Une espérance à vivre!

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Stéphanie, convertie il y a quelques années, est mariée à un homme qui ne fait aucun effort pour comprendre sa démarche spirituelle. Frédéric enseigne l’économie et souffre, régulièrement, d’entendre en salle des profs ses collègues dénigrer la foi chrétienne. Elodie se sent de plus en plus mal à l’aise dans les repas de famille, où les discussions autour de l’astrologie et de la voyance heurtent ses convictions. Lucas a été choqué, hier, de voir des tags anti-chrétiens en passant devant une église. Ca lui a rappelé les derniers articles lus dans le journal qui caricaturaient la foi évangélique. A la fac, les amis d’Alexa lui mettent la pression pour qu’elle les suive dans leurs aventures, qu’elle se « libère » un petit peu ! Olivier suit de près l’actualité politique, et s’inquiète depuis plusieurs années de ce qui passe pour de la laïcité. Quant à Sophie, elle est confrontée aux dysfonctionnements de son travail, parfois aux limites de l’illégalité, et elle se demande comment suivre Jésus dans ce contexte.

Ils sont chrétiens, et comme nous, il leur arrive de ressentir ce sentiment d’étrangeté, de décalage, voire de rejet, de la part d’individus ou de la société ambiante. Oui, il y a bien pire ailleurs, beaucoup sont persécutés pour leur foi, mais il n’empêche que cette situation est inconfortable. Ils se sentent parfois comme étrangers dans leur propre pays. Dans ces moments-là, on est tenté de céder, de faire comme les autres pour avoir la paix. Ou alors de se protéger en s’enfermant dans une bulle chrétienne.

Les chrétiens d’Asie mineure (Turquie) à qui écrit l’apôtre Pierre, quelques décennies après Jésus-Christ, ressentent aussi ces tensions de l’exil  (1 Pierre 1.1):

De la part de Pierre, apôtre de Jésus Christ.

À ceux que Dieu a choisis et qui vivent en immigrés/ étrangers/ exilés, dispersés dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie. 

Dans des contextes différents, les difficultés se ressemblent. Pierre veut encourager à tenir bon dans cet exil. Et il commence, Vincent l’a prêché dimanche dernier, avec le rappel de l’espérance puissante, vivante, qui nous est donnée en Christ. Et Pierre insiste sur l’impact de cette espérance sur la vie quotidienne, concrète, de ceux qui croient. Il précisera plus tard à quoi ça peut ressembler dans tel ou tel contexte de vie, mais il affirme, ici, de manière générale, le principe : l’espérance vivante reçue en Christ est une espérance à vivre !

Lecture biblique : 1 Pierre 1.13-2.3

13 C’est pourquoi tenez-vous prêts à agir, gardez votre intelligence en éveil. Mettez votre espérance tout entière dans le don qui vous sera accordé quand Jésus Christ se révélera. 

14 Obéissez à Dieu et ne vous conformez pas aux mauvais désirs que vous aviez autrefois, quand vous étiez encore ignorants. 15 Mais soyez saints dans toute votre conduite, tout comme Dieu qui vous a appelés est saint. 16 En effet, l’Écriture déclare : « Vous serez saints, car je suis saint. » (Lévitique 19.2)         

17 Dans vos prières, vous donnez le nom de Père à Dieu qui juge de manière équitable, selon ce que chaque personne a fait ; c’est pourquoi, durant le temps qu’il vous reste à séjourner sur la terre [littéralement: de votre exil], que votre conduite témoigne du respect [crainte] que vous avez pour lui. 18 Vous savez, en effet, à quel prix vous avez été délivrés de la manière de vivre que vos ancêtres vous avaient transmise et qui ne menait à rien. Ce ne fut pas au moyen de choses périssables, comme l’argent ou l’or ; 19 non, vous avez été délivrés par le sang précieux du Christ, comme celui d’un agneau sans défaut et sans tache. 

20 Dieu l’avait désigné pour cela, avant même la création du monde, et c’est pour vous qu’il l’a manifesté dans ces temps qui sont les derniers. 21 Par lui, vous croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous pouvez placer votre foi et votre espérance en Dieu.

