va faire du nouveau, il donne quelques indices (qu’on comprend mieux après les faits), mais surtout il rappelle qui il est : il est le Libérateur, le Créateur, le Maître (celui qui domine tout), il est celui à qui nous appartenons et qui nous aime comme ses enfants.

Et nous ne pouvons pas connaître Dieu, ce Dieu de l’incroyable, mieux qu’à travers Jésus, qui le manifeste parfaitement. Jésus, expert en incroyable : incroyable sagesse, incroyables miracles, incroyables guérisons, incroyables rencontres débordant tous les codes sociaux, incroyables mort et résurrection. La vie de Jésus ne dit pas juste ce que Dieu a fait à travers lui, mais elle montre qui Dieu est : dans la tempête, il n’est pas submergé comme nous, mais il marche sur l’eau car il l’a créée. Dans la pénurie alimentaire, il donne à chacun selon ses besoins car il est celui qui nourrit. Dans l’impasse ultime, la mort, Jésus trace un chemin de vie par sa résurrection.

C’est Dieu révélé en Jésus, la clef de notre foi, la base de notre confiance, l’horizon de notre espérance : nous pouvons croire que des chemins vont s’ouvrir dans l’impasse parce que nous connaissons Dieu, créateur, maître, libérateur, parce que nous connaissons Jésus qui a vaincu la mort elle-même – qu’est-ce qui pourrait encore lui résister ? Nous avançons vers l’inconnu, sans savoir ce que Dieu prépare – mais nous pouvons lui faire confiance. Dieu se décrit souvent comme un berger avec son troupeau : le troupeau ne sait pas où il va ! Mais il fait confiance au berger, les brebis se concentrent sur la voix de celui qu’elles connaissent, et elles le suivent, peu importe l’endroit.

  • Un nouveau regard sur nos déserts

Croire à l’incroyable, s’ouvrir à la possibilité de l’intervention de Dieu au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Du coup, cet appel à la foi est aussi une invitation à regarder autrement nos déserts, ces situations qui nous paraissent bloquées, stériles, perdues, décourageantes (« c’est comme ça », « ça ne changera pas », « on n’y peut rien »). Dieu nous invite à les regarder non comme des lieux arides, des lieux de mort dont on ne peut rien attendre, des lieux de découragement, mais comme des endroits que Dieu peut transformer en vallées luxuriantes.

Regardons à Dieu, révélé en Jésus : sa puissance déborde nos limites. Pour Dieu, aucun arbre n’est si sec qu’il ne puisse y faire pousser feuilles, fleurs & fruits. Aucune faute n’est si grande qu’il ne puisse la pardonner – il est lui-même mort pour cela. Aucun esclavage n’est si fort que Dieu ne puisse nous en libérer, et aucun caractère si dur que Dieu ne puisse nous aider à devenir bienfaisants. Depuis quelques dimanches nous prêchons avec Vincent sur le changement – et cette parole d’Esaïe nous rappelle qu’il n’y a rien au monde que Dieu ne puisse changer.

J’ajoute une précision : croire que Dieu peut transformer nos déserts en vallées, croire que Dieu peut faire l’incroyable, ce n’est pas croire que Dieu va réaliser mes rêves les plus fous ! Si vous êtes au chômage, vous n’allez pas forcément trouver du travail le lendemain du jour où vous avez prié. Si vous êtes malade, vous n’allez pas forcément être guéri. Mais Dieu peut faire couler une source dans nos déserts, pas forcément selon le chemin que nous aurions tracé, mais avec une fécondité plus grande que ce que nous imaginons : une disponibilité pour les autres, une persévérance encourageante, une paix profonde, une occasion de témoigner.

Si vous avez l’impression d’être dans une impasse – ou quand vous aurez l’impression d’être dans l’impasse ! – est-ce qu’il serait envisageable de prier ainsi : « ô Dieu, je suis dans un désert. Je me sens seul/ J’ai peur/ je me sens vide ou inutile/ ou bien j’en fais tellement que je me retrouve à sec – toi le Dieu de l’abondance et de la joie, quels fleuves veux-tu faire couler dans ma vie ? Aide-moi à te faire confiance. »

Et si vous êtes dans une oasis, n’est-il pas aussi envisageable de prier ainsi : « ô Dieu, quels fleuves veux-tu faire couler dans ma vie ? A quoi m’appelles-tu aujourd’hui ? Aide-moi à te faire confiance. »

Conclusion

Osons croire en Dieu, un Dieu incroyable et surprenant, qui fait du nouveau et nous entraîne sur des chemins improbables. Osons croire en lui, osons le suivre – chacun avec les défis de notre vie personnelle : demandons-lui où il veut nous emmener ; ensemble dans notre vie communautaire : demandons-lui où il veut nous emmener. Osons lui faire confiance, car Il est le libérateur, le créateur, celui qui œuvre pour la vie et la joie. C’est bien l’objectif que Dieu se donne dans ce texte d’Esaïe : mon peuple chantera sa joie et sa reconnaissance. Le but de Dieu, c’est de nous montrer sa présence et son amour, de se réjouir avec nous et nous avec lui, dans la reconnaissance. Alors osons croire ! Osons le suivre!




Vivre le changement (7) S’adapter à ce que Dieu fait aujourd’hui

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Lecture biblique: Matthieu 9.14-17

14 Les disciples de Jean-Baptiste s’approchèrent alors de Jésus et lui demandèrent : « Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous souvent, tandis que tes disciples ne le font pas ? » 

15 Et Jésus leur répondit :

« Pensez-vous que les invités d’un mariage peuvent être tristes pendant que le marié est avec eux ? Bien sûr que non ! Mais le temps viendra où le marié leur sera enlevé ; alors ils jeûneront.

16 « Personne ne répare un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; car cette pièce arracherait une partie du vêtement et la déchirure s’agrandirait encore.

17 On ne verse pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. On verse au contraire le vin nouveau dans des outres neuves et ainsi le tout se conserve bien. »

Autour de Jésus, beaucoup se posent cette question : pourquoi Jésus, qui passe son temps à parler de Dieu en public et en privé, n’a-t-il pas une spiritualité exemplaire ? Je m’explique : le jeûne dans la religion juive, c’est obligatoire une fois par an pour accompagner le sacrifice du grand Pardon. On jeûne aussi en cas de coup dur : deuil, période de besoin criant, repentance aussi après une faute commise. Et puis vient l’habitude de jeûner chaque semaine, pour rechercher une proximité avec Dieu. Les Pharisiens, les scribes, les disciples de Jean, tous les bons Juifs le font ! Pourquoi pas Jésus?

