Les prières les plus courtes peuvent être les meilleures !

Je vous propose de commencer par un petit quiz…

Connaissez-vous le verset le plus court de la Bible ?
Jean 11.35 : « Jésus pleura »

Et le plus long ?
Esther 8.9 : « Le même jour, le troisième mois, ou mois de Sivan, le 23 du mois, on réunit les secrétaires du roi. Selon les ordres de Mardochée, ils écrivent des lettres. Ils les envoient aux Juifs, aux représentants du roi, aux gouverneurs et aux fonctionnaires importants des 127 provinces du royaume, qui s’étend de l’Inde jusqu’à l’Éthiopie. Ils écrivent ces lettres avec l’écriture des habitants de chaque province et dans la langue de chaque peuple. Ils les écrivent aussi dans la langue des Juifs avec leur écriture. »

Certes, la numérotation en chapitres et versets est un ajout tardif dans la Bible, des repères qui ont été intégrés dans le texte biblique pour nous aider à nous repérer. Mais il y a bien dans la Bible des livres plus ou moins longs… Ainsi par exemple quel est le prophète dont le livre est le plus long ? Esaïe, avec 66 chapitres. Et le plus court ? Abdias, un seul chapitre qui tient sur une page de la Bible.

Au-delà du quiz, cela témoigne de la diversité de la Bible, c’est une indice de sa richesse. Elle contient aussi bien une longue épître en forme d’exposé théologique structuré et complet comme l’épître aux Romains, ou l’épître aux Hébreux, qu’une petite lettre personnelle de quelques lignes adressée à un certain Philémon à propos d’un de ses ex-esclaves devenu chrétien.

La même diversité se retrouve dans les Psaumes. Quel est le psaume le plus long ? Le psaume 119 avec ses 176 versets. Il faut près d’un quart d’heure pour le lire en entier à haute voix ! C’est un psaume très structuré : ce qu’on appelle un psaume alphabétique (chaque strophe de 8 versets commence par la même lettre de l’alphabet). Il décline toutes les facettes de la richesse de la Parole de Dieu. C’est une belle façon de dire qu’on ne fait jamais le tour de cette Parole, et que de nouvelles richesses se révèlent toujours à nous.

Et puis quel est le psaume le plus court ? Le psaume 117. Il ne fait que deux versets… C’est sur celui-là que je vous propose de nous arrêter ce matin :

1 Pays du monde entier, chantez la louange du SEIGNEUR !
Tous les peuples, chantez la grandeur de Dieu !
2 Oui, son amour envers nous est le plus fort.
La fidélité du SEIGNEUR est pour toujours.
Chantez la louange du SEIGNEUR !

De la longueur des prières…

Un psaume, c’est d’abord une prière. Et dans le recueil des 150 psaumes de la Bible, on y trouve des prières de toutes sortes, abordant des sujets nombreux, avec une grande variété de couleurs et de tons utilisés, et une longueur très variable. C’est d’une richesse incroyable.

Une première leçon que l’on peut tirer de la présence d’un psaume si court dans la Bible est que les prières les plus courtes peuvent aussi être les meilleures… En tout cas, qu’il n’y a pas besoin de longues prières compliquées pour qu’elles soient entendues par Dieu, que ce soit dans la prière communautaire ou dans la prière personnelle.

Il faut le reconnaître : certaines personnes ont un don pour la prière communautaire. Leur prière à haute voix est une source d’encouragement et d’édification. C’est une vraie richesse pour une Eglise !

Mais je ne pense pas forcément ici à ceux qui utilisent les mots les plus compliqués ou qui citent le plus de versets bibliques dans leurs prières ! D’ailleurs, on est en droit de se demander, parfois, pour qui certaines personnes prient. Par qui veulent-ils être entendu ? C’est ce que Jésus dénonce quand il parle des hypocrites qui prient dans les synagogues ou au coin des rues pour que tout le monde les voie (cf. Matthieu 6.5).

On dit parfois de certaines personnes qu’elles s’écoutent parler. Eh bien je crois qu’il y a aussi le risque, pour certains croyants, de s’écouter prier… et de vouloir que les autres les écoute.

Sans compter qu’il y a parfois des croyants qui, dans leurs prières publiques, déballent leur vie privée ou, pire, règlent leurs comptes avec des gens présents autour d’eux (j’en ai déjà entendu)…

Mais heureusement, à l’inverse, il y a aussi des prières toutes simples, très courtes, parfois même constituées d’une seule phrase, mais qui vont droit au cœur… Elles sont humbles, authentiques, profondes. Et Dieu prend plaisir à de telles prières. Bien plus qu’à celles de ceux qui s’écoutent prier…

Alors oui, pas de doute : les prières les plus courtes peuvent parfois être les meilleures…

Pour une prière universelle

Si on s’arrête maintenant au contenu du Psaume 117, on constate qu’il est comme un condensé de psaume, centré sur la louange. Il va à l’essentiel.

Le Psaume commence par une invitation universelle, adressée aux pays du monde entier et à tous les peuples, une invitation à louer le Seigneur. On se situe ici entre la promesse universelle faite à Abraham et la promesse de la vision de Jean dans l’Apocalypse :

Genèse 12.3
A travers toi, je bénirai toutes les familles de la terre.

Apocalypse 7.9
Je vois une très grande foule : ce sont des gens de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. Personne ne peut les compter. Ils sont debout devant le siège du roi et devant l’Agneau. Ils portent des vêtements blancs et ils tiennent une palme à la main.

Ce petit psaume nous invite à travailler la dimension universelle de notre prière ! Même s’il est légitime d’adresser des demandes personnelles à Dieu dans la prière, il nous faut aussi sortir d’une prière égocentrée, où on ne prie que pour soi, pour ses problèmes, ses besoins, ses attentes.

La prière doit nous ouvrir sur les autres, sur le monde. C’est Karl Barth, le célèbre théologien suisse, qui disait que pour le croyant « la journée doit commencer avec une Bible dans une main et le journal dans l’autre. » Voilà qui devrait inspirer notre prière et lui donner un véritable caractère universel. Notre prière doit se nourrir de la Bible et du journal (ou de votre tablette). Il faut qu’elle cultive une dimension universelle. Et ça doit être vrai autant de la prière personnelle que de la prière communautaire.

Alors peut-être aurons-nous à faire un effort, pour décentrer un peu notre prière, pour plus l’ouvrir sur le monde. En sachant que le monde commence avec notre prochain, notre voisin…

Compter sur l’amour et la fidélité de Dieu

Le verset 2 évoque la raison principale de la louange, résumée en deux mots complémentaires appliqués à Dieu : l’amour et la fidélité.

Le psalmiste l’affirme : « Oui, son amour envers nous est le plus fort. ». Le verbe utilisé ici se trouve ailleurs dans la Bible. Par exemple, dans une bataille, il désigne le camp qui prend le dessus sur l’autre : « Quand Moïse lève son bras, les Israélites sont les plus forts. Mais quand il le laisse retomber, les Amalécites sont les plus forts. » (Exode 17.11). Le même verbe évoque les eaux du Déluge qui dépassent les plus hautes montagnes (cf. Genèse 7.18-20)

Notre psaume affirme que l’amour de Dieu nous dépasse, qu’il est le plus fort. L’expression évoque une situation de conflit ou de lutte. Car il y a de nombreuses forces dans notre vie qui essayent de contrecarrer l’amour de Dieu. Mais l’amour de Dieu est plus fort. Plus fort que nos adversaires. Plus fort que nos tentations et nos épreuves. Plus fort que nous-mêmes et nos faiblesses.

