Pâques : une Bonne Nouvelle pour aujourd’hui !

 

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En général, les mauvaises nouvelles se propagent plus rapidement que les bonnes… surtout aujourd’hui avec les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. On en a encore eu un exemple étonnant cette semaine avec l’incendie de Notre Dame de Paris. C’était impressionnant de voir la vitesse avec laquelle l’information a circulé, et puis les réactions ont rapidement afflué du monde entier… et presque aussitôt sont arrivées les fake news et autres théories complotistes !

Si vous voulez propager une nouvelle, il vaut mieux qu’elle soit mauvaise, si possible anxiogène, et si elle peut avoir un petit parfum de complot, c’est encore mieux. Ça marchera à coup sûr !

Les bonnes nouvelles, par contre, ce n’est pas très vendeur ! Elles ne font presque jamais la une des journaux. Sauf quand la France est championne du monde de foot… mais ça arrive une fois tous les vingt ans ! Les bonnes nouvelles ne tournent pas en boucle sur les chaînes d’info continue, elles sont très peu partagées sur les réseaux sociaux…

Pourtant, aujourd’hui, c’est Pâques. Et nous avons une bonne nouvelle à annoncer : Jésus-Christ est ressuscité ! Et ce n’est pas une fake news !!!

Cette bonne nouvelle, elle est répétée par les chrétiens depuis près de 2000 ans. Jésus-Christ était mort et il est ressuscité. Quelle bonne nouvelle !

Ne l’oublions jamais, lorsque nous parlons de l’Evangile, nous parlons d’une bonne nouvelle. Le mot « évangile » n’est que la transcription en français d’un terme grec qui signifie « bonne nouvelle ». Plusieurs versions récentes de la Bible n’utilisent plus le mot « évangile » et préfèrent parler simplement de « bonne nouvelle ». Et je trouve qu’elles ont raison !

Je vous invite donc ce matin à nous demander : Pourquoi le message de Pâques est-il une bonne nouvelle ? Et pourquoi est-ce que ça l’est aujourd’hui encore ?

Un des textes du jour, dans la liste de lectures bibliques pour ce dimanche, se trouve dans le livre des Actes des apôtres. On y trouve l’annonce de cette bonne nouvelle. Et en plus, c’est un extrait de « notre » texte, celui que nous avons choisi pour notre Eglise dans le cadre du parcours Vitalité. Je ne pouvais donc pas passer à côté…

Actes 10.34-43
34 Pierre prend la parole et dit : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. 35 Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. C’est vrai dans tous les pays.
36 Dieu a envoyé sa parole au peuple d’Israël : il lui a annoncé la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. 37 Tout a commencé après que Jean a lancé cet appel : “Faites-vous baptiser ! ” Vous savez ce qui est arrivé, d’abord en Galilée, puis dans toute la Judée. 38 Vous savez comment Dieu a répandu la puissance de l’Esprit Saint sur Jésus de Nazareth. Jésus est passé partout en faisant le bien. Il guérissait tous ceux qui étaient prisonniers de l’esprit du mal, parce que Dieu était avec lui. 39 Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l’a supprimé en le clouant sur une croix. 40 Mais, le troisième jour, Dieu l’a réveillé de la mort et il lui a donné de se montrer 41 non pas à tout le peuple, mais à nous. En effet, Dieu nous a choisis d’avance comme témoins. Quand Jésus s’est relevé de la mort, nous avons mangé et bu avec lui.
42 Il nous a commandé d’annoncer la Bonne Nouvelle au peuple et de rendre ce témoignage : Jésus est celui que Dieu a choisi pour juger les vivants et les morts. 43 Tous les prophètes ont parlé de lui en disant : “Toute personne qui croit en Jésus reçoit par son nom le pardon des péchés.” »

On oublierait presque que le terme « évangile » signifie simplement « bonne nouvelle », et il en est de même du verbe « évangéliser » qui signifie simplement « annoncer ou apporter une bonne nouvelle ». C’est ce verbe qui est utilisé ici par Pierre, au verset 36 : « il a annoncé la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ ».

La Bonne Nouvelle, c’est qu’elle est pour tout le monde

Le message de la mort et de la résurrection de Jésus est d’abord une bonne nouvelle parce qu’elle est pour tout le monde. Pierre le comprend enfin dans notre texte. Et il s’en émerveille !

« Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. C’est vrai dans tous les pays. »

Cette Bonne Nouvelle n’est pas liée à une culture ou à un peuple, elle n’est pas réservée à une catégorie de la population. Elle est pour tout le monde. Pour tous ceux qui veulent bien la recevoir.

C’est pour cela qu’elle doit être proclamée, partagée. Un bonne nouvelle qui serait réservée à quelques-uns serait-elle encore une bonne nouvelle ? Ce serait un bonne nouvelle pour les uns et une mauvaise pour les autres !

Or, cela n’a pas été évident aux premiers temps de l’Eglise. Les chrétiens, qui étaient tous Juifs, pensaient que les païens n’étaient pas concernés par cette Bonne Nouvelle. Ça ne leur était même pas venu à l’esprit d’aller leur annoncer le salut en Jésus-Christ. Ce n’est que dans notre épisode du livre des Actes des apôtres que Pierre le découvre : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. »

Et nous, y a-t-il des gens que nous excluons de la Bonne Nouvelle ? La question peut nous déranger voire nous choquer… mais il est légitime de nous la poser. Est-ce que vraiment nous considérons que la Bonne Nouvelle est pour tout le monde ? En théorie, j’imagine que tout le monde dira oui… mais est-ce vrai aussi en pratique, dans notre attitude, dans nos relations ?

Est-ce que tout le monde est vraiment le bienvenu parmi nous ?

Une église doit être le lieu de la Bonne Nouvelle. Pas du jugement sur les apparences, la façon de parler ou de prier, sur les choix de vie… Même par souci de pureté ou de fidélité à Dieu. C’est avec ce souci-là que les premiers chrétiens ont reproché à Pierre d’être allé manger chez Corneille… et que les Pharisiens reprochaient à Jésus de fréquenter des « gens de mauvaise vie ».

