Archives mensuelles : octobre 2015

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Une communauté chrétienne attirante

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/une-communaut-chr-tienne

Actes 2.42-47
42Régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l’enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble. 43Les apôtres font beaucoup de choses extraordinaires et étonnantes, et les gens sont frappés de cela. 44Tous les croyants sont unis et ils mettent en commun tout ce qu’ils ont. 45Ils vendent leurs propriétés et leurs objets de valeur, ils partagent l’argent entre tous, et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire. 46Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. 47Ils chantent la louange de Dieu, et tout le peuple les aime. Et chaque jour, le Seigneur ajoute à leur communauté ceux qui sont sauvés.

Nous sommes au lendemain de la Pentecôte. La première communauté chrétienne est tout feu tout flamme ! Il faut dire que le feu vient juste d’être allumé… C’est donc une Église au top de la vitalité ! Elle peut sans aucun doute nous inspirer aujourd’hui encore.

Or, qu’apprend-on de cette première communauté chrétienne ? Que faisait-elle ? Quatre éléments sont évoqués : l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain, les prières.

Dit comme ça, c’est un peu formel. On pourrait le comprendre ainsi : on écoute la prédication, on se rassemble pour le culte, on célèbre la Sainte-Cène et on va à la réunion de prière. Et ça vous donne envie, ça ?

La traduction Parole de Vie, en Français fondamental, est intéressante ici pour rafraîchir la perception de ce qui est dit : « Régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l’enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble. » (v.42)

C’est beaucoup plus vivant. On évoque une communauté qui vit ensemble, un peu comme une famille : ils vivent comme des frères et des sœurs. Et dans la famille, qu’est-ce qu’on fait ? On se rassemble autour des anciens, pour entendre leurs histoires. On passe du temps ensemble, on mange ensemble… et comme c’est une famille spirituelle, on prie ensemble. C’est vivant !

Ce qui me frappe dans ce descriptif, c’est le naturel et la simplicité. L’Église n’était pas encore structurée. Même le fait de vendre ses biens pour en partager le fruit entre tous semble spontané. Tout se passe naturellement, dans le quotidien : « Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. » (v.46).

L’essence de l’Église n’est pas dans ses structures mais dans ses relations. Une relation authentique avec le Christ. Des relations vraies les uns avec les autres. Et qu’est-ce que ça produit ? Une Église rayonnante. Le peuple les aime. Et chaque jour de nouvelles personnes s’ajoutent à la communauté.

Voici la leçon de ce texte : pour être une communauté chrétienne attirante, l’Église doit être une famille où règne l’amour fraternel

Aimez-vous les uns les autres !

Parmi les dernières instructions de Jésus à ses disciples, avant d’être arrêté, il leur a donné ce commandement : « Ayez de l’amour les uns pour les autres. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. » (Jean 13.35).

Ce qui nous est décrit dans notre texte est en écho direct à ces paroles de Jésus. Il règne un véritable amour les uns pour les autres, et ça se voit de l’extérieur. Les gens voient qu’il se passe quelque chose dans cette communauté.

Dans le commandement de Jésus, il y a à la fois l’appel à l’amour les uns pour les autres et la promesse que cet amour sera, en lui-même, un témoignage pour le monde : « Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. »

Mais pour cela, il faut que l’Église ne soit pas un bunker ou un camp retranché mais un lieu ouvert, une communauté visible. Pour que les gens voient quel amour nous anime. Il ne faut pas que cet amour s’exerce en vase clos mais qu’il s’exprime aussi envers l’extérieur. Et il faut surtout qu’il y ait un véritable amour entre nous !

Ce ne sont ni les bâtiments, ni les structures, ni l’histoire, la tradition ou la liturgie d’une Église qui sont déterminants. Mais l’authenticité de la foi, qui se traduit dans un amour vrai. L’expression concrète, dans nos relations, de l’amour de Dieu à l’oeuvre en nous. Ce sont les gens qui la composent qui rendront la communauté attirante… ou repoussante.

On ne choisit pas sa famille

Un autre aspect souligné dans notre texte c’est le caractère familial de l’amour évoqué. Ils vivaient ensemble comme des frères et des sœurs.

Qu’est-ce qui est à la base de l’amour fraternel ? C’est l’appartenance à une même famille. C’est d’ailleurs vrai pour toutes les familles, y compris les familles recomposées. On ne choisit pas ses frères et ses sœurs. On choisit ses amis, mais pas sa famille.