Quant à la fidélité de Dieu, elle est pour toujours. Elle n’est pas conditionnelle, limitée dans le temps ou incertaine. On peut compter sur elle.

On pourrait se demander si ce message n’est pas idéaliste, peu conforme à la réalité. Car parfois, l’épreuve semble nous submerger, notre foi vacille, le mal semble triompher, la réponse de Dieu semble tarder et son silence s’installer durablement…
Mais justement, ce psaume nous invite à percevoir l’amour de Dieu comme un combat, et mesurer la fidélité de Dieu à l’aune de l’éternité. La prière est le lieu de ce combat. On y apprend la patience et la persévérance. Et on peut y expérimenter cette espérance : oui, l’amour de Dieu est le plus fort !

Conclusion

Finalement, que nous apprend ce psaume sur la prière ?

  • Que ce n’est pas la longueur ou la complexité de la prière qui en fait sa valeur.
  • Qu’elle doit nous ouvrir sur le monde, à une dimension universelle
  • Qu’elle est le lieu où on expérimente que l’amour de Dieu est le plus fort et où on apprend la patience et la persévérance.

C’est quand même pas mal pour un psaume qui ne fait que deux versets !




Doutes et foi

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En tant que chrétiens, nous croyons que nous sommes sauvés à cause de l’amour de Dieu, et que nous avons simplement à croire que Jésus a fait le nécessaire pour que notre passé ne soit plus un obstacle entre Dieu et nous. La foi est au cœur de notre rencontre avec Dieu, dès le début, mais aussi tout au long de la vie du croyant dans sa relation avec Dieu. Mais comment nous représentons-nous cette foi ? Qu’est-ce qui la caractérise ? Qu’est-ce qui est incompatible ? Qu’est-ce qui nous fait dire de quelqu’un : « ah… lui/elle, quelle foi il a ! » ?

Je vous invite à nous tourner vers la rencontre entre Dieu et un grand croyant s’il en est, Abraham. Ou plutôt, sa femme, Sara. Je vais lire le récit de cette rencontre, mais c’est surtout sur la fin que nous nous attarderons.

            Lecture biblique : Genèse 18.1-15 (version Bible en Français Courant)

1 Le Seigneur apparut à Abraham près des chênes de Mamré. Abraham était assis à l’entrée de sa tente à l’heure la plus chaude de la journée. 2 Soudain il vit trois hommes qui se tenaient non loin de lui. De l’entrée de la tente, il se précipita à leur rencontre et s’inclina jusqu’à terre. 3 Il dit à l’un d’eux : « Je t’en prie, fais-moi la faveur de t’arrêter chez moi. 4 On va apporter un peu d’eau pour vous laver les pieds et vous vous reposerez sous cet arbre. 5 Je vous servirai quelque chose à manger pour que vous repreniez des forces, puis vous continuerez votre chemin. Ainsi vous ne serez pas passés pour rien près de chez moi. » Les visiteurs répondirent : « Bien ! Fais ce que tu viens de dire. » 

6 Alors Abraham retourna en toute hâte dans la tente pour dire à Sara : « Vite ! Prends trois grandes mesures de fine farine et fais des galettes. » 7 Ensuite il courut vers le troupeau, choisit un veau tendre et gras. Il le remit à son serviteur, qui se dépêcha de le préparer. 8 Quand la viande fut prête, Abraham la plaça devant ses visiteurs avec du lait caillé et du lait frais. Ils mangèrent tandis qu’Abraham se tenait debout près d’eux sous l’arbre. 

9 Ils lui demandèrent : « Où est ta femme Sara ? » — « Dans la tente », répondit-il. 10 L’un des visiteurs déclara : « Je reviendrai chez toi l’an prochain à la même époque, et ta femme Sara aura un fils. » Sara se trouvait à l’entrée de la tente, derrière Abraham et elle écoutait. 11-12 Elle se mit à rire en elle-même, car Abraham et elle étaient déjà vieux et elle avait passé l’âge d’avoir des enfants. Elle se disait donc : « Maintenant je suis usée et mon mari est un vieillard ; le temps du plaisir est passé. » 13 Le Seigneur demanda alors à Abraham : « Pourquoi Sara a-t-elle ri ? Pourquoi se dit-elle : “C’est impossible, je suis trop vieille pour avoir un enfant” ? 14 Y a-t-il donc quelque chose que le Seigneur soit incapable de réaliser ? Quand je reviendrai chez toi l’an prochain à la même époque, Sara aura un fils. » 

15 Effrayée, Sara nia : « Je n’ai pas ri », dit-elle. « Si, tu as ri ! » répliqua le Seigneur.

 

Une des choses que j’aime tant avec la Bible, et notamment dans sa première partie, l’Ancien Testament, c’est que les personnes que nous y rencontrons sont bien humaines, avec leur grandeur et leur fragilité. Ce ne sont pas des héros, lisses et sans failles.

Dans ce texte, c’est Dieu qui vient à la rencontre d’Abraham – à son insu. Il ressemble à un homme et Abraham va deviner peu à peu que ces trois personnages sont mystérieux.

Abraham se laisse déranger et montre sa grandeur : il déploie une générosité impressionnante, toute orientale, en faisant préparer 21 kg de farine et un veau gras… pour 4 ! Sans le savoir, Abraham se comporte en fait de façon appropriée devant Dieu : il lui offre le meilleur, se prosterne devant lui, le considère comme une bénédiction… Même si l’hospitalité d’Abraham est inspirante, j’aimerais me concentrer sur Sara.

Comme on aborde souvent les sujets sensibles au café, la discussion surgit quand le repas est terminé. Presque 25 ans plus tôt, Dieu avait promis un fils à Abraham, de qui naîtrait un peuple au destin particulier. Depuis, rien. Abraham & Sara sont toujours sans enfant. Sara a fini par prendre les choses en main et a eu recours à un genre de mère porteuse. Mais Dieu n’a pas reconnu cet enfant comme le fils qu’il avait promis : il a bien l’intention de faire des miracles et de faire naître un enfant chez Sara, l’épouse stérile d’Abraham. Dans le chapitre précédant (ch. 17), Dieu réaffirme son alliance avec Abraham et son engagement à faire naître en Sara un héritier. Ici, Dieu prend la peine de contacter Sara, la future mère : en respectant les codes sociaux, il s’adresse à cette femme mariée par l’intermédiaire de son mari. Devant cette promesse, elle rit – Abraham avait ri lui aussi, et c’est ce qui lance un échange très intéressant avec Dieu.

1/ La situation de Sara

Celui qui raconte l’histoire prend la peine de nous rappeler la situation : non seulement Sara & Abraham sont stériles, mais en plus, maintenant, il y a l’âge. Comme toute femme ménopausée, Sara ne peut plus enfanter. Le texte porte un regard réaliste sur ce que Sara vit, et on sent tout son découragement. Depuis des années, l’absence d’enfant. L’espoir déçu mois après mois. Et les premiers symptômes de la ménopause, les bouffées de chaleur, les changements dans son corps, comme autant de signes qui disent que si Abraham a un fils, il ne sera pas d’elle… le rire de Sara est un rire jaune, non par mépris de Dieu, mais par manque d’espérance. Elle n’a simplement plus la force d’y croire.