La Bonne Nouvelle, c’est l’histoire de Jésus

Mais quelle est donc cette Bonne Nouvelle ? Dans notre texte, lorsque Pierre l’évoque, il raconte l’histoire de Jésus, de son baptême à sa résurrection. D’ailleurs, les quatre Evangiles ne font pas autre chose : ils racontent l’histoire de Jésus !

Prêcher l’Evangile, c’est d’abord raconter l’histoire de Jésus. Surtout pas défendre une religion. Même pas présenter un énoncé doctrinal. Pour annoncer la Bonne Nouvelle, il ne s’agit pas tellement de présenter « les 4 points de l’Evangile » ou « les 4 lois spirituelles »… Je ne dis pas que ce n’est pas bien, je dis juste que ce n’est pas cela la Bonne Nouvelle. Annoncer la Bonne Nouvelle, prêcher l’Evangile, c’est d’abord raconter l’histoire de Jésus.

Et raconter cette histoire, c’est aussi affirmer que la mort et la résurrection de Jésus s’inscrivent dans l’histoire de l’humanité. Elles ont bel et bien eu lieu. Ce ne sont pas des métaphores.

S’il y a un point sur lequel le Nouveau Testament insiste, c’est bien celui-là. Les quatre évangiles l’affirment : il y a non seulement le tombeau vide mais aussi les apparitions répétées du Christ ressuscité, avec force détails. Jésus parle avec ses disciples, il mange devant eux, il invite même Thomas à le toucher. Dans notre texte, Pierre le dit : « Quand Jésus s’est relevé de la mort, nous avons mangé et bu avec lui. »

Il est essentiel, quand on raconte la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, de dire que ce n’est pas juste une histoire mais que c’est l’histoire ! La venue de Jésus, sa vie, sa mort et sa résurrection, tout cela s’est réellement passé. Sans la résurrection du Christ, tout s’écroule.

En fait, si Jésus-Christ n’est pas vraiment ressuscité, il n’y a plus de Bonne Nouvelle !

 

La Bonne Nouvelle, c’est notre histoire avec Jésus

Mais si on en reste là, et qu’on se limite à souligner l’historicité de la résurrection de Jésus, on passe à côté de toute une partie de la Bonne Nouvelle. L’histoire de Jésus appartient à l’histoire de l’humanité, mais elle rejoint aussi notre histoire personelle. Si la Bonne Nouvelle est bien l’histoire de Jésus, elle est aussi notre histoire avec Jésus. C’est aussi l’histoire de Jésus dans notre vie.

Jésus est ressuscité. Mais comme le dit l’apôtre Paul, nous sommes ressuscités avec le Christ. Ou encore : « Si quelqu’un est uni au Christ, il est créé à nouveau. Ce qui est ancien est fini, ce qui est nouveau est là. » (2 Corinthiens 5.17)

C’est la même idée que souligne Pierre en disant : “Toute personne qui croit en Jésus reçoit par son nom le pardon des péchés.” Ici, le pardon des péchés, c’est le signe d’une vie nouvelle, d’un nouveau départ. Être ressuscité avec le Christ, c’est recommencer sa vie, effacer notre ardoise, repartir à zéro… recevoir le pardon des péchés.

C’est la puissance de la résurrection du Christ qui agit en nous lorsqu’elle nous fait naître à une vie nouvelle. Mais pas seulement. Elle agit tout au long de notre vie chrétienne.

Quand avez-vous vu pour la dernière fois la puissance de résurrection du Christ agir dans votre vie ? Ne cherchez pas seulement des événements spectaculaires ou miraculeux. Elle n’agit pas seulement dans l’immédiat, elle agit aussi dans la durée, en profondeur.

  • La puissance de résurrection du Christ agit en nous toutes les fois où elle nous relève ou elle nous réveille.
  • Elle agit toutes les fois où nous remportons une victoire sur les puissances de mort ou de destruction qu’on peut trouver en nous.
  • Elle agit lorsqu’elle nous libère d’une addiction ou d’une habitude néfaste.
  • Elle agit lorsqu’elle nous relève après une chute ou lorsqu’elle nous tient debout au milieu de l’épreuve.
  • Elle agit lorsqu’elle nous réveille d’une torpeur, qu’elle nous révèle une vérité oubliée ou cachée.
  • Elle agit lorsqu’elle nous restaure, nous transforme, nous fait grandir spirituellement.

Cherchez bien… et vous trouverez où la puissance de résurrection du Christ a agit dans votre vie. Et vous trouverez peut-être aussi où vous devez encore la laisser agir en vous. Ça aussi, c’est une Bonne Nouvelle !

 

Conclusion

Jésus-Christ est ressuscité ! C’est la Bonne Nouvelle que nous apporte Pâques !

C’est une bonne nouvelle parce qu’elle proclame la victoire du Christ sur la mort, et elle nous ouvre sur une espérance éternelle. C’est une bonne nouvelle parce qu’elle est pour tous, et qu’elle nous concerne chacun personnellement. Car annoncer la résurrection du Christ, c’est dire aussi qu’il est vivant aujourd’hui encore. La même puissance qui l’a ressuscité d’entre les morts est à l’oeuvre en nous. Elle nous fait naître à une vie nouvelle, elle nous façonne, elle nous transforme… même si ça prend du temps. C’est une bonne nouvelle parce qu’elle est le gage qu’un jour, à notre tour, nous serons ressuscités, comme Jésus-Christ l’a été.

C’est quand même un sacrée bonne nouvelle, non ?




Accueillir Jésus

Jésus arrive à Jérusalem, la capitale. Il est déjà venu, mais là, c’est la dernière fois. Il le sait : ça fait des mois que la tension monte avec les autorités religieuses. Plusieurs fois il a échappé de justesse à ceux qui voulaient l’éliminer. Il va mourir – dans quelques semaines ? quelques jours ? Jusque là, sa sagesse, sa puissance, sa bonté ont bouleversé les foules. Mais en avançant vers sa mort, il devient plus clair sur son identité et sa mission.