22 Vous vous êtes purifiés en obéissant à la vérité, pour vous aimer sans hypocrisie comme des frères et des sœurs. Aimez-vous donc ardemment les uns les autres, d’un cœur pur.  23 En effet, vous êtes nés de nouveau, non d’une semence périssable, mais grâce à une semence impérissable, grâce à la parole de Dieu qui est vivante et qui demeure à jamais. 24 Car il est écrit : « Tout être humain est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur des champs ; l‘herbe sèche et la fleur tombe, 25 mais la parole du Seigneur demeure pour toujours. » (Esaïe 40.6-8)

Or, cette parole est celle de la bonne nouvelle qui vous a été annoncée.   

2.1 Rejetez donc toute forme de méchanceté, toute ruse, ainsi que l’hypocrisie, la jalousie et les calomnies. 

2 Comme des enfants nouveau-nés, désirez avec ardeur le lait pur de la parole de Dieu, afin qu’en le buvant vous grandissiez jusqu’au salut. 3 En effet, « vous avez goûté combien le Seigneur est bon. » (cf. Psaume 34.9)

L’œuvre fondamentale de Dieu

Pierre est passé du constat à l’exhortation, de l’indicatif : vous êtes, à l’impératif : faites ! Après la description de l’espérance vient l’invitation à vivre totalement cette espérance. Et c’est très important que ce soit dans ce sens-là ! C’est parce qu’on a reçu énormément en Christ, qu’on a une responsabilité. Mais l’initiative, la base, la source – c’est l’œuvre de Dieu. C’est en réponse à son œuvre que nous sommes invités à œuvrer.

Ces indicatifs de la foi sont tellement importants que Pierre les rappelle au milieu de ses exhortations :

1.15 Dieu qui vous a appelés

1.19 vous avez été délivrés par le sang précieux du Christ, comme celui d’un agneau sans défaut et sans tache. 

1.20 Dieu avait désigné [Jésus] pour cela avant même la création du monde

1.21 Dieu qui a ressuscité [Jésus]

1.22 Vous vous êtes purifiés en obéissant à la vérité

2.1 vous êtes nés de nouveau

2.3 puisque « vous avez goûté combien le Seigneur est bon. »

C’est Dieu qui a appelé, qui a pris l’initiative, c’est lui qui a œuvré à travers Christ, mort et ressuscité, pour que nous soyons délivrés, purifiés, de nos schémas stériles et destructeurs. Pierre parle d’un prix qui a été payé, par la mort de Jésus, comme une rançon versée pour nous faire sortir de ces dysfonctionnements internes et externes qui nous tenaient en otages. Mais l’image évoque aussi les anciens sacrifices juifs, qui montraient le besoin de couvrir les fautes, de purifier les taches de notre vie.

Même sans être familier des sacrifices, la pureté nous parle ! C’est la désinfection que l’on cherche avec le sacro-saint gel hydroalcoolique ; c’est la garantie d’éliminer 100% des bactéries avec l’eau de javel ; c’est l’eau pure, potable, que l’on peut boire sans réserve une fois qu’elle a été traitée chimiquement ou de manière naturelle, avec des bactéries. Dieu nous a désinfectés, traités, assainis – et son œuvre est tellement radicale, que la recevoir c’est comme naître de nouveau !

Déterminés à être saints

Mais naître ne suffit pas : il faut grandir ! On naît pour grandir, pas pour rester nourrisson… Le projet de développement, d’éducation, de croissance, pour le chrétien se résume en un mot : la sainteté. Devenir saints, pour ressembler au Dieu qui est saint. Refléter à notre façon les couleurs qui rendent Dieu si unique et merveilleux : juste, joyeux, aimant, lumineux, fidèle, véridique, pacifique, courageux, généreux… Au lieu de chercher des influenceurs sur les réseaux sociaux, Pierre nous invite à regarder au meilleur des modèles : le Christ, image parfaite de Dieu.

Quelle pression ! Mais comme toute croissance, c’est un processus… un processus où Dieu œuvre, mais qui compte aussi sur notre détermination.

Au v.13, soyez vigilants, tenez-vous prêts à agir – littéralement, mettez une ceinture à votre intelligence : à l’époque, les vêtements étaient larges et amples, et on mettait une ceinture pour sortir. Aujourd’hui : mettez votre manteau, vos baskets, ne vous effondrez pas sur le canapé, n’allez pas vous cacher au fond du lit, mais tenez-vous prêts. Soyez prêts à faire des efforts, pour vivre à fond votre espérance. Car il y a des efforts à faire pour refléter la grâce : comme les musiciens, la plus délicate des danseuses a passé des heures, des mois, des années, à s’entraîner pour interpréter le rôle de sa vie. Nous sommes appelés à refléter Dieu – c’est notre rôle ! mais pour que la grâce se déploie, il faut que nous soyons déterminés.