Alors Jésus répond : le jeûne, c’est très bien, mais ce n’est pas adapté à ce qui se vit à l’instant T. Le jeûne est associé à une recherche, à une tristesse, à un manque : mais Jésus est là ! Que manque-t-il ?? Jésus est là, l’Envoyé de Dieu, le Messie, celui qui sauve et qui guérit. Pourquoi se lamenter ? Il y aura un temps pour les lamentations – Jésus pense à sa mort sur la croix – mais aujourd’hui, il faut célébrer la présence de Dieu parmi les hommes. Il faut s’adapter à ce que Dieu fait aujourd’hui. Si c’est le temps de chanter, chantons ! Si c’est le temps de pleurer, pleurons…

Et Jésus saisit cette occasion d’aller plus loin en donnant deux exemples, comme deux paraboles, que je vais expliciter un peu si comme moi vous n’êtes pas des as de la couture ou de la vinification antique !

  • on ne peut pas rapiécer un vieux vêtement avec du tissu neuf : au lavage, le tissu neuf va rétrécir, et déchirer à nouveau, voire davantage, le vieux vêtement.
  • on ne peut pas mettre à vieillir, à fermenter, le vin nouveau dans des outres qui ont déjà servi. En effet, le cuir neuf des outres neuves va pouvoir se détendre au gré de la fermentation du vin. Mais une outre au cuir déjà détendu ne pourra pas se détendre davantage : en fermentant, le vin nouveau la déchirerait, et on perdrait tout, les outres & surtout, le vin !

Dans notre perspective « Vivre le changement », ce texte vient nous rappeler qu’il nous faut suivre ce que Dieu est en train de faire, s’adapter à son action d’aujourd’hui (et non d’hier).

1) Le changement radical amorcé par Jésus

A l’époque de notre texte, dans leur « aujourd’hui », Dieu a envoyé son Fils, et c’est un changement radical. Jésus vient apporter la Bonne Nouvelle de l’amour hors cadres de Dieu – les malades sont guéris, les impurs invités, les étrangers accueillis… Sans commettre le mal, Jésus montre souvent que l’amour extraordinaire de Dieu bouscule les anciennes règles : en venant incarner Dieu parmi les hommes, il ouvre un autre temps dans notre histoire.

Jésus va montrer par exemple que nos actions, nos bonnes intentions, nos valeurs, ne suffisent pas pour nous rendre dignes de l’amour de Dieu – il y a toute notre face sombre… Mais Jésus, par amour, va porter notre culpabilité, la compenser, l’expier, et il nous offre le pardon de Dieu : il n’y a qu’à recevoir ! Pas besoin de paraître bien, pas besoin d’en faire plus que les autres, pas besoin de s’appuyer sur des pratiques rituelles : par la foi, pardon et salut nous sont offerts.

L’Eglise des premiers temps va en tirer des conséquences très concrètes : puisque Jésus, dans sa mort, compense parfaitement notre injustice, il n’y a plus besoin de faire de sacrifices d’animaux – il est le sacrifice unique. L’apôtre Pierre va comprendre ainsi qu’on n’entre pas dans le peuple de Dieu par des règles extérieures, par des rituels ou une lignée particulière, mais qu’on est enfant de Dieu seulement sur la base de notre foi en Jésus. Plus besoin de circoncision, de règles alimentaires, ou de rituels : par sa mort et sa résurrection, Jésus nous rend pleinement dignes de vivre avec Dieu. La preuve, il envoie son Esprit à tous ceux qui croient, même aux non-Juifs, comme Corneille.

Ainsi, tout ce qui perd son sens avec la venue de Jésus est mis de côté, mais les premiers chrétiens gardent les pratiques juives comme le chant, la méditation de la Parole de Dieu, la prière ou l’entraide, car elles restent pertinentes pour connaître Dieu, lui parler, et mettre en pratique sa volonté.

2) S’adapter : « qu’est-ce qui est approprié ? »

Qu’est-ce qui est approprié à ce que Dieu fait aujourd’hui ?

L’action tonitruante de Dieu il y a 2000 ans, c’est l’envoi bouleversant de son Fils pour nous sauver, c’est le pardon de Dieu à tous ceux qui croient, peu importe qui ils sont.

Mais Dieu continue d’agir aujourd’hui : pas en envoyant un nouveau Jésus ou en changeant la façon dont il nous pardonne, mais en appelant jour après jour de nouvelles personnes, en leur offrant sa vie et sa liberté, sa joie et ses dons… C’est moins radical à observer qu’au temps de Jésus, de Pierre et Corneille, mais Dieu continue de transformer des vies, et de faire grandir son peuple. Alors forcément, puisque l’action de Dieu change la donne, cette question revient siècle après siècle : est-ce que notre façon de faire, héritée d’hier, est adaptée au peuple que Dieu se compose aujourd’hui ? (est-ce que ma voiture est adaptée à l’arrivée d’un deuxième enfant ?)

Cette image du vin et des outres nous rappelle avec force qu’il faut se poser la question : le vin nouveau est là – est-ce que nous avons les bonnes outres ? Est-ce que notre façon de vivre est adaptée à ce que Dieu fait aujourd’hui en nous et autour de nous ? Nos activités, nos groupes, nos habitudes, sont appropriés pour notre église aujourd’hui ?

Cette question fait peur… Et c’est normal ! Elle fait craindre qu’on jette tout, qu’on renie le passé et qu’on s’embarque dans je ne sais quelle mode. Et c’est douloureux, car telle activité correspond à la façon dont untel s’est tourné vers Jésus, tel chant évoque pour l’autre l’enfance et la découverte de Dieu avec la famille, etc. La crainte du changement n’est pas forcément rétrograde, mais vient parfois de l’attachement aux bonnes choses héritées du passé, ou de la peur de traverser de trop grands dangers.

