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Solae (5) A Dieu seul la gloire

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Jean-Sébastien Bach est considéré comme l’un des plus grands, et même peut-être le plus grand compositeur de l’histoire de la musique. Savez-vous comment il signait la plupart de ses partitions ? Il ne mettait pas seulement son nom, il ajoutait trois lettres, qui n’étaient pas ses initiales : SDG, pour Soli Deo Gloria. A Dieu seul la gloire. Et il ne le faisait pas seulement pour les partitions d’oeuvres sacrées.

Toute l’oeuvre de ce génie de la musique, profondément croyant, était dédiée à Dieu. Le désir de Jean-Sébastien Bach était que toute sa musique rende gloire à Dieu. Il cherchait à vivre, en bon Protestant, cette cinquième affirmation théologique fondamentale de la Réforme avec laquelle nous terminons notre série de prédications : Soli Deo Gloria. A Dieu seul la gloire !

C’est d’abord, bien-sûr, une expression biblique, qu’on retrouve à plusieurs reprises, sous différentes formes. On l’entend proclamée dans le ciel, dans les extraordinaires visions du trône et de l’Agneau aux chapitres 4 et 5 de l’Apocalypse :

Apocalypse 4.11
« Seigneur, notre Dieu, tu es digne de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance.
Car c’est toi qui as créé toutes choses,
tu as voulu qu’elles soient et elles ont été créées. »

Apocalypse 5.13
Et j’entendis toutes les créatures dans les cieux, sur terre, sous terre et sur la mer – les créatures de l’univers entier – qui chantaient :
« À celui qui siège sur le trône et à l’agneau
soient la louange, l’honneur, la gloire et la puissance pour toujours ! »

On la retrouve aussi à plusieurs reprises ailleurs dans le Nouveau Testament, comme par exemple dans les deux derniers versets de l’épître de Jude :

Jude 1.24-25
24 À celui qui peut vous garder de toute chute et vous faire paraître sans défaut et pleins de joie en sa glorieuse présence, 25 au Dieu unique, notre sauveur par Jésus Christ notre Seigneur, sont la gloire, la grandeur, la puissance et l’autorité, depuis toujours, maintenant et pour toujours ! Amen.

C’est aussi une formule qu’on a abondamment reprise dans l’hymnologie chrétienne, c’est ce qu’on appelle des doxologies. Elles font partie de nos cantiques ou on les utilise dans nos formules liturgiques au cours d’un culte.

Le risque, justement, c’est peut-être qu’on en reste à une simple formule…

 

A Dieu soit la gloire

Pour aller au-delà de la formule, il est pertinent de garder à l’esprit, ou peut-être de reprendre conscience de ce que signifie l’expression « A Dieu seul la gloire ». Que dit-on quand on chante, quand on prie ou quand on proclame : « à Dieu soit la gloire » ?

Nous disons qu’il est le seul qui puisse recevoir la gloire. Il est le seul digne d’être adoré parce qu’il est unique et qu’il n’y en a pas d’autre comme lui. C’est ce que la Bible affirme quand elle dit que Dieu est saint : il est unique et incomparable.

Dieu est seul digne d’être adoré parce qu’il est à l’origine de toutes choses, à l’origine de l’univers entier qu’il a créé, à l’origine de notre salut qu’il a pleinement accompli en Jésus-Christ. C’est la grâce seule (un cadeau immérité de Dieu), par la foi seule (nous ne pouvons ni ne devons rien y ajouter), grâce au Christ seul (il a tout accompli !), et c’est l’Écriture seule qui nous le dit… voilà pourquoi la gloire lui revient, à lui seul !

Dans la vision du trône d’Apocalypse 4, il y a un geste que font les 24 anciens qui est très significatif : ils jettent leurs couronnes devant le trône et rendent gloire à Dieu. Ce geste signifie simplement que devant Dieu, plus aucune couronne ne tient. Tous nos motifs de fierté, toutes nos petites ou grandes gloires personnelles s’effacent devant la gloire infinie de Dieu.

La gloire, en hébreux, c’est kavod. Un mot dont la racine signifie le poids (c’est-à-dire l’importance). Or, face à Dieu, personne ne fait le poids ! Il est le seul, l’unique, qui puisse être adoré.

Finalement, c’est bien ce que disait déjà le début du Décalogue :

Exode 20.2-3
Je suis le Seigneur ton Dieu, c’est moi qui t’ai fait sortir d’Égypte où tu étais esclave.
Tu n’adoreras pas d’autres dieux que moi.

 

Tout faire pour la gloire de Dieu

A Dieu seul la gloire ! Personne ne fait le poids face à lui. On pourrait s’arrêter là… mais je vous propose d’aller un peu plus loin et de nous demander quelles peuvent être les conséquences pratiques de cette affirmation fondamentale. Et pour cela, je vous propose de lire un passage tiré de la première épître de Paul aux Corinthiens.

1 Corinthiens 10.23-33
23 « Tout est permis », dites-vous. Oui, cependant tout n’est pas utile. « Tout est permis », cependant tout n’est pas constructif. 24 Que personne ne cherche son propre intérêt, mais plutôt celui des autres.
25 Vous êtes libres de manger tout ce qui se vend au marché de la viande sans avoir à poser des questions par motif de conscience ; 26 car, comme il est écrit, « c’est au Seigneur qu’appartient la terre avec tout ce qu’elle contient ».
27 Si une personne non-croyante vous invite à un repas et que vous acceptez d’y aller, mangez de tout ce qu’on vous servira, sans poser de question par motif de conscience. 28 Mais si quelqu’un vous dit : « Cette viande provient d’un sacrifice offert aux idoles », alors n’en mangez pas, à cause de celui qui a fait cette remarque et par motif de conscience – 29 je parle ici non pas de votre conscience, mais de celle de l’autre.
« Mais pourquoi, demandera-t-on, ma liberté serait-elle limitée par la conscience de quelqu’un d’autre ? 30 Si je remercie Dieu pour ce que je mange, pourquoi me critiquerait-on au sujet de cette nourriture pour laquelle j’ai dit merci ? »
31 Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, ou que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout pour la gloire de Dieu. 32 Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour ceux qui ne le sont pas, ni pour l’Église de Dieu. 33 Comportez-vous comme moi : je m’efforce de plaire à tous en toutes choses ; je ne cherche pas mon propre bien, mais le bien d’une multitude de gens, afin qu’ils soient sauvés.

