Artisans de paix

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J’ai commencé ce parcours de quatre prédications sur le thème de la paix de Dieu parce que, dans le contexte troublé que nous connaissons, j’avais le sentiment que nous en avions besoin… avec le tumulte, voire la cacophonie ambiante. Et je n’ai pas l’impression que ça ait beaucoup changé. Nous avons plus que jamais besoin de la paix de Dieu !

Une paix que le Christ nous donne et qu’il garantit par sa présence à nos côtés à chaque instant, une paix qui dépasse toutes circonstances et toutes nos capacités de réfléchir et de penser, une paix qui trouve son origine dans la réconciliation avec Dieu : la paix de Dieu découle de la paix avec Dieu…

Pour terminer cette mini-série, il m’a semblé naturel de réfléchir à la paix que nous sommes appelés à donner. Avec la conviction que c’est en recevant la paix de Dieu que nous pouvons aussi donner la paix autour de nous. Il y a une béatitude de Jésus qui l’exprime avec force :

Matthieu 5.9
9 Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés enfants de Dieu !

Les béatitudes ouvrent le Sermon sur la Montagne. Elles constituent comme une charte du Royaume de Dieu, la description d’un idéal pour le croyant. Elle contient des formules parfois étonnantes (“Heureux les humbles de coeur…”), voire paradoxales (“Heureux ceux qui pleurent… Heureux ceux qu’on persécute…”). Mais elles se terminent toujours par une promesse, avec toujours la même structure : “Heureux… car…”

Matthieu 5.9
9 Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés enfants de Dieu !

Cette septième béatitude, sur laquelle nous allons nous arrêter ce matin, nous parle de la paix. Pour la comprendre et l’appliquer à notre vie, je propose des éléments de réponse à trois questions à propos des “artisans de paix” :

  • Qu’est-ce qu’un artisan de paix ?
  • Pourquoi seront-ils appelés enfants de Dieu ?
  • En quoi sont-ils heureux ?

 

Qu’est-ce qu’un artisan de paix ?

Le terme grec utilisé ici (eirênepoioi) ne se trouve pas ailleurs dans la Bible. C’est un terme composé qui vient de eirêne, la paix et du verbe poieô, faire. Il est traduit de différentes façon dans les versions françaises :

  • Segond : “ceux qui procurent la paix”
  • TOB : “ceux qui font oeuvre de paix”
  • Semeur : “ceux qui répandent la paix autour d’eux”
  • Parole de Vie : “ceux qui font la paix autour d’eux”
  • Nouvelle Bible Segond et Nouvelle Français Courant : “les artisans de paix”

C’est sans doute cette dernière traduction que je préfère. Elle exprime bien le fait que la paix n’est pas quelque chose qu’on donne comme ça, sans que ça nous coûte ou sans que ça demande du travail. Au contraire, la paix, ça se fabrique, ça se façonne, et ça demande du temps. Comme le travail d’un artisan. On peut même comparer la paix à un objet artisanal : c’est une pièce unique ! Elle doit trouver sa forme adaptée à chaque situation. Il n’y a pas de moule universel de la paix !

Un artisan de paix, c’est quelqu’un qui sait mettre à profit son expérience, son savoir-faire, et qui sait prendre le temps qu’il faut pour façonner la paix qui convient à une relation, dans un groupe de personnes, dans une situation conflictuelle…

Si la paix se façonne et se construit, c’est qu’elle n’est pas simplement l’absence de quelque chose. Elle doit être quelque chose en plus. La paix, ce n’est pas seulement l’absence de conflit, c’est la réconciliation. Ce n’est pas seulement l’absence de rancune, c’est le pardon. La paix, c’est la plénitude d’une relation restaurée. D’ailleurs le mot hébreu shalom qu’on traduit habituellement par paix évoque cette idée de plénitude.

C’est pourquoi la paix parfaite est celle qui découle de la plénitude de la présence de Dieu dans notre vie… Les artisans de paix sont ceux qui savent apporter un peu de cette plénitude à ceux qu’ils côtoient.

 

Pourquoi seront-ils appelés enfants de Dieu ?

Le premier artisan de paix, c’est Dieu lui-même. Toute l’histoire biblique témoigne de ce long travail de Dieu pour restaurer la paix brisée avec ses créatures, avec son peuple. Un véritable travail d’artisan, adapté parfaitement à la situation. Il a mis les mains dans le cambouis par l’incarnation, en devenant humain ! L’oeuvre de paix de Dieu a atteint sa plénitude dans la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ, une oeuvre de salut, de pardon, de réconciliation.

Celui qui est artisan de paix au nom du Christ montre qu’il a appris de l’exemple suprême. Il sera appelé enfant de Dieu parce qu’il aura agi comme son Père.

La question qu’on peut se poser, du coup, est la suivante : N’y a-t-il que les chrétiens qui puissent être artisans de paix ? Non ! Certainement pas ! On sait très bien que ce n’est pas le cas. Mais, en tenant compte de cette béatitude de Jésus, ne pourrait-on pas dire alors que ceux qui sont artisans de paix, sans être croyant, agissent en enfant de Dieu sans le savoir ? Ils agissent conformément à l’image de leur Créateur, inscrite en eux.

Le croyant, lui, est enfant de Dieu non seulement par le fait qu’il est créé à l’image de Dieu mais aussi par adoption, par sa foi en Jésus-Christ. Alors si les artisans de paix seront appelés enfants de Dieu, ceux qui sont enfants de Dieu sont aussi appelés aujourd’hui à être artisans de paix ! Il faut être cohérent… Ce n’est pas une option, c’est lié à notre identité d’enfant de Dieu.

