Devenons ce que nous sommes !

Quelle est la tendance cet été ? Quels sont les vieux vêtements que vous allez donner, parce que vous ne les aimez plus ou parce qu’ils ne vous vont plus… :s ? Comment rafraîchir votre garde-robe, votre style, renouveler votre déco ?

Rassurez-vous, pendant les vacances, je n’ai pas changé de vocation, et je ne vais pas seulement parler chiffons… Quoique !

L’objet de notre espérance (la vie pleine et entière avec Dieu) est assuré, nous sommes sûrs de l’obtenir, les jeunes nous l’ont rappelé. Et cette assurance change déjà notre façon de vivre aujourd’hui – comme en voyage, connaître notre destination et être sûrs d’y arriver change déjà notre trajectoire et notre façon de conduire, de nous conduire, ici-bas. En quoi cela consiste-t-il concrètement ? Les jeunes ont choisi un texte extrait de la lettre de l’apôtre Paul aux églises de la ville grecque de Colosses pour nous conduire dans cette réflexion.

            Lecture biblique: Col 3.1-17

1 C’est avec le Christ que vous avez été réveillés de la mort. Cherchez donc les choses d’en haut, là où le Christ se trouve, assis à la droite de Dieu. 2 Le but de votre vie est en haut et non sur la terre. 3 Oui, vous êtes passés par la mort, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. 4 Le Christ est votre vie. Quand il paraîtra, vous aussi, vous paraîtrez avec lui et vous participerez à sa gloire.

5 C’est pourquoi, faites mourir ce qui en vous appartient à la terre : par exemple, mener une vie immorale ou impure, désirer des choses honteuses et mauvaises, chercher à avoir tout pour soi, ce qui est une façon d’adorer les faux dieux. 6 Voilà ce qui attire la colère de Dieu sur ceux qui refusent de lui obéir. 7 Autrefois, vous aussi, vous agissiez ainsi quand vous viviez de cette manière. 8 Mais maintenant, rejetez tout cela : colère, violence, méchanceté. Ne lancez plus d’insultes ni de paroles grossières ! 9 Ne vous mentez plus les uns aux autres. En effet, ce que vous étiez avant avec vos façons de vivre, vous vous en êtes débarrassés comme d’un vieux vêtement. 

10 Et, comme si vous aviez mis un vêtement neuf, vous êtes devenus une personne nouvelle. Cette personne se renouvelle sans cesse et elle ressemble de plus en plus à son Créateur. C’est ainsi que vous pourrez connaître Dieu pleinement. 11 Maintenant, il n’y a plus des non-Juifs et des Juifs, des circoncis et des non-circoncis. Il n’y a plus des étrangers, des non-civilisés. Il n’y a plus des esclaves et des personnes libres. Mais il y a le Christ : il est tout et il est en tous. 

12 Dieu vous a choisis, il veut que vous soyez à lui et il vous aime. Donc, faites-vous un cœur plein de tendresse et de pitié, un cœur simple, doux, patient. 13 Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous si quelqu’un a un reproche à faire à un autre. Le Seigneur vous a pardonné, agissez comme lui ! 14 Et surtout, aimez-vous : l’amour est le lien qui unit parfaitement. 15 Que la paix du Christ dirige vos cœurs ! Dieu vous a appelés à cette paix pour former un seul corps. Dites-lui toujours merci. 

16 Que la parole du Christ habite parmi vous avec toute sa richesse. Donnez-vous des enseignements et des conseils avec toute la sagesse possible. Remerciez Dieu de tout votre cœur, en chantant des psaumes, des hymnes et des cantiques qui viennent de l’Esprit Saint. 17 Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père.

1/ Le principe… Devenez ce que vous êtes ! (« recherchez les choses d’en haut » v.2)

Paul développe une idée, une seule : vous êtes une personne nouvelle. Votre identité est en Christ : c’est lui maintenant qui définit ce que vous êtes. Par la foi, vous êtes solidaires du Christ, unis à lui par son Esprit, et ce qui vous définit maintenant, c’est lui. Il est mort pour porter nos fautes et notre culpabilité ? Vous êtes morts ! Le mal n’est plus ce qui vous définit. Jésus est vivant, rempli de la vitalité divine, de sa joie, de sa paix, de sa justice, de son amour, pour l’éternité ? Vous êtes vivants ! Même si vous êtes dans un contexte mortel, vous recevez de lui, dès maintenant, un peu de sa vie, dans l’attente de tout recevoir lorsque Dieu renouvellera ce monde. Le Christ est votre vie !

Qu’est-ce qui peut nous définir, dans notre société ? le poids de notre passé, notre réputation, notre statut social, les réussites ou les échecs, notre argent ou notre famille, nos connaissances ou nos lacunes – pas pour Dieu ! A ses yeux, aux yeux du Créateur, pour l’éternité, ce qui nous définit, c’est le Christ ! Notre identité profonde, véritable, éternelle, c’est d’être frères et sœurs du Christ, par la foi, de partager son nom, sa fortune, sa réussite. C’est lui notre identité. D’où le fait que Paul dit qu’il n’y a plus ni Juifs ni non-Juifs, ni étrangers ni citoyens, ni riches ni pauvres, ni hommes ni femmes… Ce qui nous définit en premier, c’est le Christ. Qui que nous soyons, par la foi, nous sommes héritiers du Christ : voilà notre identité.

La conséquence est simple : Dieu nous appelle à devenir ce que nous sommes, en Christ. A laisser cette identité nouvelle s’épanouir et s’exprimer dès maintenant. Nous sommes à l’ère du bien-être, où l’accomplissement de soi, l’épanouissement / le développement personnel, sont prépondérants. Oui, accomplissez-vous, développez-vous,  épanouissez-vous… mais dans votre vraie identité ! Assumez ce que vous êtes – en Christ ! Le reste a perdu sa force lorsque vous avez cru au Crucifié, et passera bien assez tôt. Fixez vos yeux sur l’horizon, sur la vie avec Dieu qui n’a pas de limites – et laissez cette direction changer votre trajectoire.