C’est bien-sûr la formule du verset 31 qui m’intéresse en particulier : « que vous mangiez, que vous buviez, ou que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout pour la gloire de Dieu. »

La formule est très générale : « Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » Mais ce qui est intéressant, c’est qu’elle est citée par Paul alors qu’il évoque une question très concrète, voire terre à terre. Il répond à la question qui lui est posée : peut-on ou non manger de la viande issue d’un animal offert en sacrifice à des divinités païennes ?

C’est une problématique qui peut nous sembler étrange aujourd’hui mais c’était une vraie question pour des chrétiens du Ier siècle, d’origine païenne et vivant dans un contexte païen. Et la réponse de Paul est très intéressante parce qu’elle est nuancée. Il ne répond pas par oui ou par non. Il dit : ça dépend ! Et ça ne dépend pas de vous, ni de la viande ou de la façon dont elle a été apprêtée. Ça dépend des autres, de leur conscience. Ça dépend de l’effet qu’aura sur l’autre le fait de consommer ou de ne pas consommer telle ou telle viande, dans telle ou telle circonstance.

Face à cette question comme face à toute autre question, la boussole qui doit orienter ma décision, c’est la gloire de Dieu. Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu !

Il ne s’agit pas ici de faire une liste des choses qui glorifient de Dieu et de celles qui ne le glorifient pas, comme si on pouvait tout classer dans l’une de ces deux catégories. Il s’agit de se poser toujours la question, et d’y répondre en fonction des circonstances. Non pas de manière absolue, ou légaliste, mais de manière nuancée.

Dieu n’est pas glorifié si mon attitude ou mes paroles font du mal à mon prochain ou provoquent sa chute. Parce que Dieu aime tous les êtres humains, chacune et chacun en particulier, et veut qu’ils soient sauvés. Il ne veut pas qu’ils soient blessés, humiliés, dévalorisés…

Notre vocation d’êtres humains créés à l’image de Dieu, c’est de glorifier Dieu. De refléter par notre vie la gloire de Dieu. Et c’est encore plus vrai si nous sommes croyants, et si nous affirmons que Jésus-Christ dont nous sommes les disciples est lui-même l’image parfaite de Dieu.

« Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ! »

Cette exhortation de l’apôtre Paul est aussi un appel à voir dans tous les domaines de notre vie, des occasions de glorifier Dieu. Quoi que nous fassions, dans quelque domaine que ce soit, il est possible de glorifier Dieu ! Il ne s’agit pas ici de donner la gloire à Dieu comme s’il en manquait, il s’agit de lui rendre gloire, reconnaissant que tout vient de lui.

Il ne s’agit donc pas ici de passer sa vie à chanter des cantiques ! Comme si c’était la seule façon de glorifier Dieu…

Il s’agit de glorifier Dieu par notre vie, dans notre quotidien. Vous pouvez glorifier Dieu par votre travail professionnel, par votre engagement associatif, dans vos relations avec vos proches, vos voisins, vos amis. Vous pouvez glorifier Dieu en faisant tout cela bien, avec amour, avec patience, avec bienveillance, et on pourrait citer ici toute la liste du fruit de l’Esprit de Galates 5.22.

Vous pouvez bien sûr aussi glorifier Dieu en témoignant de votre foi et de votre espérance. Mais à quoi sert-il de témoigner de sa foi autour de soi si, par le reste de notre vie, nous ne glorifions pas le Dieu d’amour et de paix ?

 

Conclusion

A Dieu seul la gloire ! Il est le seul, l’unique, l’incomparable. Rien ni personne ne fait le poids face à lui. Rien n’est sacré ou absolu sinon Dieu. Pas même ma religion, mon Église, ma théologie ou ma vision de Dieu.

A Dieu seul la gloire ! Ça ne veut pas dire que tout ce que je suis ou ce que je fais n’a aucune valeur. Ça veut dire que c’est le regard de Dieu, son regard de grâce et d’amour, qui donne du sens à ma vie, qui donne du poids, de l’importance à ce que je suis et ce que je fais.

A Dieu seul la gloire, aujourd’hui, dans ma vie, et pour l’éternité, dans l’univers entier !

5 Solae (1) L’Ecriture seule

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Ce matin nous commençons une série de cinq prédications autour des affirmations théologiques fondamentales de la Réforme. On les cite en général dans leur formulation latine : sola Scriptura, sola gratia, sola fide, solus Christus, soli Deo gloria. En français, ça donne l’Ecriture seule, la grâce seule, la foi seule, le Christ seul et à Dieu seul soit la gloire.

Nous allons choisir cinq textes bibliques qui permettent d’évoquer chacune de ces cinq affirmations au coeur de la foi protestante. Nous commençons ce matin avec l’Ecriture seule. En théologie protestante, cette affirmation signifie que la Bible est la seule autorité pour le croyant, en matière de foi et de vie chrétienne.

Une enquête récente de l’Ifop (2010) révèle que 34 % des Protestants lisent la Bible au moins une fois par semaine. J’aurais envie de dire : seulement ? Certes, ils sont 74 % chez les protestants évangéliques… Mais “au moins une fois par semaine”, ça veut dire quoi ? Il n’y a pas la catégorie “presque tous les jours” qui est un peu le standard, au moins officiellement, chez les évangéliques ! Et l’enquête ne précise pas comment la Bible est lue. Ce n’est pas la même chose de lire un passage biblique dans un esprit de méditation et de prière, d’approfondir et d’étudier un texte biblique ou de lire simplement le verset biblique du jour dans le calendrier.

