Vivre selon l’Esprit

Si nous croyons en Jésus, nous avons reçu son Esprit, même s’il n’y avait pas de flammes de feu virevoltant sous le plafond. L’événement de la Pentecôte est spectaculaire, pour montrer la nouveauté, car cette connexion spirituelle avec Dieu, une connexion permanente, vivifiante, transformatrice – c’est inédit !

A quoi peut ressembler l’action de l’Esprit dans notre vie ? L’apôtre Paul y répond dans sa lettre aux chrétiens de Galatie, ch.5. Avec les Galates, Paul remet les pendules à l’heure et leur rappelle que le chrétien vit par la grâce du Christ, couvert par son pardon, libre des culpabilités, des règles, des pressions que certains voulaient exercer sur les nouveaux convertis.



Lecture biblique : Galates 5.13-26

13 Mais vous, frères et sœurs, vous avez été appelés à la liberté.

Seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon les désirs de votre propre nature.

Autrement dit, être libre, ce n’est pas être libertin !

Au contraire, laissez-vous guider par l’amour pour vous mettre au service les uns des autres. 14 Car toute la loi se résume dans ce seul commandement : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même. » 15 Mais si vous agissez comme des bêtes sauvages, en vous mordant et vous dévorant les uns les autres, alors prenez garde : vous finirez par vous détruire les uns les autres.

Paul s’appuie ici sur l’éthique de Jésus, pour qui l’amour envers Dieu et envers l’autre est le seul vrai principe qui a du sens.

16 Voici donc ce que j’ai à vous dire : laissez le Saint-Esprit diriger votre vie et vous n’obéirez plus aux désirs de votre chair. 17 Car notre chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit a des désirs contraires à ceux de notre chair : ils sont complètement opposés l’un à l’autre, de sorte que vous ne pouvez pas faire ce que vous voudriez. 18 Mais si l’Esprit vous conduit, alors vous n’êtes plus soumis à la loi.

Paul oppose deux moteurs, qui nous motivent et nous conduisent dans des directions opposées. La chair, opposée à l’Esprit de Dieu, ce n’est pas spécialement le corps : c’est plutôt ce qui en nous a perdu sa connexion avec l’Esprit, ce qui n’est plus spirituel, ce qui n’est plus animé par Dieu. Soit on va vers Dieu, soit on s’éloigne de lui.

Exemples :

19 On sait bien comment se manifestent les œuvres de notre chair : dans l’immoralité, l’impureté et le vice, 20 le culte des idoles et la magie. Les gens se haïssent les uns les autres, se querellent et sont jaloux, ils sont dominés par la colère et les rivalités. Ils se divisent en partis et en groupes opposés ; 21 ils sont envieux, ils se livrent à l’ivrognerie et à des orgies, et bien d’autres actions semblables.

Je vous avertis maintenant comme je l’ai déjà fait : ceux qui agissent ainsi n’auront pas de place dans le Royaume de Dieu.

22 Mais le fruit de l’Esprit Saint, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, 23 la douceur et la maîtrise de soi.

La loi n’est certes pas contre de telles choses ! 

24 Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs. 

25 L’Esprit nous a donné la vie ; laissons-le donc aussi diriger notre conduite. 

26 Ne soyons pas vaniteux, renonçons à nous défier ou à nous envier les uns les autres.

Paul oppose le fruit de l’Esprit et les œuvres de la chair. Je me concentrerai d’abord sur la chair, et ensuite sur le fruit de l’Esprit.

Un choix à faire : deux modes de vie incompatibles

Pour les œuvres de la chair, la liste est longue ! Et Paul dit même qu’il aurait beaucoup à rajouter… nombreux sont les chemins sans Dieu, comme dans un labyrinthe que nous avons créé nous-mêmes – des chemins sans issue, tortueux, destructeurs.

