Vous êtes le corps du Christ (7) Pour une croissance équilibrée

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Nous poursuivons notre série de prédications en réponse aux « questions à l’apôtre Paul » posées lors de notre week-end d’Eglise. Nous avons rassemblé en une seule deux questions qui se complètent :
Comment l’Eglise se prépare-t-elle à la seconde venue de Jésus ?
Est-il possible d’atteindre la perfection du Christ ?

Dans ces deux questions, on s’interroge sur la dynamique spirituelle de l’Église dans la perspective du retour de Jésus. Comment l’Église et les membres qui la composent peuvent-ils progresser vers la perfection, le modèle parfait du Christ ?

En réalité, on aurait pu y adjoindre une troisième question issue de notre week-end, une question qui a sans doute été posée par une femme : « L’Église évangélique libre de Toulouse, est-ce Frankenstein ou George Clooney ? » Si on considère Georges Clooney comme la perfection (messieurs, vous pouvez changer le nom par qui vous voulez… de plus féminin !) et Frankenstein comme le monstre, on peut imaginer que la question demande où nous nous situons entre les deux ! Et comment nous pouvons devenir de moins en moins Frankenstein et de plus en plus Georges Clooney !

Pour répondre à cette question, je vous propose de lire Ephésiens 4.11-16 :

11Voici les « dons » que le Christ a faits : les uns ont reçu le don d’être apôtres, ou bien d’être prophètes, ou bien d’annoncer la Bonne Nouvelle. D’autres ont reçu le don de conduire le peuple de Dieu, ou encore d’enseigner. 12Par ces dons, le Christ a voulu former ceux qui appartiennent à Dieu. Ainsi, ils peuvent accomplir leur service de chrétiens pour construire le corps du Christ. 13Alors tous ensemble, nous aurons peu à peu une même foi et une même connaissance du Fils de Dieu. Finalement, nous serons des chrétiens adultes et nous atteindrons la taille parfaite du Christ. 14Nous ne serons plus des bébés. Nous ne ressemblerons plus à un petit bateau poussé dans tous les sens par les vagues de la mer. Nous ne serons plus emportés de tous les côtés par le vent des idées fausses. Les gens ne nous tromperont plus avec leurs mensonges habiles. 15Mais en disant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ. 16C’est par lui que toutes les parties du corps tiennent ensemble et sont unies. Beaucoup d’articulations servent à unir le corps, et quand chaque partie du corps fait son travail, le corps grandit et se construit lui-même dans l’amour.

Au cœur de ce texte, il y a l’image de l’Église comme un corps, qui était bien le fil rouge de notre week-end d’Eglise. Mais avec une particularité dans l’usage de la métaphore, par rapport à 1 Corinthiens 12 par exemple : ici, le corps est en croissance. Il s’agit de ne plus être des bébés mais de grandir pour atteindre l’âge adulte : « Nous ne seront plus des bébés (v.14)… mais nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ (v.15). »

Bien-sûr, nous n’atteindrons jamais la perfection du Christ. C’est une évidence ! Mais nous sommes bien appelés aujourd’hui à la croissance. Voilà ce que nous devons faire dans l’attente du retour de Jésus : grandir !

1. Aucune croissance n’est possible sans le Christ

La première évidence à souligner, c’est qu’aucune croissance n’est possible sans le Christ. Il suffit de voir l’omniprésence de Jésus dans l’argumentation de Paul : c’est le Christ qui accorde ses dons à son Église (v.11), c’est par ses dons que se construit l’Église (v.12), c’est par lui que se fait l’unité de la foi (v.13a), c’est lui qui est le modèle (la stature parfaite du Christ, v.13b), c’est lui qui est la tête vers qui tendre (v.15), c’est par lui que le corps garde sa cohésion (v.16)…

Le Christ est, bien-sûr, le modèle à suivre, la tête vers laquelle tendre. Mais pas seulement. Il est aussi la source de toute croissance. C’est lui qui pourvoit aux besoins de son Église et qui assure la cohésion de l’ensemble. Il y a là la double dynamique de toute croissance spirituelle : avoir Jésus-Christ comme modèle ET comme source.

Jésus est notre modèle. Il est le maître, nous sommes ses disciples. Notre désir, c’est de lui ressembler. Avoir son amour envers tous, sa compassion envers ceux qui souffrent, sa fidélité à Dieu son Père, son courage et à propos dans ses controverses avec les Pharisiens, sa grâce même envers ses ennemis… Et si nous voulons l’avoir comme modèle, nous ne devons pas cesser d’approfondir notre connaissance de sa vie, son œuvre, son enseignement.

Mais Jésus n’est pas seulement un modèle auquel nous nous efforçons de ressembler. Il est, aujourd’hui, la source de notre croissance. Notre croissance, c’est son oeuvre en nous !

Trop souvent, on croit, ou on vit sa vie chrétienne comme si notre croissance spirituelle dépendait de nos efforts ! On s’astreint à une discipline, on s’enferme dans des interdits et des obligations… et plus on souffre, plus on se heurte à des frustrations, plus on pense qu’on est en train de grandir spirituellement ! Alors que la clé de notre croissance spirituelle se trouve dans la communion avec le Christ vivant.