Sara subit de plein fouet le drame de la stérilité, et de l’âge. Elle se sent vieille, sans avenir, comme si plus rien de bon ne pouvait lui arriver. On le sait, à partir d’un certain âge, les facultés diminuent, l’énergie, les forces – j’ai souvent entendu : « à quoi je sers ? je suis bon à rien, inutile, je ne peux plus rien donner ou ce que j’ai à offrir, personne n’en veut… » En particulier dans une société qui adule la jeunesse, les difficultés de la vieillesse sont perçues encore plus comme un fardeau dont on aimerait se débarrasser.

Cette description de Sara nous montre qu’il y a une place devant Dieu pour poser ce qui nous paraît insurmontable, que ce soit la stérilité, la maladie, l’âge, le deuil… Il y a une place pour le réalisme.

2/ les doutes

Et ce réalisme parfois nous fait douter, comme c’est le cas chez Sara. Chez d’autres aussi : voyez Marie, la mère de Jésus. Quand l’ange lui annonce à elle, une jeune femme vierge, à peine fiancée, qu’elle va être enceinte, elle répond avec une question : « mais comment cela se fera-t-il ? je n’ai pas de relation sexuelle avec un homme » dit-elle. Lorsque l’ange lui explique, succinctement, que c’est Dieu qui va faire le travail, Marie se lance dans l’aventure.

Dans notre vie avec Dieu, nous aurons du mal à échapper au doute. Certains choisissent le déni (mais non tout va bien), ils avancent en marche forcée, grand sourire, réponse à tout – mais la peine est réelle, et souvent à force d’avancer ainsi, ils finissent par s’écrouler. Je me souviens d’une femme, mûre, croyante depuis longtemps, très engagée dans une église, qui m’avait dit : « j’ai l’impression de me poser des questions que personne ne se pose. » Sceptique, je lui demandai ce que c’était ; elle me répond : « la question du mal dans le monde, de la violence, du handicap. Que penser de l’homosexualité ? etc. » et je me suis dit : elle n’est sûrement pas seule à être interpellée par ces situations ! Pourtant, nous présentons un visage bien respectable au culte, et quand la question se pose, nous répondons sans attendre avec la bonne proposition. Le doute ne vient pas forcément de ce que nous, nous vivons. Ca peut venir aussi de ce que nous voyons à l’extérieur.

A l’inverse, d’autres se laissent submerger par les difficultés de leur situation et perdent espoir. Ce qu’ils vivent paraît insurmontable, et même s’ils ne l’avouent pas forcément, ils finissent par penser que même Dieu ne peut rien y faire.

Malheureusement, dans les deux cas, chez le super croyant que tout le monde admire ou le super pessimiste, Dieu n’est pas invité dans la situation. C’est comme une pièce dont on fermerait la porte à double tour : les uns s’efforcent de l’ignorer (ils vont même repeindre la porte de la même couleur que le couloir comme ça on ne la voit pas), mais les autres ont accroché un grand panneau « interdit d’entrer ». Comme une alternative : soit on enterre ses doutes (et notre relation avec Dieu perd de son authenticité), soit on laisse les doutes nous enterrer dans la peur et l’amertume (et la relation avec Dieu devient partielle – il y a certains sujets qu’on exclut de la conversation, comme ces sujets tabous qui peuvent rendre certains repas de famille un peu gênants).

Il y a une troisième voie : simplement confier à Dieu nos doutes. Poser nos questions, comme Marie. Nos doutes peuvent devenir des occasions de parler avec Dieu : les psaumes, les Lamentations de Jérémie, le livre de Job en sont des exemples. Devant la violence de ce qu’ils vivaient, ces croyants-là ont osé interpeller Dieu, et nous pouvons suivre leur exemple. Ils ont ouvert ces portes verrouillées pour inviter Dieu dans leur situation – et Dieu leur a répondu. Il n’a pas forcément tout résolu, mais il s’est montré et il a répondu. Notre Dieu n’est pas un Dieu de qui il faut se cacher : Sara, effrayée, nie son rire, nie ses doutes. Mais Dieu termine la conversation en l’invitant à assumer ses questionnements – sûrement pour mieux les lui confier. Il y a des doutes qui nous coupent de Dieu, mais il y a aussi des doutes qui vont approfondir notre foi : tout dépend si on les laisse nous éloigner ou nous rapprocher de Dieu.

Personnellement, j’ai traversé il y a quelques années une grosse période de doute, sur ma vie et ma foi. Cela a été très dur, tout était remis en question, et dans un moment de désespoir, j’ai pu dire à Dieu (sans être trop sûre qu’il m’écoutait): “si tu es là, montre-toi! tu vois toutes mes questions, réponds-moi!” Et Dieu a répondu, pas de la manière que j’imaginais mais avec grande force. Je suis sortie de cette période avec une foi grandie, renforcée, fondée.

La foi ne consiste pas à éviter ou à faire taire nos doutes, dans un sens ou dans l’autre, mais à les surmonter en les confiant à Dieu.

3/ la réaction de Dieu

Revenons sur la surprise de Dieu devant la réaction de Sara. Ce n’est pas sa souffrance qui l’étonne, c’est qu’elle se ferme à lui. A sa puissance, à sa présence. Et il répond – avec quelle douceur et quelle patience – en rappelant qui est Dieu : pourquoi la vieillesse serait-elle un problème ? Lui qui a créé le monde, ne peut-il pas rendre Sara féconde ?

Dieu ne décrit pas la méthode qu’il va employer pour surmonter les problèmes, il rappelle juste qui il est. Non pas quoi, mais qui. Nous, nous restons bloqués sur les quoi, les comment, le possible, l’expérience passée. Lui, il rappelle qui – et il ne s’agit plus de croire que ceci ou cela est possible en soi (non, en soi, une femme ménopausée ne peut pas enfanter, non, un mort ne peut pas revivre, ni un coupable être déclaré innocent) mais de faire confiance à Dieu. De croire en lui. C’est lui, le Créateur de la vie, qui peut transformer ces situations.

Le miracle est difficile à croire – c’est le principe ! Mais Dieu nous demande de lever les yeux vers Lui, de croire que lui est capable de regarder ce qui ne va pas et de proposer une réponse. Dieu n’apportera pas forcément une solution magique et spectaculaire, mais un chemin au milieu de l’impasse, un moyen d’avancer. Ca peut être un vrai miracle (Sara aura un fils, Isaac, accueilli par des rires d’étonnement : comment, elle, elle est devenue mère ?…), ou simplement reconsidérer ce qu’on vit/ y trouver un sens. Et entre ces deux extrêmes, Dieu se réserve toute la palette des possibles.