Mais Jésus ne dit pas de tout jeter, d’abandonner les outres à tout prix pour avoir le dernier contenant à la mode ! Non, simplement il nous invite à nous demander régulièrement pourquoi nous agissons de telle ou telle manière. Pourquoi jeûnez-vous, dit-il aux disciples de Jean ? Et nous, pourquoi utilisons-nous telle forme, dans notre vie personnelle ou communautaire ? Si c’est par habitude ou conformisme, est-ce que c’est encore conforme, approprié, à ce que Dieu est en train de réaliser aujourd’hui ? Attention, ça peut rester pertinent ! Lire la Bible aujourd’hui reste le meilleur moyen de connaître Dieu et sa volonté, par exemple : c’est irremplaçable ! Mais… on peut changer de traduction, on peut lire un passage sur son téléphone dans le métro pour inspirer notre journée… Qu’est-ce qui est approprié ? Face à ce que Dieu fait aujourd’hui, est-ce que notre façon d’y répondre a du sens ?

3) Un appel au discernement : quelles sont nos priorités ?

En fait, derrière cette image du vin et des outres, il y a un appel à discerner les priorités. On peut parfois se laisser happer par la comparaison des outres : il y a celles au cuir patiné par le temps, peut-être cousues par une grand-mère qui nous aimait tendrement… Et les autres : rêches, rigides, comme ces chaussures toutes neuves dans laquelle on a vite des ampoules.

Mais au-delà des outres, qu’est-ce qui compte vraiment ? (…) le vin ! Le vin nouveau, fraîchement récolté et mis à fermenter pour faire une cuvée délicieuse, dans quelque temps. La priorité, l’objectif, c’est le vin, et non les outres ! Le vin nouveau, c’est le fruit de ce que Dieu fait aujourd’hui, de ses récoltes précieuses… Ce sont les chrétiens présents depuis quelques décennies, depuis quelques années, depuis quelques jours… Le vin nouveau, ce ne sont pas que les jeunes, c’est la réalité (inédite) que nous formons aujourd’hui, avec notre diversité. Pouvons-nous vraiment nous permettre de prendre le risque de laisser perdre ce vin parce que nous préférerions les vieilles outres distendues, adaptées au vin d’hier, à la réalité des générations passées ? Dieu fait bouillonner (fermenter ?) son Esprit en nous et autour de nous parce qu’il a en vue une récolte qu’il juge précieuse… N’avons-nous pas, nous qui formons l’église (et je ne parle pas que des pasteurs et du conseil : tous nous sommes l’Eglise, tous nous participons à la façonner) la responsabilité de chercher ce qui va aider chacun ici à fermenter librement, qu’il soit dans l’église depuis 2 mois ou depuis 35 ans ? A grandir dans la foi, à mieux suivre Dieu, à découvrir ses dons, à les mettre en pratique… Même si ça sort de nos habitudes ?

Conclusion

Pour conclure, je voudrais vous demander d’imaginer quelques instants la cave de Dieu… fermez les yeux si vous en avez besoin. A droite, il y a les vieilles bouteilles : millésimes 214, 812, 1517 (quand même, la réforme c’est une bonne cuvée !), 1849 (la naissance de notre union aussi 😉 ). A gauche, des bouteilles plus récentes : 1964, 1981, 1991, 2001 (allez regarder sur la frise du panneau Vitalité pour comprendre). Et la cuvée 2018 ? Elle est en cours de mise en bouteille… Quelle forme va-t-choisir ? Quelle méthode ? Qu’est-ce qui est approprié à cette récolte de Dieu ? De quoi avons-nous besoin pour que l’église fermente de façon optimale ?

Osons nous demander régulièrement : qu’est-ce que Dieu fait aujourd’hui ? Dans ma vie ? Dans notre église ? et du coup : comment puis-je y répondre de façon appropriée ? Comment pouvons-nous participer à l’œuvre de Dieu aujourd’hui, suivre sa piste, parcourir son chemin ? ne nous reposons pas sur les acquis, mais toujours, demandons l’inspiration de l’Esprit de Dieu pour nous aider à vivre avec Dieu.




Vivre le changement (4) la dynamique de l’Esprit

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Par le baptême, le croyant signifie son entrée officielle dans le peuple de Dieu, dans le royaume de Dieu. Ces mots évoquent pour nous des réalités diverses, voire nous plongent dans la confusion. C’est normal ! Même les proches de Jésus avaient du mal à comprendre, alors qu’ils avaient passé près de 3 ans avec lui. Mais les clarifications de Jésus ne vont pas aller dans le sens qu’ils imaginaient.

Lecture biblique: Actes 1.3-9

3 Après sa mort, Jésus se présente à ses apôtres, et il leur prouve de plusieurs façons qu’il est bien vivant. Pendant 40 jours, il se montre à eux et il leur parle du Royaume de Dieu. 
4 Un jour, pendant qu’il mange avec eux, il leur donne cet ordre : « Ne quittez pas Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis. Moi-même, je vous l’ai déjà annoncé : 5 Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, dans quelques jours, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint. »
6 Les apôtres sont donc réunis avec Jésus et ils lui demandent : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir le royaume d’Israël ? » 
7 Jésus leur répond : « Vous n’avez pas besoin de connaître le temps et le moment où ces choses doivent arriver. C’est mon Père qui décide cela, lui seul a le pouvoir de le faire.  8 Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. » 
9 Après que Jésus a dit cela, il monte au ciel sous les yeux de ses apôtres. Ensuite, un nuage le cache, et ils ne le voient plus.

Dans ses derniers moments sur terre, Jésus se focalise sur le Royaume de Dieu – c’est-à-dire, là où Dieu est roi, là où il règne en souverain maître. Manifestement c’est un peu nébuleux, et les disciples ne savent pas trop quoi faire de ce que Jésus leur annonce. Il parle de la venue de l’Esprit de Dieu sur les croyants, ce qui est arrivé peu après cette discussion, un jour de fête juive, la Pentecôte, ce que nous fêterons dimanche prochain. Ce don accomplit une promesse ancienne : dans les jours où Dieu se manifesterait, il enverrait son Esprit sur les croyants, comme une connexion intime et personnelle avec lui. Il habiterait non plus dans un temple de pierre, mais dans le cœur de ceux qui lui feraient confiance. Cette promesse s’accompagnait d’une autre : Dieu restaurerait son royaume. Pour le peuple d’Israël, qui a perdu son pays, son temple, son roi, la restauration du royaume c’est le rêve ultime. Imaginez un homme accidenté qui a perdu l’usage de ses jambes, la possibilité de se déplacer seul et de travailler : qu’imaginer de mieux que la guérison de ses jambes ?

Mais Jésus montre que Dieu a autre chose en tête, des projets plus grands que ce rêve-là.