Pour reparler chiffons : vous allez vivre pour l’éternité au ciel, dans l’entourage proche de Dieu. Suivez la mode… mais la mode du ciel ! Renouvelez votre garde-robe, oui, mais pour correspondre aux tendances célestes ! Bien sûr, je ne parle pas vraiment de vêtements ici… Quelles sont les tendances, la mode de notre société ? La culture qui nous entoure ? Dieu nous appelle à investir sur ce qui sera tendance dans l’éternité, pour toujours dans l’actualité, son actualité. Puisque vous êtes destinés au ciel, vivez déjà comme au ciel.

2/ Les vêtements à jeter (« faites mourir »… v.5)

Cela implique d’abord un tri dans notre dressing – Paul y va fort : faites mourir ce qui n’a rien à faire au ciel, ce qui appartient au monde d’ici-bas et qui n’a pas une chance de tenir dans la présence de Dieu. Il y a des choses qui seront détruites par Dieu, car elles font tache (déjà aujourd’hui, dans la semi-obscurité dans laquelle nous vivons, mais alors, imaginez dans la pleine lumière de la présence de Dieu, de la sainteté de Dieu…) Dieu nous dit : débarrassez-vous-en dès maintenant ! Ces « vêtements » ne vous vont plus, depuis que vous êtes définis par le Christ. Ils font tache ! Paul donne plein d’exemples concrets, mais il insiste sur trois domaines, ô combien d’actualité : le corps, l’argent, les relations/l’usage de notre langue.

Le corps et l’argent sont mis dans le même bateau. Ce sont de bonnes choses, en soi, données par Dieu. Mais le bât blesse lorsque le corps, ou l’argent, prennent la première place dans notre vie : le plaisir à tout prix – par une sexualité débridée, une garde-robe ( !) démesurée, une maison grandiose, des voyages à tout va, un hygiénisme rigide… Lorsque la priorité se porte sur le corps, ou sur ce que j’ai, ce que je peux faire, toute une partie de ce que nous sommes est négligée : notre âme, notre vocation à ressembler à Dieu, notre solidarité profonde avec ceux qui nous entourent… La société nous invite au « fun », à profiter, toujours plus… Ou à accumuler, dans l’espoir de plaisirs futurs… Quitte à prendre des raccourcis en négligeant d’autres réalités, comme notre besoin de relations simples, de partage, d’entraide, d’amour/ notre besoin de nous décentrer pour accueillir la présence de l’autre, la présence de Dieu… Ces raccourcis sont bien souvent des impasses.

La pression sociale est très forte sur ces sujets – dans la culture, les médias, l’imaginaire ambiant, des évidences se forment comme des vérités intemporelles (alors que bien souvent, c’est très récent : ce n’est pas parce que c’est dit que c’est vrai) – et la responsabilité de chaque chrétien, c’est de se poser la question : est-ce c’est compatible avec ma nouvelle identité en Christ ? Avec mon avenir éternel ? Le corps, le bien-être, le plaisir, l’argent, mais aussi les loisirs, la réussite, la réputation… ces choses ont une place, mais quand elles dirigent notre vie à la place de Dieu, elles nous détournent de notre réelle identité. C’est toujours un combat, pour garder l’équilibre et donner une place juste à chaque chose, en gardant la meilleure place pour Dieu et nos relations avec les autres. Cela demande, régulièrement, de demander les lumières de Dieu : où est-ce que j’en suis en ce moment ?

Autre point sur lequel Paul insiste : nos paroles ! Le mensonge (pour se justifier ? pour manipuler ? pour se cacher ?), la brutalité, la colère. Nous vivons dans une époque joyeusement grossière, où la  vulgarité et les insultes sont monnaie courante, où la parole engage peu. Ce n’est pas nouveau, mais c’est très présent. Dieu nous invite à reconsidérer le poids de nos mots, leur impact sur l’autre, et sur nous. Ca ne laisse pas indemnes, d’insulter ou de mentir ! Peut-être que la première fois, nous allons au-delà de notre pensée, mais quand nous entendons nos propres mots, cela laisse une empreinte sur nous aussi, en préparant un chemin pour nos futures pensées.

Paul décrit ici une façon de vivre où l’ego, le moi, ne se met plus de limites, et se prend lui-même comme référence, comme source et but de l’existence. Je vis par moi-même, pour moi-même, je me fais plaisir, je fais ce que je veux quand je veux comme je veux. Comment construire des relations véritables si telle est notre mentalité ?

3/ Les vêtements à porter (« faites-vous un cœur… » v.12)

Alors, le dressing céleste ? A quoi ressemble-t-il ? S’il y a des vêtements à jeter, il y en a d’autres à acquérir ! Je le rappelle : il ne s’agit pas d’abandonner et d’acquérir des choses pour devenir une bonne personne qui obtiendra les faveurs de Dieu. Non ! Il s’agit de se mettre en conformité avec ce que nous sommes déjà, avec cette identité nouvelle que nous avons reçue en Christ, une identité à assumer et à exprimer au quotidien.

Puisque nous vivons par le Christ, puisque notre identité c’est le Christ, nous avons « simplement » à ressembler au Christ. Pas physiquement ! Mais dans son caractère : douceur, simplicité/droiture, un cœur qui se laisse attendrir, et la patience (la patience !). J’insiste sur la patience, car nous sommes tous en transition, empêtrés dans des vêtements qui ne nous vont plus, en train d’essayer de nouveaux vêtements où nous ne sommes pas encore très à l’aise… La patience qui demande de supporter ce qui nous agace, parce que finalement, ce n’est pas si grave ou important. Une patience généreuse, qui conduit même à pardonner à celui qui nous blesse : ses maladresses et ses fautes ne sont-elles pas du même ordre chez moi ? Et heureusement que Dieu me pardonne ! « pardonnez-vous les uns les autres » – cela ne peut arriver que si l’un des deux, offenseur ou offensé, prend l’initiative de parler à l’autre : je voudrais te demander pardon de…, si… On n’est pas obligé d’attendre que l’autre vienne nous demander pardon, on peut aussi prendre l’initiative (surtout si l’autre ne se rend pas compte de la situation) et dire: écoute, sur tel point, j’ai été blessé de… est-ce qu’on pourrait en parler ensemble ? C’est dur ! Il est plus facile d’avoir une paix visible et polie, ou de critiquer par-derrière. Mais demandons-nous : est-ce cela l’amour qui réjouit Dieu ? L’amour qui dirige le cœur du Christ ? L’amour qui règnera dans l’éternité ? Des relations hypocrites, fausses, remplies d’amertume ?

