Devenons ce que nous sommes !

Quelle est la tendance cet été ? Quels sont les vieux vêtements que vous allez donner, parce que vous ne les aimez plus ou parce qu’ils ne vous vont plus… :s ? Comment rafraîchir votre garde-robe, votre style, renouveler votre déco ?

Rassurez-vous, pendant les vacances, je n’ai pas changé de vocation, et je ne vais pas seulement parler chiffons… Quoique !

L’objet de notre espérance (la vie pleine et entière avec Dieu) est assuré, nous sommes sûrs de l’obtenir, les jeunes nous l’ont rappelé. Et cette assurance change déjà notre façon de vivre aujourd’hui – comme en voyage, connaître notre destination et être sûrs d’y arriver change déjà notre trajectoire et notre façon de conduire, de nous conduire, ici-bas. En quoi cela consiste-t-il concrètement ? Les jeunes ont choisi un texte extrait de la lettre de l’apôtre Paul aux églises de la ville grecque de Colosses pour nous conduire dans cette réflexion.

            Lecture biblique: Col 3.1-17

1 C’est avec le Christ que vous avez été réveillés de la mort. Cherchez donc les choses d’en haut, là où le Christ se trouve, assis à la droite de Dieu. 2 Le but de votre vie est en haut et non sur la terre. 3 Oui, vous êtes passés par la mort, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. 4 Le Christ est votre vie. Quand il paraîtra, vous aussi, vous paraîtrez avec lui et vous participerez à sa gloire.

5 C’est pourquoi, faites mourir ce qui en vous appartient à la terre : par exemple, mener une vie immorale ou impure, désirer des choses honteuses et mauvaises, chercher à avoir tout pour soi, ce qui est une façon d’adorer les faux dieux. 6 Voilà ce qui attire la colère de Dieu sur ceux qui refusent de lui obéir. 7 Autrefois, vous aussi, vous agissiez ainsi quand vous viviez de cette manière. 8 Mais maintenant, rejetez tout cela : colère, violence, méchanceté. Ne lancez plus d’insultes ni de paroles grossières ! 9 Ne vous mentez plus les uns aux autres. En effet, ce que vous étiez avant avec vos façons de vivre, vous vous en êtes débarrassés comme d’un vieux vêtement. 

10 Et, comme si vous aviez mis un vêtement neuf, vous êtes devenus une personne nouvelle. Cette personne se renouvelle sans cesse et elle ressemble de plus en plus à son Créateur. C’est ainsi que vous pourrez connaître Dieu pleinement. 11 Maintenant, il n’y a plus des non-Juifs et des Juifs, des circoncis et des non-circoncis. Il n’y a plus des étrangers, des non-civilisés. Il n’y a plus des esclaves et des personnes libres. Mais il y a le Christ : il est tout et il est en tous. 

12 Dieu vous a choisis, il veut que vous soyez à lui et il vous aime. Donc, faites-vous un cœur plein de tendresse et de pitié, un cœur simple, doux, patient. 13 Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous si quelqu’un a un reproche à faire à un autre. Le Seigneur vous a pardonné, agissez comme lui ! 14 Et surtout, aimez-vous : l’amour est le lien qui unit parfaitement. 15 Que la paix du Christ dirige vos cœurs ! Dieu vous a appelés à cette paix pour former un seul corps. Dites-lui toujours merci. 

16 Que la parole du Christ habite parmi vous avec toute sa richesse. Donnez-vous des enseignements et des conseils avec toute la sagesse possible. Remerciez Dieu de tout votre cœur, en chantant des psaumes, des hymnes et des cantiques qui viennent de l’Esprit Saint. 17 Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père.

1/ Le principe… Devenez ce que vous êtes ! (« recherchez les choses d’en haut » v.2)

Paul développe une idée, une seule : vous êtes une personne nouvelle. Votre identité est en Christ : c’est lui maintenant qui définit ce que vous êtes. Par la foi, vous êtes solidaires du Christ, unis à lui par son Esprit, et ce qui vous définit maintenant, c’est lui. Il est mort pour porter nos fautes et notre culpabilité ? Vous êtes morts ! Le mal n’est plus ce qui vous définit. Jésus est vivant, rempli de la vitalité divine, de sa joie, de sa paix, de sa justice, de son amour, pour l’éternité ? Vous êtes vivants ! Même si vous êtes dans un contexte mortel, vous recevez de lui, dès maintenant, un peu de sa vie, dans l’attente de tout recevoir lorsque Dieu renouvellera ce monde. Le Christ est votre vie !

Qu’est-ce qui peut nous définir, dans notre société ? le poids de notre passé, notre réputation, notre statut social, les réussites ou les échecs, notre argent ou notre famille, nos connaissances ou nos lacunes – pas pour Dieu ! A ses yeux, aux yeux du Créateur, pour l’éternité, ce qui nous définit, c’est le Christ ! Notre identité profonde, véritable, éternelle, c’est d’être frères et sœurs du Christ, par la foi, de partager son nom, sa fortune, sa réussite. C’est lui notre identité. D’où le fait que Paul dit qu’il n’y a plus ni Juifs ni non-Juifs, ni étrangers ni citoyens, ni riches ni pauvres, ni hommes ni femmes… Ce qui nous définit en premier, c’est le Christ. Qui que nous soyons, par la foi, nous sommes héritiers du Christ : voilà notre identité.

