Face à l’ennemi

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1 Pierre 5.8-14
8 Soyez lucides, veillez ! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer. 9 Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi. Rappelez-vous que vos frères et vos sœurs, dans le monde entier, endurent les mêmes souffrances. 10 Vous aurez à souffrir encore un peu de temps. Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l’union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. 11 À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.
12 Je vous ai écrit cette courte lettre avec l’aide de Sylvain que je considère comme un frère fidèle. Je l’ai fait pour vous encourager et pour attester que c’est à la véritable grâce de Dieu que vous êtes attachés.
13 La communauté qui est ici, à Babylone, et que Dieu a choisie comme vous, vous adresse ses salutations, ainsi que Marc, mon enfant. 14 Saluez-vous les uns les autres avec affection, comme des frères et des sœurs.
Que la paix vous soit donnée à vous tous qui appartenez au Christ !

Avant les formules traditionnelles de salutation, à la toute fin de l’épître, Pierre veut adresser à ses lecteurs une dernière exhortation. Rappelons-nous que le contexte global de cette épître, c’est l’hostilité à laquelle les chrétiens devaient faire face, qui pouvait aller jusqu’à la persécution à cause de leur foi. Pierre dit à ses lecteurs qu’ils ne doivent pas s’étonner de cela, c’est le lot de tous les croyants, hier comme aujourd’hui. Même si les sociétés changent et les formes d’opposition aussi.

L’exhortation ultime de son épître reste donc vraie pour nous aujourd’hui. Même si, pour en souligner l’importance, il l’affirme avec force, en usant d’une métaphore… qui peut faire peur !

1 Pierre 5.8-9
8 Soyez lucides, veillez ! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer. 9 Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi.

 

Un double impératif

Mais avant la métaphore, Pierre adresse un double impératif à ses lecteurs, qui ont d’ailleurs aussi une certaine dimension imagée : “Soyez lucides, veillez !”

“Soyez lucides”.
On pourrait traduire, comme le font certaines versions, “Soyez sobres”. Le verbe désigne en effet celui qui reste lucide parce qu’il n’a pas bu d’alcool, parce qu’il est resté sobre. On sait que l’alcoolisation altère la vigilance… ce n’est pas pour rien qu’on ne doit pas conduire quand on a bu !

“Veillez”.
Il ne s’agit pas seulement de ne pas dormir et de rester réveillé, il s’agit d’une veille active, celle des gardes qui restent éveillés la nuit pour s’assurer qu’aucun ennemi n’attaque. Il s’agit donc de monter la garde, de rester en alerte.

La juxtaposition de ces deux impératifs opère un effet d’accentuation et doit éveiller notre esprit. Oui, il y a des dangers et il faut rester vigilant. Mais chacun des deux impératifs a une connotation propre.

Le premier nous met en garde contre l’insouciance ou la suffisance. “Moi oui, bien-sûr que je peux prendre le volant, je résiste à l’alcool !” Il s’agit de faire un travail sur soi pour rester sur ses gardes. Je pense à cette parole de l’apôtre Paul : “Que celui qui pense être debout prenne garde de ne pas tomber.” (1 Corinthiens 10.12)

Le second nous met en garde contre la naïveté. Celle qui nous empêche de voir les dangers autour de nous, et chez les autres. Je pense ici à la fameuse parole de Jésus, quand il envoie ses disciples : “Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups…” (Matthieu 10.16)

Evidemment, il ne faut pas tomber dans la paranoïa et le complexe de persécution. Mais il faut aussi être conscient qu’il y a bien certains dangers propres à la vie chrétienne. Et par ces deux impératifs brefs et cinglants, Pierre nous met en garde, d’une part contre l’insouciance et la suffisance, et d’autre part contre la naïveté. L’un et l’autre de ces écueils nous guettent, si nous n’y prenons pas garde.

 

Une métaphore

L’ennemi

Mais alors quel est le danger ? Qui est cet ennemi dont il faut se méfier ? Pierre l’évoque par le biais d’une métaphore saisissante : “Votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer.”

L’image est parlante… et effrayante. Peu d’entre nous aimerait croiser un lion affamé sur son chemin ! Pierre nous dit : “N’oubliez pas qu’il y a autour de vous des gens mal intentionnés qui vous veulent du mal.” Et même plus que des gens : le diable.

Le diabolos, en grec, c’est celui qui accuse, qui sépare et désunit. Il y a bien une réalité spirituelle qui cherche à s’opposer à Dieu et ceux qui lui appartiennent. Même si c’est une réalité qui nous reste bien mystérieuse, et pour laquelle il faut être prudent en évitant la fascination ou des conclusions hâtives, ce serait une grave erreur de nier son existence… Pierre le rappelle : “Votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant’.