La dimension communautaire est essentielle dans notre identité nouvelle : nous sommes ensemble, nous sommes un corps, nous sommes au pluriel ! Nous sommes reliés – à Dieu, en Christ, par l’Esprit. Aux autres aussi. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment un Dieu d’amour nous lancerait-il dans une vie solitaire ? Quand la Bible parle d’amour, de paix, elle parle de relations ! Pas d’un sentiment vague et flottant, sans objet, zen… Avec ses beautés et ses laideurs, l’église est le lieu où nous apprenons à vivre notre identité céleste, à nous décentrer de nous pour aimer Dieu et notre prochain.

Pour vivre cela, la recette c’est de mettre sans cesse le Christ en avant. S’entraîner à se tourner sans cesse vers Dieu. Un sujet de joie ? Chantons la générosité de Dieu ! Un sujet de tristesse ? Cherchons le réconfort de Dieu ! Une idée ? Confrontons-la à la sagesse de Dieu, dans la Bible ! Un projet ? Demandons à Dieu son avis, et pas seulement sa bénédiction ! Toujours méditer un peu plus la vie, la personne, l’œuvre de Dieu, en particulier en Jésus – qui pourrait s’en lasser ? On parle de l’être le plus merveilleux, incroyable, extraordinaire qui puisse exister…

En toutes occasions, cherchons la perspective de Dieu – par exemple en apprenant à dire merci. Dire merci c’est décoller notre regard de l’évidence, de ce qui est dû, pour discerner la main paternelle qui nous porte et nous accorde tant de grâces. Nous avons de la chance ! Emerveillons-nous toujours à nouveau de pouvoir vivre avec Dieu, dans les bons et les mauvais moments – il est notre vie !

Conclusion

Paul nous invite à vivre ici-bas comme au ciel… Pas dans les nuages ! Pas dans un rêve ! Mais par anticipation, pour s’entraîner à l’éternité. Pour montrer ici, aujourd’hui, à quoi peut ressembler la vie avec Dieu.

C’est un grand défi ! Le plus grand relooking de tous les temps. Mais sur ce chemin, le Christ est notre modèle, notre motivation, et notre secours : Il nous enseigne, nous conduit, nous pardonne nos mauvais pas et nous donne la force de nous relever lorsque nous tombons.

Devenons ce que nous sommes ! Centrons-nous sur le Christ, et laissons-le nous transformer encore un peu plus à son image, pour la gloire de Dieu, pour notre joie, et pour bénir ceux qui nous entourent.




Sur une mauvaise voie…

https://soundcloud.com/eel-toulouse/sur-une-mauvaise-voie

La Bible est un livre extraordinaire, d’une diversité et d’une richesse formidables. Mais ce n’est pas toujours un livre facile à lire. Il nous résiste parfois… et cela même si nous la lisons depuis des années, même si nous avons fait de longues études de théologie et que nous pouvons la lire dans son texte original, en hébreu et en grec !

Bien-sûr, le message central de la Bible est clair. On comprend bien la révélation du Dieu Créateur, son projet de salut pour l’humanité rebelle, sa révélation progressive à travers un homme, Abraham, puis à travers un peuple issu de sa descendance, le peuple d’Israël. On comprend bien le message de la Bonne Nouvelle du salut de Dieu en Jésus-Christ, annoncé par les prophètes, accompli par le Fils de Dieu devenu homme, mort et ressuscité.

Mais reconnaissons que certains textes nous restent encore parfois obscures, difficiles à comprendre. Et la compréhension n’est pas la seule difficulté que nous rencontrons. Il y a aussi la difficulté à vivre et à mettre en pratique ce que nous comprenons…

Cette semaine, nous avons reçu un mail d’un membre de notre Eglise qui nous demandait justement notre avis sur deux textes difficiles de la Bible. Je me suis efforcé de lui donner quelques pistes possibles de réponse… Et puis je me suis pris au jeu et, en réfléchissant à ma prédication, je me suis dit que l’un de ces deux textes pouvait être intéressant pour nous ce matin. Un texte qui n’en a pas l’air au premier abord mais qui est plutôt difficile

Jacques 5.19-20

19 Mes frères et mes sœurs, parmi vous, quelqu’un peut se perdre loin de la vérité, et un frère ou une sœur peut le ramener. 20 Eh bien, vous devez savoir ceci : si une personne ramène un pécheur de la mauvaise route où il se trouve, il le sauve de la mort. Et à cause de cette action, Dieu va pardonner beaucoup de péchés.

Le dernier chapitre de l’épître de Jacques est constitué de différentes exhortations, assez disparates. Elles parlent du rapport aux richesses, de la patience, de la prière, en particulier pour les malades… Et puis il y a notre texte, qui est la conclusion, un peu abrupte, de la lettre. On ne trouve pas, comme à la fin de la plupart des épîtres du Nouveau Testament, une salutation ou une formule de bénédiction. S’est-elle perdue ? Ou est-ce intentionnel de la part de Jacques, pour nous laisser sur une exhortation ultime ? En tout cas, notre texte constitue le point final de l’épître de Jacques telle qu’elle nous est parvenue. Un point final quelque peu énigmatique.

Qu’est-ce qui est difficile dans ce texte ? J’identifie au moins deux difficultés, l’une est théologique, l’autre est pratique.

D’abord, la difficulté théologique. Nous voyons que Jacques parle à des frères et des sœurs. Il s’agit donc bien de chrétiens. Or il parle de personnes qui « se perdent loin de la vérité ». Plus encore, Jacques nous dit que si ces frères ou ces sœurs sont ramenés, ils sont « sauvés de la mort ». Ces expressions ne semblent pas convenir à des chrétiens… Comment un croyant, qui appartient au Seigneur, peut-il s’égarer loin de la vérité ? Et comment peut-il être « sauvé de la mort » ? N’est-il pas déjà sauvé en Jésus-Christ ?