Mais on aimerait parfois que l’Église soit faite plutôt d’amis que de frères et sœurs… On choisit son Église, on choisit ceux qu’on va aimer dans l’Église, ceux qu’on va considérer comme nos frères et nos sœurs, et on oublie les autres.

Comment considère-t-on notre Église ? Comme un cercle d’amis chrétiens ? Comme un club d’adorateurs de Jésus-Christ ? Il y a des clubs de rugby, de jeux de société ou de tricot. Pourquoi pas l’Église comme club d’adorateurs de Jésus-Christ, juste rassemblés par un centre d’intérêt commun ?

Le Nouveau Testament nous invite à considérer l’Église, notre Église, comme une expression locale de la famille de Dieu. Unis par un même Père, notre Dieu. Frères et sœurs, tous adoptés, unis avec le seul Fils « naturel », Jésus-Christ. Ca n’exclut pas les affinités particulières, les amitiés avec certains et pas d’autres. Mais ça nous rappelle que notre unité ne naît pas de nos affinités mais de notre appartenance à Jésus-Christ !

C’est cette famille-là que formaient les premiers croyants à Jérusalem.

Plus qu’une Église du dimanche

Un dernier point à souligner se trouve dans le verset 46 « Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. »

Chaque jour… Vous me direz qu’il y avait sans doute l’enthousiasme du début et qu’il est difficile, et même impossible, aujourd’hui de faire la même chose, avec nos rythmes de vie, notre travail, notre vie de famille. Et vous avez raison !

Il n’empêche. Ce « chaque jour » nous interpelle. Sans aller jusque-là, avouons qu’on peut difficilement justifier bibliquement la pratique de « l’Église du dimanche » ! Comment être véritablement une famille spirituelle en ne se voyant, au mieux, qu’une fois par semaine pendant 1 heure 30 ou 2 heures ? C’est impossible.

Il faut, bien-sûr, trouver notre propre rythme, adapté à nos diverses obligations et notre réalité moderne. Mais on ne peut pas se contenter du minimum syndical : le culte du dimanche matin…

Trouvons des solutions pour que notre communion fraternelle s’étende au-delà du dimanche. Soyons créatifs, prenons des initiatives, profitons de ce qui existe, inventons d’autres choses.

Conclusion

J’aimerais revenir à l’impression globale produite par ce texte : sa spontanéité et son naturel. On n’est pas du tout dans la contrainte : il faut qu’on s’aime les uns les autres, et on se culpabilise parce qu’on ne le fait pas assez !

On n’y arrivera pas comme ça ! En réalité, c’est par le Saint-Esprit que les premiers chrétiens ont été amenés, naturellement, à vivre une réelle communion fraternelle. Et ainsi être un communauté attirante.

Si nous cultivons, chacun et ensemble, notre communion avec Dieu par le Saint-Esprit, alors notre communion fraternelle sera naturellement vivante. Et nous vivrons vraiment l’Église comme une une famille, une communauté bienfaisante. Ça doit être notre prière !

L’ouverture sur l’extérieur

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/louverture-sur-lext-rieur

Lecture biblique: Actes 1.3-8

Indice de Vitalité n°5

Nous sommes après la résurrection de Jésus, à la fin des 40 jours avec ses disciples. Jésus va partir, monter au ciel, c’est l’Ascension, mais avant cela il laisse aux disciples une parole forte : vous recevrez le Saint Esprit, promis par les prophètes de la part de Dieu – c’est la Pentecôte, qui se produira 10 jours plus tard. Avant de faire quoi que ce soit, les disciples doivent attendre l’Esprit puis, ils pourront aller de plus en plus loin, de Jérusalem à la Judée, à la Samarie, cette région voisine mal aimée des Juifs, et jusqu’au bout du monde, au plus loin dans le monde connu, et le livre des Actes va raconter comment les apôtres vont de Jérusalem, à la Judée, à la Samarie, aux régions voisines, jusqu’à attendre la capitale du monde méditerranéen, Rome. Le livre des Actes s’arrête avec le discours de Paul à Rome, montrant que cette dernière parole de Jésus s’est bien accomplie.