Conclusion

Quand nous regardons notre vie, notre entourage, notre monde, il y a parfois de quoi douter. Ne laissons pas alors les doutes nous éloigner de Dieu, mais qu’ils nous rapprochent de Dieu ! Nous n’avons pas à faire semblant devant lui, à faire les gros bras : nous avons été sauvés par grâce, sans mérites ni masques de bienséance – continuons de vivre dans cette grâce, sans compter sur nos mérites ni nos masques de bienséance. Osons parler avec Dieu, c’est ça la foi ! osons parler en église aussi, entre nous, de ce qui nous ébranle – c’est à cette condition que nous pourrons accueillir la réponse de Dieu, une réponse qui nous conduit à une vie plus pleine et à une joie plus grande.




Tout-Puissant! (A nul autre pareil 4/4)

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Si les histoires de super-héros nous apprennent quelque chose, c’est au moins que nous sommes nombreux à désirer être forts, puissants, à avoir des super-pouvoirs – ou tout simplement du pouvoir. De bien des manières : par le statut social, par une réputation reconnue, par un corps fort ou un esprit habile, ou encore, par un portefeuille bien garni qui ouvrira la majorité des portes…

Ce n’est pas forcément pour être le chef suprême de la galaxie, ou pour commander aux autres, mais juste parfois pour échapper aux soucis et à la frustration du quotidien : pouvoir œuvrer comme on l’entend sans avoir à supporter un chef autoritariste, pouvoir offrir à ses enfants ce dont ils ont besoin et envie, venir en aide à un proche… Parfois simplement pouvoir aller où on veut alors que notre corps ne suit plus…

Les histoires de super-héros nous font rêver d’un autre quotidien, mais elles soulignent les limites que nous rencontrons chaque jour. En contraste avec notre situation humaine, Dieu, lui, est tout-puissant. Après avoir exploré sa grandeur infinie, son statut de créateur et sa présence constante, c’est sur sa toute-puissance que je vous invite à conclure notre série de juillet.

Pour méditer sur cette qualité de Dieu, je vous propose de lire ensemble une prière du prophète Jérémie. Jérémie a été prophète en Israël entre les années 650 et 580 avant Jésus-Christ. Alors que le pays sombre dans l’absurde et la décadence, Jérémie appelle le peuple à revenir à Dieu – en vain. De la part de Dieu, Jérémie annonce que le pays va devoir affronter les conséquences de son comportement : un puissant adversaire, l’empire babylonien, va les vaincre et déporter les responsables du peuple, détruire la capitale Jérusalem, détruire le Temple. La pression babylonienne se fait sentir : Jérusalem est assiégée, quand Dieu demande à Jérémie d’acheter le champ de son oncle en province. Jérémie obéit mais ne comprend pas, et va porter à Dieu ses questions. C’est Jérémie qui parle.

 

Lecture biblique : Jérémie 32.16-25

16 Après avoir remis l’acte de vente à Baruc, j’ai adressé au Seigneur cette prière : 

17 « Ah, Seigneur Dieu, tu as montré ta force et ton savoir-faire en créant le ciel et la terre. Rien n’est trop difficile pour toi. 18 Tu montres ta bonté jusqu’à mille générations humaines ; mais si des parents ont commis une faute, tu en fais supporter les conséquences à leurs enfants. Tu es le Dieu grand et fort ; tu te nommes le Seigneur de l’univers. 19 Tu as de grands projets, tu es souverain pour les réaliser. Tu regardes attentivement ce que font les humains, pour traiter chacun d’eux selon sa conduite et ses actes.

20 « Tu as montré qui tu es par des prodiges marquants, lorsque nos ancêtres étaient en Égypte, et aujourd’hui encore, non seulement dans le peuple d’Israël mais aussi dans le reste de l’humanité, comme on le voit aujourd’hui. 21Tu as montré ta force et ton savoir-faire par des prodiges marquants et des plus impressionnants, pour faire sortir d’Égypte Israël, ton peuple. 22 Tu avais juré à nos ancêtres de leur donner le pays où nous sommes aujourd’hui, ce pays qui regorge de lait et de miel, et tu le leur as donné. 23 Ils sont venus en prendre possession. Seulement ils n’ont pas écouté ce que tu disais, ils n’ont pas suivi tes instructions, ils n’ont pas fait ce que tu commandais. Alors tu as envoyé tous ces malheurs qui arrivent aujourd’hui.

24 « Voilà en effet les Babyloniens qui avancent leurs travaux de siège de plus en plus près de la ville ; ils vont la prendre ; elle leur est déjà livrée, pour ainsi dire ; ils cherchent à la vaincre par les armes, la famine et la peste. Ce que tu avais prédit est arrivé, tu le vois bien.

25 Oui, la ville est presque aux mains des Babyloniens. Seigneur Dieu, pourquoi donc m’as-tu ordonné d’acheter ce champ et de le payer comptant devant témoins ? »

Ce que le texte nous apprend

Dans sa situation de désarroi intense, voire de détresse, Jérémie se tourne vers Dieu avec cette question : pourquoi investir sur l’avenir alors que le pays va tomber ?

(v.17-19) Jérémie s’adresse d’abord à Dieu de manière générale, comme au Dieu fort, puissant, créateur. Puisqu’il a créé le monde, il peut tout faire. Qu’est-ce qui serait trop difficile pour lui ? Il est au-dessus de tout. Mais sa puissance n’est pas que de la force brute : Dieu est fondamentalement bon et le bien qu’il veut faire aux hommes résonne presque sans fin. En effet, la bonté sur mille générations… Ca dépend comment on calcule la durée des générations, mais la version minimale, avec une génération de 25 ans, ça fait déjà 25 000 ans… Jérémie a écrit il y a 2500 ans, selon ce calcul on n’en est qu’à la 100e génération ! Quand la bonté de Dieu jaillit, rien ne l’arrête… Sa bonté et sa puissance ne font qu’un : elles sont impossibles à stopper.

Dieu est puissant, bon – et juste. Il nous tient responsables de nos actes, et nous avons à affronter les conséquences de ce que nous faisons (v.18b si des parents ont commis une faute, tu en fais supporter les conséquences à leurs enfants ; v.19). Toutefois, dans sa bonté, Dieu ne nous place pas sous un jugement de 1000 générations, ni même de 100, ni même de 10, mais d’une seule, ici. Les fautes des parents retombent sur leurs enfants. Vous allez dire, ce n’est pas juste ! Pourquoi l’enfant paierait-il les erreurs des parents ? Il n’y est pour rien !

2 remarques à ce sujet. a) D’une part, les enfants sont de fait influencés et marqués par les actes de leurs parents, sans parfois que Dieu s’en mêle : dettes à payer dans l’héritage, éducation ou manque d’éducation, blessures d’enfance qui poursuivent parfois toute la vie. Il y a une solidarité familiale que nos sociétés individualistes oublient, mais qui est bien réelle. b) D’autre part, ce texte fait référence à la manière dont Dieu s’est révélé à Moïse (Exode 20.5) : à l’époque, il avait parlé d’un châtiment sur 4 générations (comparé à 1000 générations de bénédiction). Ici, on passe à 1 génération, et Ézéchiel, un prophète contemporain de Jérémie, annonce le temps où chacun sera jugé seulement d’après sa conduite (Ézéchiel 18).

Donc Dieu : tout-puissant, bon, et juste (attentif au droit, attentif à la justice). Avec un penchant net pour la grâce.