L’autre difficulté, plus pratique cette fois, est dans la façon de vivre ce texte dans l’église. Comment peut-on « ramener un pécheur de la mauvaise route où il se trouve », spécialement si ce pécheur est mon frère ou ma sœur en Christ ? Et surtout comment le faire sans se positionner en juge, sans user d’un discours accusateur ou culpabilisateur ?

Un chrétien peut s’égarer de la vérité

Il faut d’abord comprendre ce que signifie exactement ici l’expression « sauver de la mort », littéralement « sauver son âme de la mort ».

On l’a dit, Jacques s’adresse à des chrétiens. Je ne pense donc pas que l’expression « sauver une âme de la mort » signifie ici simplement « être sauvé ». Quand on prend en compte l’ensemble de la révélation biblique, on comprend que Dieu ne reprend pas ce qu’il donne. J’aime bien dire qu’on ne peut pas « perdre » son salut parce qu’on ne peut pas non plus le « gagner » ! Il ne dépend d’aucun effort de notre part, d’aucun mérite. On le reçoit de Dieu, par grâce. Et Dieu ne reprend pas ce qu’il a donné !

Mais, même sauvé, le chrétien doit encore lutter contre la « mort » qui agit en lui, contre le péché encore présent dans son coeur, contre le « vieil homme » comme dirait l’apôtre Paul. Il ne faut pas croire qu’il suffit de devenir chrétien pour ne plus avoir de combat spirituel à mener dans sa vie. C’est même probablement le contraire ! Des luttes spécifiques commencent avec la conversion. C’est un combat qui accompagne le chrétien, parfois douloureusement, tout au long de sa vie.

Jacques lui-même l’a déjà évoqué, au début de sa lettre :

« Chacun est poussé au mal par son désir mauvais qui l’attire et l’entraîne. Et quand on laisse faire ce désir, il donne naissance au péché. Puis, quand le péché a grandi, il donne naissance à la mort. » (Jacques 1.14-15)

Il est donc tout à fait possible qu’un chrétien s’égare de la vérité, autrement dit qu’il s’éloigne de Dieu. Car il n’y a pas de vérité en dehors de Dieu. D’ailleurs la formulation utilisée par Jacques évoque de manière étonnante la célèbre parole de Jésus affirmant être « le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14.6). Jacques aussi parle de vérité, de chemin (ou de route) et de vie (en étant sauvé de la mort).

Mais attention : s’égarer, ce n’est pas seulement commettre tel ou tel péché. Il ne s’agit pas de faire une liste de péchés à ne pas commettre et si on n’a coché aucune case, on est bon ! Commettre le péché, c’est aussi ne pas faire le bien, c’est aussi l’absence, voire le manque, d’amour. Jacques l’a déjà dit : « Celui qui sait faire le bien et ne le fait pas, se rend coupable d’un péché. » (Jacques 4.17)

Pour toutes ces raisons, nous pouvons dire qu’un chrétien peut s’égarer de la vérité. Ca ne veut pas dire qu’il est perdu, mort spirituellement. Mais par son égarement, quel qu’il soit, il laisse le péché agir en lui. Cela a forcément des conséquences spirituelles, ça l’éloigne de Dieu, la source de vie… c’est aussi cela, la mort.

Ramener de l’égarement…

Pour le chrétien, revenir de son égarement, c’est retrouver le chemin de la vie, de la communion avec Dieu. Mais dans notre texte, Jacques ne parle pas seulement des chrétiens qui se seraient égarés et qui reviennent d’eux-mêmes à Dieu. Il parle de chrétiens qui ramènent un de leurs frères ou de leurs sœurs de la mauvaise route où il se trouve. Ne pas le faire semble même s’apparenter à de la non assistance à un frère ou une soeur en danger !

Mais a-t-on le droit de dire à un frère ou une sœur qu’il s’égare ? Et comment être sûr que ce n’est pas nous qui nous égarons en le disant ? Et comment le faire sans que notre démarche soit perçue comme un jugement sur la personne ?

On ne veut pas tomber sous la condamnation de la mise en garde de Jésus, dans le Sermon sur la Montagne : « Ne jugez pas afin de ne pas être jugés ! » (Matthieu 7.1) Une parole à laquelle Jacques fait d’ailleurs référence dans sa lettre :

« Frères et sœurs chrétiens, ne dites pas de mal les uns des autres ! Celui qui dit du mal d’un frère ou d’une sœur, ou qui les juge, dit du mal de la loi et il juge la loi. Et si tu juges la loi, tu n’obéis plus à la loi, tu es son juge. C’est Dieu seul qui donne la loi et qui est juge, lui seul peut sauver et faire mourir. Mais toi qui juges ton prochain, pour qui te prends-tu ? » (Jacques 4.11-12)

Notons que Jacques ne dit rien de la manière de ramener son frère ou sa sœur de son égarement… Or, juste avant, il parlait de la prière. On peut sans doute se dire que la première façon d’accomplir l’exhortation de Jacques, c’est en priant pour notre frère ou notre soeur ! Prier les uns pour les autres, c’est se soucier les uns des autres !

Pour autant, la démarche suggérée par Jacques n’implique-t-elle pas autre chose que la prière seulement ? N’y a-t-il pas aussi quelque chose à dire explicitement parfois ? Nous pouvons penser aux prédicateurs et plus largement, à tous ceux qui se retrouvrent dans une situation où ils sont appelés à transmettre d’une manière ou d’une autre une parole du Seigneur… Quel est le message que nous prêchons ? Pour pouvoir ramener de l’égarement possible, il faut refuser un discours lénifiant, qui arrondit trop les angles, qui fait silence sur les exigences de Dieu et sa sainteté, qui refuse de parler du péché et du besoin, y compris pour le chrétien, de se repentir.

Mais Jacques nous invite sans doute aussi, parfois, à aller plus loin. A dire à notre frère, notre sœur, ce qui ne va pas, à les mettre en garde contre certaines pratiques qui les éloignent de Dieu. Mais attention : gardons toujours à l’esprit le risque de prendre la position du juge de son frère ou sa sœur. C’est à proscrire absolument ! L’Eglise est une communauté de pécheurs pardonnés. Personne ne peut se placer en juge d’autrui. Et si une démarche est entreprise envers un frère ou une sœur, il faut l’accompagner de prière, et faire de preuve de prudence, d’amour, de respect et d’humilité. Il suffit de relire la développement de la lettre de Jacques sur la langue et les dégâts que peuvent provoquer certaines paroles pour s’en convaincre…

Conclusion

Si cette parole de la lettre de Jacques est difficile, autant théologiquement que pratiquement, c’est peut-être parce qu’elle touche à nos luttes intimes, nos combats personnels contre le péché, nos risques de nous égarer loin de Dieu. Aucun chrétien n’y échappe !