La conséquence est simple : Dieu nous appelle à devenir ce que nous sommes, en Christ. A laisser cette identité nouvelle s’épanouir et s’exprimer dès maintenant. Nous sommes à l’ère du bien-être, où l’accomplissement de soi, l’épanouissement / le développement personnel, sont prépondérants. Oui, accomplissez-vous, développez-vous,  épanouissez-vous… mais dans votre vraie identité ! Assumez ce que vous êtes – en Christ ! Le reste a perdu sa force lorsque vous avez cru au Crucifié, et passera bien assez tôt. Fixez vos yeux sur l’horizon, sur la vie avec Dieu qui n’a pas de limites – et laissez cette direction changer votre trajectoire.

Pour reparler chiffons : vous allez vivre pour l’éternité au ciel, dans l’entourage proche de Dieu. Suivez la mode… mais la mode du ciel ! Renouvelez votre garde-robe, oui, mais pour correspondre aux tendances célestes ! Bien sûr, je ne parle pas vraiment de vêtements ici… Quelles sont les tendances, la mode de notre société ? La culture qui nous entoure ? Dieu nous appelle à investir sur ce qui sera tendance dans l’éternité, pour toujours dans l’actualité, son actualité. Puisque vous êtes destinés au ciel, vivez déjà comme au ciel.

2/ Les vêtements à jeter (« faites mourir »… v.5)

Cela implique d’abord un tri dans notre dressing – Paul y va fort : faites mourir ce qui n’a rien à faire au ciel, ce qui appartient au monde d’ici-bas et qui n’a pas une chance de tenir dans la présence de Dieu. Il y a des choses qui seront détruites par Dieu, car elles font tache (déjà aujourd’hui, dans la semi-obscurité dans laquelle nous vivons, mais alors, imaginez dans la pleine lumière de la présence de Dieu, de la sainteté de Dieu…) Dieu nous dit : débarrassez-vous-en dès maintenant ! Ces « vêtements » ne vous vont plus, depuis que vous êtes définis par le Christ. Ils font tache ! Paul donne plein d’exemples concrets, mais il insiste sur trois domaines, ô combien d’actualité : le corps, l’argent, les relations/l’usage de notre langue.

Le corps et l’argent sont mis dans le même bateau. Ce sont de bonnes choses, en soi, données par Dieu. Mais le bât blesse lorsque le corps, ou l’argent, prennent la première place dans notre vie : le plaisir à tout prix – par une sexualité débridée, une garde-robe ( !) démesurée, une maison grandiose, des voyages à tout va, un hygiénisme rigide… Lorsque la priorité se porte sur le corps, ou sur ce que j’ai, ce que je peux faire, toute une partie de ce que nous sommes est négligée : notre âme, notre vocation à ressembler à Dieu, notre solidarité profonde avec ceux qui nous entourent… La société nous invite au « fun », à profiter, toujours plus… Ou à accumuler, dans l’espoir de plaisirs futurs… Quitte à prendre des raccourcis en négligeant d’autres réalités, comme notre besoin de relations simples, de partage, d’entraide, d’amour/ notre besoin de nous décentrer pour accueillir la présence de l’autre, la présence de Dieu… Ces raccourcis sont bien souvent des impasses.

La pression sociale est très forte sur ces sujets – dans la culture, les médias, l’imaginaire ambiant, des évidences se forment comme des vérités intemporelles (alors que bien souvent, c’est très récent : ce n’est pas parce que c’est dit que c’est vrai) – et la responsabilité de chaque chrétien, c’est de se poser la question : est-ce c’est compatible avec ma nouvelle identité en Christ ? Avec mon avenir éternel ? Le corps, le bien-être, le plaisir, l’argent, mais aussi les loisirs, la réussite, la réputation… ces choses ont une place, mais quand elles dirigent notre vie à la place de Dieu, elles nous détournent de notre réelle identité. C’est toujours un combat, pour garder l’équilibre et donner une place juste à chaque chose, en gardant la meilleure place pour Dieu et nos relations avec les autres. Cela demande, régulièrement, de demander les lumières de Dieu : où est-ce que j’en suis en ce moment ?

Autre point sur lequel Paul insiste : nos paroles ! Le mensonge (pour se justifier ? pour manipuler ? pour se cacher ?), la brutalité, la colère. Nous vivons dans une époque joyeusement grossière, où la  vulgarité et les insultes sont monnaie courante, où la parole engage peu. Ce n’est pas nouveau, mais c’est très présent. Dieu nous invite à reconsidérer le poids de nos mots, leur impact sur l’autre, et sur nous. Ca ne laisse pas indemnes, d’insulter ou de mentir ! Peut-être que la première fois, nous allons au-delà de notre pensée, mais quand nous entendons nos propres mots, cela laisse une empreinte sur nous aussi, en préparant un chemin pour nos futures pensées.

