Le Saint-Esprit : Dieu en nous (Ac 2.1-41)

Qui est l’Esprit Saint ? À quoi sert-il ?

Afin de répondre à ces deux questions, je vous propose de lire le fameux récit du livre des Actes, le chapitre 2. Actes 2, versets 1 à 41.

1Quand le jour de la Pentecôte arriva, les croyants étaient réunis tous ensemble au même endroit. 2Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme un violent coup de vent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d’eux. 4Ils furent tous remplis de l’Esprit saint et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait d’exprimer. 5À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. 6Quand ce bruit se fit entendre, ils s’assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d’eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. 7Ils étaient remplis de stupeur et d’admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? 9Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d’Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d’Asie ; 10certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d’autres sont venus de Rome, 11de Crète et d’Arabie ; certains sont nés Juifs, et d’autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! » 12Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela signifie ? » 13Mais d’autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »
14Pierre se leva avec les onze autres apôtres ; d’une voix forte, il s’adressa à la foule : « Vous, Juifs, et vous tous qui vivez à Jérusalem, écoutez attentivement mes paroles et comprenez bien ce qui se passe. 15Ces gens ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il est neuf heures du matin. 16Mais c’est maintenant que se réalise ce que le prophète Joël a annoncé : 17“Voici ce qui arrivera dans les derniers jours, dit Dieu : Je répandrai de mon Esprit sur tout être humain ; vos fils et vos filles deviendront prophètes,je parlerai par des visions à vos jeunes gens et par des rêves aux plus âgés parmi vous. 18Oui, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes en ces jours-là, et ils parleront en prophètes. 19Je susciterai des prodiges en haut dans les cieux et des signes miraculeux en bas sur la terre : Il y aura du sang, du feu et des nuages de fumée, 20le soleil deviendra obscur et la lune sera rouge comme du sang, avant que vienne le jour du Seigneur, ce jour grand et éclatant. 21Alors toute personne qui fera appel au Seigneur sera sauvée.”
22Gens d’Israël, écoutez ce que je vais vous dire : Jésus de Nazareth était un homme dont Dieu vous a démontré l’autorité, en accomplissant par lui toutes sortes de miracles, de prodiges et de signes extraordinaires au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. 23Cet homme, livré conformément à la décision que Dieu avait prise et au projet qu’il avait formé d’avance, vous l’avez fait attacher sur une croix et tuer par des gens sans foi. 24Mais Dieu l’a ressuscité, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. 25En effet, David a dit à son sujet : “Je voyais continuellement le Seigneur devant moi, il est à mes côtés pour que je ne tremble pas. 26C’est pourquoi mon cœur est rempli de bonheur et mes paroles débordent de joie ; mon corps lui-même reposera dans l’espérance, 27car, Seigneur, tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton ami fidèle, je pourrisse dans la tombe. 28Tu m’as montré les chemins qui mènent à la vie, tu me rempliras de joie par ta présence.” 29Frères et sœurs, il m’est permis de vous dire très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui chez nous. 30Mais il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis sous serment que l’un de ses descendants lui succéderait comme roi. 31David a vu d’avance ce qui allait arriver ; il a donc parlé de la résurrection du Christ quand il a dit : “Il n’a pas été abandonné dans le monde des morts, et son corps n’a pas pourri dans la tombe.”
32Ce Jésus dont je parle, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes tous témoins. 33Il a été élevé par la main droite de Dieu et il a reçu du Père l’Esprit saint qui avait été promis ; il l’a répandu sur nous, et c’est ce que vous voyez et entendez maintenant. 34Car David n’est pas monté lui-même aux cieux, mais il a déclaré : “Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, 35jusqu’à ce que je mette tes ennemis sous tes pieds.” 36Tout le peuple d’Israël doit donc le savoir avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié ! »
37Les auditeurs furent profondément bouleversés par ces paroles. Ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » 38Pierre leur répondit : « Changez de vie et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés. Vous recevrez alors le don de l’Esprit saint. 39Car la promesse de Dieu a été faite pour vous et pour vos enfants, ainsi que pour tous ceux qui vivent au loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. » 40Pierre leur adressait encore beaucoup d’autres paroles pour les convaincre et les encourager, et il disait : « Acceptez le salut pour n’avoir pas le sort de ces gens perdus ! » 41Un grand nombre d’entre eux acceptèrent les paroles de Pierre et furent baptisés. Ce jour-là, environ 3 000 personnes s’ajoutèrent au groupe des croyants. 
 