Il est question de sexualité (les problèmes de débauche sont courants à l’époque de Paul au point de choquer même les philosophes païens – comme quoi, rien de nouveau sous le soleil), de pratiques occultes, d’addictions (ivrognerie, orgies, etc.) et, pour moitié, de problèmes relationnels. Je vous disais bien que la « chair », ce n’est pas seulement les désordres corporels : c’est vivre déconnecté de Dieu. Et Paul dénonce particulièrement ici les divisions dans l’église, les conflits larvés ou violents. Ainsi, même une personne qui paraît bien sous tous rapports mais qui critique constamment ou qui regarde les autres de haut, cette personne-là tombe dans la catégorie : œuvres de la chair. C’est tout aussi sale que d’être addict à la pornographie ou de boire jusqu’à vomir.

          Il y a une incompatibilité profonde entre la vie dans l’Esprit et la vie marquée par la chair, conduite par nos instincts, nos pulsions, notre orgueil… Paul la souligne en rappelant que ceux qui se laissent conduire par la chair n’hériteront pas du Royaume de Dieu. C’est-à-dire que si l’on ne prend pas l’Esprit comme moteur de notre vie, on vit sans Dieu – aujourd’hui, et pour toujours.

On aurait envie de répondre à Paul : « t’es sûr de ce que tu dis ? Ne sommes-nous pas tous pécheurs, esclaves de notre chair d’une façon ou d’une autre ? Certes, nous ne pratiquons pas tous l’occultisme ou les orgies, mais la jalousie ? la colère ? la rivalité ? le vice (même caché) ? d’après toi, il faudrait être parfait pour entrer dans le royaume de Dieu ? Et la grâce, alors, celle que tu as tant prêchée, celle qui accorde au pécheur le pardon de Dieu ? »

Oui, nous sommes tous pécheurs ! Et pourtant, il y a une différence. Une différence entre pécher malgré soi, et s’adonner sans réserve au péché, à la chair. Prenons l’exemple d’un petit garçon, qui est entré en courant dans la cuisine, a percuté un pied de la table, et a envoyé valser un verre, qui s’est cassé. Il fond en larmes, vous demande pardon etc. Affaire réglée. Trois semaines plus tard, rebelote, accident – il faut parfois du temps pour gérer ses mouvements. Vous ne lui en voudrez pas ! Mais ce comportement n’a rien à voir avec celui qui, chaque fois que vous avez le dos tourné, sort un verre pour le jeter par terre ! c’est autre chose !

 Au v.24, Paul prend l’image de la crucifixion : ceux qui suivent le Christ ont crucifié leur chair, ce moteur intérieur qui pousse à pécher. Evidemment, c’est une référence au fait de marcher dans les pas du Christ, mort à cause de nos péchés : si je l’aime, si je veux vivre avec lui, comment encore choisir ce qui a causé sa mort ? Mais l’image de la crucifixion est aussi pertinente, parce que la crucifixion ce n’est pas la guillotine ! c’est une mort lente. Un théologien écossais (John Brown) commente ainsi : « la crucifixion produisait la mort graduellement, pas d’un coup. Les chrétiens authentiques ne réussissent pas à complètement détruire la chair ici-bas, mais ils l’ont clouée à la croix et ils sont déterminés à la laisser là jusqu’à ce qu’elle expire. »

          En tant que chrétiens, nous sommes appelés à faire un choix, et à nous y tenir : qu’est-ce qui nous dirige ? qu’est-ce qui nous anime ? qu’est-ce qui nous motive ? sans illusion (nous sommes pécheurs) mais sans complaisance (nous rejetons ce qui peut nous éloigner de Dieu). L’avertissement est essentiel : au pécheur repentant, il est fait grâce. Mais le pécheur qui se prélasse dans son péché sans se remettre en question, ne se moque-t-il pas de Dieu et de son pardon ?

Le fruit de l’Esprit

Aux œuvres de la chair s’oppose le fruit de l’Esprit dans notre vie.

          Première remarque sur le fruit. A la différence des œuvres, le fruit ce n’est pas quelque chose que l’on maîtrise ! Si vous aimez jardiner, vous savez que la récolte ne dépend pas que de vous, mais aussi de l’écosystème : eau, soleil, terrain… et surtout, de l’état de l’arbre : vous ne pouvez pas produire à sa place, malgré toute votre bonne volonté ! Et ça, c’est une bonne nouvelle ! parce que le fruit de l’Esprit ne dépend pas de nos efforts maladroits, mais de la vitalité de la présence du Christ en nous.

