Les prières les plus courtes peuvent être les meilleures !

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Je vous propose de commencer par un petit quiz…

Connaissez-vous le verset le plus court de la Bible ?
Jean 11.35 : « Jésus pleura »

Et le plus long ?
Esther 8.9 : « Le même jour, le troisième mois, ou mois de Sivan, le 23 du mois, on réunit les secrétaires du roi. Selon les ordres de Mardochée, ils écrivent des lettres. Ils les envoient aux Juifs, aux représentants du roi, aux gouverneurs et aux fonctionnaires importants des 127 provinces du royaume, qui s’étend de l’Inde jusqu’à l’Éthiopie. Ils écrivent ces lettres avec l’écriture des habitants de chaque province et dans la langue de chaque peuple. Ils les écrivent aussi dans la langue des Juifs avec leur écriture. »

Certes, la numérotation en chapitres et versets est un ajout tardif dans la Bible, des repères qui ont été intégrés dans le texte biblique pour nous aider à nous repérer. Mais il y a bien dans la Bible des livres plus ou moins longs… Ainsi par exemple quel est le prophète dont le livre est le plus long ? Esaïe, avec 66 chapitres. Et le plus court ? Abdias, un seul chapitre qui tient sur une page de la Bible.

Au-delà du quiz, cela témoigne de la diversité de la Bible, c’est une indice de sa richesse. Elle contient aussi bien une longue épître en forme d’exposé théologique structuré et complet comme l’épître aux Romains, ou l’épître aux Hébreux, qu’une petite lettre personnelle de quelques lignes adressée à un certain Philémon à propos d’un de ses ex-esclaves devenu chrétien.

La même diversité se retrouve dans les Psaumes. Quel est le psaume le plus long ? Le psaume 119 avec ses 176 versets. Il faut près d’un quart d’heure pour le lire en entier à haute voix ! C’est un psaume très structuré : ce qu’on appelle un psaume alphabétique (chaque strophe de 8 versets commence par la même lettre de l’alphabet). Il décline toutes les facettes de la richesse de la Parole de Dieu. C’est une belle façon de dire qu’on ne fait jamais le tour de cette Parole, et que de nouvelles richesses se révèlent toujours à nous.

Et puis quel est le psaume le plus court ? Le psaume 117. Il ne fait que deux versets… C’est sur celui-là que je vous propose de nous arrêter ce matin :

1 Pays du monde entier, chantez la louange du SEIGNEUR !
Tous les peuples, chantez la grandeur de Dieu !
2 Oui, son amour envers nous est le plus fort.
La fidélité du SEIGNEUR est pour toujours.
Chantez la louange du SEIGNEUR !

De la longueur des prières…

Un psaume, c’est d’abord une prière. Et dans le recueil des 150 psaumes de la Bible, on y trouve des prières de toutes sortes, abordant des sujets nombreux, avec une grande variété de couleurs et de tons utilisés, et une longueur très variable. C’est d’une richesse incroyable.

Une première leçon que l’on peut tirer de la présence d’un psaume si court dans la Bible est que les prières les plus courtes peuvent aussi être les meilleures… En tout cas, qu’il n’y a pas besoin de longues prières compliquées pour qu’elles soient entendues par Dieu, que ce soit dans la prière communautaire ou dans la prière personnelle.

Il faut le reconnaître : certaines personnes ont un don pour la prière communautaire. Leur prière à haute voix est une source d’encouragement et d’édification. C’est une vraie richesse pour une Eglise !

Mais je ne pense pas forcément ici à ceux qui utilisent les mots les plus compliqués ou qui citent le plus de versets bibliques dans leurs prières ! D’ailleurs, on est en droit de se demander, parfois, pour qui certaines personnes prient. Par qui veulent-ils être entendu ? C’est ce que Jésus dénonce quand il parle des hypocrites qui prient dans les synagogues ou au coin des rues pour que tout le monde les voie (cf. Matthieu 6.5).

On dit parfois de certaines personnes qu’elles s’écoutent parler. Eh bien je crois qu’il y a aussi le risque, pour certains croyants, de s’écouter prier… et de vouloir que les autres les écoute.

