Le bon berger

Lecture biblique : Jean 10.1-21

Nous sommes dans un des passages-clefs de l’évangile de jean, un de ces discours où Jésus révèle son identité et sa mission en utilisant l’expression « je suis… le pain de vie, la lumière du monde, le chemin la vérité la vie, le cep etc. » Chacun de ces « je suis » dans l’évangile de jean sert à mettre en valeur une des caractéristiques de Jésus. Dans ce discours imagé, qui évoque la situation pastorale (au sens propre !) d’un berger et de son troupeau, quel aspect de son identité Jésus veut-il mettre en valeur ?

Texte & contexte

Les paroles « je suis le bon berger » viennent immédiatement en tête. Pourtant, quand on regarde le texte de plus près, on se rend compte que Jésus s’exprime de manière bien étrange, et il n’est pas très étonnant que ceux qui l’entourent, disciples et foules, ne comprennent pas Jésus. Reprenons un peu le discours de Jésus. D’abord, Jésus fait une sorte de rappel du fonctionnement de la bergerie : dans l’enclos se trouvent les brebis, avec un gardien qui les surveille, et le berger qui vient chercher les brebis. Evidemment, l’enclos n’est jamais à l’abri du vol, et Jésus évoque donc les brigands qui tentent parfois de voler les brebis en passant par le mur. Et Jésus s’arrête là.

Pourquoi ? il a commencé avec solennité (amen amen je vous le dis, v.1) donc on s’attend à ce que ça soit important, mais il n’a pas l’air de faire un enseignement spirituel – et d’ailleurs personne ne comprend. Devant l’étonnement de son auditoire, Jésus prend sur lui d’expliquer le sens de ce qu’il vient de dire, et on comprend peu à peu qu’il utilise une situation bien connue de son entourage pour donner des indices sur sa propre identité. Dans cette explication, Jésus ne se contente pas d’éclaircir ce qu’il a dit, mais il prolonge certains aspects, et extrapole à partir de la situation évoquée pour en souligner les enseignements spirituels.

En utilisant l’image du berger, Jésus fait référence aux textes prophétiques d’Israël, qui décrivent le peuple de Dieu avec entre autres l’image du troupeau conduit par son berger, une réalité que les Juifs connaissent bien. Cependant, le texte biblique présente des subtilités : on y trouve un berger – Dieu – et des bergers, avec un petit b, pourrait-on dire. Ces bergers, délégués par Dieu, ont pour mission de prendre soin du troupeau pour le grand berger, ce sont les responsables du peuple, les chefs religieux, les anciens, ceux qui ont reçu vocation de s’occuper du peuple de Dieu pour lui.

Dans l’histoire d’Israël, les responsables sont souvent défaillants : non seulement ils ne guident pas le troupeau dans la bonne direction – le chemin de la fidélité à Dieu –, non seulement ils ne prennent pas soin du troupeau, mais en plus ils se retournent contre le peuple, en l’utilisant pour leurs propres intérêts. Le prophète Ezéchiel va même jusqu’à les accuser de dépouiller le peuple, de le priver de ce dont il a besoin pour s’enrichir eux-mêmes. A l’époque de Jésus, les responsables du peuple ont eux aussi perdu de vue les intérêts du peuple, parfois malgré eux. Il y a bien sûr les corrompus qui écrasent les plus petits pour monter l’échelle sociale, mais je me demande s’il n’y a pas aussi ceux qui oublient qu’ils sont au service du troupeau. Les pharisiens notamment étaient convaincus de prendre soin du peuple, en faisant peser sur les croyants d’écrasants fardeaux de lois et de règles à respecter pour plaire à Dieu, privant la grande majorité des croyants d’une relation vivante avec leur Seigneur. Je me demande si les pharisiens ne seraient pas de ceux qui écrasent au lieu de servir, qui affaiblissent au lieu de relever. Face à ceux qui peinent à prendre soin du peuple de Dieu, voire qui le blessent, Jésus se présente comme le vrai berger, le bon berger, celui qui remplit parfaitement son rôle.

