Dieu se laisse trouver

cache-cacheLecture biblique : Esaïe 55.6-9

Dans ce texte, on a un peu l’impression que Dieu joue à cache-cache avec nous. Il s’agit de le chercher, mais il est lointain tout en étant proche… Où est-il ? Comment le trouver ?

C’est surtout l’expression du verset 6 qui a attiré mon attention : le Seigneur « se laisse trouver ». Un peu comme quand un adulte joue à cache-cache avec un enfant : il se cache, mais pas trop. Il s’arrange pour que l’enfant arrive à le trouver.

C’est un peu comme ça que Dieu agit envers nous. Il se laisse trouver…

 
Un Dieu qui se laisse trouver

« Cherchez le SEIGNEUR pendant qu’il se laisse trouver. » Est-ce à dire qu’il ne se laisse pas toujours trouver ? En réalité, on pourrait traduire différemment cette phrase. Il n’y a pas vraiment de préfixe temporel en hébreu, qui laisserait entendre que Dieu se laisserait trouver mais pour un temps seulement. Et après ce serait fini…

D’ailleurs la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) propose : « Recherchez le SEIGNEUR puisqu’il se laisse trouver, appelez-le, puisqu’il est proche. »

L’idée n’est pas de dire qu’il faut le chercher maintenant parce qu’après il sera trop tard. L’affirmation est bien plus profonde. Elle touche à l’être-même de Dieu. Le fait de se laisser trouver, ou de se rendre proche, est dans la nature-même de Dieu. Le Seigneur est un Dieu qui se laisse trouver. Alors, cherchons-le !

Et il faut qu’il en soit ainsi. Parce qu’on ne peut pas trouver Dieu sans son aide. Il nous est inaccessible si nous ne comptons que sur nos propres forces, notre intelligence, notre sagesse ou notre connaissance. On ne le trouve pas par nous-mêmes, on le trouve parce qu’il se laisse trouver.

C’est pourquoi dans les versets 8-9, Esaïe souligne la distance infinie qui nous sépare de Dieu.

Le SEIGNEUR déclare :
« Vos pensées ne sont pas mes pensées,
mes façons de faire ne sont pas les vôtres.
Il y a une grande distance
entre mes façons de faire et les vôtres,
entre mes pensées et vos pensées.
Elle est aussi grande
que la distance entre le ciel et la terre. »

Si on n’avait que ces versets, on dirait « laisse tomber… ». Comment connaître un Dieu si différent, si éloigné de nous ? La réponse est au verset 6 : parce qu’il se laisse trouver !

Voilà ce qui est extraordinaire dans la révélation biblique. Ce Dieu infini, tout-puissant, créateur de l’univers entier, ce Dieu plus grand que tout ce qu’on peut imaginer, ce Dieu qui, par nature, nous est si éloigné, nous petites poussières dans l’univers, créatures limitées et souvent pitoyables, ce Dieu-là se laisse trouver par nous, il se rend proche de nous.

Toute l’histoire de la révélation, c’est l’histoire d’un Dieu infini et inaccessible qui se rend proche de nous, accessible. Il laisse des traces de sa présence dans la Création, au plus profond de notre conscience. Il se révèle à travers les prophètes qu’il a choisi. Et, comme couronnement de cette révélation, il y a l’incarnation, la venue du Fils de Dieu devenu homme. Il ne peut pas se faire plus proche de nous…

La formule d’Esaïe est belle : Dieu se laisser trouver. Dieu se révèle mais sans s’imposer. Il s’approche de nous mais sans nous contraindre. Il appelle mais il ne nous force pas la main. Il se laisse trouver…

 
Trouver Dieu pour se retrouver soi-même

Chercher Dieu, comme nous y invite le prophète, implique bien plus qu’une quête religieuse ou philosophique. Il y a un autre appel qui lui est lié, au verset 7. Un appel à la repentance :

Les gens mauvais
doivent abandonner leur conduite.
Celui qui fait le mal
doit abandonner ses pensées méchantes.
Tous doivent revenir vers le SEIGNEUR,
car il aura pitié d’eux.
Tous doivent revenir vers notre Dieu,
car il pardonne généreusement.

La repentance, c’est un changement radical, qui trouve sa source dans le retour à Dieu. Cet appel au retour à Dieu intervient au cœur de la promesse d’un autre retour, celui du peuple dans son pays, après l’Exil. C’est ici utile de rappeler que les prophéties bibliques ne sont pas de simples prédictions d’un avenir déjà écrit. Elles sont l’occasion de rappeler le projet de Dieu mais aussi d’inviter les lecteurs à y entrer avec foi. Les promesses, ou les avertissements, s’accompagnent toujours d’un appel.

Dans le message des prophètes, le plus important des retours n’est pas le retour de l’Exil à Babylone, c’est le retour à Dieu. Tout comme le départ en exil du peuple était présenté par les prophètes comme une conséquence de l’infidélité à Dieu, la promesse du retour en Canaan implique un appel à un retour à Dieu. Et c’est là que les écrits prophétiques revêtent un caractère universel.

Nous ne sommes pas dans la situation des Juifs en exil à Babylone mais à travers les siècles, l’appel du prophète parvient jusqu’à nous. N’avons pas aussi besoin de revenir à Dieu ? Si Dieu nous paraît silencieux et lointain, n’est-ce pas souvent parce que nous nous sommes nous-mêmes éloignés de lui ?

Du coup, la thématique du retour à Dieu éclaire d’un jour nouveau le verset 6. Le Dieu qui se laisse trouver est aussi le Dieu qui accueille toujours celui qui revient à lui. Le pardon qu’il offre permet d’envisager tous les recommencements. Le Dieu qui aura pitié est celui qui se laisse toujours trouver… et retrouver. Le Dieu qui pardonne généreusement est celui qui est tout proche, prêt à nous accueillir.

Alors, il faut bien le souligner, le vrai retour à Dieu implique des changements. Il s’agit d’abandonner certaines conduites et certaines pensées. Cela ne peut être sans une remise en question. C’est la nature même de la repentance biblique qui n’est pas simplement un regret ou un remord mais une décision ferme de changer, de se laisser changer par Dieu.

La repentance, le retour à Dieu, est le moyen d’être libéré de ce qui est mauvais en nous. C’est le chemin qui nous conduit à nos racines oubliées, celles de l’image de Dieu en nous. Une image brouillée, déformée, par le péché.

Le retour à Dieu est la source d’un retour à soi-même. Trouver, ou retrouver Dieu, c’est se retrouver soi-même : homme, femme, créé à l’image de Dieu.

 
Conclusion

« Cherchez le Seigneur puisqu’il se laisse trouver,
Faites appel à lui, puisqu’il est proche. »

Il y a dans cette phrase un appel et une promesse. L’appel, c’est de sans cesse chercher le Seigneur. Nous en avons tous besoin, parce que loin de lui, nous dépérissons, nous perdons notre humanité-à-l’image-de-Dieu. Nous devons le trouver pour nous retrouver nous-mêmes !

La promesse, c’est que Dieu se laisse trouver, qu’il se rend accessible. Nous sommes pourtant infiniment loin de lui mais toute la révélation biblique nous parle de ce Dieu qui se rend proche et accessible, jusqu’à devenir l’un des nôtres, en Jésus-Christ.

