Dieu : une lumière qui nous éblouit

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Malgré le confinement, les centre-villes vont s’illuminer le soir grâce aux décorations de Noël. Il y a des traditions que même la Covid ne peut empêcher ! On associe toujours la lumière à Noël, qu’on soit croyant ou non. Et pour nous qui sommes croyants, cette lumière est celle de Jésus-Christ, lumière de Dieu venue dans le monde.

C’est justement autour de la lumière que nous voulons vivre les quatre dimanches de l’Avent qui nous conduiront jusqu’à Noël. L’apôtre Jean affirme dans sa première épître : “Dieu est lumière”. C’est une affirmation fondamentale sur la nature même de Dieu. La métaphore est riche, et elle peut désigner plusieurs aspects de Dieu. Nous allons en évoquer quatre à partir de ce dimanche.

Une lumière peut être extrêmement forte. Et on imagine bien que ça puisse être le cas pour la lumière de Dieu… Or, que se passe-t-il lorsque nous regardons directement une forte lumière ? Nous sommes éblouis. Et en fonction de la lumière dont il s’agit, ça peut même être dangereux. On a ainsi besoin de lunettes avec des verres opaques pour observer une éclipse de soleil, sinon on risque des dommages irréversibles aux yeux.

Dieu est une lumière qui éblouit. Pour l’illustrer, je vous propose de lire une vision étonnante et spectaculaire décrite par le prophète Esaïe :

Esaïe 6.1-8
1 C’était l’année où mourut le roi Ozias. Dans une vision, j’aperçus le Seigneur assis sur un trône très élevé. Le bas de son manteau remplissait le temple. 2 Des êtres flamboyants se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux leur servaient à se cacher le visage, deux à se voiler le corps et deux à voler. 3 Ils criaient l’un à l’autre :
« Saint, saint, saint
est le Seigneur de l’univers !
La terre entière
est remplie de sa gloire ! »
4 Leur voix faisait trembler les portes sur leurs pivots, et le temple se remplit de fumée. 5 Je dis alors : « Quel malheur pour moi, je vais être réduit au silence car mes lèvres sont indignes de Dieu, et j’appartiens à un peuple aux lèvres tout aussi indignes de lui. Or j’ai vu, de mes yeux, le roi, le Seigneur de l’univers ! »
6 Mais l’un des anges flamboyants vola vers moi. Avec des pincettes il tenait une braise qu’il avait prise sur l’autel. 7 Il en toucha ma bouche et me dit : « Ceci a touché tes lèvres, ton indignité est supprimée, ton péché est effacé. »
8 J’entendis alors le Seigneur demander : « Qui vais-je envoyer ? Qui sera notre porte-parole ? » – « Me voici, répondis-je, envoie-moi. »

Il y a bien dans cette vision une lumière éblouissante qui émane de Dieu. D’après les paroles des êtres flamboyants, cette lumière exprime la sainteté de Dieu : “Saint, saint, saint est le Seigneur de l’univers !”

Mais qu’est-ce que la sainteté de Dieu ? Qu’affirme-t-on quand on dit que Dieu est saint ? On entend souvent la sainteté comme une qualité morale. Être saint, c’est être pur, sans tache, irréprochable. Que ce soit pour Dieu ou pour nous… Mais est-ce vraiment cela, la sainteté ?

Commençons par décrypter la vision d’Esaïe, nous verrons ensuite ce que cela nous enseigne sur la sainteté. Celle de Dieu, et la nôtre.

 

La vision de Dieu

Dieu est au cœur de la vision, immense : il est sur un trône très élevé et le bas de son manteau remplit le temple. Mais on ne le voit pas directement. Ce sont les êtres qui l’entourent, et qui eux sont décrits, qui nous parlent de Dieu.