C’est pour cela, par exemple, que l’apôtre Paul est si sévère dans ses lettres envers ceux qui amènent le trouble et la division dans les Eglises. Si les enfants de Dieu ne sont pas des artisans de paix mais des fauteurs de trouble, quelle image de Dieu cela renvoie-t-il ?

 

En quoi sont-ils heureux ?

Mais il ne faut pas oublier que notre texte de ce matin est une béatitude : Jésus dit des artisans de paix qu’il sont heureux !

Il suffit de lire l’ensemble des béatitudes pour comprendre que Jésus n’est pas en train de dire qu’ils auront une vie facile, sans difficulté, en étant toujours dans la joie : dans les paroles de Jésus, sont heureux aussi ceux qui pleurent et même ceux qui sont persécutés à cause de leur foi…

Il me semble qu’être heureux, selon les béatitudes, c’est d’abord être en accord avec la volonté de Dieu. En témoignent les promesses associées à chacune des béatitudes et qui expriment l’approbation de Dieu. Ils sont heureux, les artisans de paix, parce qu’il font l’oeuvre du Dieu d’amour et de paix. Ils sont heureux parce qu’ils recevront l’approbation de leur Créateur.

Du coup, être heureux, c’est aussi être en paix avec soi-même, en vivant en accord avec ce que nous sommes, des créatures faites à l’image de Dieu. Ils sont donc heureux les artisans de paix parce qu’ils se conduisent en accord avec cette image de Dieu inscrite au plus profond d’eux. Le Seigneur est un Dieu de paix : nous sommes faits pour la paix et non le conflit. Ils sont heureux, les artisans de paix, parce que la haine, la rancune ou la jalousie sont des émotions délétères qui nous détruisent à petit feu.

 

Conclusion

La paix que Jésus donne, la paix de Dieu, la paix avec Dieu… le parcours aurait été incomplet si nous nous étions arrêtés là. Car cette paix de Dieu, qui fait de nous pleinement ses enfants, nous responsabilise. Nous ne pouvons pas seulement la recevoir, même si elle nous est largement accordée par Dieu. Nous devons aussi la donner autour de nous. Nous sommes appelés à être des artisans de paix.

C’est ainsi que nous serons vraiment, par notre conduite, des enfants de Dieu. Et alors nous serons heureux. Heureux d’accomplir la volonté de Dieu. Heureux de manifester un peu de l’amour et la paix de Dieu que nous avons reçues à notre prochain. Heureux d’accomplir notre vocation d’hommes et de femmes créés à l’image de Dieu, des artisans de paix au nom du Dieu de paix.

Nous serons heureux et en paix. Aujourd’hui et pour l’éternité.




La paix avec Dieu

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Dans les deux premières prédications de notre mini-série, nous avons évoqué la paix de Dieu. Celle que le Christ donne à ses disciples juste avant de les quitter, une paix que nul autre ne peut donner. Celle qui découle de notre communion avec Dieu, une paix qui dépasse toute intelligence.

Ce matin, je propose que nous nous arrêtions sur un autre aspect de la paix de Dieu, à partir d’une formule utilisée par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains où il parle non pas de la paix de Dieu mais de la paix avec Dieu.

Qu’est-ce que la paix avec Dieu ? Est-ce que ça signifie que nous sommes en conflit avec lui ? Est-ce que nous devons faire la paix avec Dieu ? Qu’est-ce que ça change pour nous, aujourd’hui, d’être en paix avec Dieu ?

Le texte que nous allons lire se situe après une présentation détaillée du plan de salut de Dieu pour l’humanité, partant de la réalité universelle du péché, le mal présent en chacun de nous, jusqu’à la mort du Christ sur la croix à notre place, dont nous recevons les bienfaits par la foi.

Romains 5.1-11
1 Ainsi, nous avons été reconnus justes par la foi et nous sommes maintenant en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. 2 Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu. 3 Bien plus, nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, 4 que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance. 5 Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par l’Esprit saint qu’il nous a donné.
6 En effet, quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable. 7 Déjà qu’on accepterait difficilement de mourir pour quelqu’un de droit ! Quelqu’un aurait peut-être le courage de mourir pour une personne de bien. 8 Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. 9 Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes ; à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. 10 Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils. À plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par la vie de son Fils. 11 Il y a plus encore : nous mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, grâce auquel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu.

Paul se place à deux niveaux dans son argumentation. Il y a le niveau théologique global et le niveau plus personnel, de l’ordre de l’appropriation.

 

L’humanité ennemie de Dieu

Le niveau théologique global évoque les relations entre l’humanité en général et Dieu. Il parle d’une rupture fondamentale, celle que relatent les premiers chapitres de la Genèse, où l’humanité s’est coupée de son Créateur, voulant devenir son propre dieu. C’est l’épisode du jardin d’Eden, avec la tentation du serpent qui incite Adam et Eve à manger du fruit de la connaissance du bien et du mal. C’est une prétention à l’autonomie sans Dieu. Dans la suite de son argumentation, à partir du verset 12, Paul va développer ce lien fondamental au péché d’Adam. Mais cette rupture fondamentale, c’est aussi l’épisode du Déluge, qui survient alors que l’humanité s’enfonce de plus en plus dans le mal, n’en faisant qu’à sa tête. C’est enfin l’épisode de la tour de Babel, lorsque les humains ont voulu construire une tour “qui touche les cieux”, s’élevant jusqu’à la place de Dieu. Il y a bien-sûr une dimension symbolique à ces récits qui répètent d’une certaine façon le même schéma, témoignant du fait que la rupture de l’humanité avec son Créateur est bel et bien profondément ancrée en elle.