Ces paroles du prophètes étaient précieuses pour les Juifs exilés à Babylone, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Elles peuvent l’être aussi pour nous aujourd’hui, qui avons tout autant besoin d’entendre cet appel et cette promesse.

Cherchez le Seigneur : il se laisse trouver !




Les seconds rôles (V) : Jonathan (1 S 20)

Ce matin, je vous propose de clore notre série sur les seconds rôles. Jusque là, nous avons vu avec Caïn et Abel une histoire de frères, avec Hagar et Sara, c’était une rivalité entre épouses, avec Léa et Rachel, les deux puisque les deux sœurs ont épousé Jacob. La semaine dernière, nous avons porté notre attention sur les parents de Samson. Toutes ces personnes ont vécu leur rôle secondaire soit dans l’indifférence, soit dans le désespoir et la colère. Ce matin, avec l’histoire de Jonathan, c’est une amitié que nous découvrons, et dans cette amitié nous voyons comment Jonathan vit le fait d’être un second rôle.

Quelques mots de contexte. Nous sommes au début de la période des rois en Israël, après la période troublée des Juges. Le premier roi que Dieu a choisi s’appelle Saül. Saül transgresse rapidement les règles que Dieu lui a fixées, et par conséquent, Dieu lui retire son autorité de roi et choisit un autre, un petit jeune, un berger anonyme mais qui prouve vite ses qualités, David. David, le temps de se former, entre au service de Saül. Seulement, Saül refuse d’abandonner son trône – ce n’est pas le trône de fer, mais presque ! Il vit des hauts et des bas avec David : parfois il le considère comme son propre fils, mais le plus souvent, il cherche à le tuer – et David a écrit plusieurs psaumes à cette période de sa vie.  Heureusement, David a un allié inattendu : le fils de Saül, Jonathan. C’est son supérieur, mais ils combattent ensemble et deviennent très amis, au point de conclure un pacte de loyauté l’un envers l’autre. Le passage que je vais lire maintenant se situe après une réconciliation entre Saül et David, qui laisse présager que tout va bien se passer. Sauf que David n’est pas dupe, il s’attend au pire, et il rejoint Jonathan pour tirer au clair la situation.

Lecture 

Cette longue séquence est constituée de trois scènes : David rejoint Jonathan, lui confie ses craintes et le persuade de l’aider à découvrir les véritables intentions du roi Saül. Ensemble ils élaborent un plan en deux volets. Deuxième scène, David sort, nous assistons au banquet du roi Saül. Suite à la question de Saül devant l’absence de son serviteur David, Jonathan suit la première partie du plan : il donne une fausse excuse. Là nous avons le point tournant du chapitre : si Saül avait de bonnes intentions envers David, il devrait réagir avec calme et compréhension. Sinon, sa colère prouverait sa frustration de rater cette occasion d’atteindre David. Et Saül se met en colère. Fou de rage, il insulte son fils, lui ordonne de lui amener David, et devant le refus d’obtempérer de Jonathan, il brandit sa lance contre lui, manquant de le tuer. Jonathan sort. Troisième scène, qui réalise la deuxième partie du plan : à l’aide du code prédéterminé, Jonathan avertit David des mauvaises intentions de Saül. Ils se séparent dans la tristesse. Cette séquence, c’est le point de rupture entre Saül et David. Toutefois ce n’est pas sur eux que je souhaite me concentrer ce matin, mais sur Jonathan, présent dans toute la séquence, tour à tour avec David et avec Saül, Jonathan dont on n’entendra quasiment plus parler dans la suite du récit.

1)   Les tiraillements de Jonathan

a)      tiraillé entre son père et son ami

Jonathan est un homme tiraillé, partagé entre deux loyautés, deux personnes à qui il veut être fidèle. D’abord, il y a son père, évidemment, le roi Saül, celui qui a autorité sur tout le peuple d’Israël. Non seulement Jonathan doit obéissance à son père, mais il doit aussi être loyal envers son souverain. En parallèle, Jonathan est ami de David, si ami que David quitte l’endroit où il s’était réfugié, près de Rama, et risque le tout pour le tout en allant voir Jonathan, puisqu’il se rapproche dangereusement de Saül qu’il soupçonne de vouloir le tuer. Le risque que prend David montre l’intensité de l’amitié qui le lie à Jonathan.

Au début du texte, on sent une certaine naïveté de Jonathan : quand David lui confie ses doutes, Jonathan est persuadé que son père est bien disposé envers David, et qu’en tout état de cause, il avertirait Jonathan, son fils, s’il avait quelque ressentiment envers David. Jonathan est ami de David, mais il fait confiance à son père Saül. Ses deux loyautés, jusque là à peu près compatibles, commencent à le tirailler franchement.

b)     le basculement

Pendant cet entretien avec David, Jonathan fait un choix, en deux étapes. Premièrement, lorsque David lui jure au nom du Seigneur lui-même que sa vie est en danger avec Saül, Jonathan accepte de lui faire confiance et il offre ses services : je ferai ce que tu voudras. Et il adopte le plan de David qui consiste à tester Saül lors du repas rituel de début de mois. Par amitié pour David, Jonathan décide de lui faire confiance et de participer à ce plan, j’imagine au moins pour le rassurer.

Jonathan ne fait pas que laisser le bénéfice du doute à David : il s’implique totalement. En effet, c’est lui qui imagine la deuxième partie du plan, acceptant de considérer l’éventualité selon laquelle son père voudrait tuer David. Il lui propose un code. Jonathan sait qu’il risque d’être considéré comme un traître : si Saül veut tuer David et que Jonathan le sauve, il se met en porte-à-faux vis-à-vis de son père Saül. Jonathan est bien conscient de ce danger, puisqu’au moment de parler du code, il emmène David hors du palais, dans un champ, à l’abri des oreilles indiscrètes.

Jonathan quitte David en rappelant son alliance avec lui.

c)      mise à l’épreuve

Le repas avec Saül est une mise à l’épreuve, à la fois des intentions de Saül, mais aussi de la loyauté de Jonathan vis-à-vis de David. Aux côtés de qui Jonathan va-t-il réellement se ranger ? On le voit, Jonathan suit le plan de David à la lettre, et il défend David face à son père enragé. Il risque gros : Saül commence par l’insulter et il finit par l’attaquer. Jonathan s’en va et avertit David de ce qui s’est passé selon le code prévu.

Cette scène qui est le point tournant dans la relation entre Saül et le futur roi David est aussi un point tournant dans la vie de Jonathan. Dans cette scène, il a fait un choix : non seulement il choisit de faire confiance à David, mais en plus il va jusqu’à se mettre lui-même en danger pour le protéger.

2)   Le choix du second rôle

Creusons un peu les raisons du choix de Jonathan : qu’est-ce qui l’a fait basculer ?

Le premier élément, le plus évident, c’est l’amitié qui le lie à David. Dès leur rencontre, alors que Jonathan fils du roi est le supérieur de David, ils deviennent amis et concluent un pacte de solidarité, un peu comme des équipiers qui se protègent et se soutiennent.