Alors il reprend ce code du roi pacifique, monté sur un ânon, plein d’une autorité bienveillante. Certains l’acclament, d’autres sont indifférents, d’autres encore s’offusquent : pour qui se prend-il ? pour le roi ? Plus Jésus est clair sur ce qu’il est, plus il est difficile d’être vaguement indifférent. Il faut prendre parti. Plus son identité est claire, plus la façon de l’accueillir doit être adaptée : on n’accueille pas chez soi de la même façon un vendeur qui fait du porte-à-porte ou son propriétaire, ou bien un artisan venu faire des réparations ou son frère. En tant que chrétien, notre foi est centrée sur Jésus, mais qu’est-ce que ça implique ?

Je vous propose de méditer la suite de l’entrée de Jésus à Jérusalem : il continue son parcours, jusqu’au cœur de la capitale, le temple.

Lecture biblique: Luc 19.41-48 (Traduction Œcuménique de la Bible) 

41 Quand il [Jésus] approcha de la ville et qu’il l’aperçut, il pleura sur elle. 

42 Il disait : « Si toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix… ! Mais hélas ! cela a été caché à tes yeux ! 

43 Oui, pour toi des jours vont venir où tes ennemis établiront contre toi des ouvrages de siège ; ils t’encercleront et te serreront de toutes parts ; 44 ils t’écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu as été visitée. »

45 Puis Jésus entra dans le temple et se mit à chasser ceux qui vendaient. 46 Il leur disait : « Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits. » 

47 Il était chaque jour à enseigner dans le temple. Les grands prêtres et les scribes cherchaient à le faire périr, et aussi les chefs du peuple ; 48 mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire, car tout le peuple, suspendu à ses lèvres, l’écoutait.

Jésus le prophète

Jésus finit sa procession royale, comme tout bon roi, au temple. Normalement, le roi y offre un sacrifice à Dieu, un sacrifice de reconnaissance, mais on voit que Jésus est dans une autre démarche. Mais avant d’entrer vraiment à Jérusalem, il fait une pause, pour regarder cette ville, qui représente tout un peuple, tout un projet de la part de Dieu. L’historien Luc est le seul à mentionner cette pause, et elle nous en dit long sur la façon d’accueillir Jésus.

Il faut savoir que depuis des siècles, le peuple juif attend une visite de Dieu – pas une visite de courtoisie ! Une intervention, une rencontre qui leur apportera la paix véritable, la libération politique mais aussi intérieure, spirituelle, la libération du mal. Et quand Dieu, en Jésus, donc en tant qu’homme, vient les visiter, ils ne le voient pas ! Ils le rejettent ! Alors Jésus en tire les conséquences, à la manière d’un prophète – d’ailleurs il va citer des prophètes juifs pour parler de l’aveuglement du peuple et de ses terribles conséquences : la ruine de Jérusalem, la destruction du pays.

Jésus décrit en fait la prise de Jérusalem, assiégée et dévastée, qui aura lieu en 70 après JC, quand l’empereur romain Titus détruira la ville et le temple. Ca a déjà eu lieu par le passé (avec une première destruction de Jérusalem par les Babyloniens presque 600 ans plus tôt, en 586 avant JC), parce que le peuple avait abandonné Dieu : ça va se reproduire. Ce n’est pas juste un événement historique, ici, c’est vraiment la conséquence d’un éloignement de Dieu.

On peut se sentir décontenancé devant des paroles si dures. Le Dieu juge, on l’imagine cantonné aux jours guerriers de l’Ancien Testament, pas en Jésus ! Normalement, lui, il est doux et humble de cœur !… Jésus nous révèle Dieu : à ce titre, il est juge lui aussi. Mais il nous révèle aussi comment Dieu est juge (ça marche dans les deux sens) – peut-être en remettant en question notre façon de nous représenter le juge.

D’abord, la sanction découle directement de l’attitude du peuple : c’est la terrible conséquence de notre liberté humaine. On veut le choix ? Il faut assumer… D’ailleurs, ces paroles veulent aussi faire prendre conscience des conséquences qu’il y a à rejeter Dieu, comme un électrochoc pour inviter à revenir à lui. Cette prophétie est logique : si Dieu est source de vie, si c’est sérieux cette histoire, qu’est-ce qu’on peut attendre hors de lui ? Si c’est lui qui donne l’amour, le pardon, la paix, que peut-on attendre en s’écartant de lui ? Si vous conduisez de nuit et que vous éteignez vos phares, que va-t-il se passer ? Vous ne verrez plus rien, vous risquez de vous prendre un mur, de tomber dans un ravin, de rentrer dans une voiture, peut-être de mourir. Hors du Dieu vivant, de sa lumière, que peut-on attendre ?

Mais Jésus le dit en pleurant… Dans les Evangiles, on ne voit Jésus pleurer que deux fois. Quelques jours plus tôt, lorsque son ami Lazare est enterré, et que Jésus contemple l’abîme de la mort dans lequel il va lui-même entrer bientôt. Et devant Jérusalem : Dieu, en Jésus, a tout mis en place pour accorder la paix. Il prend tout à sa charge – il n’y a qu’à accueillir ! Vincent évoquait la semaine dernière cette promesse de Jésus : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et lui avec moi » (Apocalypse 3.20). Dieu fait tout le chemin jusqu’à notre porte. Il se fait homme, du début à la fin, il offre sa justice et porte notre violence, nos fautes, le mal, dans sa mort. Avec un seul but : nous faire entrer dans sa vie, dans sa paix, dans sa joie ! Comme s’il venait avec des valises entières de billets pour payer toutes nos dettes, pour rénover notre maison, pour organiser un festin – quelle tristesse quand la porte reste fermée ! Ce n’est pas étonnant que Jésus pleure.