C’est en cela que l’humanité est “ennemie de Dieu” (cf. v.10). Elle s’est coupée elle-même de son Créateur. Cette rupture fondamentale continue à se manifester, de multiples manières, dans l’histoire de l’humanité, jusqu’à aujourd’hui : on la voit dans les régimes totalitaires, dans les violences et les oppressions systémiques de tous ordres et leurs conséquences sociales, économiques, environnementales… L’humanité “ennemie de Dieu” change de visage au cours de l’histoire mais elle demeure bien réelle.

La réponse de Dieu a été d’envoyer son Fils, Jésus-Christ, pour prendre l’initiative de la réconciliation : “quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable.” (v.6) Et Paul souligne la pure miséricorde de Dieu dans cet acte, sa grâce : ”Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.” (v.8)

C’est le mystère de la croix, par lequel Jésus-Christ meurt, à notre place, victime de l’humanité “ennemie de Dieu”. Il meurt, lui le juste, pour nous injustes : “Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes… Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils.” (v.9-10).

Voilà l’argumentation théologique globale de l’apôtre Paul dans notre passage.

 

Faire la paix avec Dieu

Mais il y a aussi un niveau plus personnel dans l’argumentation de l’apôtre, qui est de l’ordre de l’appropriation. C’est l’usage du “nous” dans tout ce texte. Paul aurait pu dire la même chose de manière impersonnelle, en parlant de l’humanité ou même des croyants. En disant “Nous sommes maintenant en paix avec Dieu”, ou “Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui”, il rend sa démonstration éminemment personnelle, appelant ses lecteurs à s’inclure dans ce “nous”. Il nous invite à vivre personnellement ce chemin de réconciliation avec Dieu.

La question de la paix avec Dieu n’est pas seulement entre l’humanité et Dieu, c’est entre chacun de nous et notre Créateur. Il s’agit de prendre conscience que nous avons tous besoin de faire la paix avec Dieu.

Et pas seulement si nous sommes des athées convaincus, en guerre ouverte contre Dieu. Là, c’est évident… Faire la paix avec Dieu, pour le non-croyant, c’est choisir le chemin de la foi. C’est renouer le contact perdu avec son Créateur en répondant à l’initiative prise par Dieu en Jésus-Christ. Ce n’est que le début du chemin mais c’est l’étape décisive de la réconciliation avec Dieu.

Mais parce que ce n’est que le début du chemin, le croyant devra aussi parfois refaire la paix avec Dieu. Pas forcément parce qu’il sera en conflit ouvert avec lui… Mais par exemple, lorsque, consciemment ou non, nous tenons Dieu pour responsable de malheurs qui nous arrivent, lorsque, d’une manière ou d’une autre, nous lui en voulons. Ou lorsque, sans forcément toujours nous en rendre compte, nous menons notre barque sans lui, quand finalement nous décidons tout seul de ce qui est bien ou mal…

C’est alors que nous nous sommes laissés à nouveau embarqués par l’humanité ennemie de Dieu, dont il reste toujours quelque chose au fond de nous-mêmes. C’est ce que Paul appelle ailleurs le “vieil homme” dont il faut sans cesse se débarrasser. C’est Luther qui disait : “J’ai voulu noyer le vieil homme, mais le bougre sait nager !”

Refaire la paix avec Dieu, pour le croyant, c’est retrouver le chemin de la confiance et de l’abandon à Dieu.

 

L’impact de la paix avec Dieu

L’apôtre Paul évoque enfin l’impact personnel de cette paix retrouvée avec Dieu. C’est là que la paix avec Dieu rejoint la paix de Dieu… car elle procure une force incroyable au quotidien. D’abord parce qu’elle nous donne une espérance, celle de la gloire : “Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu.” (v.2)

Et c’est une perspective qui change tout ! Quelles que soient les circonstances de notre vie, quoi qu’il nous arrive, nous savons que notre horizon ne s’arrête pas à cette vie ici et maintenant. Il s’étend jusque dans l’éternité. Rien ni personne ne peut nous ôter cela !

Concrètement, cette espérance change notre regard sur les épreuves de la vie. C’est ce que l‘apôtre exprime dans l’enchaînement étonnant des versets 3-4, qui commence par une affirmation paradoxale : “nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance.”

On n’est pas du tout ici dans une forme de masochisme spirituel où le croyant se réjouirait de ses épreuves et de ses détresses. On est plutôt dans l’affirmation d’une paix qui permet d’aborder les épreuves d’une façon différente, de voir au-delà des détresses. Parce que nous savons que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! Plus encore, dans nos détresses elles-mêmes, Dieu peut changer le mal en bien, parce qu’au bout de la chaîne, il y a l’espérance !

 

Conclusion

En somme, être en paix avec Dieu, c’est être aussi en paix avec soi-même, et trouver la paix même dans l’épreuve. Parce que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! La paix avec Dieu nous procure la paix de Dieu, cette paix que nul autre ne peut nous donner, une paix qui dépasse toute intelligence.




Une paix qui dépasse toute intelligence

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La semaine dernière, nous avons évoqué la paix que le Christ laisse à ses disciples peu de temps avant de les quitter, une paix qui découle de sa présence auprès d’eux, auprès de nous et en nous par son Esprit. C’est une paix que nul autre ne peut nous donner ! Ce matin, je vous propose de nous arrêter sur un autre aspect de la paix de Dieu, que l’apôtre Paul évoque dans son exhortation aux chrétiens de Philippe.

Les deux versets que nous allons lire font partie des différentes recommandations que l’apôtre adresse à ses lecteurs, à l’issue de sa lettre. Le contexte n’est pas facile, tant pour Paul que pour ses lecteurs. L’apôtre est en prison lorsqu’il écrit sa lettre. Et les chrétiens de Philippe font face eux-mêmes à des difficultés. Paul les considère comme ses partenaires dans la lutte pour la propagation de la Bonne Nouvelle du Christ. Car elle progresse, malgré les oppositions.