Les “êtres flamboyants” de la vision sont en général appelés des séraphins. C’est la transcription en français de l’hébreu seraphim, construit sur une racine qui signifie “brûlant”. C’est le mot utilisé pour les serpents venimeux du livre des Nombres, lorsque Moïse a dû brandir un serpent d’airain pour soigner leur morsure. N’imaginons donc pas ici des petits angelots bien potelés voltigeant gaiement autour de Dieu. D’après leur nom, les êtres de cette vision pouvaient bien ressembler à des serpents ailés flamboyants.

Comment sont-ils décrits ? Ils ont six ailes, dont deux seulement leur servent à voler ! Les autres leur servent à se cacher. Ils cachent leurs yeux, pour ne pas voir Dieu. Ils se voilent le corps, cachant leur nudité, comme l’ont fait Adam et Eve dans le jardin d’Eden. En fait, les séraphins nous parlent de nous. Eux qui vivent à proximité de Dieu, irradiant la sainteté de Dieu, doivent se cacher devant lui. Alors à plus forte raison, nous !!!

Ils crient, de manière antiphonée, proclamant ceci :
« Saint, saint, saint
est le Seigneur de l’univers !
La terre entière
est remplie de sa gloire ! »

Pourquoi dire trois fois saint ? C’est la forme la plus forte du superlatif en hébreu. Dire du Seigneur qu’il est saint, saint, saint, c’est dire qu’il n’y en a pas de plus saint que lui. Il est unique, incomparable. Et parce qu’il est unique et incomparable, nul ne peut tenir en sa présence, pas même les séraphins de la vision, qui doivent se cacher devant lui.

Cette sainteté n’est pas liée seulement au temple où se déroule la vision d’Esaïe, elle s’étend à toute la terre : “la terre est remplie de sa gloire !” Sainteté et gloire sont intimement liées. Elles décrivent l’éclat unique de Dieu, sa présence incontournable, sa singularité. Il n’y en a pas d’autre comme lui dans l’univers !

Face à une telle vision, la réaction d’Esaïe est immédiate. Il est terrassé. Ce n’est, certes, qu’une vision mais elle est tellement impressionnante qu’il pense qu’il va mourir. Pourquoi ? Parce que, selon la formule qui traverse tout l’Ancien Testament : nul ne peut voir Dieu et rester en vie.

Il est sans doute déjà prophète lorsqu’il reçoit sa vision. C’est pour cela qu’il évoque ses lèvres impures. Un prophète est un porte-parole de Dieu. Mais il prend conscience ici, comme jamais auparavant, de la sainteté de Dieu. Et il se sent alors indigne de son ministère… Comment, lui, avec toutes ses limites et ses imperfections, peut-il être le porte parole du Dieu trois fois saint ?

Dieu intervient alors auprès du prophète, il ne le laisse pas dans sa terreur. Un des séraphins touche ses lèvres avec une braise prise sur l’autel, et pourtant cette braise ne le brûle pas… La sainteté de Dieu est douce, elle se manifeste avec grâce, elle ne terrasse pas le prophète mais le relève et le purifie. Et puis la voix de Dieu se fait entendre, son appel est renouvelé : “qui enverrais-je ?” Non, Esaïe n’est pas indigne d’être le porte-parole de Dieu, parce que Dieu lui-même l’a choisi !

La vision de la sainteté de Dieu, associée à l’expression de sa grâce, va fortifier le prophète et lui donner le courage d’accomplir sa tâche, ingrate, puisque dans les versets suivants le Seigneur l’avertit que le peuple ne l’écoutera pas…

 

La sainteté de Dieu et la nôtre

Parler de la sainteté de Dieu, c’est aussi parler de la nôtre. Je pense ici à une formule qu’on trouve dans l’Ancien Testament : “Soyez saints car je suis saint” (Lévitique 19.2). Elle est reprise dans le Nouveau Testament et il est d’ailleurs intéressant de noter que dans Matthieu 5 elle est exprimée sous une forme un peu différente : “Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait” (Matthieu 5.48)