Jésus le prêtre

Puis il arrive au temple, et c’est le même constat : l’aveuglement et la surdité à Dieu. Le Temple, ce lieu de la rencontre avec Dieu, ce lieu sacré qui symbolise la présence de Dieu sur terre, ce Temple qui est le titre de gloire du peuple d’Israël… Quand on y entre, on est assailli par les stands, les étalages, les comptoirs pour changer la monnaie, le bruit des bêtes qu’on peut acheter pour les sacrifices… C’est la cohue – et Jésus ne le supporte pas : il renverse les tables et vire les marchands. Son geste est violent, mais il est plus symbolique qu’autre chose : le temple ne remplit plus son rôle. On ne peut plus se recentrer sur Dieu – au-delà du temple, c’est toute l’institution de l’époque qui a dévié. Vu l’enchaînement des textes, on peut se demander si ce n’est pas la raison pour laquelle le peuple, la ville, les autorités, sont incapables de saisir la paix que Jésus vient offrir, incapables d’entendre ce Dieu qui se tient à leur porte et qui frappe. C’est la cohue, et ils n’entendent plus rien.

Que penser de ce temple parasité ? Les stands et les étalages s’étaient installés là pour le côté pratique : pour des gens qui viennent de loin, trouver les « fournitures » du culte sur place, c’est l’idéal ! Mais de là à s’installer dans le temple… Ils auraient pu rester devant l’entrée ! Ce qui nous parasite, ce n’est pas forcément des mauvaises choses – c’est parfois de bonnes choses mais qui ne sont pas au bon endroit. C’est pratique d’avoir une voiture, mais vous ne la garez dans votre cuisine ou votre chambre ! C’est bon de faire du sport, mais pas au point de négliger votre couple ou de vous ruiner ! C’est pratique un téléphone, mais si ça devient la balise incontournable de chaque instant, on peut se poser des questions… C’est vrai aussi pour l’église : on aime tel chant, tel style de culte (ok) mais au point de ne pas pouvoir chanter Dieu si ce n’est pas notre répertoire (récent ou ancien d’ailleurs)… qu’est-ce qui prime ? Dans notre façon de vivre sous le regard de Dieu, seul ou en église,  posons-nous la question : est-ce qu’il y a des priorités qui se sont embrouillées ? des choses qui ont pris trop d’importance, au détriment de l’essentiel ? des points sur lesquels on devrait laisser couler mais qui nous divisent ? Des chevaux de bataille, des grands chevaux sur lesquels nous montons : quel contraste avec l’âne de la paix où s’assoit Jésus…

En faisant le ménage dans le temple, Jésus agit, non pas comme un croyant ordinaire, mais comme un prêtre, comme celui qui est responsable du temple ! D’où la rage des autorités religieuses : pour qui se prend-il ? Il n’est même pas de la bonne tribu ! C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est décidé, il faut s’en débarrasser.

Jésus est entré à Jérusalem comme un roi, un prophète, un prêtre. Dans la société juive, les trois fonctions étaient bien distinctes, et ceux qui ont essayé le mélange des genres en ont subi les conséquences. Seul Jésus peut prétendre à toutes ces fonctions en même temps, comme Envoyé de Dieu qui vient établir un royaume nouveau (sur d’autres bases), qui vient révéler pleinement le projet de Dieu, qui vient offrir une nouvelle façon de s’approcher de Dieu, non plus par les sacrifices d’animaux mais en s’appuyant sur son sacrifice à lui. Jésus est un homme, comme nous, et tellement plus qu’un homme : il est Dieu.

            Faire de la place pour accueillir Jésus

Si c’est vrai, on ne peut pas l’accueillir n’importe comment ! Si c’est vrai, on ne peut pas l’accueillir n’importe comment… Dans une semaine, c’est Pâques. Nous célébrerons le Roi qui triomphe du pire ennemi qui soit (la mort), le Prophète dont les paroles se sont réalisées, le Prêtre qui s’est donné lui-même. Mais il ne suffit pas de le célébrer, il faut l’accueillir.

Peut-être pour la première fois, si vous n’avez jamais fait ce pas : ouvrir la porte à Jésus [geste qui frappe] ce n’est pas forcément très compliqué. On peut juste lui dire (comme il est Dieu, comme il est vivant, il nous entend) : « viens dans ma vie. Viens dans ma vie. Je veux recevoir ce cadeau de ton pardon, de ta paix, de ta joie. » Par contre, je vous préviens : quand Jésus arrive, ça déménage ! Il y a des choses dont il va se débarrasser parce que c’est toxique, d’autres qu’il va ranger parce que ce n’est pas à la bonne place – mais qu’est-ce que c’est bon d’entrer dans une vie propre, aérée, qui sent bon !

Mais ce n’est pas parce qu’on a reçu Jésus dans sa vie, par la foi, qu’il n’y a plus jamais de ménage à faire… Il y a le grand ménage de l’installation, mais ensuite le ménage courant, le ménage de printemps… Ce n’est pas parce qu’on est chrétien qu’on ne peut pas devenir sourd à Dieu, qu’on ne peut pas s’éloigner ou se laisser parasiter… Qu’est-ce qui s’est incrusté dans notre église, notre vie, notre cœur ?  des petits mensonges ? des graines d’amertume ? de la colère ? une certaine tiédeur ? Cette semaine de Pâques c’est l’occasion de faire le point, et demander à Dieu d’enlever de notre vie ce qui nous encombre, ce qui nous parasite, ce qui nous rend sourds à lui.

            Conclusion

Ce que Jésus veut nous donner, c’est exceptionnel. Unique. Inouï. Parce qu’il est lui-même inouï : il est dieu, venu parmi les hommes. Devenu un homme. Pour nous offrir la possibilité d’être enfants de Dieu, connectés au Créateur, remplis de sa vie et de sa paix. Mais pour l’accueillir vraiment, il faut faire du ménage. Et la bonne nouvelle, c’est que nous ne faisons pas le ménage tout seuls : Jésus le fait en nous, par son Esprit. Tout ce que nous avons à faire, c’est l’inviter à aller plus loin. Le laisser prendre les devants et le suivre. Faisons place à Jésus dans notre vie, lui le Roi, le prophète de la Vérité, Celui qui nous garantit l’amour de Dieu… Alors, alors, la paix de Dieu débordera dans nos mains…




Enthousiastes !

