Vous êtes le corps du Christ (5) Quelle est ma place ?

image_pdfimage_print

 

Parmi les « questions à l’apôtre Paul » laissée

https://soundcloud.com/eel-toulouse/quelle-est-la-place-dans

s dans la boîte aux lettres de notre week-end d’Eglise, certaines tournaient autour de la question des dons et ministères dans l’Église. Comme par exemple : « Comment savoir quelle partie du Christ je suis ? » ou : « Dans le corps, y a-t-il des organes vitaux et d’autres dont on peut se passer ? »

Pour répondre à ces questions qui s’inspirent de l’image de l’Église comme un corps, je vous propose de lire un texte qui n’utilise pas cette image du corps mais qui aborde bien la question des dons et des ministères.

Lecture biblique : 1 Pierre 4.7-11

Le sentiment de fin du monde, au début de notre texte, est présent dans plusieurs épîtres du Nouveau Testament. La plupart des premiers croyants pensaient que le Seigneur allait revenir rapidement… et cela donnait un certain caractère d’urgence à la vie chrétienne et à la nécessité du témoignage de l’Évangile. Dans ce contexte, c’est ici l’occasion pour Pierre de souligner l’essentiel pour l’Église : la prière, l’amour les uns pour les autres et le service des autres selon les dons de chacun.

C’est ce dernier point qui nous permet de répondre à nos questions sur les dons et les ministères dans l’Église, que nous pouvons reformuler de façon plus personnelle : « quelle est ma place dans l’Église ? »

Être de bons économes de la grâce

Dans les exhortations de Pierre, on perçoit en filigrane que la vie communautaire n’était pas forcément si évidente que ça. Deux indices dans le texte. D’abord, en appelant ses lecteurs à l’amour les uns pour les autres, Paul précise que l’amour efface beaucoup de péchés… Ensuite, il ajoute à son encouragement à exercer l’hospitalité les uns envers les autres que ça devait se faire « sans se plaindre ».

Il ne faut donc pas s’imaginer que dans les premiers temps de l’Église, tout était formidable, paisible et fraternel ! On peut imaginer que dans ces conditions, il n’était pas forcément facile de trouver sa place dans l’Église.

En tout cas, Pierre souligne l’importance de la communauté et établit le principe suivant : « Mettez-vous au service des autres, selon le don que chacun a reçu. » En agissant de la sorte, les croyants seront de bons serviteurs, administrant au mieux les dons variés de Dieu.

Le mot traduit par « serviteurs » au verset 10 est oikonomoi. Ce mot grec a donné économe en français et désignait le serviteur qui avait pour tâche d’administrer les biens de la maison. Derrière cette exhortation, il y a l’idée que l’Église est une peu comme un trésor, riche des dons et des ministères accordés par Dieu. Et il convient à tous d’administrer ensemble ce trésor, d’être de bons économes de la grâce.

Pierre privilégie la vision et la gestion globale. La perspective n’est pas individuelle mais communautaire. C’est la vision d’ensemble qui compte, plutôt que les aspirations individuelles.

Et cela nous permet de répondre à la question de savoir s’il y a dans l’Église des membres vitaux et d’autres dont on pourrait se passer… Autrement dit, est-ce qu’il y a des personnes, des ministères absolument indispensables, sans lesquels il ne peut y avoir d’Eglise ?

Dans l’image du corps développée par Paul dans plusieurs de ses épîtres, il n’y a qu’un seul membre qui est indispensable, c’est la tête. Et la tête, c’est le Christ. Tous les autres membres ont leur place, même si certains reçoivent plus d’honneur que d’autres, même si certains sont plus visibles que d’autres. Pour Paul aussi, l’importance c’est la cohésion du corps dans son ensemble.

De même, pour Pierre, c’est la communauté qui prime. D’où ses exhortations à l’amour fraternel, à l’hospitalité mutuelle et au service les uns des autres. Si nous formons ensemble un trésor commun, c’est bien Dieu qui en est le propriétaire… et nous n’en sommes que les administrateurs.

Dans les deux cas, nous sommes invités à aller au-delà d’une vision utilitariste de l’Église pour privilégier une vision de service. Dans une vision utilitariste de l’Église, on va regarder, et honorer, les gens en fonction de ce qu’ils pourront apporter : de l’argent dans les collectes, de la respectabilité par leur réputation ou leur réseau d’influence, des compétences reconnues. Plus ils seront utiles, mieux ils seront accueillis et intégrés.