Il n’empêche que nous pouvons cultiver le fruit : guetter les mauvaises herbes pour les enlever, vérifier la bonne exposition au soleil, arroser quand c’est nécessaire… Sans prétendre agir à la place du Christ, nous pouvons favoriser la croissance de son œuvre en nous : en arrosant par la prière, en nous exposant à la lumière de sa parole, en nous appuyant peut-être sur des tuteurs, des soutiens, pour ne pas nous écrouler.

          Ce fruit est au singulier : il n’y a qu’un type de fruit qui pousse dans la vie chrétienne, à la différence des œuvres désordonnées de la chair. C’est le fruit de l’Esprit : tout doit grandir ensemble ! Ce n’est pas une liste dans laquelle on choisit notre partie, en laissant le reste aux autres (moi je prends la joie, et je vous laisse la patience et la maîtrise de soi !) : tout pousse ensemble !

Ce fruit touche essentiellement notre caractère, notre posture, vis-à-vis de Dieu et des autres, avec un accent particulier sur l’amour. C’est l’amour qui permet de rester fidèle, de persévérer, de se maîtriser, de mettre les formes dans ce que nous avons à dire… l’amour puisé en Dieu qui nous permet de faire face aux difficultés dans la joie et la paix…

Ainsi, étrangement, le fruit de l’Esprit ne répond pas systématiquement à la liste des œuvres de la chair : il prend surtout le contrepied des relations abîmées, qui naissent de l’impatience, de la frustration, des malentendus, de l’égoïsme, de l’orgueil, de l’indélicatesse… Paul est très préoccupé par l’unité dans l’église, peut-être à cause de la situation chez les Galates ? mais en fait, dans toutes ses lettres, il insiste sur l’amour fraternel, fruit de l’amour reçu du Christ : comme l’amour de Dieu pourrait-il produire autre chose dans notre vie que de l’amour ? C’est le langage de Dieu, et comme une langue étrangère, céleste, nous devons en apprendre le vocabulaire, la grammaire, la conjugaison au singulier et au pluriel… une langue que nous devons réviser sans cesse, et pratiquer sans relâche, ensemble, pour pouvoir la parler couramment où que nous allions.




Enfants de Dieu, irrévocablement

Regarder le culte ici.

Nous sommes encore dans la lumière de Noël, même si nous nous préparons à de nouvelles étapes en ce début 2023. Dans la Bible, la naissance de Jésus est remplie d’espérance : Dieu lui-même vient nous visiter, Dieu se fait proche de nous, quelle que soit notre condition. Merveilleuse nouvelle !

Pourtant, il arrive, même en ayant la foi, que notre expérience soit en décalage avec ce que nous proclamons et croyons : il y a ces moments où l’on ne « sent » pas la présence de Dieu dans notre vie – on croit, oui, mais on ne ressent pas cette proximité, au point où l’on se demande si on n’a pas raté un virage. D’autres fois, on a l’impression de s’être carrément éloigné de Dieu, parce qu’on ne le comprend pas, parce qu’on a été choqué par un événement ou par des chrétiens qui le représentent un peu, parce qu’on veut explorer notre propre chemin, ou qu’on s’est laissé entraîner peu à peu au loin : quand on s’est éloigné, comment revenir ?

L’apôtre Paul, disciple de Jésus, écrit aux chrétiens de Galatie pour les encourager dans leur vie de foi. Et il revient sur le sens de la naissance de Jésus, son incarnation (sa venue en tant qu’être humain, de même chair que nous), pour aborder cette question de notre proximité avec Dieu.

Lecture biblique : Lettre aux Galates 4.4-7

Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et sous la loi, 5 afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l’adoption filiale. 

6 Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans notre cœur l’Esprit de son Fils, qui crie : « Abba ! Père ! » 

7 Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier, du fait de Dieu.

