Vous êtes le corps du Christ (8/8) – Un témoignage évident

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Nous terminons aujourd’hui notre série tirée des questions posées à l’apôtre Paul lors de notre WE de rentrée, avec la question du rayonnement. Il est vrai que Paul parle peu des questions de mission, d’évangélisation, ou de service « social » aux non-chrétiens. On trouve beaucoup plus d’exemples pour réfléchir au rayonnement en contemplant l’exemple du Christ, qui allait sans cesse vers de nouvelles foules, répondant aux besoins de ceux qu’il rencontrait, des besoins tant spirituels, que relationnels, émotionnels ou physiques. Jésus prenait l’initiative d’aller vers les autres, pour leur offrir un salut global. Malgré tout, même si Paul ne met pas l’accent sur cette problématique, il l’évoque indirectement, par exemple dans le début de la 1e lettre aux Thessaloniciens.

Lecture biblique: 1 Thessaloniciens 1.1-10

1 Moi, Paul, avec Silas et Timothée, j’écris à l’Église de Thessalonique qui appartient à Dieu le Père et au Seigneur Jésus-Christ. Que Dieu vous bénisse et vous donne la paix !

2 Sans cesse, nous remercions Dieu pour vous tous et nous disons vos noms dans nos prières. 3 Devant Dieu notre Père, nous nous souvenons toujours de vous. Oui, votre foi est active, votre amour vous fait agir, et votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ est solide. 4 Frères et sœurs chrétiens, nous le savons, Dieu vous aime et il vous a choisis pour être à lui.5 En effet, la Bonne Nouvelle que nous vous avons annoncée n’est pas arrivée chez vous seulement en paroles, mais aussi avec la puissance et l’aide de l’Esprit Saint. De plus, nous étions sûrs de ce que nous disions. En effet, vous savez comment nous avons vécu parmi vous pour votre bien.6 Et vous, vous avez suivi notre exemple et celui du Seigneur : vous avez reçu la Parole dans de grandes souffrances, avec la joie donnée par l’Esprit Saint. 7 Ainsi, vous êtes devenus un modèle pour tous ceux qui croient, en Macédoine et en Akaïe. 8 En effet, c’est de chez vous que la parole du Seigneur est partie pour se faire entendre en Macédoine et en Akaïe. De plus, on sait partout que vous croyez en Dieu, nous n’avons donc pas besoin d’en parler.9 Les gens racontent en parlant de nous comment vous nous avez reçus chez vous et comment vous vous êtes tournés vers Dieu. Vous avez laissé les faux dieux, pour servir le Dieu vivant et vrai 10 et pour attendre que son Fils vienne des cieux. Ce Fils, c’est Jésus que Dieu a réveillé de la mort et qui nous délivre du jugement de Dieu, qui est proche.

Paul commence sa lettre par les formules d’usage : lui et ses collaborateurs saluent l’église de Thessalonique, qu’ils ont fondée lors du 2e voyage missionnaire de Paul dans le bassin méditerranéen, et Paul rappelle ce qui l’unit à cette église : p. ex. l’accueil qu’il a reçu chez les Thessaloniciens quand il leur a annoncé l’Évangile, leur joie, malgré les difficultés et l’opposition de certains groupes religieux. Il se rappelle que l’Esprit de Dieu était présent dans ces moments-là, appuyant les prédications, faisant son chemin dans les cœurs, suscitant une conviction chez les Thessaloniciens : Jésus sauve ! Et dans la façon que Paul a de parler de cette église, nous pouvons trouver quelques pistes quant au rayonnement de notre communauté.

  • Un témoignage… évident

Ce qui frappe, dans ce texte, c’est l’évidence. « Nous n’avons pas besoin de parler de votre foi, tout le monde en est au courant » (v.8) La foi des Thessaloniciens est une évidence, pour tout le monde. Des communautés se sont formées en Macédoine, en Achaïe, et même au-delà, sous l’influence des chrétiens de Thessalonique. La Grèce s’est couverte d’église, notamment parce que la foi, l’amour, l’espérance, étaient aussi visibles dans cette église que le nez au milieu de la figure, ou des fruits sur un arbre. Cette église rayonne : il n’y a pas besoin de se poser la question ou de faire une enquête – elle rayonne de foi, d’espérance et d’amour. C’est évident qu’elle est pleine de vitalité, qu’elle est saine, centrée sur le Christ, et missionnaire, tournée vers les autres.