Mais la bonne nouvelle, c’est que Dieu est toujours prêt à pardonner. Il nous accueille sans cesse, il ne rejette jamais celui qui revient à lui. C’est aussi ce qui doit nous motiver dans nos prières les uns pour les autres, et dans nos relations.

Finalement, nous avons toujours besoin d’être sauvés de la mort, par Celui qui a vaincu la mort, le Christ ressuscité !




Aimer, se mettre en marche et recommencer

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/aimer-se-mettre-en-marche

Voici deux de mes posts récents sur Facebook… Quel est le point commun entre les deux ? Les risques de spoiler !

postsFB

Pour les fans d’Avengers et ceux de Game of Thrones, c’était la semaine de tous les dangers ! Il fallait à tout prix éviter les spoilers, pour profiter pleinement de la découverte et des surprises. Il n’y a rien de pire que d’apprendre, avant de voir un film ou une série, quel en sera le dénouement. En l’occurrence, qui meurt dans l’affrontement avec Thanos ou à la bataille de Winterfell !

D’ailleurs, pour éviter les fuites, les acteurs du dernier film Avengers ont tourné plusieurs fins différentes sans savoir laquelle était la bonne !

Mais parfois, on connaît la fin de l’histoire et le film reste passionnant. Par exemple, dans un épisode de Colombo, on sait presque toujours dès le début qui est le coupable mais tout l’intérêt réside dans la façon dont l’inspecteur va réussir à le coincer. Ou alors dans l’adaptation au cinéma d’un événement historique, on apprend des choses qu’on ne savait pas en pénétrant dans les coulisses de l’Histoire. Ou alors on se focalise sur un personnage, dont on ne connaît pas le destin personnel au cœur de cette grande Histoire.

Pourquoi je vous parle de tout cela ? Parce qu’on pourrait avoir l’impression que la Bible nous spoile la fin de l’histoire ! On sait déjà qui va gagner ! Jésus revient, Satan est vaincu, la mort elle-même est vaincue et tous ressuscitent pour être jugés, la création entière est renouvelée.

Mais même si on connaît les grandes lignes du dénouement, beaucoup de choses nous restent encore inconnues. Et puis on ne connaît pas le timing… et surtout on ne sait pas à l’avance quel rôle, même petit, nous sommes appelés à jouer personnellement. Nous ne savons pas comment notre histoire s’insérera dans l’Histoire.

L’espérance chrétienne n’est pas un spoiler qui gâche notre histoire. Mais notre histoire avec le Christ, aujourd’hui, est appelée à s’insérer dans la grande histoire du salut de Dieu. Et ça, c’est passionnant !

Dans les évangiles, nous trouvons quelques récits d’apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. L’un d’eux nous est proposé pour ce matin. Et vous verrez que Jésus va spoiler la fin de l’histoire personnelle de l’apôtre Pierre… Mais c’est pour qu’il se concentre sur ce qu’il aura désormais à faire.

Jean 21.15-19
15 Après le repas, Jésus demande à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu as plus d’amour pour moi que ceux-ci ? » Pierre lui répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Prends soin de mes agneaux. » 16 Une deuxième fois, Jésus lui demande : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre lui répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes moutons. » 17 Une troisième fois, Jésus lui demande : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre est triste parce que Jésus lui demande une troisième fois : « Est-ce que tu m’aimes ? » Et il dit à Jésus : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Prends soin de mes moutons. 18 Oui, je te le dis, c’est la vérité : quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu seras vieux, tu étendras les mains. Un autre te mettra ta ceinture et il te conduira là où tu ne veux pas. » 19 Par ces paroles, Jésus annonce de quelle façon Pierre va mourir et donner de la gloire à Dieu. Ensuite Jésus dit à Pierre : « Suis-moi ! »
Je vous avais averti : Jésus spoile la fin de son histoire à Pierre ! Et il ne lui annonce pas un happy end…. puisqu’il va mourir en martyr.

Pourquoi Jésus agit-il ainsi ? Et que signifie ce dialogue singulier entre Jésus et Pierre ?

D’abord, on remarque que par trois fois, Jésus pose la même question à Pierre, et ce dernier finit par s’en attrister… Avec quelques variantes, Jésus lui demande : « Pierre, m’aimes-tu ? » En fait, ces trois questions, et ce que Jésus dit à Pierre ensuite, font écho à l’expérience de Pierre en tant que disciple.

Si Jésus demande à Pierre, trois fois, s’il l’aime, c’est probablement en référence aux trois fois où, pendant la Passion de Jésus, Pierre l’a renié. Il lui donne ici l’occasion d’effacer ces trois blessures profondes… L’annonce que Jésus fait ensuite de sa mort en martyr répond à ses paroles, avant que Jésus lui annonce son triple reniement : « Même si je dois mourir avec toi, je ne dirai jamais que je ne te connais pas ! » (Marc 14.31). « Même si je dois mourir avec toi… » C’est bien, finalement, ce qui va lui arriver ! Quant à la dernière parole de Jésus : « Suis-moi », elle fait écho au premier appel qu’il lui avait adressé, au début de son ministère, alors que Pierre était encore un simple pêcheur en Galilée.

Avec ce dialogue, c’est comme si Jésus lui disait : « Allez, on efface tout et on recommence ! »

D’ailleurs, Jésus en profite pour lui confier une mission : prendre soin de son troupeau. Jésus rétablit pleinement Pierre et lui renouvelle sa confiance. Quand le Seigneur pardonne, ce n’est pas sous condition. Il ne dit jamais, contrairement à nous parfois : « je te pardonne mais… »

Alors, certes, Jésus révèle à Pierre la façon dont il va mourir… Mais ça correspond à ce qu’il était prêt à vivre. Il l’avait dit à Jésus. En effaçant son ardoise, et en lui révélant la fin de son histoire, Jésus lui permet de se concentrer sur l’essentiel pour lui désormais : accomplir la mission qui lui est confiée.