Je ne veux pas avoir ici un discours culpabilisant. Chacun fait ce qu’il peut… Mais quand même, ces chiffres nous interrogent quant à la place que la Bible occupe dans notre vie de foi. D’autant que, toujours selon l’enquête Ifop, il y a quand même 24 % des protestants qui ne lisent jamais la Bible. Et ils sont même 9 % chez les protestants évangéliques !

La lecture et la méditation de la Bible, c’est un enjeu crucial de la vie chrétienne. Je vous propose de l’évoquer à partir d’un texte de la deuxième épître de Paul à Timothée :

2 Timothée 3.14-17
14 Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et accueilli avec une entière conviction. Tu sais de quels maîtres tu l’as appris. 15 Depuis ta tendre enfance, en effet, tu connais les saintes Écritures ; elles peuvent te donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus Christ. 16 Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et former à une manière de vivre conforme à ce que Dieu demande. 17 Ainsi grâce à elle, toute personne qui est au service de Dieu sera parfaitement préparée et équipée pour bien agir à tous égards.

 

Inspirée de Dieu… et alors ?

Le verset 16 est LE texte fondamental pour affirmer l’inspiration divine de la Bible. Une affirmation à laquelle, nous autres protestants évangéliques, sommes très attachés. Mais en affirmant l’inspiration divine de toute la Bible, on a tout dit… et on n’a rien dit !

On a tout dit parce qu’on affirme que la Bible n’est pas un livre comme les autres. Elle est l’expression de la révélation de Dieu. C’est Dieu qui nous parle par elle. Il a conduit et inspiré les auteurs humains, de différentes façons, si bien que la Bible peut être reçue comme la Parole de Dieu.

Mais on n’a rien dit si on s’arrête là… On manque peut-être l’essentiel si l’affirmation de l’inspiration de la Bible est tout ce qu’on dit de la Bible, si elle est considérée comme une fin en soi, un simple article de foi. “Je crois que la Bible est la Parole de Dieu”. OK… et alors ? Qu’est-ce que ça change pour toi ? Que fais-tu de cela ?

Notre préoccupation première par rapport à la Bible ne devrait pas être de défendre son authenticité, son autorité, son inspiration… elle se défend très bien toute seule. Notre principal souci devrait d’abord être de nourrir notre foi grâce à elle.

En réalité, il y a un petit mot très important dans ce verset 16. Un mot qui change tout. C’est le mot “utile”.

 

La Bible est utile

La Bible est utile. La lire nous est profitable. Le croyant en a besoin. C’est pour ça que c’est inquiétant quand un croyant dit qu’il ne lit jamais la Bible…

Si la Bible est utile, alors il faut l’utiliser ! Mais à quoi sert-elle ? L’apôtre Paul utilise quatre verbes au verset 16 : enseigner, réfuter, corriger et former.

  • La Bible nous enseigne. La connaître, c’est connaître la vérité révélée de Dieu. Plus on connaît la Bible, plus on connaît Dieu qui l’a inspirée.
  • La Bible réfute l’erreur. Elle permet de nous armer contre les attaques de ceux qui mettent en doute notre foi. Elle rend notre foi plus forte et solide, elle affermit nos convictions.
  • La Bible corrige les fautes. Elle nous permet de rectifier le tir lorsque nous nous écartons de ce que Dieu attend de nous. Elle agit un peu comme une boussole nous permettant de corriger la trajectoire de notre vie chrétienne.
  • La Bible nous forme. C’est le travail en profondeur de Dieu en nous. Ici, il ne s’agit pas seulement de ce que nous croyons mais de ce que nous vivons. C’est la valeur éducative de la Bible pour le croyant. Et il en a besoin tout au long de sa vie chrétienne.

La Bible est donc utile, pour le croyant, pour approfondir sa connaissance de Dieu, pour affermir sa foi, pour rectifier la trajectoire de sa vie et le faire grandir spirituellement. Ce n’est pas rien !

 

Pourquoi l’Écriture seule ?

Venons-en maintenant à la formule Sola Scriptura des Réformateurs. Pourquoi l’Écriture seule ? Que peut-on être tenté d’y ajouter ? Dans le contexte de la Réforme du XVIe siècle, c’était en particulier les traditions de l’Église, comprises comme des ajouts humains qui pouvaient prendre autant voire plus d’importance que le texte biblique.

a. L’Ecriture seule, c’est l’Écriture sans magistère

L’Ecriture seule, c’est l’Écriture sans magistère, sans une institution ou une personne disant comment elle doit être lue et interprétée. C’est l’Écriture elle-même qui est sa propre autorité et il n’y a aucune autorité humaine qui puisse se placer au-dessus d’elle pour dire comment la comprendre.

Attention toutefois, s’ils ne sont pas institutionnels chez les protestants, une certaine forme de magistère problématique existe sans doute. Il peut y avoir des Églises ou des enseignants qui ne laissent guère de marge dans la compréhension de la Bible et son message, s’assurant que chaque croyant marche droit, selon les prescriptions de l’Eglise. On ne laisse plus alors la Parole de Dieu nous interpeller, on l’enferme dans un schéma d’interprétation préconçu.

En tout cas, concrètement, l’absence de magistère invite le croyant à intégrer dans sa vie chrétienne un face-à-face avec l’Écriture, une lecture personnelle de la Bible. L’Ecriture seule, c’est passer du temps seul à seul avec l’Écriture…

b. L’Ecriture seule, c’est aussi toute l’Ecriture

L’Écriture seule, c’est aussi toute l’Écriture. D’ailleurs, on pourrait comprendre le verset 16 ainsi : “Toute l’Écriture est inspirée de Dieu.” D’où l’importance d’une vision d’ensemble et non fragmentée de la Bible. Citer des versets bibliques isolés est rarement pertinent. C’est même le meilleur moyen d’instrumentaliser la Bible et de lui faire dire ce qu’on veut.