 L’objectif de Dieu : notre adoption

Derrière ces courts versets, Paul a en tête toute la vie et l’œuvre de Jésus : sa naissance dans l’humanité, en tant que « petit d’homme » pour paraphraser le Livre de la Jungle, en tant qu’être humain à part entière ; sa vie menée en toute justice, en accord avec la volonté de Dieu ; sa mort imméritée ; sa résurrection et son retour auprès de Dieu ; son « départ » visible qui est compensé par l’envoi de son Esprit à tous ceux qui croient. La naissance de Jésus lance tout un plan, qui se déroule étape après étape, avec un objectif clair : que nous soyons enfants, fils et filles, de Dieu. Si Jésus est né et qu’il est allé jusqu’à la mort sur la croix, c’est pour que nous soyons enfants de Dieu. Si l’Esprit est envoyé, c’est pour que nous vivions, que nous expérimentions, cette proximité avec Dieu jour après jour.

Jésus est venu, dit Paul, pour racheter ceux qui sont sous la loi (la loi des Ecritures juives ici). Pourquoi ? La « loi » en elle-même n’est pas mauvaise ! C’est la loi de Dieu, juste et bonne… où chacun occupe sa place en respectant l’autre comme soi-même. Mais cette loi nous pèse car elle nous met constamment en échec, en nous confrontant à notre incapacité à faire le bien, à aimer vraiment. Elle met en lumière, de façon implacable, nos failles et nos faillites – à nos yeux, parfois, aux yeux de Dieu, toujours. Et donc la « loi », cet idéal, révèle notre esclavage au mal, notre addiction au péché, sans pouvoir nous donner d’autre secours que de nous asséner des « il faut, il ne faut pas ». Devant la loi, nous sommes faibles, en échec, esclaves du mal.

En devenant un homme comme nous, Jésus se rend solidaire de notre condition : lui qui est Dieu renonce à sa gloire et à sa paix pour entrer dans notre quotidien. Sauf que lui résiste aux tentations, aux addictions, à l’esclavage du mal – et lorsqu’il meurt sur la Croix, après un procès injuste, c’est plus qu’un témoignage d’innocence, un martyre : c’est un paiement. Tout son capital innocence, toute sa perfection, il est prêt à les échanger avec les dettes morales que nous avons accumulées. Dans sa mort volontaire, il assume nos dettes, pour que notre ardoise soit effacée, que notre historique honteux disparaisse du dossier de Dieu.

Paul pense sûrement ici à une pratique antique : le rachat des esclaves. Dans l’Antiquité gréco-romaine, presque 1/3 de la population est esclave. L’esclavage antique n’est pas forcément synonyme de souffrance, mais c’est le fait d’appartenir à quelqu’un d’autre. On ne s’appartient plus, on est la propriété d’un autre, qui peut nous employer à ce qu’il veut, 100% de notre temps et de notre vie. Sur le plan spirituel, on peut dire que nous sommes esclaves du péché puisque nous sommes incapables de vivre dans la pure innocence. Et la loi souligne notre état d’esclavage en révélant toutes nos dettes morales.

Or dans l’antiquité, un esclave pouvait s’affranchir, retrouver la liberté, en payant un certain montant (élevé). Le Christ, en donnant sa vie qui n’a pas de prix, paie le montant faramineux de nos dettes morales et nous rachète de notre esclavage : aux yeux de Dieu, la loi ne peut plus servir à nous accuser, car le Christ a subi la peine que nous méritions – nous sommes libres ! Comme le rachat d’un esclave se fait en deux temps : le rachat officiel, puis « l’apprentissage » d’une vie nouvelle, nous sommes rachetés face à la loi, puis nous apprenons à vivre sans l’emprise du péché.

Nous sommes donc rachetés, libérés, par la mort du Christ qui se substitue à nous, pour nous offrir un nouveau départ. Et trop souvent, on s’arrête là. Mais le plan de Dieu va beaucoup plus loin : il veut faire de nous ses fils, ses filles, ses héritiers ! Il nous rachète pour que nous soyons libres, afin que nous puissions recevoir son offre de nous adopter dans sa famille.

Là aussi, l’éclairage antique est important : dans l’Antiquité, on n’adopte pas pour rendre service à des enfants orphelins ou abandonnés, on adopte pour transmettre un héritage, en général parce qu’on n’a pas de descendance. On adopte pour transmettre un héritage – et il n’est pas rare que les Anciens adoptent des adultes, du coup, pour transmettre une charge ou des biens. Il paraît que ça se fait aussi au Japon aujourd’hui, d’ailleurs. La formule de l’époque, pour conclure une adoption, c’était : « je t’adopte comme fils, et tout ce que je possède, considère-le comme tien ». On adopte pour transmettre ce qu’on a de meilleur.