C’est bien ce que Jésus a dit quand il s’est comparé à une vigne :

« Restez attachés à moi, comme moi je reste attaché à vous. Un sarment ne peut pas donner de fruits tout seule, il doit rester sur la vigne. De la même façon, vous ne pouvez pas donner de fruits, si vous ne restez pas attachés à moi. Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Si quelqu’un reste attaché à moi comme je suis attaché à lui, il donne beaucoup de fruit. En effet, sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15.5)

Tout est dit ! C’est en restant attaché au Christ, comme les sarments au cep, que nous porterons du fruit. C’est dans la communion au Christ que nous trouverons la source de notre croissance spirituelle. C’est du cep que provient la sève qui nous fait grandir en tant que sarment. Sans lui, nous ne pouvons rien faire.

Je ne dis pas, bien-sûr, que la vie de disciple du Christ est une promenade de santé. Jésus nous a averti en disant que le disciple n’est pas plus grand que son maître et que comme il a été persécuté, ses disciples le seront aussi. Il invite ceux qui le suivent à se charger de leur croix.

Je dis simplement que nous avons tout intérêt à privilégier une compréhension positive de la croissance, comme découlant de la communion avec le Christ, plutôt que de nous enfermer dans une spiritualité de contraintes et de frustrations.

2. Une croissance équilibrée

La croissance dont parle Paul ici implique principalement deux choses : ne pas rester des bébés (v.14) et grandir en tout (v.15). Autrement dit, devenir des adultes dans la foi grâce à une croissance équilibrée.

Il s’agit d’abord de ne plus être des bébés (v.14) ! Le terme grec qu’on trouve ici désigne les petits enfants et est parfois utilisé de façon imagée pour parler de personnes ignorantes. Ce qui caractérise les bébés de ce verset, c’est l’instabilité, la vulnérabilité. Paul les compare à un petit bateau ballotté par la mer, incapable de tracer sa route mais allant de droite et de gauche au gré des vagues.

Si on manque de maturité spirituelle, il est facile de se laisser emporter par les vagues des théologies dominantes, ou d’être portés par les vents des Églises, ou des prédicateurs à la mode. Mais sans réflexion, sans discernement… ça peut donc être pour le meilleur comme pour le pire !

Être adulte spirituellement, c’est arriver à suivre sa route malgré les vents contraires et les tempêtes. C’est arriver à garder l’équilibre : parfois se laisser porter par le vent, parfois y résister, parfois surfer sur la vague, parfois fendre les vagues.

Car c’est bien l’équilibre qui est à rechercher, avec une croissance harmonieuse :

« En disant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers celui qui est la tête, le Christ » (v.15)

Grandir en tout c’est chercher à développer sa vie chrétienne dans tous les domaines. Dans la connaissance de Dieu et sa Parole. Dans un comportement à l’image du Christ. Dans une piété personnelle et communautaire profonde. Dans le témoignage de l’Évangile. Dans l’amour du prochain…

Et la clé pour tout cela, c’est de « dire la vérité avec amour ». En grec, « dire la vérité » c’est un seul verbe (alêtheuô), qui n’apparaît que deux fois dans le Nouveau testament. On pourrait le traduire par « dire, professer ou maintenir la vérité » voire même par « agir, vivre en vérité ».

On peut donc dire que la double énergie qui permet une croissance spirituelle harmonieuse, c’est la vérité et l’amour. L’équilibre entre les deux est essentiel. Il y a des chrétiens, et des Églises, qui au nom de la vérité, haïssent, rejettent ou méprisent. Et d’autres qui, au nom de l’amour, relativisent et acceptent tout et n’importe quoi. Mais la vérité sans amour est-elle encore la vérité ? Et de même pour l’amour sans vérité…

D’ailleurs, amour et vérité convergent dans la personne de Jésus. N’est-il pas, lui-même, la vérité ? N’a-t-il pas défendu la vérité de Dieu face aux chefs religieux de son temps ? En même temps, n’a-t-il pas accueilli tous ceux qui venaient à lui, n’a-t-il pas témoigné de la compassion envers tous, y compris ceux que tous rejetaient ou méprisaient ?

La vérité et l’amour sont-elles bien les deux énergies qui nous animent, qui président à nos relations dans l’Église, qui motivent nos choix dans nos vies ?

Conclusion

Alors, sommes-nous Frankenstein ou Georges Clooney ? Sans doute un peu entre les deux… Que faire donc pour tendre plus vers Georges Clooney ? Ou plutôt, à vrai dire, pour tendre vers le modèle parfait du Christ ?

Grandir. Tout simplement. Chacun personnellement et ensemble en tant qu’Eglise. Grandir avec le Christ comme modèle ET comme source, animés par la vérité ET l’amour. Et ainsi nous serons des chrétiens adultes, qui tendent vers la stature parfaite du Christ. Alors, comme le dira Paul au chapitre suivant de cette épître, il nous accueillera au dernier jour tel qu’il aura rendu son Église, comme une épouse « pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans aucun défaut. » (Ephésiens 5.27).

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