L’effort fondamental et continu, c’est de se détacher des schémas anciens, des traditions surfaites, des fonctionnements vides qui conduisent à notre perte. C’est ne plus se conformer – sans pour autant vivre dans une société parallèle. Mais au milieu des autres, tenir la ligne de l’Evangile implique de faire le tri et de renoncer à certains comportements, modes de pensées, objectifs de vie, qui sont incohérents avec la grâce, qui ne sont pas sain(t)s pour nous.

Et pour nous motiver à tenir la barre en situation d’exil, Pierre rappelle que c’est sérieux ! Dieu, le grand Dieu qui nous appelle « fils » et « fille », est aussi le Juge. Pour nous les deux images ne vont pas forcément ensemble, mais dans l’Antiquité, et même jusqu’au 19e s. en France, le père de famille fonctionnait un peu comme un juge des affaires familiales. Vivre avec la crainte de Dieu, ce n’est pas avoir peur de Dieu, c’est se rappeler qu’il est passionné et exigeant, qu’il souhaite le meilleur et le plus juste en toutes circonstances, et qu’il a tout donné pour que nous vivions autrement – on ne peut pas prendre à la légère son investissement.

Vivre d’amour et de Parole 

Sur le parcours de la sainteté, deux balises aident à nous orienter : l’amour et la Parole. [clic] L’amour fraternel, dans l’église, et la Parole de Dieu, au travers des Ecritures.

L’amour de l’autre résume ce qu’est la sainteté. Mais dans ce vaste amour du prochain, que nous sommes appelés à cultiver envers tous, et Pierre y reviendra plus tard, l’amour fraternel dans l’église a une particularité : c’est une aide. L’amour fraternel n’est pas juste la convivialité (qui nous manque tant !), c’est le vis-à-vis dont nous avons besoin pour être encouragés ; c’est partager nos défis, nos questions, nos luttes, nos rêves… veiller les uns sur les autres, nous soutenir, nous conseiller. L’église, même à deux ou trois, peut nous remotiver à vivre dans l’exil qui est le nôtre quelle qu’en soit la forme. Et lorsque Pierre évoque ce qu’il faut rejeter en tant que chrétien, il prend l’exemple des mesquineries de la relation, des rumeurs, du mépris, de l’égoïsme… tout ce qui peut fragiliser les liens de la communauté et nous isoler un peu plus.

Dans cette période de distanciation physique, les relations s’étiolent aussi – alors qu’on en a besoin ! Même si on ne peut pas cultiver beaucoup de relations, peut-être choisir une ou deux personnes de confiance avec qui partager à distance pour s’entraider à tenir le cap.

Etre saint, aimer… le défi est immense ! Si nous comptons sur nos propres forces, nous retomberons dans nos travers… Nous avons besoin d’une sève nouvelle, différente, qui nous aide à vivre dans la bonté et la justice de Dieu. Cette sève, elle vient de la graine de la Parole de Dieu, plantée dans notre cœur, arrosée par le Saint Esprit. Une Parole qui nous fait voir les choses autrement, qui nous révèle les plans éternels de Dieu, son caractère, son œuvre, ses projets pour nous et avec nous… qui nourrit en nous de bonnes dynamiques, qui clarifie les objectifs, qui encourage ou qui rappelle à l’ordre pour nous garder sur le bon itinéraire. Cette parole est fiable : c’est celle de Dieu, le Dieu éternel, vrai, permanent – les principes qu’elle livre sont toujours valables, applicables différemment selon les contextes, mais toujours sensés et sûrs.

 

Puisque vous avez goûté à la bonté de Dieu, à l’extraordinaire générosité de son pardon, à la liberté qu’apporte son regard de vérité, à l’espoir que fait naître le Ressuscité, tenez bon ! Ôtez les cailloux, arrachez les mauvaises herbes, arrosez et mettez de l’engrais, bref, cultivez, auprès du Seigneur, cette plante d’espérance qui porte de si beaux fruits, même quand la météo se fait rude.

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