Dieu nous adopte, il nous choisit, pour nous offrir ce qu’il a de meilleur, pour partager avec nous le trésor de sa joie, de sa paix, de sa vie que rien n’entrave, de son amour, de sa pureté.

Oui, le Christ efface notre ardoise, remet les compteurs à zéro, ouvre une nouvelle page, blanche, devant nous. Mais son objectif, c’est de couvrir cette page nouvelle de promesses et de bénédictions. Notre feuille est recouverte, recto verso, d’écritures qui proclament l’amour de Dieu pour nous et ses projets glorieux avec nous.

Il y a donc deux facettes au salut : le rachat, la justification, la libération de ce qui nous écrase et nous aliène, ET l’adoption, l’entrée dans la plénitude de la vie avec Dieu, dès aujourd’hui et pour toujours.

Une adoption irrévocable, scellée par l’Esprit

Petite précision : dans l’antiquité, on pouvait déshériter ses enfants naturels s’il y avait un problème, mais c’était impossible de déshériter un enfant adoptif. Une fois qu’on l’avait adopté, c’était irrévocable. Irrévocable ! Impossible de revenir en arrière ! Donc si nous recevons avec foi le cadeau, la grâce, que le Christ nous fait, nous recevons à la fois le pardon et l’adoption, de manière irrévocable.

Le signe que nous sommes pardonnés et adoptés, c’est la présence de l’Esprit de Dieu dans notre vie, qui vient sceller notre lien avec Dieu.

Et quelle est la manifestation de sa présence ? Rien de bien extravagant ou spectaculaire… Simplement la possibilité d’appeler Dieu, « père », papa (abba en araméen). C’est le privilège du fils ou de la fille, cette intimité, cet accès prioritaire : Dieu n’est pas seulement notre Créateur, notre Roi – il est notre Père, celui que nous appelons pour raconter notre vie, pour demander conseil ou soutien, le modèle qui nous inspire. Celui qui est là, avec nous, et qui nous aime.

L’Esprit est dans notre cœur, c’est-à-dire en nous. C’est-à-dire que partout où nous allons, il est là. Pas seulement avec nous, mais en nous, indissociable de nous. Comme un tatouage intérieur, indélébile, qui nous accompagne chaque instant. Dieu par son Esprit est connecté à nous de manière irrévocable, peu importe là où nous allons – il n’est pas présent qu’à l’église, il est en nous, sur nos routes, dans notre cuisine, dans une file d’attente, ou quand nous sommes devant un écran.

Dieu a envoyé son Fils pour que nos dettes soient payées et que nous soyons libres d’entrer dans la vie avec Dieu. Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils, mais qui est aussi le sien, pour que nous ayons l’expérience de cette vie dans la présence de Dieu. Dieu le Père, le Fils et l’Esprit sont impliqués à 100%, non, à 300%, pour que nous soyons pleinement enfants de Dieu.

Vivre comme des enfants et non des esclaves

A la différence de nos parents humains, qui peuvent parfois être loin, physiquement ou émotionnellement, avec leurs propres failles, Dieu notre Père n’est jamais loin de nous : il est en nous son Esprit. Si vous vous sentez loin, que vous vous êtes éloigné de Dieu, et que vous voulez revenir : le chemin n’est pas long, car il vous a suivis… Il y a juste à tourner vos yeux vers lui, reprendre conscience de son amour pour vous en Christ, de son désir profond de vous transmettre le meilleur de sa vie. Certes, ce retour peut sembler long, mais c’est nous qui sommes lents : Dieu, lui, est déjà là. Peut-être triste de ce qui s’est passé, mais il est là, à portée de main, sa propre main tendue. Si vous avez eu du mal à prier récemment, ne vous mettez pas la pression pour créer une prière qui montera jusqu’au ciel : Dieu est déjà là, avec vous, par son Esprit, à vos côtés, toujours.