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/enthousiastes

Récemment, nous avons vécu l’atelier « Rêvons ensemble » dans le cadre du parcours Vitalité et lors de cette journée, notamment dans les travaux en petits groupes, un mot est revenu à plusieurs reprises : enthousiasme. Il apparaissait comme un des éléments clés du rêve pour notre Eglise, un enthousiasme à renouveler, à entretenir.

Aujourd’hui le terme a parfois une connotation négative : l’enthousiasme serait une forme de radicalisme, une dévotion excessive. On se méfie des enthousiastes, surtout en matière religieuse… Mais le mot est particulièrement intéressant. Il vient du grec enthousiasmos et désignait à l’origine le fait d’être possédé par une divinité. Ca vient de en theos : en Dieu. Revisité par l’Evangile, ce mot pourrait être formidable pour le chrétien, qui trouve « en Dieu » son énergie, son espérance, sa force, sa ferveur.

Le hic, c’est que le mot n’apparaît jamais dans le Nouveau Testament ! C’est dommage : on aurait bien voulu…

Il y a par contre un autre terme qui apparaît plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et qui est sans doute assez proche quant au sens, c’est le mot zelos, qui a donné le mot zèle en français. Mais ce mot non plus n’est pas toujours perçu positivement. Faire du zèle… c’est en faire trop !

Et c’est le cas aussi dans le Nouveau Testament puisque le mot zelos peut être traduit par zèle, dans un sens plutôt positif, mais aussi par jaloux… et là ça l’est beaucoup moins ! C’est le contexte qui permet de faire la différence. Or, dans le Nouveau Testament, le terme est utilisé plus souvent de façon négative que de façon positive. D’ailleurs le mot a aussi donné “zélote”, le nom d’un parti politico-religieux Juif extrémiste au Ier siècle…

Je trouve intéressant de constater que l’enthousiasme et le zèle, que l’on peut légitimement souhaiter pour une Eglise ou pour le croyant, sont des mots qui peuvent avoir à la fois un sens positif et un sens négatif…

Où est donc la frontière ? Quand notre enthousiasme ou notre zèle sont-ils positifs, et quand sont-ils dangereux ? Et comment faire pour entretenir, ou retrouver, notre enthousiasme et notre zèle ?

Pour répondre à ces questions, je vous propose de lire un texte qui, sans utiliser les mots “enthousiasme” et “zèle”, aborde bel et bien ce sujet. Il se trouve au début de l’Apocalypse. Parmi les lettres aux 7 Eglises d’Asie Mineure, c’est la dernière, celle qui est adressée à Laodicée.

Vous le verrez, ce texte contient l’une des paroles les plus dures du Nouveau Testament mais aussi l’une des promesses les plus douces de la Bible !
Apocalypse 3.14-20
14 « Écris à l’ange de l’Église qui est à Laodicée : « Voici le message de celui qui est vraiment le Oui de Dieu. Il est le témoin fidèle qui dit la vérité, il est à l’origine de tout ce que Dieu a créé.  15Je connais tout ce que tu fais : tu n’es ni froid ni brûlant. Si seulement tu pouvais être froid ou brûlant ! 16 Mais comme tu es tiède, ni froid ni brûlant, je vais te vomir de ma bouche. 17 Tu dis : je suis riche, j’ai gagné beaucoup d’argent, je n’ai besoin de rien. Mais en fait, tu es malheureux, tu mérites la pitié, tu es pauvre, aveugle et nu, et tu ne sais même pas cela. 18 C’est pourquoi, voici ce que je te conseille : achète chez moi de l’or que le feu a rendu pur, et tu deviendras riche. Achète des vêtements blancs pour te couvrir, ainsi tu ne seras pas nu et tu n’auras plus honte. Achète un médicament pour le mettre dans tes yeux, et tu verras clair. 19 Tous ceux que j’aime, je les corrige et je les punis. Montre donc plus d’ardeur et change ta vie ! 20 Voilà : je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi. 21 Moi, je suis vainqueur et je suis allé m’asseoir avec mon Père sur son trône. Alors, les vainqueurs, je les ferai asseoir aussi sur mon trône.

Les versets 15-16 sont terribles : “Je connais tout ce que tu fais : tu n’es ni froid ni brûlant. Si seulement tu pouvais être froid ou brûlant ! Mais comme tu es tiède, ni froid ni brûlant, je vais te vomir de ma bouche.”

Pourquoi une parole si terrible à propos des tièdes ? Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je trouve qu’il n’y a rien de pire qu’un café tiède ou une bière tiède ! Un café doit être chaud, et une bière bien fraîche ! Eh bien, la tiédeur n’est pas souhaitable non plus pour le croyant. Et l’enjeu est bien plus grand que pour un café ou une bière !

On pourrait dire qu’un chrétien tiède est un chrétien imbuvable… parce qu’en plus, en général, il n’a pas conscience qu’il est tiède ! On le voit avec l’Eglise de Laodicée : elle se satisfait de sa tiédeur, elle se croit riche mais, aux yeux du Seigneur, elle est pauvre, aveugle et nue. C’est la raison sans doute de la violence des propos, destinés à faire sortir cette Eglise de sa torpeur, lui ouvrir les yeux. Elle a besoin d’acheter de l’or pur, des vêtements blancs et un collyre pour ses yeux. Et c’est auprès du Seigneur qu’elle les trouvera, pas ailleurs.

Il se passait sans doute des choses dans l’Eglise de Laodicée. Le Seigneur dit bien dans sa lettre qu’il voit ce qu’elle fait, littéralement : “je connais tes oeuvres”. Mais le coeur n’y est pas. On pourrait dire qu’il y a un culte, une étude biblique et une réunion de prière, qu’il y a un pasteur, des locaux aux normes et un organigramme des responsables. Mais où est l’enthousiasme et le zèle ?

Le verset 20, par contraste, est une formidable promesse : “Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi.”

