Prédication de Jean-Marc Ferrand (06 août 2023)

D’après Actes 8 v 26 à 35

– Philippe, Philippe, lève-toi et vas par la route qui descend de Jérusalem à Gaza, celle du désert.

– Mais Seigneur, mais qu’est-ce que tu veux que j’aille faire par-là ? C’est paumé ! En plus à midi, c’est vraiment pas l’heure pour entreprendre une randonnée.

– Philippe !



– D’accord, d’accord, j’y vais ! Mais quelle idée ! C’est bien ce que je craignais, y-a pas un chat ! Pourquoi donc perdre son temps dans ce coin désolé ? Ah si ! Tout là-bas, on dirait bien qu’il y a un véhicule. Woua ! C’est même un char, et pas n’importe lequel, ça ressemble à un carrosse. Vu le standing, ça doit être du beau monde !

– Philippe, avance, et approche-toi de ce char, marche à côté de lui. Aller, cours !

– Eh oui, il faut avoir la santé pour être évangéliste ! C’est pas un job de tout repos ! Allez, encore un petit effort, j’y suis presque. Tiens, le passager est en train de lire. Il faut que je m’approche un peu plus. Et on dirait bien qu’il lit un texte biblique.

– “…Comme une brebis que l’on conduit à l’abattoir, comme un agneau muet devant ceux qui le tondent, il n’a pas dit un mot…”

– Bonjour, comprends-tu ce que tu lis ?

– Mais comment le pourrais-je, si je n’ai personne pour me l’expliquer ? Viens, monte et assieds-toi à côté de moi, ce sera plus pratique pour discuter. Qui es-tu ?

– Je suis Philippe et je viens de Jérusalem. Et toi ?

– Moi, je suis Ébed-Candace, eunuque, ministre des finances d’Éthiopie. J’ai entrepris un voyage de plus de 5 000 km aller-retour depuis Méroé jusqu’à Jérusalem et maintenant je m’en retourne chez moi.

– Fuuuu ! Voilà une bien longue expédition ! Et pourquoi t’es-tu lancé dans cette aventure ?

– À Méroé, j’écoutais, aussi souvent que possible, les discours de rabbi Shemouél et j’étais très impressionné par l’histoire du Dieu d’Israël, ce dieu qui a délivré son peuple de l’esclavage en Égypte et lui a donné par l’intermédiaire de son serviteur Moïse une loi sans équivalant qui fait référence dans tous les pays environnants. Rabbi Shemouél parlait des grands rois de ce peuple, David et surtout Salomon. C’est vraiment un grand Dieu, le Dieu qui a créé toute la terre et tous les royaumes, le Dieu Unique et je voudrais donc le servir et l’adorer. Mais…

– Mais quoi ?

Lévitique 21 v 20 ; Deutéronome 23 v 2

– Rabbi Shemouél disait aussi que les étrangers ne sont pas admis dans l’assemblée de l’Éternel. Et encore moins, les eunuques, les hommes mutilés. Il n’y a donc aucune place pour moi. Je suis exclu ! J’ai bien essayé toutes les possibilités pour être admis, mais j’ai été systématiquement écarté et rejeté, il n’y a pas de solution ! Pourtant, une fois, je l’ai entendu parler d’un prophète rapportant la promesse de Dieu, qu’il n’en sera pas toujours ainsi:

Ésaïe 56 v 3 à 8

Un jour, l’attachement à Dieu sera plus important que la descendance ou l’appartenance à l’institution. Un jour, sous la seule condition de la fidélité à Dieu, l’étranger, et même l’eunuque, seront mis sur un pied d’égalité complète avec Israël. Un jour, un jour… mais quand ? Rabbi Shemouél n’a pas pu ou n’a pas voulu m’en dire plus. Je suis donc venu à Jérusalem pour avoir des réponses. Mais, personne n’a accepté de m’aider, j’ai juste pu apprendre le nom du prophète qui rapporte cette promesse et j’ai pu me procurer un exemplaire de son livre, le livre du prophète Ésaïe. Et maintenant je recherche dans son livre cette promesse. Mais je t’avoue avoir un peu de mal à comprendre ce que dit le prophète, alors si tu peux m’aider, c’est bien volontiers !