Cette amitié n’est pas la seule raison pour le choix de Jonathan : s’il prend le parti de David contre Saül, c’est aussi parce qu’il sait que David ne mérite ni la colère de Saül, ni la mort. David est innocent, et Jonathan ne peut pas le traiter comme un criminel alors qu’il n’a rien fait de mal. Jonathan résiste à son père en vertu de son amitié envers David et de son sens de la justice

Il y a une troisième raison : David est celui que Dieu a choisi pour remplacer Saül qui s’est révélé indigne de sa charge. David est le futur roi. Ce fait aurait dû conduire Jonathan à lutter contre David : en effet, Jonathan est l’héritier de Saül, c’est lui qui aurait dû prendre sa suite et recevoir l’autorité royale, ce sont ses enfants qui auraient dû devenir la première dynastie royale d’Israël. Quand David est choisi, ce destin prestigieux s’évanouit. Non seulement ça, mais en plus, la coutume pour les nouveaux rois était, comme chez les lions, de mettre à mort les fils de l’ancien roi, pour éviter tout risque de coup d’état. Jonathan, comme le lui rappelle Saül, risque son héritage et sa vie. Comment auriez-vous réagi ? Eh bien Jonathan renonce. Il abandonne son héritage, sans murmure, sans jalousie, sans convoitise.

Jonathan encore supérieur à David, prend toutes sortes d’initiatives pour aider David, pour le protéger. Il se met lui-même en danger. Tout cela parce qu’il reconnaît que c’est David que Dieu a choisi. Volontairement il se met au service de David, et va même, à la fin de la première scène, lui demander sa bienveillance quand il sera roi : « tant que je vivrai, tu agiras envers moi et ma maison avec fidélité ». Jonathan, prince héritier, renonce à sa position pour devenir le soutien du futur roi, David. Il y a là plus que de l’amitié, plus que de l’intégrité morale, il a l’obéissance volontaire à la volonté de Dieu.

Conclusion

Nous avions commencé notre série avec Caïn, le frère aîné qui enrage d’être supplanté par son petit frère et le tue. Jonathan aurait pu agir comme Caïn et suivre les conseils de Saül, il aurait pu très facilement éliminer son rival. Au contraire, il choisit la voie de la justice et de l’humilité. Il accepte d’être un second rôle, sans amertume, et il fait même tout ce qui en son pouvoir pour aider et servir et protéger le premier rôle, celui qui est pour lui comme un frère. Jonathan choisit la voie de la foi en entrant activement dans le rôle que Dieu lui a donné.

D’une certaine manière, Jonathan dessine le chemin que prendra le christ. Jésus, fils de Dieu, renonce à ses privilèges lorsqu’il devient un homme. Lui qui a créé le monde devient une créature, volontaire, activement. Il accepte d’être insulté, incompris, attaqué, et il s’offre à la croix. Pourquoi ? Pas parce que nous sommes innocents, nous ne le sommes pas ! Par amitié, par amour envers nous. Par humilité, par obéissance à Dieu le père. Lui notre Seigneur se fait serviteur des plus petits pour que nous vivions et devenions à notre tour fils du Dieu vivant.




Les seconds rôles (IV) : les parents de Samson (Jg 13)

Nous continuons notre série des seconds rôles. Vous connaissez Samson, le héros d’Israël, au moins pour son histoire avec Dalila qui l’a privé de sa force spectaculaire en lui coupant les cheveux pendant son sommeil. Mais connaissez-vous ses parents ? Savez-vous comment a commencé l’aventure de Samson ? Le récit que nous allons lire se trouve dans le livre des juges. Avant de lire, je voudrais rappeler quelques éléments de contexte : après que le peuple d’Israël est sorti d’Egypte avec Moise, il vit dans le désert avant d’entrer dans le pays promis. Une fois installé, le peuple d’Israël est censé vivre sous la direction de Dieu lui-même. Le problème, c’est qu’Israël est un tout petit pays, entouré par toutes sortes de voisins païens, et que les Israélites se laissent régulièrement influencer par les croyances païennes, oubliant le Dieu qui les a sauvés. Lorsque le peuple se détourne trop de Dieu, Dieu les livre aux mains de leurs ennemis. Dans ces temps d’épreuve, le peuple finit par retourner à Dieu en lui demandant son aide. Dieu envoie alors un libérateur, un sauveur, un « juge », qui remporte la victoire sur les ennemis et assure la paix. Ce cycle, incrédulité-oppression-cri vers Dieu-délivrance, ce cycle n’intervient pas une fois, mais de nombreuses fois pendant environ 300 ans. Le livre des juges a sélectionné 12 sauveurs représentatifs de cette période, et Samson est le dernier.

Lecture

1)   Un peuple en manque d’espérance

Pour bien comprendre les parents de Samson, il faut déjà resituer la place de Samson dans l’histoire d’Israël. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, le livre des juges met en valeur le cercle – vicieux – des dérives spirituelles du peuple de Dieu. A chaque fois que l’histoire d’un juge est développée, différentes étapes sont mentionnées : Israël fait le mal, Dieu le livre aux mains des ennemis – dans notre cas, des Philistins, qui habitent à l’Ouest. C’est à la fois un jugement et je pense que ça représente la conséquence logique de l’incrédulité : si Dieu est celui qui fait vivre, à partir du moment où on se détourne de lui, la vie se dégrade. Une fois dans la détresse, le peuple opprimé revient vers Dieu en prenant conscience que seul Dieu peut sauver, Dieu entend et envoie un libérateur. Par rapport à ce schéma-type, on peut relever deux anomalies.

La première anomalie, c’est que notre texte commence ainsi : « Les Israélites recommencent à faire ce qui est mal aux yeux du SEIGNEUR. Et le SEIGNEUR les livre aux Philistins pendant 40 ans. 2À Sora, il y a un homme, etc. » Vous avez remarqué, le peuple n’a pas crié vers Dieu. Face à l’oppression qui dure toute une génération, 40 ans, le peuple ne se tourne pas vers Dieu pour être secouru. Il ne demande rien. Manifestement, le peuple a oublié que Dieu peut sauver, et qu’il ne considère plus Dieu comme celui qui peut apporter une réponse à la détresse. On a l’impression que cette situation de soumission à un peuple étranger leur paraît inévitable, voire normale. Le livre des juges montre que le cycle qui se répète n’est pas régulier : en fait, la situation spirituelle du peuple s’aggrave. Le retour vers Dieu, la réaction de foi face à l’épreuve devient de plus en plus difficile. On pourrait comparer la situation à un enfant qui fuirait la maison familiale en claquant la porte tous les 6 mois. Une fois sorti de la maison, il se retrouve en pleine forêt en proie aux bêtes sauvages, au froid, à la faim, etc. Devant ces difficultés, il revient chez lui et sonne à la porte pour que ses parents lui ouvrent et le soignent. Cependant, au fil du temps, le chemin pour rentrer chez lui devient de plus en plus flou, et un jour, alors que ça fait des années qu’il fugue et revient, un jour il oublie complètement où se trouve sa maison. C’est cette impression que donne le peuple, car dans la détresse et l’oppression il ne sait plus que demander, à qui, comment, pour être sauvé.