L’image est douce. C’est comme lorsqu’on attend chez soi un ami de longue date qu’on a invité, on se réjouit de le revoir. On frappe à la porte (ou on sonne à l’interphone). Quelle joie : le voilà ! On ouvre la porte, on s’embrasse et on le fait entrer chez nous. On a préparé un bon repas et on passe la soirée avec lui. “j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi.” Ici, plus question de vomir… mais de manger ensemble, dans la joie.
L’image parle de l’intimité avec Jésus-Christ. Il est l’ami intime qui vient habiter chez nous et dont la présence procure la joie. La source de notre vie spirituelle, là où naît et s’entretien notre enthousiasme, elle est dans l’intimité avec Jésus-Christ. Et cette intimité est prémisse de la gloire, celle qu’il promet de façon extraordinaire à la fin de cette lettre à l’Eglise de Laodicée : être assis, avec lui, sur son trône ! N’y a-t-il pas là de quoi nourrir notre enthousiasme ?

Etre enthousiaste

Revenons donc à nos questions du début. Quand notre enthousiasme ou notre zèle sont-ils positifs, et quand sont-ils dangereux ? Et comment faire pour entretenir, ou retrouver, notre enthousiasme et notre zèle ?

La clé pour répondre à ces questions, nous la tirons de notre texte : c’est l’intimité avec Jésus-Christ.

  • En effet, l’enthousiasme et le zèle peuvent devenir dangereux quand ils ne s’enracinent pas dans la personne du Christ, quand ils ne se nourrissent pas d’une relation personnelle avec Dieu.
  • Le zèle devient jalousie quand il est motivé par la compétition et la comparaison, avec les autres croyants, avec les autres Eglises, quand on cherche à être meilleurs, plus nombreux, plus spirituels que les autres…
    L’enthousiasme devient fanatisme quand il cherche à défendre une doctrine, une religion, une vérité absolue…

Ce zèle et cet enthousiaste n’ont pas grand chose à voir avec l’intimité avec Jésus-Christ !

Mais si le zèle et l’enthousiasme peuvent devenir dangereux, quand ils sont mal placés, ce n’est pas une raison pour renoncer à toute ferveur. Certes, aujourd’hui, on se méfie des excès, on préfère la modération… surtout en matière religieuse. On préfère que tout reste dans la sphère privée, que ça ne dérange personne ! Que tout, dans le domaine de la foi, reste modéré, au risque d’être insipide, tiède…

Non ! Il est légitime d’être enthousiaste pour Dieu quand on considère son amour et le salut qu’il nous offre ! Il est légitime d’être zélé pour lui, de vivre et d’annoncer cette Bonne Nouvelle pour tous les hommes. Si on évite bien-sûr les pièges du fanatisme et de la jalousie…

Pour renouveler et entretenir cet enthousiasme, la clé est la même : l’intimité avec Jésus-Christ !

Il nous faut cultiver cette intimité. C’est le défi de toute vie chrétienne. Alors veillons à réserver des moments de qualité avec Dieu. C’est un peu comme dans un couple, ou en amitié : on a besoin de prendre du temps ensemble, en tête à tête. C’est différent pour chaque couple ou chaque relation d’amitié. Pour les uns ce sera un week-end à la montagne, pour d’autres une sortie culturelle, ou une ballade en forêt, ou une activité sportive…

Ne nous enfermons pas non plus dans des stéréotypes avec Dieu, comme s’il n’y avait qu’une seule façon valable de cultiver notre intimité avec lui. A vous d’inventer, de trouver le lieu, le moment, la façon, la fréquence… Tenez compte de ce que vous êtes, de ce que vous vivez, de ce qui vous fait vibrer.

Prenez le temps d’y réfléchir : quand avez-vous eu pour la dernière fois la sensation de vivre un temps de qualité avec Dieu ? Demandez-vous alors comment vous pouvez faire en sorte que ça se reproduise… Créez, dans votre vie, les conditions pour vivre des moments de qualité avec Dieu, d’approfondir votre intimité avec lui.

Conclusion

L’intimité avec Jésus-Christ, voilà ce que nous devons sans cesse développer. Et vous verrez, de cette intimité naîtra l’enthousiasme et un zèle renouvelé. Comment pourrait-il en être autrement, quand le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois entre chez nous, qu’il mange avec nous, et nous avec lui ?




Une foi aux mille nuances

 

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Dans trois semaines, nous fêterons Pâques. Nous proclamerons la mort et la résurrection de Jésus, Dieu fait homme.

Si Jésus est mort, c’est pour nous délivrer de nos chaînes, de nos esclavages, de nos blessures – celles que nous portons, et celles que nous imposons aux autres. C’est pour nous rapprocher du Dieu dont nous étions déconnectés en portant sur lui tout ce qui en nous fait horreur à Dieu (ce que la Bible appelle péché). Par sa mort, nous sommes pardonnés, libérés de toute honte et de toute culpabilité devant Dieu – Jésus a tout assumé.

Mais Jésus ne nous donne pas seulement une nouvelle chance, la possibilité d’un nouveau départ, en effaçant l’ardoise de nos dettes. Il nous invite à une vie nouvelle, dont sa résurrection est le gage : il est vivant, d’une vie divine qui transperce même la mort. Cette vie, par la foi, nous pouvons la recevoir, comme nous avons reçu le pardon de Dieu par la foi. La caractéristique de cette vie, c’est que nous sommes maintenant connectés à Dieu. Directement, sans problème de réseau : nous pouvons recevoir de Dieu et lui donner, lui parler, lui demander, avec la liberté d’un enfant qui se confie à son père.

Mais ce n’est pas toujours facile de savoir comment se tenir devant Dieu. Comment être en relation avec lui. Dans notre enfance, nous avons appris que dans nos relations avec les autres, nous pouvons avoir différentes attitudes. Vous ne vous comportez pas de la même façon envers le maire de votre village ou votre beau-frère, votre conjoint ou votre mère, envers un inconnu ou un voisin. On s’adapte : le vocabulaire n’est pas le même, ni les sujets de conversation, ou encore le degré de confidence. Et le critère c’est l’identité de l’autre, qui détermine ma relation avec lui.