– Ébed, ta démarche force le respect ! Je veux bien t’aider, et pour cela, je te propose donc de relire, ensemble, le passage que tu es en train de lire.

Ésaïe 52 v 13 à 53 v 3 : “Voici, mon serviteur agira en toute sagesse, il sera haut placé, très élevé, grandement exalté. Beaucoup ont été horrifiés tellement son visage était défiguré et tant son apparence n’avait plus rien d’humain. Car il accomplira le rite de l’aspersion pour beaucoup de nations. Les rois, à son sujet, resteront bouche close, car ils verront eux-mêmes ce qui ne leur avait pas été raconté, ils comprendront ce qui ne leur avait pas été annoncé. Qui a cru à notre message ? À qui a été révélée la puissance de l’Éternel ? Car devant l’Éternel, il a grandi comme une jeune pousse ou comme une racine sortant d’un sol aride. Il n’avait ni prestance ni beauté pour retenir notre attention ni rien dans son aspect qui pût nous attirer. Il était méprisé, abandonné des hommes, un homme de douleur habitué à la souffrance. Oui, il était semblable à ceux devant lesquels on détourne les yeux. Il était méprisé, et nous n’avons fait aucun cas de sa valeur.”

– Philippe, Philippe, explique-moi, s’il te plaît : de qui est-il question ? Est-ce, de lui-même que le prophète parle, ou de quelqu’un d’autre ?

– Ébed, dans ce passage, le prophète parle du serviteur de l’Éternel. C’est le serviteur que l’Éternel promet d’envoyer : le serviteur qu’il aura désigné par l’onction, le Messie. Il sera très élevé, haut placé, il sera le représentant de l’Éternel lui-même, de sa gloire et de sa puissance. Il agira avec la sagesse de Dieu. Il fera l’objet de l’attention de tous les rois. Sa notoriété dépassera largement les frontières d’Israël. Devant lui les grands de ce monde seront dans la stupéfaction. Il sera, tout à la fois, un sujet de joie et d’étonnement pour tous les peuples. Et en même temps, il sera un sujet d’effroi, de stupeur, d’horreur. Il incarnera l’humilité, la simplicité. Il sera rejeté par son peuple qui refusera de le reconnaître pour ce qu’il est. Il sera méprisé, maltraité et humilié.

Ébed, ce que l’Éternel avait annoncé par la bouche du prophète Ésaïe vient de s’accomplir. Ce serviteur de l’Éternel, c’est Jésus de Nazareth. Il est, toute à la fois, très élevé puisqu’il est le Fils de Dieu et en même temps, sans prestance, sans éclat, sans tape-à-l’œil. Il est venu en toute simplicité, en toute humilité, comme un simple homme, il a même accepté toutes les humiliations et pourtant il a aussi manifesté la puissance de Dieu par ses paroles, par ces guérisons, par ces miracles. Il a parcouru la terre d’Israël pendant plusieurs années en enseignant, en interpellant, en bénissant…

– Philippe, c’est vraiment très intéressant ! Tu veux bien continuer la lecture et ton explication.

– Oui, bien sûr !

Ésaïe 53 v 4 à 8 : “Pourtant, en vérité, c’est de nos maladies qu’il s’est chargé, et ce sont nos souffrances qu’il a prises sur lui, alors que nous pensions que Dieu l’avait puni, frappé et humilié. Mais c’est pour nos péchés qu’il a été percé, c’est pour nos fautes qu’il a été brisé. Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants, pareils à des brebis, chacun de nous allait par son propre chemin : l’Éternel a fait retomber sur lui les fautes de nous tous. On l’a frappé, et il s’est humilié, il n’a pas dit un mot. Semblable à un agneau mené à l’abattoir, tout comme la brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas dit un mot. Il a été arraché à la vie par la contrainte, suite à un jugement. Et qui, parmi les gens de sa génération, s’est soucié de son sort, lorsqu’on l’a retranché du pays des vivants ? Il a été frappé à mort à cause des péchés que mon peuple a commis.”