Mais convoquer la figure du diable, ce n’est pas se dédouaner de ses responsabilités et spiritualiser à l’excès les problèmes que nous pouvons rencontrer. Il ne faudrait pas oublier que le diable, ça peut être vous ou moi lorsque nous accusons ou que nous divisons. Celui qui accuse et qui divise fait l’oeuvre du diable, le diabolos, l’accusateur. Jésus n’a-t-il pas dit à Pierre, qui voulait écarter Jésus de sa mission qui le mènerait jusqu’à la croix : “Arrière de moi, Satan !” ?

Face à l’ennemi

Une fois l’ennemi identifié, la métaphore se poursuit en évoquant l’attitude à tenir face à lui : “Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi.” Le verbe grec signifie littéralement “Se tenir devant ou contre”. Et stereos, utilisé ensuite, signifie solide, ferme. C’est l’image de quelqu’un qui reste debout, planté devant le lion et ne bouge pas .

C’est Gandalf devant le Balrog, dans le Seigneur des Anneaux : “Tu ne passeras pas !”

Face à l’ennemi qui cherche à nous faire du mal, nous pouvons dire, par la foi : “Tu ne passeras pas !” C’est l’exhortation de Pierre : Tenez-vous devant lui, ferme dans la foi ! Il ne s’agit pas de l’attaquer de front ou de chercher à le maîtriser. En utilisant le même verbe grec, Jacques dit dans son épître : “Résistez au diable et il fuira loin de vous” (Jacques 4.7)

Il s’agit donc de tenir debout, ferme et solidement ancré dans notre foi. Ce n’est pas notre foi en elle-même qui compte, c’est celui en qui nous avons placé notre foi. C’est lui qui nous rend ferme et solide, qui nous permet de tenir debout devant les attaques du diable. Et même si le lion cherche à nous dévorer, il s’y cassera les dents !

On entend dire, parfois, que la foi c’est pour les faibles, que c’est une béquille pour ceux qui n’arrivent pas à affronter les difficultés. Je crois que c’est le contraire. La foi n’est pas une béquille artificielle pour les faibles, elle nous rend fort. Elle nous permet de rester debout et ferme.

La foi est une force incroyable face à l’adversité, dans les épreuves et les difficultés. Parce qu’elle permet de voir que nous ne sommes jamais seuls. Le Christ vivant, ressuscité d’entre les morts, est là avec nous, tous les jours, selon sa promesse. Et puis il y a les frères et les sœurs dans la foi qui sont à nos côtés, dans la même foi, qui prient avec nous et pour nous.

Oui, la foi nous rend fort. Parce qu’elle sait que notre force ne repose pas sur nos propres capacités, notre sagesse ou notre expérience. Mais elle repose sur Celui qui nous appelle et nous accompagne. Et lui, il a déjà vaincu la bête, il a dompté le lion, il a terrassé le dragon, par sa mort et sa résurrection.

 

Conclusion

La vie est un combat, une lutte parfois âpre et douloureuse. C’est vrai aussi de la vie chrétienne, le croyant devant faire face à des adversaires spécifiques. Il doit rester lucide et vigilant, et tenir ferme dans la foi.

Mais l’issue du combat n’est pas incertaine. Car le Christ a déjà remporté la victoire, par sa mort et sa résurrection. C’est d’ailleurs avec une promesse que Pierre termine son propos, avant les salutations finales. Et je terminerai simplement en citant ces versets 10-11 :

“Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l’union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.”




Réjouissez-vous, même dans l’épreuve!

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Cela vous est sûrement déjà arrivé, comme conducteur ou passager : vous êtes en voiture, en route vers une destination précise mais inconnue, et vous suivez un itinéraire. Parfois, le GPS nous fait passer par un itinéraire « plus court » complètement contre-intuitif (du type, à l’opposé des panneaux indicateurs…) qui vous fait hésiter à chaque carrefour : je suis le GPS ou le panneau/ mon orientation ?… D’autres fois, la carte du GPS n’est pas à jour, ou le lieu indiqué n’est pas très bien référencé (pas de rue, pas de numéro, pas de panneau). Votre hôte vous a peut-être donné des indications précises du genre : après la maison jaune aux volets bleus, au 3e talus, tu prends le chemin sur ta gauche puis tu tournes à 47° jusqu’au grand arbre, et ensuite, à droite, etc. Heureusement, de plus en plus, ça se résout ainsi : « appelle-moi quand tu es devant la mairie et je viens te chercher » !

Dans ces moments d’incertitude, la tension monte très très vite. On se demande si on va finir par arriver, combien de temps ça va durer, comment on va se sortir de ce pétrin… on refait mille fois dans sa tête le chemin parcouru en se demandant ce qu’on a raté, tout en étant hyper-vigilant pour se repérer dans cet environnement inconnu.

En tant que chrétien, quand on avance dans la vie et qu’on rencontre des obstacles, on peut ressentir le même genre de confusion. Se dire : « je ne comprends pas, comment puis-je passer par là alors que Dieu m’a sauvé ? alors qu’il dit qu’’il m’aime et qu’il veut mon bonheur ? » On a l’impression que notre chemin ne correspond pas à la destination prévue, et ce décalage pousse au doute.