Et même si nous ne ressentons pas de distance avec Dieu en ce moment précis, cette vérité demeure : Dieu est déjà là. Par l’œuvre du Christ, par le lien de son Esprit, il est déjà là, avec nous, de notre côté, partout où nous allons, quoi que nous fassions, quoi que nous traversions.

En ce début d’année, nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend, en bien ou en difficile, à titre personnel ou collectif. Pourtant, nous avons cette certitude : Dieu est là, avec nous, de notre côté. Quoi que nous ayons à traverser, il est déjà là, avec nous, prêt à nous donner le meilleur de ce qu’il possède, car il nous a choisis pour être ses enfants, de manière irrévocable.




5 Solae (3) Par la foi seule

Regardez la prédication ici.

Ce matin, je ne vais pas vous traiter de personnes à la foi écœurante, mais … d’insensés !

1Ô Galates insensés ! Qui vous a ensorcelés ? Pourtant, c’est une claire vision de Jésus Christ mort sur la croix qui vous a été présentée. 2Je désire que vous répondiez à cette seule question : avez-vous reçu l’Esprit de Dieu parce que vous avez obéi en tout à la Loi, ou parce que vous avez entendu et cru la bonne nouvelle ? 3Comment pouvez-vous être aussi insensés ? Ce que vous avez commencé par l’Esprit de Dieu, voulez-vous l’achever maintenant par vous-mêmes ? 4Avez-vous fait de telles expériences pour rien ? Il n’est pas possible que ce soit en vain. 5Dieu, qui vous accorde son Esprit et qui met en œuvre sa puissance au milieu de vous, le fait-il parce que vous obéissez à la Loi, ou parce que vous entendez et croyez la bonne nouvelle ?

6C’est ainsi qu’il est dit au sujet d’Abraham : « Il eut confiance en Dieu, et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi. » 7Comprenez-le donc : ceux qui vivent selon la foi, ce sont eux les enfants d’Abraham. 8L’Écriture a prévu que Dieu reconnaîtrait ceux qui ne sont pas Juifs justes à ses yeux à cause de leur foi. C’est pourquoi elle a annoncé d’avance à Abraham cette bonne nouvelle : « Dieu bénira tous les peuples de la terre à travers toi. » 9Abraham a cru et il fut béni ; ainsi, toutes les personnes qui croient sont bénies comme il l’a été. 10En revanche, ceux qui comptent sur l’obéissance à la Loi sont frappés d’une malédiction. En effet, l’Écriture déclare : « Maudit soit celui qui ne met pas continuellement en pratique tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. » 11Il est d’ailleurs clair que personne ne peut être reconnu juste aux yeux de Dieu au moyen de la Loi, car il est écrit : « Celui qui est juste par la foi vivra. » 12Or, la Loi n’a rien à voir avec la foi. Au contraire, comme il est également écrit : « Celui qui met en pratique les commandements de la Loi vivra par eux. » 13Le Christ, en devenant objet de malédiction pour nous, nous a délivrés de la malédiction de la Loi. L’Écriture déclare en effet : « Maudit soit celui qui est pendu à un arbre. » 14C’est ainsi que la bénédiction promise à Abraham est accordée aussi à ceux qui ne sont pas Juifs grâce à Jésus Christ, et que nous recevons tous par la foi l’Esprit promis par Dieu.

e vous invite à prier.

PRIERE

Notre Dieu notre Seigneur, renouvelle nous par ton Esprit. Rafraîchit et dépollue notre foi de tout ce qui ne vient pas de toi. Que nous écoutions et croyons à ta promesse certaine de délivrance et de pardon, par pure grâce. Amen.

INTRODUCTION

Ce matin, nous continuons notre série sur les 5 affirmations centrales de la Réforme protestante, en abordant aujourd’hui le par la foi seule. Il fait suite à ces affirmations : l’Écriture seule, la grâce seule, et suivront le Christ seul, à la gloire de Dieu seul.

La Bonne Nouvelle qui nous a été annoncée par l’Écriture, est celle de la grâce de Dieu qui pardonne nos fautes et guérit le cœur humain de toute sa corruption. Et cette grâce, elle est reçue par la foi seule. La grâce de Dieu ne peut être reçue sans une réponse de l’être-humain… Sa foi seule.