1)   L’Esprit, moteur pour suivre le Christ    

Ce qui est premier, dans ce que dit Jésus, c’est la venue de l’Esprit. Le Saint Esprit, troisième personne de la Trinité divine, est assez difficile à se représenter, parce qu’il n’a pas de « visage », comme le Fils incarné en Jésus ou même Dieu le Père que l’on se représente plus ou moins. Jésus parle d’une force, ou, dans d’autres traductions, d’une puissance. Je trouve que c’est parfois mal compris, comme un ensemble de pouvoirs – en fait, le terme original a donné « dynamique », « dynamo » en français, et je me dis que le Saint Esprit c’est, plus qu’un pouvoir qui nous serait ajouté, un moteur qui va nous mettre en route (diapo) – comme il a mis en route les disciples pour parcourir le monde jusqu’à la Rome.

L’Esprit, moteur pour suivre le Christ. Le Saint Esprit a plusieurs cordes à son arc, mais une de ses spécificités, c’est qu’il est Dieu en nous pour nous aider à suivre le Christ, à lui ressembler, à développer le caractère et les priorités de Dieu. C’est le fameux fruit de l’Esprit, dans la lettre aux Galates, l’Esprit produit en nous : amour, joie, paix, patience, bienveillance, etc. à l’image de Dieu (Ga 5.22-23). C’est lui qui nous fait adopter l’attitude que Jésus décrit dans les Béatitudes (Mt 5) : heureux les doux, ceux qui ont soif de justice, ceux qui œuvrent à la paix, etc.

Le Saint Esprit nous transforme de l’intérieur, non seulement dans notre caractère (à ne pas confondre avec la personnalité mais je ne vais pas rentrer dans ce sujet aujourd’hui), mais aussi dans nos priorités. Il nous met en route comme il a conduit Jésus à parcourir les chemins pour annoncer l’amour de Dieu, la bonne nouvelle du salut. Se mettre en route, c’est s’ouvrir, oser aller à la rencontre des autres, c’est s’intéresser à l’autre, s’adapter, servir, aimer, et c’est l’Esprit en nous qui nous pousse, comme un moteur qui nous met en route sur les pas du Christ.

2)   L’appel à élargir ses perspectives

De même que le Christ ne s’est pas soucié d’établir le royaume politique d’Israël dans un espace confiné mais s’est consacré à chercher le règne spirituel de Dieu, dans les cœurs, de même l’Esprit élargit nos perspectives. Il ne s’agit pas d’être ici, cloisonné, renfermé sur ma petite expérience, ou notre petite expérience, mais de prendre de la hauteur pour s’inscrire dans les projets de Dieu pour le monde, avec ses valeurs et ses priorités – et pour s’élever, s’ouvrir, nous avons bien besoin de ce souffle qui vient de Dieu.

                     Participer à l’œuvre de Dieu dans l’Eglise universelle

Adopter le point de vue de Dieu, c’est prendre conscience que le peuple de Dieu dépasse notre communauté, notre ville ou notre Union (diapo). Dieu est à l’œuvre dans le monde entier, Dieu appelle dans le monde entier, Dieu sauve de lointains inconnus qui deviennent nos frères et nos sœurs par leur foi en Jésus-Christ. Voir le monde comme Dieu le voit, c’est comprendre la solidarité de cette famille en Christ dans laquelle nous serons pour l’éternité. Ca implique plusieurs éléments : prier pour les chrétiens en détresse, notamment ceux qui sont persécutés pour leur foi, leur venir en aide autant que possible – et pour ça nous avons la chance d’avoir des associations qui facilitent cette solidarité, comme p. ex. Portes Ouvertes ou le SEL. Notre solidarité avec les chrétiens n’est pas une option : laisseriez-vous dans la détresse votre frère pris en otage ? Laisseriez-vous mourir de faim ou de désespoir votre nièce ? Les liens spirituels qui nous unissent aux autres chrétiens sont des liens éternels, qui nous engagent dès aujourd’hui.

Participer à l’œuvre spirituelle de Dieu, c’est aussi prendre à cœur l’annonce de l’Evangile dans le monde entier, soutenir l’œuvre des missions au près et au loin, avec le souci qui était celui du Christ que le plus grand nombre vive, que le plus grand nombre soit sauvé du mal et de la mort et découvre la bouleversante nouvelle de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. C’est soutenir les distributions de Bibles, les projets du SEL qui permettent à des enfants d’entendre parler de Dieu, etc. Le troisième critère Vitalité, c’était la détermination à annoncer l’Evangile : si on croit vraiment que, en Jésus, nous passons de la mort à la vie, alors comment pourrions-nous mettre des limites à cette annonce ? Bien sûr, il faut annoncer autour de nous ici, mais ailleurs aussi, pour que le plus grand nombre connaisse l’amour de Dieu.

