Souvenez-vous…

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(Cette prédication a été donnée dans le cadre d’un culte spécial pour l’Eglise persécutée, proposé par l’ONG Portes Ouvertes)

Hébreux 10.32-34 (Parole de Vie)
32 Rappelez-vous ce qui s’est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. 33 Ou bien on vous a insultés et on vous a fait souffrir devant tout le monde, ou encore, vous avez soutenu ceux qu’on traitait de cette façon. 34 En effet, vous avez souffert avec ceux qui étaient en prison. Vous avez accepté avec joie qu’on vous arrache vos biens, parce que vous le saviez : vous possédiez une richesse plus grande et qui dure toujours.

Hébreux 13.3 (Colombe)
Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps.
Dans ce dernier verset, la construction de la phrase est étonnante. Le parallélisme qu’on aurait pu attendre n’est pas respecté, sinon on aurait dû avoir : « Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités, comme si vous étiez maltraités avec eux. » Mais la deuxième partie de la phrase dit autre chose : « (Souvenez-vous) de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps. »

Du coup, il y a deux façons au moins de comprendre l’expression « comme étant dans un corps ». Et peut-être, d’ailleurs, ne faut-il pas trancher et accepter la double interprétation possible…

La première façon serait de le comprendre au premier degré. La phrase ferait référence au corps physique, fragile et susceptible de souffrir, de multiples façons. En se le rappelant, les destinataires de l’épître seraient aptes à comprendre ce que peuvent être les souffrances que les croyants maltraités peuvent ressentir dans leur corps.

Il pourrait même y avoir ici une référence au fait que certains des lecteurs de l’épître pouvaient se souvenir de maltraitance qu’ils avaient subies dans leur corps : « Rappelez-vous ce qui s’est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. » (Hb 10.32). La phrase deviendrait alors : « Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités comme vous, un jour, vous avez été maltraité dans votre corps. »

La deuxième façon de comprendre l’expression de ce verset serait de comprendre le mot « corps » dans un sens spirituel. Il s’agirait non plus du corps physique mais du corps spirituel qu’est l’Eglise, corps du Christ. C’est une des images courantes de l’Eglise dans le Nouveau Testament. La phrase dirait alors : « Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités puisque vous faites partie du même corps. » Ce qui conviendrait assez bien avec la première partie du verset.

Et on peut penser ici au long développement de cette métaphore dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, notamment lorsqu’il dit : « Si une partie du corps souffre, toutes les autres parties souffrent avec elle. Si une partie est à l’honneur, toutes les autres partagent sa joie. » (1 Co 12.26).

On peut penser aussi aux paroles de Jésus dans l’évangile selon Matthieu lorsqu’il dit, en évoquant le moment du jugement, à ceux qui ont visité des malades ou des prisonniers : « Je vous le dis, c’est la vérité : chaque fois que vous avez fait cela à l’un de mes frères, à l’un des plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25.40). C’est aussi cela la réalité du corps du Christ ! Ce que l’on fait pour un membre du corps, on le fait pour le Christ, qui est la tête du corps.

Ainsi, peut-être faut-il ne pas choisir entre ces deux options et se dire que l’auteur de l’épître aux Hébreux a voulu jouer avec le double sens de l’expression « vous êtes dans un corps. »

Cette double compréhension pourrait même alors proposer une double optique dans la solidarité avec nos frères et sœurs persécutés.

Nous sommes appelés à nous souvenir d’eux parce que nous sommes comme eux, dans une même condition de fragilité où notre corps peut souffrir, de multiples façons, y compris à cause d’une opposition qui peut même, un jour, se transformer en persécution. Et souvenons-nous qu’il suffit de remonter de quelques siècles seulement pour voir des protestants persécutés en France, contraints au culte clandestin, à l’exil, mis en prison ou envoyés aux galères, à cause de leur foi…

Nous sommes aussi appelés à nous souvenir d’eux parce que nous faisons corps avec eux, parce que nous sommes membres du même corps du Christ. Et si un membre souffre, tout le corps souffre. Si un membre est persécuté, tout le corps est persécuté. Ce qui se passe pour les chrétiens en Syrie, en Irak, en Erythrée, en Iran, en Centrafrique… tout cela nous concerne en tant que famille spirituelle. Ce sont nos frères et nos sœurs qui sont persécutés à cause de leur foi.

Portes Ouvertes nous propose différentes façons d’exprimer notre solidarité avec nos frères et sœurs de l’Eglise persécutée aujourd’hui : informations, pétitions, courriers… Mais la première, et sans doute la plus importante façon d’exprimer notre solidarité, c’est la prière. Car la prière nous lie. Non seulement elle nous connecte à Dieu mais elle nous connecte aussi les uns aux autres, par delà les frontières et les cultures.

« Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps. »

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