Le problème dans notre relation avec Dieu, c’est qu’on ne le voit pas. On l’entend rarement. Quelle attitude avoir envers lui ? Cette question, on ne peut y répondre qu’en méditant sur qui est Dieu. Tout dépend de qui est ce Dieu qui nous sauve, ce Dieu qui nous réconcilie avec lui.

Pour nourrir notre méditation, et nous aider à mieux être en relation avec Dieu, je vous propose un texte de l’AT, dans le livre de l’Exode, il y a quelques 3500 ans. Nous sommes à une époque difficile. Depuis plusieurs siècles, les descendants d’Abrahm, son fils Isaac et son petit-fils Jacob habitent en Egypte, où avec le temps ils sont devenus esclaves. L’oppression est de plus en plus dure. Il y a quelques années, un Juif a bien essayé de soulager leur misère, mais dans son ardeur il a tué un Egyptien et il a fui le pays. Cet homme c’est Moïse. Nous le retrouvons quarante ans plus tard…

Lecture biblique : Exode 3. 1-15

1 Moïse garde les moutons et les chèvres de Jéthro, son beau-père, le prêtre de Madian. Un jour, Moïse conduit le troupeau au-delà du désert et il arrive à l’Horeb, la montagne de Dieu.

2 Là, l’ange du SEIGNEUR lui apparaît dans une flamme, au milieu d’un buisson. Moïse regarde : le buisson est en feu, mais le feu ne détruit pas le buisson. 

3 Moïse se dit : « Je vais faire un détour pour voir cette chose étonnante. Le buisson n’est pas brûlé. Pourquoi donc ? » 

4 Le SEIGNEUR voit que Moïse fait un détour pour regarder. Alors Dieu l’appelle du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Moïse répond : « Je suis là ! » 

5 Le SEIGNEUR dit : « N’approche pas du buisson ! Enlève tes sandales parce que cet endroit est saint. 6 Je suis le Dieu de tes ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. » Moïse se cache le visage parce qu’il a peur de regarder Dieu.

Piqué par la curiosité devant un buisson qui ne brûle pas, Moïse s’avance. Au milieu de ce buisson, la voix de Dieu.

C’est l’ange du Seigneur, ange au sens de messager. On retrouve bien souvent cet « ange du Seigneur » dans l’AT, un messager qui s’exprime au nom de Dieu, avec l’autorité divine, au point que quand il parle on peut dire que Dieu parle. Là où il est, on peut dire que Dieu est présent d’une manière spéciale. On ne voit pas Dieu tel qu’il est, mais ce messager porte un peu du poids divin.

Dieu appelle Moïse deux fois, avec affection, c’est lui qui prend l’initiative, mais il le repousse juste après : « N’avance pas trop près ! Garde tes distances ! Et enlève tes chaussures, comme on le fait quand on entre chez un supérieur. » A d’autres époques, on ferait la révérence, on s’inclinerait.

Dieu révèle à Moïse, dès les premiers mots de leur échange, sa sainteté en premier. Qu’est-ce que cela signifie ? Dieu est pur : rien de mal en lui, rien d’imparfait qui puisse l’approcher sous peine de se consumer, de s’auto-détruire, comme on se brûle en touchant une flamme. Mais dans la pureté de Dieu, il y a aussi de la puissance, quelque chose de majestueux et d’impressionnant comme un éclair ou un sommet enneigé. Dieu est roi.

La sainteté de Dieu va être au cœur de ce que Dieu veut apprendre au peuple d’Israël par la suite : on ne s’approche pas de lui n’importe comment, sous peine de se brûler. Dieu demandera un temple avec des étapes, des sas, des restrictions, pour le souligner : on ne s’approche pas n’importe comment du Créateur, du Roi pur et puissant.

7 Le SEIGNEUR continue : « J’ai vu la misère de mon peuple en Égypte. Je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs égyptiens. Oui, je connais ses souffrances. 8 Je suis donc descendu pour le délivrer du pouvoir des Égyptiens. Je veux l’emmener d’Égypte dans un pays beau et grand qui déborde de lait et de miel. C’est le pays des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizites, des Hivites et des Jébusites. [en évoquant les peuples, il dessine le contour des régions qui formeront le pays] 9 En effet, les cris des Israélites sont montés jusqu’à moi, et j’ai vu aussi comment les Égyptiens les écrasent. 10 Alors maintenant, je t’envoie vers le roi d’Égypte. Va et fais sortir de son pays les Israélites, mon peuple. »

Dieu ne s’étend pas sur sa sainteté, et il montre vite sa compassion. Il voit, il entend, il connaît les souffrances de son peuple – alors il va agir (il va « descendre »), et il va agir par l’intermédiaire de Moïse.

Il va libérer Israël de l’esclavage, pour le faire entrer dans un pays où le peuple pourra être souverain, et vivre librement sa relation avec Dieu. C’est un projet d’abondance que Dieu a : abondance visible, matérielle (le lait et le miel symbolisent la richesse des terres), mais aussi abondance spirituelle (la liberté, la joie, la justice, la paix…).

C’est un projet qui en annonce un autre, plus global : le salut en Jésus. Toute sa vie, et jusque dans sa mort, il œuvrera pour libérer de l’esclavage, et du pire qui soit : l’esclavage du péché, ce mal en nous qui nous empêche de vivre vraiment, dans la présence de Dieu. Le salut, c’est cette vie abondante dans la présence de Dieu, que nous commençons à vivre par la foi, mais dont nous attendons le plein accomplissement, lorsque Dieu aura instauré justice et paix dans ce monde.

Dieu intervient, non pas parce qu’Israël est un peuple particulièrement attendrissant, mais parce qu’il y a plusieurs siècles, Dieu a fait une promesse. Une promesse à Abraham, Isaac, et Jacob. La promesse d’un pays, la promesse de la vie avec lui. Il a fallu du temps pour accomplir cette promesse pour des raisons qui nous échappent. Mais maintenant, Dieu se montre fidèle à sa promesse, à sa parole, à l’alliance conclue avec les ancêtres de Moïse.