Sans compter qu’il y a parfois des croyants qui, dans leurs prières publiques, déballent leur vie privée ou, pire, règlent leurs comptes avec des gens présents autour d’eux (j’en ai déjà entendu)…

Mais heureusement, à l’inverse, il y a aussi des prières toutes simples, très courtes, parfois même constituées d’une seule phrase, mais qui vont droit au cœur… Elles sont humbles, authentiques, profondes. Et Dieu prend plaisir à de telles prières. Bien plus qu’à celles de ceux qui s’écoutent prier…

Alors oui, pas de doute : les prières les plus courtes peuvent parfois être les meilleures…

Pour une prière universelle

Si on s’arrête maintenant au contenu du Psaume 117, on constate qu’il est comme un condensé de psaume, centré sur la louange. Il va à l’essentiel.

Le Psaume commence par une invitation universelle, adressée aux pays du monde entier et à tous les peuples, une invitation à louer le Seigneur. On se situe ici entre la promesse universelle faite à Abraham et la promesse de la vision de Jean dans l’Apocalypse :

Genèse 12.3
A travers toi, je bénirai toutes les familles de la terre.

Apocalypse 7.9
Je vois une très grande foule : ce sont des gens de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. Personne ne peut les compter. Ils sont debout devant le siège du roi et devant l’Agneau. Ils portent des vêtements blancs et ils tiennent une palme à la main.

Ce petit psaume nous invite à travailler la dimension universelle de notre prière ! Même s’il est légitime d’adresser des demandes personnelles à Dieu dans la prière, il nous faut aussi sortir d’une prière égocentrée, où on ne prie que pour soi, pour ses problèmes, ses besoins, ses attentes.

La prière doit nous ouvrir sur les autres, sur le monde. C’est Karl Barth, le célèbre théologien suisse, qui disait que pour le croyant « la journée doit commencer avec une Bible dans une main et le journal dans l’autre. » Voilà qui devrait inspirer notre prière et lui donner un véritable caractère universel. Notre prière doit se nourrir de la Bible et du journal (ou de votre tablette). Il faut qu’elle cultive une dimension universelle. Et ça doit être vrai autant de la prière personnelle que de la prière communautaire.

Alors peut-être aurons-nous à faire un effort, pour décentrer un peu notre prière, pour plus l’ouvrir sur le monde. En sachant que le monde commence avec notre prochain, notre voisin…

Compter sur l’amour et la fidélité de Dieu

Le verset 2 évoque la raison principale de la louange, résumée en deux mots complémentaires appliqués à Dieu : l’amour et la fidélité.

Le psalmiste l’affirme : « Oui, son amour envers nous est le plus fort. ». Le verbe utilisé ici se trouve ailleurs dans la Bible. Par exemple, dans une bataille, il désigne le camp qui prend le dessus sur l’autre : « Quand Moïse lève son bras, les Israélites sont les plus forts. Mais quand il le laisse retomber, les Amalécites sont les plus forts. » (Exode 17.11). Le même verbe évoque les eaux du Déluge qui dépassent les plus hautes montagnes (cf. Genèse 7.18-20)

Notre psaume affirme que l’amour de Dieu nous dépasse, qu’il est le plus fort. L’expression évoque une situation de conflit ou de lutte. Car il y a de nombreuses forces dans notre vie qui essayent de contrecarrer l’amour de Dieu. Mais l’amour de Dieu est plus fort. Plus fort que nos adversaires. Plus fort que nos tentations et nos épreuves. Plus fort que nous-mêmes et nos faiblesses.

Quant à la fidélité de Dieu, elle est pour toujours. Elle n’est pas conditionnelle, limitée dans le temps ou incertaine. On peut compter sur elle.

On pourrait se demander si ce message n’est pas idéaliste, peu conforme à la réalité. Car parfois, l’épreuve semble nous submerger, notre foi vacille, le mal semble triompher, la réponse de Dieu semble tarder et son silence s’installer durablement…
Mais justement, ce psaume nous invite à percevoir l’amour de Dieu comme un combat, et mesurer la fidélité de Dieu à l’aune de l’éternité. La prière est le lieu de ce combat. On y apprend la patience et la persévérance. Et on peut y expérimenter cette espérance : oui, l’amour de Dieu est le plus fort !

Conclusion

Finalement, que nous apprend ce psaume sur la prière ?

  • Que ce n’est pas la longueur ou la complexité de la prière qui en fait sa valeur.
  • Qu’elle doit nous ouvrir sur le monde, à une dimension universelle
  • Qu’elle est le lieu où on expérimente que l’amour de Dieu est le plus fort et où on apprend la patience et la persévérance.

C’est quand même pas mal pour un psaume qui ne fait que deux versets !

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