1. Qui est le Saint-Esprit ?

Comment cet épisode de la vie des disciples du Christ, épisode historique pour toute l’Humanité, peut répondre à notre question : Qui est le Saint Esprit ?

Les disciples de Jésus en avait entendu parler. Avant tout, ils l’attendaient, comme tous les autres juifs, comme un don promis de Dieu. C’est ce que Pierre enseigne en citant la promesse de Dieu transmise par le prophète Joël (Jl 3.1-5, version LXX/grecque). Dieu dit : « Dans la fin des temps, je répandrai de mon Esprit sur tout être humain ! Jeunes, vieux, hommes, femmes ! Et tous parleront de ma part ! ». C’est cela le sens général de « prophétiser » : parler de la part de Dieu.

L’Esprit de Dieu est envoyé par Dieu le Père et par Jésus son Fils (Ac 2.33). Jésus lui-même a rappelé ceci aux disciples avant son ascension : « Vous recevrez une puissance quand l’Esprit Saint descendra sur vous. ALORS, vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. » (Ac 1.8).

descend pour conclure une alliance avec le peuple. Dans ce spectacle de feu, de tonnerre, de montagnes tremblantes, Dieu donne à Moïse les 10 commandements qui illustrent sa volonté pour le peuple.

Ac 2.5). De même, quand l’Esprit Saint descend sur les disciples, c’est Dieu lui-même qui descend, mais EN eux. Dieu en nous. Quoi de mieux, pour accomplir la volonté de Dieu, que d’avoir son Esprit en nous…

Le Saint Esprit remplit les disciples. Il vient habiter, demeurer complètement dans chacun des disciples présents. Pas seulement les onze, mais tous ! Hommes et femmes de tout âge, de toute nation, de toute culture. Qu’importe leur passé, qu’importe leur étape de compréhension des œuvres de Dieu, de sa Parole : tous sont remplis de l’Esprit, dans tout leur être.

Il est personnel, mais non personnalisable. L’Esprit Saint remplit chacun des disciples, mais tous annoncent le même Dieu. Un ami à moi, comme beaucoup aujourd’hui, croit en Dieu. Seulement, contrairement au Dieu de la Bible, son Dieu n’existe comme tel que dans sa réalité, son cœur. Ce Dieu là est une sorte de force agissante, intimement liée à son intuition. Et pour lui, chacun peut avoir son Dieu, modelable selon les ressentis et les besoins. Quant à l’Esprit Saint, il ne se modèle pas à notre image, mais imprime l’image de Dieu en nous.

Il pousse les disciples à raconter les œuvres merveilleuses de Dieu. Il éclaire leur compréhension des Écritures, les fait témoigner, et ce même dans d’autres langues ! Des hommes, des femmes se mettent à parler dans des langues qu’ils ne connaissent même pas ! Ces Juifs d’Israël, disciples de Jésus, ne venaient pas des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient donc pas connaître ces langues. C’est un miracle ! Un miracle qui aboutit à ce que des milliers de personnes en recherche spirituelle trouvent leur Sauveur en Jésus-Christ… Je trouve que c’est un encouragement direct pour nous, supplémentaire à tout ce que ce passage peut nous donner : l’Esprit Saint peut aussi nous faire témoigner à une personne de manière complètement appropriée, parfaitement compréhensible pour elle.