Et il faut le reconnaître, il n’est pas facile d’accueillir un cadeau dont on est terriblement indigne… La foi chrétienne est la seule qui parle d’un pardon divin gratuit, où les efforts ne comptent pas dans l’équation. ça n’a jamais été facile de renoncer à ajouter son “petit mérite” à la grâce de Dieu, même pour nos frères et sœurs chrétiens des premiers siècles.

Paul est tellement remonté par leur confusion qu’il les traite d’insensés, manquant d’intelligence. Alors il les enseigne à nouveau, avec pédagogie. Il leur pose une question… en cinq.

1 question = 5

Qui vous a ensorcelé ? Ce que vous avez commencé par l’Esprit, voulez-vous l’achever par vous-mêmes ? Avez-vous fait de telles expériences pour rien ? Mais une seule question est déterminante : Avez-vous reçu l’Esprit de Dieu grâce à vos bonnes œuvres, ou parce que vous avez accueillis la grâce de Dieu ?

Les chrétiens de Galatie sont confus. Ils ont perdu l’intelligence de la foi. Ils ont été ensorcelés, endoctrinés. Nul besoin d’un magicien pour ensorceler. Il suffit de bons orateurs, bien appréciés et convaincants, pour chambouler une conviction.

Selon Paul, être intelligent dépend du fait d’avoir gardé intact l’Evangile. L’Evangile pur, c’est l’Evangile non pollué par quelconque message supplémentaire à la celui de la croix. C’est l’Evangile scandaleux de la grâce. Être intelligent pour Paul, c’est garder ce que l’on a entendu et cru : la vision de Jésus-Christ sur la croix, et je rajouterais, le tombeau vide du Christ ressuscité.

Manifestement, les galates ont détourné leur regard de Christ sur la croix pour se regarder eux-mêmes. Ils ont oublié que sans la grâce de Dieu en Christ, et sans le don de son Esprit, ils sont incapables de se racheter eux-mêmes ! Il y a une déchirure entre ce qu’ils ont entendu et cru au début de leur vie chrétienne, et maintenant… Ils ont besoin d’entendre et de croire à nouveau ! (v3/5)

Tous ces croyants sont habités par l’Esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu n’est pas une récompense reçue à la fin de notre marche chrétienne, mais un énième cadeau de Dieu pour le suivre. Il n’est pas le fruit de nos efforts, mais il est notre aspiration à connaître Dieu. L’Esprit Saint nous titillait déjà à croire en l’Evangile avant même que nous en soyons l’hôte. L’Esprit Saint est le commencement de la vie avec Christ. Il est notre collaborateur, notre influenceur fidèle. C’est grâce à lui que nous avons eu la foi. Comment voudrions-nous terminer par nos propres forces ou nos efforts ?

par grâce. On reçoit sa grâce non par mérite, mais par confiance en ses promesses. Croyons dans les promesses de Dieu. Laissons l’Esprit régner en nous, nous inspirer, nous renouveler, nous amener à ressembler au Christ. Laissons-le agir au milieu de nous par sa puissance, sans tomber dans le piège de « je ne mérite pas sa grâce », « je ne peux pas me faire baptiser encore parce que je n’ai pas lu la bible en entier, parce que je suis trop jeune, trop vieux, pas assez parfait, trop indigne…

Nous ne parviendrons jamais à atteindre la justice de Dieu. C’est pourquoi dans son amour “extravagant”, surabondant, il nous a donné son Esprit.

Regardons à la croix de Christ et aux œuvres de l’Esprit plutôt qu’à nous-mêmes.

Ne comptons pas nos bonnes œuvres, mais comptons sur l’Esprit Saint en nous qui œuvre. C’est cela l’intelligence de la foi.

2 régimes en valent zéro

2 régimes en valent zéro. La Loi et la foi font mauvais mélange. Toutes les additions ne sont pas bonnes. Les galates ont voulu rajouter au régime de la grâce leurs efforts, leurs ressources, leurs formules mathématiques. Mais Paul les reprend : les deux ne sont pas additionnables ! Il y a deux voies : soit la voie des œuvres humaines, soit celle de la foi. Soit celle de l’obéissance aux commandements de Dieu, à une justice réellement accomplie, comme le disent les v10 et 12 (citations empruntées au Dt 27.26 dans son ancienne version grecque et Lv 18.5). Celui qui fera ces choses vivra par elles, et malheur à celui qui n’y obéit pas !