1)     Un règne d’abondance

Jésus parle d’un royaume dans lequel on n’entre pas par un rite extérieur, comme un baptême d’eau, mais par une connexion intérieure avec Dieu – ce qu’il appelle le baptême de l’Esprit. Ca ne disqualifie pas le baptême d’eau ! Mais ce n’est plus le critère principal pour dire qui appartient à la famille de Dieu. Le baptême d’eau va servir de signe visible pour dire aux autres que nous avons déjà plongé dans une relation vivante avec Dieu, une relation spirituelle, profonde, intérieure – invisible mais rendue visible par la plongée dans l’eau. Derrière le signe extérieur, il y a une adhésion intérieure.

Le don de l’Esprit, c’est l’inauguration d’un règne d’abondance. Oui, jusque là, on cherchait Dieu, on l’appelait à l’aide, on l’attendait. Mais maintenant, Dieu se rend présent en nous. Non seulement il nous donne le pardon et une nouvelle chance en Jésus, mais en plus il vient habiter notre vie. Ce que Jésus promet aux croyants, c’est que nous n’aurons plus à chercher Dieu dans l’incertitude de le trouver – parce que Dieu qui est venu à nous en Jésus, vient en nous par l’Esprit. Ca ne veut pas dire qu’il réponde à toutes nos questions comme on le voudrait, mais sa présence nous imbibe jusqu’au plus profond de notre être. On passe du partiel/ de l’extérieur/ de la quête, à l’abondance et à la paix.

Je prends une image : imaginez que vous sortiez avec une jeune femme qui habite dans un autre pays. Vous vous aimez, mais s’appeler n’est pas toujours facile avec les horaires décalés, et pour vous voir c’est pire. Mais un jour, vous vous mariez et vous commencez à habiter ensemble : quelle différence ! Elle est là ! Tous les matins ! Vous prenez votre café ensemble, vous échangez sur les détails de la vie, vous partagez le quotidien. Tout n’est pas simple : il faut quand même s’apprivoiser, faire des efforts, veiller à la communication… Mais c’est le jour et la nuit par rapport à avant.

Quand Dieu vient habiter notre vie par l’Esprit, c’est un peu comme ça : il y a des temps de dialogue, et de silence, mais il est là, à portée de main, vous en avez l’assurance. Dieu est là pour vous, il partage votre quotidien, il vous montre son amour dans des petites et des grandes attentions, à chaque instant.

2)     Une vocation de témoins

Jésus promet aux disciples la présence de l’Esprit de Dieu, la présence de Dieu lui-même au cœur de leur vie. Mais Dieu ne vient pas seulement nous rejoindre, il donne un sens, un but, une orientation à notre existence : être témoins de Jésus là où nous allons.

Témoins. Les disciples ont demandé quand le royaume d’Israël sera restauré. Mais Jésus, lui, écarte la question : connaître les détails de l’avenir n’est pas notre responsabilité. Mais, même si nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait, nous avons un présent à vivre, dans lequel résonne une vocation : soyez mes témoins.

Les disciples vont être des témoins uniques, puisqu’ils sont témoins oculaires de Jésus ressuscité. Mais nous, qui n’avons pas connu Jésus physiquement, nous sommes aussi témoins de ce que Dieu nous montre par son Esprit, à travers Jésus.

Etre témoin, qu’est-ce que c’est ? Il y a de l’authenticité : je montre ce que je vis, je laisse ma relation intérieure avec Dieu renouveler mon quotidien, mes actes, mes paroles, mes pensées, mes désirs, mes valeurs. C’est exprimer la vérité de notre expérience avec Dieu. Mais Jésus va plus loin : il nous invite à proclamer, à partager, à inviter ceux qui nous entourent à découvrir le Dieu qui nous fait vivre.

Jésus parle d’un peuple qui grandit sans cesse : quelques dizaines à son époque, 1 bon milliard aujourd’hui. Pourquoi ? Par peur du prosélytisme, on pourrait tiquer… Peut-être même qu’il y a ici des personnes qui viennent pour la première fois, et qui se disent : « non, on va me faire signer quelque chose à la fin ?… »

Pas du tout ! Jésus ne nous demande pas d’imposer aux autres ce que nous croyons ! Qu’aurions-nous à y gagner ? Nous sommes heureux de partager ce culte avec vous, mais nous n’avons rien à vendre, il n’y a pas de piège, pas de condition cachée. Si nous partageons notre foi, ce n’est pas par intérêt, mais par joie, parce que Jésus nous fait vivre une expérience incroyable avec Dieu.

Quasiment tous, nous avons une passion : la pêche, la cuisine, les voitures, l’astronomie, le foot, la musique, la lecture, le scrapbooking, les animaux… Et vous le savez, quand on branche quelqu’un sur sa passion, on ne peut plus l’arrêter. Même le moins bavard… Tout simplement parce que sa passion le rend heureux.

Etre témoins, c’est être passionnés par Jésus : comme l’a dit Anna tout à l’heure, Jésus s’est donné pour nous par amour. Pour nous donner une vie vraiment libre, libre du regard des autres, libre de la culpabilité, libre de la peur, libre de nos défauts mêmes – une vie où tout est possible parce que Dieu y habite. Alors si on parle de Jésus, c’est tout simplement pour partager ce qui nous fait vibrer avec d’autres, la paix, la joie, l’espérance. Du cercle fondamental de notre intérieur, la vie avec Dieu va rayonner.

3)     Ouvrir les frontières

Vous l’avez compris, le Royaume dont parle Jésus n’est pas un royaume politique, avec des frontières, et un chef humain ! C’est d’abord un royaume intérieur, dans le sens où Dieu vient régner, habiter, en nous. Ce n’est pas un cadre tout fait dans lequel je dois entrer, mais une relation vivante avec Dieu, qui m’implique de la tête aux pieds. Et toutes les personnes qui reconnaissent Dieu comme leur Dieu, qui reconnaissent Jésus comme leur Sauveur, ces personnes forment ensemble le royaume visible de Dieu. Nous sommes ce matin un petit morceau de ce royaume !

Ce royaume n’a pas de frontière : Jésus dit bien aux disciples (qui n’ont pas compris tout de suite) que le royaume de Dieu va déborder les frontières d’Israël. La lumière que Dieu donne, on ne peut pas l’empêcher de rayonner.