– Ébed, dans ce passage le prophète décrit la façon dont le serviteur de l’Éternel sera traité et pour quelle raison il va accepter ce traitement. C’est ce qui a été accompli par la venue de Jésus. Jésus a été injustement maltraité, accusé et condamné. Il a même subit la mort, la mort la plus infame, la condamnation des criminels, il a été crucifié. Et pourquoi ? Pour porter le châtiment à notre place. Il s’est chargé de nos maladies et de nos souffrances. Il les a prises sur lui. C’est pour nos péchés, nos fautes qu’il a subi tout cela. “Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui et c’est par ses blessures que nous sommes guéris… Il a été frappé à mort à cause des péchés que mon peuple a commis.” Jésus est l’agneau du sacrifice, envoyé par Dieu pour être sacrifié à notre place, pour le pardon de nos péchés. Mais le prophète ne s’arrête pas là, écoute la suite !

Esaïe 53 v 9 à 12 : “On a mis son tombeau parmi les criminels et son sépulcre parmi les riches, alors qu’il n’avait pas commis d’acte de violence et que jamais ses lèvres n’avaient prononcé de mensonge. Mais il a plu à Dieu de le briser par la souffrance. Bien que toi, Dieu, tu aies livré sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance. Il vivra de longs jours et il accomplira avec succès ce que désire l’Éternel. Car après avoir tant souffert, il verra la lumière, et il sera comblé. Et parce que beaucoup de gens le connaîtront, mon serviteur, le Juste, les déclarera justes et se chargera de leurs fautes. Voilà pourquoi je lui donnerai une part avec ces gens nombreux : il partagera le butin avec la multitude, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort et s’est laissé compter parmi les malfaiteurs, car il a pris sur lui les fautes d’un grand nombre, il est intervenu en faveur des coupables.”

– Tu vois Ébed, jusqu’au bout, Dieu insiste sur l’innocence de son serviteur et sur son traitement injuste, mis aux rangs des malfaiteurs. Et son serviteur, innocent comme un agneau, est livré en sacrifice de réparation. C’est le sens de la mort sur la croix de Jésus : un sacrifice pour les péchés de tous les hommes. Par ce sacrifice, Dieu nous déclare juste en le chargeant, lui, de nos fautes, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort. Mais comme je te le disais, la promesse ne s’arrête pas là. Le prophète avait entrevu qu’il y a une histoire après la mort. Après le sacrifice, le serviteur verra une descendance, il vivra de longs jours, après avoir souffert il verra la lumière, il partagera le butin avec la multitude. Par tous ces éléments le prophète annonçait que le serviteur ressusciterait. Et c’est ce qui s’est passé : Jésus a été arrêté, jugé, condamné et après avoir été exécuté par crucifixion et mis dans un tombeau, Jésus est ressuscité et il est vivant pour l’éternité ! Il y a quelques jours, mon ami Etienne a eu une vision, il a vu Jésus debout à la droite de Dieu, la place d’honneur ! Voilà pourquoi Ésaïe disait : “ il sera haut placé, très élevé, grandement exalté.” Il entrevoyait la gloire du serviteur auprès de Dieu après sa résurrection !

– Ébed, regarde la fin du message du prophète : “il a pris sur lui les fautes d’un grand nombre, il est intervenu en faveur des coupables”, même des coupables ! Alors, je crois que tu avais raison, quand tu disais qu’un jour, l’attachement à Dieu sera plus important que la descendance ou l’appartenance à l’institution. Que sous la seule condition de la fidélité à Dieu, l’étranger et même l’eunuque seront mis sur un pied d’égalité complète avec Israël. Et je peux répondre à ta question : quand cela se produira-t-il ? C’est maintenant ! C’est maintenant que les étrangers et les eunuques ont accès à la présence de Dieu. Tu vois, le serviteur de l’Éternel est intervenu en faveur des coupables. Toutes sortes de coupables, a fortiori les étrangers et les eunuques ! Aujourd’hui, tu peux être admis dans l’assemblée de l’Éternel ! Jésus a fait le nécessaire pour que tous ceux qui étaient exclus soient maintenant accueillis.

– Attends, Philippe attends ! Qu’est-ce qui te permets de dire que le sacrifice de Jésus est pour tous les hommes ? Le prophète Ésaïe dit que le serviteur “a été frappé à mort à cause des péchés que son peuple a commis.” D’accord, c’est le sacrifice du serviteur qui permet le pardon des péchés, mais qu’est-ce qui te permets de croire que “son peuple” c’est “tous les peuples” ?

