Aimez-vous les uns les autres

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Lecture biblique : Jean 13.31-35

Il y a des textes fondamentaux sur lesquels il est toujours utile de revenir. Celui-ci en fait partie puisqu’il contient cet appel de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres. ». C’est en effet ce que beaucoup, y compris parmi les non-croyants, retiennent de l’enseignement de Jésus. Et il faut dire que pour nous, disciples du Christ, nous sommes assez d’accord. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » constitue un excellent résumé de l’enseignement de Jésus !

Mais d’abord, le contexte. Ce discours fait partie des dernières paroles de Jésus, peu de temps avant d’être arrêté. Il sait que son temps est compté et il en avertit ses disciples : « Je suis encore avec vous pour peu de temps, ensuite vous allez me chercher. » Et il sait très bien ce qui l’attend… Ses paroles revêtent donc une importance particulière.

Le verset 31 précise que Jésus dit ces paroles une fois que Judas est sorti. Et juste avant, il avait annoncé que l’un de ses disciples allait le trahir. Jésus se retrouve donc avec les 11 disciples qui seront le noyau dur de son Église, le socle sur lequel il bâtira son Église. A travers eux, c’est donc à nous, chrétiens de tous les temps, que Jésus s’adresse.

Ce commandement, qu’il rappellera dans les mêmes termes au chapitre 15 du même évangile, est toujours d’actualité pour nous. « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. » Voilà qui est bien au cœur de notre vocation de disciple du Christ !

Un commandement nouveau

Mais pourquoi Jésus dit-il qu’il s’agit d’un commandement nouveau ? Aimez-vous les uns les autres… ce n’est pas vraiment nouveau ! « Aime ton prochain comme toi-même », c’est bien dans le Lévitique, non ? Et Jésus lui-même a dit que c’était le plus grand commandement, avec celui qui invitait à aimer Dieu de tout notre cœur.

Alors qu’est-ce qui est nouveau ? Je suis assez d’accord avec Calvin qui voit dans la nouveauté une réaffirmation de son importance, tant il est vrai que nous sommes prompts à oublier… Calvin transcrit les paroles de Jésus ainsi : « Je veux que vous ayez un perpétuel souvenir de ce commandement, comme si c’était une ordonnance faite de nouveau. » En somme, c’est le commandement suprême à recevoir toujours comme un nouveau commandement. Un commandement sans cesse à vivre, toujours à réinventer.

Et c’est vrai que ce commandement à l’amour les uns pour les autres peut se perdre dans la routine de la vie chrétienne, ou se diluer dans de bons sentiments, des discours creux, ou des actes pieux pour se donner bonne conscience. Il n’est plus alors un commandement nouveau. C’est un commandement périmé, qui a perdu toute sa saveur, toute sa valeur.

Mais comment puis-je alors, vraiment, aimer mes frères et sœurs ? Comment faire pour que cet amour soit vrai et pas seulement formel, superficiel ? Comment est-ce que je peux le vivre comme un commandement vivifiant que je viens de découvrir ! Un commandement nouveau…

C’est une grâce qu’on peut demander à Dieu. Pour qu’il renouvelle en nous notre volonté de nous aimer les uns les autres. Car l’amour vivant se réinvente sans cesse.

Comme je vous ai aimé

Et Jésus insiste : « Comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres. »

Est-ce à dire qu’il faut faire la même chose que Jésus ? Aimer de la même façon que Jésus nous a aimé ? Faut-il, pour accomplir ce commandement, aller jusqu’au don de sa vie ? Ou, comme le prétendent certains commentateurs, aimer son prochain plus que soi-même ?

Je ne le pense pas… La façon dont Jésus nous a aimé est unique. La mort en sacrifice du Christ, sur la croix, est unique et impossible à imiter. Par contre, c’est bien parce que Jésus-Christ nous a aimé que nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres. L’amour du Christ est premier et il inspire notre amour.

Dans ce sens, l’exemple de Jésus a toute sa valeur. Et il a incarné l’amour radical qu’il prône dans le Sermon sur la Montagne, où il invite à aimer jusqu’à ses ennemis. Il a donné l’exemple d’un amour qui le conduira jusqu’à la mort, jusque dans ces paroles qu’il dit à ses bourreaux, sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Evidemment, comparé à l’exemple de Jésus, notre amour est forcément fade… Mais en même temps, c’est son amour qui nous inspire, qui nous donne la force d’aimer à notre tour. Son amour parfait ne doit pas nous écraser, nous culpabiliser de ne pas pouvoir aimer comme lui aime. Il doit au contraire nous élever, et nous donner la force d’aimer. Car nous pouvons puiser dans son amour. Finalement, il ne dira pas autre chose dans les chapitres suivant, lorsqu’il annoncera la venue du Saint-Esprit : « Si vous m’aimez, vous obéirez à mes commandements, et moi, je prierai le Père. Et il vous donnera quelqu’un d’autre pour vous aider, quelqu’un qui sera avec vous pour toujours : c’est l’Esprit de vérité. » (Jean 14.15-17a)

C’est par lui que nous pouvons puiser l’amour en Christ, c’est par lui que nous pouvons aimer à notre tour, comme le Christ nous a aimé.