Le doute fait partie intégrante de la foi chrétienne, en particulier quand on se sent perdu. Il peut concerner Dieu : « Comment, Seigneur, pourquoi tu permets cela ? » mais parfois on doute de soi : « qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? j’ai dû me tromper quelque part ! ah c’est peut-être à cause de la fois où… de telle posture… ou alors je ne suis pas assez ceci ou cela… »

Dans sa première lettre, l’apôtre Pierre écrit beaucoup sur la souffrance, parce que les chrétiens qu’il connaît souffrent pour leur foi. Il les exhorte à tenir bon, à s’accrocher à Dieu, à résister aux pressions… Mais il sait aussi que la souffrance et l’injustice peuvent nous déstabiliser et nous faire douter. Et c’est sur ce point qu’il attire maintenant notre attention, tout en reprenant des thèmes déjà abordés (mais rien de tel que la souffrance pour nous faire oublier l’évidence !).

Lecture biblique : 1 Pierre 4.12-19

12 Très chers amis, ne trouvez pas étrange d’être en plein feu de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange. 

13 Réjouissez-vous plutôt d’avoir part aux souffrances du Christ, afin que, quand il révélera sa gloire, vous débordiez également de joie. 14 Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, car l’Esprit de Dieu à qui appartient la gloire repose sur vous. 15 Qu’aucun d’entre vous n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur ou malfaiteur, ou pour s’être mêlé des affaires d’autrui. 16 Mais si quelqu’un souffre parce qu’il est chrétien qu’il n’en ait pas honte ; qu’il remercie plutôt Dieu de pouvoir porter ce nom.

17 Le moment est arrivé où le jugement commence, et ceux qui appartiennent à la maison de Dieu sont jugés d’abord. Or, si le jugement débute par nous, comment sera-ce à la fin, lorsqu’il frappera ceux qui résistent à la bonne nouvelle de Dieu ? 

18 Comme l’Écriture le déclare :

« Si le juste n’est sauvé que difficilement, qu’en sera-t-il du méchant et du pécheur ? »

19 Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu se remettent eux-mêmes entre les mains du créateur, lui qui est fidèle, tout en continuant à faire le bien.

 

Un itinéraire paradoxal, mais valide !

Pour ces chrétiens qui souffrent, et qui peut-être se demandent si c’est de leur faute, s’ils ont raté quelque chose ou s’ils ont mal suivi Dieu, Pierre se veut rassurant : Vous êtes sur le bon itinéraire ! Vous ne vous êtes pas trompés ! ne vous inquiétez pas, ne trouvez pas le chemin étrange… Jésus l’avait annoncé : le chemin du salut est un chemin étroit ! (Mt 7.14) il avait aussi dit : heureux ceux qui sont persécutés à cause de leur appartenance au Christ (Mt 5.11) !

La persécution, c’est quand on souffre au nom de sa foi. Toutes nos difficultés dans la vie ne sont pas des attaques ou de la persécution : si vous vous comportez mal, c’est logique que la situation se retourne contre vous. La persécution, c’est quand on n’a rien fait de mal, et que la seule raison du rejet que l’on subit, c’est notre foi.

Et la persécution fait partie du paysage de la foi, parce que nous suivons le Christ, qui a été lui-même rejeté et persécuté. La persécution est normale ! Pas systématique, mais normale, probable, et cohérente avec le chemin pris, même si c’est injuste.

La joie dans l’épreuve

Comme Jésus, Pierre reconnaît que la persécution est possible et il y voit une occasion de joie. Pierre écrit à des personnes en souffrance, dans la confusion, et il invite à la joie. Cette joie dans l’épreuve ne vient pas toute seule : on n’est pas automatiquement joyeux quand on est persécuté ! Cette joie se cherche intentionnellement, et elle se trouve, dans l’épreuve, quand on prend du recul pour voir ce que Dieu fait. Comme la lumière peut percer les nuages, elle vient percer notre épreuve.

  • Pierre parle du passé : le Christ a souffert, injustement, quand il a été persécuté par les religieux de son époque. Lorsque nous sommes rejetés à cause de lui, comme lui, c’est un signe que nous sommes bien de son côté.
  • Pierre parle du futur : si nous souffrons comme Jésus aujourd’hui, nous recevrons aussi la vie triomphante de la résurrection comme lui, avec lui, en lui. L’allégresse que nous vivrons dans la pleine présence de Dieu, pour l’éternité, brille comme un phare lorsque nous sommes dans la tempête.
  • Et la joie s’invite aussi aujourd’hui. L’équation biblique n’est pas : souffrez aujourd’hui, soyez heureux demain (un demain un peu lointain). C’est une caricature. L’espérance biblique, c’est un salut dans l’éternité, qui commence aujourd’hui, sans être encore pleinement déployé. C’est une rose, mais en bouton ; un oranger qui pousse, dont les feuilles et les fleurs odorantes parfument notre vie, mais dont les fruits ne sont pas là.