L’Esprit Saint ne fait pas l’unanimité. Il reçoit admiration et mépris…(Ac 2.7, 12-13). De surcroît, il opère un tri entre les personnes à la foi authentique, qui découvrent Jésus-Christ comme leur Sauveur, et ceux qui endurcissent leur cœur. Ceux qui résistent à voir Dieu à l’œuvre devant leurs yeux, dans leur quotidien, ceux qui résistent à la grâce de Dieu.

En même temps, l’Esprit Saint unie. C’est un réconciliateur ! Vous vous souvenez l’épisode de la tour de Babel (Gn 11.1-19) ? Les humains voulaient atteindre le ciel en construisant tous ensemble une tour et faire de cet édifice grandiose un sujet de gloriole. Quand Dieu vit leurs intentions, il brouilla simplement leur langage, qui était unique à l’époque. C’est suite à Babel que fut créée la diversité des langues, diversité des nations. C’est par la Pentecôte d’Actes 2, la venue du ciel sur terre, que fut initiée la réconciliation des nations, la réconciliation des humains.

Ep 4.30), lui résister, lui mentir (Ac 5.3).

). L’Esprit Saint est Dieu dans chaque chrétien authentique. L’Esprit Saint est Dieu en nous.

2. Vivre avec le Saint-Esprit ?

Sans le Saint-Esprit, suivre Christ serait impossible. Sans lui, l’Église n’existerait pas, parce que sans lui, personne ne peut recevoir la grâce de Dieu. Sans lui, nous ne nous connaitrions pas. Nous ne serions pas ensemble ce matin. Sans lui, nous ne pouvons pas connaître l’amour de Dieu, ni le recevoir, ni l’aimer en retour. Sans lui, il n’y aurait aucune limite au mal dans le monde et moins encore de limite à notre propre corruption. Sans lui, la vie n’existerait pas, alors moins encore la nouvelle vie en Jésus-Christ.

L’Esprit Saint est indispensable. Aujourd’hui, c’est un peu la fête de la création de l’Église. On pourrait inconsciemment cantonner l’Esprit Saint à la spiritualité de nos frères et sœurs pentecôtistes. Nous faisons erreur : tout chrétien authentique est habité par l’Esprit de Dieu. Cet Esprit qui est le même hier, aujourd’hui et demain.

Ce que les disciples ont vécu avec l’Esprit, nous pouvons le vivre aujourd’hui ! Alors bien sûr, les Actes sont un temps tout particulier : l’ouverture du Royaume, la création de l’Église, l’accomplissement des promesses qui s’entament. Seulement, l’Esprit en nous, même si nous ne le ressentons pas, est la même personne avec la même volonté.

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai tendance à l’oublier. C’est d’ailleurs le titre d’un livre « Le Dieu oublié », de Francis Chan.

Ma pasteur donnait cette image : le Saint-Esprit est souvent dans nos vies comme l’invité cantonné au fauteuil du salon. Vous savez, un invité que l’on laisse sagement assis pendant que l’on fait nos affaires. Cet invité-là n’a qu’un désir : que nous lui disions « Tu es ici chez toi. ».

Tu es ici chez toi. Tu peux ouvrir toutes les pièces de mon être, fouiller les vieux placards, ouvrir les vieux dossiers jamais classés et faire le ménage en moi. Tu peux ouvrir les rideaux de cette vieille pièce fermée depuis des années où je stocke tout ce que je ne veux plus voir… J’accepte que tu sois là à chaque instant. J’accepte que tu me guides, que tu me conseilles, que tu m’aides à suivre Christ de mieux en mieux. J’accepte que tu me donnes le courage de témoigner de Christ avec audace, coûte que coûte. Saint Esprit, tu es en moi chez toi.

Comment l’Esprit de Dieu se manifeste-t-il à vous en ce moment ? Ou bien, lequel de ses attributs voudriez-vous vivre prochainement ?

Le Saint-Esprit est Dieu en nous. Il est la marque que Dieu nous a aimés en premier en Christ. Il est notre fidèle ami quotidien, celui qui nous aide à aimer Christ et témoigner de Christ de tout notre être.