La deuxième anomalie du texte, c’est la caractérisation du sauveur que Dieu appelle. Notre texte est le seul du livre à mentionner un appel de Dieu dès la naissance. Jusque là, Dieu s’adressait à un homme directement pour lui confier une mission à court ou moyen terme. Là, au contraire, l’appel commence dès avant la naissance, ce qui donne l’impression que le sauveur va être différent des précédents. De même, Dieu formule des exigences très claires vis-à-vis de cet homme, ce qui est sans précédent parmi les juges. Le sauveur est mis à part dès le ventre de sa mère, il est consacré à Dieu. Cette consécration à Dieu se concrétise par plusieurs règles : l’abstention de tout produit de la vigne, l’abstention de tout ce qui est impur (p. ex. toucher un cadavre ou manger un aliment interdit) et le fait de ne pas couper ses cheveux. Les règles et l’appel du bébé semblent suggérer que ce sauveur sera exceptionnel. Il y a pourtant un « mais » qui jette une ombre sur cette interprétation : l’ange dit à la femme que son fils commencera à sauver le peuple. Il sera un début de sauveur, pas un sauveur à part entière. Ainsi on a une tension qui annonce la vie de Samson : c’est de loin le juge le plus fort, mais c’est aussi celui qui comprend le moins sa mission et qui écrase ses ennemis sans autre raison que la vengeance personnelle.

De la même manière que la situation spirituelle du peuple se dégrade, la situation des sauveurs se dégrade aussi, puisque le dernier, Samson, qui reçoit plus de Dieu que les précédents, a en fait une mission partielle, inférieure, qu’il remplira pour de mauvaises raisons.

2)   Un couple déconnecté de Dieu

Les parents de Samson sont tout à fait représentatifs du problème global. A leur échelle, ils offrent une peinture parlante de la situation spirituelle du peuple. Le texte que nous avons lu commence comme une banale scène d’annonciation : un couple stérile, un ange de Dieu, la promesse d’un enfant. Tous les ingrédients sont réunis, sauf que la situation s’emballe, et tout devient compliqué. Le couple peine à comprendre ce qui se passe, et illustre malheureusement le manque de foi et d’espérance qu’on trouve chez le peuple.

Premièrement, voyez la réaction de Manoah. Quand sa femme lui explique ce qui lui est arrivé, il se tourne vers Dieu pour lui demander confirmation. Dieu entend, et il envoie son ange confirmer sa promesse, sauf que l’ange va voir la femme, pile quand Manoah est absent. Ensuite, dans le dialogue entre l’ange et Manoah, l’ange répond avec réticence – soit en ne répondant pas, soit en le redirigeant vers quelqu’un d’autre : il n’y a pas de véritable échange. Manoah a du mal à accueillir la révélation de Dieu.

Le texte n’est pas dénué d’ironie : l’époux est nommé, ce qui suggère son importance dans le récit. Par contre, sa femme reste anonyme tout au long du texte, c’est la femme de… Pourtant, Dieu s’adresse à la « femme de », et pas à celui qui paraît important. Dieu parle aux anonymes, à ceux que nous ne prenons pas la peine de nommer. Avec insistance, il choisit de se révéler à ceux qui sont plus faibles, méprisés, sans statut reconnu. Et Manoah peine à accueillir cette révélation qui lui parvient de manière non conventionnelle.

Je me demande si ce texte ne nous interpelle pas dans notre manière d’entendre nous aussi les révélations de Dieu. Sommes-nous capables de reconnaître les moments où Dieu parle en dehors des conventions qui nous rassurent ? est-ce que parfois nous n’avons pas des préjugés qui nous rendent sourds à la voix de Dieu, parce que quelqu’un nous paraît trop jeune ou trop dépassé, trop illuminé ou trop conventionnel, trop faible, trop instable, trop différent… ? Tout n’est pas révélation de Dieu bien sûr, mais Dieu ne reste pas silencieux, et nous sommes appelés à reconnaître les moments où il parle, avec prudence et sagesse bien sûr, mais nous ne devons pas disqualifier un projet, une parole ou un avertissement sous prétexte que cette parole de Dieu nous vient par quelqu’un que nous n’aurions pas choisi. Régulièrement, Dieu choisit les faibles, les nuls, les inadaptés, et je pense qu’il nous appelle non seulement à les voir comme lui il les voit, mais aussi à les écouter avec le même respect que ceux qui nous impressionnent par leur statut, leur réputation, leur expérience… Manoah, lui, sous prétexte que sa femme n’a pas voix au chapitre à la maison ni dans la société, Manoah discrédite la révélation sérieuse que Dieu lui a pourtant adressée, et le fait que l’ange réapparaisse à la femme prouve que Dieu l’a vraiment choisie, elle l’anonyme.

Une fois la révélation de Dieu accueillie, Manoah et sa femme ont du mal à la comprendre, et on le voit à plusieurs reprises. Suite à la première apparition de l’ange, la femme court raconter à son mari ce qui lui est arrivé. Sauf qu’elle en oublie en route. Elle passe sous silence les cheveux, mais on sait qu’elle le mettra en pratique puisque Samson adulte a les cheveux longs. Plus grave, elle oublie l’essentiel : leur fils commencera à sauver le peuple. Elle ne rapporte à manoah que les règles à suivre. Pareil, dans sa prière ou dans son dialogue avec l’ange, Manoah ne pose aucune question sur le sens de cette naissance ou des exigences : il se focalise sur les règles sans s’intéresser à la mission qui leur donne du sens. A la fin, quand il comprend que l’ange représente Dieu, il panique et se focalise sur le détail sans chercher à comprendre – et dans ce cas-là, c’est sa femme qui rappelle le sens des entrevues : Dieu n’apparaît pas pour faire une promesse et tuer celui à qui il a choisi de se montrer !

Il me semble que c’est l’exemple d’une écoute au premier degré, qui manque de perspective, qui manque de sens. C’est très bien de respecter les règles – c’est Dieu qui les fixe – mais il ne faudrait pas séparer les règles de leur but, et se focaliser sur la préparation au détriment de la mission. Autrement dit, il ne faut pas prendre les moyens pour le but. C’était le cas des pharisiens à l’époque de Jésus, qui respectaient les plus petits commandements et oubliaient d’aimer leur prochain – alors que les deux vont ensemble ; c’est parfois notre cas quand nous perdons de vue les projets de Dieu en nous focalisant des détails. Notre but n’est pas d’aller aux études bibliques, de venir à toutes les réunions, ou de remplir les cases d’un planning : notre but c’est d’être des témoins que Dieu sauve aujourd’hui. Et pour ça, pour nous équiper, nous avons des réunions, pour prier, pour nous laisser instruire, pour écouter Dieu, pour nous améliorer, et ça, ça demande une organisation. Mais le but n’est pas l’organisation, ou même les activités : le but, c’est que notre vie soit un témoignage vivant que Dieu sauve aujourd’hui.