Les qualités du berger

Jésus est le bon berger. Tout concorde pour le désigner comme celui qui peut prendre soin du peuple de Dieu. D’abord, c’est un berger légitime, et Jésus insiste largement sur son authenticité. Il se présente au grand jour, à la porte de l’enclos, au gardien qui le reconnaît, quand il appelle ses brebis, elles viennent à lui directement, et reconnaissent en lui celui qui les conduira au pâturage en toute sécurité. Jésus est le vrai berger, celui que le Berger avec un grand B, Dieu le Père, a envoyé pour sauver son peuple. d’ailleurs, tout ce qu’il fait est en accord avec les plans de Dieu (v.18c)

Jésus est le vrai berger, légitime, authentique, mais il est aussi la porte de l’enclos. Dans ce tableau pastoral, Jésus s’octroie le don d’ubiquité et prend à la fois la place du berger et la place de la porte. Avec ces deux images du berger et de la porte qui se superposent, il me semble que Jésus nous dit plusieurs choses. D’une part, il n’est pas un berger parmi une équipe de bergers auxquels les brebis seraient habituées : même s’il pouvait y avoir plusieurs bergers, la porte est unique, il n’y a qu’un seul accès à l’enclos, et Jésus montre ainsi son rôle tout à fait unique par rapport au peuple de Dieu, un berger non seulement légitime mais aussi supérieur aux autres bergers, le seul qui puisse leur donner exactement ce dont ils ont besoin.

D’autre part, Jésus oppose deux chemins : la porte – et le mur. À la porte se présente le berger, mais les gens mal intentionnés passent par un autre chemin. Jésus dit ailleurs qu’il est le chemin qui conduit à la vie. Il y a une sorte de superposition entre le chemin et le but du chemin, une superposition entre la fin et les moyens. Aucun voleur ne passe par la porte, et aucun berger n’escalade le mur pendant la nuit. L’endroit par lequel on passe révèle l’identité et les intentions de celui qui s’approche. En quelque sorte, il pose la question : dis-moi par où tu passes, et je te dirai qui tu es.

Justement, par où Jésus passe-t-il ? Autrement dit, où veut-il aller ? v.10 : moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et l’aient en abondance. Comment arrive-t-il à ce but ? Par où passe-t-il ? v.11 le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Le fait que Jésus soit prêt à tout donner, à se donner lui-même, pour le bien des croyants prouve qu’il n’agit pour son propre intérêt, mais que sa motivation, c’est l’amour pour le peuple dont il veut prendre soin. Manifestement, rien n’est plus important que le bien des hommes qu’il vient sauver. Cet amour-là est la preuve ultime que Jésus est le vrai berger.

Jésus est le berger, celui qui fait tout pour sauver son troupeau. Là il faut sortir du tableau pour revenir à la réalité, comme Jésus le fait à la fin de son discours. Un berger prend des risques pour ses brebis, mais il ne va pas volontairement à la mort, sinon à quoi sert-il ? Jésus, lui, se sacrifie volontairement pour ouvrir la porte à son peuple, pour lui ouvrir un chemin vers Dieu. Par sa mort à la croix à notre place, il efface les obstacles qui nous séparaient de Dieu, il efface la dette de notre péché et il nous réconcilie avec Dieu en nous rendant justes à ses yeux. Pourtant, la mort ne le retient pas, et le berger parfait qu’il est triomphe de cette épreuve : son amour et sa puissance le ramènent de la mort et le rétablissent dans son office de grand berger. Rien ne peut empêcher notre berger de prendre soin de nous : même le plus grand sacrifice ne le prive pas d’être avec nous pour l’éternité, d’être celui qui prend soin de nous, par amour, pour l’éternité.

Jésus n’est pas un berger ordinaire : il est le seul, l’unique, celui que Dieu envoie et qui est aussi Dieu lui-même, celui qui est à la fois un homme aux intentions pures et un Dieu qui met en œuvre le salut de son peuple.

La relation entre le berger et les brebis

Dans son discours, Jésus se présente comme le berger, le messie légitime, celui qui correspond aux critères de Dieu pour prendre soin du peuple. Toutefois, Jésus nous parle aussi du troupeau et des brebis, les croyants, qui le composent. Les brebis du Christ sont celles qui reconnaissent la voix du berger et le suivent sur le chemin de la vie, celles qui passent par la porte de l’enclos qui est le christ. Elles discernent en Jésus leur seigneur, le seul qui ait autorité sur elles. Viennent des faux messies, des faux bergers, elles refusent de les suivre mais attendent la voix du bon berger, le christ. L’élément déterminant quand on appartient au peuple de Dieu, c’est de connaître le berger, de connaître le christ, personnellement. Lui, il connaît chacun par son nom, et dans cette relation il y a de la réciprocité : le croyant est celui qui reconnaît Jésus comme le sauveur.

