Dieu nous invite à œuvrer avec lui (Quand Dieu se révèle 3/4)

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Je poursuis ma série sur la façon dont Dieu se révèle à nous… avec des épisodes tirés de la Genèse. Aujourd’hui, j’aimerais m’attarder sur un passage de la vie de Joseph, l’un des fils de Jacob, arrière-petit-fils d’Abraham.

Joseph est aimé de Dieu, et Dieu lui prévoit une place particulière dans l’Histoire : il sera le bras droit du pharaon, gestionnaire avisé lors d’une crise économique qui aurait pu dévaster l’Egypte. Sa grande compétence, ce sera la sagesse que Dieu lui donne pour analyser les situations. Dieu annonce ce destin prestigieux à Joseph dès sa jeunesse, par des rêves prémonitoires, mais cela suscite la jalousie des frères de Joseph, qui complotent contre lui. Ca commence mal ! Alors Joseph se retrouve en Egypte, vendu comme esclave à un certain Potiphar. Dieu est avec lui, et Potiphar remarque la sagesse de Joseph, au point de lui donner certaines responsabilités. Or la femme de Potiphar, elle aussi, remarque Joseph, et elle cherche à le séduire. Joseph refuse de trahir son maître – furieuse, la femme de Potiphar accuse Joseph de la harceler. Joseph se retrouve à nouveau emprisonné, pour un crime qu’il n’a pas commis – nouvelle déception !

Lecture biblique : Genèse 39.21-40.23

Joseph se retrouva donc en prison. 

21 Pourtant, là aussi, le Seigneur fut avec lui et lui montra sa bienveillance en lui obtenant la faveur du commandant de la prison. 22 Celui-ci confia à Joseph tous les autres prisonniers qui étaient là. C’était lui qui devait diriger tous les travaux effectués par les détenus. 23 Le commandant de la prison ne s’occupait plus de rien, parce que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu’il entreprenait.

1-2 Après quelque temps, deux hauts fonctionnaires du roi d’Égypte commirent une faute contre lui. C’étaient le responsable des boissons du roi et le chef des boulangers [deux fonctionnaires importants car responsables de la nourriture – lieu sensible car empoisonnements fréquents] Le pharaon se mit en colère 3 et les fit enfermer dans la prison du chef de la garde royale, là même où Joseph était détenu. 4 Le chef de la garde les confia aux soins de Joseph, et ils furent maintenus quelque temps en prison.    

5 Une nuit, le responsable des boissons et le chef des boulangers du roi d’Égypte firent tous deux un rêve dans leur prison. Chacun de ces rêves avait sa propre interprétation [càd qu’ils ont un sens différent]

6 Le matin, quand Joseph vint les voir, ils étaient troublés. 7 Il leur demanda : « Pourquoi avez-vous l’air si triste aujourd’hui ? » – 8 « Chacun de nous a fait un rêve, répondirent-ils, et il n’y a personne ici pour l’interpréter. » Joseph leur dit : « Les interprétations n’appartiennent-elles pas à Dieu ? Racontez-moi donc ce que vous avez rêvé. »    

9 Le responsable des boissons du roi raconta son rêve : « Dans mon rêve, dit-il, il y avait un plant de vigne devant moi. 10 Ce plant portait trois rameaux. Dès qu’il eut bourgeonné, il se couvrit de fleurs, puis de grappes mûres. 11 J’avais en main la coupe du pharaon. Je cueillis alors des grappes, j’en pressai le jus dans la coupe et je la lui tendis. » 12 Joseph lui dit : «Voici ce que signifie ton rêve : les trois rameaux représentent trois jours. 13 Dans trois jours, le pharaon t’offrira une haute situation : il te rétablira dans tes fonctions. Tu lui tendras de nouveau la coupe, comme tu le faisais précédemment. 14 Essaie de ne pas m’oublier, quand tout ira bien pour toi ; sois assez bon pour parler de moi auprès du pharaon et me faire sortir de cette prison. 15 J’ai été amené de force du pays des Hébreux, et ici je n’ai rien fait qui mérite la prison. »        