Bien sûr, prendre soin du troupeau du Seigneur, c’est l’appel de Pierre. Mourir en martyr, c’est son destin. On ne peut pas sans autre se l’appliquer à soi-même : nous n’avons ni le ministère ni le destin de Pierre…

Mais ne pouvons-nous pas entendre derrière ces paroles de Jésus des principes qui nous concernent tous ? Il me semble qu’il y a bien trois éléments qui concernaient Pierre et qui nous concernent tout autant. Trois éléments clés pour nous aussi, disciples du Christ aujourd’hui, dans l’attente de l’accomplissement de notre espérance, quel que soit notre appel et quel que soit notre destin.

D’abord, aimer le Seigneur

C’est la clé fondamentale de toute vie de disciple de Jésus-Christ. Si je ne l’aime pas, je serai peut-être un adepte de la religion chrétienne, un sympathisant de la cause chrétienne, un partisan des valeurs chrétiennes… mais pas un disciple de Jésus-Christ.

Quel que soit notre cheminement, quoi que nous ayons fait, Jésus nous le demande sans cesse : « m’aimes-tu ? »

Et le véritable disciple du Christ répondra comme Pierre : « Tu sais que je t’aime ». Sans doute pas d’un amour parfait… comme Pierre, nous avons forcément des choses à nous reprocher. « Même si mon amour n’est pas parfait, même si ma vie de disciple n’est pas toujours exemplaire, même si j’ai fait des erreurs et que je ne me suis pas toujours montré fidèle… oui, tu sais que je t’aime. »

Si on se demande à quoi nous sommes appelés, quelle est notre tâche, notre responsabilité, rappelons-nous que tout commence et tout se termine pour nous dans l’amour pour le Seigneur.

Ensuite, se mettre en marche

Il est remarquable de noter que la dernière parole que Jésus adresse personnellement à Pierre est aussi celle qu’il lui a adressé en premier : « Suis-moi ».

Cet appel résume à lui seul le statut du disciple : le disciples de Jésus-Christ est celui qui avance à la suite de son maître. En réalité, c’est une concrétisation de l’amour qu’on lui porte !

Il s’agit donc de se mettre en marche. Si l’amour est le moteur et la repentance ou la conversion le volant qui permet de changer de direction, il faut la foi de lâcher le frein à main pour se mettre à avancer !

Parfois, c’est facile de suivre le Christ. Un peu comme si nous étions sur une pente descendante : il suffit de desserrer le frein et ça avance tout seul. Mais parfois, c’est plus difficile et ça s’apparente plutôt à un démarrage en côte… et ça nous arrive de caler !

Dans notre marche avec le Christ aussi, quand on fait une erreur, on recommence. C’est comme ça qu’on apprend !

Enfin, être prêt à recommencer

La voilà la dernière clé : être prêt à recommencer. On l’a dit, un des buts principaux des paroles de Jésus à Pierre est d’effacer son ardoise, de lui permettre de repartir à zéro.

C’est la démarche de la repentance ou de la conversion. On utilise parfois de façon réductrice ces deux termes. On a tendance à limiter la conversion à l’expérience initiale du chrétien, au moment où consciemment on choisit de devenir croyant. Et on a aussi tendance à comprendre la repentance seulement comme une démarche de contrition et de demande de pardon à Dieu pour tel ou tel péché commis.

En réalité, toute la vie chrétienne est repentance et conversion, du premier au dernier jour. Non pas pour vivre dans une contrition morbide mais pour vivre entièrement de la grâce de Dieu. Nous savons que nous avons toujours à nous laisser transformer par Dieu, que nous avons toujours des ajustements, petits ou grands, à faire dans notre vie pour nous conformer à ce que Dieu attend de nous.

Mais il n’y a rien de morbide là dedans. Bien au contraire. C’est la vie de Dieu qui innonde notre vie, sa grâce qui nous change en profondeur, son projet qui prend forme petit à petit en nous.

Être prêt à recommencer quand il le faut, quitte à repartir à zéro, à laisser notre ardoise être effacée, à corriger la trajectoire de notre vie, voilà une autre clé essentielle de la vie du disciple de Jésus-Christ !

Conclusion

Aimer, se mettre en marche et recommencer. Voilà la vie de disciple de Jésus-Christ. Voilà à quoi nous sommes appelés, quelle que soit notre vocation particulière ou le destin qui nous est promis.

D’abord, aimer le Seigneur. Tout commence et tout se termine pour nous dans l’amour pour le Seigneur.
Ensuite, se mettre en marche. Faire le pari de la foi, de la confiance, prendre le risque de l’espérance.
Enfin, être prêt à recommencer. Sans cesse, vivre de la grâce de Dieu et être prêt à changer de direction s’il le faut.

Comme Pierre avant nous, comme tous les croyants qui nous ont précédé, voilà ce que nous sommes appelés à faire, dans l’attente de l’accomplissement de notre espérance.




Vivants, en Christ!

Qu’est-ce que ça change de croire que Jésus est ressuscité ?  Que change la foi dans notre vie ? Des gens qui ne croient pas m’ont déjà dit : « Ah c’est bien tu crois, mais ce n’est pas pour moi. Mais je peux comprendre – ça doit t’encourager dans les moments difficiles, ça doit être bien de ne pas se sentir seul… » Quand on écoute des croyants, on entend : Je me sens en paix. J’ai trouvé un but, un sens à ma vie. Je me sens soulagée. J’ai reçu la force de pardonner. Je me sens guidé…

Et c’est vrai ! Même s’il n’y a pas que les chrétiens qui pourraient dire cela… Des philosophes, des croyants d’autres religions, des passionnés engagés sur le plan social pourraient sûrement avoir un discours qui y ressemble. La spécificité de la foi chrétienne, c’est de croire que Jésus, après avoir été mis à mort, est ressuscité : il est revenu d’entre les morts pour entrer dans une vie qui n’est pas la réincarnation mais qui est d’une autre qualité, la vie de Dieu, la vie infinie de Dieu. La résurrection : événement unique dans l’histoire des religions, événement central de la Bible, événement qui a poussé les disciples à relire leur expérience de trois ans avec Jésus et comprendre qu’il n’était pas juste un homme extraordinaire, mais qu’il venait de Dieu, qu’il était Dieu lui-même. Événement qui a fait relire la mort de Jésus pour comprendre que ce n’était pas une simple injustice, un simple martyre comme on en connaît tant. (je vais y revenir)