Dans une perspective de service, on est moins centré sur ce que les autres peuvent nous apporter que sur ce que nous pouvons leur apporter, moins sur nos besoins que sur leurs besoins.

Pour revenir à l’image du corps, il y a des parties d’un corps humain qui n’apparaissent pas forcément utiles… mais qui font bien partie de la personne, et parfois ajoutent à leur charme et peuvent être des petits détails qui font toute la différence. L’identité d’une Église est constituée de l’ensemble de ses membres. Le bien commun que nous partageons et que nous devons administrer est la somme de toutes nos individualités.

Être de bons économes de la grâce, c’est permettre à chacun d’être qui il est et d’apporter aux autres ce qu’il peut leur donner.

Se mettre au service des autres

Revenons à l’exhortation de Pierre : « Mettez-vous au service des autres, selon le don que chacun a reçu. »

Se mettre au service, c’est le verbe grec diakoneo. Le don que chacun a reçu, c’est le charisme, charisma en grec. Or diakoneo signifie bien servir mais il est utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner l’exercice d’un ministère. Le diakonos, qu’on a parfois transcris par « diacre », c’est en fait le ministre, le serviteur. Et les charismes sont les dons que Dieu accorde dans sa grâce à son Église et dont on trouve plusieurs listes, non-exhaustives, dans les épîtres de Paul.

Que dit Pierre des charismes et des ministères ? Dans une perspective de service plutôt qu’utilitariste, il nous invite à ne pas nous autocentrer mais à nous centrer sur les autres. Evidemment, c’est toujours intéressant et même légitime dans une certaine mesure, de se demander : quel sont mes dons, quel est mon appel ? Mais on peut aussi réfléchir différemment et se demander : quels sont les besoins autour de moi ? Comment je pourrais me mettre au service des autres ? Au lieu de se centrer sur soi-même et chercher à s’épanouir dans ses dons, se centrer sur les autres et chercher à se mettre à leur service.

Jésus-Christ lui-même ne s’est-il pas fait serviteur ? N’a-t-il pas renoncé à sa gloire, à ses droits et privilèges de Fils de Dieu en devenant homme, semblable à nous, et en prenant la forme d’un serviteur, jusqu’à la mort sur la croix ? Ne sommes-nous appelés à vivre à sa suite, comme serviteurs les uns des autres ? C’est là que se trouve la clé de la vie dans l’Église, la voie pour que chacun trouve sa place : l’esprit de service.

Bien-sûr, la bonne volonté ne suffit pas toujours. Il y a certains services qui nécessitent des dons ou des compétences. Vous n’allez pas rejoindre le groupe de louange si vous chantez comme une casserole ni le groupe des présidents de culte si la seule idée de monter sur l’estrade vous fait tomber dans les pommes ! Mais il y a quantité de services, notamment pratiques, qui ne nécessitent pas de compétence particulière… Et il y a beaucoup de domaines où on peut apprendre et se former.

Il s’agit donc, au minimum, d’intégrer les besoins autour de nous dans notre réflexion. Notre place dans l’Église ne dépend pas que de nos dons et de nos aspirations, elle dépend aussi des autres et des besoins de la communauté !

Conclusion

Souvent l’Église est perçue comme un prestataire de services. On s’attend à ce qu’elle nous nourrisse, qu’elle nous apporte réconfort, bien-être, épanouissement… On l’évalue sur sa capacité à répondre à nos besoins et nos attentes.

Or, nous devrions voir l’Église non comme un prestataire de services mais comme une communauté de serviteurs. Nous sommes invités à ne pas nous autocentrer mais à nous centrer sur les autres. Et tout le monde y trouvera son compte si le service est vécu dans la réciprocité !

Quelle est ma place dans l’Église ? Celle du serviteur, au même titre que tous les autres ! Nul n’est indispensable sinon le Christ. Chacun, pour sa part, contribue à l’identité et au charme du corps qu’est l’Église. Et c’est ensemble que nous pourrons être de bons économes de la grâce, en mettant en valeur toutes les pièces du trésor que nous formons par la grâce de Dieu.

Laisser un commentaire