– Ébed, tu as raison de poser la question ! Déjà Ésaïe avait dit que le serviteur accomplira le sacrifice pour beaucoup de nation. Et de fait, après sa mort et sa résurrection, Jésus est apparu à ceux qui l’avaient accompagné durant ces quelques années et il leur a laissé un message.

Matthieu 28 v 18 à 20 Il leur a dit : “J’ai reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre : allez donc dans le monde entier, dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde.”

– Mais alors, Philippe, si le sacrifice de Jésus est pour tous les hommes, tu penses qu’il est aussi pour moi ?

Actes 8 v 36 à 39

 Regarde, voilà de l’eau, qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? Le fait que je sois Éthiopien ?

– Non !

– Parce que je suis eunuque ?

– Non plus !

– Alors peut-être, à cause de ma position de ministre des finances ?

– Non ! Ébed, non ! Si tu crois, de tout ton cœur, tu peux être baptisé.

– Oui, Philippe, je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Arrêter le char !

Et voilà ! Nous sommes descendu dans l’eau, j’ai baptisé Ébed et il est reparti tout content pour terminer son voyage. Et de mon côté, le Seigneur m’a confié une autre mission à Asdod puis à Césarée. Mais ça, c’est une autre histoire…

Intermède musical

      Jésus est l’agneau de Dieu, c’est-à-dire, il est l’agneau que Dieu a fourni pour le sacrifice qui nous sauve.

Dans le cantique que nous allons chanter maintenant, les refrains expriment l’attente, le désir et la confiance du croyant ; et dans les couplets, c’est le Seigneur Jésus qui s’adresse à nous :

Pour toi je fus livré,

Méprisé, maltraité,

Battu, meurtri, blessé,

Pour ton iniquité.

Pour toi je fus brisé,

D’épines, couronné,

De tous abandonné,

Frappé pour ton péché.

Sur l’enfant racheté

Qui fait ma volonté,

Je mets ma sainteté,

Ma divine beauté.

      Je vous invite maintenant à vous lever pour chanter le cantique : « Agneau de Dieu, Messager de la grâce » 236 ATLG




Un Dieu qui nous cherche

Remarque préliminaire : prédication à l’occasion d’un culte de baptême.

Leno nous a témoigné de la façon dont Jésus s’est manifesté à lui la première fois, et comment ça a changé sa vie. Et puis la façon dont Jésus continue de se rendre présent quand c’est compliqué, par le biais d’autres personnes par exemple, pour le ramener dans ce vécu de l’amour de Dieu.

A qui Jésus vient-il proposer l’amour de Dieu ? Quelles conditions faut-il remplir pour bénéficier de cette offre ? faut-il être né dans une famille chrétienne ? être jeune ? Faut-il avoir compris un certain nombre de choses, ou remplir certaines conditions morales ?

Je vous propose de regarder ensemble un exemple de la façon dont Jésus, lorsqu’il était sur terre il y a fort fort longtemps, a montré l’amour de Dieu.

Quelques précautions d’usage : j’ai choisi cet exemple parce qu’il est exemplaire, mais il n’est pas exhaustif – pour mieux comprendre Jésus, il vaut mieux lire l’ensemble de sa vie : un Evangile c’est court ! celui de Marc p. ex. fait 16 petits chapitres. L’autre précaution, c’est de se rappeler qu’on est à une époque particulière : Jésus est né dans l’Antiquité, au sein du peuple juif qui est à l’époque dominé par le pouvoir de l’Empire romain, avec une espèce d’allergie à l’envahisseur du coup.

Je vais donc lire avec vous un extrait de l’Evangile de Luc, ch.19, et je vais le commenter au fur et à mesure pour qu’on suive bien ce qui se passe.

Lecture biblique : Luc 19.1-10

1 Jésus entra dans Jéricho et traversait la ville. 

2 Il y avait là un homme appelé Zachée ; c’était le chef des collecteurs d’impôts et il était riche. 

3 Il cherchait à voir qui était Jésus, mais comme il était de petite taille, il n’y arrivait pas à cause de la foule. 

On a Jésus, d’un côté, un prophète juif qui dit et accomplit des choses extraordinaires. Il est précédé par sa réputation : une foule cherche à le voir. Et puis, de l’autre côté, Zachée, lui aussi précédé par sa réputation mais pas la même !… Il est collecteur d’impôts : métier rarement apprécié, encore empiré par le fait que les impôts en question sont remis à l’empire romain. Zachée accepte donc de coopérer, collaborer, avec l’envahisseur. En plus, comme dans la plupart des métiers où on voit passer des grosses sommes d’argent, les collecteurs d’impôts sont connus pour leur corruption financière.

