Solae (5) A Dieu seul la gloire

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Jean-Sébastien Bach est considéré comme l’un des plus grands, et même peut-être le plus grand compositeur de l’histoire de la musique. Savez-vous comment il signait la plupart de ses partitions ? Il ne mettait pas seulement son nom, il ajoutait trois lettres, qui n’étaient pas ses initiales : SDG, pour Soli Deo Gloria. A Dieu seul la gloire. Et il ne le faisait pas seulement pour les partitions d’oeuvres sacrées.

Toute l’oeuvre de ce génie de la musique, profondément croyant, était dédiée à Dieu. Le désir de Jean-Sébastien Bach était que toute sa musique rende gloire à Dieu. Il cherchait à vivre, en bon Protestant, cette cinquième affirmation théologique fondamentale de la Réforme avec laquelle nous terminons notre série de prédications : Soli Deo Gloria. A Dieu seul la gloire !

C’est d’abord, bien-sûr, une expression biblique, qu’on retrouve à plusieurs reprises, sous différentes formes. On l’entend proclamée dans le ciel, dans les extraordinaires visions du trône et de l’Agneau aux chapitres 4 et 5 de l’Apocalypse :

Apocalypse 4.11
« Seigneur, notre Dieu, tu es digne de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance.
Car c’est toi qui as créé toutes choses,
tu as voulu qu’elles soient et elles ont été créées. »

Apocalypse 5.13
Et j’entendis toutes les créatures dans les cieux, sur terre, sous terre et sur la mer – les créatures de l’univers entier – qui chantaient :
« À celui qui siège sur le trône et à l’agneau
soient la louange, l’honneur, la gloire et la puissance pour toujours ! »

On la retrouve aussi à plusieurs reprises ailleurs dans le Nouveau Testament, comme par exemple dans les deux derniers versets de l’épître de Jude :

Jude 1.24-25
24 À celui qui peut vous garder de toute chute et vous faire paraître sans défaut et pleins de joie en sa glorieuse présence, 25 au Dieu unique, notre sauveur par Jésus Christ notre Seigneur, sont la gloire, la grandeur, la puissance et l’autorité, depuis toujours, maintenant et pour toujours ! Amen.

C’est aussi une formule qu’on a abondamment reprise dans l’hymnologie chrétienne, c’est ce qu’on appelle des doxologies. Elles font partie de nos cantiques ou on les utilise dans nos formules liturgiques au cours d’un culte.

Le risque, justement, c’est peut-être qu’on en reste à une simple formule…

 

A Dieu soit la gloire

Pour aller au-delà de la formule, il est pertinent de garder à l’esprit, ou peut-être de reprendre conscience de ce que signifie l’expression « A Dieu seul la gloire ». Que dit-on quand on chante, quand on prie ou quand on proclame : « à Dieu soit la gloire » ?

Nous disons qu’il est le seul qui puisse recevoir la gloire. Il est le seul digne d’être adoré parce qu’il est unique et qu’il n’y en a pas d’autre comme lui. C’est ce que la Bible affirme quand elle dit que Dieu est saint : il est unique et incomparable.

Dieu est seul digne d’être adoré parce qu’il est à l’origine de toutes choses, à l’origine de l’univers entier qu’il a créé, à l’origine de notre salut qu’il a pleinement accompli en Jésus-Christ. C’est la grâce seule (un cadeau immérité de Dieu), par la foi seule (nous ne pouvons ni ne devons rien y ajouter), grâce au Christ seul (il a tout accompli !), et c’est l’Écriture seule qui nous le dit… voilà pourquoi la gloire lui revient, à lui seul !

Dans la vision du trône d’Apocalypse 4, il y a un geste que font les 24 anciens qui est très significatif : ils jettent leurs couronnes devant le trône et rendent gloire à Dieu. Ce geste signifie simplement que devant Dieu, plus aucune couronne ne tient. Tous nos motifs de fierté, toutes nos petites ou grandes gloires personnelles s’effacent devant la gloire infinie de Dieu.

La gloire, en hébreux, c’est kavod. Un mot dont la racine signifie le poids (c’est-à-dire l’importance). Or, face à Dieu, personne ne fait le poids ! Il est le seul, l’unique, qui puisse être adoré.

Finalement, c’est bien ce que disait déjà le début du Décalogue :

Exode 20.2-3
Je suis le Seigneur ton Dieu, c’est moi qui t’ai fait sortir d’Égypte où tu étais esclave.
Tu n’adoreras pas d’autres dieux que moi.

 

Tout faire pour la gloire de Dieu

A Dieu seul la gloire ! Personne ne fait le poids face à lui. On pourrait s’arrêter là… mais je vous propose d’aller un peu plus loin et de nous demander quelles peuvent être les conséquences pratiques de cette affirmation fondamentale. Et pour cela, je vous propose de lire un passage tiré de la première épître de Paul aux Corinthiens.