                       S’engager pour le monde 

Adopter le point de vue de Dieu sur le monde, c’est non seulement prendre à cœur l’annonce de l’Evangile et la cause de l’Eglise, mais c’est aussi grandir dans la justice et la compassion (diapo). Une chose qui me frappe, dans les Evangiles, c’est que Jésus ne venait pas en aide seulement à ceux qui croyaient en lui : dans son immense amour, il a guéri, nourri, délivré des gens qui, finalement, l’ont abandonné, mais il l’a fait parce que son amour n’a pas de barrières, de murs. Ce n’était pas un échange : je te viens en aide si et seulement tu me suis – il s’est retrouvé seul à la Croix ! mais sans cesse il a donné, relevé, béni, ceux qui s’approchaient de lui. Le lien qui nous unit aux chrétiens du monde est un lien unique, mais qui ne nous dispense pas de nous engager pour ceux qui ne sont pas chrétiens. C’est aussi un témoignage – le témoignage d’un amour gratuit, qui s’offre comme le Christ s’est offert pour nous. Chaque être humain est image de Dieu, digne de notre respect, de notre compassion, de notre solidarité. Le Saint Esprit nous conduit à regarder chaque personne comme digne de la compassion de Dieu, et donc de la nôtre.

Il y a bien sûr ceux qui souffrent de pauvreté, les victimes de conflits, les réfugiés, les malades, les prisonniers, que les chrétiens ont de tout temps cherché à secourir, au nom de l’amour de leur Créateur. Mais j’aimerais évoquer un domaine d’engagement moins traditionnel : le climat. Vous savez peut-être qu’en décembre la France accueillera la prochaine conférence mondiale, donc c’est une question politique d’actualité. Mais le monde chrétien se mobilise aussi sur le climat : la Fédération Protestante de France, le pape avec son encyclique Laudato si, le Défi Michée sur la question du développement durable etc. La question des changements climatiques, et de notre responsabilité, n’est pas juste politique – en fait, derrière elle se cache une question de justice humaine, puisque les dégâts des changements climatiques pèsent sur les épaules des plus fragiles de notre Terre et entraînent p. ex. des sécheresses, des famines, des migrations… Nous en reparlerons en novembre avec un culte spécial, mais c’est juste pour dire que notre ouverture au monde au nom de la justice et de la compassion de Dieu nous entraîne sur des chemins de solidarité bien connus et sur d’autres que nous n’aurions pas imaginé mais dont l’importance est réelle.

3)   Enracinés ici et tournés vers l’extérieur : un équilibre à découvrir

L’Esprit de Dieu ouvre nos perspectives à 360° et nous envoie sur les chemins de l’amour et de la justice de Dieu, à tous les niveaux.

C’est beau, mais c’est très perturbant (diapo), parce que cette ouverture maximale, qui est celle de Dieu, nous dépasse, nous écartèle presque, et on a tendance à soit se lancer dans le grand large, avec le risque de l’activisme, soit à se reculer, à resserrer les barrières, parce que c’est trop, et parce que le quotidien nous presse. Evidemment, le nouveau cartable du fils qui rentre en CP paraît dérisoire devant cet enfant qui meurt de faim au Burkina ; cela étant, il faut bien un nouveau cartable. C’est vrai dans notre vie personnelle mais aussi dans notre vie d’église : si quelque chose ne va pas chez nous, même si ce n’est pas vital, il faut bien le régler – non seulement parce que notre négligence n’améliorera pas le sort des autres, mais en plus parce que ce que nous vivons ici est important aussi.

Comment s’ouvrir aux perspectives de Dieu en étant réaliste et sage ? Comment répondre aux exigences d’ici sans perdre de vue les exigences de là-bas ? Nos détails, si dérisoires sont-ils, sont devant nos yeux, urgents, pressants, et apparemment incontournables. Le mouvement que l’Esprit opère en nous, c’est de gérer ces détails comme des détails, en comprenant que l’essentiel est ailleurs. C’est choisir le cartable en gardant en tête l’enfant qui meurt de faim – ça influencera les critères de choix, le temps passé à choisir, le budget. Vivre pleinement ici en intégrant au maximum les projets de Dieu. C’est renoncer au dernier téléphone à la mode pour soutenir un projet de solidarité ou d’évangélisation. Au niveau de la communauté, revenir sans cesse aux priorités de Dieu doit aussi nous conduire à remettre les choses à leur juste place, à rechercher la sobriété – ce qui n’exclue pas la qualité ! –, parce que Dieu inscrit dans nos priorités le souci des autres, le souci des frères et sœurs chrétiens qui se battent ailleurs, le souci des hommes et des femmes porteurs de l’image de Dieu que l’on méprise, que l’on bafoue, que l’on torture. Même en restant à Toulouse, Dieu nous ouvre sur ses projets à lui.