C’est le principe de la Bible qui s’interprète par elle-même. Plus on a une connaissance globale de la Bible, plus on arrive à comprendre un texte en particulier. D’où l’importance aussi d’une lecture intelligente de la Bible qui tient compte de la richesse, de la diversité et de la complexité du texte biblique.

Il faut être conscient que toute lecture de la Bible implique une interprétation. Quand quelqu’un dit “moi je n’interprète pas la Bible, je la cite”, ou “ce n’est pas moi qui le dit, c’est la Bible qui le dit”, ce n’est jamais neutre. C’est un choix d’interprétation de citer tel texte plutôt qu’un autre dans telle ou telle situation ! De même, prendre au pied de la lettre un texte biblique, c’est un choix d’interprétation. Une lecture littérale de la Bible peut se justifier dans certains cas mais elle est un contresens dans d’autres cas.

c. L’Écriture seule, ce n’est pas l’Écriture sans le Saint-Esprit

Le terme grec qu’on traduit pas “inspirée par Dieu”, theopneustos, signifie littéralement soufflée de Dieu et se réfère au souffle de Dieu, son Esprit. Il convient donc de souligner l’importance du Saint-Esprit dans notre lecture de la Bible. L’Écriture seule, ce n’est pas l’Écriture sans le Saint-Esprit !

Il est logique de considérer que le même Esprit saint qui a inspiré les auteurs bibliques nous permet de comprendre le sens des Ecritures pour nous aujourd’hui. Ou dit autrement : sans l’action du Saint-Esprit, lire la Bible n’aura pas plus d’effet sur nous que la lecture de n’importe quel livre. Ce qui peut être déjà pas mal ! Il y a des romans dont la lecture vous bouleverse… Mais pour expérimenter la Bible comme Parole de Dieu, il faut l’action du Saint-Esprit en nous.

 

Conclusion

Je ne sais pas à quelle catégorie de l’enquête vous appartenez quant à la lecture de la Bible… Mais je sais que même si vous êtes convaincus de l’importance de lire la Bible en tant que croyant, c’est souvent un sujet de frustration voire de culpabilité, parce qu’on a du mal à vraiment la lire autant qu’on le voudrait.

Mais si, comme le dit l’apôtre Paul, “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et former à une manière de vivre conforme à ce que Dieu demande.”, alors c’est une préoccupation qui doit être au cœur de notre vie chrétienne. L’Écriture seule, la Bible seulement, est l’autorité pour notre foi et notre vie chrétienne. Ne pas la lire, c’est prendre un risque pour notre foi, celui de ne pas la nourrir, l’affermir, l’approfondir… et du coup, de stagner spirituellement.

Cette Écriture, inspirée de Dieu, est vraiment utile, et même essentielle à notre vie chrétienne. Si notre bonne volonté ne suffit pas, tournons-nous vers le Seigneur. Car finalement c’est bien lui, le même Saint-Esprit qui a inspiré les Écritures qui pourra entretenir en nous ou nous faire retrouver le goût de la lecture de la Bible !

L’horizon de notre espérance

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Il me semble qu’en ce premier culte de l’année, il est légitime de parler d’espérance. Et c’est sans doute d’autant plus vrai dans le contexte que nous connaissons depuis deux ans… Je vous propose de le faire à partir du texte de l’Ancien Testament proposé pour ce dimanche de l’épiphanie.

Mais d’abord, quelques éléments de contexte avant de lire le texte. Les derniers chapitres du livre du prophète Esaïe s’adressent au peuple de Juda en Exil à Babylone, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Ils sont découragés, loin de chez eux, déracinés. Leur avenir est bouché, sans espoir. Si le prophète leur adresse de vibrants appels à un retour à Dieu pour un peuple qui s’est écarté de l’alliance que Dieu avait faite avec eux, son message contient aussi de magnifiques promesses de restauration. Une espérance est possible, même dans les temps troublés qu’ils traversaient ! Le début du chapitre 60 est une des plus éclatantes expressions de cette espérance.

Esaïe 60.1-6
1 Debout, Jérusalem, brille de mille feux, car la lumière se lève pour toi : la gloire du Seigneur t’éclaire comme le soleil levant. 2 L’obscurité couvre la terre, la nuit enveloppe les peuples. Mais toi, le Seigneur t’éclaire comme le soleil qui se lève. Au-dessus de toi apparaît sa présence lumineuse. 3 Alors des peuples marcheront vers la lumière dont tu rayonnes, des rois seront attirés par l’éclat dont tu te mettras à briller.
4 Regarde bien autour de toi, et vois tous tes enfants : ils viennent et se rassemblent auprès de toi. Tes fils arrivent de loin, on ramène tes filles en les portant dans les bras. 5 En les apercevant, tu rayonnes de bonheur ; tu en es tout émue, ton cœur éclate de joie. Car les richesses de la mer arrivent chez toi, les trésors du monde affluent jusqu’à toi. 6 Ton pays se couvre d’une foule de chameaux : ce sont les caravanes de Madian et d’Éfa, arrivant toutes de Saba. Elles apportent de l’or et de l’encens en chantant les exploits du Seigneur.

C’est bien un texte pour l’épiphanie. Le mot signifie apparition, manifestation. Il n’est pas limité à l’épisode de la visite des mages pour voir la manifestation de Dieu dans l’enfant Jésus. On peut l’utiliser pour toute manifestation particulière de Dieu, toute révélation de sa gloire. D’une certaine façon, toute démarche de foi prend naissance dans une épiphanie : une révélation de Dieu, une expérience de sa présence, une prise de conscience de son existence. Elle peut être radicale et spectaculaire, comme Paul sur le chemin de Damas. Elle peut être plus secrète et intime, au fond de notre coeur.