Le lien entre la sainteté de Dieu et sa perfection est à noter. On associe habituellement la sainteté à la pureté, en lui donnant un sens moral fort. Ce n’est pas le sens d’origine. Appliqué à Dieu, sa sainteté désigne plutôt sa singularité. Il est unique et incomparable. Absolument parfait. Appliqué à nous, la sainteté désigne notre consécration à Dieu. Que cela ait des conséquences éthiques, dans notre vie, notre comportement, c’est indéniable. Toutefois la sainteté n’est pas d’abord une caractéristique morale mais spirituelle, elle exprime notre attachement à Dieu.

Notre vision du Dieu saint

C’est important pour notre vision, notre compréhension de Dieu. Le Dieu saint, lumière éblouissante, n’est pas un Dieu moralisateur et accusateur mais un Dieu unique et incomparable. On pourrait dire que la sainteté de Dieu, c’est tout ce qui nous éblouit en lui et qui émane de sa perfection. On peut donc bien-sûr associer la sainteté de Dieu à la pureté, la perfection, le bien absolu. Mais il n’y a aucun problème à associer aussi l’amour de Dieu à sa sainteté ! Son amour est parfait, sa grâce et sa bonté sont sans limite… et cela aussi nous éblouit.

Bien-sûr, lorsqu’on prend conscience de la sainteté de Dieu, de sa singularité et de sa perfection… on se sent tout petit. Dieu est saint, unique et incomparable. Il n’est pas à notre échelle, il est hors de notre portée, radicalement autre. Et, comme Esaïe, nous pouvons nous sentir indigne de parler de lui… Et c’est tant mieux ! C’est l’antidote à l’orgueil spirituel et à l’arrogance de penser que nous savons, que nous connaissons et que tous les autres ignorent. La conscience de la sainteté de Dieu nous garde dans l’humilité.

Notre sainteté

Quant à notre sainteté, elle ne peut venir que de Dieu. Comme dans la vision d’Esaïe où le séraphin touche les lèvres du prophète avec la braise tirée de l’autel. Être saint, ce n’est pas vivre dans l’ascétisme extrême, s’astreindre à une discipline de fer et renoncer à tout. On ne devient pas saint par nos efforts. Être saint, c’est rester attaché au Dieu saint, unique et incomparable. Ce n’est pas d’abord une qualité morale, c’est une qualité spirituelle. D’ailleurs, dans le Nouveau Testament, “les saints”, ce sont les croyants, ceux qui appartiennent à Dieu. L’apôtre Paul adresse ses lettres “aux saints” qui sont à Ephèse, Corinthe ou Philippe.

Nous devons vraiment renoncer à une compréhension moraliste de la sainteté. Elle met une pression parfois insurmontable sur les croyants. Parce qu’on n’est jamais à la hauteur. Nous avons tous nos luttes, nos limites et nos fragilités. Nous avons tous de multiples raisons de nous considérer indignes devant Dieu. Tous.

Mais la sainteté de Dieu se manifeste aussi dans sa grâce, son amour inconditionnel, son appel pour tous. Notre sainteté, c’est notre attachement à Dieu, elle se construit dans notre relation à lui. Et c’est lui qui fait le reste.

Nous devons aussi renoncer à une compréhension moraliste de la sainteté parce qu’elle nous coupe de nos contemporains. En réduisant la vie chrétienne à une affaire de morale, elle ne leur donne pas envie d’y goûter. Ils n’ont aucune envie de devenir des “petits saints”. Et je les comprends !

Conclusion

Dieu est saint. Il n’y en a pas d’autre que lui, il est unique et incomparable. Il est une lumière éblouissante, impossible à contempler. Inaccessible.

Et pourtant, dans ce temps de l’Avent, nous voulons nous souvenir que c’est ce Dieu saint qui a choisi de venir jusqu’à nous. Le Dieu invisible est devenu visible, il s’est manifesté en Jésus-Christ. En lui, la lumière éblouissante de Dieu se fait lumière fragile, dans l’étable de Bethléem, et plus encore sur la croix, quelques années plus tard.