(Eglantine CAUDWELL)




La Bonne Nouvelle du Royaume

Est-ce que vous connaissez le mot « Evangile » ? que signifie-t-il, à votre avis ? littéralement, « bonne nouvelle » ; un des quatre évangiles, un des quatre livres qui racontent la vie de Jésus, qui est une bonne nouvelle pour nous ; le message qui concerne Jésus et qui résume la foi chrétienne…

Parmi ceux qui ont écrit un évangile (biographie de Jésus), il n’y a que Marc qui utilise ce mot, et il lui donne une place particulière.

Lecture biblique: Marc 1.1, 14-15

1 Commencement de la bonne nouvelle [évangile] de Jésus, Christ, Fils de Dieu. 

[arrive le prophète Jean, le baptiste, qui prêche la venue du Messie et invite à se préparer en mettant de l’ordre dans sa vie pour l’accueillir. Jésus arrive à son tour, il reçoit le baptême de Jean]

14 Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se rendit en Galilée ; il y proclamait la bonne nouvelle [évangile] de Dieu. 

15 « Le moment favorable est venu, disait-il, et le règne de Dieu est tout proche ! Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle [évangile] ! »

Marc donne le ton de l’usage du mot évangile : au v.1, c’est un peu le titre de son livre, qui résume ce qu’il va nous dire au sujet de Jésus : c’est le Fils de Dieu, celui qui va montrer par sa sagesse, sa puissance et sa compassion, qu’il est bien plus qu’un homme.  Plus loin, le mot vient résumer le message de Jésus lui-même, sa prédication. Nous en aurons plein d’exemples par la suite, mais la Bonne Nouvelle, c’est ce que Jésus vient annoncer dans sa région. Nous sommes ici au tout début du ministère de Jésus.

Le règne de Dieu au cœur du message

Or, qu’est-ce qui est au cœur du message de Jésus ? La venue du règne de Dieu. C’est vraiment ainsi que vous définiriez l’Evangile ? En mettant l’accent sur le Royaume de Dieu ? Spontanément, on parlerait plutôt de salut, d’incarnation, de pardon, d’amour… Mais Jésus, celui qui accède au trône divin le jour de l’Ascension, le Roi, Jésus annonce dès le début le Royaume de Dieu.

Et pour lui, c’est une excellente nouvelle !! mais… qu’est-ce que ça veut dire ? Nulle part, nous n’avons la définition. Comme quelqu’un qui viendrait vous voir avec un immense sourire : « ça y est, on l’a ! » Super !! mais quoi ? On sent qu’il faut se réjouir, mais… de quoi, exactement ? ils ont quoi ? les clefs de leur nouvel appartement mieux placé, la réponse à une demande de formation, le cadeau pour la fête des mères, le DJ pour le mariage ?… En fonction du contenu, vous ajustez votre réponse ! Et ça peut être gênant quand on ne sait pas de quoi l’autre se réjouit.

Alors, le règne, c’est quoi ? c’est l’activité du roi : il règne. En général, en histoire-géo, on parlera du règne de Louis IX p. ex. (1226-1270) : les dates correspondent à la période où il est en charge, où c’est lui le roi, lui qui a autorité. Du coup, le règne implique aussi un royaume, un lieu, des personnes, sur qui ce roi a autorité, et dans la bouche de Jésus, on peut comprendre à la fois règne et royaume.

Il y a quelque chose de temporel dans l’annonce de Jésus : le règne de Dieu va bientôt commencer. Sauf que… Dieu est déjà roi ! à la création, à l’époque d’Abraham, à l’époque de Jésus et à notre époque ! ce n’est pas comme s’il y avait d’autres dieux, d’autres créateurs en rivalité avec lui pour monter sur le trône : personne ne vient avant ou après Dieu !