Par rapport aux autres critères, puisque ce critère fait partie d’un ensemble qui dessine les bases de la vie chrétienne, vous voyez le lien avec la Parole de Dieu au centre et l’œuvre du Saint Esprit qui transforme nos vies ! Si nous connaissons mieux Dieu, nous connaîtrons mieux ses projets ! Si nous nous laissons transformer par son Esprit, et adoptons son caractère, ses valeurs, nous adopterons aussi ses priorités ! Si nous nous attachons à méditer par exemple la générosité du Christ qui a laissé de côté ses privilèges divins pour aller jusqu’à mourir en notre faveur, et que nous prions Dieu de nous rendre semblables par l’œuvre de l’Esprit en nous, alors nous aussi nous deviendrons peu à peu plus généreux ! Notre engagement commence ici, dans les cultes, les groupes de partage, les temps de prière, seuls et en groupes, il commence lorsque nous invitons Dieu à nous guider par le Christ et à nous propulser par l’Esprit – et ce que nous demandons à Dieu, la sagesse, la consécration, l’amour de ce qu’il aime, la justice, la compassion, il nous le donnera ! Pourquoi ne le ferait-il pas ? Approchons-nous de Dieu, ouvrons-nous à sa Parole, à son Esprit, laissons-nous conduire, entraîner, bouleverser, sur ces chemins où le Christ nous envoie et nous précède !

Prière :

Notre père qui es aux cieux, merci d’avoir créé ce monde et de l’aimer, avec ceux qui y demeurent. Quel monde merveilleux, étonnant, avec sa diversité de peuples, de cultures, de langues, qui chacun à sa manière portent ton image et reflètent ta gloire. Merci car le christ est mort sur la croix pour que la vie éternelle soit accessible à tous.

Nous voulons confesser que trop souvent, notre vision est limitée et que nous nous concentrons sur nous-mêmes, pensant que le monde tourne autour de nous. Viens élargir notre regard pour voir le monde avec tes yeux, permets-nous de commencer à percevoir tes projets pour les peuples. Aide-nous à entendre à nouveau la puissance de ta parole, source de vie pour nous et pour les autres. Apprends-nous à prier et à pleurer pour ce monde, comme Jésus a pleuré pour Jérusalem.

Envoie-nous hors de nos zones de confort et donne-nous la force et le courage de te servir dans le monde. Donne-nous l’ardent désir de prier pour ce monde, pour les autres, pour les gouvernements. Fais de nous une communauté qui s’ouvre, qui envoie, qui soutient tes serviteurs. Donne-nous aussi les ressources dont nous avons besoin pour te suivre, ressources spirituelles et matérielles.

Donne-nous la sagesse, la foi, l’espérance, pour discerner tes projets et les soutenir, pour aller dans le monde en témoins du Christ. Parce que tu es le Dieu qui vit et qui fait vivre, parce que tu nous as tout donné en Jésus-Christ et que nous voulons te répondre en nous donnant à toi : fais tomber nos murs, nos œillères, nos barrières, et transforme-nous par ton Esprit. Amen