À l’époque de Jésus, appartenir au troupeau c’est une question de généalogie : je suis une brebis de Dieu si ma mère et mon père sont des brebis de Dieu, si je suis né dans cet enclos qu’est le peuple juif. Or, Jésus nous enseigne que ce n’est pas une question d’endroit ou de généalogie : les brebis de Dieu sont celles que le berger connaît et qui répondent à l’appel du berger, autrement dit, celles qui reconnaissent le Messie Jésus-Christ.

Deux éléments nous montrent qu’être membre de l’enclos ne suffit pas : 1) à l’époque de Jésus souvent les bergers partageaient un enclos pour plusieurs troupeaux, et peut-être que Jésus évoque la possibilité que dans l’enclos il y a des brebis qui ne lui appartiennent pas, qui ne reconnaissent pas sa voix, qui ne le suivent pas. 2) Jésus a aussi des brebis dans d’autres enclos, c’est-à-dire des croyants qui ne viennent pas de l’enclos d’Israël mais d’autres nations, jusque là sans bergers. Jésus révolutionne la conception du peuple de Dieu : il ne s’agit plus d’un lieu ou d’un groupe déterminé par des origines communes, la question n’est pas d’être au bon endroit au bon moment, mais de connaître personnellement le berger, de le suivre sur le chemin qu’il emprunte, de passer par là où lui-même passe. ce qui sauve, c’est de dire : oui, Jésus-Christ est bien le berger, mon berger, mon sauveur, mon seigneur, et je veux le suivre. C’est le seul critère pour appartenir au peuple de Dieu.

Ce critère de la foi seule a une conséquence importante : v.16 Jésus dit que son but, c’est d’avoir un seul troupeau, avec un seul berger. Ce qui unit les brebis n’est pas l’enclos d’origine, la race ou la manière de bêler, ce n’est pas non plus les prouesses de chacune ou la qualité de son lait ou de sa laine, mais uniquement le fait qu’elles suivent un même berger. Ce qui fait l’unité du peuple de Dieu, c’est son seigneur, le christ. Ce qui fait qu’on appartient au peuple de Dieu, c’est la seule conviction que Jésus est celui qui nous conduit à Dieu et qui nous sauve.

Conclusion

Permettez-moi de finir cette méditation avec une confession de foi.

Je crois que Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, est venu sur terre pour sauver les hommes par amour. Je crois qu’il est le seul à nous conduire vers Dieu : il est la porte qui s’ouvre sur le chemin de la vie. Il est le berger qui nous guide et nous accompagne dans notre marche vers Dieu. Je crois qu’il a tout accompli pour que nous soyons réconciliés avec Dieu, et qu’en lui seul repose mon salut et mon espérance. Je sais que la mort ne l’a pas retenu, mais qu’il est ressuscité, et qu’un jour tous les croyants ressusciteront avec lui pour vivre ensemble une vie abondante, une vie éternelle, dans la lumineuse présence de Dieu.




Les leçons de Babel

BabelLecture biblique : Genèse 11.1-9

L’histoire se répète… Dans les premiers chapitres de la Genèse, l’humanité a du mal à apprendre de son histoire. Mais, est-ce que ça a vraiment changé ? Le schéma du jardin d’Eden, de la révolte contre Dieu, de la volonté de se passer du Créateur, se répète. C’est Caïn qui s’arroge le droit de disposer de la vie de son frère en le tuant. C’est l’humanité entière qui s’écarte de Dieu jusqu’au déluge. Et puis c’est l’histoire de la tour de Babel où l’humanité unie pensait pouvoir s’élever jusqu’à Dieu…

La chronologie des événements de Gn 1-11 est un peu problématique. On nous dit ici que tous les hommes parlent une seule et même langue alors qu’au chapitre précédent on nous décrit les généalogies des trois fils de Noé, pères de tous les peuples de la terre, « groupés par pays selon leur langue… » (Gn 10,5). Et on nous parle ici de la ville de Babel dont il était déjà question parmi les descendants de Cham, avec Nemrod, dont la première ville de son royaume était Babel (Gn 10.10).

