Dieu se laisse trouver

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cache-cacheLecture biblique : Esaïe 55.6-9

Dans ce texte, on a un peu l’impression que Dieu joue à cache-cache avec nous. Il s’agit de le chercher, mais il est lointain tout en étant proche… Où est-il ? Comment le trouver ?

C’est surtout l’expression du verset 6 qui a attiré mon attention : le Seigneur « se laisse trouver ». Un peu comme quand un adulte joue à cache-cache avec un enfant : il se cache, mais pas trop. Il s’arrange pour que l’enfant arrive à le trouver.

C’est un peu comme ça que Dieu agit envers nous. Il se laisse trouver…

 
Un Dieu qui se laisse trouver

« Cherchez le SEIGNEUR pendant qu’il se laisse trouver. » Est-ce à dire qu’il ne se laisse pas toujours trouver ? En réalité, on pourrait traduire différemment cette phrase. Il n’y a pas vraiment de préfixe temporel en hébreu, qui laisserait entendre que Dieu se laisserait trouver mais pour un temps seulement. Et après ce serait fini…

D’ailleurs la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) propose : « Recherchez le SEIGNEUR puisqu’il se laisse trouver, appelez-le, puisqu’il est proche. »

L’idée n’est pas de dire qu’il faut le chercher maintenant parce qu’après il sera trop tard. L’affirmation est bien plus profonde. Elle touche à l’être-même de Dieu. Le fait de se laisser trouver, ou de se rendre proche, est dans la nature-même de Dieu. Le Seigneur est un Dieu qui se laisse trouver. Alors, cherchons-le !

Et il faut qu’il en soit ainsi. Parce qu’on ne peut pas trouver Dieu sans son aide. Il nous est inaccessible si nous ne comptons que sur nos propres forces, notre intelligence, notre sagesse ou notre connaissance. On ne le trouve pas par nous-mêmes, on le trouve parce qu’il se laisse trouver.

C’est pourquoi dans les versets 8-9, Esaïe souligne la distance infinie qui nous sépare de Dieu.

Le SEIGNEUR déclare :
« Vos pensées ne sont pas mes pensées,
mes façons de faire ne sont pas les vôtres.
Il y a une grande distance
entre mes façons de faire et les vôtres,
entre mes pensées et vos pensées.
Elle est aussi grande
que la distance entre le ciel et la terre. »

Si on n’avait que ces versets, on dirait « laisse tomber… ». Comment connaître un Dieu si différent, si éloigné de nous ? La réponse est au verset 6 : parce qu’il se laisse trouver !

Voilà ce qui est extraordinaire dans la révélation biblique. Ce Dieu infini, tout-puissant, créateur de l’univers entier, ce Dieu plus grand que tout ce qu’on peut imaginer, ce Dieu qui, par nature, nous est si éloigné, nous petites poussières dans l’univers, créatures limitées et souvent pitoyables, ce Dieu-là se laisse trouver par nous, il se rend proche de nous.

Toute l’histoire de la révélation, c’est l’histoire d’un Dieu infini et inaccessible qui se rend proche de nous, accessible. Il laisse des traces de sa présence dans la Création, au plus profond de notre conscience. Il se révèle à travers les prophètes qu’il a choisi. Et, comme couronnement de cette révélation, il y a l’incarnation, la venue du Fils de Dieu devenu homme. Il ne peut pas se faire plus proche de nous…

La formule d’Esaïe est belle : Dieu se laisser trouver. Dieu se révèle mais sans s’imposer. Il s’approche de nous mais sans nous contraindre. Il appelle mais il ne nous force pas la main. Il se laisse trouver…

 
Trouver Dieu pour se retrouver soi-même

Chercher Dieu, comme nous y invite le prophète, implique bien plus qu’une quête religieuse ou philosophique. Il y a un autre appel qui lui est lié, au verset 7. Un appel à la repentance :

Les gens mauvais
doivent abandonner leur conduite.
Celui qui fait le mal
doit abandonner ses pensées méchantes.
Tous doivent revenir vers le SEIGNEUR,
car il aura pitié d’eux.
Tous doivent revenir vers notre Dieu,
car il pardonne généreusement.

La repentance, c’est un changement radical, qui trouve sa source dans le retour à Dieu. Cet appel au retour à Dieu intervient au cœur de la promesse d’un autre retour, celui du peuple dans son pays, après l’Exil. C’est ici utile de rappeler que les prophéties bibliques ne sont pas de simples prédictions d’un avenir déjà écrit. Elles sont l’occasion de rappeler le projet de Dieu mais aussi d’inviter les lecteurs à y entrer avec foi. Les promesses, ou les avertissements, s’accompagnent toujours d’un appel.

Dans le message des prophètes, le plus important des retours n’est pas le retour de l’Exil à Babylone, c’est le retour à Dieu. Tout comme le départ en exil du peuple était présenté par les prophètes comme une conséquence de l’infidélité à Dieu, la promesse du retour en Canaan implique un appel à un retour à Dieu. Et c’est là que les écrits prophétiques revêtent un caractère universel.

Nous ne sommes pas dans la situation des Juifs en exil à Babylone mais à travers les siècles, l’appel du prophète parvient jusqu’à nous. N’avons pas aussi besoin de revenir à Dieu ? Si Dieu nous paraît silencieux et lointain, n’est-ce pas souvent parce que nous nous sommes nous-mêmes éloignés de lui ?

Du coup, la thématique du retour à Dieu éclaire d’un jour nouveau le verset 6. Le Dieu qui se laisse trouver est aussi le Dieu qui accueille toujours celui qui revient à lui. Le pardon qu’il offre permet d’envisager tous les recommencements. Le Dieu qui aura pitié est celui qui se laisse toujours trouver… et retrouver. Le Dieu qui pardonne généreusement est celui qui est tout proche, prêt à nous accueillir.

Alors, il faut bien le souligner, le vrai retour à Dieu implique des changements. Il s’agit d’abandonner certaines conduites et certaines pensées. Cela ne peut être sans une remise en question. C’est la nature même de la repentance biblique qui n’est pas simplement un regret ou un remord mais une décision ferme de changer, de se laisser changer par Dieu.

La repentance, le retour à Dieu, est le moyen d’être libéré de ce qui est mauvais en nous. C’est le chemin qui nous conduit à nos racines oubliées, celles de l’image de Dieu en nous. Une image brouillée, déformée, par le péché.

Le retour à Dieu est la source d’un retour à soi-même. Trouver, ou retrouver Dieu, c’est se retrouver soi-même : homme, femme, créé à l’image de Dieu.

 
Conclusion

« Cherchez le Seigneur puisqu’il se laisse trouver,
Faites appel à lui, puisqu’il est proche. »

Il y a dans cette phrase un appel et une promesse. L’appel, c’est de sans cesse chercher le Seigneur. Nous en avons tous besoin, parce que loin de lui, nous dépérissons, nous perdons notre humanité-à-l’image-de-Dieu. Nous devons le trouver pour nous retrouver nous-mêmes !

La promesse, c’est que Dieu se laisse trouver, qu’il se rend accessible. Nous sommes pourtant infiniment loin de lui mais toute la révélation biblique nous parle de ce Dieu qui se rend proche et accessible, jusqu’à devenir l’un des nôtres, en Jésus-Christ.

Ces paroles du prophètes étaient précieuses pour les Juifs exilés à Babylone, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Elles peuvent l’être aussi pour nous aujourd’hui, qui avons tout autant besoin d’entendre cet appel et cette promesse.

Cherchez le Seigneur : il se laisse trouver !

Une réflexion sur « Dieu se laisse trouver »

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