Images de Dieu

Prédication de Guy Lacassagne. 

Nous allons aujourd’hui nous pencher sur le premier livre de la Bible, la Genèse, et plus particulièrement, dans le chapitre 1, nous allons nous intéresser à la création de l’homme et de la femme.

Quelques versets, pris dans leur sens littéral introduisent, à mon sens, des incompréhensions, voire des erreurs d’interprétation, et souvent, prêtent le flanc à la critique des non croyants.

Cela nous permettra de constater que lorsque nous étudions la Bible, il faut savoir parfois, s’extraire de son sens purement littéral, surtout que nous en lisons des traductions, pour se pencher sur ce que Dieu nous transmet et ce qu’il attend de nous.

Maintenant que j’ai bien planté le décor, et que j’espère vous avoir alléché avec un préambule un peu rebelle, nous allons voir de quoi il s’agit.

Genèse 1.24-27 : Je vais lire dans la version Parole de Vie

24/ Dieu dit : « que la terre produise toutes sortes d’animaux : animaux domestiques, petites bêtes et animaux sauvages de chaque espèce ! »

Et cela arrive.

25/ Ainsi, Dieu fait les différentes espèces d’animaux : les animaux sauvages, les animaux domestiques et les petites bêtes.

Dieu voit que c’est une bonne chose

26/ Dieu dit : « Faisons les êtres humains à notre image, et qu’ils nous ressemblent vraiment ! Qu’ils commandent aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel, aux animaux domestiques et à toutes les petites bêtes qui se déplacent sur le sol ! »

27/ Alors Dieu crée les humains à son image, et ils sont vraiment à l’image de Dieu.

Il les crée homme et femme.

 

Toutes les versions françaises s’accordent sur cette traduction, notamment cette création « à son image », qui nous intéresse ce matin. Je suis même allé voir les versions anglaises et espagnoles, miracle de la technologie, qui traduisent respectivement par « image » et « imagen ».

On parle donc bien de création à l’image de Dieu.

Mais, le verset 27, traduit littéralement nous dit plutôt :

Il créa, Dieu, l’Adam comme son image

Comme l’image de Dieu il le créa

Mâle et femelle, il les créa

 C’est subtil, mais être crée à l’image et comme son image, ce n’est pas tout à fait la même chose.

C’est ce terme d’image qui me pose problème et je m’en explique.

A son image, c’est lui ressembler.

Comme son image, c’est être comme si l’être humain était Dieu. Nous allons revenir sur cette subtilité.

Tout d’abord, si nous sommes créés à l’image de Dieu, à la ressemblance de Dieu, de quelle image s’agit-il ?

Je veux dire, si on prend le sens image au sens premier, image, dessin, représentation, photo, quelle image est la bonne ?

Est-ce que c’est celle-ci, très traditionnelle de Dieu au plafond de la chapelle Sixtine, ou est-ce celle-ci, Morgan Freeman dans le film Bruce tout puissant. Au-delà du talent de cet acteur, choisir Morgan Freeman n’est évidemment pas neutre et on comprend bien le désir de surprendre, à minima, dans ce film.

Est-ce enfin l’image véhiculé par ce livre, écrit par un chrétien, où Dieu est représenté par une femme noire ? Là aussi, sortir des sentiers battus fait partie de l’alchimie du narratif.

On comprend aussi pour les écrivains ou les scénaristes ce besoin d’être dans l’air du temps.

Il parait raisonnable donc de se poser la question, stricto sensu, quelle est l’image de Dieu ?

Un Dieu, qui, je le rappelle, dès la Genèse, nous interdit de faire des statues, ou des reproductions de lui.

En réalité, on se trompe si on ne lit dans ce terme « image » que l’idée d’une copie.

Ce n’est pas le terme hébreu qui est en cause, ou sa traduction. La Bible emploie bien le terme d’image, repris dans d’autres langues comme nous l’avons vu.

Mais ce terme, dans l’antiquité, évoque plutôt l’idée d’une représentation, d’une statue.

Je m’explique : L’empereur, le roi, faisait installer des statues de lui à travers son empire pour rappeler sa présence, son autorité. C’était l’image de l’empereur régnant sur ses terres, ou qu’il soit et ses sujets se prosternaient devant cette statue comme s’ils se prosternaient devant l’empereur lui-même. Ce n’était pas la statue qui avait un sens, c’était ce qu’elle représentait.

Un peu comme si aujourd’hui, des soldats se mettait au garde à vous devant une photo du président Macron.

On comprend mieux dès lors la traduction littérale dont nous avons parlé tout à l’heure, être comme l’image de Dieu. C’est ce sens-là qu’il faut retenir pour image : Celui de représentation.

Et nous sommes donc les images représentants Dieu sur cette planète.

Nous ne sommes pas faits comme lui, nous sommes faits comme son représentant.

Par exemple, l’ambassadeur de France représente notre pays à l’étranger, ou bien, l’équipe de France, choisissez celle qui vous convient le mieux, est l’image de la France lors des compétitions.