Pour un Juif qui se définit comme membre du peuple élu, par la distance avec les autres, c’est presque impensable. Mais dans l’Eglise, Jésus nous demande de changer de mode de fonctionnement. Nous avons cette histoire où l’apôtre Pierre témoigne de Jésus à un étranger, Corneille, et découvre que dans la famille de Dieu il n’y a pas de frontières. NI extérieures, ni intérieures. L’apôtre Paul aura la même prise de conscience : tous, Juifs et non-Juifs, maîtres et esclaves, hommes et femmes, tous ont le même statut aux yeux de Dieu en Christ. Tous sont habités par l’Esprit. Donc ! tous ont la même valeur dans l’Eglise. Que ce soit des membres historiques de la communauté ou des petits nouveaux, des personnes bien vues socialement ou atypiques : le seul critère, c’est Jésus.

Alors c’est très beau, mais ce n’est pas très confortable… avec la différence arrivent les malentendus, les cultures qui s’entrechoquent, la nécessité de s’adapter, de tester de nouvelles choses, de trouver de nouvelles manières de vivre, mais c’est là, dans l’échange et l’exploration de nouveaux horizons, c’est là que Dieu se manifeste.  Imaginez si les disciples étaient restés à Jérusalem : nous n’aurions pas connu Jésus. Nous aurions raté ce qui nous fait vivre. Heureusement que les disciples ont pris des risques, heureusement qu’ils se sont pris la tête avec les petits nouveaux, les étrangers, les païens…

Conclusion

Juste avant de partir au ciel, Jésus laisse à ses disciples des paroles qu’ils ne décoderont que plus tard : la promesse d’une vie abondante avec Dieu, et la responsabilité de partager cette abondance avec ceux que nous rencontrons. Jésus ne dit pas que ça se fera dans le confort et la tranquillité – si vous lisez la suite, vous comprendrez mieux : il y a des persécutions, des procès… Mais c’est là notre identité de chrétiens, une identité donnée par Dieu lui-même : l’Esprit qui nous relie à Dieu, qui nous connecte à Jésus, cet Esprit nous donne une vie nouvelle, à expérimenter et à partager sans restrictions.




Vivre le changement (2) la sanctification

https://soundcloud.com/eel-toulouse/vivre-le-changement-2-la

Je continue la série commencée la semaine dernière avec Vincent : vivre le changement. Aujourd’hui, nous allons rester sur le développement de la vie chrétienne, ce qu’on appelle parfois la sanctification. J’ai choisi un texte de l’apôtre Paul, qui écrit à des chrétiens en Grèce, à Philippes. Paul veut les encourager à progresser dans leur vie chrétienne.

Lecture biblique: Philippiens 2.12-16a

Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, non pas seulement en fonction de ma présence mais d’autant plus maintenant, en mon absence, mettez en œuvre votre salut avec crainte et tremblement. 13 Car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire pour son bon plaisir.

14 Faites tout sans maugréer ni discuter, 15 pour être irréprochables et purs, enfants de Dieu sans défaut au milieu d’une génération perverse et dévoyée, dans laquelle vous brillez comme les lumières du monde, 16 en portant la parole de la vie. 

Paul ne fait pas dans le politiquement correct ! Surtout la dernière phrase… C’est comme ça que vous vous décrivez ? Les mots sont forts ! Et l’ambition, élevée : être irréprochables, purs, lumières du monde, porteurs de vie… Ca paraît très présomptueux ! Un peu méprisant aussi pour la génération perverse et dévoyée… Mais même si les mots pour le moins nous interpellent, le message de Paul ne nous est pas si étranger. Nous désirons faire quelque chose de notre vie : de faire la différence, d’être utiles, d’agir pour la justice, de faire du monde un espace plus fraternel et bienveillant – ça c’est en termes politiquement corrects ;). Pas forcément dans l’univers entier ! Mais au moins autour de nous : dans notre famille, avec nos enfants, nos amis, au travail – que notre vie ait un impact positif sur ceux qui nous entourent. Et que nous ne soyons pas rangés avec les corrompus, les lâches, les menteurs, les indifférents, les égoïstes… sans même parler des pervers !

Paul nous dit que nous pouvons assumer cette ambition élevée, car ce n’est pas la nôtre : c’est celle de Dieu ! Notre ambition n’est pas le fruit de l’égoïsme ou de l’orgueil, mais de la vocation que Dieu lui-même nous adresse, à chacun de nous.

En effet, grâce à Jésus, nous recevons le pardon de Dieu pour nos compromissions, nos fautes, nos failles, nos déviances… En lui nous sommes innocents, purs, saints aux yeux de Dieu ! Par grâce ! Mais nous ne recevons pas que le pardon… Nous recevons aussi une vocation : que la vie de Dieu se diffuse en nous, dans tous les domaines de notre vie, et autour de nous, pour faire la différence. La sanctification, c’est simplement ce parcours de vie où nous apprenons à vivre comme Dieu, à briller de la même lumière que lui. Pas pour obtenir le salut, mais pour le laisser transformer notre vie. Nous apprenons à assumer la sainteté que Jésus nous a accordée. Beau projet de vie, non ?

1)     Un chantier permanent       

La sanctification, c’est un parcours, ou pour prendre une autre image, un chantier. Et nous sommes tous concernés par ce chantier. Le salut reçu en Jésus, c’est le projet d’architecte validé par l’urbanisme. En plus Jésus nous donne les fonds : il a payé pour que nous puissions construire cette vie belle et bonne.

La difficulté, je l’avoue, c’est que le chantier de notre sainteté ne sera jamais vraiment terminé sur terre… Même quand on aura posé les fondations, qu’on aura bâti les murs, mis en place électricité et tuyauterie, posé les placos, peint les murs… il restera des failles à combler, des finitions à rattraper, une toiture ou un crépi à refaire… Même quand les grues ont quitté le chantier, une maison s’entretient toute la vie !

Sachant cela, est-ce que ça vaut le coup de se lancer dans le chantier ? Oui !!! parce qu’on peut espérer aller assez loin pour que cette maison devienne un beau lieu de fraternité et d’amitié, de joie et de chaleur, même s’il reste toujours des travaux à accomplir.

Permettez-moi d’insister sur le chantier permanent. Nous sommes tous en chantier – ne vous laissez pas impressionner par les belles façades des autres ! Nous avons tous besoin que la vie de Dieu nous transforme un peu plus profondément. Que nous soyons jeunes ou vieux, convertis depuis peu ou depuis longtemps, pasteur ou visiteur pour la première fois : nous sommes tous en chantier.