11 Moïse répond à Dieu : « Moi ? Est-ce que je suis capable d’aller trouver le roi d’Égypte pour faire sortir les Israélites de son pays ? » 

12 Dieu lui dit : « Je serai avec toi. C’est moi qui t’envoie. Voici la preuve : quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple d’Israël, vous me servirez sur cette montagne. » 

13 Moïse dit à Dieu : « Bon ! Je vais donc aller trouver les Israélites. Je leur dirai : “Le Dieu de vos ancêtres m’envoie vers vous.” Mais ils vont me demander ton nom. Qu’est-ce que je dois répondre ? » 

14 Dieu dit à Moïse : « JE SUIS QUI JE SUIS. Voici ce que tu diras aux Israélites : “JE SUIS m’a envoyé vers vous.”  » 15 « Puis tu leur diras encore : “Celui qui m’a envoyé vers vous s’appelle LE SEIGNEUR. Il est le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.” C’est mon nom pour toujours. C’est le nom par lequel vous pourrez faire appel à moi de génération en génération. »

Moïse va jouer un rôle clef dans le projet de libération que Dieu a élaboré. Mais il doute, moitié par politesse (oh non, c’est trop d’honneur… qui suis-je ?…), moitié parce qu’il n’est pas le héros idéal ! Déjà avancé en âge, exilé depuis quarante ans, meurtrier (un meurtre n’a pas vraiment de délai de prescription !), il n’est pas à la hauteur.

Dieu répond avec une promesse : je t’accompagne, et un signe : tu vas y arriver, et quand tu auras accompli cette mission, tu seras avec le peuple, sur cette montagne-même où nous parlons, et vous inaugurez votre liberté avec une célébration qui sera le début d’une nouvelle ère.

Pour rassurer encore Moïse, Dieu précise son nom : Je suis. La forme utilisée dans le texte est ambiguë : ça peut vouloir dire « je suis » ou « je fais être, je crée ». Pour Dieu, qui est la source de toute vie, les deux marchent ! Puisqu’il est, puisqu’il crée, aucun obstacle n’est définitif. Dieu appelle ainsi Moïse au courage et à la confiance : allez ! on y va !

Moïse ne dira pas « je suis » aux Israélites, il dira « il est » avec les lettres qui forment le mot « yahvé », qu’on reprend parfois pour désigner Dieu. Dans ce nom, on sent la majesté de Dieu – il est. Il est saint, Il est compatissant, Il est avec nous.

            Une foi aux mille nuances

C’est ce Dieu-là que nous révèle Jésus : un Dieu impressionnant, un Dieu au cœur ardent, un Dieu très haut qui se fait très proche. Il a la vision panoramique du monde entier, avec ses univers qui nous restent inconnus, et en même temps, il nous entend et nous connaît. Et c’est avec ce Dieu-là que Jésus nous invite à vivre. Un Dieu dont la justice colore l’amour, dont la compassion fait vibrer la sainteté, un Dieu riche et profond. Comme la lumière blanche où se conjuguent les nuances des couleurs que nous connaissons, révélées dans un arc-en-ciel…

Nous sommes souvent touchés plutôt par un aspect de Dieu (Dieu est saint, Dieu est amour, Dieu est la vérité, Il est juste, artisan de paix…), parfois au détriment des autres. Mais le risque c’est de passer à côté du reste, et de rétrécir Dieu, comme on rétrécirait un arc-en-ciel à une seule couleur. Dieu est riche en nuances ; du coup, notre relation avec lui doit refléter ces différentes nuances pour être riche et authentique.

Par exemple, nous disons souvent « Dieu est amour ». C’est vrai. Mais parfois nous finissons par dire : « Dieu n’est qu’amour » – or il est aussi le Dieu saint, juste et vrai. Sa sainteté appelle notre crainte et notre respect, car nous sommes indignes, indignes de nous approcher du Créateur ! Mais Jésus a assumé cette indignité, et lorsque nous croyons en lui, nous pouvons utiliser son nom pour approcher Dieu, comme avec un laissez-passer : je connais le fils du patron ! Mieux, je suis son frère adoptif !  Mais Dieu reste le même, il est saint. On ne s’approche pas de lui comme d’un copain, ou d’un égal, même s’il nous aime. Il n’est pas à notre service, même s’il vient à notre secours. Et venir à lui, dans la prière, c’est dire d’abord : que ta volonté soit faite. Passe en premier. Qu’il n’y ait dans ma bouche aucune parole qui te déplaise, par mes mains aucun geste indigne, dans mes pensées aucun vice ni mensonge. Que ce qui doit brûler en t’approchant se détruise… Ce n’est pas une crainte peureuse qui nous habite, mais un respect admiratif, impressionné, humble devant la grandeur de Dieu…

Cela dit, n’insister que sur la sainteté de Dieu, c’est négliger les trésors de patience qui l’habitent. Négliger sa compassion et sa grâce : Il a pris l’initiative de nous sauver sans autre raison que son amour pour nous, sans que nos « mérites » y soient pour quelque chose. Et il continue ! Nous vivons dans la grâce de Dieu. Chaque jour, il renouvelle son pardon, et il œuvre pour nous transformer, par son Esprit qui habite en nous.

Voilà juste quelques couleurs sur l’arc-en-ciel de Dieu, mais rien que ces qualités-là interrogent : comment va votre relation avec Dieu en ce moment ? Y a-t-il une dimension de Dieu que vous avez oubliée récemment, ou des textes bibliques que vous évitez parce qu’ils vous mettent mal à l’aise ? Qu’avez-vous besoin de redécouvrir dans votre relation avec Dieu ? Sa justice, sa patience ? Sa sainteté, sa compassion ? Sa grandeur, sa présence ? Prenons un moment de silence pour demander à Dieu de nous éclairer, et nous conduire dans une relation plus riche et plus profonde avec lui.