Enfin, le couple peine à reconnaître Dieu. La femme qui a vu l’ange décrit à son mari extraordinaire qui ressemble à un ange, mais elle na va pas jusqu’à l’affirmer. Ensuite, tous les deux vont parler de l’ange comme d’un homme : v.8 fais revenir l’homme de Dieu, v.10 l’homme est revenu, Manoa l’invite à manger et il lui demande son nom. Ce n’est que quand l’ange disparaît au milieu du sacrifice que manoah comprend enfin qui c’était – et c’est la panique. Le couple comprend que c’est une prophétie sérieuse, ils en oublient le sens, mais en plus ils ne sont pas au clair sur l’origine de la prophétie. Manoah prie Dieu pour que l’homme revienne, mais face à l’homme il est prêt à l’honorer lui et pas Dieu – c’est pour ça qu’il demande plusieurs fois son nom. Le nom de l’enfant révèle lui aussi un décalage par rapport à Dieu : les autres couples stériles de la Bible nomment leur enfant d’après une action de Dieu ou en relation avec lui. Là, samson est nommé en rapport avec le soleil, shemesh, a priori une divinité paienne. A aucun moment le couple n’exprime de la reconnaissance vis-à-vis de Dieu, et ils ne lui offrent un sacrifice que parce que l’ange les y fait penser.

Le couple est déconnecté de Dieu. Quand Dieu intervient dans leur vie, tout coince : l’accueil de la promesse, la compréhension de cette promesse, l’origine de cette promesse. Ils sont devenus presque incapables de reconnaître l’intervention de Dieu, et en ça ils représentent bien l’incrédulité du peuple.

Conclusion

Les parents de Samson reflètent l’état de leur peuple à cette époque, un état d’incrédulité tragique, une surdité à Dieu, un aveuglement, l’apathie de ceux qui n’attendent plus rien de Dieu. Et pourtant, pourtant, Dieu intervient. Il envoie encore un sauveur, et il y met une application particulière : deux manifestations d’ange, vocation avant la naissance, consécration de l’enfant… Tant bien que mal, son intervention est reçue, partiellement, avec difficultés. Encore une fois, ce texte nous montre la fidélité de Dieu, qui n’attend pas toujours que nous ayons la foi suffisante pour intervenir, qui n’attend pas que nous soyons capables de tout comprendre pour nous parler. La fidélité de Dieu est une grâce. Mais ce texte nous rappelle aussi que ce n’est pas parce que Dieu se manifeste aux aveugles que nous devons fermer les yeux et lui tourner le dos. Au contraire, nous sommes appelés à tendre l’oreille pour écouter Dieu, à ouvrir les yeux sur les interventions étonnantes de Dieu, à nous tourner vers lui avec espérance, avec reconnaissance, avec foi.




Les seconds rôles (III) : Léa (Gn 29.15-35)

Nous continuons notre série des seconds rôles. Je vous propose ce matin de méditer un épisode de la vie de Léa, la 1e femme du patriarche Jacob. Peu à peu nous descendons le cours de l’histoire biblique, puisque d’abord nous avions vu Caïn, le premier fils de l’histoire, et, la semaine dernière, l’histoire d’Agar la servante d’Abraham et Sara.

Lecture

Cette histoire rocambolesque est vraiment étonnante : nous sommes face à une histoire d’amour freinée par de nombreuses complications. Jacob, jeune homme fraîchement arrivé chez son oncle Laban, tombe amoureux de la belle Rachel. Toutefois, ils ne pourront pas vivre cet amour avant longtemps : Jacob doit travailler 7 ans pour gagner l’équivalent d’un cadeau de mariage pour pouvoir épouser Rachel. Ce premier obstacle est surmonté aisément : le récit nous rapporte que Jacob aime tellement Rachel qu’il ne voit pas le temps passer. Arrive enfin le mariage, avec son atmosphère festive, et voilà que Laban dupe son neveu en donnant à Jacob son autre fille, Léa. La mariée était souvent entièrement voilée, ce qui explique que Jacob ne comprenne la supercherie que le lendemain. Fou de rage, il va voir Laban qui lui sert une excuse douteuse et lui propose d’épouser Rachel s’il veut bien travailler sept ans de plus. Jacob et Rachel sont le type-même des jeunes amoureux qui doivent se battre pour vivre leur passion et qui tendent à susciter notre affection, notre sympathie, notre indignation devant tant de machinations ! Pourtant, le récit biblique recouvre de nuances ce résumé un peu simpliste, et nous invite à aller plus loin.

1)   Jacob : le trompeur trompé

D’abord, le texte biblique nous présente Jacob sous les traits d’un trompeur trompé. En effet, si on replace cet épisode dans le contexte global de la vie de Jacob, on se rend compte que jusque là, c’était lui qui trompait les autres. Jacob a en effet trompé et son frère aîné, Esaü, et son propre père, le vieil Isaac, dans l’espoir d’obtenir l’héritage dû au fils aîné. Rappelez-vous sa première machination, quand il cuisine un plat de lentilles à son frère affamé et lui donne en échange du droit d’aînesse. Plus tard, alors qu’Isaac va mourir et souhaite voir son fils aîné pour le bénir tout particulièrement et lui transmettre son héritage, Jacob se déguise en Esaü et trompe son père devenu presque aveugle. C’est à cause de ses machinations que Jacob est forcé de fuir chez son oncle Laban, pour éviter la colère d’Esaü, furieux de s’être fait rouler non pas une, mais deux fois.

Chez Laban, il rencontre un maître de duperie. Premièrement, Laban lui propose de travailler sept ans pour mériter sa fille. A l’époque, l’époux devait apporter une certaine somme d’argent à la famille de l’épouse. Comme Jacob est en fuite, il n’a rien à donner. Du coup, Laban lui propose de travailler pour lui et de retenir son salaire comme dot. Sauf que, si on transpose les années de travail en argent, on se rend compte que Laban demande à Jacob deux fois plus que la dot coutumière. Laban, sous ses airs bien intentionnés, profite de la situation où se retrouve Jacob. Deuxièmement, au mariage, Laban fait épouser sa fille aînée Léa au lieu de Rachel, sans en avertir quiconque. Je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi, mais c’est un peu facile pour Laban de se référer à la coutume selon laquelle l’aînée doit se marier la première. Comme si, en sept ans de vie commune, il n’avait jamais eu l’occasion d’aborder le sujet ! Clairement, Laban cherche à extorquer sept ans de travail supplémentaires à Jacob (à nouveau deux fois la dot !).

Jacob a donc trouvé plus trompeur que lui. On pourrait penser que c’est un hasard, mais si on compare le mariage de Jacob avec sa vie passée, on relève quelques similitudes qui révèlent le sens caché de cette tromperie. La similitude la plus évidente, c’est l’aveuglement dont Jacob fait preuve en croyant épouser Rachel. Celui qui a profité de la malvoyance de son père se retrouve incapable de voir quelle femme il épouse, tout comme Isaac ne voyait pas quel fils il bénissait. En épousant Léa malgré lui, Jacob se retrouve du côté des dupes, des trompés, et j’imagine qu’à l’indignation de se voir refuser Rachel s’ajoute la rage d’avoir été manipulé. La situation est d’autant plus ironique, que cette fois, ce n’est pas le cadet qui se fait passer pour l’aîné – comme Jacob déguisé en Esaü – mais c’est la fille aînée qui passe pour la cadette. Ainsi, dans l’histoire du patriarche Jacob, la roue commence à tourner et c’est le début d’un itinéraire qui va le conduire à se réconcilier avec son frère.