Dans le contexte de l’Exil du peuple de Juda, le texte évoque un retour à Jérusalem. C’est un mouvement inverse à l’Exil : non seulement les enfants de Juda reviennent à Jérusalem mais les peuples et leurs rois se rendent aussi à Jérusalem, attirés par la lumière de la gloire du Seigneur.

Le retour de Juda à Jérusalem a bien eu lieu, quelques années plus tard. Mais ça ne s’est pas fait avec l’éclat et la gloire décrits dans ces versets. L’accomplissement de la promesse était encore à venir… Elle a alimenté l’espérance messianique des croyants Juifs. Elle alimente aussi aujourd’hui l’espérance chrétienne.

D’une certaine manière, on a un écho de ce texte dans le récit de la visite des mages chez Matthieu. Mais la lumière que les sages d’Orient sont venus contempler, guidés par une étoile, rayonnait sur le visage d’un enfant. C’est bien pourtant la lumière de la gloire de Dieu qui resplendissait, encore discrète. Elle sera plus éclatante lorsque cet enfant devenu adulte ressuscitera après sa mort. Elle brillera de tout son éclat le jour où, selon ses promesses, il reviendra pour établir le Royaume de Dieu.

La portée de ce texte d’Esaïe s’enrichit donc de la venue du Fils de Dieu sur terre, en Jésus-Christ, de sa vie, sa mort et sa résurrection, et de son retour prochain. Le plein accomplissement de la promesse d’Esaïe est encore à venir, au jour de la pleine révélation de la gloire de Dieu.

J’aimerais simplement souligner, à partir de ce texte d’Esaïe, trois effets de l’espérance sur le croyant.

 

L’espérance nous met debout

“Debout, Jérusalem !” (v.1) C’est par cet appel que commence notre texte. Debout ! Ne restez pas abattus, épuisés, découragés.

Notre espérance nous met debout, ou elle nous remet debout. Quelles que soient les circonstances de notre vie, quel que soit le contexte dans lequel nous vivons, l’espérance nous tient debout… et nous permet d’avancer.

Bien-sûr qu’il y a des raisons d’être fatigués, découragés, inquiets aujourd’hui. Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin… Et si notre espoir n’est que dans ce monde, je ne suis pas sûr du tout qu’il y ait beaucoup de raisons de se mettre debout !

Mais Jésus-Christ est ressuscité, il s’est relevé de la mort. Avec lui, nous pouvons nous tenir debout. La puissance de sa résurrection est à l’oeuvre en nous aujourd’hui : elle nous restaure, elle nous purifie et nous pardonne, elle nous communique la vie et nous donne la victoire. Il ne s’agit pas d’être triomphaliste et de nier les combats que nous devons continuer à mener en tant que croyant. Mais il s’agit bien de saisir les promesses de Dieu, de laisser l’Esprit de Dieu faire son oeuvre de restauration en nous et d’expérimenter la puissance de la grâce de Dieu.

Et même si nous sommes accablés par l’épreuve, incapable de la surmonter, nous savons qu’un jour nous nous relèverons aussi de la mort, nous nous tiendrons debout en présence du Christ ressuscité, pour l’éternité. Au dernier jour, l’espérance nous mettra debout, pour toujours !

 

L’espérance nous donne un horizon

Au coeur de notre texte, il y a la lumière. Une lumière qui est celle du soleil qui se lève : “La gloire du Seigneur t’éclaire comme le soleil levant.” (v.1) Que regarde-t-on quand on contemple le spectacle d’un lever de soleil ? On regarde au loin, l’horizon.

L’espérance nous donne un horizon, un avenir qui ne s’arrête jamais. Elle permet de voir au-delà des épreuves et des difficultés du moment, aussi intenses soient-elles. Elle nous garantit que notre histoire ne se terminera pas dans ce monde mais qu’elle se prolongera pour l’éternité, dans un monde nouveau. Oui, l’horizon est dégagé depuis que Jésus a vaincu la mort !

On ne sait pas de quoi sera fait cette année 2022 qui s’ouvre devant nous. On a appris depuis deux ans à être prudent et à utiliser le conditionnel… Mais ce qui est certain, c’est que notre espérance n’est pas dans les laboratoires pharmaceutiques ou les candidats à l’élection présidentielle ! Ça ne veut pas dire que nous devions nous en désintéresser, évidemment. Mais nous devons toujours garder nos yeux fixés sur l’horizon de notre espérance.

C’est ce qui nous permettra de relativiser les espoirs et les désespoirs de ce monde, et voir plus loin, avec les yeux de la foi. Ainsi, quand l’avenir semble bouché, l’espérance voit au-delà, vers l’horizon du Royaume de Dieu qui vient.

 

L’espérance éclaire nos ténèbres

“L’obscurité couvre la terre, la nuit enveloppe les peuples. Mais toi, le Seigneur t’éclaire comme le soleil qui se lève” (v.2)

Vous remarquerez la forme verbale au présent. Ce n’est pas “le Seigneur t’éclairera, un jour, plus tard…” mais bien “le Seigneur t’éclaire”. C’est vrai dès aujourd’hui. C’est aussi cela l’espérance : non pas seulement un espoir pour demain mais une assurance dès aujourd’hui. C’est un peu la promesse de Jésus à ses disciples, qu’il fait juste avant de les quitter : “Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde”.

Quand le soleil se lève, à l’horizon, sa lumière nous atteint. Elle commence à paraître même avant que le soleil se lève. Nous attendons encore, bien-sûr, le plein accomplissement de notre espérance. Mais sa lumière nous atteint dès aujourd’hui. Elle éclaire nos ténèbres, elle chasse la nuit qui nous entoure.

Notre vie dès aujourd’hui est illuminée par notre espérance, elle éclaire notre vie. D’ailleurs, dans notre texte, Jérusalem est appelée à briller de mille feux ! Je ne sais pas si notre espérance nous fait briller de mille feux… mais elle est au moins appelée à transparaître de notre vie.