Toute notre vie, à 7 comme à 87 ans, nous avons un double mouvement à vivre : abandonner ce qui nous sépare de Dieu, couche par couche, et renoncer à ce qui nous déforme. Pour certains points ce sera facile, pour d’autres, nos points faibles souvent, il faudra revenir à la charge ! Parfois ce sera la tentation du pouvoir, du mensonge, de l’argent, le regard qu’on porte sur l’autre, la peur, une tendance à l’orgueil ou à l’amertume…

Evacuer… pour construire ! Laisser le salut avoir des résultats concrets, positifs, dans notre vie : l’humilité, la générosité, la bienveillance, la joie, la paix, la patience, l’amour de la vérité… et toujours la foi ! Toujours nous avons besoin de redécouvrir qui est Dieu, quel regard il porte sur nous, l’ampleur de sa puissance et de son amour… Devant une nouvelle situation (naissance d’un enfant, mariage, deuil, nouveau travail ou perte de travail, une maladie…), bien souvent il nous faudra réapprendre à faire confiance à Dieu. Ce qui était acquis dans tel contexte devra se réapprendre dans un autre. Ce qu’on aura appris à 40 ans, on le réapprendra, autrement, à 80 ans…

2)     L’équipe de constructeurs   

Quelle équipe pour ce chantier ? Nous, bien sûr ! Mais heureusement, nous ne sommes pas seuls ! Dieu travaille avec nous. Plus, dit Paul, Dieu opère en nous le vouloir et le faire. Autrement dit, il nous donne l’impulsion et les forces pour aller dans la bonne voie. Dieu pèse avec poids en faveur de notre changement. Il vient nous aider, faire avec nous, faire pour nous quand nous sommes trop démunis. De l’intérieur, par l’Esprit, il prépare le terrain, renforce les décisions, enracine les nouvelles habitudes que nous prenons…

Vous avez peut-être déjà expérimenté ça : « normalement, avec untel ou devant telle situation, j’aurais réagi comme ça, mais là, pas du tout ! J’étais patient/ calme/ je me suis tu au lieu de parler/ j’ai résisté. » C’est Dieu qui a raccordé l’électricité et permis de mettre une lampe là où c’était sombre. Et je n’ai encore jamais vu quelqu’un se lamenter de ne plus se reconnaître : eh oui, Dieu enlève ce qui est mauvais en nous, ce qui nous afflige et nous déforme. Par contre, tout ce qu’il construit c’est avec du beau matériel, pour améliorer la construction.

Si Dieu travaille avec et pour nous par son Esprit, est-ce que nous avons encore notre place dans l’équipe ? Oui ! car Dieu ne travaille pas sans nous. D’une part il faut bien lui laisser les clefs – j’ai l’impression que sur certains sujets, Dieu ne va pas travailler si on ne le lui demande pas. D’autre part, Dieu nous confie des tâches à accomplir avec lui : nous ne sommes pas sur le côté à regarder de loin, mais avec lui au cœur de l’action, à apprendre, tester, s’entraîner.

3)     Les outils 

Une équipe sans outil n’ira pas très loin ! J’en nommerai 3 – ce n’est pas exhaustif !

  • la Bible : nous y apprenons à connaître Dieu, son projet pour nous, ce qu’il faut évacuer et ce qu’il faut construire. C’est notamment là que Dieu nous parle et nous inspire pour notre vie. Peu importe la version, la longueur des textes, si nous utilisons un guide, un site, ou pas. Si nous sommes lassés d’une façon de faire, faisons autrement ! L’essentiel, c’est de se plonger régulièrement dans ces textes où Dieu nous parle.
  • la prière : elle nous met en relation avec Dieu. Mais c’est aussi un temps où nous apprenons à voir les choses autrement, à orienter nos désirs, notre ambition, notre volonté dans une meilleure direction – Dieu nous transforme dans la prière.

La prière et la lecture de la Bible, seul ou en groupe, dans l’échange et l’encouragement ou le recueillement, sont des outils essentiels pour grandir.

  • les moments pivots, bons ou mauvais. parfois des prises de conscience, des rencontres, des grandes décisions. parfois des difficultés. Nous ne pouvons pas les provoquer – et dans le cas des difficultés, nous ne voulons pas ! Pourtant, dans le bon comme dans le mauvais, Dieu est à nos côtés, Dieu agit en nous et pour nous. Pour ce qui est douloureux, nous avons tendance à dire : surtout pas ! Mais pour de nombreux croyants, c’est aussi dans la difficulté qu’ils ont grandi. Il ne s’agit pas de chercher la souffrance, ou l’épreuve, mais de prendre conscience que c’est aussi un outil que Dieu utilise. Car dans les moments difficiles en particulier, nous nous recentrons sur l’essentiel. C’est là que nous nous débarrassons du superflu, de ce qui détruit, de ce qui est à la mauvaise place. C’est là que nous apprenons à mettre en pratique la foi et la grâce. Ce sont des moments où nous apprenons de Dieu de manière privilégiée, si nous les vivons avec lui.

Conclusion

Un chantier permanent, avec une équipe de choc, et des outils simples mais efficaces ! Quel est le rythme du chantier ? Nous savons tous qu’il y a des périodes où ça avance plus vite que d’autres. Parfois c’est normal : il faut laisser la peinture sécher… laisser se consolider ce que nous venons de construire avant d’ajouter autre chose. Mais à d’autres moments, on a l’impression que le mur qu’on vient de construire s’écroule… Alors il faut revenir aux fondements, aux fondations, au Christ, à ce qu’il est pour nous et ce que nous sommes pour lui. C’est pareil quand on stagne : là aussi, revenons au salut et à l’appel que nous avons reçu. Retrouvons la vision globale du projet de Dieu. Reprenons nos outils, et demandons à Dieu de venir relancer le chantier. D’expérience, Dieu ne laisse pas ce genre de prière sans réponse ! Car l’objectif est trop grand pour que Dieu ne fasse pas tout ce qui est possible pour nous aider à l’atteindre : briller comme des lumières dans ce monde. Etre des relais de la lumière que Dieu est. Porter aux autres la bonté de Dieu, la paix de Dieu, la justice de Dieu. Dieu a donné son propre fils pour que nous puissions devenir nous-mêmes porteurs de sa lumière. Alors laissons la lumière de Dieu nous éclairer, nous purifier, nous transformer !

Pour terminer, je vous invite à un moment de prière, avec cette question : où en êtes-vous dans ce chantier ? où en êtes-vous avec Dieu ? que vous soyez au début ou vers la fin du chantier, dans quel domaine aimeriez-vous voir des changements ? est-ce que vous avez l’impression peut-être de stagner ? nous avons tous besoin de nous replacer devant Dieu.