2)   La rivalité entre les deux épouses

Passons à Léa. Léa est en tension avec Rachel. Dans cette tension se superposent la rivalité entre frères et sœurs, dont nous avions eu un exemple avec Caïn et Abel, et la rivalité entre épouses d’un même homme, comme l’illustrait la semaine dernière l’histoire de Sara et Hagar.

La rivalité entre les deux sœurs repose sur la beauté éblouissante de Rachel. Le récit dit de Léa qu’elle a les yeux délicats, et sous-entend par là que la beauté de son regard est le trait le plus marquant de son apparence. Cependant, la beauté de Rachel éclipse les doux yeux de Léa. La version de la NBS dit que Rachel est d’une très grande beauté, mais dans le texte original, il y a une insistance puisque Rachel est décrite ainsi : elle avait une belle allure et une belle apparence. On imagine bien que Rachel éclipse Léa depuis longtemps, comme c’est parfois le cas dans les phratries. Et on imagine bien que Léa en conçoit de l’amertume, d’autant que c’est elle l’aînée.

L’arrivée de Jacob renforce cette tension, puisqu’il tombe fou amoureux de la belle Rachel. Encore une fois, Léa est éclipsée. Pendant les sept premières années, elle voit Jacob courtiser sa petite sœur, alors que personne ne s’intéresse à elle. Si elle avait eu un prétendant, Laban aurait sûrement agi autrement. Mais sept ans passent, et personne ne veut d’elle. Laban l’utilise donc dans son entourloupe, mais on peut se demander si ce n’est pas aussi l’occasion pour Laban de marier une fille que personne ne veut épouser. Ainsi, Léa est non seulement un poids qu’on se refile, mais elle devient aussi un obstacle dans l’histoire entre Jacob et Rachel. Personne ne lui demande son avis.

Peut-être, pendant les noces, s’est-elle prise à espérer gagner un peu l’affection de Jacob, maintenant qu’il était forcé de la regarder. Mais Jacob n’en a que pour Rachel, et ne voit en Léa que la tromperie de Laban.

Du coup, la rivalité entre les deux sœurs demeure, et va colorer leur progéniture, puisque les enfants de l’une et de l’autre, ainsi que de leurs servantes respectives, vont servir à attirer l’attention du mari. Léa ressort gagnante, puisque sur 12 fils et 1 fille, c’est elle qui l’emporte, avec un total de 8 garçons et une fille (presque ¾ de la descendance de Jacob). Toutefois, Jacob continue de n’aimer que Rachel, et, après le décès des deux femmes, son favoritisme continue. Dans la suite des événements, sur ses douze fils, Jacob accorde une nette préférence aux deux garçons nés de Rachel : Joseph et Benjamin, ce qui suscitera une terrible jalousie dans la phratrie au point que les frères vendront Joseph comme esclave et le déclareront à Jacob. Vous le voyez, Jacob n’a pas fini d’être trompé ! De même, et c’est plus malheureux, la rivalité présente entre Esaü et lui, ainsi qu’entre ses deux femmes, va se propager aux enfants débouchant sur un conflit presque mortel.

3)   L’amour de Dieu envers Léa la détestée

J’aimerais m’attarder un peu sur Léa et sur ses premiers enfants. Jusque là, Dieu n’était pas mentionné, et on ne sait pas trop ce qu’il pense des événements. La seule mention de Dieu arrive pour parler de Léa après son mariage, alors qu’elle est forcée de vivre avec un mari qui la méprise et une sœur qui la déteste autant. Dans cette situation, Dieu prend pitié de Léa et décide d’intervenir en sa faveur. Léa n’est pas un fardeau ou un obstacle à ses yeux, c’est une personne dont le malheur pousse Dieu à l’action. Je suis toujours étonnée par ce récit, et d’autres qui lui ressemblent, à cause du verset 31 : Dieu vit que Léa était détestée et il la rendit féconde. La mention de Dieu n’est pas nécessaire pour comprendre la suite des événements, mais le récit biblique souligne l’attention de Dieu envers ceux que les autres rejettent ou utilisent.

Pour répondre au problème de Léa, détestée par son mari et sa sœur, Dieu lui permet d’avoir les premiers enfants. Non seulement l’honneur est rétabli parce qu’elle a donné naissance à l’aîné, mais en plus elle enfante quatre garçons d’affilée, ce qui la remet nettement sur le devant de la scène. Ce qui est en jeu, là, c’est l’honneur de Léa, l’aînée qui a toujours vécu dans l’ombre de sa sœur. Par ses enfants, elle retrouve la place qui lui est due. Elle donne naissance à Juda, l’ancêtre du puissant roi David, du prestigieux Salomon, et du Messie, Jésus-Christ.

Avant de conclure, j’aimerais juste attirer votre attention sur l’itinéraire spirituel de Léa. J’ai arrêté la lecture aux quatre premiers fils de Léa. Vous avez remarqué que chaque nom d’enfant traduit un état d’esprit, une émotion, une attente. Avec le premier, Ruben, Léa reconnaît que son enfant est une bénédiction de Dieu, qui a vu et répondu à son affliction. A travers son fils, elle espère gagner l’affection de l’homme qui l’a épousée : maintenant, mon mari m’aimera. Au deuxième, Siméon, elle reconnaît encore que Dieu l’a entendue et l’a bénie. Au troisième, son espoir d’attirer enfin l’attention de son mari transparaît dans le nom de Lévi : cette fois enfin, mon mari s’attachera à moi. Elle n’attend plus d’amour, mais espère toujours recevoir quelque faveur de la part de son mari. Jusque là, Léa reconnaît la compassion de Dieu mais elle reste obnubilée par le regard de son mari, et les bénédictions que Dieu lui accorde sont moins un sujet de joie qu’un moyen de mériter l’amour dont elle est privée.

C’est au quatrième, Juda, qu’un changement s’opère en Léa : cette fois, je célèbrerai le Seigneur. C’est au quatrième qu’elle se tourne enfin vers le Seigneur pour le remercier. Avec Juda, Léa reçoit les bénédictions de Dieu pour ce qu’elles sont : une preuve d’amour. Jusque là, Dieu se tournait vers elle et elle se tournait vers son mari. Maintenant, elle se tourne vers Dieu et lui adresse sa louange, autrement dit, maintenant, l’amour de Dieu lui suffit, elle n’a plus besoin de chercher ailleurs. Comme la semaine dernière avec Ismaël, on a là un bilan mitigé de la situation de Léa : elle finit par être respectée, mais l’amour qu’elle attend de son mari ne vient pas. Par contre, malgré le désintérêt de Jacob, elle devient capable de recevoir l’amour de Dieu.

Conclusion

Je ne crois pas que l’amour de Dieu remplace l’amour d’un conjoint, d’une sœur ou d’un parent. Être aimés de Dieu ne nous condamne pas à une vie solitaire ! Toutefois, l’amour de Dieu pour nous est le fondement nécessaire de notre vie, dont on ne peut pas se passer, qui nous permet de supporter les tempêtes, les pertes, les afflictions. Dans l’amour que Dieu a pour nous, nous recevons la certitude d’être toujours entendu, même si tous se détournaient de nous. Dans cet amour, nous trouvons un sens à notre vie que personne ne peut remettre en question, dans le regard de Dieu nous trouvons une dignité que nul ne peut détruire. Dieu nous aime, et dans cet amour nous avons les ressources qui nous sont essentielles, quels que soient les cahots sur notre route.

