Envoyés par le Christ (Christ est ma vie 4/4)

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Nous arrivons au terme de notre campagne de rentrée « Christ est ma vie ». Avec Vincent, nous avons exploré ce que nous sommes en Christ : disciples, en cours de transformation, enracinés par la foi dans la vie d’un Dieu puissant et victorieux. Pour compléter ce tableau des fondements de notre vie, explorons la mission que le Christ nous confie : être ses témoins dans le monde.

Pour cela, je vous invite à nous plonger dans la prière de Jésus avant son arrestation. Après avoir prié pour lui-même, pour avoir la force d’aller au bout de sa mission et d’accomplir la volonté de Dieu, Jésus confie maintenant à Dieu les disciples qu’il laisse derrière lui.

Lecture biblique : Jean 17.9-23 

9 Je te prie pour eux. Je ne prie pas pour le monde [en tout cas, pas maintenant], mais pour ceux que tu m’as confiés, car ils t’appartiennent.

10 Tout ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi ; et ma gloire se manifeste en eux.

11Je ne suis plus dans le monde, mais eux sont dans le monde ; moi je vais à toi. Père saint, garde-les unis à toi, toi qui es uni à moi, afin qu’ils soient un comme toi et moi nous sommes un.

12Pendant que j’étais avec eux, je les gardais unis à toi, toi qui es uni à moi. Je les ai protégés et aucun d’eux ne s’est perdu, à part celui qui s’en va à sa perte, afin que l’Écriture s’accomplisse. [Jésus fait allusion à Judas, qui l’a trahi et par qui les adversaires de Jésus ont eu les informations pour l’arrêter]

13Mais maintenant je viens à toi et je dis ces choses pendant que je suis encore dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie, une joie complète.

14Je leur ai donné ta parole, et le monde a de la haine pour eux parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, comme moi je n’appartiens pas au monde.

15Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais.

16Ils n’appartiennent pas au monde, comme moi je n’appartiens pas au monde.

17Fais qu’ils soient entièrement à toi, par le moyen de la vérité ; ta parole est la vérité.

18Comme toi tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde.

19Je m’offre entièrement à toi pour eux, afin qu’eux aussi soient entièrement à toi.

20Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en moi grâce à ce qu’ils diront de moi. [c’est nous !]

21Je prie pour que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu’ils soient un pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé.

22Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme toi et moi nous sommes un.

23Je vis en eux, tu vis en moi ; c’est ainsi qu’ils deviendront parfaitement un, afin que le monde reconnaisse que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

 

La part de Dieu

La prière de Jésus ne s’adresse pas directement à nous, mais elle ouvre une fenêtre sur ce qui se joue du côté de Dieu dans notre vie : le Christ (v.19) se donne entièrement, il donne sa vie, sa justice, son innocence, pour prendre en échange, sur ses épaules, ce qui nous sépare de Dieu. En mourant sur la croix et en ressuscitant, Jésus supprime définitivement tout obstacle entre nous et Dieu. Ainsi, nous appartenons à Dieu, nous faisons partie de ses enfants, de son clan. Et c’est à Dieu le Père, qui devient notre père, que Jésus demande de nous protéger, de nous fortifier, de nous remplir de sa vie/ de son Esprit/ de sa sainteté. Remarquez que nous sommes, nous, concernés par cette prière, couverts par cette prière, une prière qui ne s’est pas arrêtée ce soir-là à Gethsémané mais qui continue, je le crois, dans le ciel aujourd’hui où le Christ vivant continue de nous confier à Dieu.

Cette prière nous révèle que Dieu s’engage pour nous, par l’œuvre du Christ en notre faveur, par le Saint Esprit qui nous inspire de l’intérieur, par le Père qui intervient pour nous conduire et nous protéger. Nous croyons parfois être seuls ? Le Dieu éternel, dans toute sa richesse, s’engage pour nous dans toute sa richesse, à 300%.

Cette prière nous invite aussi à des prises de conscience, et j’aimerais m’arrêter sur certains aspects de la prière du Christ qui touchent à notre mission de témoins.

Envoyés !

Quelles différences voyez-vous entre une balade à vélo et une livraison ? Dans la balade on prend son temps, on explore les chemins de traverse, on fait des pauses… Alors qu’un livreur est concentré sur la tâche à accomplir, il choisit le chemin le plus court, pour arriver à son but. Il est déterminé, orienté. Et il répond à quelqu’un : celui qui l’envoie ! Les cyclistes, tout motivés soient-ils, ne répondent qu’à eux-mêmes. Le livreur, lui, est envoyé, il a une mission à accomplir. C’est ce que dit Jésus : nous sommes envoyés. Nous ne sommes pas des randonneurs qui déposent des cadeaux en passant, comme des petits bouquets ou des jolies montagnes de galets, pour égayer le chemin. Nous sommes des livreurs, les bras chargés de belles et bonnes choses que nous vivons avec Dieu, envoyés pour les offrir à ceux qui nous entourent.