Quel est le secret de ce rayonnement ? Il est peu probable que les Thessaloniciens aient organisé des événements d’évangélisation (quoique), mais il semblerait qu’ils soient entrés dans deux dynamiques. Premièrement, le soutien aux missionnaires, l’accueil de gens comme Paul, qui ont un ministère d’évangéliste – tous ne sont pas forcément appelés à aller parler sur la place du Capitole (de Toulouse), comme Paul aimait à le faire (à Athènes, etc.), mais tous peuvent agir en coulisses, l’accueillir, pourvoir à ses besoins, s’associer à ses démarches… Deuxièmement, Paul met l’accent sur leur conversion complète, leur abandon total d’une vie sans Dieu pour se centrer sur le Christ, qui devient le cœur de leur vie, la référence, la norme, le but de toutes leurs actions. Et il est clair qu’une vie focalisée sur le Christ, et sur rien d’autre interpelle les gens autour : si vous montrez que l’argent, la réussite, la popularité ou même votre propre personne n’est pas au centre de votre vie, mais que c’est Dieu, les gens seront interpelés. Sûrement que les Thessaloniciens, différents, expliquaient pourquoi ils avaient changé, sur leur lieu de travail, en famille, lors de voyages, dans les auberges, les rencontres inopinées.

Cela dit, Paul ne donne pas de détails. L’église rayonne : on ne sait pas comment, mais on voit cette lumière qui vient du Christ. Comme Paul ne donne pas de détails, on a l’impression qu’il n’y a pas de recettes pour partager ce que nous avons reçu. L’Evangile peut être vécu et annoncé de mille façons différentes, en fonction des opportunités, de la culture, des dons des uns et des autres… Ce qui compte, c’est que ce qui nous fait vivre soit évident aux yeux de tous. Notez qu’il ne s’agit pas de convertir les gens ! Mais que notre foi soit évidente : certains seront touchés, d’autres non, mais tous sauront que c’est Jésus-Christ, le centre de notre vie.

  • Un témoignage concret

Alors c’est bien d’avoir la foi, mais le risque, reconnaissons-le, est bien souvent de nous en tenir aux  (belles) paroles. Ce n’est d’ailleurs pas forcément par hypocrisie, mais peut-être parce que nous ne savons pas comment faire pour mettre en œuvre concrètement, notre foi, notre amour, notre espérance ?

C’est vrai qu’il est courant de considérer la foi en Jésus comme une croyance qui se rajoute à nos pensées, pour nous rassurer, nous apaiser, et c’est souvent perçu comme ça par notre entourage. Mais la foi n’est pas une opinion, c’est une rencontre. Une rencontre personnelle avec le Christ, une rencontre qui a changé notre vie, qui donne un nouveau sens, un nouveau but, de nouvelles valeurs. Cette rencontre n’est pas l’ajout d’un dossier dans notre disque dur : elle change le disque dur ! Elle change le système d’exploitation ! Et cela a nécessairement un impact sur la manière dont nous pensons, dont nous ressentons les choses, et, du coup, sur notre façon d’agir.

Alors comment ? Je l’ai dit, Paul ne donne pas de recette. Cela étant, il insiste sur les fruits, sur ce que produit notre rencontre avec le Christ. Il y a une part qui nous échappe dans la croissance de ces fruits : c’est l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous, qui heureusement prépare le chemin de l’intérieur, nous éclaire, nous réoriente. Mais il y a aussi une part qui nous appartient. Si vous avez un arbre fruitier chez vous, vous ne tirez pas sur les bourgeons pour faire pousser les fleurs (ça ne vous appartient pas) mais vous ne restez pas sans rien fait : vous coupez les branches trop nombreuses, vous veillez à la nature du sol, éventuellement vous mettez un peu d’engrais, et de quoi protéger l’arbre de ses prédateurs.

De la même façon, pour notre vie, pour nos fruits, même si la sève de l’Esprit de Dieu agit en nous, nous avons la responsabilité de nous impliquer dans le processus. D’abord par la prière – Seigneur, fais pousser les fruits ! Ensuite en sautant le pas : vous voulez mettre en œuvre votre amour, votre foi ? Engagez-vous ! Impliquez-vous, c’est le seul moyen ! Car on apprend en faisant, on aime en aimant, on croit en faisant confiance… Engagez-vous ! Pas forcément dans l’église, pas forcément dans une activité spectaculaire, mais faites un pas vers les autres, même si c’est un petit pas, faites-le – p. ex., un petit défi pour vivre plus d’amour : chaque dimanche à l’église, saluez une personne que vous ne connaissez pas, ou invitez une personne seule pour le café. Ou demandez des nouvelles de ce voisin que vous n’aimez pas trop, de ce collègue, priez pour lui, intéressez-vous à lui. Ou pour le témoignage, le lundi à 9h, quand on vous demande comment vous avez passé le WE, une simple petite phrase : « eh bien, je suis allé au culte, et ça m’a apporté ça ». Il ne s’agit pas de saouler les gens, mais de concrétiser dans notre quotidien ce qui nous fait vibrer : la vie avec Dieu.