Dans un tel contexte, qui peut être source de craintes et d’inquiétudes, au coeur de ses exhortations, l’apôtre Paul adresse un appel à ses lecteurs, avec une promesse, celle de la paix de Dieu :

Philippiens 4.6-7
6 Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7 Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.

 

Une paix qui dépasse toute intelligence

Intéressons-nous d’abord à la formule originale utilisée par Paul au verset 7 : “la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence”. Qu’est-ce que ça signifie exactement ? De quelle intelligence parle-t-on ?

C’est le terme grec noûs qui est utilisé ici. Un terme qu’on peut traduire avec plusieurs termes en français : l’esprit, la pensée, la raison, l’intellect… En fait, on peut dire que le terme désigne notre faculté de penser.

Paul affirme donc que la paix de Dieu dépasse notre faculté de penser. Est-ce à dire que c’est une paix qui n’a rien à voir avec l’intelligence ? Une paix irrationnelle, qui ne s’explique pas ? Il me semble que c’est plutôt une paix qui surpasse les limites de notre intelligence.

Car, il faut le dire, notre intelligence peut nous procurer une certaine paix. Face à une situation de stress ou d’inquiétude, on peut se raisonner, analyser le problème. On peut mettre à profit notre expérience, nos connaissances, faire preuve de sagesse. Et cela peut suffire à nous procurer la paix, lorsqu’on comprend, ou qu’on maîtrise la situation.

Dieu nous a donné une intelligence et nous appelle à faire preuve de bon sens. Cela suffit à nous procurer la paix dans un certain nombre de cas. Ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on est obligé de vivre toujours dans l’irrationnel !

Mais il y a des circonstances qui échappent à notre compréhension et notre sagesse, des situations qu’on ne maîtrise pas du tout, qui nous dépasse, où on se sent complètement démuni… C’est alors que la paix de Dieu est si importante, elle qui surpasse toutes nos facultés intellectuelles.

La paix de Dieu va au-delà de notre sagesse et notre bon sens. Elle nous est accordée même lorsque notre intelligence ne peut nous procurer aucune paix. Même quand, humainement, il ne semble y avoir aucune issue favorable possible, le croyant peut être rempli de la paix de Dieu. De nombreux exemples peuvent être cités, hier et aujourd’hui, pour des croyants face à la persécution, dans le creuset de l’épreuve ou au cœur de la maladie. Alors que tout semble perdu humainement, ils font preuve d’un calme, d’une confiance et d’une paix incroyables. Cette paix-là est d’ailleurs parfois un témoignage plus fort et parlant qu’un miracle. En fait, elle est un miracle… parce qu’elle est l’effet direct de l’oeuvre de Dieu.

 

La paix dans l’union avec Jésus-Christ

Arrêtons-nous maintenant sur la suite de l’exhortation de l’apôtre Paul, qui permet de préciser ce qu’est cette paix de Dieu qu’il promet. Relisons l’ensemble du verset 7 : “la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.”

Le fruit de la paix de Dieu chez le croyant, c’est de garder son coeur et ses pensées unis avec Jésus-Christ. Le coeur et les pensées, ce sont différentes dimensions de notre être intérieur. Le coeur, c’est plutôt le siège de la volonté, de nos intentions et de nos motivations. Les pensées (le terme grec est apparenté à noûs) sont le fruit de notre intellect, nos réflexions, nos préoccupations…

Les soucis, les inquiétudes, les préoccupations peuvent altérer notre paix intérieure. Mais pour le croyant que nous sommes, ils peuvent aussi facilement nous éloigner du Christ, nous faire oublier sa présence, nous donner l’impression de ne plus la ressentir. Absorbés que nous sommes par les soucis et l’inquiétude, on peut en venir à oublier la présence du Christ à nos côtés…

Or la paix de Dieu garde nos coeurs et nos pensées unis avec Jésus-Christ. On pourrait même dire qu’on a ici une sorte de définition de la paix pour le chrétien : c’est avoir son coeur et ses pensées unis avec Jésus-Christ. Être en harmonie avec le Christ. Se reposer en lui.

On pourrait appeler cela le cercle vertueux de la paix de Dieu. Elle garde notre coeur et nos pensées unis au Christ, et le fait de garder notre coeur et nos pensées unis au Christ nous procure la paix en toutes circonstances !

 

Le rôle de la prière

Si on revient un peu en arrière dans l’exhortation de Paul, on constate qu’il y a un rôle spécifique de la prière pour recevoir la paix de Dieu. C’est le verset 6 : “Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant.”

Il s’agit donc, en toutes circonstances, de demander à Dieu ce dont nous avons besoin, et de le faire avec un coeur reconnaissant.

Ca ne veut pas dire que Dieu nous donnera automatiquement tout ce que nous lui demanderons. L’apôtre Paul n’est pas en train de nous donner un truc infaillible pour obtenir de Dieu tout ce qu’on veut ! L’idée de cette exhortation est qu’en demandant à Dieu tout ce dont nous avons besoin, nous lui exprimons notre attente, notre confiance, nous reconnaissons que nous dépendons de lui.

Le faire avec un coeur reconnaissant, c’est justement le faire dans la confiance que Dieu répondra selon nos besoins, qu’il prendra soin de nous. Ici encore, ce n’est pas une formule magique. Comme s’il suffisait de dire merci par avance pour avoir ce qu’on demande. Vous savez que certains l’ont compris comme ça ! Ce n’est plus de la reconnaissance, c’est une tentative de manipulation… et une sacrée preuve d’immaturité chrétienne !