Que l’histoire de Léa nous aide à discerner les preuves de l’amour de Dieu pour nous et à nous épanouir dans cette relation essentielle que Dieu veut nouer avec nous.




Les seconds rôles (II) : Agar et Ismaël (Gn 21.8-21)

Dans la série des seconds rôles commencée la semaine dernière avec Caïn, j’aimerais ce matin méditer avec vous l’histoire d’une autre personne de la Bible, qui n’a rien à envier aux intrigues compliquées des séries américaines ou des romans d’été, l’histoire d’Agar et de son fils Ismaël. Nous sommes au tout début de l’histoire d’Israël, à l’époque d’Abraham, le premier patriarche, celui à qui Dieu donne la vocation d’être source de bénédiction pour tous les peuples. Cette vocation revêt plusieurs aspects, dont l’appel à quitter son pays pour la terre promise, et la promesse qu’Abraham aura un fils. Vous savez sûrement qu’au moment où Dieu fait cette promesse, Abraham et sa femme Sara, bien que mariés depuis très longtemps, n’ont pas d’enfant. A plusieurs reprises au cours des années suivantes, Dieu redira à Abraham qu’il aura un fils, sans pour autant se presser de réaliser sa promesse. Sara finit par proposer à Abraham de faire appel à une mère porteuse, ou plutôt à sa servante, une égyptienne, nommée Agar, pour donner à Abraham un fils. Agar enfante Ismaël. Dieu s’adresse à nouveau à Abraham pour lui dire qu’il aura un fils avec Sara, qu’il nommera Isaac. Le temps passe, et finalement, alors qu’Ismaël est déjà adolescent, Sara, pour qui la vieillesse s’est ajoutée à la stérilité, Sara enfante et donne naissance au petit Isaac. Le texte de ce matin commence lors de la fête qu’Abraham organise pour célébrer le sevrage du petit Isaac. Gn 21.8-21

Lecture

1)   Une situation familiale complexe

Quelle histoire ! On est en plein dans la pâte humaine : la Bible nous plonge ce matin dans une histoire de père et de fils, de couples, de jalousie, d’abandon, de peur, de désespoir, et de survie. C’est une histoire qui s’insère dans le récit des grands projets que Dieu a établis pour la descendance d’Abraham, ancêtre du Messie, qui raconte la naissance de deux peuples, et qui en même temps s’attarde de manière minutieuse sur les sentiments de trois individus, Abraham, Sara et Agar.

Reprenons la situation : nous avons d’un côté Sara, épouse légitime d’Abraham, mère d’Isaac, le fils promis, celui qui doit hériter de la vocation grandiose d’Abraham. De l’autre côté, nous avons Agar, une esclave, une étrangère – elle est régulièrement désignée comme l’Egyptienne, celle qui vient d’ailleurs – qui se retrouve mère du fils aîné d’Abraham, Ismaël. Si on devait classer en premiers et seconds rôles, on dirait que Sara et Isaac, bien que légitimes et récepteurs de la promesse divine, sont devancés par Agar et Ismaël – au moins chronologiquement. On imagine bien la tension et la rivalité qui peuvent les opposer. Au milieu, nous avons Abraham, qui semble un peu dépassé par la situation.

Leur histoire prend un tournant décisif lorsqu’à la fête donnée en l’honneur d’Isaac, Sara – qui surveillait peut-être un peu Ismaël – voit Ismaël rire et demande aussitôt qu’Abraham renvoie et le fils et sa mère. Si on se tient à ces éléments, on a l’impression que Sara réagit de manière hystérique ! Pour comprendre sa réaction, on peut se pencher sur la faute d’Ismaël : il a ri, ou traduit autrement, il a joué. Il y a deux possibilités : soit il s’est moqué de son petit frère, en riant de lui, et Sara aurait vu dans leur relation l’animosité qui existe Agar et elle-même. Soit Ismaël a joué tout à fait normalement avec Isaac, ce qui aurait fait craindre à Sara qu’Ismaël soit sur le même plan qu’Isaac et que du coup il reçoive une partie de son héritage – c’est ce qu’elle dit au v.10 : « chasse-les car le fils de cette servante n’héritera pas avec Isaac, mon fils ! » Les deux propositions ne s’excluent pas, d’ailleurs.

Sara pose donc une sorte d’ultimatum, qui laisse Abraham muet mais affligé, parce que Sara lui demande de se séparer d’un de ses deux fils.

Avant d’aller plus loin, j’aimerais attirer votre attention sur le statut d’Agar et Ismaël. Agar et Sara ne sont pas sur le même plan : Sara est la femme légitime d’Abraham, sa compagne depuis des décennies, sa fidèle épouse. Agar, quant à elle, est une moins que rien dans ce foyer : étrangère, esclave, sans aucun droit, utilisée par ses maîtres pour compenser la stérilité de Sara, simplement tolérée parce qu’elle a donné un fils à Abraham. Abraham n’a aucun sentiment pour elle, il se fiche de son destin, sa peine va vers son fils. Quant à Ismaël, il doit avoir quoi, entre 12 et 15 ans, ce qui signifie que pendant au moins une dizaine d’années, il était l’héritier, l’aîné, celui qui recevait sans partage l’attention de son père. Du jour où Sara tombe enceinte, il n’est plus qu’une erreur, un détour sur le chemin de la promesse divine. Il est le rappel vivant de l’incrédulité d’abraham et sara qui ont un peu forcé la main de Dieu lorsque l’enfant promis tardait à arriver. Isaac, ce petit nourrisson, ce cadet, rafle toute l’attention et éclipse totalement Ismaël.

Le texte transpire l’animosité dont Agar et son fils sont l’objet : personne ne les appelle par leur nom (cette servante, le fils de la servante, le fils de l’étrangère), personne ne s’adresse à eux directement pour améliorer la situation – ils sont impuissants, livrés au bon vouloir du maître.

2)   Agar et Ismaël chassés dans le désert

Devant l’indécision d’Abraham, Dieu décide d’entrer en jeu et il lui recommande de céder aux exigences de Sara. Ce faisant, Dieu ne justifie pas Sara contre Agar, il ne dit pas qu’Agar est coupable ou que Sara a raison de vouloir les chasser. Simplement, il rappelle à Abraham que le fils de la promesse, celui qui doit devenir à son tour source de bénédictions, le futur ancêtre du Messie, c’est l’enfant miraculeux, Isaac, que Dieu a fait naître dans des circonstances impossibles – non sans parallèles avec la naissance de Jésus vous noterez. Depuis le premier appel de Dieu à Abraham des décennies auparavant, c’est Isaac qui était prévu. Ismaël n’était pas prévu, c’est presque une erreur de parcours, et il ne doit pas devenir un obstacle aux projets prévus pour Abraham et d’Isaac.