  • Un témoignage orienté

Pourquoi chercher à grandir ? Pourquoi chercher à mettre en pratique ce que nous vivons dans notre âme ? Pour être crédibles, oui. Cohérents. Témoins des merveilles qui découlent de notre rencontre avec le Christ, oui. Pour progresser, oui. Mais aussi parce que nous avons un but, une espérance. Nous attendons le retour du Christ ressuscité.

Bien souvent on imagine que l’espérance chrétienne, cette espérance d’un monde juste, pacifique, rempli d’amour et de joie, nous détourne des réalités présentes. C’est ce que disait Marx : la religion est l’opium du peuple. La religion détourne les gens du présent en leur faisant miroiter un avenir idyllique, pour leur faire supporter une vie douloureuse sans qu’ils ne se rebellent. Et nous lui avons souvent donné raison, malheureusement.

Cependant, ce n’est absolument pas la perspective biblique ! Pour Jésus, Paul et tous les apôtres, si nous savons où nous allons, même si c’est très loin, plus loin que l’horizon, si nous savons où nous allons, notre chemin change dès le prochain pas que nous faisons. C’est logique : si vous voulez aller à Pau en voiture, vous n’allez pas rester à tourner autour de la rocade, ni prendre la direction d’Albi ! Vous prenez l’autoroute vers Tarbes, ou vous passez par Auch, mais dans tous les cas, vous prenez une décision dès la sortie de Toulouse.

L’espérance que nous donne le Christ donne un but, un sens à notre vie (littéralement), qui oriente dès aujourd’hui notre quotidien. Il ne s’agit pas de gagner quelque chose – nous avons tout en Christ ! Mais de laisser la vie de Dieu inspirer notre existence. Laisser les projets de Dieu orienter nos projets.

Et si vous avez bien suivi, c’est forcément concret ! Si nous attendons un monde juste, eh bien nous recherchons la justice dès aujourd’hui, parce que c’est dans cette direction que nous allons. Si nous attendons la paix, nous saisissons aujourd’hui l’occasion de pardonner. Si nous attendons l’amour, nous prenons soin aujourd’hui de nos prochains – ceux qui nous entourent, ou des « lointains » que nous faisons entrer dans nos vies, comme les enfants que l’on parraine ou les étrangers que l’on rencontre.

Nous vivons aujourd’hui à la lumière de demain, par la foi. Nous visons tout à la lumière de la demain : la politique, le travail/ ou le chômage, les amitiés, la famille, le couple : tout peut prendre sens avec l’espérance que Jésus nous donne.

Conclusion

Alors n’hésitons pas à contempler ce que Dieu nous promet : que ces promesses nous renouvellent dans notre foi, inspirent nos décisions, nos projets et nos choix, et qu’à chaque pas, nous apprenions à vivre  un peu plus comme le Christ, grâce à l’Esprit, dans l’amour et la vérité. Que l’espérance de demain se concrétise dans notre aujourd’hui, avec de plus en plus d’évidence, pas pour être des extra-terrestres, mais pour être porteurs de vie, de sens, et d’espérance.

Nous sommes le corps du Christ. Chacun, ensemble, l’image de ce que Dieu a accompli – il nous a libérés, de ce que Dieu fait – il nous transforme, de ce que Dieu va faire – et c’est indescriptible.




Vous êtes le corps du Christ (7) Pour une croissance équilibrée

 

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Nous poursuivons notre série de prédications en réponse aux « questions à l’apôtre Paul » posées lors de notre week-end d’Eglise. Nous avons rassemblé en une seule deux questions qui se complètent :
Comment l’Eglise se prépare-t-elle à la seconde venue de Jésus ?
Est-il possible d’atteindre la perfection du Christ ?

Dans ces deux questions, on s’interroge sur la dynamique spirituelle de l’Église dans la perspective du retour de Jésus. Comment l’Église et les membres qui la composent peuvent-ils progresser vers la perfection, le modèle parfait du Christ ?

En réalité, on aurait pu y adjoindre une troisième question issue de notre week-end, une question qui a sans doute été posée par une femme : « L’Église évangélique libre de Toulouse, est-ce Frankenstein ou George Clooney ? » Si on considère Georges Clooney comme la perfection (messieurs, vous pouvez changer le nom par qui vous voulez… de plus féminin !) et Frankenstein comme le monstre, on peut imaginer que la question demande où nous nous situons entre les deux ! Et comment nous pouvons devenir de moins en moins Frankenstein et de plus en plus Georges Clooney !