La première voie est pour tous une impasse. Nul ne peut être justifié par ce moyen, car toutes les œuvres que présentent les humains sont inadéquates, et ne peuvent satisfaire la justice, la sainteté de Dieu. C’est une autre voie qui mène à la vie, celle de la foi. La foi qui regarde à la croix de Christ, lui qui a pris notre malédiction, lui qui a satisfait la sainte justice de Dieu pour nous bénir de sa vie.

Nos frères et sœurs galates avaient saisi cela. Ils avaient entendu et cru en cette Bonne Nouvelle. Puis ils ont perdu l’intelligence… Ils ont confondus conversion et sanctification.

Et c’est là que nous pouvons être particulièrement rejoint à mon sens… Il est si facile de confondre conversion et sanctification, le commencement et la suite. Comment vous distingueriez les deux ?

Et en pratique, ne jugeons-nous pas les autres ou nous-mêmes en fonction de ce qu’on les voit faire, dire ou être ?

Bien sûr, il y a l’épître de Jacques qui avertit que la foi porte forcément des fruits. Seulement, PARCE QUE je suis sauvée par la foi, je laisserai l’Esprit produire des œuvres bonnes par moi. La foi même n’est pas une œuvre, mais un acte pour recevoir ce que Dieu offre.

C’est bien joli de le dire, mais concrètement, ce “par la foi seule” me dérange.

Je fus vraiment interpellée par Dieu ces derniers mois sur ce “par la foi seule”. Une dame parmi mes connaissances a fait du mal durant sa vie. Elle a construit des relations malsaines et destructrices et ainsi semé pour toute une vie de la division et des conflits, sans éviter un certain légalisme religieux. Et pour autant, elle n’a jamais lâché le Christ. Elle s’en est toujours remis à sa grâce, par la foi, bien que polluée. Dans ces derniers souffles, elle n’avait qu’une hâte : entrer dans la présence de son Seigneur fidèle. Vous savez quoi ? Son visage affichait le sourire le plus apaisé et mystérieux que je n’ai pu voir durant toute sa vie.

La foi seule est l’acte par lequel je m’en remets totalement à Dieu, en réponse à son offre miséricordieuse, à la promesse que quiconque croit sera sauvé. La simple croyance ne sauve pas. Les démons aussi croient en Dieu et ils tremblent.

“La foi est le mouvement du plus profond de l’être qui se projette dans la miséricorde de Dieu” (Henri Blocher).

1 promesse = ∞

Avant même que Dieu ne donne des règles à son peuple pour le réorienter, il promettait à Abraham de le sauver à cause de sa foi. En Gn 15.5, l’Eternel dit à Abraham : « Contemple et compte » les étoiles, si tu en es capable. Tes descendants seront aussi nombreux qu’elles”. Abraham crut en cette promesse, il eut confiance en Dieu. Et Dieu porta sa foi à son crédit, et le déclara juste.

Tous ceux qui placent leur confiance en la promesse de Dieu sont ces enfants d’Abraham. Nous sommes la réalisation de la promesse de Dieu envers Abraham ! Regardez-vous les uns les autres, vous êtes la promesse faite à Abraham.

Nous sommes cette génération sauvée par la foi SEULE. Comme Habacuc (Ga 3.11 //Ha 2.4), bien que le présent nous dessine une réalité contraire, nous comptons sur les promesses de Dieu. Nous comptons sur sa délivrance promise à venir.

Contemple et compte.

Aujourd’hui, contemplons la grâce de Dieu surabondante… Celle qui promet la vie en abondance, par seule confiance en sa promesse. Contemplons le Christ sur la croix. Comptons sur sa grâce par la foi seule. Contemplons et comptons les œuvres de l’Esprit qui agit en nous !

Que l’Esprit Saint, notre fidèle compagnon, vous fasse contempler la grâce de notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, et compter sur sa promesse jusqu’au bout, par la foi seule.