Quel est l’impact de cette conviction sur ceux qui croient ? Qu’est-ce que ça change, que Jésus soit ressuscité ? Un certain Paul, qui ne croyait pas, qui s’est fait percuter par Jésus ressuscité, qui en a changé sa vie radicalement au point de devenir un porte-parole du Christ, un apôtre, qui a parlé de son expérience et de sa foi de la Palestine à l’Italie, aborde ce sujet dans sa lettre aux chrétiens de Rome. Il est en train de parler du pardon, en disant, si je résume : Dieu vous a pardonné, c’est extraordinaire ! Mais le pardon est un nouveau départ, pas une excuse pour recommencer sans fin les mêmes erreurs ou les mêmes fautes. Mais Paul, dans son argumentation, va aller plus loin : il prend appui sur la foi dans le Christ ressuscité, et c’est là-dessus que je voudrais m’arrêter.

Lecture biblique: Romains 6.3-14

3 Vous le savez bien : notre baptême, en nous unissant au Christ Jésus, nous a tous unis à sa mort. 

4 Donc, par le baptême, nous avons été plongés [littéralement : ensevelis, mis dans la tombe] avec lui dans la mort. Mais la puissance glorieuse du Père (Dieu) a réveillé le Christ de la mort, pour que, nous aussi, nous vivions d’une vie nouvelle.

5 En effet, nous avons été totalement unis à lui au moment où nous sommes morts avec lui. De même, nous serons unis à lui en nous levant comme lui de la mort. 6 Comprenons bien ceci : ce que nous étions avant a été cloué sur la croix avec le Christ. Alors le péché qui fait partie de nous-mêmes est détruit, et nous ne sommes plus esclaves du péché. 

7 Oui, celui qui est mort est libéré du péché. 

8 Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. 9 Nous le savons bien : depuis que le Christ s’est réveillé de la mort, il ne doit plus mourir, la mort n’a plus de pouvoir sur lui. 10 Le Christ est mort, et sa mort l’a séparé totalement du péché, une fois pour toutes. Maintenant il est vivant, et sa vie est tout entière pour Dieu. 11 De même, vous aussi, vous devez penser ceci : vous êtes morts en étant totalement séparés du péché, mais, en étant unis à Jésus-Christ, vous êtes vivants pour Dieu.

12 Donc le péché ne doit plus avoir de pouvoir sur votre corps qui mourra un jour, et vous ne devez plus obéir aux désirs mauvais de votre corps. 13 Ne mettez plus votre corps au service du péché, comme un moyen pour faire le mal. Au contraire, mettez-vous au service de Dieu, comme des vivants revenus de la mort. Servez-vous de votre corps comme d’un moyen pour faire ce qui est juste.14 Ce n’est plus la loi qui vous commande, mais c’est l’amour de Dieu pour vous. Le péché ne peut donc plus avoir de pouvoir sur vous.  

         Vivants en Christ

Quelle est la caractéristique d’un chrétien ? Il croit ? D’autres aussi ! Il s’efforce de faire le bien ? D’autres aussi, et parfois mieux !  Pour Paul, ce qui est unique chez le chrétien, ce n’est pas qu’il est mieux que les autres, comme s’il était parfait, plus moral ou plus fort. Non, c’est qu’il est vivant. Vivant !

Pas de la vie naturelle, ça on l’est tous ! Mais vivants de la vie qui est en Dieu, vivants d’une vie qui a la qualité de la vie de Dieu. Cette vie, il nous est difficile de nous la représenter avec précision, mais j’imagine la différence entre écouter un enfant qui apprend le violon dans l’appartement d’à côté [imiter ?]– et entendre jouer un maestro de l’orchestre du Capitole. La différence entre un film Noir & Blanc et un film en couleurs, entre un appel téléphonique un jour d’orage quand le réseau vacille et une rencontre en chair et en os.

La foi en Jésus n’est pas une simple conviction, c’est une relation avec le Christ ressuscité. Le leitmotiv de Paul : vous êtes unis au Christ par la foi. Vous êtes connectés. Synchronisés, comme par bluetooth.

Nous croyons que Jésus est revenu à la vie et que, par un processus qui nous dépasse, sa vie entre en nous lorsque nous croyons. Nous croyons que Jésus est vivant, sur la base du témoignage de nombreuses personnes qui ont risqué leur vie pour partager cette nouvelle (si vous avez des questions là-dessus, je suis à votre disposition à la fin du culte). Et cela nous étonne, mais nous l’acceptons parce que nous croyons que le Dieu qui a créé le monde est capable de faire des choses extraordinaires. Et dans ces choses extraordinaires, il y a cette possibilité de recevoir la vie du Christ ressuscité en soi, simplement par la foi. J’aurais du mal à expliquer comment ça marche, mais c’est comme pour le bluetoooth : je n’ai pas besoin de comprendre le procédé scientifique mis en œuvre pour que ça marche. J’appuie sur une touche du téléphone et il se connecte à une enceinte, la musique retentit. Pour être synchronisé à Jésus, on n’appuie pas sur un bouton, mais on dit : je crois. Le procédé scientifique nous dépasse, mais ça marche : par la foi, la musique de la vie divine nous remplit…

Le baptême symbolise cette synchronisation. Il symbolise le fait que nous nous approprions la vie de Jésus. Etre unis à Jésus ce n’est pas seulement être en relation avec lui, c’est s’approprier son expérience. C’est vivre son expérience par procuration. C’est bientôt les élections européennes, peut-être que vous allez faire une procuration pour voter. Sans parler de politique (je ne suis pas là pour ça) : cette procuration atteste que vous avez voté même si vous n’étiez pas là. Par la foi, par notre synchronisation avec Jésus, nous pouvons attester que ce que Jésus a vécu compte comme si nous l’avions vécu nous-mêmes. Ca vaut pour sa mort, et ça vaut pour sa vie. Il est mort – nous sommes morts. Il est revenu à la vie, rempli d’une vie sans limites (en qualité et en quantité) – nous sommes vivants. Nous sommes ressuscités.

