Faire route avec Jésus

image_pdfimage_print

 

Lecture biblique : Luc 24.13-35

Mais que faisaient donc ces deux disciples sur le chemin d’Emmaüs ? Pourquoi ne sont-ils pas avec les autres, qui sont à Jérusalem, et qu’ils retrouveront d’ailleurs à la fin du récit ? Tout ce qu’on sait c’est qu’ils parlaient, en chemin, de tout ce qui s’était passé à propos de Jésus. A propos de sa mort, évidemment. Leur situation, isolés sur le chemin, traduit peut-être leur désarroi. Ils sont un peu perdus…

En tout cas, on ne connaît presque rien d’eux. On ne donne le nom que de l’un d’entre eux, Cléopas. On sait qu’ils ne faisaient pas partie des Onze mais appartenaient au cercle plus large des disciples. Ce n’est pas un hasard si Luc ne nous en dit pas plus. Nous pouvons ainsi nous identifier à eux… Ces disciples, ça peut être vous, ou moi. Sur le chemin de notre vie. Peut-être dans la doute, le désarroi, l’interrogation… Jésus vient et fait route avec nous !

1. Jésus fait route avec nous… mais on ne s’en rend pas toujours compte

Au cœur de ce récit, il y a un paradoxe : les deux disciples se lamentent de la mort de Jésus… mais c’est devant Jésus lui-même qu’il le font. Ils sont dans le désarroi, voire le désespoir, parce que Jésus est mort : ça fait trois jours que leur maître, en qui ils espéraient tant, a été crucifié ! Alors ils s’en ouvrent à cet homme qu’ils croisent sur le chemin et qui semble ne pas connaître la nouvelle qui pourtant fait le buzz, comme on dirait aujourd’hui. Alors ils évoquent leur maître, la puissance de son enseignement, les miracles qu’il a accompli. Et puis ils parlent du complot fomenté par les chefs religieux contre lui, qui a conduit à sa mort sur une croix. Et enfin, ils lui font part de leur désarroi aujourd’hui, leurs espoirs déçus… Même si quelques femmes de leur groupe ont eu des paroles étranges, prétendant avoir vu que le corps de Jésus avait disparu et des anges leur dire que Jésus était ressuscité. Mais personne ne les croit vraiment… Sans doute leur émotion les a égaré.

Cette discussion, sur le chemin, a dû prendre du temps. Ils parlent à cet homme… et ils ne se rendent pas compte que c’est justement celui dont ils pleurent la mort qui marche avec eux. Leur désarroi pourrait se changer en formidable espérance si seulement ils réalisaient à qui ils sont en train de parler… mais ils ne le comprennent pas. Ils voient Jésus mais quelque chose les empêche de le reconnaître.

Qu’est-ce que ce « quelque chose » ? Leur tristesse ? Leur désespoir ? Leur manque de foi ? Ou bien est-ce Jésus qui a changé d’apparence ?

Toujours est-il que Jésus fait route avec eux… et ils ne s’en rendent pas compte. Et c’est là que nous pouvons, d’une certaine manière, nous retrouver dans ces deux disciples. Ne sommes-nous pas, parfois, voire souvent, dans la même situation qu’eux ? Ne peut-on pas dire que Jésus fait route avec nous… et que nous ne nous en rendons pas toujours compte ?

Alors qu’est-ce qui nous empêche, aujourd’hui, de voir Jésus ? Ça peut être, parfois, nos tristesses et nos désarrois, nos épreuves et nos doutes. C’est peut-être aussi parfois le fait que Jésus n’est pas là où nous croyons qu’il devrait être. Nos certitudes ou nos a priori aussi nous empêchent de le voir.

2. Jésus est compris à travers les Écritures

Pour répondre au désarroi des deux disciples, Jésus leur explique alors les Écritures. Il leur montre comment la Bible, de Moïse aux prophètes, annonçait les souffrances et la gloire du Messie. Autrement dit, sa mort et sa résurrection. Il faut cet éclairage biblique pour comprendre que Jésus est le Messie, et pour que ces deux disciples arrivent à sortir de leur désarroi et reconnaître leur maître.