Demain a déjà commencé, aujourd’hui c’est déjà un peu demain, et nous pouvons sentir un peu de cette allégresse éternelle. Si on va plus loin, demain a déjà commencé, et il a commencé… hier ! Lorsque le Christ est mort, et ressuscité, lorsqu’il a ouvert un nouveau chemin vers Dieu, une nouvelle étape.

A quoi ressemble le parfum de la joie aujourd’hui ? C’est la présence de l’Esprit de Dieu dans notre vie. Pierre parle de l’Esprit de gloire : pour un Juif, la gloire c’est le poids de la présence de Dieu, de sa majesté, c’est sa lumière, sa « rayonnance » comme dit un ami. Aujourd’hui, Dieu nous soutient par son Esprit, il nous inspire, nous transforme, nous fortifie, nous réconforte, il nous accorde sa paix même quand rien n’est paisible autour de nous. On se demande toujours comment on réagirait si… et les témoignages des chrétiens persécutés nous encouragent : au moment voulu, Dieu les a soutenus.

Se réjouir parce que le jugement a commencé

Pierre ajoute une 4e raison pour trouver la joie dans l’épreuve, une raison qui peut nous surprendre : le jugement de Dieu a commencé. Ce passage est difficile à comprendre, d’ailleurs je ne suis pas sûre d’avoir tout saisi ! Je vous propose quelques éléments pour interpréter cet argument.

3 points principaux ressortent :

  1. Le jugement de Dieu a commencé, c’est-à-dire que nous sommes dans les derniers temps – demain a commencé ! pour la joie, mais aussi pour le jugement. Dans la Bible, le jugement de Dieu va avec l’instauration du règne de justice, et une image courante chez les prophètes, c’est les douleurs de l’accouchement qui prépare à la joie de la naissance. Le jugement c’est les douleurs, et les douleurs commencent bien avant l’arrivée de la vie.
  2. Le jugement suit un ordre, et touche le peuple de Dieu avant de toucher le monde entier. Les prophètes juifs ont déjà exprimé cette notion, mais dans un autre contexte : Ezechiel (9.6) par exemple dit que Dieu va purifier son peuple avant les autres peuples – mais attention, à l’époque, son peuple fait n’importe quoi, et Ezechiel le dénonce ! Les chrétiens persécutés pour leur foi ne sont pas tout à fait sur le même registre : ils ne sont pas punis pour leur souillure morale ou spirituelle, mais ils subissent la violence de ceux qui rejettent le Christ. Le point commun entre les deux situations, c’est que le peuple de Dieu n’est pas exempté du jugement qui s’abat sur ce monde, mais qu’il en souffre aussi, avec le monde, même si les croyants ne souffriront pas toutes les conséquences éternelles de ce jugement, grâce au pardon reçu en Christ. De cela, le croyant qui souffre aujourd’hui peut tirer un réconfort.
  3. Alors en quoi consiste ce jugement ? On peut y voir déjà le jugement-discernement, une lumière qui révèle la vérité – et c’est ça le jugement ultime : c’est la révélation de la profonde réalité, dans sa vérité objective – la persécution révèle qui suit le Christ, et qui le rejette. Elle révèle aussi en nous nos motivations, nos ambiguïtés ou la force de notre foi. Toute difficulté, d’ailleurs, même hors persécution, agit comme révélateur dans notre cœur. Que ce soit un deuil, une maladie, un accident, une injustice sociale ou professionnelle, ces épreuves vécues avec Dieu viennent mettre en lumière des rêves cachés, des idolâtries inconscientes, des questionnements profonds… Et dans l’épreuve, Dieu nous invite à renouveler notre attachement à lui, pour en sortir plus forts dans la foi.

Conclusion : confiance et persévérance

C’est justement avec ça que Pierre termine, et moi aussi. Notre recours, dans l’épreuve, la persécution mais aussi toute épreuve, notre recours c’est Dieu, le créateur qui s’est fait notre Père, qui nous accompagne jour après jour et qui fait avancer son règne. Même lorsque nous avons l’impression d’être impuissants devant la difficulté, nous pouvons toujours mettre en Dieu notre confiance, parce qu’il est Dieu, puissant, juste, aimant. Cette foi, elle se montre concrètement, lorsque nous tenons fermement notre cap, que nous avançons un pas après l’autre en communion avec Dieu.


 




S’armer de détermination

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L’apôtre Pierre écrit à des chrétiens harassés, harcelés, en souffrance. Leur connexion au Christ, leur entrée dans le cercle de Dieu, les a conduits à être rejetés des autres cercles, les cercles habituels, les cercles du quotidien : au travail, en famille, au niveau social, politique… Au fur et à mesure qu’on avance dans sa lettre, on remarque que plusieurs thèmes reviennent comme des refrains ; et notamment, la souffrance des chrétiens en décalage avec le monde qui les entoure. Des chrétiens qui se retrouvent comme « exilés » dans leur quotidien, parce que toute leur vie a basculé lorsqu’ils ont fait de Jésus la pierre angulaire de leur existence. Tenir ferme sur Jésus, parfois contre vents et marées, est difficile et coûteux. Pierre revient sur cette expérience pour aborder un aspect particulier : la pression que les autres exercent sur nous pour que nous rentrions dans leur moule.