Il ne faut pas oublier que ce que Dieu promet en réponse à nos prières, dans cette exhortation de l’apôtre, ce n’est pas forcément ce qu’on lui demande mais c’est toujours sa paix. Notre texte dit : “Demandez à Dieu tout ce dont vous avez besoin… et il vous donnera sa paix.” Que l’on obtienne ou non ce que nous avions demandé, Dieu promet de nous donner sa paix.

 

Conclusion

Je nous invite ce matin à entrer dans le cercle vertueux de la paix de Dieu ! Gardons notre coeur et nos pensées unis au Christ pour recevoir la paix de Dieu, cette paix qui elle-même gardera notre coeur et nos pensées unis au Christ !

Ce cercle vertueux nous gardera en paix, quelles que soient les circonstances de notre vie, quelles que soient les menaces ou le tumulte qui nous entoure.




La lumière de Sa présence (Quand Dieu se révèle 4/4)

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D’après Exode 40.16-38

16 Moïse exécuta scrupuleusement les ordres du Seigneur : 17 le premier jour du premier mois, une année après le départ d’Égypte, on édifia la demeure. 
18 Moïse fit dresser la demeure : il mit en place les socles, les cadres et les traverses, de même que les colonnes. 19 Il déploya les toiles de tente sur la demeure, puis il plaça la couverture protectrice par-dessus, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse. 
20 Moïse prit les tablettes de pierre des dix paroles et les déposa dans le coffre ; il mit en place les barres du coffre et il recouvrit celui-ci de son couvercle. 21 Il l’introduisit dans la demeure, puis il suspendit le rideau de séparation pour cacher le coffre, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
22 Il plaça la table dans la tente, du côté nord, devant le rideau de séparation ; 23 il y arrangea les pains offerts au Seigneur, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
24 Il plaça le porte-lampes dans la tente, du côté sud, en face de la table ; 25 il en alluma les lampes, devant le Seigneur, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
26 Il plaça l’autel d’or dans la tente, devant le rideau de séparation ; 27 il fit brûler dessus le parfum, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
28 Il fixa le rideau d’entrée de la demeure, 29 puis il plaça l’autel des sacrifices près de l’entrée de la demeure de la tente de la rencontre ; il y fit brûler un sacrifice complet et une offrande végétale, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
30 Il plaça le bassin entre la tente et l’autel, et il le remplit d’eau, pour les purifications. 31 Moïse, Aaron et ses fils utilisaient cette eau pour se laver les mains et les pieds. 32 Ils se purifiaient de cette manière chaque fois qu’ils pénétraient dans la tente de la rencontre ou qu’ils s’approchaient de l’autel, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
33 Moïse fit dresser les tentures de la cour, tout autour de la demeure et de l’autel, et il fit suspendre le rideau à l’entrée de la cour. Il mit ainsi un terme aux travaux.

34 Alors la nuée vint recouvrir la tente de la rencontre et la gloire du Seigneur remplit la demeure. 35 Moïse ne pouvait plus pénétrer dans la tente, car la nuée y demeurait et la gloire du Seigneur remplissait la demeure.
36 Pour leurs déplacements successifs, les Israélites ne se mettaient en route que si la nuée s’élevait au-dessus de la demeure. 37 Si la nuée ne bougeait pas, ils ne partaient pas ; ils attendaient le jour où elle s’élevait.38 Le Seigneur manifesta sa présence aux Israélites par la nuée qui enveloppait la demeure pendant le jour ou par le feu qui y brillait pendant la nuit, et cela tout au long de leur voyage.

Ca y est, les travaux sont presque finis ! Enfin ! C’était tellement long… plusieurs mois pour rassembler et construire tout ce qui était demandé… Dans ce contexte, en plus, c’était très compliqué de trouver les ressources nécessaires ! Il a fallu trouver les bons tissus, les bonnes pierres, les bons matériaux… et surtout, croiser les bonnes personnes ! Même en y mettant le prix, c’était compliqué ! Les chefs de projet en ont passé, des nuits sans dormir ! Mais bon, ça y est, presque 9 mois après le lancement du projet, tout est prêt pour l’assemblage final…

Ce n’est pas la première fois que Siméon & ses collègues travaillent sur un projet de bâtiment : en Egypte déjà, ils étaient dans le milieu de la construction. Mais là, le projet est vraiment à part ! Il ne faut pas se tromper, les exigences sont hautes. Vous comprenez, le bâtiment qu’ils construisent, c’est pour Dieu ! Rien que ça ! Pour Dieu !

Siméon se souvient, il y a 9 mois, quand Moïse est redescendu du Mont Sinaï avec un genre de contrat entre Dieu et le peuple d’Israël : Dieu allait guider son peuple avec fidélité, vers un pays où le peuple serait libre, en sécurité, et plongé dans l’abondance.

En retour, le peuple devait accepter que vivre avec Dieu, ce n’est pas vivre avec n’importe qui ! Pour vivre avec Dieu, le grand Dieu tout-puissant, dont la force n’a d’égale que la pureté et la sagesse, pour vivre avec ce Dieu là, on ne peut donner que le meilleur.

Pour symboliser le lien, la relation entre son peuple et lui, Dieu a aussi demandé qu’on lui construise un genre de temple mobile, un lieu qui concrétise la rencontre.

Ils ont eu du mal à trouver un nom pour ce lieu inédit : la tente de la rencontre, la demeure ? D’après ce que Siméon a compris, ils ont opté finalement pour le mot « tabernacle ».

Et donc, pendant 9 mois, tout en avançant dans le désert, ils ont rassemblé les matériaux, mis en commun leurs possessions, quand ça n’allait pas ils échangeaient avec les caravanes de commerçants qu’ils rencontraient sur la route, jusqu’à ce qu’ils aient tout le nécessaire pour bâtir ce temple mobile, ce tabernacle.