Un entourage transformé par la compassion, la miséricorde et la justice

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/un-entourage-transform

Lecture biblique: Michée 6.6-8

Indice de Vitalité n°4

Ces versets sont sûrement parmi les plus connus du prophète Michée un prophète du 8e siècle avant Jésus-Christ, contemporain d’Esaïe. Michée dénonce, comme d’autres prophètes, la dégradation du peuple juif qui s’est détourné de Dieu et se conduit d’une manière intolérable. Michée leur dit par exemple, au ch.3 : « vous détestez le bien et vous aimez le mal, vous avez le droit en horreur et vous rendez la justice tortueuse ! » Cela se manifeste sur le plan spirituel, vis-à-vis de Dieu, mais aussi social, dans le peuple, sous la forme de corruption, vol, violences, mensonges etc. Dans notre chapitre 6, Dieu s’adresse au peuple comme dans un tribunal, pour les confronter à leur culpabilité, alors que lui, Dieu, n’a toujours fait que le meilleur pour son peuple. En réaction, le peuple se demande ce qu’il faut apporter à Dieu pour l’apaiser, pour lui plaire, pour combler le fossé qui s’est creusé, ce à quoi le prophète annonce de la part de Dieu : « Le SEIGNEUR te fait savoir ce qui est bien. Voici ce qu’il demande à tout être humain : faire ce qui est juste, aimer agir avec bonté et vivre avec son Dieu dans la simplicité. » Cette expression, Jésus la reprend à son époque face aux juifs pieux en disant, dans Mt 23.23 : « Quel malheur pour vous, maîtres de la loi et Pharisiens, car vous êtes des hommes faux ! Vous donnez à Dieu le dixième de certaines plantes, menthe, légumes et épices. Et vous abandonnez ce qu’il y a de plus important dans la Loi, c’est-à-dire la justice, la compassion et la foi. »

Ces versets, qui résument ce que Dieu attend de nous, évidemment nous interpellent aujourd’hui et nous ramènent à l’essentiel de notre vie avec Dieu : qu’est-ce ça veut dire d’aimer Dieu, de vivre avec lui, qu’est-ce que ça implique ?

1)   Comment plaire à Dieu ?        

J’aimerais revenir rapidement au début du texte que nous avons lu, pour voir ce que ça n’implique pas.

Le peuple se pose une vraie question : comment s’approcher du Dieu très-haut, tout-puissant, saint, parfait ? La distance qui sépare le Créateur tout-puissant de ses petites créatures limitées, une distance légitime, n’est jamais considérée comme un problème dans la Bible, qui dénonce la rupture causée par notre prétention à vivre sans Dieu, notre orgueil, comme si nous étions nous-mêmes notre Dieu, notre créateur.

Le peuple cherche du coup ce qui pourrait combler ce fossé : des sacrifices de qualité supérieure (comme des jeunes veaux brûlés entièrement pour Dieu), ou, si on se concentre sur la quantité, des milliers de béliers, des dizaines de milliers de torrents d’huile en offrande ? Ils envisagent même le sacrifice ultime, donner ce qui est le plus précieux pour un parent : son enfant, sa propre chair. L’ironie, c’est que cette proposition, en vogue à l’époque de Michée sous l’influence des religions étrangères, est à l’opposé de ce que Dieu veut, lui qui a formellement interdit à son peuple le sacrifice humain.

Face à cette surenchère d’offrandes possibles, la réponse est déconcertante : Dieu attend une vie simple, marquée par la foi, la justice et la compassion, ce que le peuple est censé savoir car ce sont les valeurs clefs de la Loi de Dieu. Cette réponse est plus simple, plus réalisable que les milliers de sacrifices ! Elle est aussi plus exigeante, car elle concerne toute notre vie : pour plaire à Dieu, un acte isolé, même grandiose, ne suffit pas – c’est l’attitude du cœur, manifesté dans les gestes et les paroles de chaque jour, qui a du poids pour Dieu. Il s’agit de passer du faire à l’être, des actes ponctuels à la vie entière.

Il est vrai que certains étaient hypocrites, faisant au culte de grands salamalecs pour se dédouaner d’une vie immorale où Dieu n’avait pas de place. Je crois pourtant que d’autres, même nous, peuvent tomber dans ce piège et réduire ce que Dieu veut à certains actes, oubliant la vue d’ensemble, la dynamique globale qui compte pour Dieu. Je pense par exemple à cette question qui revient souvent sur l’offrande : faut-il donner 10% de ses biens, la dîme, en offrande ? C’est une bonne intention, mais peu importe de donner 5% ou 20% si c’est sincère, avec joie, si c’est le fruit d’une conviction nourrie par une relation riche avec Dieu qui nous motive pour participer financièrement à ses projets, à son œuvre.

Dans un autre domaine, un aumônier d’étudiants rapporte un nombre incalculable de conversations sur la sexualité, pour savoir jusqu’où on peut aller pour rester dans les clous et ne pas consommer avant le mariage. Là aussi, on part d’une bonne intention, mais se focaliser sur une limite presque géographique, risque de faire perdre de vue l’ensemble, le sens, de déconnecter la pratique des convictions sur le couple, l’intimité, la place et le sens de la sexualité, la gestion de nos désirs, etc.