Lecture biblique : 1 Pierre 4.1-6 (TOB)

1 Ainsi, puisque le Christ a souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même conviction : celui qui a souffert dans la chair a rompu avec le péché, 2 pour vivre le temps qui lui reste à passer dans la chair, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu. 

3 C’est bien assez, en effet, d’avoir accompli dans le passé la volonté des païens, en vivant dans la débauche, les convoitises, l’ivrognerie, les orgies, les beuveries et les idolâtries infâmes. 4 A ce propos, ils trouvent étrange que vous ne couriez plus avec eux vers la même débauche effrénée, et ils vous outragent. 5 Mais ils en rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. 

6 C’est pour cela, en effet, que même aux morts la bonne nouvelle a été annoncée, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu par l’Esprit.

          La pression des pairs

Quand on se tourne vers le Christ, il y a un avant et un après. Pour des chrétiens d’origine païenne, c’est très visible : entre participer à des sacrifices à Isis ou une autre divinité dont les rituels s’accompagnent de beuveries, substances diverses, tout ce qui peut conduire à un délire mystique et tout ce qui peut suivre un délire mystique ! et puis considérer que notre vrai culte c’est d’honorer Dieu dans tout ce que nous sommes et dans tout ce que nous faisons, en visant l’amour et la justice, vous imaginez le fossé !

Pour ceux qui grandissent dans une famille chrétienne, ou dont le parcours est plus long, moins radicalement dramatique, il y a aussi un avant et un après, même si le point de bascule correspond peut-être à une quinzaine d’années. L’après, c’est la foi en Christ qui conduit à un engagement personnel, c’est la détermination à mettre Jésus au centre de notre vie.

Peu importe la radicalité du changement, il y a forcément une part (variable selon les contextes !) de décalage entre le chrétien qui s’attache à suivre la volonté de Dieu, et la vie de ceux qui ne s’alignent pas sur Dieu. Et même dans une société laïque, ce décalage peut conduire à une pression de la part des autres, voire au clash, lorsque à cause de notre foi, nous ne suivons pas le mouvement.

Alors attention, qui dit « non-chrétien » ne dit pas « affreuse personne qu’il faut éviter comme la peste et qui est en train de détruire le monde » – pas du tout ! Lorsque notre entourage, non chrétien, nous invite à l’amour, l’entraide, l’honnêteté, le respect,… c’est très bien! Moi je veux bien que mes amis non chrétiens me mettent la pression pour être plus aimante et plus respectueuse ! Aucun problème ! Bon, on n’a pas toujours les mêmes motivations, ou les mêmes définitions, mais quand on est à peu près en phase, c’est déjà énorme !

Mais ce ne sont pas ces cas-là, de pression vers les bonnes choses que nous reconnaissons comme alignées sur la volonté de Dieu, ce ne sont pas ces cas-là qui nous font vaciller, qui nous poussent au compromis ou qui nous font souffrir… Pierre parle ici des pressions à participer à des activités qui nous détournent du projet que Dieu a pour notre vie. Les pressions pour boire jusqu’à l’ivresse, pour assouvir nos désirs sans restriction, pour faire tout ce qu’on veut, comme on veut, quand on veut. Pierre évoque des tentations basiques, mais tellement répandues ! Il n’y a pas que les ados et les étudiants en soirée qui font face à ce genre de pressions ! Les scandales médiatiques autour des figures politiques ou religieuses nous montrent que les excès du boire, manger, prendre du plaisir, ne sont jamais très loin.

Cela dit, d’autres pressions peuvent s’exercer, plus subtiles mais tout aussi embarrassantes : pour négocier un contrat en jouant sur les rapports de force, sans respect pour l’interlocuteur, pour gérer notre frustration par la critique en douce, la calomnie, les rumeurs…, pour trafiquer des résultats scientifiques qui permettront d’avoir telle bourse ou tel accord, etc. Vous voyez sûrement ce que vous ressentez comme une pression dans votre vie. [pause] C’est ce que « tout le monde fait » mais qui vous met en décalage avec ce que Dieu désire.

Pierre prend ces pressions très au sérieux : elles sont réelles, douloureuses, même si elles ne vont pas jusqu’à la violence physique. La moquerie, le mépris, le rejet, l’agressivité, tout ce qui déstabilise et qui blesse, même juste « ah voilà le rabat-joie de service » ou une fête entre collègues où vous n’êtes pas invité… Pierre l’a expérimenté, quand il a renié Jésus par peur d’être associé à un condamné.