(v.20-23) Jérémie ajoute à sa description de Dieu ce que son peuple connaît de lui depuis que l’aventure a commencé avec Abraham, près de 1500 ans plus tôt. Dieu n’est pas tout-puissant qu’en général, visible dans sa création : il se révèle personnellement dans l’histoire, dans nos expériences.

(v.24-25) Dans un moment d’impuissance profonde, emprisonné dans une ville assiégée, sans trop comprendre ce que Dieu a en réserve, Jérémie choisit de contempler la puissance de Dieu, tout en demandant pourquoi : pourquoi a-t-il dû acheter un champ ?

Dieu répondra en évoquant l’avenir (Jérémie 32.26-44): le jugement qui tombe sur ce pays dépravé n’est pas le dernier mot. Dieu a prévu de relever son peuple, de le guérir et le restaurer, de faire revenir les déportés – ils seront à nouveau chez eux sur cette terre. Le champ acheté en pleine défaite est un geste d’espérance pour l’avenir. C’est bien la puissance de Dieu qui va se manifester à nouveau, à travers l’histoire : c’est Dieu qui permet aux Babyloniens de blesser le peuple d’Israël, afin de mettre un terme à leurs exactions, c’est Dieu qui permettra que cette nation existe à nouveau, que le peuple revienne, que la ville et le temple soient reconstruits (livres d’Esdras & Néhémie).

La toute-puissance de Dieu

Dieu, être infiniment grand, est infiniment puissant. Dans sa puissance et sa liberté, il fait ce qu’il veut. Il fait tout ce qu’il veut ! Et il ne fait que ce qu’il veut… Tout ce que Dieu veut faire, il le fait, et rien n’empêche qu’il arrive à ses fins. La seule limite qui existe à ce que Dieu peut faire, c’est ce que Dieu se refuse à faire : il se refuse à mentir, à être injuste, à faire le mal.

Le mal. Pourquoi le mal si Dieu existe ? Pourquoi tant d’horreurs si Dieu est tout-puissant ? Cela veut-il dire qu’il accepte et cautionne les catastrophes naturelles, les maladies, les guerres, les méfaits des uns et des autres ?

La Bible évite d’expliquer les causes du mal – comme si c’était un trou noir, un tourbillon qu’on ne peut approcher sans s’y noyer. Il y a pourtant quelques indices : Dieu n’a pas créé le mal. On ne sait pas pourquoi le mal est apparu, mais certains anges se sont révoltés contre Dieu. L’humanité s’est engouffrée à leur suite : on en trouve le récit stylisé au début de la Bible, en Genèse 3. Dieu les a avertis, mais pas empêchés : il a tenu les hommes responsables de leur choix. Nous ne sommes ni marionnettes ni esclaves de Dieu : Dieu nous a créés pour être à son image, pour que nous soyons ses fils et ses filles, pas pour nous écraser de sa puissance. Les dérèglements, dans la nature et l’humanité, sont malheureusement les conséquences de ce choix de se déconnecter du Dieu juste et bon. Même si notre monde est mal en point, il va toutefois mieux qu’il ne devrait : dans sa bonté, Dieu fait grâce jusqu’à 1000 générations mais ne condamne qu’à 4 ou 1 générations. Dans sa bonté, Dieu ne nous laisse pas voguer dans le noir, mais il limite les conséquences de notre chute : comme si au lieu d’être morts, nous étions « simplement » paralysés en partie.

Ce que la Bible décrit, en revanche, c’est toute la réponse que Dieu apporte au mal qui nous étouffe : dans sa puissance, sa justice et sa bonté, il est devenu un homme, solidaire de sa création, le Christ, pour porter et absorber le choc de ces horreurs qui nous déforment, nous & le monde. Par sa mort, il a subi les conséquences de notre révolte. Par sa résurrection, par sa puissance de vie qui transperce la mort, par sa justice qui efface le mal, il annonce l’avenir & pose un geste d’espérance, comme Jérémie avec son champ : si nous nous tournons vers le Christ, Dieu nous restaurera.

Des êtres responsables mais limités

Quel impact la foi en un Dieu tout-puissant a-t-elle sur nous ? Il y a la confiance, bien sûr, la confiance en Dieu quelles que soient les circonstances. Mais cela nous renvoie aussi à une réflexion sur notre pouvoir. En effet, même en tant que créatures minuscules devant Dieu, nous ne sommes pas sans pouvoir. Même si nous sommes loin de pouvoir subsister par nous-mêmes, nous avons quand même du potentiel, des capacités.

Comment exercer notre autorité de parents, de chefs d’équipe, de « premier dans la file », d’enseignants, de médecins, de chefs de famille, de responsables dans l’église,… ? A chaque fois que nous avons voix au chapitre, nous sommes tentés d’affirmer notre position, notre autorité, d’avoir raison. Parfois nous refusons de nous remettre en question, imaginant que notre sagesse est sans défaut, comme celle de Dieu. Parfois, convaincus que notre avis est le meilleur, nous sommes prêts à écarter l’autre avec indifférence ou mépris.

Dieu est l’être le plus puissant qui existe, dont nous n’imaginons même pas le début de la puissance : il a créé le monde. Pourtant, il n’agit que pour le bien et la justice. Il n’écrase pas ses créatures, quitte à se mettre un moment en retrait. Même dans le désaccord, il reste généreux, plein de bonté et de patience, cherchant mille solutions pour préserver ceux qu’il a créés. Être image de Dieu c’est aussi exercer notre pouvoir comme Dieu le fait.  Loin d’être un tyran, Dieu montre sa puissance pour faire du bien, pour relever, pour élever l’autre, quitte à se donner lui-même.

Nous avons plus ou moins de responsabilités, de charge et d’autorité, mais il y a toujours des moments où nous sommes en situation de décision ou de pouvoir : tournons-nous vers Dieu pour apprendre. Apprenons à résister à nos élans tyranniques, et puisons à l’exemple parfait de la puissance de Dieu : le Christ, patient, généreux, porteur d’espérance.

 




L’étrange cas du jeune Eutyque

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/letrange-cas-du-jeune-eutyque

L’histoire de ce matin se déroule pendant le troisième voyage missionnaire de l’apôtre Paul. Après avoir traversé l’Asie Mineure et avoir séjourné en Macédoine et en Grèce, il est sur le chemin du retour. Certains de ses compagnons de route ont pris un peu d’avance et attendent l’apôtre et le reste de la troupe, dont Luc, l’auteur du livre des Actes, à Troas, une cité portuaire au nord-ouest de l’Asie Mineure. Paul les rejoint mais il ne va pas y rester trop longtemps. Il compte arriver à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte et le voyage est encore long. Il est donc plutôt pressé mais il a encore beaucoup de choses qu’il veut transmettre aux chrétiens de la ville.

Nous sommes la veille du départ de Paul de la ville, quelque part à Troas, un samedi soir, dans une grande maison où les chrétiens avaient sans doute l’habitude de se retrouver. On dirait aujourd’hui que l’Eglise de Troas est réunie pour le culte, avec un prédicateur de passage exceptionnel : l’apôtre Paul !