Dieu se préoccupe moins de quotas, de faits concrets et limités, de quantité, que de la dynamique dans laquelle nous sommes engagés avec lui.

2)   La foi qui conduit à la justice & à la miséricorde

Pour plaire à Dieu, il faut vivre avec lui, c’est l’image de la marche ; vivre avec simplicité, dit la version Parole de Vie, ce qu’on traduit traditionnellement par humilité, mais qu’on pourrait traduire par sagesse et modestie, en opposition à l’orgueil de l’insensé. C’est la vie de celui qui s’applique à suivre le chemin de Dieu, à se laisser enseigner, conduire, interpeler, pour garder le cap vers Dieu.

Cette marche avec Dieu fait la part belle à la justice et à la miséricorde, deux éléments que Jésus a repris et qui donnent de la consistance à l’expression : aimer son prochain comme soi-même.

La justice, c’est, dans l’esprit de Michée, la justice sociale, la justice au sein du peuple, qui vient prendre le contrepied des exactions commises par les élites juives du temps de Michée. C’est s’opposer à l’injustice sous toutes ses formes : a) considérer le mensonge, la malhonnêteté, la corruption comme des pratiques incompatibles avec la foi ; b) rejeter la violence, sous forme d’égoïsme méprisant, de discriminations ou, physiquement, de violence domestique, vis-à-vis du conjoint ou des enfants, parce que cette violence est intolérable aux yeux de Dieu. C’est aussi s’engager pour la justice, en cherchant comment favoriser le respect de la dignité de chacun – je pense par exemple à un fléau de notre société, notre consommation (loisirs, transports, vêtements, technologie, consommation quotidienne) qui se fait sur le dos d’esclaves à l’autre bout du monde et aux initiatives qui visent à réduire les injustices entre les gens mais aussi entre les peuples.

Le mot bonté, dans ce texte, se traduit aussi compassion, miséricorde, amour… C’est la recherche active du bien de l’autre, avec deux nuances. La première, c’est l’amour, c’est-à-dire une démarche qui ne nous est pas extérieure mais qui commence dans notre cœur, dans notre regard sur l’autre, dans le lien qui nous unit à l’autre. Deuxième nuance, cette compassion vise tout le monde, mais en particulier les plus petits, les plus faibles, ceux qui n’ont pas d’autre ressource que de faire appel à notre compassion, à notre générosité, sans rien promettre en retour.

La compassion, cet amour généreux et actif, tout comme la justice, sont d’abord des qualités divines dans la Bible, des qualités que nous sommes appelés à découvrir dans notre marche avec Dieu, et à nous approprier, à vivre de l’intérieur : Michée nous exhorte à aimer vivre avec bonté, à vivre avec justice. Encore une fois, on est moins sur le plan d’œuvres qu’on peut quantifier que sur le plan de l’être, visible à Dieu seul, une disposition intérieure qui débouche sur un comportement global.

3)   L’impact sur notre entourage

La vie avec Dieu transforme nos motivations, nos valeurs, et du coup, change nos actes et notre comportement. Vous avez peut-être remarqué, cela étant, que la justice et la compassion sont deux valeurs qui concernent les autres. La foi n’est pas une affaire entre Dieu et nous : lorsque nous nous ouvrons à Dieu, à sa volonté, à ses valeurs, à ses projets, il nous ouvre sur les autres, il nous invite à inclure notre prochain dans notre relation avec lui. L’amour du prochain est indissociable de l’amour de Dieu – il ne s’y substitue pas, mais il en est inséparable. Notre relation avec Dieu a un impact sur notre relation avec les autres, et d’abord nos proches, évidemment, notre famille, notre église, nos collègues, nos voisins etc.

Cela est vrai à la fois sur un plan individuel que communautaire : notre vie d’église, notre façon de vivre la foi ensemble implique forcément les relations que nous avons les uns avec les autres et avec ceux qui nous entourent : visiteurs, voisins… Comment la justice et la miséricorde s’inscrivent-elles concrètement dans notre vie d’église ? Il y a déjà des initiatives de solidarité concrète, mais est-ce qu’on peut aller plus loin ? Comment intégrer, peut-être de manière plus systématique, cet amour de la justice et de la compassion dans nos projets d’église, dans notre vision ? Je pense que c’est essentiel de s’y pencher sérieusement et régulièrement, vu l’importance de la justice et de la compassion aux yeux de Dieu.