Une autre piste qui va dans ce sens de représentation, plus que d’image, se trouve à la suite des versets 26 et 27 :

Dieu dit : Faisons les humains comme notre image, selon notre ressemblance, pour qu’ils dominent sur les poissons des mers…

En quoi être une image est importante pour dominer sur quelque chose ou quelqu’un? Par contre, être le représentant de Dieu est très utile pour ça.

Je vous livre une traduction très libre de ce verset, et personnelle : Etablissons les humains comme nos représentants pour qu’ils dominent sur les différents animaux.

Par ailleurs, il n’est pas difficile de constater, au grand dam d’un certain courant de pensée actuel, qui si nous sommes bien physiquement une espèce comme les autres, nous seuls avons la conscience de notre mort, nous seuls sommes capables de penser, de créer, de philosopher.

Nous sommes bien l’espèce dominante, non par notre force, mais par notre intelligence et notre adaptabilité.

Et maintenant, que faisons-nous de cette analyse, qu’est-ce qu’elle induit pour nous, au quotidien ?

Et bien, notre statut vient de changer.

Pour être une image, si on y réfléchit bien, il suffit d’être photogénique, notre époque Instagram nous le prouve tous les jours.

En revanche, pour être représentant de Dieu sur terre, ça nécessite un peu plus. Cela implique des responsabilités, cela exige de prendre conscience que nous sommes, au quotidien, des créatures de Dieu, mais pas n’importe quelle créature, nous sommes les ambassadeurs, les témoins de Dieu sur cette planète.

Dès le début, dès la création, Dieu décide de se servir de nous pour régenter sa création. Ce n’est pas sans rappeler cette parabole de Jésus ou le maitre envoi des vignerons s’occuper de la vigne.

Dieu crée, et Dieu envoi des contremaitres pour faire tourner la boutique. C’est nous.

Cela dit, comme souvent dès qu’il s’agit de l’être humain dans son rapport à la création, ça n’a pas fonctionné aussi bien que prévu, et comme dans la parabole du vigneron que j’ai cité, Dieu a été obligé d’envoyer son fils Jésus, l’ambassadeur suprême.

Mais Jésus ne nous a pas mis au placard pour autant, Jésus a au contraire décidé de parfaire ce rôle de représentant, il nous a envoyé comme témoin.

Nous pouvons lire dans Les actes des apôtres, au chap 1.6-8, ces paroles de Jésus :

6/ Alors, les apôtres réunis lui demandèrent : Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ?

7/ Jésus leur répond :

Vous n’avez pas besoin de connaître le temps et le moment ou ces choses doivent arriver. C’est mon père qui décide de cela, lui seul à le pouvoir de le faire.

8/ Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous.

Alors, vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde.

 

Témoins, ambassadeurs, représentants, images, voici ce que le Seigneur nous demande.

Alors, être témoins, qu’est-ce que cela signifie ?

Le Larousse est notre ami pour avoir une définition claire :

« Personne qui a vu ou entendu quelque chose, et qui peut éventuellement le certifier, le rapporter. »

Il y a donc deux éléments importants pour être un bon témoin :

– Avoir vu, ou entendu quelque chose

– Pouvoir le rapporter ou le certifier.

Pour le premier point, Jésus lui-même nous donne le mode d’emploi, pendant qu’il témoignait personnellement :

Marc 1.14-15 :

Alors Jésus va en Galilée. Il annonce la Bonne nouvelle de Dieu

Et il dit : « Le moment décidé par Dieu est arrivé, et le Royaume de Dieu est tout près de vous. Changez votre vie et croyez à la Bonne Nouvelle ».

Croyez à la Bonne Nouvelle.

Si vous ne croyez pas à la Bonne Nouvelle, si vous n’êtes pas sûr, si vous doutez, vous ne pourrez pas rapporter ou certifier que Jésus est le fils de Dieu venu sur terre pour nous sauver.

Un petit aparté dont il faut tenir compte : Le témoin, il témoigne. Ce n’est pas lui qui mène l’enquête à la place du policier ou du juge.

Nous sommes des témoins, pas des convertisseurs. Ne nous usons pas à vouloir convaincre à tout prix. C’est Dieu qui nous appelle à lui.

Frères et sœurs, c’est important.

Il est écrit clairement que Dieu nous a établi gérant de sa création, représentant de son pouvoir, témoin du salut à travers son fils Jésus.

Gérant de sa création, c’est-à-dire que nous sommes les jardiniers de cette planète dont il faut préserver tant que faire ce peu le bel ordonnancement.

Représentant de Dieu, c’est-à-dire qu’en toute circonstance, nous devons avoir conscience que nous devons paraitre comme tel.

Témoin du christ, individuellement, ou collectivement, en tant qu’Eglise, nous avons le devoir d’annoncer la bonne nouvelle du salut auprès de nos proches.

Pour tous ces rôles, nous ne sommes que ce que nous sommes avec nos doutes, nos peurs et nos imperfections mais n’oublions pas que nous avons avec nous l’arme fatale en la personne de l’Esprit Saint que Jésus nous a envoyé comme promis dans le Livre des Actes que nous venons de lire.