Zachée a beaucoup de pouvoir, et en même temps, il est peu respecté. S’il avait été apprécié, la foule lui aurait créé un chemin – sa petite taille n’est qu’un détail : le vrai problème, c’est que la foule lui tourne le dos et ne le laisse pas passer. D’un côté il fait de la peine, de l’autre on se dit qu’il y a peut-être une raison pour sa mise à l’écart.

Que va faire Zachée devant cette impasse ?

4 Il courut alors en avant et grimpa sur un arbre, un sycomore, pour voir Jésus qui devait passer par là. 

Franchement ? Vous imaginez votre inspecteur des impôts, le proviseur ou l’adjoint au maire faire ça ? En plus à l’époque on ne porte pas de pantalon : Zachée est en tunique – c’est très pratique pour grimper !!!

Ce qui est fou, c’est qu’il n’hésite pas à se ridiculiser pour voir Jésus. Il court, on sent qu’il réfléchit vite, qu’il a évalué la situation, et que voir Jésus est plus important que tout. Il sort complètement des codes, pour voir Jésus.

Et il n’y a pas de mise en scène, c’est désintéressé – à part ceux qui sont vraiment à côté de lui, qui va penser qu’un homme est en haut d’un arbre ? Il n’a pas la caméra à la main : #enmodejedéfielesconventions. Il y a quelque chose de très pur, de sincère, dans sa démarche.

Pendant ce temps-là, Jésus continue d’avancer.

5 Quand Jésus arriva à cet endroit, il leva les yeux et dit à Zachée : « Dépêche-toi de descendre, Zachée, car il faut que je demeure chez toi aujourd’hui. » 

6 Zachée se dépêcha de descendre et le reçut avec joie. 

Retournement de situation ! Zachée a vu Jésus passer, oui, mais surtout Jésus /voit Zachée : ça, c’était inattendu. En plus, Jésus connaît son nom, et il s’invite chez lui. Zachée voulait voir Jésus, celui dont on parle tant – j’ai grandi à Cannes et ça me rappelle les foules amassées à côté du tapis rouge lors du Festival du film, pour voir ne serait-ce que la cheville de la star ! Imaginez l’acteur qui se retourne, vous fixe dans les yeux : toi, (votre prénom), n’oublie pas, j’ai réservé pour qu’on mange ensemble ce soir.

Evidemment, Zachée est tout content ! Rien ne s’est passé encore, et en même temps c’est tellement révélateur : Jésus connaît Zachée, par son nom, et Jésus recherche Zachée. A la différence de la foule qui lui tournait le dos, Jésus veut passer un temps d’amitié avec lui. Il fait plus que l’inclure dans le groupe, il lui offre une soirée VIP.

Mais…

7 En voyant cela, tous critiquaient Jésus ; ils disaient : « Cet homme est allé loger chez un pécheur ! » 

Il n’y a pas de réseau social à l’époque, mais c’est le même principe ! Vous les voyez, les pouces baissés ? la désapprobation, les commentaires ? la ville s’enflamme : tous critiquent. Alors c’est vrai, Jésus est connu pour casser les codes, pour inclure ceux qui sont exclus : les femmes, les enfants, les étrangers, les malades, les marginaux… Mais un riche un peu louche ? Un collabo ? Un homme potentiellement corrompu ? Jésus cautionne, c’est ça ? Ce type d’association le discrédite complètement.

8 Zachée, debout devant le Seigneur, lui dit : « Écoute, Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai pris trop d’argent à quelqu’un, je lui rends quatre fois autant. » 

Jésus n’a même pas le temps de réagir, que Zachée se défend. J’imagine qu’ils sont encore en chemin, puisqu’il a entendu les critiques. Il est debout devant Jésus : étonnant détail ! On sent qu’il s’affirme pour se défendre : il se redresse, il relève le menton…

Zachée, selon lui-même, ne mérite pas sa réputation : il est honnête, très généreux (s’il y a une erreur, il rembourse 4 fois plus). C’est peut-être vrai, et dans ce cas-là, on a un homme innocent maltraité par les rumeurs de la foule. Ou on a juste un homme qui essaie de se défendre : vous avez déjà vu un homme politique admettre sa corruption ? « oui c’est vrai, je suis coupable à 100%… »

On n’a pas de moyen de le savoir… mais ce qui est intéressant, c’est de voir comment Jésus réagit.