Il y a une question pertinente à se poser en tant que croyant aujourd’hui, particulièrement dans le contexte que nous connaissons : comment pouvons-nous être porteurs d’espérance ? “Que votre lumière brille aux yeux de tous”, disait Jésus à ses disciples (Mt 5.16) Comment être porteur d’espérance dans un monde où règnent l’incertitude, la peur, la méfiance et le soupçon ?

Plutôt que de suivre comme des moutons, et de relayer soit les discours anxiogènes soit les discours complotistes, les chrétiens aujourd’hui ne devraient-ils pas avoir une voix discordante exprimant la confiance en Dieu, la paix, l’espérance ?

 

Conclusion

Je ne sais pas dans quel état psychologique et/ou physique vous vous trouvez au début de cette nouvelle année. Vous êtes peut-être fermement debout, prêt et déterminé. Vous êtes peut-être chancelant, mal assuré, fatigué ou inquiet. Et vous êtes peut-être même à terre, découragé, au fond du trou.

Dans tous les cas, je vous invite à lever les yeux et regarder vers l’horizon, celui du Royaume de Dieu qui vient. Je vous invite à laisser sa lumière vous rejoindre et la laisser vous guider. Je vous encourage à puiser dans votre espérance la force de vous relever ou de rester debout. Car une espérance solide est possible, grâce à Jésus-Christ, mort et ressuscité, qui a promis d’être avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde !

Personne n’est trop petit pour connaître Dieu

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(Dialogue avec les enfants) : Est-ce que vous savez qu’on parle de vous dans la Bible ? Est-ce que vous savez que Jésus parle de vous ? Plusieurs fois, Jésus parle des enfants. Et non seulement, il dit que les enfants sont importants, mais il dit même aux adultes qu’ils doivent les prendre en exemple !

Depuis deux semaines, le début du temps de l’Avent qui conduit jusqu’à Noël, nous méditons des textes des évangiles qui nous parlent des enfants.
Il y a deux semaines, Eglantine avait parlé de l’épisode où Jésus a, contre l’avis de ses disciples, accueilli des enfants qu’on lui amenait pour qu’il les bénisse. Il les a même pris en exemple en disant à ceux qui l’entouraient : « Laissez les enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. » Il s’agit, pour connaître Dieu et son Royaume, c’est-à-dire son oeuvre, de se reconnaître vulnérable et dépendant devant Dieu, comme des enfants.
La semaine dernière, Florence a évoqué un autre épisode qui souligne l’importance d’accueillir les petits. Jésus a pris un enfant dans ses bras et il a dit à ses disciples, qui se disputaient pour savoir qui était le plus grand : « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m’accueille moi-même ; et qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » Être grand, c’est accueillir le petit… et c’est dans ce processus d’accueil que Jésus vient nous rencontrer.

Le texte de ce matin est dans la même veine. Sa particularité est qu’il s’agit d’une des très rares prières de Jésus dont on connaisse le contenu. Les évangiles nous disent à plusieurs reprises que Jésus aimait s’isoler pour prier. Il a donné à ses disciples un modèle de prière, c’est le Notre Père. Mais ici, c’est Jésus lui-même qui prie à haute voix, s’adressant autant à Dieu qu’à ses disciples qui l’entendent prier.

On ne connaît pas précisément le contexte de cette prière mais dans les versets qui précèdent, Jésus a fait référence aux personnes qui l’ont vu accomplir des miracles et qui pourtant ont refusé de croire. Et avant encore, il parlait de tous ceux qui avaient entendu l’appel de Jean-Baptiste, qui annonçait la venue de Jésus, mais qui n’ont pas voulu l’écouter ou qui n’ont pas cru.

Face aux blocages et aux résistances de ceux qui ne voulaient ou n’arrivaient pas à croire, Jésus s’émerveille dans une prière à haute voix :

Matthieu 11.25-26
25 En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te loue d’avoir révélé aux tout-petits ce que tu as caché aux sages et aux personnes instruites. 26 Oui, Père, dans ta bienveillance, tu as voulu qu’il en soit ainsi. »

En gros, ce que dit Jésus dans cette prière, c’est que Dieu a renversé les valeurs. Ce n’est pas aux grands et aux sages qu’il se révèle mais aux petits. Qu’est-ce que ça signifie ?

(Dialogue avec les enfants) : Est-ce que vous aimez aller à l’école ? Pourquoi ? Finalement, pourquoi est-ce que vous allez à l’école ?

Si on a besoin d’aller à l’école, c’est pour apprendre… Et ça peut être la première leçon de la prière de Jésus.

 

Pour connaître, il faut avoir besoin d’apprendre

Les petits enfants ont tout à apprendre. Et pas seulement apprendre à lire ou à compter. Ils ont tout à apprendre d’eux-mêmes, des autres, de la vie… Je suis grand-père depuis quelques mois seulement. Et je me régale de voir l’évolution de mon petit-fils, qui découvre petit à petit son corps et son environnement, l’interaction avec les autres, par des sourires, des babillements… Quoi de plus beau que les yeux pétillants d’un enfant, émerveillé devant une nouvelle découverte, un nouvel apprentissage ?

J’imagine bien Jésus avec les mêmes yeux pétillants (s’il les a gardés ouverts…) en disant cette prière. Car c’est bien une prière d’émerveillement qui appelle notre émerveillement. Car la foi demande d’avoir gardé son âme d’enfant, avec une soif de découverte et d’émerveillement.

