Un seul Dieu pour tous

 

Psaume 96
1 Chantez en l’honneur du Seigneur un chant nouveau ;
gens du monde entier, chantez pour le Seigneur.
2 Chantez en l’honneur du Seigneur,
bénissez son nom !
Jour après jour annoncez qu’il est le sauveur.
3 Parlez de sa gloire à tous les êtres humains,
parmi tous les peuples, racontez ses merveilles.
4 Le Seigneur est grand et mérite qu’on l’acclame.
Il est plus redoutable que tous les dieux.
5 Tous les dieux des autres peuples sont des faux dieux,
alors que le Seigneur a fait les cieux.
6 Il rayonne de grandeur et de majesté,
son sanctuaire est rempli de puissance et de splendeur.
7 Familles de toute la terre, venez honorer le Seigneur
en proclamant sa gloire et sa puissance.
8 Venez proclamer sa gloire,
entrez dans les cours de son temple en apportant vos dons.
9 Courbez-vous jusqu’à terre devant le Seigneur,
quand il manifeste qu’il est Dieu,
tremblez devant lui, gens du monde entier.
10 Dites à toute la terre : « Le Seigneur est roi,
le monde est donc ferme, il reste inébranlable.
Il juge les peuples avec droiture. »
11 Que les cieux se réjouissent, que la terre crie de joie,
que la mer mugisse, et tout ce qu’elle contient !
12 Que la campagne soit en fête, et tout ce qui s’y trouve !
Que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie
13 devant le Seigneur, car il vient,
il vient pour rendre la justice sur la terre.
Il jugera le monde avec justice,
il sera un arbitre sûr pour les peuples.
Ce qui m’a frappé, en relisant ce psaume, c’est la façon avec laquelle il affirme, avec force, la dimension universelle du Seigneur.

  • On y trouve un appel à la louange adressé à tous les peuples, aux gens du monde entier !
  • On y invite à proclamer la gloire de Dieu à tous les humains
  • La Création toute entière (et pas seulement les humains !) est associée à la louange
  • On dit même que le Seigneur, le Dieu dont parle ce Psaume, est le seul vrai Dieu. Les autres sont des faux dieux.

Mais peut-on encore dire cela aujourd’hui, sans être taxé d’intolérant ? Peut-on prétendre proclamer une bonne nouvelle universelle sans être arrogant ? N’est-ce pas problématique de dire que le Dieu de la Bible, celui qui s’est révélé à Abraham et sa descendance, le peuple d’Israël, qui s’est manifesté en Jésus-Christ, est le seul vrai Dieu ?

Il ne peut y avoir qu’un seul Dieu

L’affirmation monothéiste est, forcément, universelle. S’il n’y a qu’un seul Dieu, alors il est Dieu pour tout le monde !

On peut même aller plus loin : un Dieu qui ne serait pas unique, peut-il être encore Dieu ? Par définition, Dieu n’est-il pas l’être suprême, absolu ? Or s’il y en d’autres que lui, alors il n’est plus absolu. Ce n’est plus Dieu. C’est autre chose… Un être supérieur ? Peut-être… Mais alors qu’y a-t-il au-dessus de lui ?

Aujourd’hui, il est difficile d’entendre des affirmations absolues. Chacun a sa vérité, chacun se construit sa spiritualité, ses croyances et donc, son Dieu.

Mais soit il y a un seul Dieu, soit il n’y a pas de Dieu du tout. Il n’y a pas d’entre-deux possible. La réponse est forcément un absolu… à vous de choisir ! L’auteur de notre Psaume a choisi : il y a un seul Dieu. Tout vient de lui et tout dépend de lui. Et en plus, il nous aime !

Evidemment, c’est une affirmation de foi. Mais pourquoi serait-elle plus folle que d’affirmer qu’il n’y a pas de Dieu ? Ce qui est, aussi, une affirmation de foi ! Le Psaume focalise son regard sur l’oeuvre du Dieu Créateur. Ses oeuvres, ce sont celles qu’on voit quand on contemple la nature, belles, impressionnantes. A tel point que la nature elle-même participe à la louange universelle. Est-ce vraiment plus absurde de dire que tout cela est l’oeuvre de Dieu que de dire que ce n’est que l’effet du hasard, de coïncidences heureuses ?

Avec l’auteur du Psaume, je préfère choisir qu’il y a bien un Dieu, Créateur de toutes choses, et qu’il se soucie de nous. Si Dieu n’est pas unique et absolu, alors il n’y a aucune assurance ni aucune espérance possible. Tout ne serait qu’hypothétique. Car si Dieu n’est pas unique et absolu, qu’est-ce qui nous garantirait qu’il accomplira ses promesses ?

Le problème ce n’est pas Dieu mais les croyants

Le problème, ce n’est pas le Dieu unique. C’est ce que les croyants font de leur monothéisme. Dans l’histoire, jusqu’à aujourd’hui, la foi monothéiste a été utilisée comme prétexte à la haine et la violence. C’est bien là le problème…

S’il faut affirmer l’absolu de Dieu, il faut être conscient de nos limites dans notre compréhension de Dieu. Il ne faut pas confondre Dieu et notre perception de Dieu. Dieu est plus grand que notre théologie ! La théologie, c’est le discours sur Dieu. C’est ce que nous pensons et disons de lui. Et si Dieu pouvait être “enfermé” dans une théologie, cerné par un discours… il ne serait plus Dieu !