16 Lorsque le chef des boulangers vit que Joseph avait donné une interprétation favorable du rêve, il lui dit : « Moi aussi j’ai fait un rêve. Dans ce rêve, je portais sur la tête trois corbeilles de gâteaux. 17 La corbeille supérieure était pleine des pâtisseries préférées du pharaon, mais des oiseaux venaient les picorer dans la corbeille, sur ma tête. » 18 Joseph lui dit : « Voici ce que signifie ton rêve : les trois corbeilles représentent trois jours. 19 Dans trois jours le pharaon t’offrira une haute situation, plus haute que tu ne voudrais : on te pendra à un arbre, et les oiseaux viendront picorer ta chair. »           

20 Trois jours après, le pharaon fêtait son anniversaire [sûrement l’anniversaire de son arrivée au pouvoir, un moment où le pharaon pouvait faire grâce à certains prisonniers] ; il offrit un banquet à toutes les personnes de son entourage. En leur présence, il offrit une haute situation au responsable des boissons et au chef des boulangers : 21 il rétablit le premier dans ses fonctions, pour qu’il lui tende de nouveau la coupe, 22 mais il fit pendre le second, selon l’interprétation que Joseph leur avait donnée. 23 Pourtant le responsable des boissons ne se souvint plus de Joseph et l’oublia.

Dieu présent avec Joseph, même en prison

Dieu est avec Joseph, même en prison. Il nous est dit que Joseph, en tout, passe 13 ans en esclavage et en prison. Après notre histoire, il faudra encore 2 ans avant que Joseph puisse sortir de prison. C’est long ! Pourtant Dieu est avec lui.

Dans les situations difficiles de notre vie, lorsque rien ne change, on peut être tenté de croire que Dieu nous a abandonnés… Joseph aurait pu avoir cette impression, lui qui espérait tant être libéré, comme il l’exprime au chef des boissons, qui le décevra en l’oubliant. Mais même si Dieu ne le libère pas encore de prison, il agit en sa faveur : Dieu ouvre des opportunités pour que Joseph puisse avoir certaines responsabilités même en prison. Il l’équipe, et le forme à la sagesse – notamment dans l’interprétation des rêves, puisque c’est par ce biais-là que Joseph pourra quitter la prison, en interprétant les rêves du Pharaon. C’est une période d’épreuve pour Joseph, mais aussi une période de formation : il apprend la gestion des personnes, il développe ses dons de discernement et de sagesse – tout cela avec l’aide de Dieu. Il apprend aussi à reconnaître que ses compétences lui viennent de Dieu. Tout cela lui sera infiniment précieux lorsqu’il sera à son tour haut fonctionnaire !

De la même façon, pour nous, dans les situations pesantes, Dieu ne révèle pas toujours sa présence en annulant le problème immédiatement. Parfois, Dieu choisit plutôt de nous former, en caractère et en dons, même si ça nous est douloureux ou frustrant. Lui seul connaît son objectif, et il a en tête de plus grands projets, que nous ne pouvons imaginer…

Une bénédiction pour les nations

Dieu équipe Joseph et il l’appelle, déjà, à être une bénédiction, dès maintenant, dans ce contexte peu favorable. Bénir les autres, bénir les nations, c’était dans la promesse de Dieu à Abraham : « À travers toi, toutes les familles de la terre seront bénies. » (Genèse 12.3) Joseph sera l’exemple modèle de cette bénédiction : grâce à ses conseils et à sa gestion, toute l’Egypte (et les immigrés qui fuiront la famine dans les pays alentour) pourra subvenir à ses besoins. Et Jésus, lui, incarnera ce désir divin de bénir le monde entier en offrant un salut large à tous ceux qui viennent à lui.

Mais revenons à Joseph : déjà en prison, il apprend à être bénédiction pour ceux qui l’entourent. Lorsqu’il interprète ces rêves, Joseph est dans une posture de service, d’aide, et aussi de témoin : il parle de la part de Dieu, pour décrypter ce que ces prisonniers ont expérimenté. C’est pour cela qu’il donne des interprétations au plus juste, même si c’est dur à entendre pour le chef des boulangers… Même en prison, il apprend à aimer Dieu et les autres !