Les petits enfants ont un autre grand avantage sur les adultes : leur regard n’est pas encore pollué par les a priori et les présupposés. Mais ça vient très vite… Les présupposés, c’est quand on dit : “ah oui, ça je sais, ça je connais, je n’ai plus besoin d’en apprendre…” Et c’est dramatique quand ça concerne les gens, qu’on enferme dans des cases ou des catégories. Mais les présupposés sont aussi très nombreux en ce qui concerne la foi. “La religion, je connais”, “je connais les chrétiens, la Bible, Dieu…”

Mais dans la prière de Jésus, la révélation de Dieu est pour ceux qui ne savent pas, pas pour ceux qui savent déjà… Pour connaître, il faut avoir besoin d’apprendre ! Du coup, l’avertissement reste valable qu’on soit croyant ou non. Pour le croyant aussi, le risque de penser savoir, de n’avoir plus besoin d’apprendre, existe. Et c’est un réel danger pour notre vie spirituelle…

 

Personne n’est trop petit pour connaître Dieu

Le deuxième élément que j’aimerais souligner dans la prière de Jésus, c’est la formidable promesse qu’on y trouve. Et c’est cette promesse qui est sans doute la principale source d’émerveillement de Jésus. La voici : personne n’est trop petit pour connaître Dieu !

Connaître Dieu, le grand Dieu, le “Seigneur du ciel et de la terre”, c’est possible ! Et c’est même possible pour tout le monde !

Se penser trop petit, ça peut être une question d’âge. On peut se dire : “moi, je suis trop jeune…” Mais pas besoin d’attendre d’être un adulte pour avoir la foi ! Bien-sûr qu’un enfant peut connaître Dieu. Évidemment, il ne vivra pas sa foi de la même manière qu’un adulte. Mais c’est la même chose pour un adolescent, un jeune adulte, ou quelqu’un au soir de sa vie. La foi évolue, elle nous accompagne tout au long de notre vie. Alors ce serait dommage de repousser à plus tard… Quel que soit votre âge, aujourd’hui, vous pouvez connaître Dieu, lui faire confiance et recevoir son amour.

Se penser trop petit, ça peut être une question de capacité intellectuelle, d’éducation, de niveau d’étude… Mais il n’y a pas besoin de diplômes particulier, pas besoin d’un certain niveau de QI, pas besoin d’avoir multiplié les expériences spirituelles pour connaître Dieu… c’est révélé aux tout-petits. C’est donné à ceux qui ont soif de comprendre. Essayez, vous verrez !

En fait, c’est même une chance de se savoir petit, d’une manière ou d’une autre, pour connaître Dieu. Parce que ceux qui se croient grands et sages risquent bien de croire qu’ils n’ont pas besoin de Dieu. Et dans ce cas, ils sont sûrs de ne pas le trouver…

 

Conclusion

Cette étonnante prière de Jésus convient bien à ce temps de l’Avent qui nous conduit jusqu’à Noël. C’est le temps de l’émerveillement, c’est le temps de la rencontre, pour petits et grands.

Le message de Noël, celui de la naissance de Jésus, c’est Dieu qui se met à notre portée. Le Dieu très grand se fait tout petit, le Fils de Dieu devient petit enfant, né dans une étable. Il vient à notre rencontre. Et aujourd’hui, si nous avons soif d’apprendre et de le connaître, nous pouvons le rencontrer par la foi. Personne n’est trop petit pour connaître Dieu !

Le paradoxe du vase d’argile

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2 Corinthiens 4.6-12
6 Dieu a dit autrefois : « La lumière brillera du milieu de l’obscurité ! » Eh bien, c’est lui aussi qui a fait briller sa lumière dans nos cœurs, pour nous donner la connaissance lumineuse de sa gloire qui resplendit sur le visage de Jésus Christ.
7 Mais nous portons ce trésor spirituel en nous comme en des vases d’argile, pour qu’il soit clair que cette puissance extraordinaire vient de Dieu et non de nous. 8 Nous sommes accablés de tous côtés, mais non pas laissés sans issue ; nous sommes perplexes, mais non désespérés ; 9 nous sommes persécutés, mais non abandonnés ; nous sommes jetés à terre, mais non anéantis. 10 Nous portons sans cesse dans notre corps la mort de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps. 11 Bien que vivants, nous sommes constamment exposés à la mort à cause de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps mortel. 12 Ainsi, la mort agit en nous, pour que la vie agisse en vous.
Le choix de ce texte biblique est assez naturel pour un dimanche de l’Eglise persécutée. L’expérience évoquée par l’apôtre Paul – sa propre expérience – est bien celle de la persécution. Il a connu l’opposition, jusqu’à la prison, à cause de sa foi et de son ministère. Il connaîtra même le martyr à la fin de sa vie… Mais ce n’est pas qu’un témoignage personnel. Paul en tire un enseignement, un principe général pour tout croyant. A partir du verset 7, il parle à la première personne du pluriel : “Nous portons ce trésor en nous comme des vases d’argile…”

Portes Ouvertes met l’accent sur la formule, très évocatrice, du verset 8 : “Nous sommes pressés de toutes parts mais non écrasés.” (Segond 21) Elle évoque le sentiment d’oppression que peuvent ressentir les chrétiens vivant dans des pays où ils n’ont pas le droit de dire ou de vivre leur foi. Elle évoque aussi la foi remarquable et leur persévérance face à la persécution : ils ne sont pas écrasés mais tiennent fermes dans la foi.

Portes Ouvertes distingue deux types de persécution dont peuvent souffrir les chrétiens :
La persécution “marteau”. Il s’agit d’une oppression violente (assassinat, kidnapping, mariage forcé, destruction de biens…).
La persécution “étau”. Il s’agit d’une pression par discrimination (oppression, rejet, déni de droit, exclusion, procès injuste…). C’est de ce type de persécution dont parle l’apôtre Paul dans notre texte.

Même si nous ne vivons pas dans un pays qui persécute les chrétiens, et nous pouvons en être reconnaissant, l’impression parfois d’être pris dans un étau peut sans doute nous concerner aussi. Parce que nous ne vivons pas forcément dans un contexte qui encourage notre foi. On perçoit même aujourd’hui une méfiance grandissante à l’égard des religions en général. Alors les pressions extérieures sont là. Elles sont évidentes dans certains cas, plus sournoises dans d’autres. Mais elles sont là. Dans notre contexte, ce sont des pressions qui nous poussent à nous conformer aux autres, à nous réfréner dans l’expression de notre foi, voire à la privatiser.