Canevas




Près du tombeau vide

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Lecture biblique: Jean 20.1-18

1 Le dimanche matin, très tôt, Marie de Magdala part vers la tombe. Il fait encore nuit. Il y avait une grosse pierre à l’entrée et Marie voit qu’on l’a enlevée. 2 Alors elle part en courant, elle va trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait. Elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de la tombe, et nous ne savons pas où on l’a mis ! » 
3 Pierre et l’autre disciple partent, ils vont vers la tombe. 4 Ils courent tous les deux ensemble, mais l’autre disciple court plus vite que Pierre et il arrive le premier à la tombe. 
5 Il se penche et il voit les bandes de tissu posées par terre, mais il n’entre pas. 6 Simon-Pierre arrive après lui. Il entre dans la tombe, il regarde les bandes de tissu posées par terre. 7 Il regarde aussi le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus. Ce linge n’est pas posé avec les bandes de tissu, il est enroulé à part, à un autre endroit. 8 Alors l’autre disciple, celui qui est arrivé le premier à la tombe, entre, lui aussi. Il voit et il croit. 
9 En effet, les disciples n’avaient pas encore compris ce que les Livres Saints annonçaient : Jésus doit se relever de la mort. 10 Ensuite les deux disciples retournent chez eux. 
11 Marie est restée dehors, près de la tombe, et elle pleure. En pleurant, elle se penche vers la tombe, 12 elle voit deux anges habillés avec des vêtements blancs. Ils sont assis à l’endroit où on avait mis le corps de Jésus, l’un à la place de la tête, et l’autre à la place des pieds. 13 Les anges demandent à Marie : « Pourquoi est-ce que tu pleures ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » 
14 En disant cela, elle se retourne et elle voit Jésus qui est là. Mais elle ne sait pas que c’est Jésus. 15 Jésus lui demande : « Pourquoi est-ce que tu pleures ? Qui cherches-tu ? » Marie croit que c’est le jardinier. Alors elle lui dit : « Si c’est toi qui as emporté le corps de Jésus, dis-moi où tu l’as mis, et j’irai le prendre. » 16 Jésus lui dit : « Marie ! » Elle le reconnaît et lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » Cela veut dire : Maître. 17 Jésus lui dit : « Ne me retiens pas ! En effet, je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur de ma part : “Je monte vers mon Père. Il est aussi votre Père. Je monte vers mon Dieu. Il est aussi votre Dieu.”  »
18 Alors Marie de Magdala va annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur. » Et elle leur raconte ce qu’il a dit.

A chaque fois, c’est le même étonnement. Devant l’étrangeté de cette histoire. La foi chrétienne est bâtie sur la foi en la résurrection du Christ, et pourtant, Jésus ici apparaît presque en second rôle… le miracle n’est pas décrit, Jésus ressuscité non plus – tout ce qu’on a sur lui, c’est quelques paroles. Par contre, le projecteur se braque sur les disciples, hommes et femmes, de ce matin de Pâques. C’est avec leurs yeux que nous découvrons le Christ ressuscité, non comme une théorie ou une belle métaphore, mais comme un événement historique dont les disciples se font témoins. On est plongé dans le concret de leur expérience : dans le demi-jour de l’aube naissante, règnent la tristesse, l’inquiétude, l’agitation, la confusion. Des femmes et des hommes comme nous, déroutés par la Croix.

A chaque fois je m’étonne de ces témoignages sobres et prosaïques – nulle trompette, nul triomphe, nul cortège d’anges pour chanter « Gloire à Dieu dans les cieux ». Pas de leçon non plus, pas de théologie, simplement une expérience – vécue par les premiers disciples, vécue par des milliards de chrétiens, une expérience à vivre aujourd’hui.

1)     La foi par différents chemins

Jean cite trois des premiers témoins de la résurrection : Marie de Magdala, Pierre, et le disciple que Jésus aimait (probablement Jean lui-même). Trois témoins, trois chemins. 3 chemins que je vous invite à reparcourir ensemble.

C’est Marie qui lance l’alerte : arrivée tôt au tombeau pour s’occuper du corps de Jésus, elle constate que le tombeau est ouvert. Il y a beaucoup de profanations de tombes à l’époque – on vole les corps et les objets. En plus, Jésus était très en vue, connu du grand public, arrêté et condamné dans des conditions troubles… Marie a peur, alors elle appelle la cavalerie : les disciples. Pierre l’intrépide et Jean se précipitent sur-place, et tous les deux sont confrontés à la réalité du tombeau vide. D’abord Pierre, puis Jean, constatent que la tombe est trop bien rangée pour qu’il y ait eu un vol : des malfrats auraient sûrement pris les tissus précieux, ils n’auraient pas dénudé le cadavre, et si une bandelette était tombée par terre dans la précipitation, ils ne l’auraient pas rangée !

Le tombeau vide et les linges rangés suffisent pour que Jean croie. Il croit sans comprendre : non pas que la foi s’appuie sur la bêtise ! Mais avant de comprendre intellectuellement, avant de saisir toute la portée théologique de l’événement, sans peut-être pouvoir mettre des mots dessus, Jean a cette intuition profonde que Dieu a agi, on ne sait pas comment, mais Jésus n’est plus dans la tombe, ce n’est plus le banal cadavre d’un énième condamné à mort : Dieu a agi. Le Dieu qui fait vivre a vidé la tombe et balayé la mort. C’est de l’ordre de l’évidence : Jean croit ! Il y a plusieurs façons de rencontrer Dieu, et parfois c’est simplement cette conviction dans nos tripes que Dieu est là. Que Dieu a conduit telle situation, a permis telle guérison ou telle réconciliation, a arrangé telle « coïncidence ». Cette impression d’être devant l’empreinte de Dieu, comme s’il marchait devant nous, invisible mais présent.

Pendant ce temps, Marie est revenue près du tombeau. Elle est la première à rencontrer le Christ vivant, ressuscité. Mais dans sa peine, ses larmes, son inquiétude, toute préoccupée par la mission qu’elle s’est donnée de retrouver Jésus, elle ne le reconnaît pas. Elle pense voir des hommes bien habillés – sans saisir qu’ils sont les messagers de Dieu. Elle pense voir le gardien du jardin, peut-être responsable du transfert du corps de Jésus – le généreux propriétaire du tombeau qui avait fait de la place à Jésus se serait-il ravisé ? Aurait-il finalement déplacé le corps pour ne pas être associé au condamné crucifié ? Marie est prise dans ses pensées.