Pour répondre à cette question, je vous propose de lire Ephésiens 4.11-16 :

11Voici les « dons » que le Christ a faits : les uns ont reçu le don d’être apôtres, ou bien d’être prophètes, ou bien d’annoncer la Bonne Nouvelle. D’autres ont reçu le don de conduire le peuple de Dieu, ou encore d’enseigner. 12Par ces dons, le Christ a voulu former ceux qui appartiennent à Dieu. Ainsi, ils peuvent accomplir leur service de chrétiens pour construire le corps du Christ. 13Alors tous ensemble, nous aurons peu à peu une même foi et une même connaissance du Fils de Dieu. Finalement, nous serons des chrétiens adultes et nous atteindrons la taille parfaite du Christ. 14Nous ne serons plus des bébés. Nous ne ressemblerons plus à un petit bateau poussé dans tous les sens par les vagues de la mer. Nous ne serons plus emportés de tous les côtés par le vent des idées fausses. Les gens ne nous tromperont plus avec leurs mensonges habiles. 15Mais en disant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ. 16C’est par lui que toutes les parties du corps tiennent ensemble et sont unies. Beaucoup d’articulations servent à unir le corps, et quand chaque partie du corps fait son travail, le corps grandit et se construit lui-même dans l’amour.

Au cœur de ce texte, il y a l’image de l’Église comme un corps, qui était bien le fil rouge de notre week-end d’Eglise. Mais avec une particularité dans l’usage de la métaphore, par rapport à 1 Corinthiens 12 par exemple : ici, le corps est en croissance. Il s’agit de ne plus être des bébés mais de grandir pour atteindre l’âge adulte : « Nous ne seront plus des bébés (v.14)… mais nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ (v.15). »

Bien-sûr, nous n’atteindrons jamais la perfection du Christ. C’est une évidence ! Mais nous sommes bien appelés aujourd’hui à la croissance. Voilà ce que nous devons faire dans l’attente du retour de Jésus : grandir !

1. Aucune croissance n’est possible sans le Christ

La première évidence à souligner, c’est qu’aucune croissance n’est possible sans le Christ. Il suffit de voir l’omniprésence de Jésus dans l’argumentation de Paul : c’est le Christ qui accorde ses dons à son Église (v.11), c’est par ses dons que se construit l’Église (v.12), c’est par lui que se fait l’unité de la foi (v.13a), c’est lui qui est le modèle (la stature parfaite du Christ, v.13b), c’est lui qui est la tête vers qui tendre (v.15), c’est par lui que le corps garde sa cohésion (v.16)…

Le Christ est, bien-sûr, le modèle à suivre, la tête vers laquelle tendre. Mais pas seulement. Il est aussi la source de toute croissance. C’est lui qui pourvoit aux besoins de son Église et qui assure la cohésion de l’ensemble. Il y a là la double dynamique de toute croissance spirituelle : avoir Jésus-Christ comme modèle ET comme source.

Jésus est notre modèle. Il est le maître, nous sommes ses disciples. Notre désir, c’est de lui ressembler. Avoir son amour envers tous, sa compassion envers ceux qui souffrent, sa fidélité à Dieu son Père, son courage et à propos dans ses controverses avec les Pharisiens, sa grâce même envers ses ennemis… Et si nous voulons l’avoir comme modèle, nous ne devons pas cesser d’approfondir notre connaissance de sa vie, son œuvre, son enseignement.

Mais Jésus n’est pas seulement un modèle auquel nous nous efforçons de ressembler. Il est, aujourd’hui, la source de notre croissance. Notre croissance, c’est son oeuvre en nous !

Trop souvent, on croit, ou on vit sa vie chrétienne comme si notre croissance spirituelle dépendait de nos efforts ! On s’astreint à une discipline, on s’enferme dans des interdits et des obligations… et plus on souffre, plus on se heurte à des frustrations, plus on pense qu’on est en train de grandir spirituellement ! Alors que la clé de notre croissance spirituelle se trouve dans la communion avec le Christ vivant.

C’est bien ce que Jésus a dit quand il s’est comparé à une vigne :

« Restez attachés à moi, comme moi je reste attaché à vous. Un sarment ne peut pas donner de fruits tout seule, il doit rester sur la vigne. De la même façon, vous ne pouvez pas donner de fruits, si vous ne restez pas attachés à moi. Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Si quelqu’un reste attaché à moi comme je suis attaché à lui, il donne beaucoup de fruit. En effet, sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15.5)

Tout est dit ! C’est en restant attaché au Christ, comme les sarments au cep, que nous porterons du fruit. C’est dans la communion au Christ que nous trouverons la source de notre croissance spirituelle. C’est du cep que provient la sève qui nous fait grandir en tant que sarment. Sans lui, nous ne pouvons rien faire.