Renouveler notre détermination

Alors comment résister ? Pierre nous invite à renouveler notre détermination : « Armez-vous de la même conviction que le Christ » (v.1) Recentrez-vous sur le Christ ! et Pierre développe deux perspectives.

1/ Changer de vie pour suivre le Christ, pour s’aligner sur la volonté de Dieu dans un monde qui ignore Dieu, a un coût. Il nous faut accepter l’idée que suivre Jésus coûte. Pierre parle de souffrance dans la chair et prend l’exemple du Christ lui-même : gardant le cap sur la justice et l’amour de Dieu, il a souffert le rejet au point d’être mis à mort. C’est vrai, sa mort a aussi une valeur symbolique puisqu’il se substitue à nous devant Dieu pour endurer les conséquences de nos indignités. Mais Jésus était conscient que ses disciples devraient porter leur croix, que la vie alignée sur Dieu dérange ceux qui refusent Dieu et que leur réaction peut aller très loin. Il disait même aux aspirants disciples : réfléchissez bien ! C’est extraordinaire, de vivre avec Dieu, mais il y a un coût.

Quand vous partez en rando, vous savez que vous risquez de souffrir. Peut-être qu’au bout de 3 heures, vous aurez mal aux cuisses, ou vous aurez soif, ou vous aurez une ampoule, ou vous serez découragés parce qu’il reste encore 3h pour rentrer  et que vous n’avez plus la force ! Le savoir à l’avance n’empêche pas les problèmes, mais cela vous permet d’anticiper : bouteille d’eau, pansements, barre énergétique, des endroits pour une pause, éventuellement des personnes qui sauront vous remotiver… Et puis quand ça arrive, même si vous n’avez pas de solution toute prête, vous n’êtes pas surpris : ça fait partie du chemin !

2/ Pierre ajoute une autre perspective, qui court dans toute la lettre : l’espérance. L’héritage impérissable dont il parlait au début. Cette promesse de Dieu d’une vie avec lui qui s’expérimente dès aujourd’hui, mais qui n’épanouira son potentiel que dans l’éternité. On accepte le coût parce qu’on espère dans une joie plus grande.

Cela nous conduit à regarder notre quotidien autrement : certes, nous pouvons nous sentir « perdants » parce que rejetés, humiliés,… à cause de notre foi, certes, nous pouvons être révoltés ou envieux envers ceux qui nous mettent la pression et qui semblent être en position de force. Mais nous avons établi notre vie sur le bon fondement, le fondement solide, éternel, vivant et porteur de vie pour l’éternité : Jésus. Vous vous rappelez la parabole de la maison bâtie sur le sable et celle sur le roc : la maison sur le sable était peut-être construite plus vite, mais elle n’a pas résisté à la tempête. Le seul moyen de durer, même après la mort, c’est de s’appuyer sur Jésus, le Ressuscité, le roc éternel.

Ceux qui paraissent forts aujourd’hui en nous mettant la pression ne sont pas établis pour durer : ils ne tiendront pas sous le regard de Dieu. Pierre trouve un grand réconfort dans la notion de jugement : oui, le jugement de Dieu révèlera ce qui est juste et bon. Les pratiques « que tout le monde fait » mais qui sont injustes ou destructrices, seront éradiquées. Tandis que, même si vous êtes un « perdant », un « rabat-joie », aux yeux de certains, pour Dieu vous êtes un fidèle serviteur, un disciple convaincu, un enfant loyal. Et ça dure pour toujours ! Le jugement de Dieu, c’est la révélation, comme un renversement, de ce qui dure ou pas lorsque Dieu fait son audit du monde.

Bien sûr, ce qui nous sauve, c’est le Christ ! pas nos œuvres ! Mais notre responsabilité, en tant que disciple, c’est de rester attaché au Christ, quoi qu’il arrive – de ne pas le lâcher, quelle que soit la tempête ou les pressions.

Pierre évoque ceux qui ont accepté l’Evangile autrefois, et qui sont morts aujourd’hui : ceux qui sont morts persécutés, insultés, lynchés, incompris, sont promis à la vie de Dieu, pour toujours. Les « perdants » qui ont misé sur le Christ sont vainqueurs ! Ca ne se voit pas forcément au cours de notre vie terrestre, mais la résurrection nous donne le gage que la victoire est acquise à ceux qui lui font confiance.

Conclusion

Quand nous sommes sous pression, recentrons-nous sur le Christ. Rappelons-nous tout ce qu’il a fait pour nous, dans le passé. Regardons à tout ce qu’il nous promet, et qu’il garantit par sa résurrection et son Esprit qu’il nous donne. Armons-nous pour résister et tenir ferme sur ce roc qui est le seul fondement stable, solide, pour une vie qui dire toujours.