Actes 20.7-12
7 Le samedi soir, nous sommes réunis pour partager le pain. Paul prend la parole devant les frères et les sœurs chrétiens. Puisqu’il doit partir le jour suivant, il continue à parler jusqu’à minuit. 8 Nous sommes réunis dans la pièce qui est en haut de la maison. Là, il y a beaucoup de lampes allumées. 9 Un jeune homme, appelé Eutyque, est assis sur le bord de la fenêtre. Paul continue à parler longtemps. Eutyque s’endort profondément. Pris par le sommeil, il tombe du troisième étage et, quand on veut le relever, il est déjà mort. 10 Alors Paul descend, il se penche sur lui et le prend dans ses bras en disant : « Ne soyez pas inquiets, il est vivant ! »
11 Ensuite Paul remonte, il partage le pain et mange. Il parle encore longtemps jusqu’au lever du soleil, puis il s’en va. 12 Après cela, on emmène le garçon bien vivant, et tous sont vraiment consolés.

On pourrait se contenter d’une lecture de cette histoire au premier degré. Au cours d’une réunion des chrétiens de Troas survient une tragédie. Mais Dieu vient au secours de son Eglise et rétablit le jeune homme après sa chute mortelle.

La question qu’on est en droit de se poser est la suivante : pourquoi ce récit justifie-t-il sa place dans le livre des Actes ? Il y a, certes, un miracle. Mais il y en a eu d’autres… pourquoi raconte-t-on celui-ci ? Faut-il juste voir dans ce récit une invitation à sécuriser les lieux de culte ? Ou une mise en garde contre les prédications trop longues, qui peuvent se révéler plus dangereuses qu’on ne le pense ? Parce qu’on remarquera tout de même, au passage, que l’histoire n’est pas trop à l’avantage de l’apôtre Paul… Certes, la réunion se prolonge tard dans la nuit mais visiblement sa prédication n’était pas assez passionnante pour tenir éveillé ses auditeurs ! Eutyque est tombé de la fenêtre mais qui nous dit qu’il était le seul à s’être endormi ?

Un récit bien étrange…

La question de la place de ce récit dans le livre des Actes est aussi pertinente quand on considère la façon dont il est raconté. Car, quand on y regarde de plus près, le récit autour de ce jeune homme tombé de la fenêtre est bien étrange. On pourrait même se demander ce qui s’est vraiment passé…

En effet, le texte nous dit que le jeune homme tombe du troisième étage de la maison et que lorsqu’on veut le relever, on se rend compte qu’il est mort. C’est une terrible tragédie et on imagine sans peine l’émoi que ça a pu susciter, peut-être un vent de panique, une terreur qui s’empare de tout le monde. Imaginez qu’un événement similaire arrive ce matin, au cours de notre culte ! Pourtant, tout semble se passer dans un calme olympien. Le texte biblique dit simplement que Paul descend, il prend le jeune homme dans ses bras et il dit qu’il ne faut pas s’inquiéter : il est vivant. On ne dit pas qu’il ait fait quelque chose de particulier, qu’il ait imposé les mains au jeune homme ou au moins qu’il ait prié pour sa résurrection. Même Jésus l’aurait fait ! Rien de tout ça… Il dit juste qu’il ne faut pas s’inquiéter et qu’il est vivant.

Et puis, surtout… il remonte à l’étage, comme si de rien n’était ! Et il reprend là où il s’était arrêté : il partage le pain avec les disciples réunis, qui semblent eux aussi être passé à autre chose, et il prêche toute la nuit ! Bref, le culte continue… Après quoi, il s’en va. Et ce n’est qu’à la toute fin du récit, au petit matin, alors que Paul est parti, qu’on nous confirme que le garçon est bien vivant, et que tout le monde est vraiment consolé. C’est comme s’il était resté toute la nuit au pied de la maison, continuant le sommeil qu’il a avait commencé pendant la prédication de l’apôtre ! Son réveil a dû être un peu spécial…

Vous ne trouvez pas ça assez étrange ? Et comme si ça ne suffisait pas, il y a encore d’autres éléments incongrus, ou des questions sans réponse.

Par exemple, pourquoi le jeune homme est-il assis sur le bord de la fenêtre ? Parce que la chambre était pleine ? Parce qu’il avait chaud et qu’il cherchait un peu d’air ? Parce qu’il n’était pas passionné par le discours de Paul et jetait un coup d’oeil de temps en temps à l’extérieur ? On n’en sait rien. En fait, on ne sait rien de ce jeune homme. Il ne parle jamais, le texte n’émet aucun jugement sur son attitude, ne commente pas ce qui lui arrive…

Tout ce qu’on sait de lui, c’est son nom. On peut d’ailleurs se demander pourquoi il est mentionné ! Est-ce si important de le savoir ? Sauf que, savez-vous ce que signifie Eutyque ? Ça veut dire : « chanceux » ! C’est quand même étonnant, vu ce qui lui arrive !

Autre élément étonnant : la mention du partage du pain, à cette heure tardive. Il ne s’agit pas ici de casser la croûte mais de partager le repas du Seigneur, la Cène. Certes, elle se vivait au cours d’un véritable repas chez les premiers chrétiens, mais normalement pas à minuit… et encore moins dans ces circonstances !

Une portée symbolique ?

Autant d’éléments surprenants doivent nous interpeller. Ce sont peut-être des indicateurs pour nous dire qu’il ne faut pas passer trop vite sur un tel récit, qu’une lecture seulement au premier degré ne suffit pas…

Et si ce récit, et la façon bien étrange dont il est raconté, avait une autre portée ? N’aurait-il pas une valeur de symbole ? Il ne s’agit pas de dire qu’il n’y a pas eu de miracle. Luc, l’auteur du livre des Actes, en parle en tant que témoin oculaire : le récit est à la première personne du pluriel. Il y a sans doute bien eu un jeune homme qui s’est endormi, qui est tombé de la fenêtre, et qui en est miraculeusement sorti indemne.

Mais ne doit-on pas aller plus loin que cette lecture au premier degré ? On a déjà mentionné le nom d’Eutyque (chanceux), le calme étonnant dans lequel les choses se passent, le culte qui se poursuit comme si de rien n’était… Qu’y a-t-il d’autre ?

Le récit nous parle quand même d’une mort et d’une résurrection. Et en plus on est dans la nuit de samedi à dimanche ! Et c’est au petit matin du dimanche que la résurrection est constatée… Et c’est à ce moment-là seulement que tout le monde est soulagé. Le texte l’exprime avec emphase : « tous sont vraiment consolés ». Littéralement, on pourrait traduire : « et ce ne fut pas une petite consolation ! »

Ca ne vous rappelle rien ? Une expérience de mort et de résurrection, constatée au petit matin, et qui est une source de consolation sans mesure ! D’une certaine manière, ce récit à Troas nous parle de l’expérience de mort et de résurrection que le croyant est appelé à vivre, à la suite de Jésus-Christ. Une expérience partagée dans la communauté chrétienne et source d’une profonde consolation.

Quelques applications

Une expérience de mort et de résurrection

C’est le cœur de l’Evangile, et le cœur de l’expérience chrétienne. Peut-on aller jusqu’à dire que l’expérience de la mort et la résurrection du Christ devrait être la réalité de la vie chrétienne normale, comme la résurrection du jeune Eutyque semble évidente et naturelle dans ce récit ?