Je ne dis pas, bien-sûr, que la vie de disciple du Christ est une promenade de santé. Jésus nous a averti en disant que le disciple n’est pas plus grand que son maître et que comme il a été persécuté, ses disciples le seront aussi. Il invite ceux qui le suivent à se charger de leur croix.

Je dis simplement que nous avons tout intérêt à privilégier une compréhension positive de la croissance, comme découlant de la communion avec le Christ, plutôt que de nous enfermer dans une spiritualité de contraintes et de frustrations.

2. Une croissance équilibrée

La croissance dont parle Paul ici implique principalement deux choses : ne pas rester des bébés (v.14) et grandir en tout (v.15). Autrement dit, devenir des adultes dans la foi grâce à une croissance équilibrée.

Il s’agit d’abord de ne plus être des bébés (v.14) ! Le terme grec qu’on trouve ici désigne les petits enfants et est parfois utilisé de façon imagée pour parler de personnes ignorantes. Ce qui caractérise les bébés de ce verset, c’est l’instabilité, la vulnérabilité. Paul les compare à un petit bateau ballotté par la mer, incapable de tracer sa route mais allant de droite et de gauche au gré des vagues.

Si on manque de maturité spirituelle, il est facile de se laisser emporter par les vagues des théologies dominantes, ou d’être portés par les vents des Églises, ou des prédicateurs à la mode. Mais sans réflexion, sans discernement… ça peut donc être pour le meilleur comme pour le pire !

Être adulte spirituellement, c’est arriver à suivre sa route malgré les vents contraires et les tempêtes. C’est arriver à garder l’équilibre : parfois se laisser porter par le vent, parfois y résister, parfois surfer sur la vague, parfois fendre les vagues.

Car c’est bien l’équilibre qui est à rechercher, avec une croissance harmonieuse :

« En disant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ » (v.15)

Grandir en tout c’est chercher à développer sa vie chrétienne dans tous les domaines. Dans la connaissance de Dieu et sa Parole. Dans un comportement à l’image du Christ. Dans une piété personnelle et communautaire profonde. Dans le témoignage de l’Évangile. Dans l’amour du prochain…

Et la clé pour tout cela, c’est de « dire la vérité avec amour ». En grec, « dire la vérité » c’est un seul verbe (alêtheuô), qui n’apparaît que deux fois dans le Nouveau testament. On pourrait le traduire par « dire, professer ou maintenir la vérité » voire même par « agir, vivre en vérité ».

On peut donc dire que la double énergie qui permet une croissance spirituelle harmonieuse, c’est la vérité et l’amour. L’équilibre entre les deux est essentiel. Il y a des chrétiens, et des Églises, qui au nom de la vérité, haïssent, rejettent ou méprisent. Et d’autres qui, au nom de l’amour, relativisent et acceptent tout et n’importe quoi. Mais la vérité sans amour est-elle encore la vérité ? Et de même pour l’amour sans vérité…

D’ailleurs, amour et vérité convergent dans la personne de Jésus. N’est-il pas, lui-même, la vérité ? N’a-t-il pas défendu la vérité de Dieu face aux chefs religieux de son temps ? En même temps, n’a-t-il pas accueilli tous ceux qui venaient à lui, n’a-t-il pas témoigné de la compassion envers tous, y compris ceux que tous rejetaient ou méprisaient ?

La vérité et l’amour sont-elles bien les deux énergies qui nous animent, qui président à nos relations dans l’Église, qui motivent nos choix dans nos vies ?

Conclusion

Alors, sommes-nous Frankenstein ou Georges Clooney ? Sans doute un peu entre les deux… Que faire donc pour tendre plus vers Georges Clooney ? Ou plutôt, à vrai dire, pour tendre vers le modèle parfait du Christ ?

Grandir. Tout simplement. Chacun personnellement et ensemble en tant qu’Eglise. Grandir avec le Christ comme modèle ET comme source, animés par la vérité ET l’amour. Et ainsi nous serons des chrétiens adultes, qui tendent vers la stature parfaite du Christ. Alors, comme le dira Paul au chapitre suivant de cette épître, il nous accueillera au dernier jour tel qu’il aura rendu son Église, comme une épouse « pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans aucun défaut. » (Ephésiens 5.27).