 

Ils ont patienté quelques semaines, ici, pour attendre la date anniversaire : un an, tout juste, après leur libération, un an qu’ils sont sortis d’Egypte sous la houlette de Moïse. Siméon revoit l’agitation de cette nuit-là, la course, le bras de mer qui s’ouvre pour les laisser passer, et les chants, les danses, les pleurs, même, quand ils ont compris qu’ils étaient enfin libres !

Moïse s’avance. Tôt ce matin, il a fait rassembler tout le peuple. Il a prié pour que Dieu conduise cette journée solennelle. Maintenant, il appelle son équipe, triée sur le volet pour manier les matériaux précieux avec respect et précision. Les instructions fusent, tout le monde est concentré. Moïse surtout, lui qui est responsable, on dirait qu’il n’a pas dormi de la nuit, qu’il a répété pendant des heures dans sa tête le schéma de l’assemblage de ce tabernacle, le lieu de résidence du Dieu très-haut – il ne faut pas se tromper !

Siméon est là, sur le côté, et il regarde avidement s’achever l’œuvre à laquelle il a participé.

D’abord, les ouvriers mettent en place le cœur du tabernacle, l’espace très saint : ils y mettent un coffre, avec les tablettes où sont gravés les Dix Commandements. Ils ajoutent les décorations : Siméon n’a jamais vu autant d’or – c’est une façon d’honorer le Dieu tout-puissant qui les a libérés. Ensuite, les ouvriers placent la structure tout autour, puis ils suspendent les couvertures richement brodées, et enfin les rideaux qui ferment ce lieu que Siméon ne verra plus jamais : seul le grand-prêtre pourra y entrer, une fois par an, pour la fête du Grand Pardon, qui célèbre la justice et la compassion de Dieu.

Dans le prolongement de ce lieu caché, les ouvriers construisent le lieu saint. Ils y placent la table pour les pains offerts quotidiennement à Dieu – non que Dieu en ait besoin pour manger ! c’est une façon plutôt de reconnaître chaque jour que tout vient de Dieu, que c’est lui qui prend soin de nous, et de l’en remercier. Les ouvriers placent aussi la lampe rituelle – un rappel que Dieu est lumière, et que comme la lumière, il réchauffe ceux qui s’approchent de lui, comme la lumière il les conduit, même quand la nuit se fait noire et le chemin incertain. Siméon voit aussi qu’on y met la table pour le parfum, l’encens, qui symbolise les prières qui montent vers Dieu. Là non plus, Siméon ne rentrera jamais ! Ce lieu saint est réservé aux prêtres.

Enfin, autour de ces lieux cachés, comme dans une cour, on place l’autel pour les sacrifices qu’on offrira à Dieu en signe de reconnaissance, de repentance ou d’engagement. Il y a aussi une cuve, là, pour que les prêtres se lavent avant d’entrer pour les rituels.

C’est tellement solennel ! tout ce protocole ! Tous ces espaces, toutes ces étapes, tous ces gestes, qui matérialisent la distance avec le Dieu créateur. Siméon reprend conscience de la majesté de Dieu : comment un simple mortel pourrait-il prétendre s’approcher de Dieu ?

Les ouvriers s’affairent. Les dernières tentures sont accrochées, le tabernacle est fermé. Le sentiment de satisfaction est palpable : ça y est, ils ont fini – et en même temps, comme une attente. Maintenant que le tabernacle est terminé, que va-t-il se passer ? Quelle page va s’ouvrir pour eux ?

 

C’est d’abord le bruit qui les alerte, comme un souffle de vent, ou un bourdonnement ? Puis une masse, comme un nuage, mais en plus dense, plus épais, qui leur apparaît, là, d’un coup, au-dessus du tabernacle. Elle descend et couvre entièrement l’édifice. On dirait même que cette masse s’infiltre dans le tabernacle, et qu’elle le remplit jusqu’à en déborder… Siméon voit, ou plutôt ressent, dans tout son être, la présence de ce « nuage » : il ne peut pas se tromper – ce nuage, c’est le même que celui qui est apparu, à l’époque, sur le Mont Sinaï, quand Dieu a fait alliance avec son peuple ; c’est le même nuage que celui qui les a guidés de l’Egypte jusqu’ici ; c’est le même nuage qui rencontrait Moïse dans la petite tente à l’extérieur du camp – ce nuage, c’est la façon dont Dieu montre sa présence. Mais Siméon ne l’a jamais vu si près, si dense, si large… C’est comme si Dieu s’installait dans le tabernacle, qu’il en faisait sa maison : Dieu vient habiter parmi son peuple !

Siméon se souvient de tous ces temples qu’il a vus en Egypte, ces lieux de culte avec une, deux, trois, dix statues de divinités… On les voyait, on leur adressait des prières, on leur faisait des cadeaux… Mais Dieu, Yahwé, celui qui s’est révélé à Moïse dans un buisson enflammé, qui a lutté avec le Pharaon à coups de fléaux pour le pousser à libérer le peuple juif, ce Dieu-là est trop grand, trop insaisissable, trop puissant, pour se laisser enfermer dans une statue qu’on mettrait dans une pièce. Le nuage lui va bien : on le voit, on sent son ombre, mais on ne peut pas le contenir ni le maîtriser…

Siméon est impressionné. Il se sent en présence de Dieu, presque écrasé par les vibrations de sa gloire. Reconnaissant : Dieu est tout près ! Presque effrayé : Dieu est tout près ! Autour de lui, personne ne parle, personne ne bouge, tous sont subjugués. Même Moïse, le prophète, familier de Dieu, même Moïse se tient à l’écart, au bord, les yeux écarquillés : Dieu prend toute la place.