Et tout le monde saura que vous êtes mes disciples

Jésus souligne enfin qu’il y a un enjeu, dans ce commandement, qui dépasse les simples relations entre frères et sœurs. « Ayez de l’amour les uns pour les autres. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. »

Ici s’éclaire ce que dit Jésus, dans notre texte, à propos de la gloire que le Fils et le Père manifestent. Lorsqu’il parle du Fils qui manifeste la gloire de Dieu, il fait référence à sa mort, par laquelle il accomplira le plan de Dieu. Et quand il parle du Père qui glorifiera le Fils, il pense sans doute à sa résurrection.

S’il en parle, en lien avec le commandement de s’aimer les uns les autres, c’est parce que Jésus est sur le point de s’en aller, et les disciples ne peuvent pas le suivre. Bientôt, il ne sera plus là. Mais les disciples, eux, seront toujours là. Et ce sera à eux de manifester le Christ, par leur amour, comme le Fils a glorifié le Père.

L’accomplissement du commandement de l’amour les uns pour les autres a une portée au-delà du cercle de l’Église. « Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples… »

Et là nous sommes interpellés ! Est-ce que tout le monde voit que nous sommes les disciples du Christ ? Est-ce que les gens qui nous voient vivre, qui voient notre façon d’être ensemble, disent : « ah oui, on voit qu’ils sont disciples du Christ. ! »

Le premier impératif lié à ce commandement, pour l’Église, c’est que ça se voie. Pas que ça s’entende dans nos cantiques, nos prières, nos confessions de foi, nos prédications…. mais que ça se voie.

Le premier impératif du témoignage, c’est notre vie. Et pas seulement une vie qui fait de son mieux pour éviter de trop faire du mal aux autres, ou qui s’efforce de ne pas être trop un contre-témoignage. Non, une vie qui, en elle-même, est un témoignage positif de l’amour qui vient de Dieu. Comme le dit cette parole, prêtée à Saint-François : « Prêche l’Évangile par tous les moyens, si nécessaire utilise des paroles ! »

Bien-sûr que les paroles ont leur utilité dans le témoignage. Mais elles ne servent à rien si elles ne peuvent pas s’appuyer sur une vie qui manifeste l’amour du Christ !

Conclusion

Ce n’est pas un commandement parmi les autres dont parle Jésus dans ce texte. C’est le programme de vie auquel il nous invite, si nous sommes ses disciples. Un programme qui nous lie au Christ, car son amour est premier. Un programme qui nous lie aussi à notre prochain, envers qui nous sommes appelés à manifester l’amour du Christ.

Pour que ce programme devienne réalité dans notre vie, il faut que nous le recevions comme un commandement nouveau : aimer mon prochain, c’est être avec lui dans une relation toujours nouvelle. Et c’est aussi une façon concrète de glorifier Celui qui nous a aimé le premier. Le premier impératif du témoignage, c’est notre vie.

« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. »

Une réflexion sur « Aimez-vous les uns les autres »

  1. “Aimez-vous les uns, les autres comme je vous ai aimé”.

    Qu’est-ce à dire ?
    Faire bonne apparence le dimanche matin (bien habillé, costard cravate, bien maquillé et coiffé, sourire, être aimable, accueillant, convivial, serviteur et servant auprès de frères et soeurs, prêt à tout, etc…) sans montrer et s’imaginer que l’on fait preuve de “bonne volonté” et “d’humilité” vainement ?
    Non, je ne crois pas, sauf si c’est pour le Seigneur, et UNIQUEMENT pour Lui qu’on le fait.
    A chacun de voir…

    Avant d’aimer l’autre comme Jésus nous a aimé, il faut s’aimer soi-même : “aime ton prochain COMME toi-même”, nous dit l’Ecriture.

    Avant de demander à l’autre : m’aimes-tu ? Et de s’entendre répondre OUI, je t’aime.
    Il faut se poser les questions suivantes :
    en faisant cette demande, suis-je bien dans mes baskets ?
    Ne va-t’il pas me répondre en se basant sur mon apparence physique du moment ?
    N’ai-je pas quelque chose à cacher ? A me reprocher ? A lui reprocher ?
    Sa réponse est-elle la véritable vérité exprimée par son coeur, et pas, seulement sa bouche ou (et) ses yeux ? (par politesse).

    Et s’il me répond : non, pas plus que ça. Qui sera le plus embêté, lui ou moi ? Pourquoi, comment, qu’ai-je fait ?
    Alors là, explications amicales, sereines ou … engueulade ?
    J’en sais rien. Cela dépend du lieu, du moment, du temps, de l’humeur…

    Je pense qu’aimez les autres comme Jésus nous a aimé passe d’abord par :
    aime ton prochain COMME TOI-MÊME.

    Dernière interrogation :
    qui est mon prochain ? Ma femme, mon fils, ma fille, leurs époux, leurs enfants et la famille par le sang, les amis de l’église ?
    Non, pas seulement : mes voisins, mes collègues QUELLE QUE soit leur religions. Celui qui m’en veut parce-que je lui ai fait mal (je le sais! ) et qui me le rend bien (aïe !).
    Aimer, c’est aussi demander pardon ET pardonner (pas facile !).

    La demande de Notre Seigneur ET Sauveur Jésus est très, très, très difficile à mettre en action.
    Son aide, par l’Esprit et la prière, est nécessaire, indispensable et précieuse.
    Alors, usons-en “non-stop”. Il nous le demande et promet de nous répondre au temps opportun (le Sien pas le notre !).

    ALLONS-Y !!!

    André

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