Ou plutôt : nous sommes en cours de résurrection – le processus est commencé, mais pas achevé. Nous attendons que Dieu finisse les derniers détails pour que la création, et nous dedans, soit entièrement remplie de cette vie qui vient de Dieu.

Morts au péché

Puisque nous sommes unis au Christ dans sa vie, par la foi, nous sommes aussi unis à lui dans sa mort. Paul dira : nous sommes morts et enterrés, en Christ ! Et ressuscités.

Morts à quoi ? à la vie sans Dieu. à une vie grinçante, marquée par la mort et la destruction. Selon les écrits bibliques, la mort commence non pas dans notre corps, mais dans notre cœur. La destruction prend racine dans notre cœur. C’est que la Bible appelle « péché » : ce mal en nous, qui nous dévore de l’intérieur et qui corrompt tout ce que nous touchons. Nous en sommes victimes, mais nous en sommes aussi responsables. A des degrés divers, avec des conséquences diverses, mais tous dans le même bateau. C’est comme être mouillé : que vous soyez trempés de la tête aux pieds ou que vous ayez simplement marché dans une flaque d’eau, en arrivant dans la maison, vous allez salir partout où vous passez avec vos chaussures.

Jésus est mort pour nos péchés : bien qu’innocent, il a décidé de se laisser détruire pour tous les processus de destruction dans lesquels nous entrons, de payer pour le mal que nous commettons, par procuration. Il l’a fait une fois, et ça suffit : sa résurrection prouve qu’il avait suffisamment de justice pour combler l’injustice humaine. Par la foi, on s’approprie sa mort, on s’approprie son acquittement. Par la foi, sa pureté devient nôtre.

Par la foi, nous aussi, nous sommes morts. C’est fini, tout ça ! c’est fini ! Nous sommes morts à une vie mortifère ! C’est mort entre le péché & nous, les liens sont déchirés, la rupture est consommée !

Le mal n’a plus de pouvoir sur nous, comme il n’en a plus sur Jésus.  Jésus a payé notre amende (et devant la loi divine, nous sommes déclarés justes en nous appuyant sur la procuration de Jésus). Il a payé la rançon car notre cœur, laissé à lui-même, avec ses engrenages de destruction, notre cœur est en prison. Et Jésus nous en fait sortir. Nous ne sommes plus en prison, le péché n’a plus d’emprise sur nous. Maintenant, nous vivons avec Dieu, par Dieu, pour Dieu.

Mais le péché est mort aussi pour nous : il n’a plus d’intérêt ! Je ne parle pas des “péchés mignons” (moi aussi j’aime le chocolat ^^). Non, de ces réalités sordides et mesquines que nous justifions par mauvaise foi, que nous habillons d’illusions, mais qui sont vides de sens, vides de vie. Le péché est mort pour nous : nous ne pouvons plus le vivre. Enfin, nous ne pouvons plus… Nous pouvons, mais ça n’a pas de sens. Est-ce qu’un homme ou une femme marié(e) peut se comporter en célibataire, comme avant ? Oui, il peut. Ca n’a aucun sens, mais il peut. Est-ce qu’un chrétien, vivant en Christ, peut pécher ? Oui, il peut, mais ça n’a aucun sens ! Paul ne joue pas sur le registre de la culpabilité : c’est pas bien… On le sait. Si on est honnête, on le sait. Non, Paul parle de notre identité : qui êtes-vous ? de quoi êtes-vous remplis ? Dans quelle dynamique êtes-vous ? La logique de Dieu, une logique de vie, de justice, de recherche du bien, de vérité, de paix ? Ou la logique de vos intérêts, des calculs à court terme qui finissent par détruire et corrompre l’ensemble de notre vie ?

Paul reste réaliste : le péché malheureusement demeure en partie dans notre vie, mais comme des fautes, des erreurs, que nous cherchons à éviter – et non pas comme un style de vie. La résurrection est en cours : toute notre vie, nous apprenons à la vivre dans tel ou tel domaine.

Je vais oser le dire : parfois dans notre vie chrétienne, nous ressemblons plus à des morts vivants qu’à des ressuscités. Parfois il est dur de discerner dans notre existence que nous sommes vraiment habités, remplis de la vie du Dieu vivant. La recette de Paul, c’est de nous rappeler qui nous sommes. Quelle est notre identité, en Christ. Nous sommes morts et ressuscités. Et tout comme l’alliance à notre main rappelle que nous sommes mariés, le baptême nous rappelle que nous sommes morts, et ressuscités, avec et en Christ. De cette conviction, découle le reste : si je suis ressuscitée, habitée par la vie qui coule d’un Dieu juste, bon, sage, aimant, patient et bienfaisant, beau et pur, qu’ai-je à faire avec des images, des paroles ou des comportements grisâtres voire ténébreux ?

Conclusion

Je voudrais vous laisser avec une question : est-ce que vous êtes vraiment vivants ? En couleur, en haute définition, en chair et en âme ? Est-ce que cette vie, cette vitalité divine, rejaillit sur votre quotidien, sur votre caractère, sur vos relations, sur vos habitudes, sur vos paroles et vos gestes ?

Si vous ne vous définissez pas comme croyants mais que vous avez envie d’expérimenter cette vie divine, le bluetooth est simple : dans votre cœur, ça peut être juste maintenant, dites à Jésus « viens, viens remplir ma vie. Je ne veux plus être dans mes prisons intérieures, je veux vivre. Unis-moi à toi » – croyez-moi, Dieu répond à ce genre de prière !

Et si vous êtes déjà connectés au Christ, il vous invite à renouveler sans cesse cette connexion. A vous rapprocher de lui pour vous débarrasser des interférences. A lui confier ce qui est encore moribond en vous : Dieu donne la vie, en Christ. Si nous venons à lui, qui que nous soyons, où que nous en soyons, il nous remplira de cette vie autre, transformée, étonnante, cette vie de ressuscité !