J’aimerais faire deux remarques à ce sujet.

Premièrement, la justice et la compassion effraient parce que c’est trop général, et il ne faudrait pas se laisser impressionner au point de vouloir tout faire ou de craindre de faire quoi que ce soit sous peine de ne pas en faire assez. Dieu est patient, et il se réjouit de notre dynamique, de premiers pas suivis de deuxièmes, troisièmes, dixièmes, centièmes pas. Il y a mille manières de commencer, tant seul qu’en communauté, en donnant de son temps, de ses prières, de son argent, en soutenant des projets à échelle mondiale, les parrainages du SEL par exemple, ou sur un plan local, dans notre communauté, dans notre quartier. Commencer, s’engager sur ce chemin concret de justice et de compassion.

Deuxièmement, l’écoute et l’humilité sont essentielles. D’abord avec Dieu, dans la prière pour discerner comment s’engager, avec le désir de se laisser conduire par Dieu sur son chemin. Ensuite avec les autres : il ne s’agit pas d’agir pour nous sentir mieux, mais pour que l’autre aille mieux – et cela emmène parfois vers des choses qu’on n’aurait pas envisagé soi-même. Être attentif aux besoins réels. Quelques exemples, qu’il ne faut pas reproduire mais qui peuvent nous faire réfléchir. Devant le nombre de parents isolés, certaines églises ont mis en place des garderies, des aides aux devoirs. Pour faciliter l’intégration de personnes étrangères, certains proposent des cours de français. Dans certains quartiers un peu sinistrés, des journées de nettoyage sont mises en place.

Bien sûr, il ne faut pas tomber dans l’activisme, ou dans l’hypocrisie, mais il ne faudrait pas se dédouaner non plus en prenant à la légère la justice et la compassion, qualités de Dieu, qualités qu’il nous appelle à vivre concrètement, avec lui.

Conclusion 

J’aimerais revenir à ce qu’on apporte à Dieu. L’écart demeure entre Dieu et nous, même si on essaie de vivre avec justice et compassion, aucun de nos actes ne nous rend digne de Dieu.  C’est pourquoi Dieu n’a pas demandé nos œuvres, nos mérites, nos offrandes, pour nous accueillir chez lui, mais il a fait lui-même le sacrifice ultime : son fils, son propre fils, innocent et parfait, s’est donné à notre place, pour combler ce fossé de culpabilité. Jésus-Christ, en mourant pour nous, manifeste la justice de Dieu : le mal ne reste pas impuni mais il a été expié à la croix. Par ce sacrifice, Jésus-Christ manifeste aussi la compassion, l’amour généreux et débordant, de Dieu pour nous, qui ne méritions rien : il a tout enduré pour notre intérêt.

En Christ, nous sommes pardonnés, aimés, accueillis, justifiés, délivrés, et nous découvrons la vie véritable, la vie avec Dieu. Le Christ est à la fois notre libérateur et notre modèle, le portail d’entrée et le chemin, pour une vie de justice et de compassion à l’image de Dieu.

Prière: O Dieu, tu nous as créés à ton image et tu nous as rachetés par ton fils jésus. Porte ton regard plein d’amour sur l’humanité entière : arrache l’arrogance et la haine qui infectent notre cœur, détruis les murs qui nous divisent, unis-nous par des liens d’amour. Donne-nous des yeux pour voir ceux qui souffrent, un cœur qui bat pour ceux qui sont dans la peine, des pieds et des mains pour agir en ton nom. aide ton église à ne pas s’installer dans la passivité, à ne pas juger : permets-nous de devenir une part de la solution et non pas du problème.

Montre-nous des premiers pas concrets pour bénir notre entourage en montrant ta compassion, ta miséricorde, ta justice. Apprends-nous à aimer comme Jésus.

Dans nos luttes et notre confusion, remplis-nous de ton Esprit pour que nous entrions pleinement sur ton chemin, peut-être là où nous avons peur d’aller. et que ton œuvre se réalise en nous et à travers nous pour accomplir tes projets sur la terre, afin qu’au temps que tu as fixé, toutes les nations et tous les peuples te servent en  harmonie, autour de ton trône glorieux, pour ta gloire, par Jésus-Christ notre libérateur et notre modèle. amen