Paul décrit ici une façon de vivre où l’ego, le moi, ne se met plus de limites, et se prend lui-même comme référence, comme source et but de l’existence. Je vis par moi-même, pour moi-même, je me fais plaisir, je fais ce que je veux quand je veux comme je veux. Comment construire des relations véritables si telle est notre mentalité ?

3/ Les vêtements à porter (« faites-vous un cœur… » v.12)

Alors, le dressing céleste ? A quoi ressemble-t-il ? S’il y a des vêtements à jeter, il y en a d’autres à acquérir ! Je le rappelle : il ne s’agit pas d’abandonner et d’acquérir des choses pour devenir une bonne personne qui obtiendra les faveurs de Dieu. Non ! Il s’agit de se mettre en conformité avec ce que nous sommes déjà, avec cette identité nouvelle que nous avons reçue en Christ, une identité à assumer et à exprimer au quotidien.

Puisque nous vivons par le Christ, puisque notre identité c’est le Christ, nous avons « simplement » à ressembler au Christ. Pas physiquement ! Mais dans son caractère : douceur, simplicité/droiture, un cœur qui se laisse attendrir, et la patience (la patience !). J’insiste sur la patience, car nous sommes tous en transition, empêtrés dans des vêtements qui ne nous vont plus, en train d’essayer de nouveaux vêtements où nous ne sommes pas encore très à l’aise… La patience qui demande de supporter ce qui nous agace, parce que finalement, ce n’est pas si grave ou important. Une patience généreuse, qui conduit même à pardonner à celui qui nous blesse : ses maladresses et ses fautes ne sont-elles pas du même ordre chez moi ? Et heureusement que Dieu me pardonne ! « pardonnez-vous les uns les autres » – cela ne peut arriver que si l’un des deux, offenseur ou offensé, prend l’initiative de parler à l’autre : je voudrais te demander pardon de…, si… On n’est pas obligé d’attendre que l’autre vienne nous demander pardon, on peut aussi prendre l’initiative (surtout si l’autre ne se rend pas compte de la situation) et dire: écoute, sur tel point, j’ai été blessé de… est-ce qu’on pourrait en parler ensemble ? C’est dur ! Il est plus facile d’avoir une paix visible et polie, ou de critiquer par-derrière. Mais demandons-nous : est-ce cela l’amour qui réjouit Dieu ? L’amour qui dirige le cœur du Christ ? L’amour qui règnera dans l’éternité ? Des relations hypocrites, fausses, remplies d’amertume ?

La dimension communautaire est essentielle dans notre identité nouvelle : nous sommes ensemble, nous sommes un corps, nous sommes au pluriel ! Nous sommes reliés – à Dieu, en Christ, par l’Esprit. Aux autres aussi. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment un Dieu d’amour nous lancerait-il dans une vie solitaire ? Quand la Bible parle d’amour, de paix, elle parle de relations ! Pas d’un sentiment vague et flottant, sans objet, zen… Avec ses beautés et ses laideurs, l’église est le lieu où nous apprenons à vivre notre identité céleste, à nous décentrer de nous pour aimer Dieu et notre prochain.

Pour vivre cela, la recette c’est de mettre sans cesse le Christ en avant. S’entraîner à se tourner sans cesse vers Dieu. Un sujet de joie ? Chantons la générosité de Dieu ! Un sujet de tristesse ? Cherchons le réconfort de Dieu ! Une idée ? Confrontons-la à la sagesse de Dieu, dans la Bible ! Un projet ? Demandons à Dieu son avis, et pas seulement sa bénédiction ! Toujours méditer un peu plus la vie, la personne, l’œuvre de Dieu, en particulier en Jésus – qui pourrait s’en lasser ? On parle de l’être le plus merveilleux, incroyable, extraordinaire qui puisse exister…

En toutes occasions, cherchons la perspective de Dieu – par exemple en apprenant à dire merci. Dire merci c’est décoller notre regard de l’évidence, de ce qui est dû, pour discerner la main paternelle qui nous porte et nous accorde tant de grâces. Nous avons de la chance ! Emerveillons-nous toujours à nouveau de pouvoir vivre avec Dieu, dans les bons et les mauvais moments – il est notre vie !

Conclusion

Paul nous invite à vivre ici-bas comme au ciel… Pas dans les nuages ! Pas dans un rêve ! Mais par anticipation, pour s’entraîner à l’éternité. Pour montrer ici, aujourd’hui, à quoi peut ressembler la vie avec Dieu.

C’est un grand défi ! Le plus grand relooking de tous les temps. Mais sur ce chemin, le Christ est notre modèle, notre motivation, et notre secours : Il nous enseigne, nous conduit, nous pardonne nos mauvais pas et nous donne la force de nous relever lorsque nous tombons.

Devenons ce que nous sommes ! Centrons-nous sur le Christ, et laissons-le nous transformer encore un peu plus à son image, pour la gloire de Dieu, pour notre joie, et pour bénir ceux qui nous entourent.