Cela dure – combien de temps ? jusqu’à la nuit. Dès que le soleil disparaît, le nuage devient comme du feu : lumière réconfortante et majestueuse à la fois… Le feu s’estompe, et peu à peu, chacun rejoint sa tente et sa tribu pour la nuit. La journée a été longue !

 

Cette nuit-là, Siméon fait un rêve. Il est seul, sur une route, le nuage est devant lui. Il marche, il marche, il marche, et il arrive à une ville un peu en hauteur. Là, sur une esplanade, il voit un grand temple de pierre, un roi, un cortège, des prêtres et des taureaux pour les sacrifices, des chanteurs, des musiciens, des danseurs, toute une foule rassemblée et concentrée… Il entend le roi prier, remercier Dieu pour le chemin parcouru dans le désert, pour l’installation dans le pays promis, pour sa fidélité à toute épreuve. Et ce roi prie que Dieu continue de se rendre présent, malgré les failles et les limites du peuple. Alors le nuage, fumant, radieux, remplit le temple. Les chants s’élèvent, les gens se prosternent… Dieu est là !

Puis la vision disparaît, et Siméon se trouve à nouveau sur un chemin. Il marche, il marche, il marche, et il croise un homme. Le nuage quitte Siméon et tourne autour de cet homme, qui se met à briller. Sur son manteau est brodé « Yeshoua » (Dieu sauve) et sur sa manche, « Immanuel » (Dieu avec nous). Mais qui ? qui est cet homme, qui semble habité de lumière comme le tabernacle était habité de Dieu ?

Siméon voit défiler les foules autour de Yeshoua, des gens malades le touchent, des enfants jouent avec lui… Il participe à des banquets, des débats, des fêtes… Il vit avec eux, comme eux – et au milieu d’eux, il rayonne.

Une croix se dresse sur le côté – mais avant que Siméon ait pu s’approcher, tout disparaît à nouveau, et Siméon se retrouve sur le chemin. Il marche, marche, marche, avec le nuage devant lui. Il traverse une vallée, un petit bois, et voilà, un palais ! Le nuage se pose sur le palais, et les murs du palais tombent, s’évaporent, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un trône d’où coule une lumière aveuglante, comme un fleuve de soleil.

Siméon éprouve la même sensation que devant le tabernacle : c’est réconfortant, et impressionnant en même temps. Au milieu de cette lumière, Siméon reconnaît l’homme de tout à l’heure. Yeshoua lui sourit.

La lumière se répand, touche chaque arbre, chaque oiseau, chaque rivière. Des foules arrivent des quatre coins de l’horizon, en courant, en dansant, en riant, pour se plonger dans cette lumière. L’air vibre à nouveau –

Et Siméon se réveille. Il se redresse sur sa paillasse, chamboulé par ce qu’il vient de vivre. C’était un rêve, oui, mais bien plus… presque une promesse. La promesse que Dieu allait habiter parmi les hommes, les abreuver de sa bonté, les rassasier de sa justice. Siméon comprend que Dieu n’a pas seulement en vue un peuple, un pays, mais le monde entier, en totale harmonie. Immanuel : Dieu, avec nous.

« Siméon ! » Son frère l’appelle : il est temps de se mettre en route, le nuage s’est levé, prêt à conduire le peuple sur le chemin de Dieu.

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“Yeshoua”, Jésus, a incarné Dieu parmi les hommes. Bien plus, il a accompli tout le protocole nécessaire pour que nous puissions approcher Dieu : dans sa mort sur la croix, il a assumé nos fautes et nos limites, nos failles et nos défaillances, comme l’ultime sacrifice. Il a donné sa vie, pour que nous puissions, par la foi, recevoir la vie et la présence de Dieu. Avant d’être arrêté et condamné à mort, Jésus annonce à ses disciples lors d’un repas que sa vie, son corps, son sang, va sceller le contrat, l’alliance entre Dieu et nous : en Jésus, Dieu garantit son amour et son pardon.

Jésus, dans ce dernier repas, invitait ses disciples à manger le pain en souvenir de son corps meurtri, à boire le vin en souvenir de son sang versé. Comme une invitation à nous laisser remplir – en effet, par la foi en Christ, nous recevons un avant-goût de la présence glorieuse de Dieu, en nous, par son Esprit qui vient demeurer en nous et qui nous accompagne sur notre chemin, comme des petits temples mobiles d’où Dieu fait briller sa lumière.




Je vous donne ma paix

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Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais moi je suis fatigué… Fatigué de la cacophonie ambiante, des discours excessifs et irrationnels des uns, du ton de donneur de leçons des autres. Fatigué des disputes, des revendications et contestations de tout poil, de l’agressivité globale. Fatigué des dialogues de sourds où l’écoute et la bienveillance n’ont plus leur place.

J’ai besoin de paix et d’apaisement. Et je me suis dit que je ne suis sans doute pas le seul à en avoir besoin. C’est pourquoi je vous propose, pour ce mois d’août, une mini-série de quatre prédications que j’espère apaisante… autour de quatre textes bibliques qui parlent de paix, et d’abord de la paix que Dieu nous donne.

Je propose de commencer avec une parole de Jésus lui-même, qu’il a adressée à ses disciples peu de temps avant d’être arrêté et condamné pour être crucifié.

Jean 14.26-29
26 Celui qui doit vous venir en aide, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
27 C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés. 28 Vous m’avez entendu dire : “Je m’en vais, mais je reviendrai auprès de vous.” Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de savoir que je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi. 29 Je vous l’ai annoncé maintenant, avant que ces choses arrivent, afin que lorsqu’elles arriveront vous croyiez.