Alors au temporel, il faut ajouter du géographique : son règne existe, quelque part, mais les frontières bougent, et l’étendue du royaume de Dieu est en train de changer. Dans la géopolitique spirituelle, à l’époque de Jésus, on a une espèce de statu quo : les humains ont opté depuis des millénaires pour le séparatisme, et ils se sont exclus du royaume de Dieu. Ils s’auto-gouvernent, avec des conséquences merveilleuses comme l’harmonie entre les peuples, la paix entre les personnes, la justice et l’équité, la vérité et l’honnêteté, l’amour et la compassion, la générosité… Ah non pardon, je me suis trompée ! Ca, c’est quand Dieu règne !

Depuis le coup d’état humain, la gouvernance a changé, et on est plutôt confronté à l’insécurité, à la violence, aux inégalités, à la cupidité – peu importe l’endroit du monde. Qui est roi dans notre monde séparatiste ? L’être humain, avec ses grandeurs et ses décadences… mais pas seulement ! A notre insu, nous avons donné le pouvoir à des êtres mal intentionnés, à l’adversaire de Dieu, au rebelle qui ne supportait pas l’autorité de Dieu et qui préfère le chaos à l’harmonie – celui qui qu’on appelle Satan, l’accusateur, l’adversaire. Il nous flatte en persiflant : « oui, oui, vous êtes maître de votre vie », alors qu’en douce, il fait ses petites affaires et il compte les pertes.

Jésus se met à parcourir le pays avec ce message : les lignes bougent… le roi légitime arrive pour rétablir un règne pacifique et juste. Et le déclic, le moment clef, c’est la venue de Jésus lui-même : même s’il n’en parle pas encore, c’est lui, Jésus, Fils de Dieu devenu homme, Roi divin, c’est lui qui fait bouger les lignes. Il vient là en ambassadeur, en diplomate, pour annoncer le changement de régime, et conduire les négociations. Avec qui ?

Du côté des négociations, Jésus ne prendra pas la peine de parler avec les dirigeants humains, avec l’Empereur ou même avec le gouverneur romain. Non, Jésus sait très bien que puissants ou faibles, nous sommes tous manipulés d’une manière ou d’une autre en coulisse. Non, il négocie directement avec Satan ! Je ne sais pas trop comment ça s’est passé, la géopolitique spirituelle dépasse notre niveau de connaissance, mais ce que je sais, c’est que l’ambassadeur Jésus a été prêt à payer le prix fort pour que le changement de régime se fasse avec le moins de dommages collatéraux possibles. Il a négocié notre réintégration dans le royaume de Dieu, comme un transfert de population, en mettant sur la table sa vie, sa justice, sa perfection et sa puissance, et il est mort. Sauf que sa vie et sa justice étaient plus que suffisantes pour couvrir le coût de notre rançon, et il est ressuscité : Satan, et son système basé sur la destruction, la perversion, et la mort, est en train de s’écrouler.

Et en parallèle, il y a l’annonce politique du changement de règne, et elle, Jésus la destine à tous, aux hommes, aux femmes, aux enfants : c’est un fait, les lignes bougent. Qu’est-ce qu’on choisit ? On reste du côté séparatiste ou on se rallie au Roi qui arrive ?

          Une annonce solennelle

Le mot évangile, « bonne nouvelle », a un sens particulier à l’époque de Jésus, c’est un mot assez solennel. Un peu comme un faire-part. Et un faire-part peut avoir un double sens : un faire-part de naissance vous annonce que la famille a changé, qu’il y a un avant et un après. Un faire-part de mariage vous prévient d’un événement heureux à venir… Dans la bouche de Jésus, l’Evangile est un double faire-part : Dieu a pris les choses en main, le déclic est passé… et le royaume arrive, de façon inexorable.

C’est en cours, ça a déjà commencé – et c’est une excellente nouvelle ! Le changement commence avec la venue de Jésus, la victoire est scellée à sa mort et à sa résurrection, et le signe de sa victoire, c’est qu’il prend place à la droite de Dieu, Jésus ressuscité, Jésus roi. Ce n’est pas encore complètement visible, l’Adversaire déchu fait encore des siennes, espérant utiliser la technique de la terre brûlée, mais le roi a remporté la victoire, et son règne approche.