La question du genre littéraire de notre récit pose aussi problème. Il paraît difficile de se contenter d’une lecture au pied de la lettre. Dieu y apparaît sous des traits anthropomorphique : il descend du ciel pour venir voir ce qui se passe sur terre… comme s’il en avait besoin ! De même, la naissance en un jour de tous les langages de la terre est surprenante.

Prenons simplement le texte tel qu’il nous apparaît. Considérons-le dans le contexte des premiers chapitres de la Genèse, essentiels pour notre compréhension du monde, de l’humanité et de Dieu. Et interrogeons-nous sur le message universel qu’il contient pour nous encore.

Une tour aussi haute que le ciel

Un jour, en chemin vers l’Est, les hommes s’arrêtent. Et ils décident de construire une ville et une tour, aussi haute que le ciel. Mais quelle mouche les a piqués ? Et pourquoi cette crainte d’être dispersé dans toute la terre, qui semble être la motivation à la construction de la tour ?

Il y a ici comme un écho négatif au mandat culturel, cette mission que Dieu a donnée à l’humanité et qui a été répétée à Noé après le déluge : « Ayez des enfants, devenez nombreux, remplissez la terre. » (Gn 9.1) Notre épisode marque un coup d’arrêt à l’expansion de l’humanité sur la terre. Là-bas, à l’Est, dans le pays de Shinéar (Babylonie), l’humanité s’arrête. Elle choisit de décider elle-même de son sort, elle s’installe et veut construire sa propre protection.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si tout ça se passe « vers l’Est ». C’est à l’Est d’Eden que Dieu avait posté les chérubins à l’entrée du jardin pour empêcher les hommes d’y revenir. C’est à l’Est que Caïn s’en est allé après son crime, loin du Seigneur. D’ailleurs, la première chose qu’on nous dit de Caïn après son exil, c’est qu’après avoir eu un enfant, il se mit à construire une ville… à laquelle il donna le nom de son fils !

Dans la Genèse, les villes ont une connotation négative. A l’origine, les hommes étaient dans un jardin. Ensuite, les patriarches seront nomades. Et quand on évoque des villes, c’est pour parler de Sodome et Gomorrhe. Les villes sont le symbole de l’humanité en rébellion contre Dieu, de leur orgueil. Et ici, les hommes construisent une ville et une très haute tour « pour se faire un nom ».

L’épisode de la tour de Babel est le signe de l’orgueil de l’humanité qui refuse son Créateur. Un projet pharaonique pour laisser une trace dans l’histoire. Une tour qui monte jusqu’au ciel pour défier le Créateur. Une ville fabriquée de leurs mains, pour leur offrir la protection, sans avoir besoin de Dieu.

Car si cette tour est si haute, ce n’est peut-être pas seulement pour le prestige… Est-ce que ça ne pourrait pas être aussi pour se protéger d’un éventuel nouveau déluge ? Alors que Dieu a promis de ne plus jamais en envoyer… Comme l’écrit Antoine Nouis, « Ils préfèrent la tour à l’arc-en-ciel : ils font plus confiance à leurs œuvres qu’à la fidélité de Dieu. » (Antoine Nouis, L’aujourd’hui de la Création)

Il est étonnant de voir combien, dans l’histoire de l’humanité, les progrès de la science et des technologies, tout en apportant des bienfaits dont nous bénéficions avec reconnaissance, alimentent aussi l’orgueil de l’homme à vouloir s’affranchir de Dieu. Des tours de Babel, les hommes en ont construites tout au long de l’histoire, pour se faire un nom, pour laisser une trace dans l’histoire, pour jouer à être Dieu et repousser les limites de la connaissance.

Ne sommes-nous pas tentés, nous aussi, de construire nos petites tours de Babel ? De nous fabriquer nos propres protections, de préférer faire confiance à nos œuvres plutôt qu’aux promesses de Dieu ?

Une seule langue pour tous

Mais Dieu résiste aux orgueilleux… et il ne laissera pas le projet des hommes s’achever. Alors il intervient. Il descend du ciel pour voir de plus près ce que les hommes sont en train de tramer… et il décide de leur mettre un gros bâton dans les roues ! Il va briser l’unité de l’humanité en brouillant leur langage. Ils ne peuvent plus communiquer entre eux, ils ne peuvent plus se coordonner et travailler ensemble. Ils sont contraint de s’arrêter et vont se disperser.