« Oui, il y avait comme un feu dans notre cœur, pendant qu’il nous parlait sur la route et nous expliquait les Livres Saints ! » (v.32)

Ce que Luc veut nous dire ici, c’est que Jésus peut être compris à travers les Écritures. La Bible éclaire la personne et l’oeuvre de Jésus. Elle en fait plus qu’un personnage de l’histoire, crucifié en Palestine il y a deux mille ans. Elle le désigne comme le Messie, le Sauveur du monde.

Il y a un projet de Dieu pour les humains, qui se révèle petit à petit dans la Bible. Un grand mouvement qui part d’Abraham, passe par Moïse, puis David. Un projet qui est précisé et développé dans les écrits des prophètes. Tout l’Ancien Testament conduit au Messie. Et tout le Nouveau Testament rend témoignage à Jésus comme le Christ, le Messie. Il y a une cohérence globale, une révélation qui alimente notre foi.

Cela signifie que les Écritures sont incontournables pour notre foi. Il ne faut pas croire que nous pouvons faire l’économie de la méditation de la Bible dans notre vie chrétienne. Lorsque Jésus lui-même a voulu expliquer ce qui le concernait, il a lu les Écritures ! Comment pourrions-nous nous en dispenser ?

Alors je sais, tout le monde n’aime pas lire… et on dit qu’on lit de moins en moins. Mais est-ce vraiment le cas ? Une enquête récente sur les Français et la lecture1 révèle que 90% des Français sont des lecteurs, au moins un peu. Et 48% lisent tous les jours ou presque. Bien-sûr, on parle de tous les supports, papier ou numérique, et de tous les contextes, y compris les lectures « obligatoires » pour les études ou le travail. Il n’empêche… la lecture reste une activité largement partagée.

Alors la question est toujours légitime : quelle place la lecture de la Bible a-t-elle dans notre vie ? Car, nous pouvons le dire, un chrétien qui perd contact avec la Bible est un chrétien qui perd contact avec le Christ.

3. Jésus se révèle… mais reste insaisissable

Finalement, les deux disciples vont reconnaître Jésus. C’est au moment où ce dernier rompt le pain et le partage avec eux que leurs yeux s’ouvrent. Alors qu’il sont assis, à table, pour le repas. Dans l’intimité. Après qu’ils aient pu dire leur désarroi, vidé leur sac. Après qu’ils aient entendu Jésus leur expliquer les Écritures à son sujet. Mais, dès qu’ils le reconnaissent, il disparaît.

Les deux disciples sont toutefois transformés. Aussitôt, ils repartent pour Jérusalem, annoncer la bonne nouvelle aux autres. Une bonne nouvelle qui, d’ailleurs, les a précédé ! Les témoignages se succèdent. Peu importe s’il est tard, peu importe le chemin déjà parcouru dans la journée. Peu importe que Jésus ait disparu devant leurs yeux. Ils savent désormais que Jésus est ressuscité.

Il me semble que nous pouvons tirer une double leçon de ce dénouement du récit. D’abord, c’est dans l’intimité que Jésus se révèle, de façon personnelle. Et cette révélation nous transforme profondément. Si la Bible nous permet de comprendre qui est Jésus, il faut encore franchir une étape supplémentaire. Celle de la foi, qui est une expérience personnelle et intime, et qui se nourrit de l’intimité avec le Christ.

Mais la révélation personnelle de Jésus ne signifie pas que nous le possédions. Il échappe à notre contrôle. Il reste insaisissable. Mais ce n’est pas parce qu’on ne le voit pas qu’il n’est pas vivant. Jésus-Christ est ressuscité et il continue à faire route avec nous. Nous ne sommes plus jamais seuls sur notre chemin. Mais nous avons sans cesse à le chercher, à l’accueillir dans notre intimité, à nous laisser surprendre par lui sur notre chemin.

Conclusion

Où que vous soyez dans votre cheminement spirituel, Jésus s’approche et fait route avec vous. Peut-être en avez-vous pleinement conscience et êtes-vous animés de la même joie que celle des disciples courant à Jérusalem annoncer à tous la bonne nouvelle. Peut-être êtes-vous plutôt comme les disciples au début du récit, incapable de voir Jésus à côté de vous, pour différentes raisons. Cela ne l’empêche pas d’être là…

Car Jésus fait route avec nous. Il a toujours la patience de nous écouter, le souci de se révéler à nous. A nous de prendre le temps de l’accueillir à notre table, d’apprendre à le voir par la foi.

Une réflexion sur « Faire route avec Jésus »

Laisser un commentaire