Pour autant, Dieu ne s’arrête pas à cette logique. Bien que la naissance d’Ismaël ne corresponde pas aux plans de Dieu, mais qu’il soit le fruit de l’impétuosité humaine et de ses actions hâtives qui engendrent plus de problèmes que de solutions, Dieu façonne un plan pour cet enfant inattendu. Dieu a fait alliance avec Abraham, et parce qu’Ismaël est le fils de son allié, Dieu va le bénir. Il ne lui donne pas la place prévue pour Isaac, être l’ancêtre du Messie, mais il prévoit de le bénir aussi, autrement, en faisant de lui l’ancêtre d’un peuple.

Rasséréné, Abraham renvoie donc Agar et Ismaël qui se retrouvent dans le désert, errant avec une outre d’eau et une miche de pain. Lorsque l’outre est vide, Agar pense que c’est la fin. Elle ne voit pas d’issue à sa situation et dans ce désert désespérant, sans rien à boire ni manger, elle prend conscience que son fils va mourir, son unique, le seul à lui accorder de l’importance, le seul qui l’aime, celui qui a fait basculer sa vie et qui a transformé son existence par la joie et l’émerveillement de la maternité mais qui l’a aussi précipitée dans le drame familial qui aboutit à son errance. Elle l’installe sous un arbrisseau, alors qu’il est sans forces, et elle va le plus loin possible de lui, accablée par l’idée de voir mourir le seul être qui lui soit cher.

3)   Un Dieu qui écoute et qui répond

Mais au dernier moment, alors qu’on se demandait où Dieu était passé et si sa promesse était vaine, Dieu l’ange de Dieu parle à Agar et il la réconforte, il lui rappelle la promesse qu’elle a déjà reçue lorsqu’elle était enceinte et qu’Abraham aussi a reçue : ton fils ne va pas mourir. Non seulement il va vivre, mais en plus Dieu a des projets pour lui. A cette promesse, Dieu ajoute un signe : un puits. A partir de ce moment-là, Dieu prend soin d’Ismaël et d’Agar, Dieu pourvoit à leurs besoins et veille sur eux, leur accordant sa bénédiction.

J’aimerais juste souligner deux-trois éléments de cet épisode. Premièrement, Dieu appelle Agar par son nom – c’est le seul à le faire. Tout le monde la considère comme une simple esclave, sans identité, et personne ne lui parle. Au contraire, Dieu lui adresse la parole et lui montre son intérêt pour elle : qu’est-ce que tu as, Agar ? Même si elle ne répond pas, Dieu lui donne la possibilité de s’exprimer. Dieu accorde à chacun une dignité pleine et entière. Pour lui, tout individu est une personne à part entière, digne de recevoir son attention, digne d’être en relation avec lui, digne de recevoir sa compassion. Alors que notre vision des choses est souvent saturée de peur, d’égoïsme ou d’indifférence – et Abraham et Sara n’y font pas exception – Dieu regarde toujours l’individu comme d’abord une personne digne d’intérêt et il nous appelle à ne pas tomber dans les pièges du mépris mais à regarder l’autre comme Dieu le regarde : avec respect et compassion.

Deuxièmement, Dieu entend le garçon. Or Ismaël veut justement dire : Dieu entend. Ismaël avait été nommé ainsi parce qu’il représentait à l’époque l’exaucement des prières d’Abraham et Sara, mais Dieu montre qu’il est encore aujourd’hui à l’écoute. Son attention ne s’est pas épuisée, son attention ne s’est pas détournée : il entend, encore aujourd’hui, le garçon. Bien que Dieu n’ait pas choisi ce garçon, il veille sur lui jour après jour. Parfois nous avons l’impression que Dieu a agi à une certaine époque de notre vie, mais qu’aujourd’hui il est loin de nous. L’histoire d’Ismaël et d’agar nous montre que Dieu veille sans cesse sur nous, toujours disponible pour entendre notre cri et y répondre.

Troisièmement, le désert qui était le lieu de la mort et du désespoir, le lieu vide et aride par excellence, devient un lieu de vie. Ismaël y grandit, et quand il est adulte, il s’y installe, il y pratique son métier – tireur à l’arc – et il y habite avec sa femme. C’est à la fois merveilleux et décevant. Merveilleux parce qu’Ismaël non seulement survit mais vit pleinement, et que le lieu de la mort devient le lieu de la vie. En même temps, c’est un peu décevant parce qu’Ismaël reste dans le désert – il a une vie ordinaire, rudimentaire, un peu en marge, même si la promesse de Dieu qu’un peuple naîtra de lui se réalise et lui donne une place dans l’histoire.

Ismaël est un exemple de la sollicitude de Dieu qui vient nous bénir dans les situations les plus terribles, qui fait germer la vie là où il n’y avait de place que pour la mort et le désespoir. Dieu n’est pas décontenancé par nos situations, quel que soit leur degré de complexité : nous ne pouvons pas venir à bout de sa créativité ou de sa compassion. Où que nous soyons, Dieu entend et répond. Toutefois, il ne répond pas toujours comme on le voudrait. Ismaël aurait peut-être voulu revoir son père, recevoir l’héritage, retourner chez lui, mais il reste dans le désert. Dieu nous rejoint dans notre vie imparfaite, il nous rejoint dans nos impasses, dans nos erreurs, dans nos fautes, et il y fait germer la vie. Par contre il ne rend pas notre vie toute rose, il ne rembobine pas les événements tragiques, il n’efface pas notre histoire. Lorsque Dieu intervient, il nous aide à guérir mais il reste les cicatrices. Personnellement, même si c’est parfois décevant de devoir rester dans le désert, de ne pas pouvoir effacer ou rembobiner notre histoire, je trouve que c’est la preuve de la grande miséricorde de Dieu. Nous aurions tendance à jeter les brouillons pour recommencer sans fin au propre. Dieu n’agit pas ainsi. Il nous rejoint là où nous sommes et il bénit nos brouillons. Il accepte de faire avancer son œuvre à travers nos détours, nos erreurs, nos chaos. Avec patience et miséricorde, Dieu nous rejoint sur des chemins imparfaits et il nous fait voir son salut là où nous sommes.

Conclusion

J’aimerais conclure cette méditation en faisant brièvement le lien avec l’évangile, parce que le Dieu qui se révèle à Agar et Ismaël est aussi le Dieu qui se révèle à nous en Jésus-Christ.

En Jésus-Christ, Dieu choisit de se mettre du côté des petits, des marginaux, des rejetés : il naît dans une étable, il vit avec des pécheurs et des lépreux, il meurt sur une croix infamante. Jésus est le descendant de Sara, mais il assume aussi le statut de l’esclave Agar.

En Jésus-Christ, Dieu choisit de nous rejoindre là où nous sommes, empêtrés dans notre péché, dans notre ambiguïté, dans nos erreurs de parcours. Il marche à côté de nous, portant nos peines, nos désespoirs, nos fautes, pour nous en délivrer. Il prend toute notre culpabilité pour l’expier à notre place et faire de nous les bien-aimés éternels de Dieu.

En Jésus-Christ nous avons l’assurance que Dieu nous entend et qu’il répond avec compassion, nous bénissant de sa présence, remplissant nos déserts de sa paix, comblant nos désespoirs de son amour et de sa puissance.

Qu’en toutes circonstances nous puissions nous souvenir que rien ne peut épuiser l’amour de Dieu pour nous, et que nous pouvons, toujours et partout, compter sur lui.