La ville et la tour ne sont pas détruites : elles restent inachevées et désertes. L’entreprise orgueilleuse des hommes reste un projet inachevé. Le récit s’achève sur l’évocation du nom de Babel, avec un jeu de mot en hébreu, rapprochant le nom Babel de la racine balal (mêler, brouiller). Pour les Babyloniens, Babylone (Babel) signifiait « la porte des dieux ». Pour la Bible dans la Genèse, elle signifie « brouillage », « confusion »…

Le brouillage des langues conduit à la dispersion… Mais cela a une conséquence positive : elle permet le redémarrage du mandat culturel que les hommes avaient abandonné. Les sanctions de Dieu ne sont pas un point final mais une occasion de redémarrer, de rétablir, de réajuster. Dieu ne juge pas pour détruire, il juge pour corriger.

C’est le témoignage de l’ensemble de la Genèse. Malgré les coups d’arrêts à cause de l’infidélité et des erreurs des hommes, le projet de Dieu se poursuit. Caïn a tué Abel mais Dieu a donné Seth à Adam et Eve. L’humanité méritait d’être détruite mais Dieu a sauvé Noé et sa famille du déluge. Les hommes voulaient s’unir pour se passer de Dieu, il les a contraints à la dispersion pour qu’ils remplissent la terre. Il en sera de même avec les patriarches : Abraham et la stérilité de sa femme Sara, Isaac et ses difficultés à trouver une femme, Jacob et ses problèmes avec Esaü, Joseph avec ses frères… Et le processus se poursuivra lors de la sortie d’Egypte, la traversée dans le désert, l’entrée en Canaan, la succession des rois, l’exil, le retour de l’exil…

Toute l’histoire biblique raconte la fidélité de Dieu à son projet malgré les infidélités, les erreurs et les fautes des humains. Et ce sont assez souvent des jugements, des épreuves, qui permettent au projet de Dieu de repartir.

Quelles sont les épreuves que Dieu envoie dans notre vie et en quoi elles nous font grandir, elle réoriente opportunément notre vie et nous remettre sur la bonne trajectoire ?

On peut même aller plus loin avec notre récit… Et si la malédiction était aussi une bénédiction ? Le brouillage des langues ne pourrait-il pas être aussi un signe que l’humanité est riche de sa diversité et non de son uniformité ? Dans la généalogie des trois fils de Noé (Genèse 10), Dieu multiplie les générations dans la diversité des peuples et des langues. La prétention unitaire de Babel nie cette diversité et préfère l’uniformité. Elle entre en contraste avec le projet de Dieu. L’uniformité est totalitaire. Le projet de Babel était totalitaire.

Le projet de Dieu n’est jamais l’uniformité mais l’unité dans la diversité. Comment pourrait-il en être autrement d’un Dieu qui lui-même est à la fois unique et multiple : un seul Dieu en trois personnes ? C’est son projet pour l’humanité, c’est son projet pour l’Église. En témoigne l’épisode de la Pentecôte, que nous allons bientôt célébrer, et qui apparaît comme l’anti-Babel : le même message de l’Évangile, annoncé dans toutes les langues !

Ce qui fait notre unité, c’est le Christ et son œuvre de salut pour tous. Ce qui fait notre richesse, c’est la diversité de nos personnalités, nos cultures, nos histoires, nos dons. Préférons toujours Pentecôte à Babel : l’unité dans la diversité plutôt que l’uniformité !

Conclusion

Cet épisode de la tour de Babel n’est finalement qu’une répétition, à l’échelle de l’humanité, de la prétention orgueilleuse qui a conduit Adam et Eve hors du jardin d’Eden.
En construisant une tour, l’humanité a voulu se construire son propre arbre de la connaissance, défier le Créateur et bâtir sa propre protection.

Il rappelle que nous ne sommes pas seulement les victimes du péché d’Adam mais que nous le répétons sans cesse. Dans notre orgueil, nous voulons bâtir nos tours de Babel, nous avons du mal à placer notre confiance dans les promesses de Dieu et nous préférons souvent nos propres forces, notre propre sagesse, nos propres œuvres.

Choisissons l’arc-en-ciel plutôt que la tour. Préférons Pentecôte à Babel. Dieu a créé la diversité dans l’humanité. Unis par son Esprit, laissons-nous guider par lui pour entrer dans ses promesses.