Nous ne sommes pas les premiers à être envoyés (verset) : Jésus nous a précédés. Il a été envoyé sur terre pour proclamer et offrir le pardon de Dieu, sa joie, son amour et sa justice. Il est venu proclamer et offrir la vérité de Dieu dans laquelle nous trouvons notre paix. Jésus a rempli sa mission, mais la mission ne s’arrête pas là. Nous sommes appelés nous aussi à proclamer et offrir la joie, l’amour, la vérité de Dieu, autant que nous le pouvons. Nous ne sommes pas sauveurs du monde comme lui ! Mais nous pouvons être porteurs d’espoir, d’amour, de pardon et de vérité libératrice.

Nous sommes envoyés, c’est-à-dire que nous avons un but, une orientation. Mais où ? Dans le monde ! Dans le monde, au sens du monde qui nous entoure, et qui ne connaît pas forcément le Christ. Jésus ne nous envoie pas dans l’église ! Il ne prie pas pour nos cultes ou nos groupes de partage ! Il nous envoie dehors.

Comprenez-moi bien : l’église est au cœur de la prière de Jésus, l’église est essentielle ! Mais l’église n’est pas une destination. L’église est le peuple qui reprend le flambeau de la mission du Christ : proclamer et offrir l’amour de Dieu, en paroles et en actes.

Cela nous interroge sur notre vision de l’église. Parfois j’entends cette expression : le culte m’a nourri (ou pas !). Que disons-nous ? A quoi sert l’église ? Est-ce que l’église est là pour me nourrir, me réconforter, me faire du bien ? OUI ! mais pas seulement. Pas seulement. La vie d’église, nos cultes, nos temps passés ensemble à nous recentrer sur Dieu, à mieux le connaître et le comprendre, tout cela a pour but de nous équiper pour notre mission dans le monde !

Lorsque nous voyons l’église seulement pour le bien qu’elle nous fait à l’instant T, nous perdons de vue la mission de Dieu, pour laquelle le Christ a donné sa vie. Ce qui compte c’est moi, comment je me sens… Mais quand l’église tourne autour de moi et de mes besoins (seulement), alors nous perdons de vue ceux auprès de qui Jésus nous envoie. Bien plus, nous perdons de vue Dieu lui-même : car le désir profond de Dieu c’est de nous envoyer. Le fruit d’une adoration profonde qui contemple Dieu dans sa gloire éternelle et qui cherche à s’aligner sur sa volonté, ce fruit, c’est de proclamer & offrir la bonne nouvelle de l’amour de Dieu.

J’aime ce mot que les catholiques utilisent pour leur culte : la messe. Je ne suis pas d’accord avec tout, mais le mot est bon : la messe, c’est se ressourcer auprès de Dieu avant de repartir en mission – messe, mission, c’est de la même famille, ça veut dire qu’on est envoyés !

Alors où sommes-nous envoyés, concrètement ? Dans le quotidien ! Dans l’ordinaire de notre vie. Dans notre monde à nous. Tous les lieux, les moments, les relations qui tissent notre quotidien sont des lieux/ des moments/ des relations où nous pouvons proclamer et offrir la bonne nouvelle de l’amour de Dieu par nos paroles et nos actes. Sans rentrer dans le détail, est-ce que vous voyez votre vie comme une chance ? Une chance de bénir les autres au nom de Dieu ? Une chance d’être un encouragement, un exemple, une présence lumineuse et bienfaisante là où vous êtes ?

Si nous sommes envoyés, alors nos amitiés, nos familles, nos lieux de travail et d’engagement, nos voisinages – peu importe que nous les ayons choisis, que nous les trouvions plus ou moins agréables et faciles – ces endroits qui tissent notre monde quotidien sont autant de lieux où la mission du Christ se poursuit à travers nous. Investissons ces lieux ! Prenons du temps pour ceux qui nous entourent, prenons nos tâches à cœur, afin de proclamer et d’offrir, en actes et en paroles, cet extraordinaire amour de Dieu.

Pour notre mission, Jésus insiste sur 2 aspects fondamentaux.