Comment peut-elle ne pas reconnaître Jésus ? Peut-être que Jésus est différent d’avant, peut-être voit-elle mal ses traits dans l’obscurité et les larmes, peut-être aussi qu’elle ne le regarde à moitié, sans lui porter attention. C’est tellement impensable de voir Jésus debout qu’elle ne le voit même pas ! Marie est si absorbée par ses préoccupations qu’elle ne décode rien de ce qui l’entoure : elle a sa clef de lecture (Jésus a été déplacé) et tout ce qu’elle enregistre est interprété à cette lumière. Marie de Magdala est si proche de nous, dans notre capacité à nous auto-aveugler, à nous focaliser sur nos peurs ou nos missions au point de rater l’évidence : Dieu est présent. Jésus doit l’appeler par son nom pour qu’elle voie. C’est par une interpellation directe qu’il perce son aveuglement. Comme s’il la secouait par les épaules : « Marie, c’est moi ! »

Et là elle croit, elle se prosterne, elle le saisit – soulagée, stupéfaite, heureuse. Et Jésus lui donne alors une nouvelle mission, elle repart avec un objectif clair (témoigner auprès des autres disciples) – mais je reviendrai aux paroles de Jésus.

Car il nous reste un troisième témoin. Pierre, lui, repart ébranlé, perturbé, sans savoir trop quoi penser. Comme les autres disciples, il aura besoin de voir Jésus ressuscité pour croire. Il aura besoin d’une preuve directe – pour l’instant, il se pose des questions. Peut-être que certains parmi vous se sentent plus proches de Pierre : intrigués, ni croyants ni non-croyants, devinant que Dieu agit mais hésitant à sauter le pas de l’incroyable. Peut-être que, comme Marie et les autres disciples, vous avez besoin d’une rencontre personnelle, indubitable, avec Dieu – mais qu’il y a encore du chemin avant d’être prêt à vivre cette expérience. La bonne nouvelle, c’est que près du tombeau vide, il y a de la place aussi pour votre chemin.

Le témoignage de Jean raconte les choses telles qu’elles se sont passées, avec honnêteté et sobriété. Étonnamment, près du tombeau vide, le Christ est peu présent. Ce sont les disciples qui occupent le devant de la scène. L’accent ne porte pas sur le miracle, mais sur la réaction des hommes, sur leur foi ou leurs questions. Car Jean ne veut pas nous faire rêver en nous racontant des histoires, même merveilleuses – il veut que nous nous prenions position : et moi, qu’est-ce que je crois ? Devant le tombeau vide et bien rangé, devant tous les témoignages de ceux qui ont rencontré de Jésus ? Devant l’assurance de Marie ? Devant les doutes de Pierre qui, quelques semaines plus tard, risquera sa vie pour prêcher sur la grande place la nouvelle du Christ ressuscité ?  C’est bien de fêter Pâques, de chanter le Christ crucifié et revenu à la vie, mais si je ne crois pas, si vous ne croyez pas, Pâques n’est qu’une fête de plus. Habitué de l’église ou nouveau, peut-être même convaincu que quelque part un Dieu existe, si nous ne laissons pas le Christ ressuscité nous interpeller, nous rencontrer, nous transformer, Pâques perd son sens.

2)     Un plus grand projet

Revenons aux paroles de Jésus à Marie : elle l’a saisi, toute à sa joie. « Il est là, bien vivant ! » Mais Jésus la rassure : « tu peux me lâcher, tout va bien. Je suis là. Je ne repars pas tout de suite ! » Il la rassure, et en même temps il la prépare à son départ prochain : Jésus ressuscité va rester quelques semaines avec les disciples. Mais il ne sera plus constamment avec eux, il fera juste quelques apparitions, et il quittera la terre pour rejoindre Dieu (Ascension). Là aussi, les disciples auront du mal à comprendre : quoi, Jésus est ressuscité, le seul de l’histoire de l’Humanité à ressortir de la mort plein d’une vie surnaturelle, et il s’en va déjà ?

Pour comprendre cette parole de Jésus à Marie, il faut relire e que Jésus dit aux disciples avant son arrestation : « Maintenant, je m’en vais vers celui qui m’a envoyé (Dieu le Père). Il vaut mieux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, celui qui doit vous aider ne viendra pas à vous, mais si je pars, je vous l’enverrai. Quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité toute entière. » (Jean 16.5, 7, 13) A sa résurrection, Jésus reprend cette idée : « je m’en vais ! Pas pour vous laisser orphelins, mais pour vous donner l’Esprit de Dieu! » Pourquoi ? Le Christ ressuscité n’est-il pas suffisant ? Non. (ne me jetez pas de pierres !) Non le Christ ne suffit pas car il reste extérieur à nous. Il nous montre la puissance de Dieu, l’amour infini et la justice de Dieu, il œuvre pour nous, mais il reste comme un frère, extérieur à nous. Son but, le but de Dieu, c’est de venir non seulement nous entourer, mais aussi nous habiter. Que la résurrection ne reste pas un événement historique extérieur, mais prenne vie en nous, luttant contre les forces de mort et de mal en nous, pour nous restaurer et nous remplir de la lumière de Dieu. C’est l’Esprit qui fait de nous les enfants de Dieu, c’est l’Esprit qui fait de nous les témoins et les disciples du Christ, c’est l’Esprit qui trace en nous des chemins de vérité et de justice, de bonté et de paix. La venue, la mort et la résurrection du Christ, ce n’est pas la fin du projet de Dieu pour l’humanité : c’est l’inauguration ! Dieu se rend alors particulièrement présent par l’Esprit, en chacun de nous, partout où nous sommes.

Conclusion

Le Christ ressuscité était sûrement glorieux, grandiose, bouleversant ! Pourtant, autant dans les rencontres que dans ses paroles, Jésus nous renvoie à ce que nous sommes prêts à vivre avec lui, avec Dieu, dans l’Esprit. Est-ce que, comme Marie, nous chercherons ce qui n’est pas là ? est-ce que nous nous accrocherons à une certaine image de Dieu, de la réalité, de notre vie ? Ou est-ce que nous laisserons Jésus nous emmener sur des chemins qui dépassent notre imagination ? Des chemins où Dieu agit, où l’espoir transfigure la réalité, où la résurrection l’emporte sur la mort ?