C’est en particulier le verset 27 sur lequel j’aimerais m’arrêter ce matin : “C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.”

 

N’ayez pas peur

On l’a dit, ces paroles de Jésus font partie des dernières qu’il a dites à ses disciples, avant son arrestation. Il sait que sa fin est proche. On se rend compte aussi que ses disciples perçoivent bien que c’est un moment spécial. On les sent inquiets, préoccupés. Ils sentent que quelque chose va se passer, et Jésus veut les rassurer : ”Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.”

Ce n’est pas la première fois que Jésus dit à ses disciples : n’ayez pas peur. Il l’a dit lors de la Transfiguration, ou lorsqu’il a marché sur l’eau par exemple… Ce n’est pas non plus la dernière fois. Il le redira lorsqu’il leur apparaîtra après sa résurrection par exemple. Plus largement, dans la Bible, c’est une phrase, au singulier ou au pluriel, qui est très courante. Certains en ont même dénombré 365 occurrences. Une pour chaque jour !

C’est bien que nous avons besoin de l’entendre et de le réentendre. N’ayez pas peur ! Ces paroles nous font du bien aussi aujourd’hui. Peut-être même particulièrement aujourd’hui, alors que tant de discours maniant la peur résonnent partout autour de nous. Que ce soit la peur de la mort avec les chiffres quotidiens du Covid qui tournent en boucle depuis 18 mois, la peur d’une pandémie dont on ne se sortirait jamais, ou la peur du complot ou de la dictature qu’on brandit comme des épouvantails.

La peur et la paix ne peuvent pas coexister… Alors Jésus nous dit : N’ayez pas peur !

 

La manière du monde

Ce que Jésus veut laisser à ses disciples, c’est sa paix. Il leur donne sa paix… et il précise qu’il ne la donne pas “à la manière du monde”. Que veut-il dire par là ?

Chez Jean, le monde peut avoir plusieurs sens. Ca peut-être l’humanité dans sa globalité, celle que Dieu a tant aimé qu’il a envoyé son Fils pour la sauver. Mais le mot peut avoir un sens plus péjoratif, et c’est le cas ici. C’est ce monde dont il parle quelques versets plus haut, incapable de voir et de connaître Dieu parce qu’il ne le reçoit pas. C’est ce monde dont Jésus parlera un peu plus tard à ses disciples disant qu’il les détestera comme il l’a détesté, lui.

Ce monde n’a pas vraiment changé… C’est aujourd’hui un monde impitoyable et froid, un monde où le pouvoir, les jeux d’influence, l’argent écrasent l’humain. Un monde dans lequel on ne donne pas… où ce qui est gratuit cache toujours une contrepartie plus ou moins cachée. Un monde dans lequel la grâce n’existe pas. La paix que peut “donner” ce monde-là se paie et se monnaie. Et ce n’est pas de cette manière que Jésus donne sa paix…

Il faut ici préciser que ce monde-là, n’est pas forcément extérieur aux chrétiens. Il n’y a pas d’un côté les croyants qui sont toujours proches de Dieu et dont le comportement est irréprochable, et de l’autre le monde, dont il faut se méfier, et même se couper, parce qu’il nous éloignerait de Dieu. Les frontières sont poreuses. Le monde dont parle Jésus ici, on le trouve aussi dans l’Eglise, malheureusement, où les relations ne sont pas toujours animées par la grâce…

Mais Jésus, lui, n’est pas de ce monde. Il ne donne comme le monde donne. Sa paix, il nous l’offre. Il donne ce qu’il promet. Sans contrepartie cachée. Sa paix, elle découle de la grâce.

 

La paix que Jésus donne

“C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne.”

Quelle est donc cette paix que Jésus donne ? Et comment la donne-t-il ?

La paix dont Jésus parle ici, c’est sans doute d’abord celle qui découle de sa présence. Jésus est bel et bien en train de dire à ses disciples : oui, je m’en vais… mais je serai toujours là, avec vous. Je m’en vais en chair et en os, mais je serai avec vous, par mon Esprit, cet autre Consolateur que le Père enverra. Il le dit explicitement au verset 18 : “Je ne vous laisserai pas seuls comme des orphelins ; je viendrai auprès de vous.”

La paix que Jésus donne, c’est celle de sa présence auprès de nous, en toutes circonstances. “N’ayez pas peur : je suis avec vous, je vous offre ma présence, sans contrepartie cachée.”

C’est une paix dans l’épreuve et face à l’adversité, que l’on n’affronte jamais seul. C’est une paix devant l’inconnu et face à l’incertitude, car celui qui est auprès de nous connaît toutes choses, rien ne lui échappe. C’est une paix face à la mort. Parce que le Christ vivant est ressuscité, il a vaincu la mort.

Voilà la paix que le Christ donne. C’est une paix que nul autre ne peut donner.

 

Conclusion

Face à la cacophonie ambiante, face aux messages de peur et aux attitudes agressives qui nous atteignent, d’une manière ou d’une autre, devant l’incertitude du moment, entendons la promesse du Christ : “je vous donne ma paix.”

Quand il dit cela à ses disciples, c’est pour leur promettre qu’il ne les abandonnera jamais. S’il s’en va, c’est pour mieux être présent auprès d’eux, par son Esprit. Du coup, la promesse demeure pour nous !

Cette présence du Christ à nos côtés, en toutes circonstances, c’est la garantie de sa paix. Une paix que le monde ne peut pas donner. Une paix que nul autre ne peut donner. Une paix qui se reçoit par la foi, qui s’affermit dans la confiance. Une paix que nous pouvons vivre, dans une relation avec le Christ vivant, quel que soit le tumulte du monde qui nous entoure.

“C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.”