Et pourtant, nous nous contentons facilement d’une vie chrétienne morne où on n’est pas vraiment mort et ressuscité mais entre les deux, juste assoupis…

Demandons au Seigneur de permettre que notre vie chrétienne soit encore et toujours l’expérience d’une vie nouvelle !

Partagée dans la communauté chrétienne

Tout se passe dans ce récit lorsque l’Eglise est réunie, alors que l’Evangile est prêché et la Cène est célébrée !

Il faut souligner l’importance de l’Eglise dans la vie du chrétien. Je ne parle pas des institutions et des différentes chapelles. Je parle de la communauté chrétienne. La mort et la résurrection en Christ est une expérience à partager. Et la Parole de Dieu prêchée et étudiée en communauté permet de l’appréhender. Tout comme la participation à la Cène, ce sacrement donné par Jésus à son Eglise, pour proclamer et vivre sa mort et sa résurrection.

Source d’une profonde consolation

Il n’y a pas de plus grande consolation, pas de plus grand encouragement que la réalité de la mort et de la résurrection du Christ. Dans l’histoire bien-sûr, parce que c’est par ce double événement que le salut de Dieu pour les humains s’est accompli. Mais aussi dans notre vie chrétienne évidemment !

Face à la mort, la maladie, la souffrance : nous sommes ressuscités en Christ, c’est notre consolation et notre espérance au-delà de toute épreuve !

Contre les forces de mort qui nous entourent et nous pressent, ou les pulsions mortifères qui peuvent nous habiter : nous sommes ressuscités en Christ, c’est notre encouragement dans la lutte, notre victoire par la foi.
L’étrange cas du jeune Eutyque nous invite donc à expérimenter, dans notre “vie chrétienne normale”, la réalité et la puissance de la mort et de la résurrection du Christ !




Balaam et son ânesse

Pour ce dimanche estival, je propose que nous nous arrêtions sur une histoire, un récit parmi les plus étonnants de l’Ancien Testament.

Nous sommes avec le peuple Hébreux. Après être sorti d’Egypte sous la conduite de Moïse, et après avoir traversé le désert pendant 40 ans, les voilà proches de la terre promise par Dieu à leur ancêtre Abraham. Ils campent dans les plaines arides de Moab, à l’est du Jourdain, en face de Jéricho. Mais les autochtones ne voient pas leur arrivée d’un très bon œil…

Balac, le roi de Moab, décide alors de se tourner vers un prophète puissant du nom de Balaam. Il lui demande de jeter une malédiction contre ce peuple venu d’Egypte, pour qu’il ait une chance de le vaincre. Mais Dieu parle au prophète et lui dit de ne pas aller avec Balac et de ne pas maudire ce peuple qu’il a béni. Mais Balac insiste, promettant au prophète de le combler d’honneurs s’il vient avec lui… Alors Balaam attend, pour une seconde nuit, ce que Dieu va lui dire.

Nombres 22.20-35
20 Pendant la nuit, Dieu vient dire à Balaam : « Si ces hommes sont venus t’appeler, pars avec eux. Mais tu feras seulement ce que je te dirai. » 21 Le matin suivant, Balaam se lève, il prépare son ânesse et il part avec les chefs de Moab.
22 Quand Dieu voit Balaam partir, il se met en colère. Balaam avance sur la route, monté sur son ânesse. Deux serviteurs sont avec lui. Alors un ange du SEIGNEUR se place sur la route pour l’empêcher de passer. 23 L’ânesse voit l’ange debout au milieu de la route. Il tient une épée à la main. L’ânesse quitte la route et elle passe à travers les champs. Balaam se met à la frapper pour la ramener sur la route. 24 L’ange va se placer plus loin dans un chemin étroit qui traverse des vignes entre deux murs. 25 L’ânesse voit l’ange du SEIGNEUR, elle se serre contre le mur et ainsi, elle blesse le pied de Balaam. Celui-ci la frappe de nouveau. 26 L’ange du SEIGNEUR les dépasse encore une fois. Il va se placer dans un passage très étroit. Là, on ne peut passer ni à sa droite ni à sa gauche. 27 Quand l’ânesse voit l’ange, elle se couche sous Balaam. Celui-ci se met en colère et les coups de bâton pleuvent.
28 Alors le SEIGNEUR fait parler l’ânesse, et elle dit à son maître : « Qu’est-ce que je t’ai fait, pour que tu me frappes trois fois ? » 29 Balaam lui répond : « Tu te moques de moi ! Si j’avais une épée à la main, je te tuerais tout de suite ! » 30 L’ânesse lui dit : « Est-ce que je ne suis pas ton ânesse ? C’est moi que tu montes depuis toujours ! Est-ce que j’ai l’habitude d’agir ainsi avec toi ? » Balaam répond : « Non ! »
31 Alors le SEIGNEUR ouvre les yeux de Balaam. Balaam voit l’ange du SEIGNEUR debout sur le chemin, une épée à la main. Il se met à genoux, le front contre le sol. 32 L’ange du SEIGNEUR lui dit : « Tu as frappé ton ânesse trois fois. Pourquoi donc ? Je suis venu t’empêcher de passer. En effet, ce voyage me paraît dangereux. 33 Ton ânesse m’a vu, et trois fois, elle s’est écartée de moi. Si elle n’avait pas fait cela, je t’aurais tué, mais elle, je l’aurais laissée en vie. » 34 Balaam dit à l’ange : « J’ai commis une faute ! En effet, je n’ai pas vu que tu étais devant moi sur la route. Mais maintenant, si ce voyage te déplaît, je suis prêt à faire demi-tour. » 35 L’ange du SEIGNEUR répond : « Non ! Va avec ces hommes. Mais tu prononceras seulement les paroles que je te dirai. » Alors Balaam continue la route avec les chefs de Balac.

Voilà un récit pour le moins surprenant ! Il y a d’abord, bien sûr, l’ânesse de Balaam : elle voit l’ange du Seigneur sur la route, alors que le prophète qui la monte ne le voit pas… Et ça, trois fois de suite ! Ensuite, la même ânesse se met à parler… A la rigueur, pourquoi pas ? Dieu est tout-puissant ! Mais le plus étonnant, ce n’est pas tellement que l’ânesse parle, c’est que Balaam semble trouver ça tout à fait normal puisqu’il discute avec elle ! Franchement, à la place de Balaam, comment auriez-vous réagi ? Imaginez-vous en train de promener votre chien, comme tous les jours, et tout à coup il s’arrête, vous regarde et se met à vous parler. Vous tapez la discute avec lui, sans broncher ? C’est pourtant ce que semble faire Balaam avec son ânesse !

C’est cet élément qui me laisse penser que ce récit n’est probablement pas à prendre au pied de la lettre… Mais ce n’est pas ce qui m’importe pour ce matin. Prenons, simplement, le récit tel qu’il nous apparaît, avec ses péripéties et ses dialogues étonnants, avec son humour aussi… et demandons-nous quel en est le message, pour le peuple Hébreux à ce moment de son histoire, et quel prolongement nous pouvons discerner pour nous aujourd’hui.