Ce qui frappe dans ce texte, c’est le paradoxe du vase d’argile : il est fragile mais il ne se brise pas. Et pour expliquer ce paradoxe, Paul trace un parallèle avec Jésus-Christ.

 

L’exemple de Jésus-Christ

Ce sont ici les versets 10-12 en particulier qu’il faut citer : “Nous portons sans cesse dans notre corps la mort de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps. Bien que vivants, nous sommes constamment exposés à la mort à cause de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps mortel. Ainsi, la mort agit en nous, pour que la vie agisse en vous.”

Ce sont des formules qu’il faut un peu décrypter… Il est question de corps, de mort et de vie, en lien avec Jésus et nous-mêmes. En fait, l’idée principale est sans doute de dire que nos souffrances et nos persécutions font écho à celles que le Christ a subies. D’ailleurs, il avait averti ses disciples : “S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi…” (Jean 15.20)

Si la mention du corps peut faire référence aux sévices physiques que l’on pouvait faire subir à ceux que l’on persécutait, je ne pense pas que nous devions limiter l’expression “dans notre corps” à cela. L’expression fait référence plus globalement à notre expérience ici-bas, sur cette terre, là où nous vivons avec notre corps. Rattachée à Jésus, l’expression fait référence à l’incarnation, par laquelle le Fils de Dieu n’a pas seulement pris un corps humain, mais il est devenu un être humain, dans son être tout entier, corps et âme.

L’image du vase d’argile peut être une formidable image de l’incarnation. Le Fils de Dieu devenu homme, c’est le trésor le plus précieux gardé dans un vase d’argile : un être humain. Dieu s’est fait fragile en devenant un être humain !

Le mystère de l’incarnation ouvre à tous les possibles pour le croyant ! Les vases d’argile que nous sommes sont au bénéfice de la plus grande et la plus extraordinaire des bonnes nouvelles : la mort et la résurrection du Christ. La lumière glorieuse qui resplendit sur le visage du Christ ressuscité nous rejoint dans toutes les obscurités que nous pouvons traverser.

C’est grâce à la mort et la résurrection de Jésus-Christ que le paradoxe du vase d’argile s’éclaircit.

 

Le paradoxe du vase d’argile

Le vase d’argile est fragile mais il ne se brise pas, malgré toutes les pressions auxquelles il est soumis, malgré l’étau dans lequel il se retrouve. C’est ce qu’évoquent les versets 8 et 9, avec leurs différentes formes d’oppressions qui nous malmènent mais ne vont pas jusqu’à nous briser.

Plus encore, Paul affirme que notre fragilité met en valeur la puissance de Dieu : “Mais nous portons ce trésor spirituel en nous comme en des vases d’argile, pour qu’il soit clair que cette puissance extraordinaire vient de Dieu et non de nous.” (v.7)

L’important, ce n’est pas le vase d’argile, c’est le trésor qu’il renferme, celui que nous avons dans notre coeur et dont Paul parle au verset 6 : “c’est lui aussi qui a fait briller sa lumière dans nos cœurs, pour nous donner la connaissance lumineuse de sa gloire qui resplendit sur le visage de Jésus Christ.” Ce trésor qu’a reçu tout croyant, c’est la présence lumineuse du Christ vivant, une part de sa gloire qui repose en nous, par son Esprit.

Et c’est ce trésor que renferme les vases d’argile que nous sommes qui rend les vases d’argile eux-mêmes plus solides.

L’exemple des chrétiens persécutés est toujours une illustration saisissante de ce que Paul dit ici. Je suis frappé comment, dans l’épreuve parfois la plus terrible, Dieu donne une force, une résistance incroyable à ces vases d’argile qui deviennent incassables. Pourtant ils sont fait de la même terre que nous… Mais plus la pression est forte à l’extérieur, plus la résistance venant de l’intérieur est forte. Dieu donne à chacun la force et la résistance dont il a besoin pour ne pas se briser.

Ici encore, il ne faudrait pas croire que le vase d’argile serait juste notre corps. Comme si notre faiblesse ne serait que physique, matérielle, et notre force spirituelle. Le vase d’argile, c’est tout notre être, ce que nous sommes, dans toutes les dimensions de notre personne. Le corps aussi, bien-sûr, mais tout en nous est fragile.

Et les pressions subies ne sont pas que physiques et matérielles. Même dans les contextes de persécution où les chrétiens sont pourchassés, emprisonnés, menacés physiquement, la pression qu’ils subissent est aussi largement psychologique et spirituelle.

Il est important de le reconnaître : nous sommes des vases d’argiles, nous sommes des êtres fragiles. Ce n’est pas une faiblesse de le reconnaître, au contraire : car pour être fort, il faut reconnaître sa fragilité… pour laisser Dieu agir en nous.

C’est un des grands dangers qui menacent les croyants, peut-être encore plus dans des contextes où ils ne sont pas persécutés : oublier notre fragilité et notre vulnérabilité, se croire hors d’atteinte, en sécurité… se croire fort.

Mais reconnaître sa fragilité, ce n’est pas pour autant s’apitoyer sur elle, voire se complaire en elle. Oui, nous sommes des vases d’argiles, mais nous avons en nous un trésor qui nous rend fort : le Christ vivant qui habite en nous.

 

Conclusion

Le paradoxe du vase d’argile, c’est l’affirmation de notre espérance. Portons un regard lucide sur nous-mêmes : nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Nous sommes fragiles, comme les autres. Mais nous avons un trésor, un trésor inestimable, que Dieu a choisi de placer en nous.

Notre force dans la détresse et l’adversité, c’est le trésor de notre foi. Notre assurance, c’est que le Christ vivant habite en nous par son Esprit. Notre espérance, c’est que sa lumière nous guidera toujours, même dans les ténèbres les plus profondes.