Vu que ses interprétations sont justes, les rêves adressés aux fonctionnaires devaient bien venir de Dieu… C’est intéressant de voir qu’ici, Dieu ne parle pas seulement à ceux qui croient en lui, mais qu’il s’adresse, d’une manière ou d’une autre, à chacun. Ce n’est pas toujours par des rêves ! Mais peut-être par des prises de conscience, une expérience un peu mystique, une opportunité qui s’ouvre, un événement bousculant… Dieu s’adresse à ceux qui sont autour de nous, même si ceux-ci ne discernent pas toujours d’où vient ce qu’ils vivent ni pourquoi. Et ici, les fonctionnaires ont besoin de l’aide de Joseph pour décrypter ce qu’ils ont rêvé.

C’est aussi une façon de témoigner, lorsque nous sommes porte-parole de Dieu pour l’autre. Lorsque nous voyons Dieu à l’œuvre dans la vie de l’autre, et que simplement nous le nommons. Une jeune femme p. ex. me parlait d’un moment où elle avait touché le fond dans sa dépression, envisageant la mort, quand elle a senti une force la tirer, intérieurement, vers la vie. C’est lorsqu’elle a parlé avec un chrétien qu’elle a compris que c’était Dieu…

Bien sûr, il nous faut de la prudence ! On tombe vite dans des interprétations farfelues, plus ou moins nocives, faites au nom de Dieu. Il ne s’agit pas de dire n’importe quoi !! Pourtant, malgré tous les excès qui existent et leur danger réel, nous pouvons avoir une part dans notre entourage pour décrypter ce que Dieu est peut-être en train de faire… en toute humilité, bien sûr.

          Un peu de curiosité

Ce qui m’interpelle surtout dans l’attitude de Joseph, c’est qu’il ne commence pas par interpréter. Son premier mouvement, ce qui va déclencher tout le reste, c’est qu’il porte attention à ces prisonniers : il les remarque, il voit leur visage abattu, il s’intéresse à eux, et il leur pose cette question « Pourquoi avez-vous l’air si triste ? ». Joseph est plein d’attention, de compassion, de sollicitude. Et il continue : « racontez-moi vos rêves ». Il est curieux ! Mais une curiosité dans le bon sens du terme ! pas pour des ragots… mais dans l’attention à l’autre, un esprit de découverte et d’écoute. J’étais surprise cette année de lire que la curiosité fait partie d’une personnalité saine, ouverte sur le monde, ouverte sur l’autre. L’un des symptômes de certaines personnalités dysfonctionnelles, par exemple, c’est justement le manque de curiosité !

Cette curiosité bien comprise, c’est le premier pas pour être une bénédiction pour les autres. C’est une façon de donner une vraie place à l’autre, de ne pas anticiper les solutions avant de connaître les problèmes, de ne pas réduire l’autre à un cas, mais de le laisser déployer son expérience.

Dieu le fait avec nous ! Souvent, il commence par une question : d’où viens-tu ? Pareil, Jésus préfère les questions lorsqu’il rencontre quelqu’un, même si le problème paraît évident. Cette curiosité divine, c’est une qualité que nous pouvons développer avec ceux qui nous entourent. Lorsque nous sommes attentifs à l’autre, nous sommes déjà témoins de l’attention que Dieu lui porte. Et ça, on en est tous capables !! En plus, c’est sans risque !

Notre contribution sera peut-être moins technique ou spectaculaire que celle de Joseph. Ce sera parfois un conseil, un coup de main, un passage de relais, une présence, un soutien, tout simplement la prière… Même si c’est juste un maillon dans une chaîne, nous pouvons être ici, maintenant, dans le contexte qui est le nôtre, qu’on l’ait choisi ou pas, nous pouvons être celui ou celle par Dieu va rejoindre l’autre, à l’instant T. Tout commence par cette simple curiosité, comme une porte qui s’ouvre.

Conclusion

Dieu se révèle à nous par bien des moyens – par les circonstances, par des coïncidences, par des pensées ou même des rêves/ des visions/ des images, par la Parole, par l’autre… La curiosité de Joseph est un chemin intéressant pour découvrir Dieu et ce qu’il veut nous transmettre, une curiosité saine qui s’intéresse à l’autre, une curiosité qui s’applique aussi à notre vie, en posant très largement la question : « qu’est-ce que Dieu est en train de faire ici ? » C’est la première étape par laquelle Dieu agit !

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