D’autant que la discussion entre Balaam et son ânesse n’est pas le seul élément étonnant de ce récit. L’attitude de Dieu aussi est surprenante. On le voit se mettre en colère quand Balam se met en route… alors qu’il vient juste de lui dire de partir ! Et puis ensuite, il empêche Balaam de passer, affirmant même qu’il l’aurait tué si l’ânesse ne s’était pas arrêtée… et finalement il lui dit de continuer son chemin, en lui redisant, en gros, ce qu’il lui avait dit avant qu’il parte ! Vous y comprenez quelque chose, vous ?

Pourquoi Dieu se met-il en colère ?

Rappelons-nous que lorsque le roi Barac était venu demander de l’aide à Balaam, Dieu avait dit clairement à ce dernier : « Non, tu n’iras pas avec eux ! Tu ne maudiras pas le peuple d’Israël, parce que je l’ai béni. » (Nb 22.12)

Mais Balac était revenu à la charge. Et je me demande si la deuxième réponse de Balaam était si honnête que cela… Balac avait insisté, en promettant de le couvrir d’honneurs mais sans vraiment préciser les choses. Et Balaam, lui, est explicite et même en rajoute un peu : « Même si Balac me donne tout l’argent et tout l’or qui remplissent sa maison, je ne peux pas faire une chose, petite ou grande, contre l’ordre du SEIGNEUR mon Dieu. » (Nb 22.18) Et il dit, quand même, aux émissaire du roi de rester pour la nuit, au cas où Dieu lui dirait quelque chose…

Mais la première réponse de Dieu n’était pas assez claire ? Et pourquoi est-ce qu’il changerait d’avis ? Pourtant, c’est ce qu’il semble faire puisqu’il lui dit : « Si ces hommes sont venus t’appeler, pars avec eux. » Ah bon ? Dieu n’était pas au courant qu’ils étaient déjà venus l’appeler avant ? En fait, j’ai l’impression que Dieu connaît le cœur de Balaam et qu’il le laisse aller. Se disant que de toute façon, il veut y aller… alors qu’il yaille ! Mais attention, il lui précise : « Tu feras seulement ce que je te dirai. »

L’empressement dont le prophète fait preuve ensuite semble bien confirmer cela. Il ne se fait pas prier. Dès le lendemain matin, il selle son ânesse et prend la route ! Et ensuite il sera incapable de voir l’ange qui lui barrera le chemin…

La « colère » de Dieu ne trahit donc pas un brusque changement d’humeur de sa part. Ce n’est pas un caprice… Probablement que le Seigneur veut plutôt donner une leçon au prophète. Il s’obstine à vouloir contourner la réponse négative de Dieu ? Dieu, à son tour, s’obstinera à bloquer Balaam sur son chemin…

Pourquoi le prophète est-il moins clairvoyant que son ânesse ?

C’est toute l’ironie de l’histoire. Alors que le prophète ne comprend pas ce qui se passe, l’ânesse voit, elle, l’ange du Seigneur ! La première fois, elle peut l’éviter en passant par les champs. La deuxième fois, elle doit raser les murs, blessant au passage le pied de Balaam. Mais la troisième fois, le passage est trop étroit et l’ânesse ne peut que s’arrêter. Et le prophète, lui, ne comprend rien, il ne voit rien et tout ce qu’il trouve à faire, c’est se mettre en colère contre son ânesse et la rouer de coups.

Balaam semblait pourtant jusque là capable d’entendre clairement la voix de Dieu… Mais là, il ne voit rien. Il devait être trop concentré sur l’objectif de son voyage, aveuglé par la perspective de la récompense promise par le roi de Moab… Il a obtenu le feu vert de Dieu pour répondre à l’offre de Balac, alors il y va. Il ne se pose plus de question. C’est comme s’il était déjà arrivé au bout de son chemin… et du coup, il n’est plus prêt à rencontrer Dieu sur sa route. Pourtant il aurait quand même dû se douter qu’il y avait quelque chose qui clochait quand Dieu lui a dit d’aller vers Barac alors qu’il venait de le lui interdire formellement.

Il faudra, pour que le prophète sorte de sa torpeur, que le Seigneur lui ouvre les yeux, comme il le ferait pour un aveugle. Alors seulement il verra l’ange du Seigneur et reconnaîtra sa faute.

Quelles leçons pour nous ?

Le première leçon que nous pouvons tirer de cet épisode, c’est que Dieu nous laisse parfois aller jusqu’au bout de nos obstinations… Parce qu’il faut parfois faire l’expérience de l’échec, se retrouver face à un mur, pour comprendre. Ça peut être douloureux… mais nécessaire.

Car Balaam n’est pas un cas isolé, loin de là ! Dans la Bible, il y a une expression qui revient à de nombreuses reprises pour qualifier l’obstination du peuple de Dieu : « avoir la nuque raide », c’est-à-dire refuser de courber la tête, n’en faire qu’à sa tête. Aujourd’hui on dirait avoir la tête dure… Vous ne vous sentez pas concernés ? Vraiment ?

La deuxième leçon est une mise en garde : il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir… ni plus sourd que celui qui pense avoir tout compris. Enfermés dans nos certitudes, nous ne sommes plus capables de voir Dieu sur notre chemin.

Même un prophète est moins clairvoyant qu’un âne quand il s’enferme dans son obstination. L’exemple tragi-comique de Balaam doit nous inviter à l’humilité. Méfions-nous de nos certitudes.

Ici, je fais une différence entre les convictions et les certitudes. C’est important de se forger des convictions solides, d’affermir sa foi, d’approfondir sa connaissance de Dieu. On peut s’appuyer sur ses convictions, on peut les partager, on peut même les défendre. Mais gardons nous de faire de nos convictions des certitudes. Par certitude, je veux dire des vérités absolues, définitives, qu’on ne discute pas. On pourrait dire qu’une certitude a le cou raide… alors qu’une conviction est prête à se laisser encore modeler. Les fanatiques ont des certitudes. Les croyants ont des convictions.

Nos certitudes nous rendent aveugles, elles nous empêchent de voir le Seigneur sur notre chemin. Nos convictions nous gardent les yeux ouverts, elles s’affermissent dans la rencontre avec Dieu.

Epilogue

L’histoire de Balaam ne s’arrête pas là. Il semble bien avoir retenu la leçon parce que les deux chapitres suivants nous racontent comment, par trois fois, le prophète prononcera des bénédictions pour le peuple d’Israël au lieu des malédictions qui lui étaient demandées. Il rappellera au passage les promesses de Dieu envers son peuple, concernant son alliance et la terre qui lui est promise. Si bien que le roi de Moab finira par lui dire : “OK, tu ne peux pas les maudire, mais au moins arrête de les bénir !”

Ce récit étonnant de Balaam a toute son importance dans le récit du livre des Nombres. En marche vers la terre promise, au milieu de peuples pas toujours bienveillants à leur égard, le peuple d’Israël peut être rassuré : Dieu restera toujours fidèle à son alliance et à ses promesses.

N’est-ce pas là aussi une belle leçon pour nous ? Car si nous devons nous méfier de nos certitudes, il y a bien une assurance sur laquelle nous appuyer : Dieu est toujours fidèle à ses promesses, quels que soient les obstacles, quels que soient les adversaires qui nous mettent des bâtons dans les roues… et quelle que soit notre propre obstination !