Ressource 1 : l’unité dans l’église

D’une part, l’unité dans l’église. Jésus prie pour que nous soyons un. Ca paraît cohérent ! Comment annoncer un Dieu d’amour si nous nous chamaillons (ou pire) ? Que ce soit des divisions historiques de l’église ou des conflits actuels, nos divisions contredisent notre message. Si l’amour de Dieu que nous proclamons est réel, alors les fruits doivent en être visibles  entre nous, déjà !

Il a pu y avoir de bonnes raisons de se séparer dans l’Eglise historique, mais ces divorces spirituels ne correspondent pas au désir profond de Dieu. Ils témoignent plutôt de notre obstination et de nos dérives, en somme, de notre péché. Qu’il ait fallu le vivre parfois montre cruellement notre incapacité à chercher ensemble ce que Dieu désire, à mettre de côté nos partis pris, nos idées, pour chercher ensemble avec humilité ce que l’Esprit voulait dire.

Ainsi, nos divisions, à portée mondiale ou locale, historiques ou présentes, nos divisions font plus que décrédibiliser notre message. Je me demande si elles n’indiquent pas aussi notre égocentrisme foncier. Notre incapacité, ou refus, de mettre Dieu et ses projets en premier. Car si le Christ, et sa mission, sont si essentiels pour nous, pourquoi irions-nous nous battre sur la durée du culte, le type de chants, l’heure de la réunion de prière ou telle ligne de budget ? Que nous ayons des avis différents, bien sûr, c’est sain ! Mais quand nous acceptons de nous diviser sur des points secondaires, c’est peut-être que malgré nous, nous avons perdu de vue l’essentiel.

Alors nous courons tous le risque de l’égocentrisme foncier, et c’est pour cela que Jésus prend le temps de prier pour notre communion, pour que nous restions unis à lui d’abord, centrés sur lui, et unis à ceux qu’il aime.

Ressource 2 : la Parole mise en pratique 

L’autre point, c’est notre consécration. Que nous soyons enracinés dans la parole divine, façonnés par elle, transformés et orientés par les pensées de Dieu. Ce que nous proclamons et offrons, il est logique de le vivre ! Sinon ça manque de cohérence, le fameux « faites ce que je dis mais pas ce que je fais » ! Mais au-delà de la crédibilité et de la cohérence, il faut aussi que nous ayons vraiment quelque chose à proclamer et à offrir ! De quoi nous remplissons-nous ? Dans le cadre de notre projet d’église, nous avons décidé de mettre l’accent sur notre lecture personnelle de la Bible parce que plus nous connaissons Dieu, plus il nous transforme, plus nous sommes une bénédiction pour notre monde !

Jésus, dans un autre Evangile, utilise l’image du sel, qui assaisonne si bien nos plats : mais si le sel perd sa saveur, à quoi sert-il ? (Mt 5.13-16) Nous sommes appelés à avoir du goût, un goût céleste, un goût qui indique une autre vie possible avec Dieu par Jésus – « nous ne sommes pas du monde ». Mais nous sommes dans le monde, pas dans la salière ! De même que l’adoration de Dieu nous pousse à aimer ceux qui nous entourent, de même la recherche de la sainteté, de la pureté, de la bonté (dans le sens « être bons ») nous pousse à être bénédiction pour ceux qui nous entourent. Nous n’avons pas à opposer la sainteté et la mission : si nous appartenons à Dieu nous accomplirons sa mission ! Mais comment accomplir sa mission si nous ne nous alignons pas sur lui ? Dieu nous appelle à chercher la sainteté, pas pour nous glorifier nous-mêmes ou pour nous extraire de tous les travers de notre monde (et il y en a !), mais pour le glorifier lui ! Et Dieu se glorifie, se réjouit, lorsque nous partons proclamer et offrir son amour et sa vérité, à la suite du Christ. Cette mission comporte de risques, elle est riche de joies et de difficultés aussi, mais c’est pour cela que Jésus prie particulièrement pour que Dieu nous protège. Nous pouvons répondre à son appel avec confiance : Dieu nous accompagne et nous protège.

Conclusion

Christ est notre vie ! Notre vie, c’est le Christ ! Croire en Jésus, devenir disciple, c’est oser le laisser réorienter notre vie, selon sa perspective éternelle d’amour et de vérité. Notre relation avec lui change la donne : par son Esprit, Dieu nous transforme – mais pas pour nous-mêmes ! Pour la gloire de Dieu. Et qu’est-ce qui glorifie Dieu ? C’est de nous voir l’aimer et aimer ceux qu’il aime et veut aimer. C’est de nous voir rechercher ce qui est bon, agréable et parfait, pour nous et pour les autres. Et si nous osons emprunter ce chemin-là, Dieu s’engage, à 300% !

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