1 Corinthiens 10.23-33
23 « Tout est permis », dites-vous. Oui, cependant tout n’est pas utile. « Tout est permis », cependant tout n’est pas constructif. 24 Que personne ne cherche son propre intérêt, mais plutôt celui des autres.
25 Vous êtes libres de manger tout ce qui se vend au marché de la viande sans avoir à poser des questions par motif de conscience ; 26 car, comme il est écrit, « c’est au Seigneur qu’appartient la terre avec tout ce qu’elle contient ».
27 Si une personne non-croyante vous invite à un repas et que vous acceptez d’y aller, mangez de tout ce qu’on vous servira, sans poser de question par motif de conscience. 28 Mais si quelqu’un vous dit : « Cette viande provient d’un sacrifice offert aux idoles », alors n’en mangez pas, à cause de celui qui a fait cette remarque et par motif de conscience – 29 je parle ici non pas de votre conscience, mais de celle de l’autre.
« Mais pourquoi, demandera-t-on, ma liberté serait-elle limitée par la conscience de quelqu’un d’autre ? 30 Si je remercie Dieu pour ce que je mange, pourquoi me critiquerait-on au sujet de cette nourriture pour laquelle j’ai dit merci ? »
31 Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, ou que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout pour la gloire de Dieu. 32 Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour ceux qui ne le sont pas, ni pour l’Église de Dieu. 33 Comportez-vous comme moi : je m’efforce de plaire à tous en toutes choses ; je ne cherche pas mon propre bien, mais le bien d’une multitude de gens, afin qu’ils soient sauvés.

C’est bien-sûr la formule du verset 31 qui m’intéresse en particulier : « que vous mangiez, que vous buviez, ou que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout pour la gloire de Dieu. »

La formule est très générale : « Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » Mais ce qui est intéressant, c’est qu’elle est citée par Paul alors qu’il évoque une question très concrète, voire terre à terre. Il répond à la question qui lui est posée : peut-on ou non manger de la viande issue d’un animal offert en sacrifice à des divinités païennes ?

C’est une problématique qui peut nous sembler étrange aujourd’hui mais c’était une vraie question pour des chrétiens du Ier siècle, d’origine païenne et vivant dans un contexte païen. Et la réponse de Paul est très intéressante parce qu’elle est nuancée. Il ne répond pas par oui ou par non. Il dit : ça dépend ! Et ça ne dépend pas de vous, ni de la viande ou de la façon dont elle a été apprêtée. Ça dépend des autres, de leur conscience. Ça dépend de l’effet qu’aura sur l’autre le fait de consommer ou de ne pas consommer telle ou telle viande, dans telle ou telle circonstance.

Face à cette question comme face à toute autre question, la boussole qui doit orienter ma décision, c’est la gloire de Dieu. Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu !

Il ne s’agit pas ici de faire une liste des choses qui glorifient de Dieu et de celles qui ne le glorifient pas, comme si on pouvait tout classer dans l’une de ces deux catégories. Il s’agit de se poser toujours la question, et d’y répondre en fonction des circonstances. Non pas de manière absolue, ou légaliste, mais de manière nuancée.

Dieu n’est pas glorifié si mon attitude ou mes paroles font du mal à mon prochain ou provoquent sa chute. Parce que Dieu aime tous les êtres humains, chacune et chacun en particulier, et veut qu’ils soient sauvés. Il ne veut pas qu’ils soient blessés, humiliés, dévalorisés…

Notre vocation d’êtres humains créés à l’image de Dieu, c’est de glorifier Dieu. De refléter par notre vie la gloire de Dieu. Et c’est encore plus vrai si nous sommes croyants, et si nous affirmons que Jésus-Christ dont nous sommes les disciples est lui-même l’image parfaite de Dieu.

« Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ! »

Cette exhortation de l’apôtre Paul est aussi un appel à voir dans tous les domaines de notre vie, des occasions de glorifier Dieu. Quoi que nous fassions, dans quelque domaine que ce soit, il est possible de glorifier Dieu ! Il ne s’agit pas ici de donner la gloire à Dieu comme s’il en manquait, il s’agit de lui rendre gloire, reconnaissant que tout vient de lui.

Il ne s’agit donc pas ici de passer sa vie à chanter des cantiques ! Comme si c’était la seule façon de glorifier Dieu…

Il s’agit de glorifier Dieu par notre vie, dans notre quotidien. Vous pouvez glorifier Dieu par votre travail professionnel, par votre engagement associatif, dans vos relations avec vos proches, vos voisins, vos amis. Vous pouvez glorifier Dieu en faisant tout cela bien, avec amour, avec patience, avec bienveillance, et on pourrait citer ici toute la liste du fruit de l’Esprit de Galates 5.22.

Vous pouvez bien sûr aussi glorifier Dieu en témoignant de votre foi et de votre espérance. Mais à quoi sert-il de témoigner de sa foi autour de soi si, par le reste de notre vie, nous ne glorifions pas le Dieu d’amour et de paix ?

 

Conclusion

A Dieu seul la gloire ! Il est le seul, l’unique, l’incomparable. Rien ni personne ne fait le poids face à lui. Rien n’est sacré ou absolu sinon Dieu. Pas même ma religion, mon Église, ma théologie ou ma vision de Dieu.

A Dieu seul la gloire ! Ça ne veut pas dire que tout ce que je suis ou ce que je fais n’a aucune valeur. Ça veut dire que c’est le regard de Dieu, son regard de grâce et d’amour, qui donne du sens à ma vie, qui donne du poids, de l’importance à ce que je suis et ce que je fais.

A Dieu seul la gloire, aujourd’hui, dans ma vie, et pour l’éternité, dans l’univers entier !

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