L’Ascension est cruciale pour nous, pas parce que c’est un long week-end ! mais parce que ce moment nous rappelle que le règne de Dieu est en marche, de façon inexorable. le message de Jésus dépasse la dimension individuelle de notre salut et de notre relation personnelle avec Dieu : il y a une dimension globale, mondiale, cosmique  car Dieu veut rétablir l’harmonie dans ce monde, voir la justice triompher, la vie s’épanouir, la joie éclater.

           Une décision à prendre

Vous êtes dans la salle d’attente de la gare Matabiau, il est 10h du matin, et vous attendez le train pour Bordeaux. Une annonce passe dans les enceintes (« le train en direction de Bordeaux Saint-Jean est arrivé en voie 4. Il partira voie 4, à 10h23 »). Dans cette annonce, il y a une question : votre train est là, vous faites quoi ?

Jésus fait la même annonce : le royaume est en route… Alors, vous faites quoi ? Vous rejoignez l’aventure ? Ah vous n’avez pas de billet, et pas assez sur vous pour en acheter ? C’est pas grave, Jésus vous l’offre ! Il paye votre place.

Changez de vie et croyez ! Montez dans le train ! rejoignez le royaume… En annonçant que les lignes bougent, Jésus nous interpelle : il faut prendre une décision. Il faut se positionner. Un changement de régime est en cours, on ne peut pas rester neutre, il faut choisir. A la différence de la géopolitique humaine, Jésus ne demande pas de prendre les armes… Il demande plutôt de baisser les armes ! de laisser de côté le séparatisme et ses illusions, ses mensonges, ses décadences, pour faire allégeance au vrai Roi, le roi de justice et de paix. La foi, ce n’est pas seulement une ouverture au monde spirituel… une connexion à un Être supérieur… C’est un positionnement, un acte politique, une appartenance : le Roi légitime arrive, et je le rejoins. Je fais un choix.

En faisant cet acte d’allégeance aujourd’hui, alors que la victoire est proclamée sans que la passation de pouvoir ait été officielle, nous vivons déjà un peu de ce règne de Dieu : connectés à lui, nous recevons sa paix et son pardon, son amour et ses paroles de vérité. Nous goûtons à son royaume, à sa liberté, à sa bonté. Nous sommes citoyens du Royaume de Dieu, même si nous habitons encore ici ou là.

Et cela, nous l’expérimentons personnellement, dans la proximité avec Dieu, et ensemble, en église, en communautés rassemblées comme des avant-postes avant-gardistes du Règne de Dieu qui vient, où nous apprenons ensemble à quoi ressemble la vie avec Dieu, où nous nous soutenons ensemble pour expérimenter les projets innovants de Dieu – des projets d’amour et de vérité qui se concrétisent entre nous, et sur le terrain de notre vie quotidienne…

Alors l’apprentissage est long, pour apprendre la langue, la culture, les us et coutumes du Royaume de Dieu, d’autant que comme toute différence géopolitique, nos choix peuvent vite créer des incompréhensions, des écarts, des tensions… Mais ça en vaut la peine ! Vous préférez quoi, les ruines d’un royaume de mensonge et de violence, ou les frémissements de la justice et de la paix ?

 

Jésus est Roi, à la droite du Père. Son règne arrive, inexorablement – le message résonne avec autant d’urgence qu’à son époque : à qui rendrons-nous allégeance ? Au roi puissant, aimant, juste et libérateur, ou à l’imposteur qui agite la bannière de l’autonomie pour mieux nous manipuler ?

Jésus nous invite à rejoindre l’aventure… à monter dans le train… Où vous situez-vous ? dans la salle d’attente de la gare, ou sur le quai, ou dans un mauvais train, ou sur le marche-pied, hésitant, ou installés dans le bon train, endormis ou réveillés… L’annonce résonne : que choisissez-vous ?