Cette lumière de Dieu veut élire domicile dans notre coeur, illuminer notre vie de sa présence, en toutes circonstances. Et ainsi, nous faire participer à la sainteté de Dieu. Non pas commes des croyants parfaits et purs, ou s’estimant parfaits et purs, mais en tant qu’enfants de Dieu, des femmes et des hommes qui, humblement, lui appartiennent et s’exposent à sa lumière.

7 réflexions sur « Dieu : une lumière qui nous éblouit »

  1. J’ai aimé la prédication et à m’a fortement édifié. Ma question: la plupart des gens Chrétiens disent que l’idée de fêter NOËL vient d’une pratique païen, et la preuve en est que Jésus n’est pas né en cette date… Et la fête de commémoration pour les Chrétiens c’est fête des Pâque et Pentecôte. Pouvez-vous m’éclaircir sur NOËL? Pour Que j’enlève cette équivoque. Svp
    Merci et Que La Grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit.

    1. Merci pour votre message. La date de Noël a été fixée, c’est vrai, sur la base d’une fête païenne. Parce qu’on ne sait pas quand Jésus est né… La date importe donc peu. Ce qui compte, c’est de rappeler la venue du Fils de Dieu sur terre en la personne de Jésus. C’est le message de Noël.

      1. Moi je comprend que la naissance de Jésus peut être rappelée n’importe quand au courant de l’année dans différentes prédications. Le mal est de la revêtir une image Très importante et la célébrer à la même date païenne. Pouvez-vous prendre une mélodie de musique païenne et y mettre les Paroles de la Bible et la chanter dans l’assemblée des saints?? Ça deviendra un cantique sous l’inspiration païenne. Réfléchissez bien là dessus. Vous verrez que même Jésus lui-même n’as jamais honoré ni parlé de sa naissance, mais il parlais plutôt de sa mort et de sa résurrection. La naissance du Christ nous a rien donné, si ce n’est que par sa mort que nous sommes sauvés… Je crois que les Chrétiens, nous sommes dans l’erreur.

        1. Heureusement qu’on ne parle pas de la naissance de Jésus seulement en décembre… tout comme on ne parle pas de sa résurrection seulement à Pâques ! 😉 La naissance du Christ ne nous a rien donné ? Etrange… Pour mourir et ressusciter, il fallait bien qu’il naisse d’abord. Relisez le prologue de l’Evangile de Jean, par exemple, et vous verrez que sa naissance, l’incarnation du Fils, est bien un élément central de l’Evangile ! Maintenant, évidemment, libre à vous de fêter Noël ou de pas le fêter… ou de le fêter à une autre date !

  2. Bonjour cher Pasteur.
    J’ai une autre question: Je vous accompagne toujours sur Twitter. La fois passée vous avez dit ceci: “La Bible parle pour les croyants de combat spirituel mais pas pour faire de nous des va-t-en-guerre mais des résistants : contre les forces de haines, pour l’amour et la paix. (Ephésiens 6.10-24) #BibleEn6Ans”… MA QUESTION: Je connais un Ministère Chrétien du Combat Spirituel dont l’enseignement est basé sur le Combat Spirituel dans vrai sens de combattre de va-t-en-guerre contre les esprits méchants… Comment m’expliquerez-vous cela pasteur? Ils sont dans le bon chemin par rapport à la vérité Biblique?
    Merci Pasteur VINCENT

    1. Je ne connais pas le ministère dont vous parlez… je ne peux donc pas me prononcer. Il y a certaines compréhensions du combat spirituel (que j’appelle ici va-t-en-guerre) qui me laissent un peu sceptique. Je note que dans le Nouveau Testament, il s’agit surtout d’un combat défensif, pour tenir ferme et rester debout…

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