Une communauté de grâce

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1 Pierre 4.7-11
7 La fin de toutes choses est proche. Vivez donc d’une manière raisonnable et gardez l’esprit éveillé afin de pouvoir prier. 8 Avant tout, aimez-vous ardemment les uns les autres, car l’amour apporte le pardon d’un grand nombre de péchés. 9 Soyez hospitaliers les uns à l’égard des autres, sans mauvaise humeur. 10 Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu. 11 Que la personne qui a le don de la parole transmette les paroles de Dieu ; que celle qui a le don de servir l’utilise avec la force que Dieu lui accorde : il faut qu’en toutes choses gloire soit rendue à Dieu, par Jésus Christ à qui appartiennent la gloire et la puissance pour toujours ! Amen.

Dans son épître, Pierre se préoccupe des difficultés pour les chrétiens de vivre dans un monde qui nous est parfois hostile, ou avec lequel au moins nous nous sentons en décalage. Il nous invite à rester fermes et déterminés malgré les pressions que nous pouvons subir, solidement ancrés sur le roc de notre foi en Christ. C’est un défi de tous les jours !

Dans ce contexte difficile, Pierre a déjà évoqué l’importance de la communauté, de l’Eglise, pour le chrétien, notamment avec l’image de l’Eglise comme un édifice constitué de pierres vivantes. Elle est un secours, une aide précieuse pour se construire.

Du coup, on pourrait croire à un schéma un peu simpliste : pour le chrétien, dans le monde c’est compliqué et dans l’Eglise c’est toujours facile. Vraiment ?

Quand on regarde de près les exhortations de Pierre pour l’Eglise, dans ce passage, ce n’est pas ce qu’il dit. Au premier abord, certes, on voit une exhortation à l’amour mutuel, à l’hospitalité, et à servir selon ses dons. On peut se dire que tout va pour le mieux dans la meilleure des Églises…

Sauf que c’est plus compliqué que ça… Pourquoi Pierre insiste-t-il sur l’importance absolue de l’amour ? Parce que, dit-il, il permet le pardon. Donc si on a besoin de pardon dans l’Eglise, c’est que tout n’est pas rose dans nos relations ! Quant à l’hospitalité, Pierre invite à la vivre “sans mauvaise humeur”… l’accueil généreux dans l’Eglise n’est donc pas aussi évident qu’on pourrait le penser. Moi qui croyais que tout le monde s’aimait dans l’Eglise et que c’était le paradis sur terre…

Une autre exhortation de Pierre permet alors d’introduire explicitement une notion centrale pour l’Eglise, celle de la grâce. C’est au verset 10 : “Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu.”

Et au regard des exhortations précédentes, n’est-ce pas cette notion de grâce qui est centrale ? Être de bons administrateurs de la grâce de Dieu, c’est non seulement mettre ses dons au service des autres, mais c’est aussi vivre le pardon et l’accueil. Ainsi, nous pouvons dire que l’Eglise est appelée à être une communauté de grâce.

Le pardon

“Avant tout, aimez-vous ardemment les uns les autres, car l’amour apporte le pardon d’un grand nombre de péchés.” (v.10)

Le premier impératif, un impératif absolu, c’est celui de l’amour. Et Pierre insiste. “Avant tout, aimez-vous ardemment les uns les autres…” C’est l’amour qu’il place au-dessus de tout le reste.

Quand il parle de l’amour, il ne verse pas dans le sentimentalisme. Il ne décrit pas l’Eglise comme le monde des Bisounours où tout le monde s’aime et se fait des câlins. Cet amour ardent les uns pour les autres a un but : permettre de vivre le pardon. Et le pardon, c’est l’expression ultime de la grâce. C’est un don gratuit. On n’achète pas le pardon, on ne le mérite pas non plus. On le donne et on le reçoit.

On pourrait traduire, plus littéralement, que l’amour “couvre un grand nombre de péchés”. La traduction est meilleure car, en réalité, on ne pardonne pas les péchés, on pardonne les personnes qui ont commis un péché. En les pardonnant, on ne tient plus compte de leur faute, on les couvre. On fait comme si elles n’existaient plus.

Petite parenthèse. Dans le “Notre Père”, quand on dit “Pardonne-nous nos offenses”, en fait, on devrait dire, si on traduisait plus littéralement, “remets-nous nos dettes.” (c’est la traduction de la Nouvelle Bible Segond, par exemple) Quand Dieu nous pardonne, il efface notre ardoise. Et c’est ce que nous sommes appelés à faire aussi quand nous pardonnons les autres.

Pour l’Eglise, être une communauté de grâce, c’est accepter d’être une communauté de pécheurs pardonnés. Nous avons tous reçu le pardon de Dieu. C’est notre dénominateur commun. Si nous sommes conscients d’être des pécheurs, même pardonnés, alors nous savons que potentiellement, nous pouvons attrister, choquer, blesser notre soeur ou notre frère, par nos paroles, notre attitude.