C’est terrible quand on limite Dieu aux bornes de notre intelligence, de notre foi ou même de notre théologie. Car nos théologies peuvent devenir des idoles. C’est le cas quand notre conception de Dieu est limitée à notre connaissance, à notre théologie. Elle devient une idole, une image figée de Dieu.

Le Dieu de la Bible se révèle avant tout au moyen d’un récit, dans l’histoire, pas à travers un dogme. Il se révèle par ses oeuvres, dans la nature qu’il a créée et qu’il maintient. Il se révèle dans l’histoire d’un peuple, issu d’un homme, Abraham. Il se révèle de manière ultime en Jésus-Christ, le Fils de Dieu devenu homme. Il rend ces récits vivants, pour nous, par l’oeuvre de son Esprit.

On ne peut pas réduire notre foi à notre confession de foi. Même si, évidemment, c’est important de réfléchir sa foi, de l’approfondir. Ma foi, c’est l’histoire de Dieu dans ma vie.

Les plus qui manquent à notre foi

Il y a un élan, un souffle, dans ce Psaume qui nous invite à considérer notre foi, à la soupeser… et à nous demander si nous n’avons pas tendance à la limiter, à l’enfermer dans des certitudes ou des habitudes. Finalement, est-ce que nous n’aurions pas besoin de quelques petits plus à notre foi ?

Un peu plus d’enthousiasme

Quel grand Dieu nous avons ! A force de routine dans la foi, avec une vie chrétienne bien rangée… on l’oublierait presque. L’enthousiasme d’un tel psaume devrait nous rejoindre.

Vous me direz qu’on ne peut pas décider d’être enthousiaste… Ce n’est pas faux. Mais on peut quand même mettre toutes les chances de notre côté pour le devenir. Et pour cela, qu’y a-t-il de mieux que la contemplation ? Est-ce que nous prenons le temps de la contemplation dans notre vie ? La contemplation de Dieu, dans ses oeuvres, dans le monde, dans notre vie et celle de ceux qui nous entourent ? Est-ce que nous prenons le temps de chercher à voir Dieu, à discerner sa main ? Est-ce que nous lui demandons d’ouvrir nos yeux pour le voir, d’ouvrir notre coeur pour le recevoir ?

Un peu plus d’humilité

Combien nous sommes petits devant ce Dieu si grand ! Et là aussi, l’expérience de la vie chrétienne peut nous jouer des tours, avec le risque, à la longue, de se croire du côté de ceux qui savent, de ceux qui ont compris, avec la tentation de se considérer comme quelqu’un qui, finalement, n’a plus grand chose à apprendre sur la foi, sur la vie et même sur Dieu.

Jésus n’a pas appelé des sachants, il a appelé des disciples, qui ont toujours besoin d’apprendre. J’aime cette prière de Jésus dans l’Evangile de Matthieu, où il s’exclame :

“O Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te loue d’avoir révélé aux tout-petits ce que tu as caché aux sages et aux personnes instruites.” (Matthieu 11.25)

Le Royaume de Dieu n’est pas pour les sachants, il est pour ceux qui sont comme les petits enfants ! Si nous voulons que notre foi grandisse et s’épanouisse, il faut rester du côté des petits qui cherchent à apprendre.

Un peu plus de curiosité

J’en connais, forcément, trop peu sur ce Dieu unique et absolu ! Or, j’ai l’impression que souvent, on se contente d’un Dieu trop petit ! Un Dieu qui n’est pas à l’échelle de ce Dieu unique et universel décrit dans notre Psaume. On passe alors à côté de tant de choses simplement par manque de curiosité. On préfère rester en terrain connu, entre nous, en fréquentant les gens comme nous, qui pensent comme nous, qui prient comme nous, qui parlent comme nous… Je suis persuadé que le manque de curiosité appauvrit notre foi.

Croyez-vous que ce Dieu unique et universel ne puisse pas se révéler, d’une manière ou d’une autre, dans d’autres cultures, dans d’autres croyances ? Et que nous ne puissions en tirer un bénéfice pour notre foi aussi ?

Bien-sûr que nous reviendrons toujours au Christ, qui est pour nous la révélation ultime de Dieu. Mais pourquoi ne pas sortir aussi un peu des sentiers battus ? Oser aller voir chez les autres, oser faire preuve de curiosité…

Conclusion

Finalement, l’enthousiasme, l’humilité, la curiosité… ça ressemble à des qualités qu’on trouve facilement chez les enfants, les petits. Et nous sommes bien invités à être comme eux, si on veut entrer dans le Royaume de Dieu !

En fonction de votre personnalité, de votre cheminement personnel, ça pourrait être un peu plus l’un que l’autre… mais il me semble que nous avons tous besoin d’un peu des trois !

Et il le faut bien, si on veut approfondir et vivre notre foi en ce Dieu si grand, ce Dieu unique et universel !