9 Jésus dit à son propos : « Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison, parce que lui aussi est un descendant d’Abraham. 10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. »

En fait, Jésus ne réagit pas du tout à la réponse de Zachée, il ne valide pas sa défense. Si Jésus connaissait le nom de Zachée à l’avance, on peut imaginer qu’il savait aussi la réalité.

Par contre, il affirme clairement que Zachée fait partie intégrante du peuple de Dieu, un descendant d’Abraham, pas que sur le plan génétique, mais aussi sur le plan symbolique : il fait partie intégrante de ceux que Jésus veut atteindre et à qui il veut montrer l’amour de Dieu. Même si Jésus a commencé son offre dans le peuple juif, son peuple, il a été très clair sur le fait que Dieu voulait rejoindre et aimer tous !

Dieu connaît Zachée et il le recherche, peu importe son degré d’innocence – de toute façon, Zachée n’est pas complètement innocent ! Qui peut prétendre être pur ? Et Jésus montre ainsi ce qu’est l’amour véritable ! Aimer, ce n’est pas seulement quand l’autre fait des choses bien… c’est vouloir son bien même quand il fait des erreurs ou commet des fautes.

C’est l’idée derrière cette phrase « slogan » de Jésus, qu’il dit régulièrement : le Fils de l’homme (une expression du prophète Daniel pour parler du Messie) est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Peu importe à quel point vous êtes perdu, ou vous vous sentez perdu, que ce soit un tout petit peu ou que vous soyez submergé, que vous soyez incompris ou franchement coupable, il y a une place pour vous dans le cœur de Dieu.

Zachée voulait voir Jésus, mais en fait c’est Jésus qui le cherchait ! parce qu’il voulait lui offrir l’amour de Dieu.

Alors qu’est-ce que signifie « sauver ce qui était perdu » ? Quelques mois après cette rencontre, Jésus va mourir. Il n’avait rien fait de mal, à part bousculer les conventions, mais il est mis à mort. En témoin martyr de la justice, en révolutionnaire spirituel, mais sa mort est aussi volontaire : il accepte d’être arrêté et d’offrir sa vie. Ses disciples ont compris qu’il avait, sur la croix, porté le poids de notre honte, de nos culpabilités, devant Dieu, comme s’il s’était sacrifié pour prendre notre place et assumer nos injustices.

Ca c’est ce qu’on comprend plus tard. Mais pour l’instant, Jésus ne rentre pas dans le détail, et il donne une image très simple du salut : le salut, c’est des retrouvailles avec Dieu. C’est partager un repas, être en amitié. Le pardon est essentiel, mais ce n’est qu’une étape pour être avec : dans vos relations, quand il y a eu un accrochage, vous vous réconciliez pour être ensemble, pour vous retrouver, pas pour le plaisir de vous réconcilier. Le salut c’est Dieu qui vient nous chercher à travers Jésus, pour être avec nous.

Dans cette rencontre, ce qui frappe c’est la façon dont Jésus discerne la recherche sincère, même non conventionnelle, de cet homme infréquentable. Et puis Jésus va au contact, il tient tête aux rumeurs, il assume – pour montrer que Dieu aime et recherche même celui que tous rejettent. Dieu aime et recherche même celui que tous rejettent. Zachée a cherché Jésus, mais il n’est pas seul dans la démarche : Jésus le cherchait aussi. Dans nos quêtes spirituelles, dans nos luttes, dans nos cheminements, on n’est pas seul à marcher – Jésus nous cherche aussi, Jésus nous cherche d’abord ! Et c’est tellement fort de se rappeler que Dieu n’attend pas qu’on le trouve, mais qu’il vient lui-même à notre rencontre, pour nous offrir son amour.

Zachée était en recherche active, Léno était en retrait actif, mais la même vérité demeure : Dieu vient à notre rencontre, à travers Jésus, pour nous offrir son amour, son amitié, la joie d’être avec lui, chaque jour et pour toujours.