C’est normal, dans l’Eglise, qu’il nous arrive de décevoir, d’attrister voire de blesser notre frère ou notre soeur. Parce que nous sommes pécheurs. Je ne dis pas que c’est bien ou que nous ne devons pas faire des efforts pour progresser. Je dis juste que c’est normal. Ce qui n’est pas normal, c’est que nous ne sachions pas pardonner. Dieu, lui, nous a pardonnés…

Si l’Eglise est une communauté de grâce, alors c’est une communauté où se manifestera le pardon. Et ce pardon commence dans une posture bienveillante envers les autres. Une communauté de grâce est patiente les uns envers les autres, elle refuse l’esprit de jugement et rejette la rancune.

 

L’accueil

“Soyez hospitaliers les uns à l’égard des autres, sans mauvaise humeur.” (v.9)

C’est intéressant ici aussi de s’arrêter sur le terme grec original. Philoxenos, qu’on traduit habituellement par hospitalier, désigne celui qui est généreux pour ses invités. Littéralement, c’est celui qui aime (philo) l’étranger (xenos). L’étranger, c’est celui que nous accueillons chez nous… Le mot grec est, d’une certaine façon, l’inverse de xénophobe, celui qui a peur ou qui rejette l’étranger !

Ce qui est visé par Pierre dans son exhortation, c’est l’accueil généreux, et en particulier l’accueil de celui qui nous est étranger. C’est pour cela que Pierre précise qu’il s’agit de le faire “sans mauvaise humeur”. Simplement parce que ça demande un effort supplémentaire d’accueillir celui qui est différent, qui ne me ressemble pas.

Exercer l’hospitalité, c’est accueillir chez soi. Quand vous êtes invités chez quelqu’un pour la première fois, que faites-vous ? En tout cas moi, je regarde comment est aménagé la maison ou l’appartement, ce qui est accroché aux murs, ce qu’il y a sur les étagères… et vous pouvez découvrir plein de choses sur les gens. Parce qu’en allant chez eux, vous entrez un peu dans leur intimité. Quand on accueille quelqu’un chez soi, on s’ouvre, on s’expose à celui qu’on invite. C’est bien une attitude qui relève de la grâce.

L’impératif de l’accueil généreux se manifeste, bien-sûr, quand on exerce l’hospitalité au sens premier, en invitant par exemple les gens à manger à la maison. Mais, plus largement, il concerne notre attitude d’ouverture à l’autre qui est différent. Parce qu’il est tout à fait possible de rester des étrangers les uns aux autres dans une Église. On peut se fréquenter sans se connaître, se parler sans s’accueillir.

Le service

“Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu.’ (v.10)

Nous en venons, enfin, à cet appel à être de bons administrateurs de la grâce de Dieu, en mettant au service des autres ce que nous avons reçu de Dieu. Ici, la grâce est mentionnée explicitement. Et même deux fois puisque le “don reçu de Dieu” traduit le terme charisma qui vient de charis, la grâce.

Le choix des mots est important. L’exhortation s’adresse à chacun. Personne n’a été oublié par Dieu. A nous de le reconnaître en bons administrateurs des dons de Dieu, pour la communauté. Notez l’insistance de Pierre sur la grâce “infiniment variée, ou si diverse, de Dieu”.

Ne cherchez pas dans une liste prédéfinie de dons lequel Dieu vous aurait réservé, avec cette question fébrile : “quel est mon don ?” J’avoue que je suis assez perplexe face à ces tests qui vous permettraient de savoir LE don que Dieu vous a donné. Je trouve que ça fait entrer les chrétiens dans des catégories, avec ceux qui ont tel don ou tel autre… Et si vous ne rentrez pas dans les cases, alors vous n’avez pas de don ?

D’ailleurs, Pierre ne fait pas de liste. Au verset 11, il est très général. Littéralement, il écrit : “Si quelqu’un parle, que ce soit pour transmettre les paroles de Dieu ; si quelqu’un sert, que ce soit avec la force que Dieu accorde…” Parler ou servir, ça laisse un très large éventail de possibilités !

Ce que Pierre veut dire ici, c’est que chacun a reçu de Dieu quelque chose qu’il peut mettre au service des autres. Chacun peut être utile à la communauté.

Une communauté de grâce, c’est une communauté de serviteurs, où chacun peut être utile à tous. Ce qui implique d’être prêt à offrir aux autres ce que nous avons reçu de Dieu, mais aussi d’être prêt à recevoir des autres ce que Dieu leur a donné.

Conclusion

Qu’on le veuille ou non, une communauté de pécheurs pardonnés ne peut qu’être une communauté de grâce, dont les membres sont tous au bénéfice de la grâce de Dieu. Mais cette même grâce caractérise-t-elle nos relations au sein de l’Eglise ? La grâce reçue de Dieu se transforme-t-elle en grâce les uns pour les autres ? C’est le défi que Pierre nous lance… Sommes-nous prêts à le relever, avec l’aide de Dieu ?

Si nous voulons y arriver, gardons à l’esprit ces trois mots-clés, prenons-les comme trois mots d’ordre pour chacun de nous, trois manifestations concrètes de la grâce dans nos relations : le pardon, l’accueil et le service.